Campagne de Syrie (1941)

invasion par les Alliés de la Syrie et du Liban lors de la Seconde Guerre mondiale

La campagne de Syrie, ou opération Exporter, désigne l'invasion par les Britanniques de la Grande Syrie (actuellement Syrie et Liban), alors contrôlée par le gouvernement français, lors de la Seconde Guerre mondiale entre juin et après que la région a servi de support à des activités allemandes lors de la guerre anglo-irakienne.

Campagne de Syrie
Description de cette image, également commentée ci-après
Offensive des troupes alliées depuis l'Irak.
Informations générales
Date 8 juin -
(1 mois et 6 jours)
Lieu Syrie, Liban
Issue Victoire des Alliés
Belligérants
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la France France libre
Drapeau de l'Empire britanniques des Indes Raj britannique
Drapeau de la Tchécoslovaquie Forces tchécoslovaques libres
Drapeau de la Palestine Palestine
Jordanie Transjordanie
Drapeau de l'État français État français
Syrie Syrie
Liban Liban
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Drapeau du Royaume d'Italie Royaume d'Italie
Commandants
Drapeau de l'Australie John Lavarack

Drapeau du Royaume-Uni Henry Maitland Wilson

Drapeau de la France Paul Legentilhomme
Drapeau de la France Henri Dentz
Forces en présence
Australiens :
18 000 hommes
Britanniques :
9 000 hommes
Français libres :
5 000 hommes
Indiens :
2 000 hommes
Français et soldats coloniaux :
32 000 hommes
Syriens et Libanais :
17 000 hommes
Pertes
Australiens :
416 tués
1 136 blessés
Britanniques et Indiens :
600 tués et blessés
Français :
300 tués (164) et blessés
1 066 tués et 2 341 blessés
3 004 capturés

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Batailles et opérations des campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


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Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

L'invasion du Levant français (opération Exporter du au ) est menée sous le commandement en chef du général britannique Henry Maitland Wilson avec des troupes notamment britanniques, indiennes, australiennes et françaises libres.

Contexte

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En avril 1941, les Britanniques sont chassés de Grèce, et, en mai, ils perdent la Crète. Les positions britanniques en Palestine et en Égypte sont menacées par la possibilité directe des Allemands d'envahir la Palestine par la Syrie et donc de prendre le canal de Suez, axe stratégique. En effet le 1er avril 1941, en Irak, Rachid Ali al-Gillani, premier ministre d'Irak pro-allemand, tente un coup d'État.

Les Allemands veulent soutenir Rachid Ali et demandent à Vichy de disposer de l'aérodrome d'Alep en Syrie. Philippe Pétain envoie François Darlan à Berlin pour donner son accord et envoie le 15 mai 1941 un courrier au général Dentz, commandant les troupes au Levant.

Charles de Gaulle, prévenu par les Britanniques, décidera de proposer alors à Winston Churchill de reprendre la Syrie vichyste pour neutraliser les forces vichystes et allemandes qui soutiennent le putsch irakien. De son côté, Adolf Hitler a déjà pris quelques dispositions pour préparer le terrain : — envoi de matériel, visite d'officiers ou de « spécialistes » en civil, installation de baraquements et d'une base militaire sur la base de Neirab, près d'Alep[1]. Le service secret britannique a alors alerté Churchill, qui a décidé de franchir le pas. Il a nommé Archibald Wavell commandant en chef, chargé le général Maitand « Jumbo » Wilson de mener à bien l'opération, et fait prévenir de Gaulle.

Préparatifs

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L'attaque doit se dérouler selon trois axes depuis la Palestine : le premier longe la côte jusqu'à Beyrouth ; le deuxième plus à l'est, sur Damas ; le troisième pique au centre au milieu des montagnes pour couvrir le flanc des deux premiers[2].

La marine britannique doit couvrir le premier axe avec sa puissante artillerie navale. Les Britanniques ont quelque 70 avions en Palestine à opposer aux 92 Français de Syrie[2]. Sur ces 92 avions, un tiers est défectueux, et un autre tiers sera détruit par les forces britanniques[3]. Ils peuvent aussi compter sur leur aviation basée à Chypre.

Effectifs des forces en présence

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Troupes alliées

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Les troupes alliées sont composées de : 18 000 Australiens (commandés par le lieutenant-général John Lavarack), 9 000 Britanniques, 2 000 Indiens (du général Lloyd), 5 000 membres des Forces françaises libres, qui sont commandées par le général Paul Legentilhomme. Le 26 mai, De Gaulle en personne passe ses troupes en revue au camp de Qastina : 7 bataillons et une compagnie de chars, présentés par Legentilhomme[4].

Troupes françaises

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Au 1er juin 1941, les troupes de Vichy de l'armée du Levant commandées par le général Henri Dentz, regroupent 50 000 hommes dont 12 000 Français, 20 000 soldats « indigènes » nord-africains et coloniaux et 17 000 autochtones syriens et libanais[5]. L’infanterie de l’armée régulière compte 20 bataillons[6] :

Elles ont donc l'avantage du nombre, et surtout de 90 chars opérationnels (contre 9 pour les FFL)[2].

Déroulement

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Des soldats australiens devant des Morane-Saulnier MS.406 français sur l'aérodrome d'Alep en juin 1941.

L'attaque commence à 2 h du matin le 8 juin[2]. Dentz croit qu'il s'agit d'une intimidation britannique visant à faire évacuer les Allemands et fait donc rapatrier les Allemands par avion, en vain[2]. Un peu avant 14 h, les Australiens sont déjà devant Tyr, où ils sont bien accueillis (comme à Tibnine)[2]. Ils ont plus de mal à franchir le Litani où les vichystes ripostent[2]. Les marines britannique et française s'affrontent le long des côtes. Le 10 juin, la 7e division australienne d'infanterie du général australien Sir John Lavarack avance le long de la côte de Saint-Jean-d'Acre (Palestine) vers Beyrouth, couverte par les canons de la marine britannique, la 5e brigade indienne d'infanterie et les Français libres progressant à l'intérieur vers Damas. Le 14 juin, les troupes britanniques constatent l'absence de troupes allemandes en Syrie, mais continuent néanmoins leur offensive. Le 15 juin, les Forces françaises libres subissent de lourdes pertes devant Néjah, quelques kilomètres au sud de Damas[7]. Le même jour, la Luftwaffe réalise des frappes sur les positions navales britanniques. Le 16 juin, le Chevalier Paul, un contre-torpilleur venu de Toulon de la classe Vauquelin, se fait torpiller[8] par des avions Swordfish basés à Chypre, et des avions français endommagent deux destroyers britanniques[2].

Cependant, à partir du 17 juin, la bataille de Kissoué s'enlisant, de nouvelles forces sont engagées (6e division britannique d'infanterie qui intègre alors la 5e brigade indienne, 10e division indienne d'infanterie et la Habforce). Lavarack prend alors le commandement terrestre des opérations menées dans le Sud de la Syrie et au Liban. À compter du 18 juin, il commande toutes les unités sauf la Habforce, la 10e division indienne et la 1re division légère française libre du général Legentilhomme. La Habforce et la Légion arabe pénètrent en Syrie, par l'Irak, le 21 juin.

Les Forces françaises libres entrent à Damas le samedi 21 juin 1941.

Le 25 juin, le sous-marin français Souffleur est coulé par le sous-marin britannique HMS Parthian au large de Beyrouth.

Les combats cessent le 12 juillet à h 1. L'armistice de Saint-Jean-d'Acre est signé entre le général Henry Maitland Wilson représentant les Alliés et le général Joseph de Verdilhac représentant Vichy le 14 juillet 1941, à Saint-Jean-d'Acre en Palestine mandataire. Pour le général Dentz, les soldats étaient "isolés et sans secours possible". Le général Georges Catroux représentant la France libre est présent aux négociations mais n'est pas invité à signer l'accord[9].

Les pertes sont lourdes pour les Australiens, qui ont fait la partie la plus dure de la bataille : 416 tués[2] ; 600 tués et blessés pour les Britanniques et Indiens[2] et 300 tués et blessés parmi les Forces françaises libres[2] qui ont engagé pour cette opération presque toutes leurs forces terrestres.

Les vichystes enregistrent des pertes de plus de 3 300 soldats, sous-officiers et officiers : 1 094 tués et 2 350 blessés[2],[10]. Parmi ces 1 094 tués, 1038 étaient de l'armée de terre (76 officiers, 256 sous-officiers et 704 soldats) et 56 étaient membres de l'aviation (7 officiers et 13 officiers disparus, ainsi que 23 sous-officiers et 13 disparus)[11]. Environ 3 000 militaires des forces vichystes sont de plus faits prisonniers. Il est proposé à ces militaires de rejoindre les Forces françaises libres pour continuer le combat contre l'Allemagne et ses alliés, mais très peu se rallient alors à la France libre (quelques dizaines seulement).[réf. nécessaire]

Notes et références

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  1. Bernard Saint-Hillier, « La campagne de Syrie », sur france-libre.net, .
  2. a b c d e f g h i j k et l J. Laffin, Connaissance de l'histoire, juin 1982, Syrie 1941, p. 40-45.
  3. Jacques Benoist-Méchin, De la défaite au désastre, tome 1, Paris, Albin Michel, , 476 p. (ISBN 2-226-02196-5), Chapitre 12, page 164 -165
  4. Henri Lerner : "Avec De Gaulle, en Palestine", Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, 1992, pp. 601-624
  5. Maurice Albord, L’Armée française et les États du Levant – 1936-1946, CNRS Éditions, coll. « Moyen-Orient », 2000, p.130
  6. Eric de Fleurian, Campagne de Syrie - 8 juin au 12 juillet 1941, site les-tirailleurs.fr
  7. Yannis Kadari, « L'épopée du Royal Cambouis : La compagnie de chars des FFL au combat (1940-41 - première partie) », Batailles et Blindés, Caraktère, no 1,‎ , p. 4-15
  8. Henri Guiot, « Torpillage du Chevalier Paul », sur Philippe Tailliez, (consulté le ).
  9. Antoine Hokayem, « La France et le Levant de 1940 à 1943 : l'indépendance du Liban et de la Syrie », Cahiers de la Méditerranée, vol. 48, no 1,‎ , p. 83–118 (DOI 10.3406/camed.1994.1112, lire en ligne, consulté le )
  10. https://www.awm.gov.au/military-event/E295/.
  11. Robert Aron, Histoire de Vichy, Paris, Fayard, , 766 p., p.448

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie et sources

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  • Basil Hart (trad. de l'anglais par Jean-Paul Constantin, préf. Général Beaufre, postface Général Beaufre), Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Fayard, , 741 p. (ISBN 978-2-213-00100-5).
    Vision britannique des opérations militaires par le capitaine Liddel Hart (1895-1970).
  • Maurice Albord (préf. Pierre Messmer), L'armée française et les États du Levant : 1936-1946, Paris, CNRS éd, coll. « Moyen-Orient », , 336 p. (ISBN 978-2-271-05713-6, lire en ligne).
  • Michel-Christian Davet, La Double affaire de Syrie, Fayard, 1967.
  • Henri de Wailly, Syrie 1941 : la guerre occultée : Vichystes contre gaullistes, Paris, Perrin, , 504 p. (ISBN 978-2-262-02114-6).
    Point de vue de l'armée de Syrie, hostile à Churchill et de Gaulle, mais aussi critique à l'égard de Darlan.
  • Rudolf Rahn (trad. de l'allemand par Georges Lévy), Un diplomate dans la tourmente [« Ruheloses Leben »], Paris, Déterna éd, , 386 p. (ISBN 978-2-36006-066-5).
  • André Laffargue, Le général Dentz, Les Îles d'Or, 1954.
  • Yves Gras, La 1ère DFL : les Français libres au combat, Paris, Presses de la Cite, coll. « Troupes de Choc », , 446 p. (ISBN 978-2-258-01282-0).
  • François Garbit et Pierre Messmer, Dernières lettres d'Afrique et du Levant : 1940-1941, Saint-Maur-des-Fossés, Editions Sépia, , 166 p. (ISBN 978-2-84280-031-4) (ISBN 2842800311 et 978-2842800314).
  • Pierre Quillet (récit de 70 Anciens), Le Chemin le plus long – Chronique de la compagnie de chars de combat du général de Gaulle, 1940-1945, 4 volumes, Mémoires d'Hommes, Paris, 1997 ; réédité en 2005 (ISBN 2-84367-015-2) ; autre édition Pierre Quillet (préf. général Georges Buis), Le chemin le plus long : chronique de la Compagnie de chars de combat du général de Gaulle (1940-1945), Paris, Maisonneuve et Larose, , 723 p. (ISBN 978-2-7068-1253-8).
  • Pierre Montagnon, La Grande histoire de la Seconde Guerre mondiale (10 volumes), Éditions Pygmalion – Gérard Watelet.
  • David Smiley, Au cœur de l'action clandestine – Des Commandos au MI6, L'Esprit du Livre Éditions, coll. « Histoire & Mémoires combattantes », 2008 (ISBN 978-2-915960-27-3) ; traduction de (en) Michael Russell, Irregular Regular, Norwich, 1994 (ISBN 978-0859552028).
    Cet officier britannique participa notamment aux campagnes d'Irak, de Syrie et d'Iran de 1941, détaillées dans ses mémoires.
  • Raphaël Onana, Un homme blindé à Bir-Hakeim : récit d'un sous-officier camerounais qui a fait la guerre de 39-45, Paris, Harmattan, , 267 p. (ISBN 978-2-7384-4239-0, lire en ligne).
  • (en) « Rapport du général Archibald Wavell sur les opérations en Irak et en Syrie du 7 février au 15 juillet 1941, pages 3438 et suivantes », (en) London Gazette du 2 juillet 1946.
  • (en) « Rapport du général Archibald Wavell sur les opérations en Irak, en Syrie et en Iran du 10 avril 1941 au 12 janvier 1942 », (en) London Gazette du 13 août 1946.
  • J. Laffin, « Syrie 1941 », Connaissance de l'histoire mensuel, Hachette, no 46,‎ , p. 40-45.

Liens externes

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