« Massif du Néouvielle » : différence entre les versions

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{{Infobox Montagne
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| légende=Localisation sur la carte des [[Hautes-Pyrénées]]{{ref|3=GoogleMaps}}.
| altitude=3192
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[[Fichier:Massif du Néouvielle depuis le Pic du Midi - 1.jpg|vignette|upright=1.5|Zone nord du massif du Néouvielle depuis le [[pic du Midi de Bigorre]].]]
 
Le '''massif du Néouvielle''' est un [[massif de montagnes]] de la chaîne des [[Pyrénées]] situé dans le [[Département français|département]] des [[Hautes-Pyrénées]] en [[Région française|région]] [[Occitanie (région administrative)|Occitanie]], en [[France]]. Il mesure {{unité|25.5|km}} de long pour {{unité|17|km}} de large, et culmine au [[pic Long]] à {{unité|3192|mètres}}{{ref|3=GeoPortailPic}}. Géologiquement parlant, à cause de la nature [[rocheRoche plutonique|plutonique]] de ses roches et de sa position centrale dans la chaîne, le massif du Néouvielle fait partie de la [[Géologie des Pyrénées#Zone axiale|zone axiale]] des Pyrénées{{ref|3=BRGM}}.
 
Le massif du Néouvielle est le plus haut massif des Pyrénées entièrement en France, le [[massif du Vignemale]] étant plus élevé mais situé sur la [[frontière entre l'Espagne et la France]]. C'est le {{6e}} plus haut massif de toute la chaîne après ceux de la [[massifMassif de la Maladeta|Maladeta]] ({{unité|3404|m}}), des [[Massif des Posets|Posets]] ({{unité|3375|m}}), du [[Massif du Mont-Perdu|Mont-Perdu]] ({{unité|3348|m}}), du [[Massif du Vignemale|Vignemale]] ({{unité|3298|m}}) et de [[Massif de Perdiguère|Perdiguère]] ({{unité|3222|m}}){{ref|3=Classement}}.
 
On peut le diviser en deux parties principales : le domaine du [[pic Long]] au sud, avec des [[Roche sédimentaire|roches sédimentaires]] de haute altitude, qui fait partie du [[parc national des Pyrénées]], et le domaine du [[pic de Néouvielle]] au nord, avec des roches plutoniques, qui intègre la [[réserve naturelle nationale du Néouvielle]] ({{unité|2300|ha}}) ; quelques zones excentrées du massif n'ont pas de statut de protection autre que des [[Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique|zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique]] (ZNIEFF). C'est un massif lacustre avec près de 70 lacs répertoriés, possédant une grande diversité végétale et animale, et comptant plusieurs espèces aquatiques de haute montagne, ou inféodées au milieu aquatique.
 
== Étymologie ==
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* le mot Néouvielle vient de ''Nèu vielha'', composé de ''nèu'' voulant dire « [[névé]], neige », et ''vielha'' pour « vieille, ancienne dans le temps ». En effet, les versants nord et ouest du Néouvielle comportaient trois petits [[glacier]]s maintenant presque disparus et des [[névé]]s. La ''montagne de Nèu Bielhe'' est un quartier de pâturages d'altitude de [[Betpouey]], dans la vallée de [[Barèges]] ;
* le [[lac d'Aubert]] signifie le lac d'« eau verte » (couleur) ;
* le [[lac d'Aumar]] signifie le lac d'« [[eau de mer]] » (couleur) ;
* le [[lac de Cap- de- Long]] intègre l'ancien lac naturel de Cap- de- Long qui veut dire « la tête (de vallée) du (pic) Long » ;
* la [[hourquette de Cap de Long]] ;
* le [[lac dets Coubous]] vient d{{'}}''eths coubous'', ''eths'' désignant l'article défini masculin pluriel « les » et ''couboùs'' désignant les endroits où le cours d’eau disparaît avant de resurgir plus loin{{ref|3=Grosclaude}} ;
* le [[pic Maubic]] viendrait du [[patronyme]] d'un chasseur d'isards d'[[Aragnouet]] à la fin du {{s|XIX|e}}, originaire d'un ''mau-vic'' pour « mauvais quartier »{{ref|3=Forum}} ;
* le [[lacLac Nère (Barèges)|lac Nère]] vient de ''nère'' signifiant « noir » , dans le sens eaux sombres car profondes{{ref|3=Bérot}}.
 
Au {{s-|XIX}}, l'essor du [[pyrénéisme]] apporte des noms officiels à touttous ces [[toponymeToponymie|toponymes]]s en rajoutant des [[épithète]]s tels que « pic de » ou « lac de ». Souvent, le toponyme associé ne caractérise pas directement le pic ou le lac, mais un lieu a proximité, comme par exemple :
* le [[pic d'Astazou]] vient d{{'}}''Estasou'' pour « [[estive]] provisoire »{{ref|3=Glossaire}} ;
* le [[pic Badet]] et le [[lac de Badet]] pour le pic et le lac de la « petite vallée » ;
* le [[lac de Port-Bielh]] pour le lac du « vieux col » ;
* le [[pic de Campbieil]] pour pic de ''camp vielh'' ou pic du « champ vieux » (dans le sens pâturage ancien), le Camp Vielh étant un quartier de pâturages de haute montagne de la commune de [[Gavarnie-Gèdre (Hautes-Pyrénées)|Gavarnie-Gèdre]] ;
* le [[port de Campbieil]].
 
Un ou deux sommets furent nommés en hommage à des pyrénéistes de cette époque : le [[pic Ramougn]] adopte la prononciation locale de « pic de Ramond », en hommage à [[Louis Ramond de Carbonnières]], père du [[pyrénéisme]].
 
Ces toponymes se retrouvent souvent dans la région, car d'origine commune, avec une orthographe qui peut varier légèrement. Ainsi, existent un [[Grand Astazou]] et un [[Petit Astazou]] dans le [[massif du Mont-Perdu]], ainsi qu'un [[Soumsoum de Ramond]]. De même il existe un [[pic de Campbieil]] dans le [[massif de Perdiguère]], plusieurs {{page h'|lac Nère}}, etc.
 
== Géographie ==
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Le massif se situe entièrement dans le [[département français]] des [[Hautes-Pyrénées]], sur les communes de [[Gavarnie-Gèdre (Hautes-Pyrénées)|Gavarnie-Gèdre]] au sud-ouest, [[Luz-Saint-Sauveur]] et [[Barèges]] au nord-ouest, [[Saint-Lary-Soulan]] et [[Aragnouet]] au sud-est.
 
Il est délimité à l'ouest par la vallée de Luz-Gavarnie ([[pays Toy]]) et plus loin le [[massif d'Ardiden]], au nord par le massif de [[massif de Lascours|Lascours]] et du [[pic du Midi de Bigorre]], à l'est par le [[massif de l'Arbizon]] et la [[vallée d'Aure]], au sud par le [[massif de la Munia]]{{ref|3=GeoPortail}}.
 
{{Territoires limitrophes
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}}
 
Tout le nord du massif est une zone de montagnes comprises entre {{unité|2000|et=2700|m}} d'altitude{{ref|3=GeoPortail}}. La limite avec le [[massif de l'Arbizon]] au nord-est n'est pas nette : il n'y a pas de vallée profonde entre les deux massifs et tout le versant ouest de l'Arbizon fait partie de la même unité géologique que le secteur du pic de Néouvielle, faite de [[rocheRoche plutonique|roches plutoniques]] de type [[granodiorite]]{{ref|3=BRGM}}. C'est dans cette zone de transition au nord-est que se concentre un grand nombre de petits lacs{{ref|3=GeoPortail}}.
 
La zone des « {{formatnum:3000}} », terme pyrénéiste pour désigner les sommets de plus de {{unité|3000|m}} d'altitude, se trouve exclusivement au sud, à partir du [[pic de Néouvielle]]{{ref|3=GeoPortail}}.
 
=== Principaux sommets ===
[[Fichier:Neouvielle and lac d' aumar.png|vignette|[[Pic de Néouvielle]] en hiver vu depuis le lac d'Aumar.]]
[[Fichier:PicLong.jpg|vignette|Sommet du [[pic Long]] au premier plan, [[pic Badet]] à gauche.]]
[[Fichier:PIQUE MADAMETTE 2.jpg|thumbnail|upright=1.5|Descente du [[Sentier de grande randonnée 10|GR10]] vers le sud depuis le col de Madamète. Au premier plan, les lacs [[Gourg de Rabas]] à gauche, d'[[lacLac d'Aumar|Aumar]] au centre, et d'[[lacLac d'Aubert|Aubert]] à droite. En second plan à droite, l'arête du [[pic de Néouvielle]]. En arrière-plan, de droite à gauche, le [[pic de Campbieil]], le [[pic d'Estaragne]], le [[pic Méchant]] et le [[pic de Bugatet]]. Tout au fond à gauche dans la brume, de droite à gauche, le [[pic d'Aret]] en [[vallée d'Aure]] et le [[massif de Batchimale]].]]
 
Les « {{formatnum:3000}} » sont eux-mêmes répartis en deux groupes :
* le groupe du Néouvielle au nord, sommets [[graniteGranite|granitiques]] façonnés par les glaciers[[glacier]]s{{ref|3=BRGM}}, avec un système d'arêtes convergeant vers les sommets du Néouvielle ou du [[pic des Trois conseillers-Conseillers]], délimitant d'anciens [[Cirque glaciaire|cirques glaciaires]] :
** [[pic de Néouvielle]] ou d'Aubert {{unité|3091|m}},
** [[pic Ramougn]] {{unité|3011|m}},
** [[pic des Trois-Conseillers]] ou de Maniportet {{unité|3039|m}},
** [[Turon de Néouvielle]] {{unité|3035|m}} ;
* le groupe Pic Long-Campbieil au sud, composé de [[rocheRoche sédimentaire|roches sédimentaires]]{{ref|3=BRGM}}, secteur plus grand et légèrement plus élevé :
** [[pic Maubic]] {{unité|3058|m}},
** [[pic Long]] {{unité|3192|m}}, plus haut sommet du massif et {{27e}} plus haut des Pyrénées{{ref|3=Classement}},
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[[Fichier:Lac de Mounicot - Réserve naturelle nationale du Néouvielle.jpg|vignette|[[Lac de Mounicot]], un des petits lacs de la zone nord-est]]
 
Le massif est le résultat d'une [[Érosion fluvioglaciaire|érosion glaciaire]] qui, par les phénomènes d'[[ombilic glaciaire]] (surcreusement en un endroit) et de [[verrou glaciaire]] (zone résistant au creusement), a donné naissance à de nombreux petits [[cirqueCirque glaciaire|cirquecirques]]s et [[Lac glaciaire|lacs]] après que les glaciers[[glacier]]s se sont retirés. On compte environ 70 lacs et [[:wiktionary:laquet|laquet]]s de taille très différente. Le plus grand lac naturel est le [[lac d'Aumar]] avec {{unité|25|ha}}, les plus grands lacs d'[[lacLac d'Aubert|d'Aubert]], d'[[lacLac d'Orédon|Orédon]] et de [[Lac de Cap- de- Long|Cap- de-long Long]] étant des [[lacLac de barrage|lacs de barrage]]. Deux autres grands lacs, le [[lac de l'Oule]] et le [[lac de Gréziolles]], se situent à la limite du [[massif de l'Arbizon]].
 
Ces lacs sont alimentés par un réseau de petites rivières issues des cirques glaciaires. Les petits lacs sont d'un intérêt écologique important concernant la flore et la faune aquatique de montagne, et sont étudiés scientifiquement par la station biologique du lac d'Orédon comme le [[lac de Port-Bielh]].
 
=== Géologie ===
[[Fichier:Pic Campbiel.JPG|vignette|[[Pic de Campbieil]] au sud du massif, strates sédimentaires composées de [[péliteLutite|pélites]]s et de [[grèsGrès (géologie)|grès]], unité de la Munia{{ref|3=BRGM}}]]
[[Fichier:Barrage de Cap de Long.JPG|vignette|Paysage granitique du secteur du Néouvielle (photo depuis le [[lac de Cap- de- Long]]).]]
{{article connexe|Pyrénées-Mont Perdu|Géologie des Pyrénées}}
 
Toute la partie méridionale du massif jusqu'au [[pic Long]], ainsi que la zone ouest et nord-ouest, sont composées de [[rocheRoche sédimentaire|roches sédimentaires]] à base de [[calcaire]]s, [[schiste]]s et de [[Grès (géologie)|grès]] datant du [[Dévonien]] ({{unité|-420|à=-360|Ma}}), et que l'on nomme la [[nappe de Gavarnie]]. C'est une [[nappe de charriage]] qui s'étend sur une partie de la [[Géologie des Pyrénées#Zone axiale|zone axiale des Pyrénées]], dont les massifs adjacents du [[massif du Mont-Perdu|Mont-Perdu]] (secteur nord) et de la [[massif de la Munia|Munia]]{{ref|3=BRGM}}. Les [[strates|couches]] de la nappe sont issues de la [[diagenèse]] (solidification) de dépôts sédimentaires marins au fond de l'[[océan Rhéique]], océan existant au [[Dévonien]] dans l'hémisphère sud. La migration de ces couches dans l'hémisphère nord est due à la remontée vers le nord des [[plaquePlaque tectonique|plaques tectoniques]] situées sous cet océan, lors de l'[[orogenèse varisque]] (collision entre les paléo-continents du [[Gondwana]] et de la [[Laurussia]]).
 
La zone nord-est du massif, du pic Long jusqu'au [[massif de l'Arbizon]] (et englobant la réserve naturelle nationale du Néouvielle), est située sur un [[Pluton (géologie)|pluton]] formé de [[granodiorite]]s et de [[granite]]s [[Série magmatique|calco-alcalins]] à [[biotite]]{{ref|3=BRGM}}. Ce pluton fait {{unité|98|km|2}} et s'est formé au [[Carbonifère]] il y a {{unité|-300|Ma}}, à l'occasion d'une [[Intrusion (géologie)|intrusion magmatique]] lors de la formation de la [[chaîne varisque]]{{ref|3=Geologie}}. La poche magmatique formée en profondeur, dans la racine de la chaîne varisque, se refroidit alors très lentement durant des milliers d'années. De -260 à -100 millions d'années, de la fin du [[Permien]] au milieu du [[Crétacé]], l'ouverture de l'[[Téthys (océan)|océan Neo-Thétis]] et de l'[[océan Atlantique]] [[érosionÉrosion|érode]] fortement la chaîne varisque jusqu'à son [[socleSocle (géologie)|socle]], si bien qu'il ne reste plus qu'à la fin une [[pénéplaine]]. On observe alors un [[affleurement]] progressif du socle granitique{{ref|3=Geologie}}.
 
À partir de {{unité|-100|Ma}} au [[Crétacé]], la remontée de la [[plaque africaine]] entraîne avec elle la [[plaque ibérique]], qui commence à passer sous la [[plaque eurasiatique]]. La collision des croûtes situées sur ces plaques engendre une montée en altitude des roches, c'est la phase de soulèvement des Pyrénées vers {{unité|-40|Ma}} à l'[[Éocène]]{{ref|3=Orogenèse}}.
 
Toutefois, les caractéristiques actuelles du relief sont dues à l'érosion au cours des derniers 5 millions d'années : l'alternance de périodes de refroidissement et réchauffement creuse les roches sédimentaires assez profondément pour laisser apparaître le pluton au nord-est du massif. Au cours du [[Pliocène]] et [[Pléistocène]], de {{unité|-5|Ma}} à {{unité|-10000|ans}}, de nombreux glaciers sont à l'origine des [[cirqueCirque glaciaire|cirques glaciaires]] et des [[valléeVallée glaciaire|vallées glaciaires]]. Dans la nappe de Gavarnie de nature sédimentaire, les glaciers creusent de profondes vallées comme la [[vallée d'Aure]] au sud-est ou les vallées de l'ouest vers [[Gavarnie-Gèdre (Hautes-Pyrénées)|Gavarnie-Gèdre]]. Dans les roches granitiques plus résistantes, on voit apparaître de petits cirques et de petites vallées glaciaires, permettant durant l'[[Holocène]], à partir de {{unité|-10000|ans}}, la formation des nombreux [[Lac glaciaire|lacs glaciaires]]{{ref|3=Reserve}}.
 
[[Fichier:Profile through the Pyrenees FR.svg|vignette|center|upright=3.0|[[Coupe géologique]] des Pyrénées au niveau du massif du Néouvielle : la plaque ibérique à gauche passe sous la plaque continentale à droite, au centre les couches sont remontées et fortement plissées (traits et pointillés noirs). Puis l'érosion draine les roches des hauts sommets vers les plaines (traits en pointillés), ce qui fait affleurer le pluton du Néouvielle (en rouge au centre de la chaîne).]]
 
=== Climat ===
Le massif du Néouvielle possède un [[micro-climatmicroclimat]] car situé à l’abril'abri de crêtes partant du [[pic de la Munia]], en passant par celles du Néouvielle, jusqu'à l'[[Arbizon]]{{ref|3=Reserve}}. De plus, l'exposition générale du massif étant orientée au sud, la résultante de ces caractéristiques donne un micro-climatmicroclimat plus chaud et plus sec que les autres hauts massifs environnants, ce qui induit le relèvement en altitude des zones de vie de nombreuses espèces de montagne. Ainsi les forêts de [[Pinus uncinata|pin à crochets]] atteignent des records d’altituded'altitude (jusqu'à {{unité|2600|m}}) et le [[Alyte accoucheur|crapaud accoucheur]] peut vivre jusqu'à {{unité|2400|m}}{{ref|3=Reserve}}.
 
Ce climat ralentit aussi la décomposition du bois, ce qui laisse par endroits un paysage naturel d'arbres morts, et fait prospérer les insectes [[Organisme xylophage|xylophages]]s{{ref|3=Reserve}}.
 
=== Faune et flore ===
[[Fichier:Lac d'Aumar et Lac d'Aubert - Réserve naturelle nationale du Néouvielle.jpg|vignette|Forêt ouverte de [[Pinus uncinata|pins à crochets]] au niveau du [[lac d'Aumar]] et du [[lac d'Aubert]] dans la [[réserve naturelle nationale du Néouvielle]].]]
 
Les anciens glaciers ayant abrasé un socle granitique dur, le massif a la particularité d'être lacustre, comptant 70 lacs et laquets, avec tout un réseau de petites rivières et vallées. De plus, grâce à son micro-climatmicroclimat chaud et sec, cela engendre un environnement propice à la vie en altitude : on recense une flore très diversifiée avec {{unité|1250|[[plante vasculaire|plantes vasculaires]]}} dont une vingtaine d’espècesd'espèces très rares{{ref|3=Reserve}}, 571 espèces d’alguesd'algues différentes{{ref|3=Reserve}}{{,}}{{ref|3=PyrénéesPassion}}, ainsi que 370 espèces animales rien que dans la [[réserve naturelle nationale du Néouvielle]], notamment des espèces [[endémismeEndémisme|endémiques]] comme le [[Desman des Pyrénées]]{{ref|3=PyrénéesPassion}}.
 
On retrouve des [[Pinus uncinata|pins à crochets]] (''Pinus mugo'') à {{unité|2600|mètres}} d'altitude, la [[Digitalis purpurea|digitale pourpre]] (''Digitalis purpurea'') jusqu'à {{unité|1815|mètres}} sur les berges du [[lac de l'Oule]], et le [[Alyte accoucheur|crapaud accoucheur]] (''Alytes obstetricans'') jusqu'à {{unité|2400|mètres}}, ce dernier restant à l'état de [[têtard]] pendant dix ans.
 
Les eaux des lacs accueillent de nombreuses [[salmoSalmo trutta|truites fario]], et les environs des lacs sont caractéristiques de la [[biocénose]] pyrénéenne, avec des forêts de [[pinPin sylvestre|pins sylvestres]] (''Pinus sylvestris'') et des pins à crochets, ainsi que des landes de rhododendrons comme le [[rhododendron ferrugineux]] (''Rhododendron ferrugineum''), et des mousses comme la [[sphaigne]] (''Sphagnum'') au bord des lacs. Ces forêts et pelouses sont le refuge du [[grand Tétras]] (''Tetrao urogallus'') et d'une multitude de passereaux, tels le [[rougequeue noir|rouge-queue noir]] (''Phoenicurus ochruros''), le [[venturon montagnard]] (''Carduelis citrinella''), le [[Bec-croisé des sapins]] (''Loxia curvirostra'') , ou encore des [[pipit]]s de la famille des ''[[Motacillidae]]''. Sur les flancs de montagnes se trouvent des [[marmotte]]s (''Marmota marmota''), [[isard]]s (''Rupicapra pyrenaica''), et des grands rapaces tels le [[gypaète barbu]] (''Gypaetus barbatus''), le [[vautour fauve]] (''Gyps fulvus'') et le [[vautour [[percnoptère]] (''Neophron percnopterus''){{Ref|3=Reserve}}.
 
La flore aquatique, comme au [[lac de Port-Bielh]], abrite de nombreuses [[microalgue]]s monocellulaires mais aussi un importante communauté algale benthique (algues croissant sur le fond ou près du fond){{ref|3=Capblancq}}. On note ainsi la présence de la [[Nitella flexilis|Nitelle flexible]] (''Nitella flexilis''){{ref|3=Capblancq}}. Quant à la faune aquatique, elle comprend notamment des [[Cladocera|cladocères]], des [[crustacécrustacés]]s et des [[larve]]s d'insectes{{ref|3=Laville}}.
 
<gallery mode="packed">
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Fichier:AlytesObstetricansJuv.jpg|<center>Alyte accoucheur, ou crapaud accoucheur, ''[[Alyte accoucheur|Alytes obstetricans]]''.</center>
Fichier:Pinus mugo subspecies mugo Hochschwab.jpg|<center>Pin à crochets,<br /> ''[[Pinus uncinata]]''.</center>
Fichier:Decticus verrucivorus.jpg|<center>Dectique verrucivore, ''[[Dectique verrucivore|Decticus verrucivorus]]''.</center>
Fichier:Loxia curvirostra -Karwendel mountains, Austria.jpg|<center>Bec-croisé des sapins, <br />''[[Bec-croisé des sapins|Loxia curvirostra]]''.</center>
Fichier:Lammergeier I IMG 7017.jpg|<center>Gypaète barbu, <br />''[[Gypaète barbu|Gypaetus barbatus]]''.</center>
</gallery>
<gallery mode="packed">
Fichier:Marmotte Catchet.JPG|<center>Marmotte, <br />''[[Marmota marmota]]''.</center>
Fichier:Gyps fulvus 1 Luc Viatour.jpg|<center>Vautour fauve, <br />''[[Vautour fauve|Gyps fulvus]]''.</center>
Fichier:Rupicapra pyrenaica Picos.jpg|<center>Isard, <br />''[[Isard|Rupicapra pyrenaica]]''.</center>
Fichier:Tetrao urogallus Richard Bartz.jpg|<center>Grand Tétras, <br />''[[Grand Tétras|Tetrao urogallus]]''.</center>
Fichier:Sphagnum sp01.jpg|<center>Sphaigne, <br />''[[Sphaigne|Sphagnum]]''.</center>
Fichier:Rouge-queue noir-HAYE Sylvain.jpg|<center>Rouge-queue noir,<br />''[[Rougequeue noir|Phoenicurus ochruros]]''.</center>
</gallery>
 
== Histoire ==
Les [[lac]]s d’origined'origine glaciaire du massif du Néouvielle ([[lacLac d'Aubert|Aubert]], [[lacLac d'Aumar|Aumar]], [[lacLac de Cap- de- Long|Cap- de- Long]], [[lacLac d'Orédon|Orédon]], l'[[lacLac de l'Oule|Oule]], etc.) furent surélevés à partir de la fin du {{s-|XIX|e}}, puis réaménagés récemment, et fournissent de l’eaul'eau potable au [[piémont pyrénéen]] ainsi que de l’énergiel'énergie électrique. En effet, des barrages de retenue sont créés sur ces lacs (sauf pour Aumar qui possède une digue de terre) dès 1882 pour des besoins de production d'[[Énergie hydroélectrique|hydroélectricité]],.
 
La route des lacs, ouverte en 1972, permet de monter jusqu'à {{unité|2200|mètres}} d'altitude, sur les rives des lacs d'Aumar et d'Aubert. Il avait été envisagé de prolonger cette route jusqu'à [[Barèges]], rejoignant la route montant au [[col du Tourmalet]] au niveau de pont de la Gaubie, traversant ainsi le massif du Néouvielle{{ref|3=RouteDesLacs}}. Cependant depuis 1994, l'accès des véhicules à moteur est restreint à partir du [[lac d'Orédon]], ceci afin de préserver le milieu naturel situé dans la [[Réserveréserve naturelle nationale du Néouvielle|réserve naturelle du Néouvielle]]{{ref|3=Loi}}. De jour en période estivale, seuls des bus permettent l'accès motorisé aux lacs en amont{{ref|3=Décret}}.
 
En 2018, sous la pression de l'association [[France Nature Environnement]], le tracé du [[Grand Raid des Pyrénées]] est modifié : il faisait le tour du Néouvielle depuis ces 10 dernières années{{ref|3=Journal}}.
Ligne 169 ⟶ 202 :
 
Presque tout le massif fait partie d'une zone protégée : la zone sud du [[pic Long]] est incluse dans l'extrémité nord-est du [[parc national des Pyrénées]], tandis que pour une partie de la zone nord-est, à partir du [[pic de Néouvielle]] et du lac d'Orédon, a été créée spécialement la [[réserve naturelle nationale du Néouvielle]]{{ref|3=GeoPortail}}. En effet, c'est dans cette zone que se trouve le plateau des lacs et la plus grande diversité des espèces, tant végétales qu'animales. D'ailleurs la [[réserve naturelle]] est plus ancienne et ses règles sont strictes : {{ref|3=Reserve2}}. Toutefois, toute la partie nord ne se trouve incluse ni dans le parc ni dans la réserve, mais est classée comme [[zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique]] (ZNIEFF) de type 1 et de type 2 :
* type 1 qualifie des espaces écologiques de grand intérêt fonctionnel et scientifique, ou qui abritent au moins une [[espèce]] ou un habitat rare ;
* type 2 qualifie de grands ensembles naturels riches, peu modifiés, qui offrent des potentialités biologiques importantes.
 
La réserve naturelle du Néouvielle est créée en 1935 grâce aux professeurs [[Clément Bressou]] et [[Pierre Chouard]]{{ref|3=Reserve}}, en fait une des premières réserves naturelles de [[France]]. L’intérêtL'intérêt de cette région était reconnu déjà avant, puisqu'en 1922, un laboratoire de biologie fut construit près du rivage du [[lac d'Orédon]]{{ref|3=Reserve2}}. La réserve est tout d'abord louée par la [[Société nationale de protection de la nature|Société nationale d'acclimatation de France]] à la commune de [[Vielle-Aure]], même si celle-ci conserve le [[droit de pâturage]] et d'exploitation du bois de charpente.
 
En [[1967]] est créé le parc national des Pyrénées par le décret {{n°}}67-265{{ref|3=ParcNational}} et s'étire sur 100 kilomètres de long, soit six vallées dans les départements des [[Pyrénées-Atlantiques]] et des [[Hautes-Pyrénées]]. Sa partie orientale regroupe le [[massif de la Munia]], la haute [[vallée d'Aure]] ainsi que le massif dedu Néouvielle.
 
La gestion de la réserve est confiée au parc national des Pyrénées en 1968. Aujourd'hui, la vie de celle-ci est administrée par un comité consultatif composé d’élusd'élus locaux, services de l’Étatl'État, associations et personnalités scientifiques{{ref|3=Reserve2}}.
 
=== Randonnées ===
[[Fichier:Lac du Milieu de Bastan Hautes Pyrénées 02 BLS.JPG|vignette|left|Lac du Milieu de Bastan par le GR10CGR 10C.]]
 
L'accès par la route dans le centre du massif, au niveau du [[lac d'Orédon]], se fait par la [[vallée d'Aure]] à l'est en empruntant la route D929D 929 en passant par la commune d'[[Aragnouet]]. Il est aussi possible d'accéder au [[sentierSentier de grande randonnée|chemins de grande randonnée]] au nord par la [[vallée de [[Barèges]] ou la [[vallée de Campan]] (secteur vallée de [[Gripp (Hautes-Pyrénées)|Gripp]]), au niveau des versants du [[col du Tourmalet]]{{ref|3=GeoPortail}}. Du versant ouest (vallée de Barèges) par le [[GR10Sentier de grande randonnée 10|GR 10]] et du versant est (vallée de Gripp) par sa variante le GR10CGR 10C. Le GR10GR 10 part direction sud-est et passe près du [[lac dets Coubous]], puis les lacs et [[col de Madaméte]], le [[Gourg de Rabas]], les lacs d'[[Lac d'Aubert|Aubert]] et d'[[Lac d'Aumar|Aumar]], et enfin le [[lac de l'Oule]]. Le GR10CGR 10C part direction sud et passe par les lacs [[lacLac de Gréziolles|Gréziolles]], du [[lacLac du Campana|Campana]], les lacs de Bastan ([[Lac de Bastan supérieur|supérieur]], du [[LacsLac de Bastan du milieuMilieu|milieu]] et [[Lac de Bastan inférieur|inférieur]]) et rejoint le GR10GR 10 au-dessus du lac de l'Oule{{ref|3=GeoPortail}}.
 
Les variantes et les randonnées sont nombreuses dans le massif du Néouvielle. On peut accéder aux hauts sommets via des « [[Randonnée en France|PR]] » qui partent des vallées ou du GR10GR 10. Faire une boucle autour du Néouvielle est une façon de découvrir le massif, en dormant dans les refuges de la Glère ({{unité|2150|m}}), d'Orédon ({{unité|1852|m}}), Bastan ({{unité|2215|m}}) et Campana ({{unité|2225|m}}).
 
=== Économie ===
[[Fichier:Cap de Long barrage (4).JPG|vignette|Barrage du [[Lac de Cap- de- Long]] avec les pics d'[[Pic d'Estaragne|Estaragne]], Méchant et [[Pic de Bugatet|Bugatet]] en fond.]]
 
Les basses montagnes et vallées de l'ouest sont des [[estive]]s d'été pour le cheptel bovin des communes de [[Luz-Saint-Sauveur]] et [[Gavarnie-Gèdre (Hautes-Pyrénées)|Gavarnie-Gèdre]]. La zone de la [[réserve naturelle nationale du Néouvielle]] est assez touristique, surtout les lacs d'Aubert et d'Aumar accessibles par la route en bus{{ref|3=Décret}}, et on compte de nombreux refuges comme ceux de la Glère, de Packe, du Bastan, de Campana, et le chalet-hôtel d'Orédon{{ref|3=GeoPortail}}.
 
La zone produit de l'électricité d'origine [[Énergie hydroélectrique|hydroélectrique]] grâce à de nombreux [[lacLac de barrage|lacs de barrage]] tels que ceux de [[barrageLac de Cap de Long|Cap de Long]], d'Aubert, d'Orédon, de l'Oule, [[Lac dets Coubous|dets Coubous]], etc. Ces barrages alimentent les centrales hydroélectriques de [[Centrale hydroélectrique de Pragnères|Pragnères]] et de [[Saint-Lary-Soulan]].
 
== Notes et références ==
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{{ref|1={{lien web|auteur=André Pégorier, [[Institut national de l'information géographique et forestière|Institut géographique national]] |url=education.ign.fr/sites/all/files/glossaire_noms_lieux.pdf |titre=Les noms de lieux en France |format=pdf |consulté le=19 octobre 2018}}.|3=Glossaire}}
{{ref|1={{lien web|auteur=[[Réserve naturelle du Néouvielle]] |url=www.reserves-naturelles.org/neouvielle |titre=Néouvielle |consulté=20 octobre 2018}}.|3=Reserve}}
{{ref|1={{lien web|auteur=[[Réserve naturelle du Néouvielle]] |titre=Les réserves naturelles de France : Néouvielle (archive) |url=https://web.archive.org/web/20131231074448/http://reservenaturelle.fr/reserves/alpha.asp?arbo=1.0&idres=197&rub=1|site=http://reservenaturelle.fr|date=31 décembre 2013|consulté le=20 octobre 2018}}.|3=Reserve2}}
{{ref|1={{lien web|auteur=J. Capblancq |url=www.limnology-journal.org/articles/limn/pdf/1973/03/limn197393p193.pdf |titre=Phytobenthos et productivite primaire d'un lac de haute montagne dans les Pyrenees centrales |éditeur=Annales de Limnologie-International, Journal of Limnology, volume 9, Numéro 3, pages 193-230), EDP Sciences |année=1973 |format=pdf |consulté le=20 octobre 2019}}.|3=Capblancq}}
{{ref|1={{lien web|auteur=H. Laville |url=www.limnology-journal.org/articles/limn/pdf/1974/02/limn1974102p163.pdf |titre=Utilisation de substrats artificiels pour l'étude de la faune macrobenthique de la zone littorale rocheuse des lacs de montagne |éditeur=Annales de Limnologie-International, Journal of Limnology, volume 10, numéro 2, pages 163-172, EDP Sciences |année=1974 |format=pdf |consulté le=20 octobre 2019}}.|3=Laville}}
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* [[Liste UIAA des 3000 pyrénéens]]
* [[Liste des lacs des Pyrénées]]
* [[Réserve naturelle nationale du Néouvielle]]
* [[Parc national des Pyrénées]]
* [[Vallée d'Aure]]