« Dynastie Han » : différence entre les versions
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{{Voir homonymes|Han}}
{{Infobox Ancienne entité territoriale
| nom = 漢
| nom langue = ([[Langues chinoises|zh]])
| nom français = Dynastie Han
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| lien drapeau =
| carte = Han Dynasty map 2CE.png
| légende = Une carte de la dynastie Han occidentale en 2
| evt1 = Prise de Xianyang par [[Liu Bang]]
| evt1 date = [[206 av. J.-C.]]
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| leaderA2 date = (D{{er}}) [[189]] - [[220]]
}}
La '''dynastie Han est un peuple ou les gens ken fort''' ({{chinois|t={{lang|zh-Hant|漢朝}}|s={{lang|zh-Hans|汉朝}}|p=hàncháo}} ; [[chinois archaïque]] : ''ŋ̥ānh ḍhaw''<ref group="N">''Dictionnaire étymologique sino-tibétain en ligne'', reconstruction de la prononciation de l'époque Han http://starling.rinet.ru/cgi-bin/query.cgi?basename=\data\china\bigchina&root=config&morpho=0</ref>) régna sur la [[Chine]] de [[-206|206 {{av JC}}]] à [[220]] {{ap JC}} Deuxième des dynasties impériales, elle succéda à la [[dynastie Qin]] ([[-221|221]] - [[-206|206 {{av JC}}]]) et fut suivie de la période des [[Trois Royaumes de Chine|Trois Royaumes]] ([[220]] - [[265]]).▼
▲La '''dynastie Han
Fondée par [[Liu Bang]], chef de guerre d'origine paysanne révolté contre la dynastie Qin, elle compta vingt-huit empereurs. Première dynastie impériale par sa durée, elle se divise en '''Han occidentaux''' ({{lang|zh-Hant|西漢}}) ou '''Han antérieurs''' ({{lang|zh-Hant|前漢}}) (206 {{av JC}} - [[9]] {{ap JC}}), capitale [[Chang'an]], et '''Han orientaux''' ({{lang|zh-Hant|東漢}}) ou '''Han postérieurs''' ({{lang|zh-Hant|後漢}}), ([[25]] - [[220]] {{ap JC}}), capitale [[Luoyang]], séparés par la courte dynastie [[dynastie Xin|Xin]] (9-23 {{ap JC}}) fondée par [[Wang Mang]].▼
▲Fondée par [[Liu Bang]], chef de guerre d'origine paysanne révolté contre la dynastie Qin, elle compta vingt-huit empereurs. Première dynastie impériale par sa durée, elle se divise en '''Han occidentaux''' ({{lang|zh-Hant|西漢}}) ou '''Han antérieurs''' ({{lang|zh-Hant|前漢}}) (206 {{av JC}} - [[9]] {{ap JC}}), capitale [[Chang'an]], et '''Han orientaux''' ({{lang|zh-Hant|東漢}}) ou '''Han postérieurs''' ({{lang|zh-Hant|後漢}}), ([[25]]
Les plus de quatre siècles de domination de la dynastie Han sont généralement considérés comme un des « [[âge d'or|âges d'or]] » de l'histoire de la Chine. L’accent est mis en particulier sur les premiers règnes des Han antérieurs, qui virent la stabilisation de l'institution impériale en Chine, après la courte domination des Qin (220-209 {{av JC}}) qui avaient certes vu le triomphe de l'idée d'unité des pays chinois mais n'avaient pas pu en assurer l'installation dans la durée, ce que firent les Han en assouplissant les velléités centralisatrices de leurs prédécesseurs. On met en particulier en avant le long règne de [[Han Wudi|Wudi]] (141-87 {{av JC}}), durant lequel fut assuré le triomphe du pouvoir impérial sur les dynasties établies dans les provinces, fut mise en place l'idéologie confucéenne officielle des empires chinois, ainsi que vers l'extérieur la conduite de plusieurs expéditions couronnées de succès face aux peuples de la steppe et l'ouverture de la « [[route de la soie]] » en direction de l'Asie intérieure et des contrées situées en Occident.
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{{article détaillé|Histoire de la dynastie Han|Gouvernement de la Chine sous la dynastie Han}}
La période Han est divisée en deux grandes parties ayant chacune duré environ deux siècles. La première est celle des Han antérieurs, ou Han occidentaux car leur capitale, [[Chang'an]], était située à l'Ouest. Dans la continuité de la dynastie Qin, dont elle assure le succès de l’œuvre impériale en triomphant des autonomies provinciales puis en connaissant une remarquable expansion territoriale, elle comprend les règnes les plus brillants de la période, qui mirent en place le cadre institutionnel qui devait perdurer durant les siècles suivants. Mais elle décline dans le courant du {{-s-|I}} avant d'être destituée par [[Wang Mang]], fondateur de l'éphémère dynastie Xin. À celle-ci succède la dynastie des Han postérieurs, ou Han orientaux, en raison de la localisation de leur capitale [[Luoyang]], fondée par un descendant des premiers empereurs Han issu d'une branche mineure du lignage impérial. Cette seconde période est marquée par un phénomène de décentralisation marqué, qui voit les élites provinciales prendre leur autonomie, tandis que la cour était marquée par l'influence croissante des eunuques et de hauts dignitaires sur des empereurs effacés. L'effondrement de la dynastie se produisit à partir des années 180, et s'acheva par la division de l'empire.
=== La fondation et la stabilisation de la dynastie Han ===
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[[Fichier:Han map.jpg|vignette|Carte de l'empire des Han antérieurs vers 87 {{av JC}}, avec les protectorats extérieurs et les principaux axes de communication.]]
Durant les trois ans suivant la mort
Gaozu conserva néanmoins les « royaumes » ou « principautés » (''guo''), laissés dans un premier temps à ceux qui parmi leurs anciens détenteurs l'avaient appuyé, ou attribués à ses compagnons d’armes de façon à asseoir son pouvoir, mais il privilégia de plus en plus leur concession à des membres de son clan, notamment ses fils, et à la fin de son règne il proclama que seuls ceux-ci devaient disposer de ces territoires. Pour le reste, il conserva les institutions des Qin, comme le reflète sa décision d'installer sa capitale à proximité de Xianyang, dans la ville nouvellement fondée de [[Chang'an]] (Paix éternelle). Il faisait reposer sa légitimité avant tout sur son triomphe sur ces derniers, qui faisaient de lui un personnage digne de la fonction impériale, à même de gouverner un empire pacifié<ref>{{harvsp
[[Han Wudi|Wudi]] (141-87), successeur de Jingdi, hérita donc d'un empire pacifié dans lequel son autorité n'était pas menacée, en dépit de la révolte de son oncle [[Liu An]], prince de Huainan, matée en 124<ref>{{harvsp
=== Le développement des institutions impériales ===
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==== L'administration de l'empire ====
[[Fichier:Han commanderies and kingdoms CE 2.jpg|vignette|400px|Royaumes et commanderies des Han occidentaux d'après le recensement de l’an [[2]]. La plus forte concentration de commanderies dans la plaine Centrale reflète la plus grande densité de peuplement dans cette partie de la Chine.]]
L'empire des Han était vaste d'environ 7 millions de kilomètres carrés et peuplé d'environ 59 millions de personnes d'après les données du recensement de 2 {{ap JC}} Cette taille impliquait une grande variété de types de territoires. La majeure partie de la population était répartie dans les régions agricoles riches du Nord, autour de deux sous-ensembles séparés par les passes de la boucle du [[fleuve Jaune]] : la région de la [[rivière Wei]] et de [[Chang'an]] (le ''[[Guanzhong (région)|Guanzhong]]'', l'« Intérieur des Passes ») et la plaine Centrale, irriguée par le cours moyen du fleuve Jaune, autour de [[Luoyang]] (le ''Guandong'', l'« Est des Passes »). Les régions méridionales autour du [[Yangzi]] et encore plus au Sud, ainsi que les régions au Nord-Est et au Nord-Ouest étaient moins densément peuplées, et les communications y étaient peu aisées en dépit des efforts de construction des routes mis en œuvre dès les [[dynastie Qin|Qin]]<ref>{{harvsp|id=INST|Maspéro|Balazs|1967|p=41-44}} ; {{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=5-11 et 16-17}}</ref>.
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{{article détaillé|Guerre Han–Xiongnu}}
Les royaumes chinois septentrionaux de l'époque pré-impériale étaient entrés en contact avec les populations du Nord vivant d'un mode de vie nomade ou semi-nomade, contacts qui s'étaient soldés par des conflits mais également des échanges, par exemple l'introduction de la cavalerie montée en Chine. Les Qin avaient mené une politique agressive contre ces peuples, et érigé la Grande muraille pour délimiter l'espace qu'ils souhaitaient contrôler et défendre. Ces attaques ont eu pour effet d'accélérer la constitution d'entités politiques chez ces peuples du Nord, en premier lieu chez les [[Xiongnu]] à l'extrême fin du {{-s-|III}} Le fondateur de leur empire, [[Modu]] (269-147 {{av JC}}), était un chef de guerre qui avait rallié à lui de nombreuses tribus et s'était fait proclamer ''chanyu'', titre de souverain suprême, avant de réussir à soumettre une vaste zone entre la [[Mandchourie]] et le [[bassin du Tarim]]. En 200 {{av JC}}, les armées Han furent vaincues, et il fut donc décidé de reconnaître l'égalité de rang entre les souverains des deux empires, et d'acheter la paix au prix fort : des présents en or, soie et grains étaient expédiés chaque année à l'empire du Nord, et des princesses Han furent mariées à la famille impériale Xiongnu. Cette politique, qualifiée de « [[Heqin|paix et amitié]] » (''heqin'') servait aussi une volonté de siniser cet empire pour le rendre moins menaçant. En 162 {{av JC}}, un traité formalisa cette relation et délimita les sphères d'influence des deux empires, ou plutôt entre une zone « civilisée » et une zone « barbare » aux yeux des Chinois<ref>{{harvsp
Cette politique ne s'avéra pas tenable, les Xiongnu ne respectant pas ce traité ni ceux qui furent conclus par la suite, et elle fut abondamment critiquée par différents conseillers comme [[Jia Yi]] et {{Lien|Chao Cuo}}, d'autant plus qu'elle était très coûteuse financièrement parlant. Les gouverneurs des provinces du Nord étaient en première ligne face à l'expansion des Xiongnu, et plusieurs furent tentés de se rallier à eux. Sous le règne de Wudi, une politique plus agressive fut choisie, facilitée par la fin des troubles internes à l'empire Han. Une première campagne échoua piteusement en 134 {{av JC}} L'année 126 {{av JC}} voit le retour à Chang'an de [[Zhang Qian]], général envoyé en 139 vers l'Ouest pour chercher une alliance avec les [[Yuezhi]], anciens ennemis des Xiongnu établis dans la région de l'[[Amou Darya]]. Il ne connut pas le succès sur ce point, mais son périple lui offrit une bonne connaissance des régions occidentales, et d'autres expéditions devaient suivre. Elles eurent pour conséquence d'ouvrir la Chine aux pays de l'Ouest, dont l'alliance fut recherchée, mais également avec lesquels les relations commerciales furent plus poussées, posant les bases de l'essor de la route de la soie au siècle suivant. Les offensives menées contre les Xiongnu commencèrent à porter leurs fruits, et connurent meilleure fortune entre 127 et 119, en particulier celles conduites par le général [[Wei Qing]], tandis que l'arrêt du versement du tribut priva la ''chanyu'' de ressources primordiales. Cela entraîna la dislocation de la coalition de tribus qu'il dirigeait, et il ne fut plus une menace sérieuse pour l'empire Han<ref>{{harvsp
===== Expansion militaire et diplomatique =====
{{article détaillé|Protectorat des Régions de l'Ouest|Guerre entre la dynastie Han et le Joseon de Wiman}}
Les expéditions de [[Zhang Qian]] en Asie centrale avaient fourni l'opportunité pour une expansion en direction de ces régions, une fois les [[Xiongnu]] affaiblis. Les Han recherchèrent d'abord l'alliance de deux puissants royaumes de ces régions, celui des Wusun et celui de Loulan, pour contrecarrer les possibilités d'expansion des Xiongnu. Une campagne menée en 108 aboutit à leur soumission. En 101 {{av JC}}, une expédition parvint jusque dans la vallée de [[Ferghana]], où les [[Cheval de Ferghana|magnifiques chevaux]] de la région furent amenés à [[Chang'an]] au titre de tribut. Les décennies suivantes confirmèrent la prise de contrôle du [[Turkestan]] oriental par les Han, tandis que l'empire Xiongnu se divisait en plusieurs entités<ref>{{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=142-145}}</ref>. Au Nord-Est, les Han plaçaient sous leur contrôle une vaste partie de la [[Mandchourie]], peuplée notamment par les [[Wuhuan]], puis la péninsule [[corée]]nne qui fut incorporée à l'empire dans les dernières années du {{-s-|II}}<ref>{{harvsp|id=GER|Gernet|2005|p=163}}</ref>.▼
▲Les expéditions de [[Zhang Qian]] en Asie centrale avaient fourni l'opportunité pour une expansion en direction de ces régions, une fois les [[Xiongnu]] affaiblis. Les Han recherchèrent d'abord l'alliance de deux puissants royaumes de ces régions, celui des Wusun et celui de Loulan, pour contrecarrer les possibilités d'expansion des Xiongnu. Une campagne menée en 108 aboutit à leur soumission. En 101 {{av JC}}, une expédition parvint jusque dans la vallée de [[Ferghana]], où les [[Cheval de Ferghana|magnifiques chevaux]] de la région furent amenés à [[Chang'an]] au titre de tribut. Les décennies suivantes confirmèrent la prise de contrôle du [[Turkestan]] oriental par les Han, tandis que l'empire Xiongnu se divisait en plusieurs entités<ref>{{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=142-145}}</ref>. Au Nord-Est, les Han plaçaient sous leur contrôle une vaste partie de la [[Mandchourie]], peuplée notamment par les [[Wuhuan]], puis la péninsule [[corée]]nne qui fut incorporée à l'empire dans les dernières années du {{-s-|II}}<ref>{{harvsp
[[Fichier:Han Wood Strip.jpg|vignette|gauche|upright=0.7|Documents administratifs sur lamelles de bois mis au jour dans la région de [[Dunhuang]], période des Han postérieurs.]]▼
▲[[Fichier:
Wudi fut alors libre de constituer de nouvelles provinces au Nord et à l'Ouest. Il s'agissait en fait surtout de régions peuplées par des colonies militaires ayant leur propre domaine agricole visant à assurer leur entretien (''[[tuntian]]''), peuplées par des centaines de milliers de paysans et soldats installés de force. On abandonna alors le principe d'une armée reposant surtout sur des paysans conscrits héritée des Qin et destinée avant tout aux conflits intérieurs, pour une armée de frontières, surtout concentrée dans les garnisons du Nord et de l'Ouest, constituée de soldats de métier ou de nomades incorporés dans l'armée chinoise, jugés plus aptes aux méthodes de combats reposant avant tout sur la cavalerie montée, ainsi que de criminels condamnés à servir dans les armées<ref>{{harvsp|id=GER|Gernet|2005|p=162-163}} ; {{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=138}}</ref>. La politique d'incorporation des peuples étrangers dans le système des royaumes vassaux ou même dans des commanderies frontalières afin de disposer de leurs soldats pour les campagnes militaires devait connaître un grand essor, notamment avec les Xiongnu, les [[Qiang (ethnie)|Qiang]] et les [[Wuhuan]]. Cela entraîna l'intégration de populations non chinoises dans les provinces frontalières, où elles étaient contrôlées (souvent rudement) par les fonctionnaires impériaux<ref>{{harvsp|id=GER|Gernet|2005|p=181-182}} ; {{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=148-150}}</ref>. Les garnisons de capitales des commanderies frontalières du Nord et de l'Ouest, [[Dunhuang]] ([[Gansu]]) et Jüyan (Mongolie intérieure) ont livré une abondante documentation administrative inscrite sur des lamelles de bois et de bambou, qui ont fourni des informations appréciables sur la vie des colonies militaires de ces régions. Leur administration reposait sur des garnisons importantes au niveau le plus important, puis des forteresses, des tours de garde gardées par une poignée de soldats contrôlant les déplacements des personnes (qui devaient être munies de laissez-passer) et signaler tout ce qui importait à la sécurité de la province, ainsi qu'un système de relais facilitant les communications<ref>{{harvsp|id=GER|Gernet|2005|p=165-166}} ; {{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=145}} ; {{harvsp|id=LI|Li|2013|p=299-300}}</ref>.▼
▲Wudi fut alors libre de constituer de nouvelles provinces au Nord et à l'Ouest. Il s'agissait en fait surtout de régions peuplées par des colonies militaires ayant leur propre domaine agricole visant à assurer leur entretien (''[[tuntian]]''), peuplées par des centaines de milliers de paysans et soldats installés de force. On abandonna alors le principe d'une armée reposant surtout sur des paysans conscrits héritée des Qin et destinée avant tout aux conflits intérieurs, pour une armée de frontières, surtout concentrée dans les garnisons du Nord et de l'Ouest, constituée de soldats de métier ou de nomades incorporés dans l'armée chinoise, jugés plus aptes aux méthodes de combats reposant avant tout sur la cavalerie montée, ainsi que de criminels condamnés à servir dans les armées<ref>{{harvsp
Les rois étrangers soumis aux empereurs Han recevaient des gratifications comme des sceaux impériaux et des titres leur conférant une place dans l'ordre impérial chinois, ou parfois même des princesses du clan impérial. Ils étaient également astreints à envoyer des otages à la cour chinoise (souvent des princes) qui y recevaient une éducation chinoise et étaient donc par la suite d'importants vecteurs de sinisation. Mais le plus important moyen d'influence des Han à l'extérieur était dans leur politique de présents. La soumission des royaumes étrangers entraînait pour eux la nécessité de verser un tribut à leurs maîtres, présents symbolisant leur soumission au Fils du Ciel. Il s'agissait de produits représentant les pays soumis aux yeux des Chinois, pour lesquels ils avaient un attrait exotique. Mais les présents offerts par les Han dépassaient largement la valeur de ce qu'ils recevaient eux-mêmes : rouleaux de soie et or avant tout. Ils se plaçaient ainsi dans un système d'échanges symboliques visant à montrer leur supériorité. Ces différents moyens d'action ont connu un succès évident durant le {{-s-|I}}, comme en témoigne l'extension du réseau des « royaumes dépendants » (''shuguo'') à cette période et l'essor de l'influence culturelle chinoise à l'Ouest, au détriment du Trésor impérial à qui ces amitiés coûtaient très cher<ref>{{harvsp|id=GER|Gernet|2005|p=179-180}} ; {{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=145-147}}</ref>. La politique de dons a également donné une impulsion forte à l'essor du commerce de la soie sur la route du même nom au {{-s-|I}}, la circulation des tributs et présents se faisant sur les mêmes chemins que celle des produits commerciaux<ref>{{harvsp|id=GER|Gernet|2005|p=176-178}}</ref>.▼
▲Les rois étrangers soumis aux empereurs Han recevaient des gratifications comme des sceaux impériaux et des titres leur conférant une place dans l'ordre impérial chinois, ou parfois même des princesses du clan impérial. Ils étaient également astreints à envoyer des otages à la cour chinoise (souvent des princes) qui y recevaient une éducation chinoise et étaient donc par la suite d'importants vecteurs de sinisation. Mais le plus important moyen d'influence des Han à l'extérieur était dans leur politique de présents. La soumission des royaumes étrangers entraînait pour eux la nécessité de verser un tribut à leurs maîtres, présents symbolisant leur soumission au Fils du Ciel. Il s'agissait de produits représentant les pays soumis aux yeux des Chinois, pour lesquels ils avaient un attrait exotique. Mais les présents offerts par les Han dépassaient largement la valeur de ce qu'ils recevaient eux-mêmes : rouleaux de soie et or avant tout. Ils se plaçaient ainsi dans un système d'échanges symboliques visant à montrer leur supériorité. Ces différents moyens d'action ont connu un succès évident durant le {{-s-|I}}, comme en témoigne l'extension du réseau des « royaumes dépendants » (''shuguo'') à cette période et l'essor de l'influence culturelle chinoise à l'Ouest, au détriment du Trésor impérial à qui ces amitiés coûtaient très cher<ref>{{harvsp
Les routes provenant de l'Asie intérieure amenaient depuis longtemps en Chine des blocs de [[jade]], pierre considérée comme très prestigieuse dans ce pays, et très utilisée dans l'art funéraire. La nouveauté fut l'introduction plus abondante de chevaux depuis les contrées d'Occident. On se préoccupa de plus en plus d'importer massivement {{incise|quel qu'en fut le prix}} une race plus élancée, les coursiers indispensables pour protéger les frontières du nord {{incise|au contact des [[Xiongnu]]}} et de l'ouest {{incise|les [[Route de la soie|routes de la soie]]}} contre des populations de cavaliers dont la pression se fit de plus en plus pressante avec le temps, et aussi pour relier rapidement le vaste territoire de l'empire unifié. Pendant quelques décennies les routes de la soie furent ouvertes et avec l'accès aux oasis et le [[Ferghana]], les Han se procurèrent les chevaux « aux sueurs de sang » (c'est-à-dire avec une robe tachetée de roux) nécessaires à la remonte sur de longues distances.▼
▲Les routes provenant de l'Asie intérieure amenaient depuis longtemps en Chine des blocs de [[jade]], pierre considérée comme très prestigieuse dans ce pays, et très utilisée dans l'art funéraire. La nouveauté fut l'introduction plus abondante de chevaux depuis les contrées d'Occident. On se préoccupa de plus en plus d'importer massivement {{incise|quel qu'en
==== Pays méridionaux ====
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[[Fichier:King of Nanyue imperial seal face.jpg|vignette|upright=0.6|Le sceau impérial du roi [[Zhao Mo]] de [[Nanyue]].]]
Les chefferies des régions du Sud de la Chine, correspondant aux actuels [[Guangdong]], [[Guangxi]], [[Zhejiang]], [[Fujian]], ainsi qu'au nord du [[Viet-Nam]], étaient passées sous administration Qin, mais elles étaient peu peuplées et attiraient peu l'intérêt de l'administration. Les nombreux peuples autochtones, notamment les Yue dans le Sud-Est, étaient mal contrôlés. Les troubles accompagnant la prise de pouvoir par les Han avaient été l'occasion pour des potentats locaux de se rendre indépendants. Le royaume de [[Nanyue]], s'étendant sur le Guangdong et le Guangxi, reconnut la suzeraineté des Han, comme en témoigne la présence d'un sceau impérial Han dans la tombe de son roi [[Zhao Mo]] (137-122)<ref>{{harvsp|id=ELI|Elisseeff|2008|p=208-209}}</ref>. Il fut finalement annexé et transformé en commanderie en 111 {{av JC}}, en même temps qu'un autre royaume méridional avec lequel il avait parfois été en conflit, le [[Minyue]], situé dans le Zhejiang actuel. Le royaume Dian, localisé dans l'actuel [[Yunnan]], fut quant à lui soumis en 109 {{av JC}} puis définitivement éliminé quelques années plus tard après une rébellion. Les pays méridionaux étaient alors passés sous administration directe, le pouvoir central se contentant d'y disposer de quelques garnisons et agglomérations administratives éparpillées sur ces vastes contrées qui constituèrent des îlots de population Han (commanderies de Nanhai, Cangwu et [[Jiaozhi]]), tandis que certaines parties comme le pays des Minyue ne furent jamais solidement tenues. Dans la foulée, le commerce maritime en direction de l'Asie du Sud-Est connut un timide développement<ref>{{harvsp
=== La fin des Han occidentaux et le règne de Wang Mang ===
{{Article détaillé|Dynastie Xin}}
Au bout du compte, il apparaît que les Han ont su mettre en place une administration efficace, et les plus belles années du règne de Wudi ont pu être vues comme un âge d'or. Ce fut en tout cas le triomphe du pouvoir impérial autour duquel s'était concentré l'essentiel du pouvoir. Les dernières années du règne de Wudi furent marquées par des épisodes de troubles à la cour, notamment des affaires de sorcellerie conduisant à la mort plusieurs hauts personnages, et dont les conséquences les plus dramatiques furent la révolte et le suicide du prince héritier Liu Ju et de l'impératrice Wei Zifu. Wudi désigna alors un de ses jeunes fils pour lui succéder, non sans avoir éliminé sa mère pour qu'elle n'exerce pas une autorité similaire à celle des précédentes impératrices, et confia la régence au général Huo Guang. C'est à ce prix que la transition fut assurée dans le calme après la mort de Wudi en 87 {{av JC}}, quand lui succéda son fils Zhao (86-74 {{av JC}}). Huo Guang exerça la régence en poursuivant les tendances autocratiques du défunt empereur, installant sa famille aux postes-clés de l'administration, et mariant sa fille à l'empereur Xuan (73-49 {{av JC}}) sur lequel il exerça également son ascendant. Après sa mort en 68 {{av JC}}, sa famille fut éliminée par les nouveaux maîtres de la cour issus de la famille des impératrices. Désormais, les plus proches de l'empereur, ayant accès à la « cour intérieure », exercèrent la direction effective de l'empire, de fait les proches des impératrices mais aussi les eunuques<ref>{{harvsp
Parallèlement, l'empire devenait miné dans les provinces par un problème récurrent, celui de la constitution d'un groupe de lignages disposant de vastes domaines à l'échelle régionale, profitant de l'appauvrissement des paysans propriétaires à la suite des lourdes levées d'impôts ou d'autres problèmes (mauvaises récoltes surtout) pour accaparer leurs terres, privant ainsi l’État de ses contribuables privilégiés. Des pouvoirs provinciaux s'étaient ainsi reconstitués dans le courant du {{-s-|I}}, contrebalançant l'autorité centrale<ref>{{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=21-23}}</ref>.
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==== Évolutions de l'administration centrale et du pouvoir impérial ====
Une des mesures les plus importantes du règne de Guangwu fut le transfert de la capitale de [[Chang'an]] à [[Luoyang]], marquant la prééminence des régions de l'est des passes, foyer économique et culturel le plus dynamique de la Chine à cette période. La dynastie des Han postérieurs fut alors souvent présentée dans une veine confucéenne comme plus respectueuse de la culture et des rituels que celle qui la précédait<ref>{{harvsp
Du point de vue institutionnel, la période des Han postérieurs vit l'affirmation définitive du Secrétariat impérial (''shangshu''), chargé de rédiger et publier les ordres et la correspondance de l'empereur, devenu finalement un véritable cabinet impérial, tirant une grande puissance de la proximité du monarque. Son directeur (''shangshu ling'') devint de fait un des personnages principaux de la cour, supplantant le Chancelier qui était une figure majeure sous les Han antérieurs, et ce service contrôla à son tour plusieurs bureaux fixés au nombre de six. Mais la structure de l'administration traditionnelle fut préservée, même si beaucoup de titres avaient perdu une partie de leur substance et de leur importance. La proximité de l'empereur continua de servir l'affirmation des eunuques, qui disposaient en principe de charges et bureaux liés à la maison impériale (intendance du palais, du harem, des jardins, garde des portes, etc.) et devinrent une force politique majeure sous les Han postérieurs. Les impératrices (y compris douairières) et les princes (en particulier l'héritier désigné) disposaient également de leur propre cour avec ses bureaux<ref>{{en}} H. Bielenstein, « The institutions of Later Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=491-504|id=CHC}}</ref>. La répartition du pouvoir au sein de l'administration centrale visait ainsi à assurer son partage entre plusieurs personnages et bureaux recevant une délégation d'une part de l'autorité impériale<ref>{{en}} H. Bielenstein, « The Institutions of Later Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=517-519|id=CHC}}</ref>.
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==== La situation aux frontières et les relations extérieures ====
Aux frontières, la menace que faisaient peser les [[Xiongnu]] désormais divisés était moins marquée au début des Han orientaux grâce aux succès de leurs prédécesseurs, et la politique de présents continuait avec succès. Cela fut accentué à partir des années 70 par les actions du général [[Ban Chao]], qui parvint à rallier à la cause chinoise différents souverains des royaumes sédentaires de la région du [[Bassin du Tarim|Tarim]], qui acceptèrent la suprématie des Han et envoyèrent de nombreuses ambassades à [[Luoyang]] durant ces années. Les Xiongnu furent alors supplantés par leurs anciens vassaux, les [[Xianbei]], qui furent un temps les alliés des Han. Ceux-ci menèrent dès lors plusieurs campagnes de pillage dans les régions frontalières du Nord moins bien défendues que précédemment, mais cela n'eut pas de conséquence grave pour l'empire. Les provinces du Sud connurent une période de troubles durant le soulèvement des [[sœurs Trung]] dans les années 40, mais celui-ci fut réprimé par le général [[Ma Yuan]]. Les premiers souverains des Han postérieurs connurent ainsi des succès notables à l'extérieur. La situation devint en revanche plus compliquée au Nord-Ouest, où les [[Qiang (ethnie)|Qiang]], qui avaient été installés dans les provinces frontalières et y avaient pris une importance croissante en profitant de la situation politique troublée, étaient devenus une menace majeure au début du {{s-|II}}, à l'origine de plusieurs soulèvements qui aboutirent à l'abandon de ces régions correspondant à une majeure partie du [[Gansu]] et du [[Shaanxi]] actuels<ref>{{harvsp
Les échanges avec les pays situés vers l'Occident furent poursuivis en dépit du recul des troupes Han sur la [[route de la soie]]. C'est dans le courant du {{s-|I}} que le [[bouddhisme]] [[Expansion du bouddhisme via la route de la soie|pénètre en Chine depuis l'Ouest]]. C'est également sous les Han postérieurs que des contacts semblent établis avec l'[[empire romain]]. Une ambassade est envoyée pour établir un contact avec Rome en 97, mais elle est arrêtée à la cour des Parthes, qui ne voulaient manifestement pas voir les Chinois discuter avec leurs ennemis Romains. Le ''[[Hou Han Shu|Livre des Han Orientaux]]'' évoque l'empire occidental (appelé ''Da Qin''), et notamment une ambassade romaine arrivée à la cour Han en 166, envoyée par l'empereur An-dun (sans doute [[Marc Aurèle]]). Cela n'est pas mentionné dans les sources romaines, qui n'évoquent jamais l'empire Han<ref>{{harvsp|id=LI|Li|2013|p=279-282}}</ref>. Les historiens {{Lien|Charles Hucker}} et [[Rafe de Crespigny]] pensent que cette mission a été menée par des marchands romains assez audacieux pour tenter le voyage et non par de vrais diplomates<ref>{{Harvsp|Hucker|1975|p=191}}; {{Harvsp|de Crespigny|2007|p=600}}.</ref>.
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Dans les provinces, les inspecteurs régionaux mandatés par le pouvoir central commencèrent à y résider une majeure partie de l'année, poursuivant le reste du temps leurs tournées d'inspection et se contentant d'envoyer des rapports à la capitale. Leurs liens avec l'administration locale fut donc renforcé. Autre évolution importante en province, l'administration des monopoles sur le fer et le sel fut transférée aux gouverneurs des commanderies<ref>{{en}} H. Bielenstein, « The institutions of Later Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=506-509|id=CHC}}</ref>.
La situation profita aux élites provinciales qui renforcèrent leur emprise sur de nombreuses régions de l'empire, dans la droite ligne des évolutions sociales de la fin des Han antérieurs. Le fondateur des Han postérieurs était lui-même un de ces grands propriétaires terriens ayant une base provinciale solide, et il ne combattit pas le pouvoir croissant des grands lignages provinciaux. Les paysans ayant aliéné leur terre, les migrants, mais aussi les colons militaires se plaçaient souvent sous la coupe d'un de ces personnages, travaillant leur domaine et intégrant leur milice privée<ref>{{harvsp
L'abandon des provinces du Nord-Ouest, l'insécurité pesant sur les régions du Nord ainsi que la croissance des inégalités sociales eurent d'importantes conséquences. Entre les recensements de 2 et de 140, la population de l'empire semble avoir diminué d'environ 8-9 millions de personnes. Il peut s'agir d'un déclin démographique, ou bien de la diminution de la population contrôlée par l'administration impériale et ses recenseurs, et donc de la population taxable<ref>{{harvsp|id=LI|Li|2013|p=297}}</ref>. Il y eut également des migrations en direction du Sud. Entre les recensements de 2 et de 140, la population de certaines de provinces du Nord diminua de 70 % tandis qu'elle augmenta dans les circonscriptions situées au sud du bassin du fleuve Jaune, mais également dans les régions plus méridionales du bassin du Yangzi, qui restaient encore peu peuplées et en situation marginale par rapport au reste de l'empire, où certaines commanderies doublèrent (voire plus dans certains cas) leur population sur la même période, constituant un front de conquête à l'intérieur de l'empire<ref>{{harvsp
=== L'affaiblissement et la chute des Han orientaux ===
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{{article connexe|Fin de la dynastie Han|Trois Royaumes de Chine}}
Les premières décennies du {{s-|II}} ont vu les empereurs passer sous la coupe de plusieurs cliques constituées par des familles nobles liées par mariage au lignage impérial, et par leurs rivaux les eunuques, dont le pouvoir fut de plus en plus important. Les ordres impériaux étaient de moins en moins suivis en province, où les inspecteurs régionaux avaient une plus grande latitude dans leurs actions, d'autant plus que l'empereur n'avait plus les moyens financiers ou la volonté pour les aider en cas de difficultés : catastrophes naturelles, révoltes locales, conflits frontaliers (ce qu'illustra de façon dramatique l'abandon des provinces du Nord-Ouest). Les salaires versés par le pouvoir central aux fonctionnaires provinciaux furent diminués, la cour devant même emprunter à plusieurs reprises de l'argent aux grands lignages provinciaux. Les autorités locales durent gérer la situation avec leurs propres moyens, ce qui favorisa le renforcement des potentats locaux<ref>{{harvsp
À la cour, le pouvoir des eunuques suscita une réaction de la part du parti des aristocrates provinciaux qui fournissaient une grande partie de l'appareil administratif central, qui avait désormais perdu toute autorité. Un premier épisode sanglant eut lieu en 159 quand la famille Liang, dont étaient issus trois impératrices, plusieurs concubines et de nombreux ministres, fut éliminée à l'instigation de l'empereur Huan et d'eunuques. Le parti des eunuques s'affirma quelques années plus tard, en [[Désastre de l'Interdiction des Partisans|éliminant de nombreux ministres et lettrés entre 167 et 170]], bannissant les survivants en province après leur avoir retiré titres et honneurs. Cela eut pour effet de couper encore plus la cour des provinces. Dans ces dernières, les révoltes devinrent plus intenses dans les années 170, puis une inondation dévastatrice du [[fleuve Jaune]] entraîna une rébellion plus importante en 184, celle des [[Turbans jaunes]], dirigée par [[Zhang Jue]] et ses frères, qui jouissaient d'une véritable aura religieuse, voulant renverser la dynastie Han dont ils estimaient que le mandat était achevé. Cela accéléra la fragmentation de l'empire. Les chefs de guerre qui réprimèrent la révolte devinrent indépendants de fait du pouvoir central qui ne disposait plus d'une armée en mesure de s'opposer aux leurs, puis entrèrent en lutte pour contrôler leurs provinces voire la cour impériale. L'un d'entre eux, [[Yuan Shao]], issu d'un grand lignage provincial, s'empara en 189 de [[Luoyang]] et élimina le parti des eunuques. Il dut cependant se retirer peu après quand un autre seigneur de guerre, [[Dong Zhuo]], investit la capitale et intronisa l'empereur [[Xiandi]] (189-220) dont il entendait faire sa marionnette<ref>{{harvsp
Après avoir commis plusieurs massacres et s'être réfugié à [[Chang'an]], Dong Zhuo fut finalement éliminé en 192 par ses lieutenants. L'empire était désormais divisé entre plusieurs généraux rivaux : [[Cao Cao]] et [[Yuan Shao]] dans la plaine Centrale, [[Liu Biao]] dans le moyen Yangzi, mais aussi [[Zhang Lu (seigneur de la guerre)|Zhang Lu]], chef de la secte des [[Maîtres célestes]] dans le [[Sichuan]], et bien d'autres. L'empereur Xiandi passa sous le contrôle de Cao Cao, qui récupéra à son profit le prestige de la dynastie Han, et plaça le bassin du fleuve Jaune sous sa coupe après s'être débarrassé de Yuan Shao en 200. Il ne put cependant éliminer tous ses rivaux, puisqu'il fut vaincu en 208 par deux seigneurs de guerre implantés dans le Sud, [[Liu Bei]] et [[Sun Quan]], lors de la célèbre [[bataille de la Falaise rouge]]. Les conflits des années suivantes confirmèrent la tripartition de l'empire : Cao Cao puis son fils Cao Pi dans le Nord, Liu Bei dans le Sichuan, Sun Quan dans le cours inférieur du Yangzi. En 220, Cao Pi destitua l'empereur Xiandi, qui avait été longtemps préservé en raison du prestige de son lignage mais avait désormais perdu toute légitimité. Il mit ainsi fin à la dynastie Han et fonda celle des [[Cao-Wei|Wei]], se voulant désormais détenteur du mandat céleste. Ses deux rivaux contestèrent cela et se proclamèrent à leur tour empereurs : Liu Bei, qui prétendait appartenir au lignage Liu, se présenta comme continuateur de la dynastie Han, même si la postérité a retenu son royaume sous le nom de [[royaume de Shu|Shu]] ; Sun Quan fonda quant à lui le [[royaume de Wu]]. Débuta alors la période des [[Trois royaumes de Chine|Trois royaumes]] (220-280)<ref>{{en}} B. J. Mansvelt Beck, « The fall of Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=348-357|id=CHC}}</ref>.
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{{Multiple image|align= left| image1 = Cernuschi Museum 20060812 069.jpg | width1 = 175 |image2 = Nswag, dinastia han, figurina dipinta di danzatrice.jpg| width2 = 125| footer= Statuettes en terre cuite de femmes : une servante et une danseuse.}}
La famille type de la période Han était patrilinéaire, nucléaire, avec quatre-cinq membres vivant dans la même maisonnée. Les différentes générations de la famille élargie n'occupaient par la même habitation, à la différence des périodes postérieures<ref>{{harvsp
Pour la formation des familles, les mariages arrangés étaient la norme, avec l'avis du père qui primait sur celui de la mère. La grande majorité des unions étaient monogames, mais les plus riches avaient l'habitude de prendre des concubines<ref>{{harvsp
On attendait des femmes qu'elles obéissent à leur père, puis, une fois mariées, à leur mari, et si elles survivaient à ce dernier à leur fils aîné. Le principe de patrilinéarité voulait qu'elles quittent leur famille à leur mariage : filles, on attendait à ce qu'elles quittent un jour leur famille ; femmes, on n'oubliait pas forcément leur origine extérieure<ref>{{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=156-157}}</ref>. Néanmoins, il apparaît dans les sources de l'époque qu'il y avait beaucoup d'infidélités à ces principes, surtout en ce qui concerne les relations entre les mères et leurs fils. Dans la famille impériale il était courant que les femmes exercent une grande autorité et ne respectent pas forcément celle de l'empereur<ref>{{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=162}} ; {{harvsp
[[Fichier:Eastern Han, woman nursing baby, pottery from Pengshan.JPG|vignette|upright=0.7|Femme tenant un jeune enfant dans ses bras, statuette en céramique de la tombe de Pengshan ([[Sichuan]]), période des Han postérieurs, musée de [[Nankin]].]]
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[[Fichier:Mold for bronze gear Han dynasty.jpg|vignette|gauche|Moule datant de la dynastie Han servant pour la fabrication de roues d'engrenages en bronze.]]
Les derniers siècles de l'époque pré-impériale avaient vu le développement des activités artisanales et commerciales, faisant l'enrichissement de nombreux hommes d'affaires et aboutissant à la constitution de grands ateliers employant plusieurs centaines voire des milliers d'ouvriers aux conditions de travail souvent éprouvantes, d'autant plus qu'il s'agit souvent de condamnés ou de personnes de condition servile. L'activité traditionnellement la plus porteuse est la métallurgie, surtout celle du cuivre servant pour la frappe de monnaie, et le fer qui profite de progrès techniques durant cette période, avec la mise au point de hauts fourneaux permettant une fonte rapide du minerai de fer, ou de procédés de plus en plus élaborés d'affinage de ce métal. L'exploration archéologique de plusieurs sites de travail du métal, en particulier à Tieshengguo dans le [[Henan]] ({{-s-|II}}), ont permis de mieux connaître l'état de l'artisanat métallurgique de la période Han. La diffusion de plus en plus d'objets en fer dans la société a de nombreuses répercussions aussi bien dans l'agriculture que l'artisanat et l'art militaire. L'extraction et la transformation du sel (marin ou minier) est un autre secteur majeur employant de nombreux ouvriers et nécessitant de forts investissements. Le travail des étoffes, en premier lieu la soie, aboutit également à la constitution de grands ateliers, ainsi que d'autres activités de production d'objets de luxe, comme ceux en laque. Les profits générés pouvaient être consacrés à d'autres investissements, notamment dans l'agriculture ou le prêt<ref>{{harvsp|Pirazzoli-T'Serstevens|1982|p=70-74|id=PIZ}} ; {{en}} S. Nishijima, « The economic and social history of Former Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=583-585|id=CHC}} ; {{harvsp|Gernet|2006|p=182-187
Sous le règne de [[Han Wudi|Wudi]], l'enrichissement de ces entrepreneurs suscita un grand émoi à la cour, notamment parce que dans la pensée des élites du temps cela se faisait au détriment de la paysannerie, qui était vue comme la base de la richesse de l’État, tandis qu'on ne percevait pas comment les activités marchandes pouvaient entraîner des dépenses utiles pour la société. En ces temps de grandes expéditions militaires, il fallait préserver en priorité les sources de richesse de l’État. Il fut alors décidé en 117 {{av JC}} une réforme de la taxation et surtout l'instauration d'un monopole d’État sur les deux activités artisanales majeures, le sel et le fer, de façon que l’État soit le seul bénéficiaire de ces activités lucratives et stratégiques, et qu'elles ne profitent pas à des entrepreneurs susceptibles de l'appauvrir. En 98 {{av JC}} un monopole sur l'alcool est également instauré. Différents ateliers dirigés par l’État, employant aussi bien des esclaves que des corvéables, des condamnés ou bien des artisans salariés, fonctionnaient dans la capitale ou dans les provinces pour assurer ce monopole mais également d'autres productions stratégiques (cuivre servant pour la monnaie, or, laque, soiries). Ces mesures suscitèrent différents débats à la cour impériale, notamment ceux qui sont au centre du texte de la ''[[Dispute sur le sel et le fer]]'' qui eut lieu en 81 {{av JC}}, sans que le système ne soit aboli dans un premier temps<ref>''[[Dispute sur le sel et le fer]]'', Texte présenté, traduit et annoté par Jean Lévi, Paris, 2010</ref>. Les coûts générés par l'entretien des dizaines de milliers de travailleurs des ateliers impériaux étaient notamment au centre des critiques<ref>{{harvsp|Maspéro|Balazs|p=48-49 et 76-77|1967|id=INST}} ; {{en}} S. Nishijima, « The economic and social history of Former Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=581-584|id=CHC}} ; {{harvsp|Gernet|2006|p=188-191
=== Échanges et consommation ===
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==== Système monétaire ====
Les Han ont hérité du système monétaire unifié mis en place par les [[Qin]], reposant sur les pièces en [[cuivre]] percées en leur centre appelées ''banliang'' et pesant {{unité|7.5|grammes}}. Des mesures de privatisation de l'émission de monnaie furent prises durant les premiers temps de la dynastie. Elles aboutirent à la frappe d'une grande quantité de pièces, favorisant le développement de pièces moins lourdes destinées à des échanges plus courants et peu à peu à un phénomène de dépréciation de la monnaie issu notamment du rognage des bords des pièces pour économiser du métal. Le gouvernement décida à plusieurs reprises d'instaurer de nouveaux types de pièces, jusqu'en 120-119 {{av JC}} quand fut promulguée la suppression définitive des ''banliang'' et la mise au point des ''wushu'' de {{unité|3.25|grammes}}, qui devint la monnaie la plus répandue en Chine jusqu'aux [[dynastie Tang|Tang]], en dépit des tentatives de [[Wang Mang]] d'émettre divers types de monnaie reposant approximativement sur des modèles antiques. Cela s'accompagna d'une nationalisation totale de l'émission de monnaie, prise en charge par des ateliers de frappe étatiques, et d'un accroissement considérable de la masse monétaire en circulation durant les siècles suivants. Les prélèvements fiscaux et échanges sous les Han furent de plus en plus monétisés, ce qui reflète la place croissante de la monnaie dans l'économie chinoise à cette période<ref>{{en}} S. Nishijima, « The economic and social history of Former Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=585-590|id=CHC}}</ref>.
==== Circuits et lieux des échanges ====
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Les villes de l'époque Han disposaient de marchés, généralement de forme carrée et quadrillés par des allées rectilignes le long desquelles s'agençaient les échoppes. L'administration contrôlait chacun de ces lieux d'échanges, par le biais d'un superviseur disposant d'un bâtiment en forme de tour en son centre, qui assurait la sécurité des lieux, prélevait les taxes et encadrait le prix des denrées<ref>{{en}} S. Nishijima, « The economic and social history of Former Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=576|id=CHC}} ; {{harvsp|Lewis|2007|p=81-83|id=LEW}}</ref>.
L'exploration puis les conquêtes militaires et les activités diplomatiques entreprises en direction des régions occidentales à partir du {{-s-|II}} ont entraîné l'essor des échanges à longue distance. Une grande partie de ceux-ci se fit d'abord surtout par le biais des échanges de présents diplomatiques et de tribut, mais les échanges commerciaux internationaux prirent peu à peu de l'importance, surtout à partir du {{s-|I}} de notre ère. La route de la soie devint alors un axe majeur d'échanges, tandis que les routes maritimes méridionales s'ouvraient également<ref>{{harvsp
[[Fichier:Brick relief depicting a market scene.jpg|vignette|gauche|Bas-relief sur brique représentant une scène de marché, période des Han postérieurs, [[Guanghan]] ([[Sichuan]]), [[musée national de Chine]].]]
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==== Les conséquences sociales de l'essor des échanges ====
Le contrôle de l’État sur les échanges et les monopoles se relâcha sous les Han postérieurs, période marquée par un regain de l'enrichissement des marchands et hommes d'affaires. Il est alors courant de trouver dans les textes de l'époque des descriptions du luxe dans lequel vivent ces personnages au train de vie somptueux. Les critiques du confucianiste [[Wang Fu (philosophe)|Wang Fu]] se cristallisent contre la domination des activités commerciales et usuraires à [[Luoyang]] la capitale, et les extravagances vestimentaires et alimentaires de ses habitants aisés. Il est donc manifeste que les produits de consommation luxueux et semi-luxueux comme les objets en bronze, laque, les soieries et d'autres bijoux et ornements précieux sont de plus en plus accessibles à la population urbaine à la suite
=== Les villes ===
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[[Fichier:Eastern Han Dynasty tomb fresco of chariots, horses, and men, Luoyang 2.jpg|vignette|Fresque murale d'une tombe de la période des Han postérieurs, Luoyang : un aristocrate sur son char, avec son escorte.]]
==== Le mode de vie des élites ====
Les peintures et maquettes contenues dans les tombes aristocratiques fournissent diverses informations sur le mode de vie et l'idéal des élites de cette époque. Elles mettent notamment l'accent sur leurs domaines ruraux, bases de leur richesse. Il ne s'agit pas de ''latifundia'' équivalentes à celles de l'Empire romain contemporain, largement plus vastes en raison de pratiques successorales moins partageuses. Les résidences qui occupent leur centre sont entourées par une enceinte, et comprennent plusieurs cours intérieures entourées de galeries couvertes, dont les murs devaient être couverts de peintures. Des pavillons sont érigés au centre des cours principales, les plus vastes comprenant plusieurs étages, jusqu'à former de véritables tours. Des jardins d'agrément complétaient l'ensemble chez les plus nantis. Les différentes installations agricoles (puits, greniers, etc.), le matériel, les hommes travaillant l'exploitation sont également mis en scène. Elles rappellent que les propriétaires terriens ont bâti leur richesse en accumulant des terres souvent acquises auprès de paysans endettés, et en concédant celles-ci à des tenanciers chargés de leur reverser une part de la production<ref>{{harvsp|Maspéro|Balazs|p=51-54|1967|id=INST}} ; {{harvsp|Pirazzoli-T'Serstevens|1982|p=170-180|id=PIZ}} ; {{en}} P. Ebrey, « The economic and social history of Later Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=622-626|id=CHC}}</ref>.
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=== Cosmologie, écoles de pensée et pouvoir ===
==== L'héritage cosmologiste et philosophique de la période pré-impériale ====
Les {{-sp|IV|-|III}} avaient vu l'élaboration d'une cosmologie « corrélative » ([[Joseph Needham|J. Needham]]) selon laquelle existent des correspondances entre tous les éléments et phénomènes constituant l'univers, en particulier les Hommes et le Ciel. Au cœur de cette pensée se trouvent notamment les concepts de ''[[Qi (spiritualité)|qi]]'', souffle reliant les différents êtres composant l'univers, le couple des opposés [[yin et yang|yin-yang]] qui coexistent dans ces mêmes êtres, et les [[Cinq phases]] (''wuxing'') constituant toutes les matières<ref>{{harvsp|id=CHE|Cheng|2002|p=250-267}} ; {{harvsp|id=BLA|Blanchon|al.|1999|p=163-165}}</ref>. Ces concepts participent d'une vision dans laquelle l'univers est en évolution constante, marqué par l'harmonie et l'équilibre entre ses composantes. Cette pensée unificatrice renvoie incontestablement à la recherche puis le succès de l'unité politique autour de l'empereur, pendant terrestre de la grande divinité céleste<ref>{{en}} J. Lévy, « The rite, the norm and the Dao: philosophy of sacrifice and transcendence of power in ancient China », dans {{harvsp|Lagerwey|Kalinowski (dir.)|p=645-692|2009|id=REL}} ; {{harvsp|Cheng|2002|p=300-301|id=CHE}}</ref>. Dans l'optique légiste en vogue sous les Qin, le pouvoir doit assurer le respect de l'ordre dans le cosmos, par le biais de la loi qui doit punir en conséquence ceux qui commettent des actes délictueux susceptibles de perturber le cours naturel des choses<ref>{{harvsp
La période des Han occidentaux vit la poursuite de ces réflexions cosmologiques, dans une optique synthétique et unificatrice déjà prégnante dans des œuvres antérieures comme les ''[[Lüshi Chunqiu|Printemps et Automnes de Lü Buwei]]''. Coexistaient en effet différents courants mobilisant des conceptions similaires mais proposant différentes « voies » (''dao'')<ref>{{harvsp|id=CHE|Cheng|2002|p=294-295}}</ref>. Sous les Han antérieurs, [[Sima Tan]] (m. 110 {{av JC}}) fut le premier à tenter une classification de ces courants : il distinguait les six principales « écoles » (''jia''), à savoir celles [[école du yin et du yang|du yin et du yang]], des lettrés ([[confucianisme|confucianistes]]), des [[moïsme|moïstes]] (disciples de [[Mozi]]), des nominalistes, des [[Légisme|légistes]] et des [[taoïstes]]. Par la suite ce classement fut affiné, en particulier par [[Liu Xiang (lettré)|Liu Xiang]] (77-6 {{av JC}}) et ses acolytes de la bibliothèque impériale, qui accomplirent un travail de classement et d'édition des différents textes circulant à leur époque afin d'en produire une version standardisée, car il existait différentes variantes (voir plus bas). En fait, cette délimitation entre courants de pensée est simplificatrice, puisque les penseurs de l'époque Han empruntent les idées de plusieurs de ces « écoles »<ref>{{harvsp|Lewis|2007|p=208|id=LEW}} ; {{harvsp|Kern|2010|p=60-66|id=LIT1}} ; {{en}} M. Loewe, « The religious and intellectuel background », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=651-652|id=CHC}}</ref>.
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[[Fichier:CMOC Treasures of Ancient China exhibit - Fragment of Xiping stone classics, detail.jpg|vignette|upright=0.7|Détail d'un fragment d'un des [[Classiques en pierre de Xiping|classiques sur pierre]], 172-178.]]
L'essor de l'école des lettrés s'accompagna par la mise en avant de l'étude des livres « classiques » issus de la période pré-impériale, puisque leurs origines remontent parfois aux premiers temps de la dynastie Zhou, même s'ils sont remaniés au moins jusqu'aux débuts de l'époque impériale : avant tout le ''[[Classique des documents|Livre des documents]]'', le ''[[Classique des rites|Livre des rites]]'', le ''[[Livre des Odes]]'' et le ''[[Livre des Mutations]]'', mais aussi les ''[[Annales des Printemps et Automnes]]''<ref name=cla>L. Vandermeersch dans {{harvsp|id=LIT|Lévy (dir.)|2000|p=272-275}}</ref>. Ces ouvrages, déjà mis en avant par Confucius mais aussi d'autres grands maîtres antiques, étaient vus comme contenant les enseignements nécessaires à un bon gouvernement, et ils acquirent une grande importance politique, qui accompagnait l'ascension des lettrés qui se présentaient comme les seuls capables de bien les interpréter et donc de conseiller l'empereur. Plusieurs variantes de ces textes étaient en circulation, d'autant plus que la décision de détruire les versions de ces ouvrages prise sous les Qin, bien que jamais menée à terme, avait semé le trouble sur l'existence de variantes potentiellement authentiques. Les penseurs se disputaient donc sur les versions à utiliser. Un premier groupe (dont Dong Zhongshu faisait partie) préférait se reposer sur des textes issus des versions qui circulaient oralement, mis par écrit en langage et écriture de l'époque des Han, les textes modernes (''jinwen'') ; un autre privilégiait les textes anciens (''guwen''), transmis depuis l'époque des Royaumes combattants et qui en avaient conservé la langue et l'écriture archaïques. Ce débat prit une grande importance à la cour. Le pouvoir trancha d'abord en faveur des seconds, et instaura en 136 {{av JC}} à l'Académie impériale des maîtres spécialisés dans chacun de ces ouvrages, posant ainsi les bases d'un enseignement officiel, « orthodoxe ». Sous les Han postérieurs en revanche, les tenants des textes en caractères anciens triomphèrent<ref>{{harvsp|id=CHE|Cheng|2002|p=308-310}} ; {{harvsp
Le processus de canonisation culmina dans la rédaction des « [[Classiques en pierre de Xiping|classiques sur pierre]] » (''shijing''), gravés sur les murs de l'Académie impériale en 175-183 de notre ère afin de disposer d'une version fixe de plusieurs classiques<ref>{{harvsp|id=LI|Li|2013|p=313}}</ref>. On espérait ainsi que les versions ultérieures en circulation seraient uniformisées, vu qu'il était possible d'estamper sur du papier les textes gravés (une forme ancienne d'impression). Il y eut dans l'histoire chinoise postérieure plusieurs autres entreprises similaires (dont une dès 240), ce qui prouve qu'il était difficile d'empêcher l'existence de variantes.
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=== L'architecture funéraire ===
En accord avec les croyances funéraires, les nécropoles des élites étaient composées de tombes souterraines ([[hypogée]]s) complexes avec un important matériel funéraire destiné à accompagner le défunt dans l'au-delà, associées à un temple dédié au culte du mort devenu un « ancêtre » et à d'autres constructions.
==== Les complexes funéraires impériaux ====
Dans la continuité des pratiques de l'époque des [[Royaumes combattants]] et de l'[[empire Qin]], les tombes impériales étaient disposées dans de vastes complexes funéraires, entourés par des villes où vivaient les personnes chargées de l'entretien du très dispendieux culte des ancêtres impériaux. Ce sont essentiellement alentours des tombes impériales qui ont été explorés. Ainsi, le parc funéraire (''lingyuan'') de l'empereur [[Han Jingdi|Jing]] (156-141 {{av JC}}) et de son épouse principale à Yangling s'étendait sur {{unité|12|km²}}. Les sépultures à proprement parler étaient surmontées par un grand tumulus ({{unité|50|m}} de côté et 31 de haut à [[Han Yang Ling|Yangling]]) entouré d'une vaste enceinte quadrangulaire ({{unité|410|m}} de côté pour le même exemple) en terre damée disposant de portes à piliers (''que''), et à proximité se trouvait le temple servant à leur culte funéraire, ainsi que de nombreux puits où était disposé un abondant matériel funéraire (comme les fosses contenant des figurines d'armées et des chevaux, des armes, des objets en laque, etc. exhumées aux alentours du mausolée de Jing) et des tombes d'aristocrates ayant eu le privilège d'être enterrés aux côtés des monarques. Les tombes de ces dignitaires reproduisaient à une échelle moindre le modèle des sépultures impériales. L'accès aux tombes et aux temples funéraires de ces complexes étaient matérialisés par des « voies des esprits » (''shendao'') délimitées par des stèles ou des arbres, ainsi que, à partir du règne de Wudi, des sculptures monumentales d'hommes, animaux et êtres mythologiques, les premières du genre dans l'histoire de l'art chinois<ref>{{harvsp|Blanchon|al.|p=203-212|1999|id=BLA}} ; {{en}} M. Pirazzoli-T'Serstevens, « Death and the deads: practices and images in the Qin and Han », dans {{harvsp|Lagerwey|Kalinowski (dir.)|p=959-962|2009|id=REL}}</ref>.
Fichier:Karta Han Yangling.JPG|Plan du cœur du parc funéraire : le tumulus quadrangulaire surplombant la tombe est inclus dans une enceinte de même forme, percée de quatre portes dont celle reliée à la voie des esprits, à l'est, du même côté que l'entrée de la tombe.
Fichier:Yangling 01.jpg|Tumulus de [[Han Yang Ling]], sous lequel se trouve la tombe impériale.
Fichier:Han Yang Ling 59.JPG|Figurines humaines disposées dans une fosse funéraire.
Fichier:Han Yang Ling 76.JPG|Statues de chevaux disposées dans une fosse funéraire.
</gallery>
▲{{message galerie|Le parc funéraire de l'empereur [[Han Jingdi|Jing]] (156-141 {{av JC}}) à Yangling, [[Shaanxi]].}}
La tombe de l'éphémère empereur [[Prince He de Changyi|Liu He]], le «
==== Les sépultures des Han antérieurs ====
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Pour prendre un exemple, la tombe du prince Liu Sheng, roi de Zhongshan et frère de l'empereur Wudi, creusée dans la falaise à [[Mancheng]] ([[Hebei]], v. 113 {{av JC}}) aux côtés de la sépulture de son épouse Dou Wan, dont le plan est similaire, mesure {{unité|51.70|m}} de longueur pour {{unité|37.50|m}} de large et {{unité|6.80|m}}. Elle est constituée sur un axe est-ouest d'une entrée jouxtée de deux longues salles servant d'entrepôts où sont disposées des offrandes, ouvrant sur une vaste pièce servant de salle de réception et dotée du matériel funéraire le plus luxueux, desservant d'autres pièces couvertes comme elle par une toiture en tuile soutenue par des poteaux en bois, dont la chambre funéraire, située à l'extrémité ouest de la tombe et bordée par une salle d'eau, contenant le sarcophage<ref>{{harvsp|id=BLA|Blanchon|al.|1999|p=226}}</ref>.
Fichier:Liu Sheng tomb north side chamber.jpg|Chambre à offrandes de la tombe de Liu Sheng.
Fichier:Liu Sheng tomb main chamber.jpg|Reconstitution de la chambre funéraire de Liu Sheng.
Fichier:Dou Wan tomb entrance.jpg|L'entrée de la tombe de Dou Wan, épouse de Liu Sheng.
</gallery>
▲{{message galerie|Les tombes princières de [[Mancheng]], [[Hebei]], fin du {{-s-|II}}}}
[[Fichier:Gao Yi Que2.jpg|vignette|gauche|upright=0.8|Pilier-''[[Que (Tour)|que]]'' disposé à l'entrée de la tombe de Guo Yi, Ya'an ([[Sichuan]]), période des Han postérieurs.]]
==== Les sépultures et temples ancestraux des Han postérieurs ====
[[Fichier:Model of the Lei Cheng Uk Han Tomb.jpg|vignette|Maquette représentant la tombe de Lei Cheng Uk ([[Hong Kong]]), tombe en briques à chambres voûtées et dôme central, datée de la période des Han postérieurs.]]
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Le confort des défunts devait être assuré dans leurs résidences post-mortem, ce qui explique le soin apporté à leur décor et leur matériel funéraire. L'art funéraire peut être divisé en trois catégories : le cercueil et les objets l'accompagnant ; les différents objets funéraires disposés dans les pièces des sépultures ; le décor des murs des sépultures et des temples ancestraux. Il s'agit de loin de la source principale pour la connaissance des œuvres réalisées par les artistes et artisans de la période Han.
Fichier:Han jade dragen.JPG|Dragon en jade, tombe du roi de Chu des Han antérieurs à Xuzhou ([[Jiangsu]]), musée National de Pékin.
Fichier:Five cardinal directions, a pottery tile of the Han Dynasty, Cernuschi Museum, 2006-08-12.jpg|Brique de chambre funéraire à motif cosmologique : emblèmes des quatre directions (N-S-E-O) et deux danseurs. Fin de la période des Han antérieurs, [[musée Cernuschi]].
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Fichier:Wu liang shrine relief depicting xihe, yi, and fusang tree.jpg|Copie par estampage d'un bas-relief du temple ancestral du lignage Wu, Shandong, scène mythologique, {{s-|II}}.
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▲{{message galerie|Matériel et décor funéraires de la période Han : aperçu.}}
==== Le matériel associé au corps du défunt ====
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La plus grande partie des objets d’art de la période de la dynastie Han proviennent donc du mobilier funéraire. Les objets entreposés dans les tombes étaient divisés depuis la période des Royaumes combattants entre ceux ayant accompagné le défunt de son vivant (''shengqi'') et ceux confectionnés spécifiquement pour sa sépulture (''[[mingqi]]''). On y trouve donc des objets utilitaires de nature variée : des céramiques, des laques, des vases rituels en bronze, des lampes, des brûle-parfums, des miroirs, des statues d'animaux et de nombreux personnages (exorcistes, serviteurs), des modèles réduits de bâtiments{{etc}}<ref>{{harvsp|Elisseeff|2008|p=77|id=ELI}} ; {{en}} M. Pirazzoli-T'Serstevens, « Death and the deads: practices and images in the Qin and Han », dans {{harvsp|Lagerwey|Kalinowski (dir.)|p=958-959|2009|id=REL}}</ref>.
Le matériel funéraire le plus impressionnant est celui de la tombe de l'éphémère empereur [[Liu He]] : plus de 10 tonnes de pièces de monnaie de bronze, plus de 400 objets en or, des carillons, de la vaisselle précieuse, des objets en laque, ainsi que de nombreux textes sur lamelles de bambou<ref name=haihunhou/>{{,}}<ref name=haihunhou2>{{Lien web |
Haihunhou Tomb Exhibition 20161105 24.jpg
Haihunhou Tomb Exhibition 20161105 17.jpg
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Haihunhou Tomb Exhibition 20161105 34.jpg
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▲{{message galerie|Objets exhumés dans la tombe de Liu He.}}
Beaucoup de ces objets avaient une fonction protectrice, mais ils servaient aussi de symboles cosmologiques. En effet, même si on a longtemps mis en avant le fait qu'il s'agissait de rappeler dans la mort la vie accomplie du défunt et de faciliter le voyage de son âme vers l'au-delà, il semble qu'on ait de plus en plus cherché à faire de la tombe un espace dans lequel le défunt puisse être situé en harmonie avec l'ordre cosmique<ref>{{en}} M. Pirazzoli-T'Serstevens, « Death and the deads: practices and images in the Qin and Han », dans {{harvsp|Lagerwey|Kalinowski (dir.)|p=963-968|2009|id=REL}}</ref>.
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Un autre groupe important de figurines représente des êtres humains, serviteurs et servantes du noble qu'ils accompagnent dans l'au-delà (substituts des serviteurs qui étaient effectivement sacrifiés jusqu'aux débuts de l'époque des Royaumes combattants) : sous les Han, il s'agit souvent de musiciens, d'acrobates, de danseurs et autres chargés des divertissements<ref>{{harvsp|id=BLA|Blanchon|al.|1999|p=284-286}}</ref>. Les animaux sont également courants<ref>{{harvsp|id=BLA|Blanchon|al.|1999|p=294-297}}</ref>. Les plus hauts dignitaires et surtout les souverains se faisaient accompagner de véritables armées en miniature, constituées de centaines de figurines. Les fosses exhumées à proximité du tombeau de l'empereur Jing à Yangling ont livré de nombreuses représentations de soldats en miniature, renvoyant à celles - de taille réelle - découvertes dans le mausolée du Premier Empereur ; d'autres fosses contenaient des figurines animales, en particulier des chevaux<ref>{{harvsp|id=BLA|Blanchon|al.|1999|p=287-293}} ; {{harvsp|id=ELI|Elisseeff|2008|p=210-213}}</ref>.
Fichier:Han mud clown.jpg|Figurine d'un personnage dansant et frappant sur un tambourin. Han postérieurs. [[Chengdu]], musée de la province du Sichuan.
Fichier:Splendeurs des Han (musée Guimet) (15684170882).jpg|Figurines de danseuses et musiciennes. Han Occidentaux, tombes de Yangjiawan, [[Jiangsu]]. [[Musée national des arts asiatiques - Guimet|Musée Guimet]] (prêt temporaire du musée de [[Xuzhou]]).
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Fichier:Tour en terre cuite à glaçure.jpg|Tour, terre cuite à glaçure plombifère. [[Musée royal de Mariemont]], Belgique.
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▲{{message galerie|Figurines et maquettes funéraires de la période Han.}}
La représentation équestre connaît en effet un essor important dans l'art des Han. Ces animaux sont très représentés sur les décors muraux des tombes (voir plus loin). Ils sont surtout très courants dans la sculpture. Par exemple, une tête de cheval exposée au [[Musée national des arts asiatiques - Guimet|musée Guimet]] représente une nouveauté propre aux Han : un animal énergique et fougueux, dépeint avec le naturalisme des [[Dynastie Qin|Qin]] mais stylisé. Cependant, loin de figurer un type particulier, il s’agit le plus souvent d’une image composite et idéalisée conservant du cheval chinois les grandes oreilles dressées, le chanfrein concave et les yeux globuleux en grenouille, mais renvoyant aux montures arabes par sa tête haute<ref>{{Lien web|url=http://www.guimet.fr/fr/collections/chine/142-cheval-debout-mingqi-substitut-funeraire |titre= Cheval debout ''mingqi'' (substitut funéraire)|site=Musée Guimet| consulté le=10 janvier 2015.}}</ref>. La cohérence des traits stylistiques Han maintient l'harmonie de l'ensemble dans toutes les représentations de ce type de cheval connues. Mais une étude comparative, même rapide avec les figures de chevaux déposées avec l'[[Armée de terre cuite]] du premier empereur [[Qin Shi Huang]] des [[Han occidentaux]]<ref>{{harvsp|Elisseeff|2008|id=ELI|p=215}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp| Lesbre|2000|p=23}}</ref>, montre que l'on n'est pas en présence des mêmes races de chevaux. Concernant le cheval doré<ref group="N" name="cf liens externes">Voir la reproduction dans les liens externes, ci-dessous.</ref> de l'empereur [[Han Wudi]] (156 - 87 av n. e.), lequel commandita la recherche de chevaux à son ambassadeur [[Zhang Qian]]{{référence incomplète|<ref>{{harvsp|Pimpaneau|2011}}</ref>}} auprès des souverains de [[Sogdiane]], il faut suivre les remarques précises données par les auteurs du catalogue de l'exposition ''Des chevaux et des hommes'' de 1996. En effet : « ce bronze est le produit de l'observation attentive d'un animal de race dont on cherche à exprimer la beauté et l'élégance, et non l'usage ou la rapidité »<ref name="Desroches,Rey_p38">{{harvsp|Desroches|Rey|1995|p=38, note 2}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=ELI|Elisseeff|2008|p=214-215}}</ref>. Le célèbre cheval volant, dont on voit l'image un peu partout en Chine actuellement<ref group="N" name="cf liens externes" />, a été trouvé dans la tombe d'un commandant de la garnison placée au [[Wuwei (Gansu)|Wuwei]], [[Gansu]], précisément sur une route de la soie<ref>{{harvsp|Desroches|Rey|1995|p=72}}</ref>. Ces chevaux représentés sous forme de ''mingqi'', en terre-cuite ou en bronze, mais non doré, au cours de la dynastie des Han Orientaux sont le plus souvent la tête haute et l'attitude très vivante, nerveuse, les dents bien visibles et dégagées, comme on peut le constater sur ces deux exemples.
Fichier:HanHorse.jpg|Tête de cheval, terre cuite. Han Orientaux {{sp-|I|-|II}} {{ap JC}}, [[Musée national des arts asiatiques - Guimet|musée Guimet]].
Fichier:Cina sud-orientale, dinastia han, statuina funeraria di cavalli, I-II sec 02.JPG|Chine sud-orientale, dynastie Han orientaux, statuette funéraire d'un cheval, {{Ier}}-{{IIe}} s. Museo d'Arte Orientale (Turin)
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Fichier:Splendeurs des Han (musée Guimet) (15489616228).jpg|Garde d'honneur et attelage. Han Orientaux, tombe de Wuwei, [[Gansu]]. [[Musée national des arts asiatiques - Guimet|Musée Guimet]] (prêt temporaire du musée de la province du Gansu).
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▲{{message galerie|Représentations de chevaux de la période Han.}}
[[Fichier:CapitalMuseum15.jpg|vignette|gauche|Plat en laque, dynastie Han pccidentaux, musée du palais (Cité interdite), Pékin]]
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La boîte ''lian'' en forme de brûle-parfum conservée au musée Guimet, offre une représentation de montagnes qui serait l'ancêtre des paysages miniatures apparus sous les Tang et connus en Occident sous leur nom japonais de ''[[bonzai]]''<ref>{{harvsp|Yolaine Escande|2005|p=49}}</ref>. Dans le brûle-parfum Han, en bronze rehaussé d'or et éventuellement de pierres précieuses, la fumée de l'encens évoquait les pics montagneux entre lesquels vaguent et s'enroulent brumes et nuages argentés. Ce sont des lieux mythiques, paradis des Immortels, lesquels étaient représentés dans leur ascension des montagnes, figurines discrètes au milieu des arabesques décoratives du brûle parfum. Cette croyance est l'un des piliers de la culture taoïste qui se développe, précisément, sous les Han. Quant au motif des monts des Immortels (sur les îles mythiques de la Mer de l'Est, dont la plus célèbre est l'île [[Penglai]], ou sur les Monts des Immortels de l'Occident), il devint le sujet préféré des [[peinture de lettrés|peintres lettrés]] au cours des siècles suivants. Le motif des [[dragon chinois|dragons]] dans les vagues qui se retrouve souvent avec ce type de sujet symbolise ici les eaux mystérieuses qui paraissent infranchissables<ref>Catherine Delacour dans {{harvsp|id=Desroches2001|Desroches {{et al.}}|2001|p=196}}</ref>. Un luminaire mis au jour dans une tombe de Luoyang datée des Han postérieurs a ainsi à lui la forme d'un arbre magique portant des dragons, et dont la base a la forme d'une île aux Immortels où gambadent plusieurs animaux<ref>{{harvsp|id=ELI|Elisseeff|2008|p=224-225}}</ref>. Parmi les autres lampes remarquables exhumées, il convient de signaler celle livrée par la tombe de la princesse Dou Wan à Mancheng, une lampe en bronze doré ayant la forme d'un personnage vêtu d'une robe ample tenant un luminaire, et démontable<ref>{{harvsp|id=ELI|Elisseeff|2008|p=204-205}}</ref>.
Fichier:Boshan Burner Inlaid with Gold.jpg|Brûle-parfum en bronze incrusté d'or, tombe de Liu Sheng, Mancheng, Hebei. Han occ. H: {{unité|26|cm}}. Face 1. Musée prov. du Hebei<ref>Exposition « Splendeur des Han. Essor de l'Empire Céleste ». Musée national des arts asiatiques - Guimet. Paris, 22 octobre 2014 - {{1er}} mars 2015. Catalogue : {{n°|30}}. Aussi : {{Lien web |langue=fr |titre=« The Chinese Hill Censer, ''boshan lu'': A Note on Origins, Influences and Meanings », par Jessica Rawson
Fichier:Boshan Burner Inlaid with Gold'.jpg|Autre face
Fichier:Brûle parfum, Han occidentaux, bronze, or ,turquoise et cornaline, Freer and Sackler Galleries, Washington D.C..jpg|Brûle-parfum, Han occidentaux, bronze, or, turquoise et cornaline, [[Freer Gallery of Art]], Washington<ref>{{Lien web| langue=en| url=http://asia.si.edu/collections/singleObject.cfm?ObjectNumber=F1947.15a-b| titre= Lidded incense burner (''xianglu'') with geometric decoration and narrative scenes| site= Freer/Sackler Smithonian's Museum of Asian Art|consulté le = 10 janvier 2010}}.</ref>.
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Fichier:Cernuschi Museum 20060812 060.jpg|Ornement de manche de parasol. Han occidentaux. Bronze incrusté. Musée Cernuschi. Paris.
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▲{{message galerie|Objets funéraires divers de la période Han.}}
===== Objets en soie =====
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Le second type de décors portés par les murs des sépultures des élites sont des peintures, après que la surface des tombes ait été recouverte d'enduit. La tombe de Bu Qianqiu, découverte à [[Luoyang]] ([[Henan]]) et datée de la première moitié du {{-s-|I}}, représente des scènes relevant de la mythologie funéraire, sous la forme du parcours qu'accomplit le défunt après son décès, accompagné par plusieurs animaux, sans doute vers une terre paradisiaque (l'ensemble reste difficile à interpréter)<ref>{{harvsp|id=ELI|Elisseeff|2008|p=222-223}}</ref>. Sous les Han postérieurs, les scènes mythologiques cèdent la place à des peintures représentant de façon idéalisée la vie du défunt, souvent en lien avec sa carrière administrative. Les peintures des chambres de la tombe de [[Horinger]] ([[Mongolie Intérieure]], v. 187) montrent ainsi l'ascension sociale du défunt : d'abord modeste administrateur vivant dans une petite résidence, il termine sa vie à un poste frontalier important, disposant de plusieurs domaines, dont un sur lequel sont élevés de nombreux chevaux, et lors de ses déplacements il monte un char luxueux et est accompagné d'une centaine de cavaliers<ref>{{harvsp|id=BLA|Blanchon|al.|1999|p=248-249}}</ref>.
Fichier:Tomb tile with dragon and warrior.jpg|Brique peinte avec un soldat en armes chevauchant un dragon. {{-s-|I}} Han Occidentaux. [[Luoyang]], [[Henan]]. R. Ontario Museum.
Fichier:CMOC Treasures of Ancient China exhibit - pictorial brick depicting a courtyard scene.jpg|Complexe de bâtiments rassemblant plusieurs cours, une halle, une tour, une fontaine et un bassin. Divers personnages et animaux. Bas-relief estampé sur brique. 40 × {{unité|48|cm}}. [[Chengdu]], [[Sichuan]].
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Fichier:Han Tomb Mural, Horses and Carts.jpg|Peinture murale : un domaine d'élevage de chevaux. Han Orientaux. [[Horinger]], [[Mongolie Intérieure]].
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▲{{message galerie|Décorations murales des tombes de la période Han.}}
== Activités savantes ==
=== Divination, médecine et exorcisme ===
Les pratiques divinatoires et curatives étaient intégrées dans le cadre de la cosmologie corrélative. La recherche de l'origine cosmique des phénomènes observés, aussi bien les phénomènes politiques, naturels, et des prescriptions sur la conduite à tenir pour s'y accorder étaient au centre des préoccupations intellectuelles de l'époque. Il convient dans toutes les situations de ne pas perturber l'ordre naturel sous peine de provoquer des malheurs (que ce soit une catastrophe naturelle, le chaos politique, la maladie). Ces pratiques étaient donc liées : la divination permettait de comprendre et de prévoir, et les pratiques curatives participaient à assurer la continuité de l'ordre ou son rétablissement quand on estimait qu'il avait été perturbé, de la même manière que les solutions politiques et les lois permettaient de rétablir l'ordre social. La cosmologie corrélative, en tant que fondement de la pensée chinoise de l'époque des Han et des périodes suivantes, guida également les préoccupations que l'on considère comme « scientifiques », visibles en particulier dans l'astronomie, liée à l'astrologie, et la médecine, liée à l'exorcisme et aux pratiques de culture de soi<ref>{{harvsp|id=CHE|Cheng|2002|p=301-302}}</ref>. Elles étaient avant tout pratiquées par les ''fangshi'', spécialistes des arts magiques et divinatoires, reprenant les traditions des chamanes (''wu'') mais marqués aussi par la pensée naturaliste et cosmologiste, ainsi que la littérature « apocryphe » (''chenwei'')<ref>{{harvsp|id=BLA|Blanchon|al.|1999|p=171-172}}. Sur ces personnages et leurs pratiques, voir aussi Ngo Van Xuyet, ''Divination, magie et politique dans la Chine ancienne'', Paris, 2002 ({{1re}} éd. 1976)</ref>.
[[Fichier:Mawangdui Astrology Comets Ms.JPG|vignette|Manuscrit astrologique de [[Mawangdui]] ([[Hunan]], première moitié du {{-s-|II}}) : représentations de comètes ?]]
==== Divination ====
Les formes de divination les plus en vogue étaient celles présentant des liens avec la cosmologie corrélative, s'intéressant à la prédiction des évolutions du cosmos et à l'observation des mouvements naturels et des anomalies dans celles-ci : la divination menée avec des jets de bâtons d'[[achillée millefeuille|achillée]], décrite dans le ''[[Livre des Mutations]]'' (''Yijing''), visant à observer et prévoir les mouvements du cosmos ([[achilléomancie]]) ; la prévision des jours fastes et néfastes pour certaines activités, attestée par des [[almanach]]s découverts dans plusieurs tombes de la période ; l'observation de l'apparence physique anormale d'êtres vivants ([[physiognomonie]]) ; l'analyse des rêves inhabituels ; l'observation des phénomènes naturels, en premier lieu astraux ([[astrologie]]), mais aussi terrestres (la [[géomancie]], ''[[fengshui]]'')<ref>{{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=182-183}}</ref>.
Ces pratiques eurent manifestement un impact sur les recherches scientifiques de l'époque, incitant les savants à améliorer leurs méthodes d'observation des phénomènes naturels, avec la mise au point de planches divinatoires, ou d'instruments plus élaborés comme le premier [[sismographe]] et la [[sphère armillaire]] de [[Zhang Heng]] (78-139)<ref>{{harvsp
[[Fichier:Qing Hao.jpg|vignette|alt=Photographie montrant une page d'un manuscrit écrit en caractères chinois. La page est très abîmée et est parsemée de trous de diverses tailles en bordure et au centre.|Manuscrit des ''Prescriptions pour les cinquante-deux types de maladies'' (''Wu Shi Er Bing Fang'') mis au jour à [[Mawangdui]] ([[Hunan]], première moitié du {{-s-|II}}).]]
==== Médecine et culture de soi ====
{{Article détaillé|Médecine traditionnelle chinoise}}
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Si les pratiques divinatoires et autres rituels se situaient en général dans une perspective macroscopique, à l'échelle de l'univers, les pratiques curatives étaient ancrées dans une perspective microscopique, celle du corps humain, conceptualisé comme un monde en miniature dans lequel circule le ''[[Qi (spiritualité)|qi]]'', suivant le principe d'harmonie et de similitude existant entre les différentes composantes du monde réel. Les textes de la fin des Royaumes combattants et des débuts de l'époque Han comme le ''[[Encyclopédie Guanzi|Guanzi]]'' et les textes médicaux des tombes de [[Mawangdui]] témoignent de l'essor des pratiques de culture de soi visant à prévenir le développement des maladies, qui résulteraient des perturbations de la circulation du ''qi'' dans le corps<ref>C. Despreux, « Culture de soi et pratiques d'immortalité dans la Chine antique des Royaumes combattants aux Han », dans {{harvsp|Lagerwey (dir.)|2009|p=241-275|id=LAG}} ; {{en}} R. Graziani, « The subject and the sovereign: exploring the self in early Chinese self-cultivation », dans {{harvsp|Lagerwey|Kalinowski (dir.)|p=459-517|2009|id=REL}} ; {{en}} M. Csikszentmihàlyi, « Ethics and self-cultivation practice in early China », dans {{harvsp|Lagerwey|Kalinowski (dir.)|p=519-542|2009|id=REL}}</ref>. Par exemple, étant donné que la phase de bois était censée favoriser la phase de feu, des ingrédients médicinaux associés à la phase de bois pourraient être utilisés pour guérir un organe associé à la phase de feu<ref>{{harvsp|id=CSI|Csikszentmihalyi|2006|pp=181–182}}</ref>.
Il convient de procéder à des exercices de gymnastique, de méditation, de contrôle de la respiration. Les remèdes pharmacologiques font l'objet de traités, comme ceux retrouvés à Mawangdui, et surtout le ''Traité des dommages du froid'' de [[Zhang Zhongjing]] (142-220) qui intègre ses conseils pharmacologiques avec l'évolution des phases de l'univers. L'[[acuponcture]] et la [[moxibustion]] se développent également à cette période ; les manuscrits de [[Wuwei (Gansu)]] et le ''Classique interne de l'empereur jaune'' (''[[Huangdi Nei Jing]]''), texte médical majeur de la période, présentent une division du corps en différents points sur lesquels il faut agir pour stimuler le ''qi'' en y plantant des aiguilles ou des moxas. Le spécialiste le plus renommé de ces techniques curatives de la fin de la période Han fut [[Hua Tuo]] (v. 140-208), élevé au statut d'Immortel durant les périodes ultérieures ; il pratiquait la chirurgie, utilisait l'[[anesthésie]] pour limiter la douleur de ses patients et prescrivait une pommade qui aurait accéléré le processus de guérison des blessures chirurgicales<ref name="A">{{harvsp
==== Exorcismes ====
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=== Astronomie ===
Les mathématiques étaient essentielles pour la création et l'utilisation du [[Calendrier chinois|calendrier astronomique]] ; un [[calendrier luni-solaire]] qui utilisait le Soleil et la Lune comme repères temporels tout au long de l'année<ref>{{harvsp|id=CUL|Cullen|2006|p=7}} ; {{harvsp|id=LLO|Lloyd|1996|p=168}}.</ref>. L'ancien calendrier Sifen, qui prenait comme base une année de 365<sup>1</sup>⁄<sub>4</sub> jours, a été remplacé en 104 {{av JC}} par le calendrier Taichu qui était basé sur une année de 365<sup>385</sup>⁄<sub>1539</sub> jours et un [[Mois lunaire]] de 29<sup>43</sup>⁄<sub>81</sub> jours<ref>{{harvsp|id=DW|Deng|2005|p=67}}</ref>. Cependant, l'Empereur [[Han Zhangdi]] finit par rétablir le calendrier Sifen, à cause de problèmes de calcul<ref>{{harvsp
Les astronomes chinois ont établi des [[Catalogue d'étoiles|catalogues d'étoiles]] et des enregistrements détaillés des comètes qui apparaissaient dans le ciel nocturne, y compris une observée en l'an 12 {{av JC}} et maintenant connue sous le nom de [[comète de Halley]]<ref>{{harvsp|id=CSI|Csikszentmihalyi|2006|pp=173–175}} ; {{harvsp|id=SUKI|Sun|Kistemaker|1997|pp=5, 21–23}} ; {{harvsp|id=BAL|Balchin|2003|p=27}}.</ref>.
Les astronomes de l'ère Han ont adopté un modèle [[Géocentrisme|géocentrique]] de l'univers, qu'ils voyaient comme une [[Sphère céleste|sphère]] entourant la terre située en son centre<ref>{{harvsp|id=DAU|Dauben|2007|p=214}}; {{harvsp|id=SUKI|Sun|Kistemaker|1997|p=62}} ; {{harvsp
=== Littérature ===
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==== Classifications, canons et commentaires ====
Les lettrés de la bibliothèque impériale fournirent un important travail de classification de la littérature de leur époque et des précédentes, donnant essor à la tradition bibliographique chinoise. En 26 av. J.-C., l'empereur [[Han Chengdi|Cheng]] ordonna à [[Liu Xiang (lettré)|Liu Xiang]] (77-6 av. J.-C.) de rassembler dans la bibliothèque impériale les différents ouvrages circulant dans l'empire et de réaliser un catalogue raisonné de ceux-ci (''Bielu''). Son fils [[Liu Xin]] (50 av. J.-C.-23 ap. J.-C.) en fit par la suite une version abrégée (''Qilüe''), puis [[Ban Gu]] (32-92 ap. J.-C.) produisit à son tour une autre version courte pour son ''[[Livre des Han]]''. Étaient alors distingués six types de récits : les écrits des «
▲Les lettrés de la bibliothèque impériale fournirent un important travail de classification de la littérature de leur époque et des précédentes, donnant essor à la tradition bibliographique chinoise. En 26 av. J.-C., l'empereur [[Han Chengdi|Cheng]] ordonna à [[Liu Xiang (lettré)|Liu Xiang]] (77-6 av. J.-C.) de rassembler dans la bibliothèque impériale les différents ouvrages circulant dans l'empire et de réaliser un catalogue raisonné de ceux-ci (''Bielu''). Son fils [[Liu Xin]] (50 av. J.-C.-23 ap. J.-C.) en fit par la suite une version abrégée (''Qilüe''), puis [[Ban Gu]] (32-92 ap. J.-C.) produisit à son tour une autre version courte pour son ''[[Livre des Han]]''. Étaient alors distingués six types de récits : les écrits des « six arts » (''liuyi''), qui comprennent les textes « classiques » (voir ci-dessous) constituant le socle de la culture des lettrés ; les écrits des « maîtres » (''zhuzi''), les penseurs/philosophes de l'époque pré-impériale et des débuts des Han, regroupés en plusieurs écoles (lettrés/confucéens, taoïstes, moïstes, légistes, sophistes, etc.) ; les chants et la poésie (''shifu'') ; les écrits militaires (''bingshu'') ; les textes cosmologiques, hémérologiques et divinatoires (''shushu'') ; les textes médicaux et pharmacologiques (''fangji''). Ce travail de classification s'accompagna d'un véritable processus d'édition, d'une ampleur considérable puisqu'il concernait des écrits anciens sur lamelles de bambou et de bois, circulant souvent sous plusieurs variantes, qui furent alors collationnés, réarrangés (avec la mise à l'écart de certaines parties jugées non authentiques), parfois transcrits et traduits dans une version actualisée, aboutissant à un corpus standardisé de textes. La découverte dans des tombes de manuscrits de ces textes dans des versions antérieures à cette période a révélé que certains d'entre eux ont pu connaître d'importantes modifications. Ce travail revêt donc une importance considérable dans l'histoire littéraire chinoise, puisque c'est sous leur version de cette époque qu'ont été transmis par la suite la plupart des textes pré-impériaux qui ont survécu jusqu'à nos jours<ref>{{harvsp|id=LIT1|Kern|2010|p=60-64}}</ref>.
Les lettrés de la période Han distinguaient parmi les ouvrages hérités des périodes plus anciennes un ensemble de textes jugés plus éminents, qui reçurent le qualificatif de « canon » (''jing''). Il s'agissait notamment d'ouvrages dont les premières phases de rédaction remontaient aux périodes des [[Zhou de l'Ouest]] et des [[Printemps et Automnes]] : le ''[[Classique des documents|Livre des documents]]'', le ''[[Classique des rites|Livre des rites]]'', le ''[[Livre des Odes]]'', le ''[[Livre des Mutations]]'', les ''[[Annales des Printemps et Automnes]]'' (et ses commentaires)<ref name=cla/>. Ces ouvrages étaient particulièrement prisés par l'école des lettrés/confucéens, qui débattaient avec ardeur sur laquelle des versions en circulation il fallait privilégier (« textes anciens » contre « textes modernes », cf. plus haut). D'autres ouvrages rédigés par des grands maîtres de la [[période des Royaumes combattants]] furent également distingués, comme le ''[[Mozi|Livre de Mozi]]'', le ''[[Daodejing|Livre de la voie et de la vertu]]'' de [[Laozi]], ou encore des ouvrages anonymes comme le ''[[Shanhaijing|Livre des monts et des mers]]'' et le ''[[Huangdi Nei Jing|Classique interne de l'empereur jaune]]''<ref>{{harvsp|id=LEW|Lewis|2007|p=209-210}}</ref>.
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==== Poésie ====
{{Article détaillé|Poésie Han}}
Le style littéraire le plus caractéristique de la dynastie est le ''[[fu]]'', sorte de long poème en prose déclamé et non chanté, selon la description qu’en fait le chapitre « Art et littérature » du ''Livre des Han'', ce qui le rapproche de la prose, même si le genre a des contours assez vagues<ref>{{harvsp|id=LIT1|Kern|2010|p=88-96}}</ref>. On voit l’origine de ce style dans les ''[[Chants de Chu]]'' (''Chu ci'') attribués à [[Qu Yuan]] et [[Song Yu]], élaborés entre le {{-s-|IV}} et le {{-s-|II}} et compilés par la suite, qui servirent de modèles de la poésie antique chinoise<ref>R. Mathieu dans {{harvsp|id=LIT|Lévy (dir.)|2000|p=45-49}}. {{harvsp|id=LIT1|Kern|2010|p=76-86}}.</ref>, et plus largement la rhétorique politique de la fin des Royaumes combattants (comme le chapitre ''fu'' (''fupian'') du ''[[Xunzi]]''). Les ''fu''s d’avant les Han et du début de la dynastie, appelés ''saofu'' (« ''fu'' lyrique »), sont de style plus libre, le poète exprimant ses sentiments à travers des descriptions de la nature ou des discussions politiques. Ils furent remplacés par un type plus structuré, vers encadrés par une introduction et une conclusion sous forme de questions-réponses, considéré ultérieurement comme le modèle du genre, le ''gufu'' (''fu'' ancien), au contenu plus descriptif. Le type le plus connu est le « grand fu » (''dafu'') décrivant avec un vocabulaire riche et abondant la splendeur des lieux et modes de vie de l’aristocratie, parfois sur un mode critique. À partir du milieu de la période des Han occidentaux, apparurent des ''fus'' plus courts au contenu plus intime. Parmi les grands maîtres du ''fu'' de la période Han, qui se sont souvent illustrés dans d'autres productions intellectuelles, on peut mentionner : [[Mei Sheng]] (?-141 {{av JC}}) dont le ''Qifa'' (''Sept incitations''), premier chef-d’œuvre du genre et modèle pour les poètes suivants<ref>J.-P. Diény dans {{harvsp|id=LIT|Lévy (dir.)|2000|p=219}}</ref> ; [[Sima Xiangru]] (177-111 {{av JC}}), premier grand maître de la poésie de cour classique, décrivant les palais, capitales, jardins et chasses impériales<ref>F. Martin dans {{harvsp|id=LIT|Lévy (dir.)|2000|p=283-285}}</ref> ; le penseur confucéen [[Yang Xiong]] (''Fu de Changyang'' dans lequel il critique le luxe de Chengdi) ; [[Ban Gu]], un grand historien mais aussi poète reconnu, marqué par le style des deux précédents<ref name="bangu" /> ; [[Zhang Heng]] (78-139), qui en plus d'être un inventeur renommé fut également connu par ses « ''fu'' des capitales » décrivant [[Chang'an]], [[Luoyang]] et [[Nankin|Nanyang]], capitales de l'Ouest, de l'Est et du Sud<ref>D. Holzman dans {{harvsp|id=LIT|Lévy (dir.)|2000|p=398-399}}</ref>.
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=== Supports d'écriture et invention du papier ===
Au {{-m|I
Le plus vieux morceau chinois connu de papier d'emballage est en [[Chanvre sauvage|chanvre]] et date du {{-s-|II}} Le processus standard de [[fabrication du papier]] aurait été inventé par [[Cai Lun]] (50-121 {{av JC}}) en 105 {{av JC}}<ref>{{harvsp|id=BUI|Buisseret|1998|p=12}} ; {{harvsp|id=NEED6|Needham|Tsien|1986|pp=1–2, 40–41, 122–123, 228}} ; {{harvsp|Day|McNeil|1996|p=122}}.</ref>. Cette date est toutefois remise en cause par les découvertes archéologiques, car des fragments de
=== Métallurgie et agriculture ===
Les preuves archéologiques et les écrits de l'époque, suggèrent que les [[Haut fourneau|hauts fourneaux]] existaient en Chine à la fin de la [[Période des Printemps et Automnes|période des printemps et des automnes]] (722 -481 {{av JC}}). Donc, dès cette époque, les Chinois peuvent convertir le [[minerai de fer]] en [[fonte brute]], qui peut être refondue dans un four de type [[cubilot]] pour produire de la [[Fonte (métallurgie)|fonte]]<ref>{{harvsp|id=WAG|Wagner|2001|pp=7, 36–37, 64–68, 75–76}}; {{harvsp|Pigott|1999|pp=183–184}}.</ref>. Les [[bas fourneau]]x n'existaient pas dans la Chine ancienne, mais dès la dynastie Han les Chinois ont produit du [[fer forgé]] en injectant de l'oxygène dans un four, provoquant ainsi la [[décarburation]] de la fonte{{sfn|Pigott|1999|pp=177, 191}}. La fonte brute et la fonte peuvent être transformées en fer forgé et en [[acier]] au moyen d'un procédé d'[[Affinage des métaux|affinage]]<ref>{{harvsp|id=WANG|Wang|1982|p=125}}; {{harvsp
[[Fichier:Iron scissors, E Han.JPG|vignette|upright|gauche|Paire de ciseaux en fer des Han orientaux.]]
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Les Chinois de l'époque Han utilisaient le bronze et le fer pour fabriquer toute une gamme d'armes, d'outils culinaires, d'outils de menuiserie et de produits domestiques<ref>{{harvsp|id=WAG|Wagner|1993|p=336}}; {{harvsp|id=WANG|Wang|1982|pp=103–105, 122–124}}.</ref>. Un résultat important de l'amélioration des techniques de production du fer a été la fabrication de nouveaux outils agricoles. Le [[semoir]] en fer à trois socs, inventé au {{-s-|II}}, a permis aux agriculteurs de planter les cultures en rangées au lieu de procéder à un [[Semis (agriculture)|semis]] à la main<ref>{{harvsp|id=GRE|Greenberger|2006|p=12}}; {{harvsp|id=COT|Cotterell|2004|p=24}}; {{harvsp|id=WANG|Wang|1982|pp=54–55}}.</ref>. La lourde [[charrue]] de fonte, également inventée pendant la dynastie Han, ne demandait qu'un seul homme pour la contrôler et deux bœufs pour le tirer. Elle était composée de trois socs, une boîte à graines, ou trémie, et un ancêtre du [[coutre]] pour retourner le sol. Elle pouvait semer entre 45,5 et {{unité|46|m|2}} de terre en une seule journée<ref>{{en}} S. Nishijima, « The economic and social history of Former Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=563-564|id=CHC}} ; {{en}} P. Ebrey, « The economic and social history of Later Han », dans {{harvsp|Twitchett (dir.)|1986|p=616-617|id=CHC}}.</ref>.
Pour protéger les cultures contre le vent et la sécheresse, l'intendant des grains Zhao Guo
=== Constructions et travaux publics ===
[[Fichier:Gao Yi Que2.jpg|vignette|Porte de pilier en pierre sculptée, appelée ''que'', d'une hauteur de {{unité|6|m}}, tombe de Gao Yi à Ya'an, province du [[Sichuan]], Han orientaux<ref>{{harvsp|id=LI|Liu|2002|p=55}}</ref>.]]
Le [[Bois (matériau de construction)|bois]] était le principal matériau de construction pendant la dynastie Han. Il a été employé pour construire des palais, des tours résidentielles de plusieurs étages, des bâtiments publics et des maisons individuelles<ref name="C">{{harvsp
Bien que les structures en bois de cette époque aient
Le type le plus commun de maison représentée dans les œuvres d'art Han est celle construite autour d'une cour<ref name="C" />. Des reproductions en céramique de bâtiments, comme des maisons et des tours, ont été trouvées dans les tombeaux Han. Peut-être ont-elles été disposées ainsi pour servir d'hébergement aux morts dans l'au-delà. Toujours est-il que ces reproductions fournissent des indices précieux sur cette architecture en bois. Elles semblent être fidèles à la réalité, car l'aspect et les décorations des tuiles en céramique des modèles réduits de tour, sont dans certains cas des copies exactes des tuiles de la période Han trouvées sur des sites archéologiques<ref>{{harvsp|id=STEI|Steinhardt|2005b|pp=283–284}}</ref>.
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Grâce aux sources littéraires datant de cette période, on sait qu'il existait alors en Chine plusieurs types de ponts en bois, comprenant des [[Pont en arc|ponts en arc]], des [[Pont suspendu|ponts suspendus]] simples et des [[Pont flottant|ponts flottants]]<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986d|pp=161–188}}</ref>. Cependant, il convient de préciser qu'il n'y a que deux références connues aux ponts en arc dans la littérature Han<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986c|pp=171–172}}</ref>, et une seule sculpture datant de cette période, qui a été retrouvée au Sichuan, représente un pont en arc<ref>{{harvsp|id=LI|Liu|2002|p=56}}</ref>.
[[Puits de mine|Des puits de mine souterrains]], dont certains atteignent des profondeurs supérieures à {{unité|100|m}}, ont été créés pour l'extraction du minerai de fer<ref>{{harvsp|id=LOE|Loewe|1968|pp=191–194}}; {{harvsp|id=WANG|Wang|1982|p=105}}.</ref>. De même, des forages et des [[Derrick|tours de forage]] ont été utilisés pour extraire de la [[Saumure|saumure minière]] et la transférer dans des fours où elle était distillée en sel. Les fours de distillation étaient chauffés par du gaz naturel, canalisé à la surface par des pipelines en bambou<ref>{{harvsp|id=LOE|Loewe|1968|pp=191–194}}; {{harvsp
=== Ingénierie mécanique et hydraulique ===
[[Fichier:Winnowing machine and tilt hammer.JPG|vignette|Poterie représentant deux hommes manipulant un [[Tarare (machine)|tarare]] avec une manivelle et un marteau incliné servant à pilonner le grain.]]
Les chercheurs chinois et les fonctionnaires considéraient traditionnellement que les activités scientifiques et techniques relevaient du domaine des artisans et des ouvriers manuels (''gongren''
L'archéologie moderne a permis de découvrir des œuvres d'art datant de la dynastie Han, représentant des inventions qui ne sont pas mentionnées dans les sources littéraires de l'époque. C'est ainsi grâce aux miniatures déposées dans les tombeaux Han, et non pas grâce aux sources littéraires, que l'on sait que la [[manivelle]] a été utilisée pour faire fonctionner les ventilateurs des [[Vannerie|machines à vanner]] qui séparaient le grain de la paille<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986c|pp=116–119, Plate CLVI}}</ref>. De même, le chariot [[odomètre]] a été inventé pendant la dynastie Han. Ce chariot a permis de mesurer les distances parcourues lors de voyages, en utilisant des figures mécaniques frappant des tambours et des gongs pour indiquer ladite distance<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986c|pp=281–285}}</ref>. Cette invention apparaît dans les œuvres d'art Han au {{s-|II}} de notre ère, mais les premières descriptions écrites détaillées n'apparaissent qu'au {{sap-|III}}<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986c|pp=283–285}}</ref>. Les archéologues modernes ont également découvert différents objets utilisés pendant la dynastie Han, comme une paire d'étriers coulissants métalliques utilisés par les artisans pour faire des mesures rapides. Sur ces étriers, on trouve des inscriptions indiquant l'année et le jour exact de leur fabrication, mais ce type d'outils n'est mentionné dans aucune source littéraire Han<ref>{{harvsp|id=LOE|Loewe|1968|pp=195–196}}</ref>.
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[[Fichier:EastHanSeismograph.JPG|vignette|upright|gauche|Réplique moderne du [[sismomètre]] de [[Zhang Heng]] de [[-132]].]]
La [[Roue à aubes|roue a aubes]] est mentionnée pour la première fois dans les sources chinoises pendant la dynastie Han. Vers l'an 20, le lettré Huan Tan mentionne que ce type de roue est utilisé pour actionner des engrenages qui soulèvent des marteaux en fer, lesquels sont utilisés pour battre, broyer et polir le grain<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986c|pp=183–184, 390–392}}</ref>. Cependant, en dehors de cet écrit, il n'y a aucune preuve suffisante d'utilisation d'un moulin à eau en Chine avant le {{s-|V}}<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986c|pp=396–400}}</ref>. [[Du Shi]] (??? - 38), l'Administrateur de la [[Commanderie (Chine)|Commanderie]] de Nanyang avait utilisé une roue à aubes pour actionner les [[Soufflet (outil)|soufflets]] d'un four. Son invention fut utilisée sur les soufflets à piston des [[Haut fourneau|hauts fourneaux]] et des [[cubilot]]s, ce qui permit l'obtention de [[Fonte (métallurgie)|fonte]] en fusion<ref>{{harvsp
La [[sphère armillaire]], une représentation tridimensionnelle des mouvements dans la [[sphère céleste]], a été inventée en Chine, pendant la dynastie Han au {{-s-|I}}<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986a|p=343}}</ref>. À l'aide d'une [[Clepsydre|horloge à eau]], d'une roue hydraulique et d'une série d'engrenages, l'astronome de la cour [[Zhang Heng]] (78-139 {{ap JC}}) a réussi à faire tourner mécaniquement sa sphère armillaire à anneaux métalliques<ref>{{harvsp
=== Cartographie, navires et véhicules ===
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[[Fichier:Eastern Han pottery boat.JPG|vignette|droite|Maquette en poterie datant de la période des Han orientaux représentant un bateau avec un [[gouvernail]] et une ancre.]]
Les preuves trouvées dans la littérature chinoise et grâce aux fouilles archéologiques, montrent que la [[cartographie]] existait en Chine avant le début de la dynastie Han<ref>{{harvsp|id=HSU|Hsu|1993|pp=90–93}} ; {{harvsp|id=NEE|Needham|1986a|pp=534–535}}.</ref>. Parmi les plus anciennes cartes découvertes datant des Han, il y a les cartes sur soie trouvées dans la tombe {{numéro|3}} de [[Mawangdui]] et datant du {{-s-|II}}<ref>{{harvsp|id=HSU|Hsu|1993|pp=90–93}} ; {{harvsp|id=HAN|Hansen|2000|p=125}}.</ref>. Le général Ma Yuan a créé la première carte en relief connue au {{s-|I}}, en utilisant du riz<ref>{{harvsp
Bien que l'utilisation d'une échelle graduée et d'une grille de référence pour les cartes n'aient pas été décrites en détail avant les écrits publiés par [[Pei Xiu]] (224-271), il y a des preuves indiquant qu'au début du {{sap-|II}}, le [[Cartographie|cartographe]] [[Zhang Heng]] a été le premier à utiliser à la fois des échelles et des grilles pour ses cartes<ref>{{harvsp
Les Chinois vivant à l'époque de la dynastie Han naviguaient en utilisant une grande variété de navires, bien différents de ceux des époques précédentes, comme le navire fortifié, ou ''lou chuan''. Le design de la [[jonque]] a été développé et finalisé durant cette période. Elle possède un gouvernail et une poupe avec une extrémité carrée, une coque à fond plat, sans quille ou étambot et de solides cloisons transversales au lieu des nervures structurelles que l'on trouve dans les navires occidentaux<ref>{{harvsp|id=TURN|Turnbull|2002|p=14}} ; {{harvsp|id=NEE|Needham|1986d|pp=390–391}}.</ref>. En outre, les navires des Han ont été les premiers au monde à être dirigés en utilisant un gouvernail à l'arrière et non une [[godille]], plus simple, qui était utilisée pour le transport fluvial. Cette innovation leur permettait de naviguer en haute mer<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986d|pp=627–628}} ; {{harvsp|id=CHU|Chung|2005|p=152}} ; {{harvsp
Bien que les chars de bœufs et les chariots aient été utilisés précédemment en Chine, la brouette a été utilisée pour la première fois par les Chinois au {{-s-|I}}<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986c|p=263–267}} ; {{harvsp|id=GRE|Greenberger|2006|p=13}}.</ref>. Des dessins datant de la dynastie Han représentant des chars tirés par des chevaux, montrent que le joug de bois datant de la [[Période des Royaumes combattants|période des royaumes combattants]], et qui était placé autour de la poitrine du cheval, a été remplacé par une sangle de cuir<ref>{{harvsp|id=NEE|Needham|1986c|pp=308–312, 319–323}}</ref>. Ce n'est que bien plus tard, sous les [[Dynastie Wei du Nord|Wei du Nord]] (386-534), que sera inventé le collier d'épaule<ref>{{harvsp|id=NEE||Needham|1986c|pp=308–312, 319–323}}</ref>.
== Honneur ==
L'[[astéroïde]] {{PM1|588255|Hantang}} est [[éponymie|nommé d'après]] la dynastie Han et la [[dynastie Tang]].
== Notes et références ==
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=== Références ===
{{références nombreuses|
== Bibliographie ==
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=== Généralités sur la Chine ancienne et médiévale ===
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Flora|nom1=Blanchon|et al.=oui|titre=Arts et histoire de Chine|volume=2|éditeur=Presses universitaires de Paris-Sorbonne|collection=Asie|lieu=Paris|année=1999|pages totales=496|isbn=2-84050-123-6|oclc=490634014|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9coh2s-2MZ4C&printsec=frontcover|id=BLA}}
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Jacques| nom1=Gernet| titre=Le Monde chinois| sous-titre=1. De l'âge du bronze au Moyen Âge, {{date-|2100 av. J.-C.}}-{{sap-|X}}| éditeur=[[Pocket]]| lieu=Paris| année=2006| isbn=
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Edward L.|nom1=Shaughnessy|directeur1=oui|traducteur=Marc Baudoux|titre=La Chine|éditeur=Taschen|lieu=Paris|année=2007|isbn=
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Henri| nom1=Maspéro| prénom2=Étienne| nom2=Balazs| titre=Histoires et institutions de la Chine ancienne| éditeur=Presses universitaires de France| collection=Annales du musée Guimet| série=Bibliothèque d'études| numéro dans collection=LXXIII| année=1967| id=INST}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Li Feng|titre=Early China|sous-titre=A Social and Cultural History|éditeur=Cambridge University Press|lieu=New York|année=2013|pages totales=367|isbn=978-0-521-71981-0|id=LI}}
*{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Charles O. Hucker|titre=China's Imperial Past|sous-titre=An Introduction to Chinese History and Culture|éditeur=Stanford University Press|lieu=Stanford|année=1975|pages totales=474|isbn=978-0-8047-0887-6}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Samuel Adrian Miles|nom1=Adshead|titre=China in World History|éditeur=MacMillan Press|lieu=Londres|année=2000|pages totales=434|isbn=0-312-22565-2
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John S.|nom1=Bowman|titre=Columbia Chronologies of Asian History and Culture|éditeur=Columbia University Press|lieu=New York|année=2000|pages totales=751|isbn=0-231-11004-9
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Patricia Buckley|nom1=Ebrey|titre=The Cambridge Illustrated History of China|éditeur=Cambridge University Press|lieu=Cambridge|année=1999|pages totales=352|isbn=0-521-66991-X|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=sHGdq4rLSTEC&printsec=frontcover
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John K.|nom1=Fairbank|prénom2=Goldman|nom2=Merle|titre=China|sous-titre=A New History, Enlarged Edition|éditeur=Harvard University Press|lieu=Cambridge|année=1998|isbn=0-674-11673-9|id=FM}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Ian W.|nom1=Fraser|titre=The Berkshire Dictionary of Chinese Biography|éditeur=Berkshire Publishing|lieu=Great Barrington|année=2014|pages totales=1657|isbn=978-1-933782-66-9|isbn2=1-933782-66-8
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Valerie|nom1=Hansen|titre=The Open Empire|sous-titre=A History of China to 1600|éditeur=W.W. Norton & Company|lieu=New York & Londres|année=2000|pages totales=458|isbn=0-393-97374-3|id=HAN}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Ray|nom1=Huang|titre=China|sous-titre=A Macro History|éditeur=M.E. Sharpe Inc., an East Gate Book|lieu=Armonk & Londres|année=1988|pages totales=277|isbn=0-87332-452-8
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=William Scott|nom1=Morton|prénom2=Charlton M.|nom2=Lewis|titre=China|sous-titre=Its History and Culture|éditeur=McGraw-Hill|lieu=New York|année=2005|isbn=0-07-141279-4|id=Mor}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=K.S.|nom1=Tom|titre=Echoes from Old China|sous-titre=Life, Legends, and Lore of the Middle Kingdom|éditeur=The Hawaii Chinese History Center of the University of Hawaii Press|lieu=Honolulu|année=1989|pages totales=160|isbn=0-8248-1285-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=j84ysksfk28C&printsec=frontcover
=== Études sur la dynastie Han ===
Ligne 692 ⟶ 693 :
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Michael|nom1=Loewe|titre=Everyday Life in Early Imperial China during the Han Period 202 BC–AD 220|éditeur=B.T. Batsford|lieu=Londres|année=1968|pages totales=208|isbn=0-87220-758-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=owVGITqnxR8C&printsec=frontcover|id=LOE}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Michael|nom1=Loewe|titre=Divination, Mythology and Monarchy in Han China|éditeur=Cambridge University Press|lieu=Cambridge, New York et Melbourne|année=1994|pages totales=353|isbn=0-521-45466-2|id=LOE3}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Denis
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Mark Edward|nom1=Lewis|titre=The Early Chinese Empires|sous-titre=Qin and Han|éditeur=Belknap Press|collection=History of imperial China|lieu=Londres|année=2007|pages totales=321|isbn=978-0-674-02477-9|oclc=71189868|id=LEW}}
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Michèle| nom1=[[Michèle Pirazzoli-T'Serstevens|Pirazzoli-T'Serstevens]]| titre=La Chine des Han| sous-titre=histoire et civilisation| éditeur=Presses universitaires de France| lieu=Paris| année=1982| pages totales=234| isbn=2-13-037681-9| id=PIZ}}
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* {{Article |langue = en | prénom1 = Howard| nom1 = Nelson|année= 1974|titre= Chinese maps: an exhibition at the British Library|périodique= The China Quarterly |volume= 58|passage= 357–362|doi= 10.1017/S0305741000011346}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Yoshiaki|nom1=Omura|titre=Acupuncture Medicine|sous-titre=Its Historical and Clinical Background|éditeur=Dover Publications|lieu=Mineola|année=2003|pages totales=287|isbn=0-486-42850-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=EZJRMxBOsBwC&printsec=frontcover|id=OMU}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Vincent C.|nom1=Pigott|titre=The Archaeometallurgy of the Asian Old World|éditeur=University of Pennsylvania Museum of Archaeology and Anthropology|lieu=Philadelphie|année=1999|pages totales=206|isbn=0-924171-34-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=AjUy9SA3vqcC&printsec=frontcover
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Colin A|nom1=Ronan|titre=The Shorter Science and Civilization in China : 4|éditeur=Cambridge University Press|lieu=Cambridge|année=1994|pages totales=334|isbn=0-521-32995-7|id=RON}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Kangshen|nom1=Shen|prénom2=John N.|nom2=Crossley|prénom3=Anthony W.C.|nom3=Lun|titre=The Nine Chapters on the Mathematical Art|sous-titre=Companion and Commentary|éditeur=Oxford University Press|lieu=Oxford|année=1999|isbn=0-19-853936-3|id=CCA}}
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=== Autres études ===
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bret|nom1=Hinsch|titre=Women in Early Imperial China|éditeur=Rowman & Littlefield Publishers|lieu=Lanham|année=2011|pages totales=237|isbn=978-0-7425-1872-8|isbn2=0-7425-1872-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3FBgwJbWAaYC&printsec=frontcover
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Grant|nom1=Hardy|prénom2=Anne Behnke|nom2=Kinney|titre=The Establishment of the Han Empire and Imperial China|éditeur=Greenwood Press|collection=Greenwood guides to historic events of the ancient world|lieu=Westport, CT|année=2005|pages totales=170|isbn=0-313-32588-X|oclc=835044351|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=LqoScufvff0C&printsec=frontcover|id=EST}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Rafe|nom1=de Crespigny|lien auteur1=Rafe De Crespigny|titre=A Biographical Dictionary of Later Han to the Three Kingdoms (23-220 AD)|éditeur=Brill|collection=Handbuch der Orientalistik|lieu=Leyde et Boston|année=2007|pages totales=1306|isbn=978-90-04-15605-0|isbn2=90-04-15605-4
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Pimpaneau|lien auteur1=Jacques Pimpaneau|titre=Les Chevaux célestes|sous-titre=l'histoire du Chinois qui découvrit l'Occident|éditeur=Philippe Picquier|lieu=Arles|année=2011|pages totales=123|pages=128|isbn=978-2-8097-0292-7}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Richard von Glahn|titre=The Economic History of China|sous-titre=From Antiquity to the Nineteenth Century|éditeur=Cambridge University Press|lieu=Cambridge|année=2016|isbn=|id=ECO}}
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=== Liens externes ===
* [http://www.chinamuseums.com/maoling%20m.htm Illustrations concernant l'art, sous les Han. Reproduction du célèbre cheval doré de l'Empereur des Han orientaux Han Wudi]
{{Liens}}
{{Palette|Civilisations antiques|Histoire de la Chine|Art chinois|Personnalités de la fin de la dynastie Han}}
{{Portail|civilisations asiatiques|bouddhisme|monde
[[Catégorie:Dynastie Han| ]]
[[Catégorie:Âge du bronze en Chine]]▼
[[Catégorie:Bouddhisme]]
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