Antoine-Adrien Lamourette
Adrien Lamourette, né le à Frévent, mort guillotiné le à Paris, est un prêtre lazariste. Rallié à l'Église constitutionnelle, il devient le premier évêque constitutionnel. Homme politique de la Révolution française, élu député, il est l'instigateur du fraternel « baiser Lamourette » réconciliant temporairement les partis.
Évêque constitutionnel | |
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Prêtre catholique (à partir de ), homme politique |
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Diocèse de Toul |
Biographie
modifierFils d'artisans modestes, il entre en dans la congrégation des lazaristes et est ordonné prêtre en . D'abord premier vicaire à Arras, il est nommé professeur de philosophie au séminaire des lazaristes de Metz en . Quatre ans plus tard, il est transféré au séminaire lazariste de Toul dont il est le supérieur dans les années -[1]. À la suite du conflit avec les professeurs du séminaire, il décide de quitter la Congrégation de la Mission et finit par entrer au diocèse de Toul en 1784[2].
Adversaire de la théologie traditionnelle, il a pour ambition de concilier les « Lumières » et la religion. L'abbé Grégoire, son élève d'alors, saura retenir ses leçons. Transféré à Toul en , ses idées avancées le mettent en conflit avec Champorcin. En , il est chargé de la cure d'Outremécourt. À partir de , il réside à Paris où il est chapelain de Chaillot : il publie alors ses premiers ouvrages.
Partisan du retour à une Église débarrassée du faste qui écrase les fidèles pauvres, il souhaite réduire les privilèges du haut clergé. Les vœux de religion ne devraient plus entraîner de « mort civile ». Surtout, il prône la tolérance religieuse et tout en combattant les philosophes athées, il met à part Jean-Jacques Rousseau qui aime la vertu et la religion. En , il entre à l'académie d'Arras
En , il fait l'apologie de la prise de la Bastille, demande l'égalité pour les Juifs et justifie la sécularisation des biens ecclésiastiques. En , il commence sa collaboration avec Mirabeau et construit l'argumentaire du discours du qui tend à montrer que la Constitution civile du clergé est compatible avec les principes de la religion chrétienne comme avec ceux de la Révolution.
En , il prête serment à la Constitution civile du clergé. En , il collabore à nouveau avec Mirabeau à la rédaction du Projet d'adresse aux Français sur la Constitution civile du Clergé. Devenu familier de l'orateur, il croise chez lui Cabanis, Volney ou Garat.
Au début de , Mirabeau écrit une lettre à la société des Amis de la Constitution de Lyon ce qui permet à Lamourette d'être élu évêque constitutionnel sur le siège de Lyon le . Mais, il se heurte dans le diocèse à une vive opposition animée par Linsolas. De plus, à l'instar des autres évêques constitutionnels, il n'a jamais été reconnu tel par le pape Pie VI.
Il est élu député du Rhône-et-Loire à l'Assemblée législative. Le , il emploie pour la première fois dans un discours l'expression de démocratie chrétienne dont il semble être le créateur. Il se rend célèbre par ce qu’on appela le « baiser Lamourette » — un baiser fraternel, par lequel il proposait qu’on en finisse avec tous les différends entre les partis. La proposition qu’il fit en ce sens avec une ardeur extraordinaire le , fit une telle impression sur l’Assemblée que les députés des partis les plus hostiles se jetèrent dans les bras les uns des autres — cet acte généreux et spontané demeura néanmoins sans suite.
Lamourette proteste contre les massacres de septembre 1792, et lié aux Girondins, il soutient la révolte fédéraliste de Lyon (). Arrêté le près de Lyon, il est transféré à Paris, jugé par le tribunal révolutionnaire, condamné à mort et guillotiné le [note 1].
Œuvres
modifier- Considérations sur l'esprit et les devoirs de la vie religieuse, (1785);
- Pensées sur la philosophie de l’incrédulité (1786); [1]
- Délices de la religion; https://data.bnf.fr/fr/12528889/antoine-adrien_lamourette/
- Pensées sur la philosophie de la foi (1789); [2]
- Décret de l’assemblée nationale sur les biens du clergé justifié par son rapport avec la nature et les lois de l’institution (1789); [3]
- Désastre de la maison de Saint-Lazare, (1789);
- Observations sur l'État civil des Juifs, (1789); [4]
- Pasteur patriote (1790) ; [5]
- Hommage aux Lyonnois, par M. l'abbé Lamourette, sur son élévation à la dignité de l'épiscopat (1791)
- Discours prononcé par M. l'évêque, métropolitain du département de Rhône et Loire, avant le Te Deum, chanté le dimanche 25 septembre 1791, à l'occasion de la proclamation de la constitution de l'empire (1791)
- Le décret de l'Assemblée nationale, sur les biens du clergé, justifié par son rapport avec la nature et les lois de l'institution ecclésiastique (1791)
- Lettre pastorale de M. l'archevêque de Lyon, primat des Gaules, sur l'usurpation de son siège par le sieur Lamourette, soi-disant élû evêque du département de Rhône et Loire (1791)
- Instruction pastorale de M. l'évêque du département de Rhone et Loire, métropolitain du Sud-Est, a MM. les curés, vicaires et fonctionnaires ecclésiastiques de son diocese (1791)
- Mandement de M. l'évêque du départment de Rhône et Loire, métropolitain du Sud-Est, qui accorde provisoirement à MM. les curés des paroisses rurales, la permission de célébrer deux fois le saint sacrifice de la messe, les jours de dimanches et de fêtes seulement (1791)
- Avertissement pastoral de l'évêque du département de Rhône-et-Loire, métropolitain du Sud-Est, aux ecclésiastiques qui exercent dans son diocèse le ministère de la confession (1791)
- Lettre circulaire de M. l'évêque du département de Rhône et Loire, métropolitain du Sud-Est, aux municipalités, gardes nationales et habitans des paroisses rurales de son diocese (1791)
- Prones civiques; ou, Le pasteur patriote (1791)
- Discours pour la fête des canoniers-volontaires de l'armée parisienne, prononcé en l'église de Notre-Dame, le dimanche 4 décembre 1791 (1791)
- Observations contre l'article XV du projet de décret du Comité de législation, sur les troubles religieux : prononcées le 21 novembre 1791 (1791)
- Le décret de l'Assemblée nationale sur les biens du clergé, justifié par son rapport avec la nature et les lois de l'institution ecclésiastique (1791)
- Réponse de M. Lamourette, évêque de Lyon, a l'abbé Molin, son 2e. vicaire, au sujet des calomnieuses imputations qu'on a méchamment répandues dans cette ville contre cet évêque, vrai ami de la patrie, député à la 2e. législature (1792)
- Instruction pastorale de M. l'évêque du département de Rhône et Loire, métropolitain du Sud-Est, pour le carême de l'année 1792 (1792)
- Exhortation à l'occasion des troubles arrivés dans le département d'Eure et Loir (1792)
- Lettre pastorale. Pour le Carême de l'an 1793, second de la République francaise (1793)
Notes et références
modifierNotes
modifier- Dans son livre Tableau historique du diocèse de Lyon pendant la persécution religieuse de la grande Révolution française (1869), l'Abbé J. Durieux, archiviste de l'Archevêché de Lyon, cite une « rétractation » qu'il déclare avoir trouvée dans l'archive lyonnais, transmise par Lamourette, quelques jours avant d'être jugé et condamné, à l'abbé Jacques-André Émery et envoyée par celui-ci « à l'autorité ecclésiastique du diocèse de Lyon ». Il semble pourtant que personne n'ait vu ce document dès lors :
« Sur le point d'être jugé par des hommes, pour avoir voulu m'opposer aux désordres de l'esprit d'anarchie et de licence, et vraisemblablement sur le point d'être jugé au tribunal de Dieu pour mes péchés et pour toutes les fautes de ma vie, dont je lui demande sincèrement et humblement pardon, et que j'espère fermement de sa grande miséricorde, à cause des satisfactions et des mérites infinis de Jésus-Christ, notre Sauveur; je déclare que je me repens de tout mon cœur, de tout ce que j'ai dit, fait et écrit, tenant à appuyer les principes d'après lesquels on a fait en France des changements si funestes à la religion, et par conséquent au véritable bonheur des Français. Je demande pardon à Dieu et aux vrais enfants de l'Église d'avoir coopéré à ces mutations déplorables par un serment que le Saint-Siège a condamné, et que je révoque par la présente déclaration, laquelle je désire être connue et publiée, lorsque la cessation de la persécution actuelle permettra au dépositaire de mes sentiments et de mon repentir de la faire connaître. Je demande pardon à Dieu d'avoir reçu la consécration épiscopale dont j'étais indigne, et à l'Église d'avoir rempli un siège qui n'était pas vacant, d'avoir violé les lois saintes de la discipline et méconnu l'autorité et la supériorité du souverain Pontife et du Saint-Siège. Fait aux prisons de la Conciergerie de Paris, ce sept janvier de l'an de Notre Seigneur, mil sept cent quatre-vingt-quatorze (Abbé J. Durieux, Tableau historique du diocèse de Lyon pendant la persécution religieuse de la grande Révolution française d'après des monuments authentiques déposés dans les archives de l'archevéché, Lyon, Librairie ecclésiastique et classique de Briday, , 528 p. (lire en ligne), p. 266-268). »
Références
modifier- Félix CANTASSOT C.M., Les Lazaristes dans le diocèse de Toul avant la Révolution (1635-1791), Paris, , 143 p. (lire en ligne), p. 18 et 77
- (en) « The French Revolution and the Congregation of the Mission », sur famvin.org (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- Danielle Menozzi, « Philosophes» e « Chrétiens éclairés » Politica e religione nella collaborazione di G. H. Mirabeau e A. A. Lamourette (1774-1794), compte rendu par Godechot, Jacques, dans Revue belge de philologie et d'histoire, 1980, vol. 58, no 2, p. 525-527. [6]
- Caroline Chopelin-Blanc, Adrien-Lamourette (1742-1794). De l'apologétique à l'Église constitutionnelle, 2 vol. 768 et 784 p., Thèse soutenue à l’Université Lyon III le
Liens externes
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