Fernand Labori
Fernand Gustave Gaston Labori, né à Reims le et mort à Paris le , est un avocat et homme politique français.
Fernand Labori | |
Fernand Labori en 1914. | |
Fonctions | |
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Député français | |
– (3 ans, 11 mois et 30 jours) |
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Élection | 6 mai 1906 |
Circonscription | Seine-et-Marne |
Législature | IXe (Troisième République) |
Groupe politique | Gauche radicale |
Prédécesseur | Louis Girod |
Successeur | Jacques-Louis Dumesnil |
Biographie | |
Nom de naissance | Fernand-Gustave-Gaston Labori |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Reims |
Date de décès | (à 56 ans) |
Lieu de décès | Paris |
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Biographie
modifierAvocat renommé
modifierFils d’un inspecteur des chemins de fer de l’Est, il devint l'un des avocats les plus talentueux du barreau de Paris[1]. Il fut conseiller général, député de Seine-et-Marne en 1906-1910[2].
Avocat au barreau de Paris à partir du 11 novembre 1884, il fut élu deuxième secrétaire de la Conférence du stage (1887-1888), membre du Conseil de l'Ordre (1905-1909 et 1910-1917), puis bâtonnier du barreau de Paris[2] (1911-1913).
Il fut le défenseur d'Alfred Dreyfus devant le conseil de guerre, au procès de Rennes[2] en 1899. C'est Louis Leblois qui le convainc, en , de venir défendre Lucie puis Alfred Dreyfus. Durant ce procès, le 14 août, il fut victime d’une tentative d’assassinat – une balle tirée dans le dos – après avoir marché seul sur le quai de Richemont à Rennes. Il s'apprêtait à rejoindre Edmond Gast et Marie-Georges Picquart qu'il venait d'apercevoir, lorsque le coup de feu l'atteint[2],[3].
Après Rennes, et dans le sillage de Picquart, il se sépare bruyamment des Dreyfus, coupables à ses yeux de se satisfaire de la grâce et de travailler d'accord avec le gouvernement à imposer l'amnistie. Sa rancœur lui fait alors écrire des pages terribles dans lesquelles il célèbre Drumont et s'en prend aux juifs avec des mots que n'auraient pas reniés ses adversaires de 1898-1899[4].
Juriste autant qu’orateur, Labori collabora activement à La Gazette du Palais, dont il fut le rédacteur en chef (1892-1895), puis fonda en 1897 et dirigea la Revue du Palais, qui devint plus tard la Grande Revue. Il (co)défendit Guillaume Apollinaire au moment de son incarcération en septembre 1911.
Son talent oratoire, difficilement transposable à l'écrit, a été souligné par René Benjamin dans des longues pages de son ouvrage sur les gens de justice[5].
Procès célèbres
modifierFernand Labori fut le défenseur :
- d'anarchistes, jeune avocat en janvier 1887, il est commis d'office pour défendre Clément Duval [6], membre du groupe anarchiste La Panthère des Batignolles puis Auguste Vaillant[2] ;
- de Lucie Dreyfus, épouse d'Alfred Dreyfus[2] dans le procès Esterhazy,
- d'Émile Zola[2] en 1898 ;
- du capitaine Dreyfus,
- du Lieutenant-Colonel Marie-Georges Picquart emprisonné puis dans les procès en diffamation contre la presse anti-dreyfusarde,
- de Thérèse Humbert, en 1903[2],[7] dans l'affaire de l’héritage Crawford ;
- de Henriette Caillaux, épouse de Joseph Caillaux, en 1914.
Mort
modifierIl meurt le en son domicile dans le 9e arrondissement[8], et est inhumé au cimetière du Montparnasse (29e division)[9].
Au cinéma
modifierDans le film J'accuse (2019) de Roman Polanski, son rôle est joué par Melvil Poupaud.
Notes et références
modifier- « La grande éloquence tempétueuse, la défense pied à pied, l'offensive impétueuse, le débattement acharné. » in Charles Péguy, Œuvres en prose : Hommage à Bernard Lazare, vol. 1, Paris, Pléiade, p. 1211.
- « Fernand Labori (1860 - 1917) », sur dreyfus.culture.fr (consulté le ).
- « Odieux attentat - Labori grièvement blessé », L'Aurore, (lire en ligne)
- Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Paris, Les Belles Lettres, , p. 937-972. Voir aussi : Philippe Oriol, « Un nouveau Picquart par Christian Vigouroux, blog de la SihaD
- René Benjamin, Le palais et ses gens de justice, Paris, Fayard, , 378 p., p. 318 - 378
- Jacques Prolo, Les anarchiste, Paris, Marcel Rivière, (lire en ligne), p. 29 à37
- Frédéric Chauvaud, « Les millions et les picaillons de la « Grande Thérèse » (1878-1903) », dans Impossibles victimes, impossibles coupables : Les femmes devant la justice (xixe-xxe siècles), Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-6671-2, lire en ligne), p. 213–228.
- Archives de Paris, Décès du 9e arrondissement, année 1917, cote 9D 127, acte no 432, page 4/31.
- Registre journalier d'inhumation de Paris Montparnasse de 1917, en date du 17 mars (page 18/31).
Bibliographie
modifier- Annuaire de la guerre, Association amicale des anciens élèves du lycée de Reims, impr. Matot-Braine (Reims), 1920 sur Gallica.
- Marguerite Labori, Labori, ses notes manuscrites, sa vie, Paris, V. Attinger, , 412 p.
- Thierry Lévy et Jean-Pierre Royer, Labori, pour Zola, pour Dreyfus, contre la terre entière, un avocat, Paris, L. Audibert, , 271 p. (ISBN 2-84749-083-3).
- Philippe Oriol, Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.
- Christian Vigouroux, Georges Picquart, dreyfusard, proscrit, ministre : La Justice par l'exactitude, Paris, Dalloz, , VII-529 p. (ISBN 978-2-247-08025-0, présentation en ligne). Réédité par Dalloz en 2019 sous le titre : Georges Picquart, la biographie, (ISBN 9782247198160), récompensé par le Prix Seligmann contre le racisme.
- Annuaire de l'Association amicale des secrétaires et anciens secrétaires de la Conférence des avocats du barreau de Paris, 2001.
- « Fernand Labori », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition].
Liens externes
modifier- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- État des Archives de Fernand Labori
- Portrait sur La vie rémoise
- Site de la Société internationale d'histoire de l'affaire Dreyfus