81 av. J.-C.
année
Cette page concerne l'année -81 du calendrier julien proleptique.
Événements
- En Égypte, fin du second règne de Ptolémée IX Sôter II.
- Bérénice III, fille de Ptolémée IX Sôter II et veuve de son oncle Ptolémée X Alexandre Ier, prend le titre de reine à la mort de son père, mais un fils de Ptolémée X, qui se trouve à Rome, rentre aussitôt en Égypte, épouse Bérénice, prend le nom de Ptolémée XI Alexandre II, puis fait assassiner sa femme.
Monde romain
- À Rome, consulat de Gnaeus Cornelius Dolabella, Marcus Tullius Decula.
- Début de la dictature de Sylla (fin en -79).
- Sylla confisque une partie du territoire des cités Étrusques de Chiusi, Arezzo, Fiesole et Volterra pour y installer ses vétérans comme colons. La loi « Valéria », qui ressuscite la magistrature de la dictature abandonnée depuis plus de cent ans, le nomme dictateur à vie. Élu par les comices, il obtient une compétence élargie et exceptionnelle. Il obtient des pouvoirs constituants —dictator legibus scrinbundis et rei publicae constituendae— et concentre entre ses mains, sans conditions de durée, la plénitude de l’autorité publique.
- Lucius Licinius Murena est rappelé d'Asie par Sylla. Fin de la deuxième guerre de Mithridate.
- Les marianistes d’Afrique détrônent le roi de Numidie orientale Hiempsal II, fils de Gauda, partisan de Sylla. Pompée intervient pour le restaurer.
- Loi Cornelia contre la vénalité du corps électoral (loi sur la brigue).
- Incendie du Capitole à Rome.
Économie & société
- L’œuvre réformatrice que Sylla entreprend pendant deux ans n’a pas de vocation monarchiste. Il veut rajeunir et renforcer le système républicain, en débarrassant l’oligarchie de ses ennemis, qui depuis les Gracques paralyse son action gouvernementale, et lui assurer la direction pleine et entière de l’État.
- Sylla frappe méthodiquement l’ordre équestre et le parti démocratique. Les partisans de C. Marius sont proscris et massacrés froidement : plus de deux mille victimes, dont au moins quarante sénateurs et seize cent chevaliers. Les biens des proscrits sont confisqués et vendus aux enchères. En Italie, les villes du Samnium, du Bruttium, de Lucanie, certaines villes d’Étrurie et d'Ombrie, sont dépouillées au profit des vétérans. Les fils et petits-fils des proscrits perdent leurs droits civils et politiques. La loi judiciaire et la loi sur la province d’Asie, favorable à l’ordre équestre, sont abrogées. Le monopole judiciaire, enlevé aux chevaliers, revient aux sénateurs. En Asie, le système du fermage fait place à la perception directe. Les chevaliers perdent leur place d’honneur au théâtre.
- La puissance du grand capitalisme comme ordre politique est brisée, comme celle du parti démocratique, qui reposait sur les comices et le tribunat : les comices tributes perdent leurs attributions législatives qui passent intégralement aux comices centuriates, qui sont ramenées à leur organisation primitive. Le tribunat est frappé dans son recrutement et dans sa compétence : Sylla interdit aux anciens tribuns l’accès des magistratures supérieures et le droit de veto des tribuns est restreint à sa forme primitive, subordonné à l’autorisation préalable du Sénat.
- Enfin, le Sénat romain, organe essentiel de l’oligarchie, prend la direction exclusive de l’État : le nombre de sénateurs passe à six cent. Son recrutement est assuré par l’augmentation du nombre annuel des questeurs. La censure est supprimée, assurant le caractère viager de la fonction sénatoriale. Le Sénat recouvre son droit de veto, auctoritas patrum, sur toutes les décisions législatives des comices. Il reçoit le droit de rappeler à son gré les gouverneurs de provinces ou de les laisser en fonction.
- Sylla entend mettre au service de l’oligarchie sénatoriale restaurée une solide clientèle, attaché par l’intérêt : vétérans, esclaves cornéliens, acheteurs des biens des proscrits. Les vétérans, au nombre de 120 000, reçoivent des terres en Italie, les uns sous forme de lots individuels, les autres par leur participation aux colonies militaires installées surtout en Italie centrale (Latium, Étrurie, Ombrie et Campanie). Les esclaves cornéliens, qui appartenaient aux proscrits et que Sylla avait affranchi en leur accordant le droit de cité, au nombre de 10 000, forment autour de Sylla une véritable garde du corps. Enfin la masse des acheteurs de biens des proscrits n’a pas intérêt à un changement de régime.
Naissances
Décès
- Septembre : Sextus Roscius, assassiné. Son fils, suspecté du meurtre, est défendu par Cicéron.