« Armorique » : différence entre les versions

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Premières populations celtiques : d'après d'autres sources (page sur les Lexoviens ou la Confédération armoricaine) il n'y a plus de doutes sur leur identité : l'erreur de traduction est ancienne mais connue.
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{{coord|48.1667|-1|type:landmark_region:FR_source:dewiki|format=dms|display=title}}
{{Voir homonymes | Armorique (homonymie)}}
{{à sourcer|date=mai 2016}}
{{Infobox Cap
| nom = Armorique
| image = Carte de l'Armorique.png
| légende = Carte de l'Armorique.
| pays = {{drapeau |France}} [[France]]
| région titre = Régions
| région = [[Bretagne]], [[Cotentin]], [[Pays de la Loire]]
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'''Armorique''' est un [[nom propre]] d'origine gauloise, qui désigne depuis l'[[Antiquité]] classique le territoire situé entre la [[Loire]] et la [[Seine]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bernard S.|nom1=Bachrach|titre=Merovingian Military Organization, 481-751|éditeur=U of Minnesota Press|année=1972|pages totales=157|isbn=978-0-8166-5700-1|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=jbz9IyOvfPoC&pg=PA10|consulté le=2018-01-05|passage=10}}</ref> ou entre les estuaires de la [[Estuaire de la Gironde|Gironde]] et de la [[Seine]]<ref name=":1">{{Article |langue=français |auteur1=CHAUVET Alain |titre=Les Pays de la Loire : Réflexion sur la centralité territoriale |périodique=Cahier Nantais, n°26, pp 37-56 |date=années 1980 |lire en ligne=https://igarun.univ-nantes.fr/medias/fichier/cn26-03-chauvet_1582712048854-pdf?ID_FICHE=1284575&INLINE=FALSE |pages=p.53 }}</ref>. Selon certains auteurs, ce territoire s'étendait même depuis l'estuaire de la [[Estuaire de la Gironde|Gironde]] jusqu'à celui de l'[[Escaut]]<ref>{{Article |prénom1=Alain|nom1=Chauvet |titre=L'Armorique|sous-titre= essai de géographie régionale |périodique=NOROIS|numéro=127|passage=346-364|mois=juillet-septembre|année=1985 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1985_num_127_1_4255 |pages=p.346 }}</ref>. Cet espace forme une péninsule entre la [[Manche (mer)|Manche]] et le [[golfe de Gascogne]], à l’ouest du [[Europe|continent européen]]. L'Armorique est souvent confondue avec la [[Bretagne]], qui ne constitue pourtant qu'une partie du territoire armoricain<ref name=":1" />.
 
L’ArmoriqueLes traces de présence humaine en '''Armorique''' sont régulières depuis le [[paléolithique inférieur]] (notamment avec l'exemple des feux entretenus parmi les plus anciens au monde ''-vieux de 465 000 ans-'' sur le site archéologique de [[Menez Dregan]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Centre d'interprétation du patrimoine archéologique - Menez-Dregan |url=https://www.hominides.com/musees-et-sites/centre-dinterpretation-du-patrimoine-archeologique-menez-dregan/ |site=Hominides |date=2024-08-06 |consulté le=2024-08-09}}</ref> à [[Plouhinec (Finistère)|Plouhinec]] en Finistère). L'occupation humaine s'est habitéepoursuivie dèsdurant le [[néolithiquemésolithique]] par(le site archéologique de l'île de [[Téviec]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Nécropole mésolithique de Téviec |url=https://bcd.bzh/becedia/fr/necropole-mesolithique-de-teviec |site=Becedia |date=2016-11-21 |consulté le=2024-08-09}}</ref> à l'ouest de la [[presqu'île de Quiberon]] en est l'un des témoignages) et sans discontinuité jusqu'au [[néolithique]]. Durant cette dernière période, les populations sont qualifiées de [[Peuples préceltiques|préceltiques]]. etLa péninsule armoricaine est probablement l’un des berceau du [[mégalithisme]] en [[Europe]]<ref name=":2">{{Lien web |langue=fr |titre=L'Armorique, berceau des mégalithes |url=https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/patrimoine/se-rapprocher-des-dieux-france-l-armorique-berceau-des-megalithes_134959 |site=Sciences et Avenir |consulté le=2021-08-27}}.</ref>. Les auteurs de la fin de la [[République romaine|République]] et du début de l'[[Empire romain]] la présentent comme peuplée par sept tribus gauloises dont [[Jules César]] donne la liste. Les Armoricains pourraient avoir constitué une confédération de peuples rivale de celle des [[Vénètes (Gaule)|Vénètes]].
 
Après la conquête, l'[[Empire romain]] n'a pas repris cette division dans son découpage provincial (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine) de la [[Gaule]]. Mais au {{s|IV|e}}, face aux menaces venues de la mer, est créé un secteur militaire, le ''[[Tractus Armoricanus et Nervicanus]]'' comprenant les territoires littoraux de l'embouchure de la [[Somme (fleuve)|Somme]] à celle de la [[Garonne]]<ref>[[Félix Le Royer de La Sauvagère]], ''Recueil d'antiquités dans les Gaules, enrichi...'', {{p.|298-303}}, Paris, 1770. [https://books.google.fr/books?id=rZdbAAAAQAAJ&pg=RA1-PA299&lpg=RA1-PA299&dq=Grannono&source=bl&ots=okztdD1gbP&sig=ipVpY0ThhZBAMZeCb5aSGgvkFMc&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwidoJXZ2f_aAhUFZ8AKHcfhD184ChDoAQhVMAc#v=onepage&q=%20Blabia&f=false Lire en ligne]</ref>.
 
À la fin de l'[[Antiquité tardive|Antiquité]], les [[Bretons insulaires]] [[Émigration bretonne en Armorique|émigrèrent]] massivement dans la partie occidentale de cette région, sur la péninsule qui prit progressivement le nom de [[Bretagne]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Joseph|nom1=Loth|titre=L'émigration bretonne en Armorique du Ve au VIIe siècle de notre ère|éditeur=E. Baraise et cie.|date=1883|lire en ligne=https://play.google.com/store/books/details?id=pJgDAAAAYAAJ&rdid=book-pJgDAAAAYAAJ&rdot=1|consulté le=2021-08-27}}</ref>. L’usage du terme « Armorique » pour désigner la vaste région maritime entre la [[Estuaire de la Gironde|Gironde]] et la [[Seine]] a été progressivement remplacé par celui « [[Grand Ouest français|France de l’Ouestl'Ouest]] » dans la géographie officielle française<ref>{{Article |prénom1=Alain|nom1=Chauvet |titre=L'Armorique|sous-titre=essai de géographie régionale |périodique=Norois|numéro=127|passage=348 |année=1985 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1985_num_127_1_4255}}.</ref>.
 
== Attestations anciennes des termes ''Armorique'' et ''Armoricain'' ==
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{{citation bilingue bloc|langue=la|In his ab Lucio Roscio, quem legioni tertiae decimae praefecerat, certior factus est magnas Gallorum copias earum civitatum, quae '''Armoricae''' appellantur, oppugnandi sui causa convenisse neque longius milia passuum octo ab hibernis suis afuisse, sed nuntio allato de victoria Caesaris discessisse, adeo ut fugae similis discessus videretur.|Il apprit notamment de Lucius Roscius, qu’il avait mis à la tête de la treizième légion, que des forces gauloises importantes, appartenant aux cités qu’on nomme Armoricaines, s’étaient réunies pour l’attaquer et étaient venues jusqu’à huit miles de son camp, mais qu’à l’annonce de la victoire de César elles s’étaient retirées avec tant de hâte que leur retraite ressemblait à une fuite.}}
*César, ibid°, VII, 75 (il s’agit des contingents demandés pour apporter de l’aide à [[Vercingétorix]] assiégé dans [[Siège d'Alésia|Alésia]]) :
{{citation bilingue bloc|langue=la|[XXX milia] universis civitatibus, quae Oceanum attingunt quaeque eorum consuetudine '''Armoricae''' appellantur, quo sunt in numero Curiosolites, Redones, Ambibarii, Caletes, Osismi<ref>Le site utilisé pour cette citation latine [http://www.thelatinlibrary.com/caesar/gall7.shtml C. IVLI CAESARIS COMMENTARIORVM DE BELLO GALLICO LIBER SEPTIMVS] indique les ''Veneti'', mais il semble que ce peuple soit absent de la liste.</ref>, Lemovices, Venelli.|trente mille (hommes demandés) à l’ensemble des peuples qui bordent l’Océan et qui selon leur habitude se donnent le nom d’Armoricains : Coriosolites, Redons, Ambibarii, Calètes, Osismes, LémovicesLemovices, Unelles.}}
 
== Étymologie ==
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On peut distinguer les trois éléments celtiques suivants :
*''are'' issu de l’[[indo-européen commun|indo-européen]] ''p°ri-'' « devant, auprès » (cf. irlandais ''air, ar'', sur / devant ; [[gallois]] ''er'', sur / à / pour ; [[breton]] ''war'' ou ''ar'', sur),
*''mori'' « mer » ([[irlandais]] ''muir'', [[génitif]] ''mara'' ; thème en « i » ; [[gallois]] et [[breton]] : ''mor'', d'où le composé ''[[armor]]'' « pays de la mer » cf. [[Côtes-d'Armor]], (appelé ''ar vor'' en breton avec [[Mutation consonantique|mutation]] de /m/ à /v/ caractéristique des [[langues celtiques]] modernes)
*suffixe ''-iko-'' (pluriel ''-ici'' « ceux qui ») comme dans [[Médiomatriques|Mediomatrici]], [[Volques Arecomiques|Arecomici]], Latobici, etc. et ''-ika'' qui sert à créer des substantifs que l'on retrouve dans des noms de pays ''Utica'' ([[pays d'Ouche]]), ''Pertica'' ([[Comté du Perche|Perche]]), etc.
{{Citation bloc|''Aremorici : antemorini quia are ante, more mare, morici marini.''|[[Glossaire d'Endlicher]], bibliothécaire de la Bibliothèque Palatine, [[Vienne (Autriche)|Vienne]], [[Autriche]], [[1836]]}}
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=== Situation ===
[[Fichier:Atlantic-Europe.jpg|gauche|vignette|L'Armorique partagePays de nombreux traits paysagers et culturels communs avec les autres régions l’[[Péninsule|péninsulairesarc atlantique]] deparmi l'[[Arclesquels atlantique|Arcfigure atlantiquel’Armorique. européen]],Ces icirégions end’Europe vertsont foncé,traditionnellement ([[Royaumeliées depar Galice|Galice]],la [[Paysrelation deétroite Galles]],qu’elles [[Cornouailles]],entretiennent [[Devonavec (comté)|Devon]],la [[Irlande (île)|Irlande]]...)mer.|272x272px]]
Selon le géographe Alain Chauvet, l'Armorique s'apparente à un espace de « [[finisterre]] », à l'échelle du [[Europe|continent européen]] et à celle de la [[France]], analogue à la [[Gallaecia|Galice]] et à la [[Norvège]]<ref name=":0">{{Article |langue=français |auteur1=Alain Chauvet |titre=L'Armorique : Essai de géographie régionale |périodique=Norois|numéro=127 |date=juillet-septembre 1985 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1985_num_127_1_4255 |pages=pp. 345-364 }}</ref>. Cette région qui comprend globalement la [[Basse-Normandie]], au nord, la [[Vendée (département)|Vendée]], au sud, en passant par la [[Bretagne]], constitue le point de rencontre de plusieurs grandes routes maritimes européennes<ref name=":0" /> et possède une situation centrale au sein de l’[[Arc atlantique|Arc atlantique européen]]. Cette situation a valu à l'Armorique, au cours de son histoire, d'être progressivement coloniséeoccupée, à la fois par des peuples venus d'Europe continentale ([[Gaulois (peuples)|Gaulois]], [[Rome antique|Romains]], [[Francs]]) et par des peuples venus de la mer ([[Saxons]], [[Bretons]], [[NormandsVikings]])<ref>{{Article |langue=français |auteur1=Jean Soulat |titre=« La présence saxonne et anglo-saxonne sur le littoral de la Manche » |périodique=Quentovic. Environnement, archéologie, histoire |date=2010 |pages=146;163 }}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=Français |auteur1=Alain Chauvet |titre=Les Pays de la Loire : Réflexion sur la centralité territoriale. |périodique=Cahier nantais |numéro=26|passage= 37-56 |date=Années 1980 |pages=p.55 }}</ref>.
 
Par ailleurs, du fait de sa situation, l’Armorique a souvent entretenu des contacts avec les [[îles Britanniques]]. Avant la conquête romaine, les gaulois armoricains faisaient déjà [[Route de l'étain|commerce de l’étain avec l’île de Bretagne]]<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Claire |nom=König |titre=La civilisation du bronze |url=https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/geologie-cuivre-premier-metal-travaille-homme-779/page/4/ |site=Futura |consulté le=2021-09-03}}.</ref>. La conquête romaine n'a pas rompu ce lien et le [[Bas-Empire romain|Bas Empire]] a même contribué au renforcement des liens militaires entre les deux rives de la Manche avec la création du ''[[litus Saxonicum]]''. Par la suite, c’est depuis cette [[Bretagne (province romaine)|île]] que les [[Émigration bretonne en Armorique|Bretons immigrèrent]] ensuite en Armorique occidentale à la fin de l’Antiquité. Au Moyen-Age Âge, les [[Normands]], menés par [[Guillaume le Conquérant]] traversèrent la Manche et [[Conquête normande de l'Angleterre|conquirent le royaume d’Angleterre en 1066]], tandis qu’au siècle suivant, le comte d’Anjou et du Maine, [[Henri II (roi d'Angleterre)|Henri II Plantagenêt]], créa un vaste [[Empire Plantagenêt|empire]], opposé à la France des [[Capétiens]], s’étendant à la fois sur les [[îles Britanniques]] et sur l’[[Grand Ouest français|Ouest Français]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La Bretagne dans l’empire Plantagenêt |url=https://www.letelegramme.fr/dossiers/bretons-des-deux-rives/la-bretagne-dans-l-empire-plantagenet-23-05-2021-12752017.php |site=Le Telegramme |date=2021-05-23 |consulté le=2021-09-03}}.</ref>. Lors de la période révolutionnaire, les [[Guerre de Vendée|Vendéens]], traversèrent la région jusqu’aux côtes de la [[Manche (mer)|Manche]] dans l’espoir d’y obtenir un [[Siège de Granville|soutien de l’armée anglaise]] contre les troupes [[Convention nationale|républicaines]]. Enfin en 1944, les alliés, basés en [[Grande-Bretagne]] [[Débarquement en Normandie (1944)|débarquèrent en Normandie]] afin de libérer l’Europe occidentale de l'[[Wehrmacht|armée allemande]].
 
=== Relief ===
 
[[Fichier:Geologic map Armorican Massif FRgeological map-fr.svg|vignette|Carte géologique du Massif armoricain.]]
La majeure partie du territoire armoricain comprend l'entité géologique auquel il a donné son nom : le [[Massif armoricain]]. Ce massif relativement peu élevé, s'apparente à un vaste plateau composé de [[granite]] et de [[schiste]] qui s'élève en plusieurs endroits dont les [[Monts d'Arrée]], les [[Montagnes Noires]], les [[Collines de Vendée|Collines vendéennes]], les [[Alpes mancelles]] et la [[Suisse normande]]<ref name=":4" />. La formation de la péninsule armoricaine est d’ailleurs la conséquence de la présence de ce massif aux roches plus dures et donc plus difficilement [[Érosion du littoral|érodables]] que les littoraux [[Calcaire|calcaires]] des [[Bassin parisien|bassins parisien]] et [[Bassin aquitain|aquitain]], situés plus au Nord et plus au Sud. Le [[mont des Avaloirs]] (416 m) situé au nord du département de la [[Mayenne (département)|Mayenne]] constitue le point culminant du massif<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=LE MONT DES AVALOIRS ET SON BELVEDERE: Autour de la nature France, Pays de la Loire |url=https://www.enpaysdelaloire.com/visites/autour-de-la-nature/le-mont-des-avaloirs-et-son-belvedere |site=www.enpaysdelaloire.com |consulté le=2022-03-15}}.</ref>, tandis que le [[Signal d'Écouves]] situé dans l’[[Orne (département)|Orne]], mais à proximité du mont des Avaloirs, est du haut desde ses 413 m, le deuxième sommet du [[Massif armoricain|massif Armoricain]].
 
=== Paysages ===
[[Fichier:Vallée de l'Erve.JPG|vignette|Paysage de [[bocage]], typique du [[Massif armoricain|plateau armoricain]] (Ici la vallée de l'[[Erve]]).]]
Sur le plan paysagé, le [[massif armoricain]] s'apparente à un [[Plateau (géographie)|plateau]] peu élevé, ponctué de [[Vallée|vallons]] et de [[Colline|collines]], sur lequel pousse une végétation adaptée à l'[[humidité]] ambiante<ref name=":4">{{Lien web |langue=français |format=PDF |auteur=IGN, Institut National de l'Information Géographique et Forestière |titre=Fiches descriptives des grandes régions écologiques (GRECO) et des sylvoécorégions (SER), Grande région écologique A: Grand Ouest
cristallin et océanique |url=https://inventaire-forestier.ign.fr/spip/spip.php?article773 |accès url=libre |site=Inventaire forestier |date=2012}}.</ref>, telle que les [[Forêt|forêts]] (parfois [[Forêt tempérée humide|ombrophiles]]) de hêtres, de châtaigniers et de chênes ([[Chêne pédonculé|pédonculé]], [[Chêne tauzin|tauzin]]), ainsi que les [[Lande|landes]] ([[Ulex|ajoncs]], [[Genêt épineux|genêts]], [[Bruyère|bruyères]]) et les [[Tourbière|tourbières]]. Le vallonnement ainsi que la présence de [[Chaos (géologie)|chaos rocheux]], ont constitué un obstacle à la [[Céréale|céréaliculture]] et ont y plutôt favorisé le développement de l'[[élevage]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=France-agricole-céréales-cultures-maraîchères-vignobles-élevage-intensif-polyculture-association-céréales-éle… {{!}} France agricole, Géographie, Carte de france région |url=https://www.pinterest.com/pin/567172146823227010/ |site=Pinterest |consulté le=2022-03-12}}.</ref>, si bien que la péninsule n'a jamais vraiment été remembrée. Ainsi, la majeure partie du territoire est couverte par le [[bocage]] ([[Bocage normand]], [[Bocage angevin]], [[Bocage vendéen]]) et est marquée par l'[[habitat dispersé]]<ref>{{Article |prénom1=Pierre |nom1=Brunet |prénom2=Marie-Claude |nom2=Dionnet |titre=Présentation d'un essai de carte des paysages ruraux de la France au 1/1.000.000 |périodique=Bulletin de l'Association de géographes français |volume=39 |numéro=305 |date=1962 |doi=10.3406/bagf.1962.5589 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1962_num_39_305_5589 |consulté le=2021-08-27 |pages=98–103 }}</ref>. [[Fichier:NezJobourg.jpg|vignette|Le Nez de Jobourg constitue la pointe nord-ouest de la presqu'île du Cotentin.|gauche]]La nature spécifique des [[Massif armoricain|sols armoricains]] se retrouve dans l'[[architecture]] locale<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |format=site internet |auteur=Incidence Déco |titre=La maison bretonne, un logement confortable et charmant |url=https://www.incidence-deco.com/la-maison-bretonne-accueillante-et-chaleureuse/,%20https://www.incidence-deco.com/la-maison-bretonne-accueillante-et-chaleureuse/ |site=https://www.incidence-deco.com/ |date=30 Mai 2021 |consulté le=2022-03-15}}.</ref> et les maisons traditionnelles de Bretagne, et des bocages mayennais, vendéens et normands ont été bâties, pour la plupart, en pierre de [[schiste]] et en [[granite]]. Les [[Chaumière|toitures en chaume]] et en roseaux sont présentes de manière diffuse, en [[Normandie]], en [[Bretagne]], notamment dans la [[presqu'île guérandaise]], ainsi que dans le nord-ouest de la [[Vendée (département)|Vendée]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Cartothèque – Patrimathèque {{!}} Carte de France, Cartographie, Carte |url=https://www.pinterest.fr/pin/772367404838493137/ |site=Pinterest |consulté le=2021-08-30}}.</ref>.
 
Au contact de la mer, le massif armoricain forme un littoral découpé<ref name=":4" />, marqué par les falaises ([[Nez de Jobourg]], [[cap Fréhel]], [[pointe de Pen-Hir]], falaises de l'[[île d'Yeu]]), par une succession de cap ([[pointe du Raz]], [[cap de la Hague]], [[pointe du Castelli]], [[pointe de Barfleur]]) et de baies ([[Mont St Michel|Baie du Mont St Michel]], [[golfe du Morbihan]], [[baie de Bourgneuf]]) ainsi que de [[Ria (hydrographie)|rias]], (essentiellement en Bretagne : [[Aber Wrac'h]], [[Aber Ildut]]).
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=== Climat ===
[[Fichier:France climats carte 2010.png|vignette|L'Armorique connait un [[Climat océanique|climat doux]] et relativement humide.]]
Comme le reste de la façade de la [[Manche (mer)|Manche]] et de l’[[Océan Atlantique|Atlantique]] française, cet espace connait un [[climat océanique]]. Les [[Dépression (météorologie)|dépressions]] venant de l’Atlantique y rendent les températures relativement douces mais sont à l’origine d’une [[pluviométrie]] assez forte bien que cette dernière soit sensiblement plus faible dans l’[[Basse-Loire|estuaire de la Loire]] et en [[Vendée (département)|Vendée]]<ref>{{Lien web |titre=Le climat en France métropolitaine {{!}} Météo-France |url=https://meteofrance.com/comprendre-climat/france/le-climat-en-france-metropolitaine |site=meteofrance.com |consulté le=2021-08-29}}.</ref>.
 
On parle cependant de « climat océanique Nord-Ouest » pour désigner le climat propre à cette partie de l’[[France|hexagone]] car il diffère sensiblement du [[climat océanique]] du [[Grand Sud-Ouest français|sud-Ouest de la France]] (climat océanique aquitain) marqué par des [[hiver]]s plus doux et des [[été]]s plus chauds<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Visiter la Nouvelle-Aquitaine - Climat et Géographie |url=https://www.nouvelle-aquitaine-tourisme.com/fr/infos-pratiques/climat-et-geographie |site=www.nouvelle-aquitaine-tourisme.com |consulté le=2021-08-29}}.</ref>.
 
Par ailleurs, du fait de sa situation [[Péninsule|péninsulaire]], l'espace armoricain est largement soumis à de forts [[Vents d'ouest (météorologie)|vents d'ouest]]<ref name=":4" />. Aussi les [[tempêtes]] y sont fréquentes notamment en [[automne]] et au début de l'[[hiver]].
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La région était peuplée dès le [[Néolithique]]<ref name=":2" /> et entretenait déjà des liens maritimes importants avec les autres péninsules de l'[[Arc atlantique|arc atlantique européen]]. C'est à cette époque que furent construit la plupart des sites mégalithiques, que l'on trouve sur le littoral, tels que les [[alignements de Carnac]] ([[Morbihan]]), Tumulus[[cairn de Barnenez]] ([[Finistère]]), mégalithes du Bernard ([[Vendée (département)|Vendée]]), ou à l'intérieur des terres tels que la [[SitesLa mégalithiques de la Mayenne|Hutte aux gabelous]] en [[Mayenne (département)|Mayenne]].
 
Plus tardivement, la région, alors au cœur des échanges entre les peuples du littoral Atlantique européen, a constitué l'un des centres de la [[culture campaniforme]] puis de la culture l'[[Âge du bronze atlantique|âge du Bronze Atlantique]]. C'est à cette époque que l'Armorique, habité jusqu'alors essentiellement par les descendants des éleveurs qui avaient propagé l'[[agriculture]] depuis le [[Moyen-Orient]], fut progressivement peuplée par des [[Celtes]] venus d'[[Europe centrale|Europe Centrale]].
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* les ''[[Osismes]]'' (région de [[Carhaix-Plouguer]])
* les ''[[Riedones]]'' (région de [[Redon]] et [[Rennes]])
* les ''[[Ambibarii]] ''(peut-être les ''[[Abrincates]]'' (région d'[[Avranches]]) ou les ''[[Ambilatres]]'' ([[Vendée (département)|Vendée]]) ou les [[Ambiens]] (vallée de la Somme)
* les ''[[Caletes]]'' (région du [[pays de Caux]])
* les ''[[Lexovii|Lexoviens]]'' (région de [[Lisieux]])
* les ''[[Unelles]]'' (région de [[Coutances]] et du [[Cotentin]])<ref name="q">Vinceslas Kruta, ''Les Celtes, Histoire et dictionnaire'', Paris, Robert Laffont, 2000, {{Ve}} Armorique, page 427.</ref>.
 
Il ne mentionne pas dans sa liste les ''[[Vénètes]]'' (région de [[Vannes]]) et les ''[[Namnètes]]'' (région de [[Nantes]]), peuples qu'il connaît pourtant bien<ref name="q" />. Les [[Ambilatres|Ambiliates]] et [[Anagnutes]], qui peuplaient probablement la partie du [[massif armoricain]] située au sud de la [[Loire]] ([[Vendée (département)|Vendée]], [[Mauges]], [[Pays de Retz]]) entretenaient certainement des relations avec les [[Vénètes (Gaule)|Vénètes]], avant que leurs territoires ne soient rattachés à celui de leurs puissants voisins [[Pictons]], après la conquête romaine<ref>{{Article |prénom1=Jean |nom1=Hiernard |titre=La question de Corbïlo |périodique=Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France |volume=1983 |numéro=1 |date=1985 |issn=0081-1181 |doi=10.3406/bsnaf.1985.9005 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3406/bsnaf.1985.9005 |consulté le=2021-08-30 |pages=175–187 }}</ref>. Il s'ensuit que l'Armorique de César ne recouvre pas seulement le futur [[duché de Bretagne]], puisqu'il englobe le Cotentin, l’Avranchin, le Lieuvin et le pays de Caux, tous situés dans l’actuelle Normandie. Les ''[[Viducasses]]'' (région de [[Vire]]) et les ''[[Baïocasses]]'' (région de [[Bayeux]]) ne sont pas mentionnés par César. Ils n'apparaissent dans les textes qu'après la conquête romaine.
 
À l'ouest, les [[Osismes]] (celtique ''Osismii''), que le navigateur grec [[Pythéas]] connaît sous le nom d{{'}}''Ostimioi'', et dont le nom signifie « les plus hauts » ou « ceux du bout du monde ».
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Dans la période précédant la conquête romaine, les [[Lexoviens]] étaient gouvernés comme les Vénètes par un Sénat.
 
Au nord et à l’est de l'actuelle [[Bretagne]] se trouvaient les [[Coriosolites]], « ''Coriosolitae'' » en latin. Leur nom comporte l’élément corio- « armée ». Ils résidaient dans l'est des actuelles [[Côtes-d'Armor]] et donnèrent leur nom à la ville de [[Corseul]]. Leur capitale fut [[ArviiAleth]] puis Corseul (''Fanum Martis'' en latin). Les [[Riedones]] qui demeuraient dans une partie de l'actuel [[Ille-et-Vilaine]] donnèrent leur nom à la ville de [[Rennes]].
 
Les [[Bajocasses]] ou Bodiocassi avaient pour capitale Augustodurum ([[Bayeux]]) et les [[Abrincates]], nommés en [[Langues celtiques|celtique]] ''Abrincatui'' ou ''Ambivariti'' par [[Pline l'Ancien]]) qui ont donné leur nom à [[Avranches]], qu'ils sont supposés avoir bâtie. Au {{-s|IX|e}}, ils occupent cette ville prospère de l'époque, qui, à la suite de la conquête romaine, va changer de statut et se développer. Dans l’actuel Cotentin, il y avait les [[Unelles]], dont le chef-lieu était ''Cosedia'' (aujourd'hui [[Coutances]]). Les [[Lexoviens]] (en celtique [[Lexovii]] ou Lixovii) étaient établis au sud de l'embouchure de la [[Seine]], le long de la côte du pays d’Auge actuel. Ils donnèrent leur nom à [[Lisieux]] devenue cité romaine sous son nom gaulois de ''Noviomagus'' (« le nouveau marché ») et au [[Lieuvin]]. Encore aujourd'hui, on nomme les habitants de [[Lisieux]], les Lexoviens. On trouve aussi les [[Ésuviens|Esuvii]] ([[Exmes]]), les [[Viducasses]] ([[Vieux-la-Romaine]] au sud-ouest de Caen), les [[Calètes]], [[pays de Caux]], dont la capitale est fondée à [[Lillebonne]] à l'époque romaine (du [[Langues celtiques|celtique]] ''Caleti'' = {{Citation|les durs}}, {{Citation|les vaillants}}<ref>Gallois : ''caled'', vieil-irlandais : ''calath'', {{Citation|héroïque}}, breton : ''kalet''</ref>), les ''Andecavi'', ([[Anjou]]), les ''[[Aulerques Diablintes|Diablintes]]'', sur le [[Comté du Maine|Maine]] oriental avec [[Jublains]] en [[Mayenne (département)|Mayenne]], les ''[[Cénomans|Cenomanni]]'' avec [[Le Mans]], les ''Aulerci Eburovices'' avec [[Évreux]], les [[Véliocasses]] avec [[Rouen]], les [[Arves]] dans la [[Sarthe (département)|Sarthe]] et [[Argentan]].
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Les prétextes d'intervention furent tout trouvés quand des [[peuples gaulois]], alliés des [[Romains]], les [[Séquanes]] et les [[Éduens]], demandèrent aux Romains, en toute inconscience du danger, de bien vouloir intervenir pour s'opposer à l'arrivée massive du peuple des [[Helvètes]] qui venaient de quitter leur territoire au nombre de {{formatnum:368000}} avec toutes leurs familles au complet à la suite du vote d'une loi pour leur départ et après avoir incendié et détruit tous leurs biens en Helvétie afin de rendre ce départ définitif. Les Helvètes souhaitaient échapper ainsi à une invasion de leur territoire par les Germains, sans doute déjà, les Germains d'[[Arioviste]]. Les [[Romains]] attaquèrent les [[Helvètes]] et les massacrèrent sur les bords de la [[Saône (rivière)|Saône]]. Les rescapés retournèrent en [[Gaule|Helvétie]].
 
Un peu plus tard, en [[58 av. J.-C.]], le Conseil des [[Gaules]], qui regroupait les plus grands chefs des [[Gaulois (peuples)|tribus gauloises]] demanda à César d'intervenir contre [[Arioviste]] et ses troupes de [[Germains]] qui s'étaient installés chez les [[Séquanes]] et menaçaient de faire de même chez les Éduens. Les légions romaines de César écrasèrent les [[Germains]] d'[[Arioviste]] près du [[Rhin]] et passèrent l'hiver chez les [[Séquanes]] Jusque-là, [[Jules César|César]] se comportait en protecteur de la [[Gaule]] contre des peuples qui l'agressaient. Tout allait bien dans le meilleur des mondes celtiques et les peuples gaulois amis des Romains n'avaient qu'à se féliciter de l'efficacité d'un protecteur aussi puissant{{Référence nécessaire|date=6 février 2018}}.
 
Mais en [[-57]], [[Jules César|César]] changea complètement son attitude de défenseur de la Gaule contre les attaques des [[Germains]] : il lança soudainement une campagne contre la puissante Confédération des peuples [[belges]] puis contre la Confédération des peuples armoricains. C'en était fait de l'indépendance gauloise. La guerre de conquête de la [[Gaule]] avait commencé et fut menée à son terme jusqu'à l'[[domination|asservissement]] de la [[Gaule]] tout entière. Pline l'Ancien, dans le livre VII de son ''[[Histoire naturelle (Pline l'Ancien)|Histoire Naturelle]]'' (§ 91-99), évalue à {{nombre|1200000|morts}} les pertes subies par les peuples gaulois à seule fin de la conquête de la Gaule par [[Jules César]]. « Je ne peux placer parmi ses titres de gloire, écrit Pline l'Ancien, un si grave outrage fait au genre humain ». Plutarque, pour sa part, (dans Pompée {{formatnum:67.10}}, et César {{formatnum:15.5}}) retient le nombre de {{formatnum:1000000}} de morts et de {{formatnum:1000000}} de prisonniers emmenés pour servir d'esclaves. Selon les commentateurs, le prix des esclaves à Rome s'effondra à cette époque, lors des arrivées massives d'esclaves gaulois.
 
Jules César profitera des divisions entre Gaulois et de la complicité des [[peuples gaulois]] pro-romains qui lui fournissent des ressources, les Rémes, contre les autres Belges, les Pictons et Santons :{{Citation bloc|Les [[Pictons]] étaient hostiles aux [[Vénètes]] comme on peut le déduire de leur liaison avec le Proconsul [[Jules César|Julius Caesar]] dès sa première campagne<ref>César, [[Guerre des Gaules]], VIII, 26</ref> et des navires construits ou fournis aux Romains par eux, par les [[Santons]] et d'autres [[peuples gaulois]] pour leur faciliter la ruine des Vénètes.|César, ''Guerre des Gaules'', III, 11.}}
 
En Armorique, en [[56 av. J.-C.]], les navires de [[Jules César]] fournis par d'autres peuples gaulois détruisent la flotte [[Vénètes|vénète]] au cours de la [[Guerre des Vénètes|bataille du Morbihan]]. Jules César rapporte qu'après la bataille, le « sénat » de ce peuple est mis à mort et le reste vendu à l'[[encan]]. [[De Bello Gallico]] de [[Jules César]] est à lire avec précaution car c'est avant tout un plaidoyertexte ''[[prode domo]]''prestige et, bien que son témoignage soit précieux et irremplaçable, il s'y met en valeur, avec le peuple romain, pour montrer son influence de chef militaire sur le destin des peuples vaincus.
 
Les [[Romains]] donnèrent le nom d'Armorique à un grand commandement militaire « [[Tractus Armoricanus et Nervicanus|Tractus Armoricanus]] » embrassant un groupe considérables de peuples qui tous paraissent avoir été jadis membres de la Confédération Armoricaine. [[Jules César|Julius Caésar]] s'exprime ainsi :
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La conquête ne modifia donc pas fondamentalement les structures de la société et le latin ne pénétra pas ailleurs que dans les villes, où se concentrait la faible population allogène. Lors de l'évangélisation de la région, les rusticani (habitants des campagnes) étaient encore très fortement attachés à leur culture ancestrale, malgré une indiscutable évolution technique liée à la romanisation, et ils constituèrent une grande partie de l'opposition à l'Église.
 
Après l'appel de légionnaires bretons (insulaires) par les [[Romains]] chargés de défendre la péninsule contre les pirates germaniques, puis après l'immigration de [[Bretons insulaires|Bretons]] fuyant les attaques et les tentatives de colonisation des Irlandais sur l'ouest de l'île de Bretagne, unela partie occidentale de l'Armorique maritime fut appelée Petite Bretagne (''Britannia minor'') puis simplement [[Bretagne]].
 
== Haut Moyen Âge ==
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À l'époque de sa christianisation, l'Armorique venait d'être ravagée par les invasions barbares, notamment celles des [[Alains]] et des pirates venus de la [[Mer du Nord]]. Les côtes étaient désertes, et les habitants qui avaient survécu aux massacres se cachaient dans les grottes et les forêts. Le [[druide|culte druidique]]<ref>Le culte druidique ne semble s'être implanté en Gaule que trois siècles avant l'[[ère chrétienne]]. </ref> et même les religions antérieures des [[Celtes]] (qui divinisaient les astres, les eaux, le feu, les pierres, les arbres{{etc.}}) avaient persisté dans les campagnes, les dieux de Rome n'ayant été adoptés qu'officiellement, et surtout dans les villes<ref>[[Paul-Yves Sébillot]], "La Bretagne et ses traditions", éditions Maisonneuve et Larose, {{2e}} édition, 1997, {{isbn|2-908670-46-1}}</ref>.
[[Fichier:Carte Boulard.png|vignette|Carte [[Fernand Boulard|Boulard]] qui date de 1947 fait apparaître en noir les « paroisses chrétiennes ». Le Massif armoricain constitue une région de déchristianisation tardive.]]
« La première christianisation de l'Armorique s’est faite de deux façons. Elle a commencé au {{s-|IV|e}} par le sud-est (…) en transitant notamment par Lyon, puis Tours (…) ; dans les diocèses de [[diocèse de Nantes|Nantes]] et [[diocèse de Rennes|Rennes]], il y a 84 églises dédiées à [[Martin de Tours|saint Martin]], contre 7 plus à l'ouest. Elle ne s'était pas encore imposée en Armorique occidentale, éloignée et peu urbanisée, quand sont arrivés de Grande-Bretagne, du {{s-|IV|e}} au {{s-|VII|e}}, des Bretons déjà christianisés et encadrés par des moines<ref>Ces Bretons venaient principalement du [[Devon (comté)|Devon]] et de [[Cornouailles]], où vivaient des peuples nommés ''Dumnonii'' et ''Cornovii'', qui ont donné leur nom à la Bretagne du nord ([[Domnonée]]) et du sud-ouest ([[Cornouaille]])</ref>. Ces Bretons sont venus en colonisateurs missionnaires, par petits groupes sous la conduite de chefs socio-religieux (...). Ce qui caractérise le pays breton (surtout sa partie occidentale), c’est le grand nombre de [[moine]]s et d’[[ermite]]s<ref>Ces ermites et moines vivent en des endroits nommés ''[[lan (breton)|lan]]'' : il y en a 260 en [[Pays de Léon|Léon]] et 207 en Cornouaille finistérienne</ref> (…). L’opinion révère ces moines fondateurs, modèles de piété (…). On ne sait pas grand-chose sur eux. Mais tous ne furent pas évêques. (…) Les communautés paroissiales étaient presque partout assez dépendantes des évêques (…) ; elles avaient, aussi bien que les évêchés, leurs saints fondateurs, notamment celles dont le nom commence par ''Gui'' ou par ''[[Plou-|Plou]]'' (…). Les premiers chrétiens se disaient « saints » pour se distinguer des païens et signifier qu’ils étaient consacrés à Dieu »<ref>[[Jean Rohou]], ''Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne)'', éditions Dialogues, Brest, 2012, {{ISBN|978-2-918135-37-1}}</ref>
 
Cette arrivée massive en Armorique de [[Prêtre|prêtres]] et de [[Moine|moines]] fuyant la [[Grande-Bretagne]] et le [[Pays de Galles]], où ils étaient persécutés, a permis à la [[Bretagne]] de bénéficier d'une forte densité de [[Clergé|clercs]] par rapport à sa population, et d'une relative indépendance religieuse<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=David |nom=Peyrat |titre=Histoire de la Bretagne, une terre de "résistance" |url=https://www.geo.fr/histoire/la-bretagne-a-toujours-su-resister-198575 |site=Geo.fr |date=2019-11-12 |consulté le=2021-09-03}}.</ref>. En Bretagne, au cours de l’histoire, la religion s’est intiment liée à l'identité locale au travers de pratiques mêlant foi et culture telles que [[Pardon (cérémonie)|les pardons]] <ref name=":3">{{Lien web |langue=fr |titre="Il était une foi…" Quand les catholiques bretons résistaient aux protestants |url=https://fr.aleteia.org/2016/04/15/il-etait-une-foi-quand-les-catholiques-bretons-resistaient-aux-protestants/ |site=Aleteia |date=2016-04-15 |consulté le=2021-09-03}}.</ref>. Cette caractéristique contribua à faire de ce territoire une région de résistance à la [[réforme protestante]]<ref name=":3" />. Dès le début du {{s-|XVII}}, un regain du catholicisme s'y développa, porté par des évangélisateurs locaux ([[Michel Le Nobletz]], [[Julien Maunoir]])<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Michel Le Nobletz. Un prêtre avant-gardiste |url=https://www.letelegramme.fr/histoire/michel-le-nobletz-un-pretre-avant-gardiste-michel-le-nobletz-un-pretre-avant-gardiste-04-01-2019-12174988.php |site=Le Telegramme |date=2019-01-06 |consulté le=2021-09-03}}.</ref> ainsi que par l’art religieux<ref name=":3" />.
 
Ce regain catholique s'est ensuite diffusé hors de Bretagne, dans les régions voisines de l’Ouest Français ([[Anjou]], [[Cotentin]] et [[Bas-Poitou]]) lors de [[Mission (christianisme)|missions]] menées dans le contexte de la [[Contre-Réforme]] notamment par le père breton [[Louis-Marie Grignion de Montfort|Louis-Marie Grignon de Monfort]].
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=== La migration des Britons ===
C'est aux environs de l'an 400 que commença l'émigration de certains habitants de l'[[Grande-Bretagne|île de Bretagne]] vers l'Armorique. Contraints par l'invasion croissante de leur île par les [[Angles (peuple)|Angles]] et les [[Saxons]], certains traversèrent la [[Manche (mer)|Manche]] à bord de ''[[currach]]s'', mettant le cap sur la péninsule armoricaine, dont l'accès leur était familier depuis des générations. « Derrière ces fugitifs, d'autres affluèrent, puis d'autres, conduits tantôt par des guerriers, tantôt par des moines [les [[saints bretons]]] . L'exode dura près de deux siècles, [concernant aussi l'île d'[[Irlande (île)|Irlande]]]. Quand il se termina, l'Armorique avait cessé d'être et une seconde Bretagne, la Bretagne continentale, parlons mieux, la Bretagne tout court, était née »<ref>{{Ouvrage |langue= |auteur1= [[Anatole Le Braz]] |titre= La Bretagne |sous-titre= |lieu= Paris |éditeur= Laurens |collection= |année= 1925 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>.
{{Article détaillé|Émigration bretonne en Armorique}}
[[Fichier:Britonia6hcentury.png|thumb|200px|Établissements bretons au {{s-|VI|e}}. N.B. : la présence d’un établissement breton ou briton en Galice est peu documentée, seul l’évêque Mailloc porte un nom celtique et on ne relève aucune trace archéologique et linguistique d’une présence brittonique.]]
 
[[Léon Fleuriot]] a émis l'hypothèse que l'[[Émigration bretonne en Armorique|émigration bretonne]] en provenance des [[îles Britanniques]] ait pu avoir lieu également sur tout le territoire correspondant à l'actuelle Normandie, notamment dans le [[Cotentin]] et le département du [[Calvados (département)|Calvados]] {{incise|particulièrement dans la région autour de [[Caen]]|oui}}. Cependant, cette théorie n'est pas reprise depuis par les spécialistes et aucun élément archéologique ou linguistique n'est venu confirmer ses affirmations. Les liens du territoire qui devint plus tard la [[Normandie]] avec l’île de Bretagne avaient toujours été des plus étroits<ref>[[Camille Jullian]] Hist. de la [[Gaule]]</ref>.
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=== Installation des Normands ===
{{Article détaillé|Colonisation de la Normandie}}
À partir de la fin du {{sp-|VIII|, et au|IX}}, les [[Normands]] ([[Vikings]]) mènent des raids sur l’ensemble des côtes armoricaines et remontent les fleuves vers l’intérieur des terres. Puis ils colonisent les régions de la [[Seine|basse Seine]], du [[pays de Caux]], de la [[Côte Fleurie|côte fleurie]] et du [[Cotentin]]. Ce territoire prit plus tard le nom de « [[Normandie]] »<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Isabelle |nom=Bernier |titre=L'histoire des Vikings et leur épopée |url=https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/histoire-histoire-vikings-leur-epopee-13777/ |site=Futura |consulté le=2021-08-30}}.</ref>.
 
=== Langues ===
{{...}}
À la fin du {{s-|XII|e}}, l'historien [[cambro-normand]] [[Giraud de Barri]] écrit dans sa ''Description du Pays de Galles'' que « les habitants de la [[Cornouailles]] et les Armoricains, à savoir ceux habitants la partie occidentale de l’actuelle Bretagne, parlent une langue semblable à celle des [[Bretons insulaires|Bretons (insulaires)]] ; et, en raison de son origine et de sa ressemblance, elle est intelligible avec le [[gallois]] dans de nombreux cas... »<ref>{{en}} [https://www.gutenberg.org/files/1092/1092-h/1092-h.htm#page163 ''The Description of Wales''], VI, sur ''gutenberg.org''</ref>.
 
== Époque contemporaine ==