Jeux olympiques d'été de 1980

Jeux d’été de la XXIIe olympiade, à Moscou, Union soviétique

Les Jeux olympiques d'été de 1980, officiellement connus comme les Jeux de la XXIIe olympiade de l’ère moderne, ont lieu à Moscou en URSS du 19 juillet au . C'est la première fois que les Jeux se déroulent dans ce pays.

Jeux olympiques d’été de 1980
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Localisation
Pays hôte Drapeau de l'URSS Union soviétique
Ville hôte Moscou
Coordonnées 55° 42′ 56″ N, 37° 33′ 13″ E
Date Du 19 juillet au
Ouverture officielle par Léonid Brejnev
Président du Soviet Suprême
Participants
Pays 80
Athlètes 5 179
(4 064 masc. et 1 115 fém.)
Compétition
Nombre de sports 21
Nombre de disciplines 27
Épreuves 203
Symboles
Serment olympique Nikolai Andrianov
Gymnaste soviétique
Flamme olympique Sergei Belov
Basketteur soviétique
Mascotte Misha, l'ours

Ces Jeux furent marqués par le boycott d'une cinquantaine de nations (dont les États-Unis) à la suite de l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en 1979.

80 nations et 5 179 athlètes (dont 1 115 femmes) prirent part à 203 épreuves dans 21 sports.

Le budget d'organisation a été de 9 milliards de dollars. Pour ces Jeux, la sécurité fut énormément renforcée et une grande partie de la ville fut réservée à la circulation olympique.

Élection de la ville hôte

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Le Comité international olympique confie l'organisation des Jeux olympiques d'été de 1980 à la ville de Moscou au cours de la 75e session du à Vienne (Autriche).

Résultats officiels du scrutin
Villes Pays Tour 1
Moscou   Union soviétique 39
Los Angeles   États-Unis 20

Emblèmes

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Les porte-drapeau et, en arrière-plan, la mascotte Misha.

Le logo de ces Jeux olympiques de Moscou fut l'œuvre de l'artiste soviétique Vladimir Arsentyev. Il représente les anneaux olympiques surmontés de lignes parallèles pouvant symboliser la piste d'athlétisme. Ces lignes se terminent verticalement, en pyramide, et sont coiffés d'une étoile, pour représenter le Kremlin.

La mascotte officielle est l'ours Misha. Elle fut imaginée par Viktor Tchijikov, auteur de livres pour enfants. Cette mascotte fut déclinée sous divers supports et sous diverses situations durant ces Jeux de Moscou. À la cérémonie de fermeture des jeux olympiques, Lev Lechtchenko chante la chanson Au revoir Moscou lorsque la mascotte géante Misha s'envole vers le ciel attaché à des ballons, devant les spectateurs émus.

L'avers de la médaille olympique représente la déesse Niké tenant une couronne de laurier devant le Colisée surmonté de l'inscription en lettres cyrilliques "Igry XXII Olympiady Moskva 1980" (Jeux de la XXIIe Olympiade, Moscou 1980). Sur le revers, est représentée la vasque olympique allumée devant une piste d’athlétisme. En haut à droite on peut voir l'emblème des Jeux de Moscou. Le nom du sport est gravé sur la tranche.

 
5 roubles soviétiques Jeux olympiques de Moscou, vue de Léningrad, argent frappé en 1977.

Sites olympiques

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Le Stade olympique du Stade central de Lénine à Moscou.
 
Le Palais des sports du Stade central de Lénine.

Les sites olympiques où ont eu lieu les compétitions sont[1] :

Stade central de Lénine :

Centre sportif Olympiiski :

Complexe sportif du CSKA Moscou :

  • Centre d'athlétisme du CSKA : Lutte
  • Centre de football du CSKA : Escrime
  • Palais des sports : Basketball, pentathlon moderne

Autres sites de la métropole de Moscou :

Complexe sportif de Krylatskoïe :

  • Bassin olympique : Canoë-kayak, Aviron
  • Vélodrome olympique : Cyclisme
  • Centre de tir à l'arc : Tir à l'arc

Sites à l'extérieur de Moscou :

Boycott à la suite de l'invasion soviétique en Afghanistan

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Les nations boycottant les Jeux de Moscou sont indiquées en bleu.

En cette période de guerre froide, les Américains utilisent le boycott comme moyen de pression. Le , le président Jimmy Carter, en pleine campagne de réélection fragilisée par la crise des otages américains en Iran, prend unilatéralement des mesures d'embargo économique contre l'URSS[2]. Puis il demande au président du CIO de surseoir à la tenue des Jeux si les troupes soviétiques ne se retirent pas d'Afghanistan. Le , le président américain adresse un ultimatum au Kremlin : « Si dans un mois au plus tard, vos troupes n'ont pas évacué l'Afghanistan, l'équipe olympique américaine n'ira pas à Moscou et nous demanderons aux autres pays de s'abstenir aussi ».

Après plusieurs mois d'intenses négociations, et après une hypothétique solution de rechange en Grèce, le Comité international olympique présidé par Lord Killanin, annonce le , qu'il refuse, à l'unanimité le boycottage ou le transfert des Jeux olympiques de Moscou. Il obtient quelques concessions symboliques de la part de Léonid Brejnev, notamment le fait de défiler derrière le drapeau olympique. En revanche, Washington ne cède pas et le boycott américain a bien lieu.

Parmi les nations ne faisant pas le déplacement à Moscou, le Canada, le Japon, la Corée du Sud et l'Allemagne de l'Ouest s'alignent sur les positions américaines. Par ailleurs, 29 pays musulmans s'associent également à ce boycott considérant l'attaque contre l'Afghanistan comme une attaque contre l'Islam.

La liste de pays ayant choisi le boycott sont :

Nations participantes

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Pays participants en 1980.
  • Pays participant pour la première fois.
  • Pays ayant déjà participé.
  • Pays participant sous la bannière olympique.

Malgré ce boycott massif, 80 nations étaient présentes aux Jeux olympiques de 1980, soit le plus faible total depuis 1956. Six d'entre elles ont fait leur première apparition à Moscou : l'Angola, le Botswana, Chypre, la Jordanie, le Laos et le Mozambique.

Quinze nations décidèrent de défiler sous la bannière olympique. L'hymne olympique fut joué à chaque titre remporté par ces délégations. Cette décision est prise le 3 mai lors d'une réunion à Rome. Le 7 mai, Léonid Brejnev accepte cette « dépolitisation des Jeux »[3]. La Nouvelle-Zélande, quant à elle, concourra sous le drapeau de son comité national olympique.

Au Royaume-Uni, le Comité olympique alla à l'encontre du souhait de Margaret Thatcher en décidant d'envoyer une délégation. La France laissa le libre choix au Comité national olympique et sportif français et trois fédérations nationales (équitation, voile et tir) boycottèrent les Jeux. De plus, comme d'autres pays occidentaux, la délégation française boycotta la cérémonie d'ouverture. La diffusion des épreuves par les télévisions occidentales est de plus réduite alors que des nations comme le Japon ou les États-Unis ne diffusent aucune épreuve en direct[4].

Les 80 délégations participantes
(Le nombre d'athlètes engagés est indiqué entre parenthèses)
Afrique Amériques Asie Europe Océanie
Nations défilant sous leur propre drapeau
Nations défilant sous le drapeau olympique
Nations défilant sous le drapeau de leur Comité national olympique
22 pays 15 pays 13 pays 28 pays 2 pays

Cérémonie d'ouverture

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Compétition

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Sports et résultats

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Comme lors des jeux de Montréal en 1976, 21 sports figurent au programme de ces Jeux de Moscou. Parmi les 203 épreuves, le tournoi olympique de Hockey sur gazon féminin est disputé pour la première fois.

  •   Sports aquatiques
  Natation (26)
  Plongeon (4)
  Water-polo (1)

Faits marquants

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Athlétisme

 
Waldemar Cierpinski.

Résultats détaillés

L’affrontement entre les Britanniques Sebastian Coe et Steve Ovett attire toutes les attentions. Ovett remporte le 800 m devant Coe, alors que ce dernier prend sa revanche sur 1 500 m. L'Éthiopien Miruts Yifter réalise le doublé 5 000 mètres et 10 000 mètres. L’Est-allemand Waldemar Cierpinski est victorieux sur le marathon, comme en 1976. Sur le sprint, et en l'absence des États-Unis, le 100 m masculin est remporté par le Britannique Allan Wells en 10 s 25, soit la course la plus lente depuis 1960. Le Polonais Władysław Kozakiewicz décroche la médaille d'or du saut à la perche en établissant un nouveau record du monde (5,78 m). Il se distingue avec un bras d'honneur à l'attention du public russe qui le siffla durant la finale.

Aviron
Résultats détaillés
C'est la deuxième fois que les femmes disputent une épreuve d'aviron, après celle des Jeux olympiques de 1976.

Basket-ball
Résultats détaillés
Chez les hommes, l’équipe de Yougoslavie remporte le tournoi olympique face à l’Italie. C'est la deuxième fois que les femmes disputent une épreuve de basket après le tournoi olympique de Montréal ; l'équipe soviétique conserve son titre.

Boxe
Résultats détaillés
Le boxeur cubain Teofilo Stevenson remporte son troisième titre olympique consécutif chez les lourds.

Canoë-kayak
Résultats détaillés

Cyclisme
Résultats détaillés

Équitation

 
Elisabeth Theurer, vainqueur du dressage individuel.

Résultats détaillés

Escrime
Résultats détaillés

Football
Résultats détaillés
Dans une semi-indifférence du Stade Lénine, la Tchécoslovaquie bat la RDA en finale par un but à zéro.

Gymnastique
Résultats détaillés
Le Soviétique Alexandre Dityatin[5] réalise l'exploit de ces jeux en remportant huit médailles sur les huit épreuves disputées (3 d'or, 4 d'argent et 1 de bronze), devenant le premier athlète à obtenir huit médailles au cours d'une même olympiade. Il est par ailleurs le premier homme à obtenir la note maximale de 10 en gymnastique aux Jeux olympiques. Quatre ans après avoir remporté 7 médailles à Montréal, son compatriote Nikolai Andrianov en récolte 5 supplémentaires. Côté femmes, Nadia Comăneci, dont les performances à Moscou sont particulièrement suivies, obtient quatre médailles dont deux d'or.

Haltérophilie
Résultats détaillés

Handball
Résultats détaillés
Dans le tournoi hommes, la RDA s'impose après prolongations face à l'URSS, tenante du titre. Vainqueur du match pour la 3e place, la Roumanie remporte, elle, sa troisième médaille olympique consécutive. À noter l'absence (boycott) des Ouest-Allemands, champions du monde en 1978.

 
Les handballeuses soviétiques avec leur médaille d'or.

Dans le tournoi femmes, les 6 équipes qualifiées s'affrontent dans une poule unique. L'URSS est championne olympique tandis que la Yougoslavie et l'Allemagne de l'Est, à égalité de points et ayant fait match nul, sont départagées à la différence de buts générale au profit des Yougoslaves. La RDA décroche donc la médaille de bronze avec dans ses rangs Roswitha Krause, athlète étonnante de longévité qui avait décroché une médaille d'argent en natation douze ans plus tôt à Mexico.

Hockey sur gazon
Résultats détaillés

Judo
Résultats détaillés
Le Français Angelo Parisi remporte le titre olympique des + de 95 kg et la médaille d'argent en toutes catégories. Il fut médaillé lors des jeux de Munich en 1972 sous les couleurs de la Grande-Bretagne.

Lutte
Résultats détaillés

Natation
Résultats détaillés
En l'absence des grandes nations occidentales, les nageuses est-allemandes remportent 26 médailles sur 39. Barbara Krause récolte à elle seule 3 médailles d’or. Le Soviétique Vladimir Salnikov décroche également trois médailles d'or, dont le 1 500 m où il devient le premier homme à franchir la barre des 15 minutes.

Pentathlon moderne
Résultats détaillés

Tir
Résultats détaillés

Tir à l'arc
Résultats détaillés

Voile
Résultats détaillés

Volley-ball
Résultats détaillés

Records de médailles

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Sportifs les plus médaillés aux Jeux de Moscou en 1980
Athlète Pays Sport       Total
Alexander Dityatin   Union soviétique Gymnastique 3 4 1 8
Caren Metschuck   Allemagne de l'Est Natation 3 1 0 4
Nikolai Andrianov   Union soviétique Gymnastique 3 0 0 3
Barbara Krause   Allemagne de l'Est Natation 3 0 0 3
Vladimir Parfenovich   Union soviétique Canoë-kayak 3 0 0 3
Rica Reinisch   Allemagne de l'Est Natation 3 0 0 3
Vladimir Salnikov   Union soviétique Natation 3 0 0 3

Tableau des médailles

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Sur 631 médailles distribuées, l'URSS, sur son sol, en remporte 195 (dont 80 en or) devant l'Allemagne de l'Est (126 médailles dont 47 d'or). Ces deux pays récoltent ainsi plus de 50 % des titres olympiques.

Rang Nation Or Argent Bronze Total
1   Union soviétique 80 69 46 195
2   Allemagne de l'Est 47 37 42 126
3   Bulgarie 8 16 17 41
4   Cuba 8 7 5 20
5   Italie 8 3 4 15
6   Hongrie 7 10 15 32
7   Roumanie 6 6 13 25
8   France 6 5 3 14
9   Grande-Bretagne 5 7 9 21
10   Pologne 3 14 15 32
11   Suède 3 3 6 12
12   Finlande 3 1 4 8
13   Tchécoslovaquie 2 3 9 14
14   Yougoslavie 2 3 4 9
15   Australie 2 2 5 9
16   Danemark 2 1 2 5
17   Brésil 2 0 2 4
17   Éthiopie 2 0 2 4
19   Suisse 2 0 0 2
20   Espagne 1 3 2 6
21   Autriche 1 2 1 4
22   Grèce 1 0 2 3
23   Belgique 1 0 0 1
23   Inde 1 0 0 1
23   Zimbabwe 1 0 0 1
26   Corée du Nord 0 3 2 5
27   Mongolie 0 2 2 4
28   Tanzanie 0 2 0 2
29   Mexique 0 1 3 4
30   Pays-Bas 0 1 2 3
31   Irlande 0 1 1 2
32   Ouganda 0 1 0 1
32   Venezuela 0 1 0 1
34   Jamaïque 0 0 3 3
35   Guyana 0 0 1 1
35   Liban 0 0 1 1
Total 204 204 223 631

Médias

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La chaîne américaine NBC avait acheté les droits de retransmission pour 87 millions de dollars. Après le boycott annoncé par près de 60 nations, dont les États-Unis, NBC renonça à la diffusion des Jeux mais, grâce à un contrat d'assurance souscrit auprès de la Lloyd's of London, récupéra 90 % de la somme engagée.

Aucun athlète ne fut contrôlé positif à l'occasion de ces Jeux de Moscou, une performance inégalée à ce jour dans l'histoire moderne des Jeux depuis 1968[6], le directeur de la commission médicale du CIO, Alexandre de Merode, déclara que ces jeux étaient les « plus purs » (« Purest »)[7]. Ces Jeux, présentés comme les premiers sans drogues, sont ultérieurement surnommés les « Junkie Olympics » ou « Chemists' Games » en raison de l'utilisation massive de testostérone, indétectable alors, ou de stéroïdes. Le gouvernement soviétique voulait des jeux parfaits, sans problème : la cinquième direction du KGB créa un département dont la mission est de remplacer tous les échantillons d'urine par des échantillons propres pour garantir l'absence de dopage. Une enquête du sénat australien à la fin des années 1980 estime à une très forte probabilité que pratiquement tous les médaillés ont utilisé au moins une substance[8],[9],[10],[11].

Filmographie

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Notes et références

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  1. (en) « Sports installation at which competitions were held », dans Official Reports of the 1980 Olympic Games, vol. 2 : Organisation, Comité international olympique, , 537 p. (lire en ligne), p. 197.
  2. Vincent Nouzille, Des secrets si bien gardés : les dossiers de la maison-blanche et de la CIA sur la France et ses présidents, 1958-1981, Fayard, , p. 453.
  3. Henri Charpentier et Euloge Boisonnade, 100 ans de Jeux olympiques, Paris, France-Empire, 1996, p. 484.
  4. Henri Charpentier et Euloge Boisonnade, op. cit., p. 485.
  5. Profil d'Alexandre Dityatin sur le site du CIO
  6. (en) « Doping violations at the Olympics », sur The Economist,
  7. Thomas M. Hunt, Drug games: the International Olympic Committee and the politics of doping, 1960-2008, « notes », p. 159
  8. (en) « Rio 2016: What Russia's doping scandal owes to the Soviet Union », sur ABC,
  9. Barrie Houlihan, Dying to Win: Doping in Sport and the Development of Anti-Doping Policy, p. 47
  10. (en) « Dodging Doping In Moscow's 1980 Olympics », sur Current Times,
  11. La citation étant « There is hardly a medal-winner at the Moscow Games, certainly not a gold medal winner, who is not on one sort of drug or another: usually several kinds. The Moscow Games might as well have been called the Chemists' Games for in many events it will not be the athlete who is naturally the strongest or fastest who wins, but the athlete with the best bag of drugs. […] The Moscow Olympics have brought the scandal of drug-cheating out of the locker rooms and into the open, or at least into the shadows of the daylight. », prononcée par le journaliste Robert Darroch le 5 août 1980 et publié en 1989 dans Drugs in Sport: An Interim Report of the Senate Standing Committee on Environment, Recreation and the Arts, p. 10.

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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