« Deng Xiaoping » : différence entre les versions
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| date de naissance = {{Date de naissance|22|août|1904}}
| surnom = Le Petit Géant<br />Le Petit Timonier<br />Le Petit Père des Peuples
| lieu de naissance = [[Guang'an]], [[Sichuan]]
| date de décès = {{date de décès|19|février|1997}} (à 92 ans)
| lieu de décès = [[Pékin]]
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| nationalité = [[Chine|
| parti = [[Parti communiste chinois]]
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| fonction5 = Premier [[vice-Premier ministre du Conseil des affaires de l'État de la république populaire de Chine]]
| à partir du fonction5 = [[7 août 1977]]
| jusqu'au fonction5 = 10 septembre 1980 <br /> <small> ({{durée|7|août|1977|10|septembre|1980}})</small>
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| à partir du fonction8 = [[10 janvier 1975]]
| jusqu'au fonction8 = 7 avril 1976 <br /> <small> ({{durée|10|janvier|1975|7|avril|1976}})</small>
| fonction9 = [[Vice-Premier ministre du Conseil des affaires de l'État de la république populaire de Chine]]
| à partir du fonction9 = [[10 mars 1973]]
| jusqu'au fonction9 = 7 avril 1976 <br /> <small> ({{durée|10|mars|1973|7|avril|1976}})</small>
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| syndicat =
}}
'''Deng Xiaoping''' ({{chinois|premier=t|t=鄧小平|s=邓小平|p=Dèng Xiǎopíng}}<ref>Selon l'[[Romanisation de l'EFEO|EFEO]] ''Teng Siao-p'ing'' et selon [[Romanisation Wade-Giles|Wade-Giles]] ''Teng Hsiao-p’ing''</ref> {{MSAPI|tɤŋ ɕjɑʊ pʰiŋ}}<ref>[[Prononciation du mandarin standard|Prononciation]] en [[mandarin standard]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[Alphabet phonétique international|norme API]].</ref> {{prononciation|Zh-Deng Xiaoping.ogg}}), né le {{Date de naissance|22|août|1904}} à [[Guang'an]] et mort le {{Date de décès|19|février|1997}} à [[Pékin]], est le Président de la [[Commission militaire centrale (république populaire de Chine)|Commission militaire centrale]] du [[Parti
Né dans une famille de fermiers à [[Guang'an]] dans le [[Sichuan]], Deng étudie, adolescent en [[France]] dans les [[années 1920]] où il est influencé par le [[marxisme]]. Il rejoint le [[Parti communiste chinois]] en 1923. Au cours des années 1930, il a participé à la « [[Longue Marche]] ». Après la fondation de la république populaire de Chine en 1949, Deng a travaillé au [[Tibet]] ainsi que dans le Sud-Ouest de la Chine pour consolider le contrôle communiste. Deng était l'un des dirigeants les plus importants de la Chine à l'époque de [[Mao Zedong]]. Il a joué un rôle important dans la « [[Campagne anti-droitiste]] » et la reconstruction économique après le « [[Grand Bond en avant]] »<ref>{{Article |prénom1=Yen-lin |nom1=Chung |titre=The Witch-Hunting Vanguard: The Central Secretariat's Roles and Activities in the Anti-Rightist Campaign |périodique=The China Quarterly |numéro=206 |date=2011 |issn=0305-7410 |lire en ligne=http://www.jstor.org/stable/41305225 |consulté le=2020-05-24 |pages=391–411 }}</ref>. Cependant, il a été purgé deux fois par Mao pendant la [[révolution culturelle]]<ref>{{Article |langue=en-US |prénom1=Patrick E. |nom1=Tyler |titre=Deng Xiaoping: A Political Wizard Who Put China on the Capitalist Road |périodique=The New York Times |date=1997-02-20 |issn=0362-4331 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1997/02/20/world/deng-xiaoping-a-political-wizard-who-put-china-on-the-capitalist-road.html |consulté le=2020-05-24 }}</ref>.
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Son père, Deng Wenming, propriétaire terrien de moyenne importance, a étudié à l’université de droit et de science politique de [[Chengdu]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.china.org.cn/english/features/dengxiaoping/103417.htm|titre=Deng Xiaoping - Childhood|site=www.china.org.cn|consulté le=3 mars 2010}}</ref>. Sa mère, qui se nomme Dan, meurt en 1926, laissant derrière elle Deng Xiaoping, ses deux frères et ses deux sœurs<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Ezra F. Vogel|titre=Deng Xiaoping and the transformation of China|date=2011|pages=876|passage=16|ISBN=9780674725867}}</ref>. Son père se remarie deux fois et a un garçon et trois filles de plus.
À l’âge de cinq ans, le petit Deng commence son éducation selon les principes confucéens, avant de rejoindre une école primaire à sept ans et enfin l’école secondaire de Guang'an
En 1919, Wu Yuzhang, responsable à [[Chongqing]] du [[mouvement Travail-Études]] qui envoie des jeunes Chinois étudier en [[France]], le repère et l’intègre dans le programme, avec son oncle Deng Shaosheng de trois ans son aîné<ref name="20e siècle">{{Article
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Jusqu’en 1927, {{formatnum:4000}} jeunes Chinois s’expatrient ainsi pour étudier et travailler en [[France]].
Dans un premier temps, la Société d’Éducation Franco-Chinoise (SEFC), qui soutient les étudiants chinois en France, place Deng au collège Alain Chartier de [[Bayeux]]. Deng arrive à Bayeux le 22 octobre 1920 et y reste jusqu'à fin mars 1921.
Malheureusement, au bout de quelques mois, la SEFC n’est plus en mesure de soutenir financièrement les étudiants chinois à cause d’une importante augmentation du coût de la vie<ref name="20e siècle"/>. Au printemps 1921, il est domicilié à la Société d'Education Franco-Chinoise, 39 rue de la Pointe (aujourd'hui rue Médéric) à [[La Garenne-Colombes]].
Les migrants chinois n’ont d’autre choix que de travailler pour subvenir à leurs besoins<ref name="20e siècle"/>.
Deng travaille aux laminoirs de l’usine [[Schneider Electric|Schneider]] du [[Le Creusot|Creusot]] durant 3 semaines en avril 1921 puis à la maison Chambrelent éventailliste à Paris et à la fabrique de [[wikt:galoche|galoches]] [[Hutchinson (entreprise)|Hutchinson]], à [[Châlette-sur-Loing]], à partir du 13 février 1922 sous le nom de « Teng Hi Hien », près de [[Histoire de Montargis#Berceau de la révolution chinoise|Montargis]], où se trouve alors une importante diaspora chinoise. Du fait de sa petite taille ({{unité|1,48 m}}), Deng y effectue un travail habituellement destiné aux femmes : la fabrication de semelles de chaussures<ref name="20e siècle"/>{{,}}<ref name="JT 1997">{{lien vidéo
|people =
|date2 = {{Date|20|février|1997|en Chine}}
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|consulté le= 10 mars 2010
|temps= 3 min
}}</ref>.
}}</ref>. Sa fiche patronale est sévère à son égard : « Refuse de travailler, ne pas reprendre »<ref>{{article|auteur= Régis Guyotat |url=https://www.lemonde.fr/voyage/article/2005/05/26/week-end-chinois-a-montargis_654589_3546.html |titre=Week-end "chinois" à Montargis |périodique=[[Le Monde]]|date=10 mars 2005|pages=27}}.</ref>.▼
En novembre 1922, Deng annonce partir au collège de [[Châtillon-sur-Seine]].
▲Il retourne chez Hutchinson le {{1er}}
En juillet 1925, il habite [[Billancourt (Hauts-de-Seine)|Billancourt]].
Il travaille ensuite comme assembleur à l’usine [[Renault]] de
Le 15 novembre 1925, il participe à une réunion politique du [[Kuomintang]] à la [[Bellevilloise]] à Paris.
▲Il travaille ensuite comme assembleur à l’usine [[Renault]] de [[Billancourt (Hauts-de-Seine)|Billancourt]], puis à l’usine Kléber à [[Colombes]] quand il habite à [[La Garenne-Colombes]], rue Méderic.
Il échappe à une descente de la police française le 8 janvier 1926, 3 rue Castéja à Billancourt ayant fui pour l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] la veille.
[[Fichier:Student Deng Xiaoping in France.jpg|vignette|gauche|Deng Xiaoping étudiant en France.]]
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Deng devient alors communiste et un fervent opposant au système capitaliste<ref>{{Lien web|url=http://www.evene.fr/celebre/biographie/deng-xiaoping-2537.php|titre=« Biographie de Deng Xiaoping »|consulté le=10 mars 2010|site=www.evene.fr}}.</ref>.
Nouant des contacts avec d’autres migrants chinois, il rencontre [[Zhou Enlai]], avec qui il partage notamment une chambre dans un hôtel, aujourd’hui détruit, situé {{numéro|17}} [[Rue Godefroy (Paris)|rue Godefroy]]<ref>''Dans les archives secrètes de la police'', page 168.</ref>, près de la [[place d'Italie (Paris)|place d’Italie]] à [[Paris]]
[[Zhou Enlai]] est le fondateur du [[Parti communiste chinois]] avec [[Chen Duxiu]] et [[Li Dazhao]], avec l’aide de
Deng les rejoint en adhérant au parti en 1923, devenant un des chefs du mouvement de la jeunesse communiste chinoise en Europe.
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=== Jeunesse en Union soviétique ===
En janvier [[1926]], Deng se rend à [[Moscou]], où il passe onze mois à étudier avec d’autres communistes chinois, d’abord à l’université communiste des travailleurs de l’Est, qui vise à former des jeunes d’Asie orientale, avant de rejoindre l’université [[Sun Yat-sen]], également orientée vers l’Asie. Là, Deng passe un an à étudier les principes du [[marxisme]]-[[léninisme]].
Parmi ses camarades de classe, il rencontre [[Chiang Ching-kuo]], le fils de [[Tchang Kaï-chek]], le chef du [[Kuomintang]], parti nationaliste chinois.
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Après avoir quitté l’armée de [[Feng Yuxiang]], Deng atterrit dans la ville de [[Wuhan]], où les communistes ont leur siège. À cette époque, il commence à utiliser le surnom de « Xiaoping » et occupe des postes importants dans l’appareil du parti. Il participe à la session d’urgence historique le {{Date|7|août|1927|en Chine}}, au cours de laquelle, par l’initiative soviétique, est évincé le fondateur du parti, [[Chen Duxiu]]. [[Qu Qiubai]] devient le secrétaire général du [[Parti communiste chinois]]. À Wuhan, Deng fait pour la première fois connaissance avec [[Mao Zedong]], qui est alors peu apprécié des dirigeants du parti et des militants pro-soviétiques.
Entre [[1927]] et [[1929]], Deng Xiaoping vit à Shanghai, où il aide à organiser des manifestations clandestines durement réprimées par les autorités du [[Kuomintang]]. La mort de nombreux militants communistes dans ces années conduit à une diminution du nombre de membres du [[Parti communiste chinois]], permettant ainsi à Deng Xiaoping de monter rapidement dans la hiérarchie de celui-ci. Au cours de cette étape à Shanghai, Deng épouse une jeune fille qu’il avait rencontrée à [[Moscou]],
=== Campagne militaire dans le Guangxi ===
À partir de [[1929]], il participe à la lutte contre le [[Kuomintang]], dans la province du [[Guangxi]]. La supériorité des forces de [[Tchang Kaï-chek]] entraîne un nombre énorme de victimes parmi les rangs communistes. La stratégie de la direction du parti est un échec qui a tué de nombreux militants. C’est à ce moment que se produit l’un des épisodes les plus confus
=== Retour à
De retour à [[Shanghai|Shanghaï]], Deng apprend la mort tragique de sa femme et de sa fille nouvellement née. En outre, il constate que de trop nombreux de ses anciens camarades sont morts à la suite de la répression du mouvement anti-Kuomintang
Les campagnes contre les communistes dans les grandes villes ont été un revers pour le parti et en particulier pour la ligne
Dans l’une des plus grandes villes de la région soviétique, [[Ruijin]], Deng Xiaoping prend ses fonctions de secrétaire du Comité du Parti pendant l’été [[1931]]. Un an plus tard,
Le succès du Jiangxi soviétique pousse les chefs du parti à venir dans le Jiangxi depuis
En dépit des luttes internes au sein du parti, le Jiangxi soviétique est devenu la première expérience réussie
=== La Longue Marche ===
{{Article détaillé|Longue Marche}}
[[Image:Long-march.jpg|vignette|260px|droite|Un dirigeant communiste parle aux survivants de la longue marche.]]
Encerclés par l’armée de la [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]], beaucoup plus puissante que les forces communistes, les communistes sont contraints de fuir le [[Jiangxi]] en {{Date||octobre|1934|en Chine}}. Ainsi commence le périple de l’[[Armée populaire de libération|Armée rouge chinoise]] à travers l’intérieur de la Chine, plus connu sous le nom de [[Longue Marche]].
La Longue Marche est devenue un événement mythique dans l’histoire du communisme chinois. La fuite du Jiangxi est difficile, car l’armée de la [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]] a pris des positions sur toute la zone communiste. Progressant dans des régions isolées et montagneuses, environ {{nombre|100000|hommes}} (et quelques femmes) réussissent à s’échapper du Jiangxi et partent sous le commandement de Mao pour un voyage de près de {{formatnum:12000}} km à travers la Chine intérieure. Ce périple prend fin un an plus tard dans la province septentrionale du [[Shaanxi]] où arriveront seulement autour de {{nombre|10000|hommes}}.
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Depuis la Conférence de [[Zunyi]], au début de la Longue Marche, [[Mao Zedong]] est devenu le nouveau chef du [[Parti communiste chinois]], chassant du pouvoir, à la consternation de l’Union soviétique, les [[28 bolcheviks|vingt-huit bolcheviks]] menés par [[Qin Bangxian|Bo Gu]] et [[Wang Ming]]. La ligne pro-soviétique du Parti communiste chinois prend fin et un nouveau parti d’inspiration rurale émerge sous la direction de Mao. Deng Xiaoping devient une figure de premier plan dans le parti qui, à partir de l’extrémité nord de la Chine, engage la [[guerre civile chinoise|guerre civile]] contre le [[Kuomintang]].
=== L’invasion japonaise ===
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=== Reprise de la guerre contre le Kuomintang ===
Après la défaite du Japon dans la [[Seconde Guerre mondiale]], Deng Xiaoping se rend à [[Chongqing]], la ville dans laquelle [[Tchang Kaï-chek]] a établi son gouvernement au cours de l’invasion japonaise, pour participer aux pourparlers de paix entre le [[Kuomintang]] et le [[Parti communiste chinois|Parti communiste]]. Les résultats de ces discussions sont
Tout en réorganisant le gouvernement de Tchang Kaï-chek à [[Nankin]], la capitale de la [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]], les communistes se battent pour contrôler le terrain. À la suite d’une tactique de guérilla
Dans cette phase finale de la guerre contre l’armée de la république de Chine, Deng Xiaoping exerce un rôle clé en tant que chef politique et de la propagande. Commissaire politique de la division de l’armée communiste commandée par [[Liu Bocheng]], il participe à diffuser les idées de [[Mao Zedong]]. On retient son travail dans le domaine politique et idéologique avec son statut de vétéran de la Longue Marche, qui le place dans une position privilégiée au sein du parti pour occuper des postes de pouvoir après que le Parti communiste a réussi à vaincre enfin Tchang Kaï-chek et de fonder un nouvel État communiste : la [[Chine|république populaire de Chine]] (RPC).
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{{Article détaillé|Révolution culturelle}}
[[Fichier:Political slogan by Red Guards on the campus of Fudan University 1976.jpg|vignette|300px|gauche|Slogans de la [[Révolution culturelle]] sur le campus de l’université Fudan, à [[Shanghai]], au printemps 1976.]]
La [[Révolution culturelle|Grande révolution culturelle prolétarienne]] est un mouvement de masse encouragé par [[Mao Zedong]] lui-même en utilisant un langage révolutionnaire et en s’appuyant sur des partenaires fidèles tels que [[Lin Biao]], qui encourage les masses à garder l’esprit révolutionnaire coûte que coûte. Il s’agit d'après la propagande officielle d’empêcher que, dans les moments de faiblesse de la révolution, la droite et des capitalistes infiltrés puissent conduire à des politiques contraires à l’idéologie réelle du parti.
En lançant la [[Révolution culturelle]], [[Mao Zedong]] tente de retrouver son autorité, qui a été écornée après l’échec économique du [[Grand Bond en avant]]. Face à Deng et Liu, qui tentent de le sevrer des tâches courantes du gouvernement, Mao mobilise les jeunes et les incite à attaquer ceux qui ne sont pas fidèles à sa direction. À cette époque, apparaissent une grande quantité d’affiches condamnant [[Liu Shaoqi]] et Deng Xiaoping comme étant capitalistes et de droite. Dans le même temps, le culte de la personnalité de Mao, promu par [[Lin Biao]], atteint son paroxysme.
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=== Ascension au pouvoir et réforme économique chinoise ===
{{Article connexe|Réforme économique chinoise|Théorie de Deng Xiaoping|Boluan Fanzheng}}
Grâce à l’appui des autres chefs du parti qui ont déjà récupéré leurs positions officielles, en [[1978]], la montée au pouvoir de Deng est désormais inexorable.
Dès la fin 1978, lors de la « conférence de travail du parti » en préparation du plénum du Comité central, Hua est marginalisé. Mais sous l’influence du maréchal [[Ye Jianying]], véritable « faiseur de roi » de la conférence, et qui « était persuadé que les erreurs du [[Grand Bond en avant|Grand Bond]] et de la [[Révolution culturelle]] avaient été causées par la concentration excessive du pouvoir entre les mains d’un seul homme [...] Deng accepte de renforcer la « direction collective » et de limiter la publicité donnée à une seule personne. [...] C’est ainsi que Deng Xiaoping prend le contrôle du PCC, sans aucune célébration publique, alors que Hua Guofeng garde ses titres formels à la tête du parti, du gouvernement et de l’armée<ref name="nouveaux-communistes-chinois" /> ».
En septembre 1977, Deng propose pour la première fois l'idée de « [[Boluan Fanzheng]] » pour corriger les erreurs de la [[révolution culturelle]]<ref name=":1">{{lien web|langue=zh|nom1=Shen|prénom1=Baoxiang|titre=《亲历拨乱反正》:拨乱反正的日日夜夜|url=http://www.hybsl.cn/huinianyaobang/huainianwenzhang/2017-10-24/66449.html|site=www.hybsl.cn|consulté le=2020-04-29}}</ref>{{,}}<ref name=":5">{{lien web|langue=zh|titre=邓小平是真理标准问题大讨论的发动者与领导者|url=http://cpc.people.com.cn/GB/85037/85041/7383651.html|site=cpc.people.com.cn|consulté le=2020-04-29}}</ref>.Au cours du {{3e}} plénum du {{11e}} Comité central du PCC (12-18 décembre 1978), la victoire obtenue quelques jours plus tôt par Deng Xiaoping est officialisée<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alain|nom1=Roux|titre=La Chine au {{s-|XX}}|éditeur=[[Armand Colin]]|collection=Campus histoire|lieu=Paris|année=2003|pages totales=192|passage=115|isbn=978-2-200-26579-3}}.</ref>. Il devient ''de facto'' le dirigeant de la Chine lorsque son idée de réforme économique est adoptée par le Parti. Afin d'affirmer sa position de leader, Deng Xiaoping, annonce publiquement son intention d’[[Guerre sino-vietnamienne|envahir le Viêt Nam]] le 12 février 1979 en envoyant {{nombre|600000|soldats}} pour raser méthodiquement les villes frontalières. Mais cette invasion est une défaite stratégique, car la Chine
En politique interne, Deng Xiaoping et ses proches ont critiqué Hua Guofeng pour avoir accumulé en même temps les postes de secrétaire du Comité central du PCC, secrétaire de la Commission militaire centrale et Premier ministre. Il sera démis de ces trois fonctions, mais lentement, entre 1980 et 1981 : « les dirigeants ne voulaient pas donner à l’opinion publique chinoise et au reste du monde l’impression d’une lutte de pouvoir incessante au sommet du pays<ref name="nouveaux-communistes-chinois" /> ».
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[[Fichier:Carter DengXiaoping.jpg|vignette|300px|Deng Xiaoping avec le président américain [[Jimmy Carter]], à [[Washington (district de Columbia)|Washington]] le {{Date|31|janvier|1979|en Chine}} lors de l’établissement des relations diplomatiques entre les [[États-Unis]] et la république populaire de Chine.]]
À partir de [[1979]], les réformes économiques d’inspiration libérale s’accélèrent, bien que la rhétorique de style communiste soit conservée. Deng a proposé les « [[Quatre Principes Fondamentaux]] » en mars 1979 pour délimiter les réformes<ref name=":02">{{Lien web |langue=fr |titre=Citations mémorables de Deng Xiaoping |url=http://french.peopledaily.com.cn/31966/35661/35663/2677371.html |site=[[Le Quotidien du Peuple]] |consulté le=2021-01-10}}</ref>. Le système des communes est progressivement démantelé et les paysans commencent à avoir plus de liberté pour gérer les terres qu’ils cultivent et vendre leurs produits sur les marchés. Dans le même temps, l’économie chinoise s’ouvre vers l’extérieur. Le {{1er}} janvier de cette année, les États-Unis reconnaissent diplomatiquement la république populaire de Chine, délaissant les autorités de [[Taïwan]]. Les contacts commerciaux entre la Chine et l’Occident commencent à se développer. À la fin de 1978, l’entreprise aéronautique [[Boeing]] annonce la vente de plusieurs avions [[Boeing 747|747]] aux compagnies aériennes de la RPC, et la compagnie de boissons [[Coca-Cola]] rend publique son intention d’ouvrir une usine de production à [[Shanghai|Shanghaï]].
[[Fichier:Visit of Chinese Vice Premier Deng Xiaoping to Johnson Space Center - GPN-2002-000077.jpg|vignette|gauche|220px|Deng Xiaoping (au centre) et son épouse Zhuo Lin (sur sa gauche) visitent le [[Centre spatial Lyndon B. Johnson]] de [[Houston]] le {{Date|2|février|1979|en Chine}}. Le directeur du centre, [[Christopher Kraft]] (à droite) les accompagne durant la visite.]]
Au début de l’année [[1979]], Deng Xiaoping effectue une visite officielle aux [[États-Unis]], au cours de laquelle il rencontre à [[Washington (district de Columbia)|Washington]] le président [[Jimmy Carter]] et plusieurs membres du Congrès. Selon [[Zbigniew Brzeziński]], [[conseil de sécurité nationale (États-Unis)|conseiller à la sécurité nationale]] de Carter, il aurait autorisé les États-Unis à installer une base servant au [[renseignement d'origine électromagnétique|renseignement d’origine électromagnétique]] (SIGINT) en Chine, afin d’écouter l’URSS<ref>Vincent Jauvert, « Nous avons fait le choix de tout savoir », entretien avec Zbigniew Brzezinski, dans ''[[Le Nouvel Observateur]]'', {{n°|1779}}, 10 décembre 1998.</ref>. Il visite ensuite le centre spatial de la [[National Aeronautics and Space Administration|NASA]] à [[Houston]] et le siège de Boeing et Coca-Cola, respectivement à [[Seattle]] et [[Atlanta]].
Fidèle à sa fameuse citation tant critiquée en [[1960]]
Contrairement à [[Hua Guofeng]], qui a cumulé les positions afin de démontrer son autorité, Deng ne conserve comme poste officiel que celui de président de la [[Commission militaire centrale (république populaire de Chine)|Commission militaire centrale]], mais son rôle en tant que chef suprême de la république populaire de Chine ne fait aucun doute. La sécurité publique s'est détériorée à la suite de la Révolution culturelle et, en 1983, Deng
Pendant les [[années 1980]], Deng dirige l’expansion de l’économie,
Sur le front économique, la croissance rapide fait face à plusieurs problèmes. Tout d’abord, le recensement de la population de [[1982]] révèle l’extraordinaire croissance démographique chinoise, qui dépasse maintenant le milliard. Deng Xiaoping lance des plans dans la continuité de ceux lancés par [[Hua Guofeng]] pour limiter cette croissance en appliquant la [[politique de l'enfant unique|politique de l’enfant unique]], selon laquelle la plupart des couples ne peut avoir plus d’un enfant sous peine de sanctions administratives et financières (perte d’emploi et importante taxe à payer pour le deuxième enfant né). En outre, l’augmentation de la liberté économique aboutit à davantage de liberté d’opinion et les critiques commencent à émerger, notamment avec le dissident [[Wei Jingsheng]], qui invente le terme de « cinquième modernisation » pour faire référence à la démocratie, élément absent des plans de rénovation de Deng Xiaoping. À la fin des [[années 1980]], le mécontentement contre l’autoritarisme et les inégalités croissantes provoque la plus grande crise subie par Deng Xiaoping.
Ligne 306 ⟶ 316 :
=== Manifestations de 1989 ===
{{Article détaillé|Manifestations de la place Tian'anmen}}
La mort de [[Hu Yaobang]] le
Deng Xiaoping est nommément désigné comme le principal responsable de la répression qui s’est abattue sur les étudiants dans les mémoires posthumes de l’ancien secrétaire général du Parti [[Zhao Ziyang]], enregistrés clandestinement sur des cassettes audio alors qu’il était assigné à résidence, et publiées en {{Date||mai|2009|en Chine}}. Selon Zhao, la décision de faire intervenir l’armée contre les manifestants aurait pu être évitée, n’eussent été les machinations de l’aile dure des conservateurs comme Li, du maire de Pékin [[Chen Xitong]], et du vice-Premier ministre [[Yao Yilin]], ajoutées à la paranoïa de Deng Xiaoping, angoissé à l’idée de perdre le pouvoir<ref>{{Lien web|url=https://www.courrierinternational.com/article/2009/05/15/le-massacre-de-tian-anmen-c-est-la-faute-a-deng-xiaoping|titre=« Le massacre de Tian’anmen, c'est la faute à Deng Xiaoping »|site=Le Courrier international|consulté le=9 mars 2010}}.</ref>.
[[Fichier:Jiang Zemin at Hickam Air Base, October 26, 1997, cropped.jpg|vignette|150px|Jiang Zemin.]]
La répression violente des manifestations entraîne un nombre indéterminé de victimes, oscillant entre 400 et plusieurs milliers de morts selon les sources. [[Zhao Ziyang]],
Le [[Tenzin Gyatso|dalaï-lama]] demanda à [[Lodi Gyari Rinpoché]] de rédiger une déclaration soutenant les étudiants, au nom de la démocratie et des droits de l'homme et rejetant la violence, au risque de compromettre les négociations tibéto-chinoises. Deng Xiaoping l'a pris personnellement et ne lui a jamais pardonné<ref>{{en}} Sander Tideman, https://books.google.fr/books?id=kqo0DwAAQBAJ&pg=PT112 Business as an Instrument for Societal Change: In Conversation with the Dalai Lama], Routledge, 2017, {{ISBN|1351284584|9781351284585}}, {{p.|112}}</ref>{{,}}<ref>Dalai Lama, [[Victor Chan]], [https://books.google.fr/books?id=KS_K_zEzq7MC&pg=PT54 The Wisdom Of Forgiveness], {{p.|54-55}}. Voir aussi la traduction de l'ouvrage en français, ''[[Savoir pardonner]]'', {{p.|73}} : {{Citation|Votre Sainteté, vous êtes consciente, bien entendu, que notre effort de négociation va en pâtir, peut-être pendant très longtemps. » [...] « Oui, c'est vrai, vous avez votre avis. Mais si je ne m'exprime pas maintenant, je n'aurai plus aucun droit, du point de vue moral de m'exprimer sur la liberté et la démocratie. Ces jeunes gens ne demandent rien de plus, rien de moins que ce que je demande moi-même. Et si je ne peux pas parler pour eux ... » Lodi hésitait, fouillant dans sa mémoire pour y trouver le mot juste. « ... j'aurai honte à l'avenir de parler de liberté et de démocratie.}}.</ref>.▼
▲
▲La décision de Deng Xiaoping de désigner comme successeur [[Jiang Zemin]], et non pas [[Li Peng]], est un signe de sa méfiance envers le conservatisme de Li en matière économique. Même si le réformiste [[Zhao Ziyang]] est écarté du fait de sa faiblesse devant les manifestations, Deng n’est pas prêt à sacrifier les réformes économiques.
=== L'« Inspection du sud » et l’expansion économique ===
{{Article détaillé|Tournée d'inspection de Deng Xiaoping dans le Sud}}
Bien qu’ayant quitté ses fonctions en [[1989]], laissant à son protégé [[Jiang Zemin]] la gestion quotidienne de la politique, Deng Xiaoping continue à exercer des fonctions en coulisses. Alors que l’aile conservatrice du parti
Le développement économique, entravé par l’incertitude politique et l’isolement international qui a frappé la Chine après la répression violente des [[manifestations de la place Tian'anmen|manifestations de la place Tian’anmen]], est relancé par la fameuse « [[Tournée d'inspection de Deng Xiaoping dans le Sud|Inspection du Sud]] » ou « Voyage vers le sud »(南巡 Nan Xun). Au printemps [[1992]], à l’âge de {{nombre|88|ans}}, Deng Xiaoping surprend les médias
== Mort de Deng Xiaoping ==
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Malgré son âge avancé, jusqu’à sa mort, Deng Xiaoping est considéré comme le chef suprême de la Chine. Après sa mort, le [[Parti communiste chinois]] a suivi les politiques mises en place par Deng. Son successeur, [[Jiang Zemin]], remettra plus tard le pouvoir à un dirigeant également proche de Deng Xiaoping, [[Hu Jintao]].
[[Liu Xiaobo]] considère qu’au sein même du PCC, au cours des années 1980, est apparue une {{citation|faction réformatrice éclairée}}, disposant du pouvoir de décision, qui préconisait la mise en œuvre des réformes politique et économique au même rythme. Les deux secrétaires généraux « éclairés » du PCC, [[Hu Yaobang]] et [[Zhao Ziyang]], agirent en fonction de la volonté du peuple chinois, ils marginalisèrent la faction conservatrice et mirent fin aux courants gauchistes. Ils proposèrent un début de démocratisation politique. Mais ce mouvement démocratique n’était pas mûr et n’a pas fait preuve de la résolution et de l’habileté politique nécessaires. La faction des durs du parti, représentée par Deng Xiaoping,
Selon ses partisans, sous la houlette de Deng Xiaoping, la Chine, avec plus d’un milliard d’habitants, a commencé une ère de développement économique telle qu’elle n’en avait jamais connue. La politique de Deng a permis à des centaines de millions de Chinois de sortir de la pauvreté et a placé la république sur les rails qui en font aujourd’hui la seconde puissance du monde.
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Malgré ces réussites, Deng Xiaoping a été critiqué pour sa manière autoritaire de gouverner et pour son rôle dans l’utilisation de la force contre des [[Manifestations de la place Tian'anmen|manifestants sur la place Tian’anmen]] le 4 juin [[1989]]. Toutefois, {{qui|certains analystes}} estiment que le style de gouvernement de Deng Xiaoping était beaucoup plus humain et altruiste que celui de son prédécesseur [[Mao Zedong]]. Contrairement à Mao, Deng n’a pas favorisé le culte de la personnalité et {{refnec|la répression des libertés, par comparaison à l'ère maoïste, était beaucoup plus faible}}.
Deng Xiaoping a également été critiqué par des analystes marxistes pour son abandon de l’orthodoxie communiste et l’introduction de politiques économiques capitalistes, qui seraient responsables des profondes inégalités économiques et sociales que connaîtrait la Chine aujourd’hui. Sa citation, à partir d'un adage de sa province natale, "Peu importe qu'un chat soit blanc ou noir du moment qu'il attrape des souris" (en 1962, reprise dans la section Citations) résume bien la volonté de Deng Xiaoping a proposer une évolution des politiques du Parti vers des modernisations, et vers les [[Réforme économique chinoise|"Réformes et Ouvertures"]] à partir de 1978.
Si sa mort ne
== Thèse de son implication dans la mort du {{10e}} panchen-lama ==
En octobre 2013, [[Yuan Hongbing]] et [[Namloyak|Namloyak Dhungser]] publient un livre sur la mort du [[Choekyi Gyaltsen|{{10e}} panchen-lama]], dans lequel les auteurs dévoilent le complot de l’assassinat par le [[Parti communiste chinois]] (PCC) du {{10e}} panchen-lama. Le livre décrit comment Deng Xiaoping et d’autres oligarques, membres fondateurs du PCC, ont pris la décision d’assassiner par empoisonnement le {{10e}} panchen-lama, et ce sous la direction de [[Hu Jintao]] et [[Wen Jiabao]], et la mise en œuvre de [[Meng Hongwei]], Hu Chunhua et Zhou Meizhen<ref>{{Lien
== Citations ==
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== Liens externes ==
* [http://www.icilachine.com/culture/histoire-de-la-chine/62-histoire/1597-les-phrases-celebres-de-deng-xiaoping.html Quelques phrases célèbres de Deng Xiaoping traduites et expliquées]
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