Baia Mare

municipalité de Maramureș, Roumanie
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Baia Mare (littéralement « la grande mine », en roumain « mare » signifiant « grand » et « baie » étant un archaïsme roumain (que l'on trouve partout où il y a d'anciennes mines en Roumanie) équivalent au hongrois « bánya » signifiant « mine »[1] ; en hongrois : Nagybánya ; en yiddish : באניע, (Banya) ; en ukrainien : Бая-Маре ; en allemand : Frauenbach ou Neustadt ; en latin : Rivulus Dominarum, la « Rivière des Dames »), est une ville du județ de Maramureș, dans le nord-ouest de la Roumanie. Sa population s'élevait à 123 738 habitants en 2011.

Baia Mare
Nom officiel
(ro) Baia MareVoir et modifier les données sur Wikidata
Noms locaux
(ro) Baia Mare, (hu) Nagybánya, (de) FrauenbachVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Județ
Chef-lieu
Baia Mare (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Superficie
236 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Altitude
228 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Démographie
Population
108 759 hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
460,8 hab./km2 ()
Fonctionnement
Statut
Municipalité de Roumanie (en), chef-lieu de județ (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Chef de l'exécutif
Ioan-Doru Dăncuș (d) (depuis le )Voir et modifier les données sur Wikidata
Contient les localités
Baia Mare (d), Blidari (d), Firiza (d), Valea Neagră (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Jumelages
Hódmezővásárhely (depuis ), Hollywood (depuis ), Kitwe (depuis ), Nyíregyháza (depuis ), Serino (depuis ), Szolnok (depuis ), Wels (depuis ), Zalău, Ivano-Frankivsk (depuis ), Bielsko-Biała (depuis ), Combs-la-Ville (depuis le )Voir et modifier les données sur Wikidata
Histoire
Fondation
Identifiants
Code postal
430011–430435Voir et modifier les données sur Wikidata
Indicatif téléphonique
262Voir et modifier les données sur Wikidata
Immatriculation
MMVoir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Carte

La ville est un centre industriel, commercial et culturel, tristement connu pour la catastrophe de 2000, accident minier au cours duquel des tonnes de cyanure de l'industrie aurifère furent déversées dans le bassin hydrographique du Someș et de la Tisza à la suite de la rupture d'un barrage qui contenait des eaux contaminées. On a qualifié cette catastrophe de pire désastre écologique depuis Tchernobyl.

Une importante école de peinture, sous l'influence de l'impressionnisme et de l'expressionnisme a été fondée ici à la fin du XIXe siècle par des artistes venus des quatre coins du monde.

Géographie

Baia Mare est située dans la vallée de la rivière Sasar, un affluent de la Lăpuș. Elle se trouve dans une dépression, environnée par un relief montagneux carpathique au nord avec les monts Igniș (Munții Ignișului) et à l'est avec les monts Gutâi (Munții Gutâiului), et constitué de collines au sud dans les Dealurile Silvaniei.

Baia Mare est située à 97 km au nord de Cluj, à 408 km au nord-ouest de Bucarest, à 70 km de la frontière hongroise et à 50 km de la frontière ukrainienne[2].

Le deuxième centre urbain du județ est Sighetu Marmației, capitale historique de la Marmatie, ville située à 60 km au nord-est. Il faut franchir le col du Gutâi (987 m d'altitude) pour y parvenir.

Histoire

Des vestiges archéologiques montrent que ce territoire a été habité à partir du paléolithique supérieur. À l’âge du bronze apparaissent les Carpes, tribu Dace (des Thraces septentrionaux) dont le nom signifie « rocailleux » et qui a laissé son nom aux Carpates. Les caractères ethnographiques des Daces se sont mieux conservés dans la Marmatie voisine et autour de Baia-Mare, ce qui en fait une zone de grand intérêt pour les ethnologues.

La plus ancienne trace écrite de la ville remonte à l'année 1142, lorsque le roi hongrois Géza II encouragea les paysans et nobliaux de Lorraine, du Luxembourg et de Rhénanie à coloniser la Transylvanie alors hongroise pour la protéger de l'invasion des nomades Coumans.

Baia Mare est ensuite mentionnée dans un document de 1329 dans lequel elle est présentée comme un centre minier et une cité médiévale à majorité allemande, bénéficiant de larges franchises, sise dans le comitat hongrois de Satu Mare (Szatmár). Cette nouvelle attestation documentaire provient la chancellerie du roi de Hongrie, Charles-Robert d'Anjou. Mais c'est la chancellerie du roi Louis d’Anjou, le , qui détaille le mieux les institutions de la ville. L'Hôtel des monnaies de Baia Mare est mentionné pour la première fois en 1411 et présenté comme l'atelier le plus renommé de ce type en Transylvanie.

En 1446, le domaine de Baia Mare avec toutes ses mines devient la propriété du voïvode de Transylvanie, Jean Hunyadi, en remerciement pour son courage contre l’invasion ottomane. C'est à ses frais que l'on entreprend la construction de la cathédrale Saint Étienne ayant comme annexe « La Tour d’Étienne ».

En 1469, le roi Matthias Corvin émet un document important pour les citoyens de la ville : il s’agit du droit de renforcer les fortifications avec de hauts murs, des cloisons, des fossés, des palissades capables de repousser de puissants assiégeants. Baia Mare reçoit alors le rang de : « castrum » ou « castellum » (ville fortifiée). Malgré cela, en 1490 Baia-Mare est prise et pillée par les troupes polonaises du prince Jean Albert.

En 1526 la ville de Baia Mare devient la propriété du voïvode de Transylvanie, Jean Zapolya, période pendant laquelle on enregistre un déclin de la vie économique locale, les ressources de la ville étant dilapidées en coûteuses guerres par Zapolya et ses successeurs. Dans les années suivantes, la Réforme progresse parmi les Baïmarènes (comme on appelle ses habitants). L’année 1547 est remarquable pour la création d’une importante institution d’enseignement ; il s’agit de « Schola Rivulina », qui appartenait au culte reformé. Cette école s’est affirmée pendant plus de deux siècles comme un véritable berceau de culture, en fournissant un grand nombre de théologiens, de fonctionnaires, de juristes, de lettrés mais aussi d'ingénieurs des mines.

 
Vue d'une rue à Nagybánya, Lajos Tihanyi (1908)

Afin d’exprimer sa reconnaissance pour l’abolition de ses dettes par le voïvode valaque, Michel le Brave, en 1600, l’administrateur des mines Felician Herbstein ordonne l’émission, par l’Hôtel des Monnaies de Baia Mare, d’une médaille d’or qui représente le visage du voïvode : c'est l’une des plus belles réalisations du domaine numismatique.

En 1699 (Traité de Karlowitz) , comme toute la Transylvanie, Baia-Mare passe sous l'occupation autrichienne. Les tentatives, en 1703, du capitaine Pintea Viteazul (« le Brave »), au service du voïvode François II Rakoczi, de les en chasser, échoue. En 1748 les autorités autrichiennes créent à Baia Mare l'inspection minière (Obermat), et construisent un nouvel Hôtel des Monnaies.

En 1867, alors que le chemin de fer atteint Baia-Mare, l'autonomie de la principauté de Transylvanie est supprimée et l'empire d'Autriche devient la double monarchie austro-hongroise : Baia-Mare redevient une ville de province du royaume de Hongrie, où affluent des peintres (Károly Ferenczy, Vilmos Aba-Novák, Lajos Tihanyi…), attirés par les paysages alentour, des géologues, des collectionneurs de minéraux et des ethnologues venus étudier les villages valaques conservant des traditions et des pratiques médiévales. L’année 1889 voit la parution du premier hebdomadaire roumain « Gutinul », revue socio-littéraire et économique.

 
Nagy Bánya dans le Royaume de Hongrie en 1907

En 1920, le traité de Trianon attribue Baia-Mare à la Roumanie. La ville devient alors pendant vingt ans un chef-lieu de département. En 1940, la ville repasse sous la souveraineté de la Hongrie, soumise à la dictature de Miklós Horthy. Dans les années 1930, les Juifs de Baia Mare doivent subir l'antisémitisme de la Garde de fer. En 1941, Baia Mare devient un centre de recrutement du service du travail réservé aux Juifs. Toutefois, grâce à son commandant hongrois, le lieutenant-colonel Imre Reviczky, de nombreux Juifs peuvent échapper à la déportation[3]. Le , peu après l'occupation de la Hongrie par l'Allemagne nazie, un ghetto est établi dans l'ancienne verrerie Koenig, où doivent s'entasser jusqu'à 4 000 personnes, un autre ghetto est installé dans une grange pour 200 personnes, d'autres devant rester dehors. Les 5 917 Juifs concentrés dans ces deux ghettos sont déportés à Auschwitz en deux convois, respectivement le 31 mai et le . En 1945, la ville retourne à la Roumanie, rapidement soumise à la dictature communiste jusqu'en .

Depuis 1991, Baia-mare se développe surtout grâce au tourisme dans le Maramureș, mais reste un centre culturel, minier et industriel important.

Le , aux alentours de Baia Mare a eu lieu l'une des pires catastrophes écologiques après Tchernobyl : le déversement de cyanure provenant de l'exploitation minière d'Aurul. 287 500 m3 d’effluents contenant des cyanures (115 tonnes) et des métaux lourds contaminent une superficie de 14 ha et polluent la Sasar. Une « vague » de 30 à 40 km de long contenant des effluents cyanurés se propagera les jours et semaines suivantes sur la Lăpuș, le Someș, la Tisza et le Danube. La pollution atteint cinq pays : Roumanie, Hongrie, Serbie, Bulgarie et Ukraine.

Politique

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
Les données manquantes sont à compléter.
    Cristian Anghel PNL  
Les données manquantes sont à compléter.
2011 En cours Cătălin Cherecheş UNPR  
Élections municipales de 2016[4]
Parti Sièges Statut
Coalition pour Baia Mare 11
Parti national libéral (PNL) 3
Parti social-démocrate (PSD) 3
Parti Mouvement populaire 2
Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR) 2
Parti écologiste roumain (PER) 2

Démographie

Évolution de la population
AnnéePop.±%
1880 11 183—    
1890 9 838−12.0%
1930 13 904+41.3%
1941 21 404+53.9%
1948 20 959−2.1%
1956 35 920+71.4%
1966 62 658+74.4%
1977 100 985+61.2%
1992 149 205+47.7%
2002 137 921−7.6%
2011 123 738−10.3%

Composition ethnique

Au début du XXe siècle, la majorité de la population est hongroise. La proportion s'inverse au cours des deux décennies suivantes. Des Juifs commencèrent à s'établir à Baia Mare vers 1850, principalement des artisans, des entrepreneurs et des agriculteurs et la première synagogue ouvrit en 1887. La communauté juive disparut presque entièrement pendant la Seconde Guerre mondiale et il restait 950 Juifs à Baia Mare en 1947, qui émigrèrent pour la plupart au cours des décennies suivantes[5].

Répartition de la population par etnie
Année[6],[7] Roumains Hongrois Allemands Juifs Roms Ukrainiens Autres
Nb % Nb % Nb % Nb % Nb % Nb % Nb %
1880 4 544 40,63 6 271 56,08 225 2,01 31 0,28 52 0,46
1920 7 823 48,39 5 170 31,98 1 232 7,62 1 843 11,40 . 99 0,61
1930 9 747 54,52 5 680 31,77 168 0,94 1 987 11,11 164 0,92 7 0,04 54 0,30
1956 21 049 55,88 15 341 40,73 103 0,27 1 060 2,81 22 0,06 34 0,09 48 0,13
1977 73 877 73,16 25 591 25,34 440 0,44 270 0,27 465 0,46 192 0,19 97 0,10
1992 119 718 80,24 25 944 17,39 1 008 0,68 91 0,06 1 969 1,32 340 0,23 72 0,05
2002 116 821 84,70 19 687 14,27 249 0,18 2 0,00 733 0,53 254 0,18 165 0,12
2011 96 105 77,66 12 750 10,30 270 0,22 32 0,03 3 107 2,51 153 0,12 11 321 9,16

Religions

Selon le recensement de 2011, la répartition religieuse de la ville est la suivante[8] :

Économie

 
Cheminée devant assurer la dispersion des polluants de l'usine Phoenix, haute de 350 m, mise en service en 1995.

L'économie de la ville pendant la période communiste était fondée sur l'extraction minière des alentours et la transformation des métaux. Ces industries ont beaucoup souffert de la période de restructuration qui a suivi la révolution de 1989, le secteur entier ayant progressivement fait faillite, et les mines d'or, de cuivre, de plomb, les combinats Romplumb, Aurul et Phoenix sont maintenant inactifs.

En 2012, Baia Mare est la capitale roumaine du meuble [9] grâce notamment à l'usine Italsofa, une filiale du groupe italien Natuzzi S.p.A., dont le siège se trouve à Bari. En activité depuis 2002, cet établissement emploie environ 1 500 salariés et fabrique des canapés, fauteuils, canapés-lits extensibles, etc.

Tourisme

Le tourisme est un domaine d'avenir pour Baia Mare et sa région qui bénéficient de nombreux atouts tels que les lacs Firiza [10] et Mogoşa [11], les stations d'hiver Izvoare et Suior, ou encore des attractions culturelles, par exemple des églises en bois inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO [12], ou la colonie de peintres.

Sport

Rugby à XV

Patrimoine

  • Un intéressant « vieux centre », d'une structure carrée, typique des villes de province austro-hongroises, bordé de maisons bourgeoises de style hétéroclite, actuellement en cours de restauration.
  • La Tour des Bouchers, élevée en 1469, la seule des sept tours de défense du système de fortification de la ville ayant survécu.
  • Le Palais de la Monnaie construit en 1734 et qui abrite aujourd'hui une partie de Musée régional.
  • La Préfecture, construction contemporaine remarquable (1970) de l'architecte Mircea Alifanti.
  • Cheminée de la fonderie de cuivre Phoenix Copper Smelter, d'une hauteur de 351,5 mètres.

Transports

Routes

Voies ferrées

Baia Mare est reliée par le chemin de fer à Satu Mare et au réseau national, mais également à Budapest.

Aéroport

Baia Mare possède un aéroport (code AITA : BAY). L'aéroport est situé sur le territoire de la commune de Tăuții-Măgherăuș, à 6 km à l'ouest de la ville.

La compagnie roumaine Tarom assure des liaisons avec Bucarest. En 2008, l'aéroport a été déclaré aéroport international.

Jumelages

La ville de Baia Mare est jumelée avec[13] :

Notes et références

  1. (ro) « Baie », sur dexonline.ro (consulté le )
  2. Distances à vol d'oiseau ou distances orthodromiques.
  3. En 1962, Imre Reviczky fut distingué à titre posthume comme Juste parmi les nations.
  4. (ro) « Rezultate finale 5 iunie 2016 », sur www.2016bec.ro (consulté le )
  5. (en) Histoire des Juifs de Baia Mare sur www.jewishvirtuallibrary.org. Consulté le 16 février 2014.
  6. (hu) Varga E. Árpád, « Erdély etnikai és felekezeti statisztikája 1850-2002 » [PDF], sur kia.hu.
  7. (ro) « Tab8. Populația stabilă după etnie – județe, municipii, orașe, comune », sur Institut national de statistique (consulté le ).
  8. (ro) « Tab13. Populaţia stabilă după religie – judeţe, municipii, oraşe, comune », sur Institutul Național de Statistică din România (consulté le )
  9. (ro) Catalin Vischi , « Primele trei firme din Romania din industria mobilei sunt din Maramures », sur emaramures.ro, 4 septembre 2012.
  10. (fr) Association Gers-Roumanie : lac Firiza
  11. (fr) Tourisme Transcarpathie : Maramures
  12. (fr) Ensemble « Églises en bois de Maramureş »
  13. Orașe înfrățite

Liens externes

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