Jean-Baptiste Boussingault

chimiste, botaniste et agronome français, connu pour ses travaux de chimie agricole et pour la mise au point des premiers aciers au chrome

Jean-Baptiste Joseph Dieudonné Boussingault, né à Paris le et mort à Paris le , est un chimiste, botaniste et agronome français, connu pour ses travaux de chimie agricole et pour la mise au point des premiers aciers au chrome.

Jean-Baptiste Boussingault
Fonctions
Président
Académie des sciences
-
Conseiller d'État
-
Député français
Première circonscription du Bas-Rhin
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Boussingault (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean-Baptiste Joseph Dieudonné BoussingaultVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Enfant
Joseph Boussingault (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Distinctions
Médaille Copley ()
Grand officier de la Légion d'honneur‎
Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Une vie aventureuse

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Jean Baptiste Boussingault, photographié par Pierre Petit.
 
Gaylussite de Lagunillas, au musée de Bonn.

Fils d’un ancien soldat qui tenait un bureau de tabac et de la fille du bourgmestre de Wetzlar, incapable de supporter le lycée napoléonien, Boussingault était vers 1814 un gamin de Paris qui faisait l'école buissonnière pour observer les soldats des armées d'occupation[1]. Il se forme tout seul en autodidacte en suivant les cours publics du Collège de France et du Muséum national d'histoire naturelle.

Apprenant la création de l'École des mineurs de Saint-Étienne (actuelle École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne), il rejoint l’établissement sac au dos en , fait la connaissance de Benoît Fourneyron et découvre la qualité du laboratoire de chimie. Le directeur Louis-Antoine Beaunier, enthousiasmé par ses capacités, lui confie bientôt des expériences et il démontre que l’acier contient du silicium. Classé hors concours, il sort avec son brevet en .

Il se lie dans le même temps d'amitié avec le géographe Alexander von Humboldt, qui lui confie une collection de minéraux et le conseille pour ses futurs voyages.

Le général Simón Bolívar souhaitant fonder un établissement pour former des ingénieurs, Boussingault, recommandé par Alexander von Humboldt, s’embarque en pour La Guaira (Venezuela) avec le jeune scientifique péruvien Mariano Eduardo de Rivero. Dans des échantillons des dépôts des Urao Lagune (Lagunillas, au Venezuela), il découvre le minéral gaylussite, nommé en l'honneur du chimiste français Gay-Lussac. Il rencontre Bolivar à Bogota en et est attaché à son état-major avec le grade de colonel. Il se livre à de nombreuses observations scientifiques qui contribuent à sa renommée, et il commence à s’intéresser aux questions agricoles.

Boussingault, fidèle à sa vocation d'ingénieur des mines, part avec 45 000 francs-or pour la Grande Colombie, où il dirige la Compagnie de la Vega de Supia, en accueillant 150 mineurs britanniques[2]. La richesse en or et en argent du gisement avait déjà été décrite par Humboldt. En 1831 il tente l'ascension du Chimborazo, volcan d’Équateur culminant à 6 268 m d’altitude et situé près de Riobamba, à environ 180 km au sud de Quito.

Pendant son séjour en Amérique du sud, il a aussi observé que le goitre était endémique dans certaines régions et pas dans d'autres, et que cela était lié à la présence d'iode dans le sel de certaines salines. En conséquence, à son retour en Europe, il propose l'utilisation de ce sel iodé pour lutter contre le goitre, bien que sa proposition n'ait pas été prise en compte[3].

De retour en France en 1832, ce surdoué devient docteur en sciences. Il s'attache à 36 ans à la fortune de Jean-Baptiste Dumas, dont il devient le maître de conférences à la Sorbonne[1]. Il est élu à l’Académie des sciences en 1839, puis nommé professeur de chimie et doyen de la Faculté des sciences de Lyon (1843), après être devenu en 1841 professeur à la chaire d’économie rurale au Conservatoire national des arts et métiers, créée spécialement pour lui.

Le fondateur de la chimie agricole moderne

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Copropriétaire du domaine de Bechelbronne (aujourd'hui Merkwiller-Pechelbronn) dans le Bas-Rhin, par son mariage avec une Alsacienne, ce qui lui permet de se livrer à ses expérimentations agronomiques, il va être le fondateur de la chimie agricole moderne.

Boussaingault est devenu célèbre par ses découvertes sur la dynamique de l'azote, le métabolisme des graisses, le rendement de la photosynthèse mais aussi la métallurgie des aciers et métaux précieux. Il fait des recherches sur la composition exacte de l'air atmosphérique, en collaboration avec Dumas, sur la composition en végétaux de l'alimentation des herbivores, sur la détection de l'arsenic. Il découvre plusieurs corps chimiques.

Son livre, Économie rurale, fait sensation en 1843, et consacre sa réputation comme premier chimiste agricole. Il rassemble ses travaux sur la chimie agricole sous le titre Agronomie, chimie agricole et physiologie, dont huit volumes sont publiés entre 1860 et 1891, très vite traduits en anglais et en allemand.

Membre de l'Académie des sciences, auteur de 350 publications, il domine rapidement la chimie agricole.

Louis Pasteur vient, avec ses assistants, suivre son cours au Conservatoire pour se recycler en chimie[1].

Il se fait élire député du Bas-Rhin (1848-1849) et démissionne pour entrer au conseil d'État où il siège jusqu’en 1851. Sa carrière politique s’achève avec l’avènement du Second Empire. « Il y a bien peu de savants à qui la politique ait réussi, et la science y a toujours perdu.»

Très attaché à l’Alsace, qu’il voit avec tristesse rattachée à l’Empire allemand en 1871, il conserve des liens avec la région stéphanoise. Une de ses filles épouse le constructeur mécanicien Jean-Claude Crozet, neveu de Benoît Fourneyron, et l’autre Jules Holtzer, directeur des Forges et Aciéries d’Unieux. Ce dernier aménage pour son beau-père un laboratoire dans l’usine, pour la mise au point des aciers au chrome. Ses dernières années sont assombries par la mort prématurée de son gendre Holtzer puis par celle de son épouse. Boussingault fit nommer à l'Académie près de dix de ses collègues chimistes agricoles[1].

Son petit-fils, Jean-Louis Boussingault, est peintre et graveur.

Il a été élevé successivement aux divers rangs de la Légion d’honneur, de chevalier à grand officier en 1876.

Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (95e division)[4].

Hommages

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Jules Dalou, Jean-Baptiste Boussingault, buste ornant sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
 
Jules Dalou, Monument à Jean-Baptiste Boussingault (1895) dans le jardin intérieur du Cnam à la Plaine Saint-Denis.

Œuvres et publications

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  • Économie rurale considérée dans ces rapports avec la chimie, la physique et la météorologie, Paris : Béchet jeune, 1843-1844, 2 vol. in-8° ; éd. augmentée, 1851, 2 vol. in-8° ; traduit en allemand et en anglais
  • Économie rurale considérée dans ses rapports avec la chimie, la physique et la météorologie, Tome 1, Béchet jeune (Paris), 1843-1844, lire en ligne sur Gallica
  • Économie rurale considérée dans ses rapports avec la chimie, la physique et la météorologie, Tome 2, Béchet jeune (Paris), 1843-1844, lire en ligne sur Gallica
  • Mémoire sur la profondeur à laquelle se trouve la couche de température invariable entre les tropiques, détermination de la température moyenne de la zone torride au niveau de la mer : observations sur la détermination de la chaleur dans les Cordillères, S.l., s.n., (lire en ligne)
  • Recherches sur les phénomènes chimiques qui se passent dans l'amalgamation américaine, S.l., s.n., (lire en ligne)
  • Mémoires, tome 1, Chamerot et Renouard (Paris), 1892-1903
  1. tome 1 lire en ligne sur Gallica
  2. tome 2 lire en ligne sur Gallica
  3. tome 3 lire en ligne sur Gallica
  4. tome 4 lire en ligne sur Gallica
  5. tome 5 lire en ligne sur Gallica

Notes et références

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  1. a b c et d Jean Boulaine, Jean-Paul Legros, D'Olivier de Serres à René Dumont, portraits d'Agronomes.
  2. "Jean-Baptiste Boussingault, un grand géologue avorté du XIXe siècle", par Jean BOULAINE, devant le COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (Séance du 26 février 1986).
  3. (es) Miguel Calvo, Construyendo la Tabla Periódica, Saragosse, Prames, , 407 p. (ISBN 978-84-8321-908-9), p. 210-212
  4. Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 83
  5. « Monument à Jean-Baptiste Boussingault – Paris, 3e arr. », notice sur e-monumen.net.

Annexes

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Bibliographie

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  • Jean Boulaine et Jean-Paul Legros, D'Olivier de Serres à René Dumont : Portraits d'agronomes, Paris, Technique et documentation, (BNF 36998560).
  • Jean Boulaine, « Boussingault », in Dictionnaire des professeurs du Conservatoire des Arts et Métiers, tome 1, CNAM, Paris, p. 246-263. 1994
  • Jean Boulaine, « Jean-Baptiste Boussingault », dans sous la direction de Michel Le Moël et Raymond Saint-Paul, 1794-1994. Le Conservatoire national des Arts et Métiers au cœur de Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1994, p. 195-196, (ISBN 978-2-905118-77-6).
  • (en) Mc Cosh F.W.J, Boussingault. Peudel Publishing Company, Dordrecht / Lancaster, 1984
  • Lenglen M. Un double centenaire : l'économie rurale de Boussigault et le cours d'agriculture de A. de Gasparin. Académie d'agriculture de France, Paris, no 18, p. 489-492. 1943
  • Jean Volff, « Jean-Baptiste Joseph Dieudonné Boussingault », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 439-440 (ISBN 978-2846211901)
  • « Jean-Baptiste Boussingault », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Liens externes

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