Marguerite d'Anjou (1430-1482)
Marguerite d'Anjou, née le 23[2] ou le [3] à Pont-à-Mousson[2] ou à Nancy[3] et morte le à Dampierre-sur-Loire[2], fille de René d'Anjou (le « roi René »), princesse de Lorraine et de Bar du fait de sa mère, épouse du roi Henri VI d'Angleterre en 1445, est reine consort d'Angleterre de 1445 à 1461 et de 1470 à 1471, en raison des vicissitudes du règne de son époux au cours de la guerre des Deux-Roses (1455-1485).
Marguerite d'Anjou | |
Marguerite d'Anjou. Détail d'une miniature du Livre de Talbot-Shrewsbury par le Maître de Talbot, 1445, British Library[1]. | |
Fonctions | |
---|---|
Reine consort d'Angleterre et dame d'Irlande | |
– (15 ans, 10 mois et 9 jours) |
|
Couronnement | en l'abbaye de Westminster |
Prédécesseur | Catherine de France |
Successeur | Élisabeth Woodville |
– (6 mois et 8 jours) |
|
Prédécesseur | Élisabeth Woodville |
Successeur | Élisabeth Woodville |
Duchesse consort d'Aquitaine | |
– (8 ans, 5 mois et 26 jours) |
|
Prédécesseur | Catherine de France |
Successeur | Extinction du titre |
Biographie | |
Dynastie | Maison de Valois |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Pont-à-Mousson (Duché de Bar) |
Date de décès | (à 52 ans) |
Lieu de décès | Duché d'Anjou |
Sépulture | Cathédrale Saint-Maurice d'Angers |
Père | René d'Anjou |
Mère | Isabelle Ire de Lorraine |
Conjoint | Henri VI d'Angleterre |
Enfants | Édouard de Westminster |
Religion | Catholicisme |
|
|
Reines consorts d'Angleterre | |
modifier |
Biographie
modifierFamille
modifierMarguerite est la fille de René Ier d'Anjou, roi de Naples, duc d'Anjou, de Bar, de Lorraine et comte de Provence, et d'Isabelle Ire, duchesse de Lorraine.
Sa tante Marie d'Anjou ayant épousé le roi Charles VII de France, Marguerite est la cousine germaine du roi Louis XI. Sa grand-mère paternelle se trouve être la fameuse Yolande d'Aragon, sa grand-mère maternelle, la bienheureuse Marguerite de Bavière.
Mariage
modifierLe cardinal de Beaufort et le comte de Suffolk William de la Pole convainquent Henri VI que le meilleur moyen de conclure la paix avec la France consiste à épouser Marguerite d'Anjou, nièce du roi Charles VII. Henri donne son accord et charge Suffolk d'aller négocier avec le roi de France. Ce dernier accepte à condition qu'il n'ait pas à payer de dot et qu'il reçoive en échange le Maine et l'Anjou alors sous domination anglaise. Ces conditions s'officialisent dans le traité de Tours en 1444, la cession des terres reste cependant cachée au Parlement.
Le , elle est mariée par procuration[5], en la collégiale Saint-Georges de Nancy, à Henri VI. Le mariage est ensuite célébré en personne, en la cathédrale de Westminster, le de la même année.
Femme active, Marguerite d'Anjou fonde le Queens' College de Cambridge.
Les intrigues de la cour
modifierEn , Suffolk, avec l'aide du vieux cardinal Beaufort, fait arrêter le duc de Gloucester Humphrey de Lancastre, oncle du roi, accusé de trahison. Ce dernier est emprisonné pour être jugé mais il meurt rapidement (probablement d'une attaque cardiaque). Certains accusent néanmoins Suffolk d'avoir fait assassiner le propre oncle et héritier du roi. Le duc d'York Richard Plantagenêt est envoyé rétablir l'ordre en Irlande et maintenu ainsi éloigné. Suffolk et son allié le duc de Somerset Edmond Beaufort, alliés à la reine Marguerite, deviennent maîtres de la cour.
Accusé de complot contre la Couronne en ayant rendu le Maine et l'Anjou à la France, Suffolk est arrêté en et emprisonné à la Tour de Londres[6]. Il est banni pour cinq ans mais son bateau l'emmenant en France est intercepté par une bande de soldats mécontents appartenant au duc d'Exeter qui le condamnent à mort et le décapitent[7] le .
Rivalité avec le duc d'York
modifierLa même année, Richard d'York revient d'Irlande et commence à recevoir des soutiens. La situation s'avère si instable à Londres que Somerset est emprisonné dans la Tour de Londres pour sa propre sécurité alors que Richard réforme le Parlement. Somerset retrouve ses positions en 1451 tandis que York se retire à Ludlow. En 1452, Richard tente une seconde démonstration de force. Il demande le départ de Somerset et à être reconnu comme héritier d'Henri, toujours sans enfant. La reine intervient pour protéger Somerset. York se rebelle mais devant le peu de soutien des nobles, il se soumet à Henri. Il doit jurer de ne plus reprendre les armes contre la Couronne et Somerset.
Doux et pieux, Henri VI, petit-fils de Charles VI de France, connaît des accès de démence en . Cette situation pousse Richard d'York, avec l'aide des comtes de Salisbury et de Warwick à écarter du pouvoir la reine Marguerite et à se proclamer Lord Protecteur du royaume le [8]. Somerset est emprisonné à la Tour de Londres et York fait entrer au Conseil du roi ses alliés.
Le couple royal a un fils Édouard de Westminster, né le . York et ses alliés soupçonnent le duc de Somerset Edmond Beaufort d'être le véritable père du petit prince.
Le retour du roi à ses sens à la Noël 1454 contrarie les ambitions de Richard qui est écarté de la cour en par la reine Marguerite d'Anjou. Cette dernière noue des alliances contre Richard et conspire avec d'autres nobles pour réduire son influence. Elle forme ainsi le clan des Lancastriens. Richard, de plus en plus pressé, recourt finalement aux armes en .
Lutte pour la régence royale
modifierRichard bat les troupes royales lors de la bataille de St Albans le . Somerset et son allié le comte de Northumberland sont tués, ce qui satisfait en grande partie York, Salisbury et Warwick. Les troupes yorkistes découvrent Henri VI abandonné par son escorte. Il vient de subir une seconde crise de folie.
York et ses alliés recouvrent leur position influente, et pendant quelque temps les deux côtés paraissent choqués qu'une bataille réelle se soit déroulée, si bien qu'ils font tout leur possible pour apaiser leurs différends. Puisque le roi est malade, York se voit, de nouveau, nommé Protecteur et la reine Marguerite, chargée de soigner le roi, est écartée du pouvoir[9].
La famille royale doit quitter Londres qui est acquise au clan York pour s'installer à Coventry. Les problèmes à l'origine du conflit ressurgissent cependant, surtout quand il s'agit de savoir si c'est le duc d'York ou le jeune fils d'Henri et Marguerite, Édouard de Westminster, accusé d'être un enfant illégitime, qui doit succéder à Henri sur le trône. Marguerite refuse toute solution qui déshériterait son fils et il devient clair qu'elle ne tolère la situation qu'aussi longtemps que le duc d'York et ses alliés gardent la suprématie militaire. Le protectorat d'York prend fin en ; Marguerite s'empresse d'annuler toutes les mesures de son rival.
Les hostilités reprennent en . Les troupes yorkistes du comte de Salisbury battent celles du roi à Blore Heath le . Le , Henri VI défait à Ludford Bridge la puissante armée du duc d'York. York s'enfuit en Irlande tandis que Salisbury, Warwick et le fils aîné d'York, Édouard, comte de March s'exilent à Calais. Ils sont tous déchus de leurs droits civiques par le Parlement le . Les Lancastriens contrôlent de nouveau la situation. Cependant, les Yorkistes commencent à lancer des raids sur la côte anglaise depuis Calais à partir de , ajoutant ainsi un sentiment de chaos et de désordre.
L'Acte d'Accord et la poursuite des combats
modifierSalisbury, Warwick et March envahissent l'Angleterre à l'été 1460. À la bataille de Northampton le , Warwick fait prisonnier le roi, à nouveau frappé d'une crise de folie. Les Yorkistes entrent peu après à Londres. Richard d'York revient d'Irlande et revendique le trône. Il obtient finalement du Parlement d'être nommé une troisième fois Lord Protecteur et se voit désigné héritier du trône le par l'Acte d'Accord, au détriment du prince Édouard de Westminster.
Loin de mettre fin au conflit, cet arrangement est considéré comme inacceptable par la reine Marguerite, ainsi que par la majorité des partisans de la Maison de Lancastre. La guerre se poursuit et Richard d'York est tué le lors de la bataille de Wakefield tandis que Salisbury est capturé durant la nuit et décapité le lendemain. Le fils de Richard, Édouard prend la tête de la Maison d'York. Ce dernier défait les Lancastriens à la bataille de Mortimer's Cross le , avant d'être à son tour battu le à St Albans. Le roi Henri VI est libéré par sa femme et adoube une trentaine de chevaliers à l'issue de la bataille. Marguerite d'Anjou fait prononcer au jeune Édouard de Westminster la sentence de mort de Thomas Kyriell et William Bonville, yorkistes chargés de garder le roi pendant la bataille[10]. Le prince de Galles ordonne qu'ils soient tous deux décapités.
Néanmoins, Édouard d'York se réfugie à Londres où il est proclamé roi le sous le nom d'Édouard IV, en lieu et place d'Henri VI, qui a selon lui perdu ses droits à la Couronne en permettant à la reine de prendre les armes contre ceux que l'Acte d'Accord avait faits ses héritiers légitimes. Lors de la terrible bataille de Towton le , les troupes lancastriennes sont détruites par celles d'Édouard IV et du comte de Warwick.
En exil
modifierHenri VI s'enfuit en Écosse avec Marguerite et Édouard auprès du jeune roi Jacques III, mis sous la régence de Marie d'Egmont. Marguerite mène plusieurs raids dans le Nord de l'Angleterre et s'empare ainsi du château de Bamburgh en 1462.
Une anecdote célèbre raconte qu'en 1463, peu après avoir été vaincue par Édouard IV, la reine s'engage, accompagnée de son fils Édouard, dans une forêt où des brigands la dépouillent. Enivrés d'une telle capture, ils prennent querelle ensemble sur le partage du butin, et Marguerite saisit cette occasion pour s'échapper. Accablée de lassitude, elle s'enfonce dans le plus épais du bois, lorsqu'elle est à nouveau abordée par un voleur. Marguerite ranime son courage, présente au voleur son fils Édouard et d'un ton de dignité qui lui est naturel, lui dit : « Mon ami, sauve mon fils et ton roi. » À cette injonction, le voleur laisse tomber son épée, et offre à la reine et son fils tous les secours dont elle peut le croire capable. Ils sortent tous les trois de la forêt ; quelques seigneurs du parti des Lancastre les rencontrent heureusement sur leur chemin et tous ensemble fuient vers Carlisle, de là en Écosse, et peu de temps après en France, où ils sont accueillis sans chaleur par le roi Louis XI.
De 1463 à 1470, Marguerite réside en Lorraine, dans le duché de Bar de son père, au château de Koeur, avec son fils Édouard.
Les dernières tentatives d'Henri VI pour reprendre le pouvoir se soldent par des échecs à Hedgeley Moor et à Hexham en 1464. Il est capturé en juillet 1465 dans le nord et est emprisonné à la Tour de Londres par son rival Édouard IV. Il sombre complètement dans la folie.
Restauration et défaite finale
modifierMarguerite d'Anjou souhaite remettre son mari sur le trône en majeure partie pour que son fils puisse prétendre à sa succession et permettre à la maison de Lancastre de continuer à régner.
Marguerite profite qu'Édouard IV ne s'entende plus avec le comte de Warwick et avec son frère le duc de Clarence Georges Plantagenêt pour, sous la houlette de Louis XI, conclure une alliance avec eux à l'été 1470. La seconde fille de Warwick, Anne Neville, épouse Édouard de Westminster le . Ce mariage lie les destins de Warwick et de Marguerite concernant le trône d'Angleterre, mais ne fait pas les affaires de Georges de Clarence, époux de la fille aînée de Warwick, qui voit le trône s'éloigner.
Édouard IV est contraint par Warwick à s'exiler, ce dernier remet ensuite Henri VI sur le trône le . Étant trop diminué par la folie et les années passées en prison, c'est Warwick qui gouvernera à sa place. Henri ne reste sur le trône que six mois, sa fin est précipitée par le comte de Warwick qui déclare en la guerre à la Bourgogne, celle-ci décidant en réponse d'apporter son aide à Édouard IV.
Ce dernier débarque le en Angleterre pour reprendre son trône de force : il se réconcilie avec son frère Georges et tue Warwick à la bataille de Barnet le . Le même jour, Marguerite débarque dans le sud. L'armée lancastrienne est vaincue à Tewkesbury le ; Marguerite est capturée tandis qu'Édouard de Westminster est décapité sur-le-champ sur ordre du duc de Clarence.
Emprisonnement
modifierMarguerite est emprisonnée au château de Wallingford. Elle est ensuite transférée à la Tour de Londres le . Son époux Henri VI y meurt le même jour, probablement assassiné sur ordre d'Édouard IV. Marguerite est confiée en 1472 à la garde d'Alice Chaucer, la veuve du duc de Suffolk.
Son père, le bon roi René, doit payer une rançon de 50 000 écus pour la libération de sa fille, mais l'état de ses finances ne le permet pas. Cette libération figure parmi les clauses principales du traité de Picquigny signé le 29 août 1475 entre Louis XI et Édouard IV. Louis XI, fils de Marie d'Anjou qui avait favorisé son mariage, accepte de verser la rançon, mais à condition que le roi René lui cède son duché d'Anjou[11] en cas d'absence d'héritier direct masculin. Marguerite est libérée le . Elle rejoint son père à Aix-en-Provence.
Fin de vie dans la solitude
modifierLe calvaire de Marguerite continue. Jusqu'en 1480, elle est encore protégée par son père, René d'Anjou. Or, ce dernier décède le 10 juillet 1480. La vie de Marguerite devient plus difficile. Certes, le roi René lui laisse, par testament, 2 000 livres de rente. De plus, 6 000 livres tournois de pension par an lui est accordée par Louis XI, en 1481[12]. Mais avec cette modeste ressource, encore faut-il une retraite définitive qui ne lui est pas facile. Elle est accueillie en Anjou[13],[14]. C'est François de La Vignolle, ancien écuyer de René d'Anjou et gentilhomme de Souzay, qui l'accepte, avec charité et hospitalité, pour qu'elle puisse vivre dans son petit manoir de Dampierre construit en 1460[15].
Dans cette situation plus compliquée, elle doit renoncer de nouveau à ses droits sur le duché d'Anjou, en faveur de Louis XI, à Reculée le 19 octobre 1480[16].
Décès
modifierPublication en 1875 par Albert Lecoy de La Marche (texte original introuvable en ligne (Le roi René, tome II, p. 396)) ; cité par l'historienne américaine Susan Higginbotham en ligne[17] :
Je, Marguerite d'Anjou, fille du feu roy de Sicille, reyne d'Angleterre, seyne d'entendement, raison et pensee, combien que débille et inferme de corps, faitz et ordonne mon testament et derniere voulente et ordonnance en la maniere qui s'ensuit. Premierement, je donne et recommande mon ame a Dieu, mon createur, a la glorieuse vierge Marye et a tous les benoitz sainctz et sainctez, par especial a monseigneur saint Michel, prince des anges, et a mon bon ange deppute a ma garde, afin que, a l'eure de mon trespassement, il leur plaise la recevoir en leur compagnye et la garder et deffendre des assaulx et invasions de tous mauvaiz esperiz et ennemyz de humain lignage, et qui leur plaise la conduire et recevoir en paradis. Mon corps aussi je donne a Dieu et ausdits saincts, et est mon vouloir et desir qu'il soit enterre et ensevely en sepulture ecclesiastique, selon le bon vouloir et plaisir du Roy ; et si lui plaist, je esliz et choisiz pour ce estre mise et ensevelye en l'esglise cathedralle de Saint Maurice d'Angers, avecques feu monseigner mon pere et madame ma mere et mes autres parens et antecesseurs, en telle maniere qu'il plaira au Roy ordonner, ou en autre tel lieu qu'il plaira au Roy. Item, mon vouloir est, si plaist audit seigneur Roy, que le petit de biens que Dieu et luy m'ont donnez et prestez soient pour ce faire employez, et aussi pour payer mes dettes, tant a mes pouvres serviteurs, lesquelz je recommande tres humblement et affecteusement a la bonne grace et charyte dudit seigneur Roy, que aussi aux autres credicteurs a qui je suis tenue, soit pour vitaille, denrees ou services et autres necessitez qu'ilz m'ont faictes et administrees, comme raison est. Et ou cas que mesdits petitz biens ne souffiroient pour ce faire, comme je croy que ne font ilz, en ce cas je supplye audit seigneur Roy qui luy plaise de sa grace, pour la descharge de son ame et de la myenne, faire satisfaire et payer le surplus comme mon seul heritier des biens qui m'appartiennent a cause de succession de pere et de mere et de mes autres parens et antecesseurs, comme en luy en est mon espoir et fiance ; car despieca j'ay esleu ledit seigneur Roy mon heritier seul et principal, et maintenant le choisiz esliz mon principal heritier et executeur, et telz autres executeurs qu'il luy plaira ordonner pour parfaire mondit execucion de ce present testament et derniere voulente, en luy suppliant tres humblement qui luy plaise y ordonner et entendre.
Laquelle ordonnance de ladite dame soit faicte en nostre presence, le deuxiesme jour d'aoust, en l'an de grace mil cccc quatre vingts et deux, en la presence de Jehan Lespinay, escuier, et Mace de Lespinay, escuier, Jehn Whithil, escuier, et Jehan, eschancon, et madame Catherine de Vaulx, Perrecte de la Riviere, Blanche Alorretc et autres, et signe a sa requeste de noz sings manuelz.
G. de la Barre, Poynet, prebstreset noctaires.
Sa situation défavorable, elle meurt bientôt près de Saumur en août 1482 à l'âge de 52 ans. Son testament daté du 2 août[18] est publié en 1875 par Albert Lecoy de La Marche, dans lequel Marguerite d'Anjou se qualifie encore comme reine d'Angleterre[17].
Sur un mur du château de Morains, il existe une plaque[19] :
- Chateau de Morains
- ou mourut le 20 aout 1482
- Marguerite d'Anjou
- Reine d'Angleterre, fille du Roi Rene
- heroine de la guerre des Deux Roses
- la plus malheureuse des Reines
- des Epouses et des Meres.
Cette plaque était mentionnée, avec son immense émotion, par Anne Hollingsworth Wharton, historienne américaine et docteur ès lettres, qui publia en 1911 son livre In Château Land : « the most unfortunate of queens, wives and mothers » (les deux derniers versets en traduction). Elle avait visité cet établissement[20].
Personnage déjà oublié à son époque, la trace du trépas de Marguerite d'Anjou reste difficile à retrouver en manière critique. Le 25 août 1482 est supporté par la plupart des historiens[18],[21] ainsi que la notice de la bibliothèque nationale de France[2]. D'autres considèrent qu'il s'agirait de la date de l'enterrement à Angers et que la date de décès serait le 20 août, tout comme ce qui est affiché sur cette plaque[21]. La question de datation demeure encore. Car une lettre expédiée par Louis XI est datée du XIIe jour d'aoust sur le sujet de la feue royne d'Angleterre[N 1],[21]. De même, le lieu de mort aussi est discuté. En effet, dans les anciens dossiers, il n'existe aucun document précisant le décès. Le testament non plus. Il est vraisemblable qu'il s'agit de Dampierre-sur-Loire selon plusieurs documents tardifs[2],[15]. Pour ceux qui supportent Souzay[N 2], il existe une explication possible à satisfaire ce sujet. Malgré sa difficulté de finance, Marguerite d'Anjou peut passer ses dernières jours, grâce au gentilhomme de Souzay[20], François de La Vignolle, qui possède un petit manoir à Dampierre[15].
Enterrement à Angers
modifierSa dépouille mortelle est déposée dans le tombeau que le roi René avait fait construire pour lui-même dans le chœur de la cathédrale d'Angers. Elle rejoint ainsi dans le même caveau son père René Ier d'Anjou et sa mère, Isabelle Ire de Lorraine[22], sous autorisation de Louis XI qui respectait le testament de Marguerite d'Anjou.
Postérité dans les arts
modifierLa reine Marguerite figure parmi les personnages de Henry VI et de Richard III, tragédies historiques de Shakespeare[23].
Elle est l'héroïne de l'opéra Margherita d'Anjou de Giacomo Meyerbeer.
Elle est une des principales protagonistes de la pièce de théâtre, Les reines, de Normand Chaurette (1991), Prix Chalmers du conseil des Arts du Canada en 1993. En 2022, dans l'optique de sortir la reine Marguerite de l'ombre et de l'oubli, une pièce intitulée Marguerite Express est créée et jouée dans le Pays de la Loire[24].
Sa statue se trouve à Paris, dans le jardin du Luxembourg. Il s'agit d'une statue de la série Reines de France et Femmes illustres, et une œuvre de Ferdinand Taluet. Une autre est placée à Angers, ville principale de la maison d'Anjou, place de la Visitation. L'original d'Angers, en bronze, est inauguré en 1902, mais fondu en 1942 sous le régime de Vichy. La statue actuelle en pierre est une œuvre de Paul Belmondo[25].
Hommage dans la littérature
modifierDepuis le XIXe siècle, plusieurs personnages visitaient le château de Morains dans l'optique de rendre hommage à Marguerite d'Anjou.
« Châteaux de Morains et de Montsoreau.
On va encore au château de Morains, sis en la commune de Dampierre, faire un pèlerinage de souvenirs. Ah ! si toutes ces murailles pouvaient parler, si cette vieille demeure pouvait raconter son histoire, témoin muet d'une grande infortune, quel douloureux récit ne ferait-elle pas ?
C'est là, en effet, que la belle et héroïque Marguerite d'Anjou, dernière reine de la maison de Lancastre, fille de René et d'Isabelle, vint s'éteindre de chagrin et de misère, recueillie par un ancien serviteur de son père, le digne La Vignolle. Cette fidélité, cet attachement à l'adversité touche vivement le cœur ; c'est du reste le seul petit coin de ciel bleu de cette lamentable histoire.
Dans cette paisible retraite, Marguerite sembla d'abord jouir de sa liberté, cette liberté achetée par Louis XI cinquante mille écus à Édouard d'Angleterre ; mais, repliée sans cesse sur elle-même, ressassant continuellement ses propres malheurs et ceux de sa famille, sa pensée, ballottée nuit et jour entre un passé douloureux et un avenir brisé, tous ces retours amers avaient miné sa vie, et elle mourut après deux ans de séjour à Morains. »
— Noémie Dondel du Faouëdic, Impressions d'un touriste sur Saumur et ses environs, p. 126 (1881)[26]
Hommages dans les villes
modifierLa ville de Pont-à-Mousson, où l'on pense qu'est née Marguerite d'Anjou, rend hommage à cette reine, en donnant son nom à une de ses rues[27].
Un foyer de jeunes travailleurs, créé à Angers, s'appelle F. J. T. Marguerite d'Anjou[28].
Ascendance
modifierGénéalogie
modifierPublications de biographie
modifier- Antoine François Prévost, Histoire de Marguerite d'Anjou, reine d'Angleterre, François Desbordes, Amsterdam
- Première partie, 1740 [lire en ligne] 184 p.
- Deuxième partie, 1740 [lire en ligne] 171 p.
- Troisième partie, 1740 [lire en ligne] 188 p.
- Quatrième partie, 1740 [lire en ligne] 198 p.
- (en) Mary Ann Hookham, The Life and times of Margaret of Anjou, queen of England and France ; and her Father René The Good, King of Sicily, Naples and Jerusalem, with Memoirs of the Houses of Anjou, Tinsley Brothers, Londres
- tome I, 1872 (en)[lire en ligne] 435 p.
- tome II, 1872 (en)[lire en ligne] 446 p.
- (en) Helen H. Maurer, Margaret of Anjou : Queenship and Power in Late Medieval England, Woodbridge, The Boydell Press, , XII-240 p. (ISBN 0-85115-927-3, présentation en ligne)
Notes
modifier- Cette lettre, jugée authentique et également publiée par Joseph Vaesen et Étienne Charavay en 1905 (Lettres de Louis XI, tome IX, p. 276, Librairie Ronouard et la Société de l'Histoire de France, Paris 1905), demande à Jeanne Chabot, Dame de Montsoreau, de lui rendre tous les chiens de feue Marguerite, en mentionnant que cette dernière avait renoncé tous ses biens restants à Louis XI [en 1480] [lire en ligne]. En admettant que la date présentée sur d'anciens manuscrits soit parfois illisible (possibilité d'erreur, par exemple, au lieu du XXII ou du XXV), cette lettre, si sa date est correcte, ne satisfait ni le 20 ni le 25 août. L'ancienne reine serait déjà décédée. D'ailleurs, en août 1482, Louis XI est à Meung-sur-Loire les 12, 22, 24, 27 et 31, dates confirmées [lire en ligne] d'après Joseph Vaesen.
- Un autre petit château de Vignolles, parfois attribué à Marguerite d'Anjou, est en fait le manoir de Vignolles, situé à Montsoreau, et actuellement un hôtel qui a sauvé cet établissement en péril (voir Une catastrophe programmée : le manoir de la Vignole de R Matti, 1983 [lire en ligne]. Toutefois, selon Mary Ann Hookham (1872), un autre bâtiment auquel Marguerite d'Anjou aurait passé la saison d'été n'était pas celui-ci, et ce bâtiment, situé très proche de Dampierre, disparaissait déjà au XIXe siècle, à l'exception d'une petite tour, lorsque son nouveau propriétaire, un certain monsieur de Tigney, l'a acquis en 1845 (p. 369, note † [1])
Références
modifier- The British Library Manuscript Viewer, collection Royal, manuscrit 15 E VI [2]
- Notice de la bibliothèque nationale de France, Marguerite d'Anjou (reine d'Angleterre, 1429-1482) [3]
- Diana E. S. Dunn, « Margaret (1430–1482) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- Notice de la bibliothèque nationale de France [4]
- Les lices furent ouvertes pendant huit jours. Charles VII et le Dauphin y assistèrent, ainsi que le duc de Bretagne. Chacun devait faire huit coups de joutes. Les mieux joutants avaient un diamant de mille escus, chanfrain à pincer l'escu et le tymbre, armorié. Quiconque vuiderait la selle, en estait quitte pour dire aux dames je n'en peulx mais. Parmi les tenants forains à couvert du tournoys, vint Mr. de Lohéac. Vie du Roi René, édit. de Quatrebarbes, t. I.
- D’après les Rolls of Parliament, v. 176–177
- Cf. Ramsay, op. cit., vol. II, p. 121; le recueil des Paston Letters, vol; I, p. 125; et Gascoigne, op. cit., p. 7
- (en) Philip Edwards, The Making of the Modern English State, 1460-1660, Basingstoke, Palgrave Macmillan, , 439 p. (ISBN 978-0-333-69836-5), p. 28-30.
- Hicks 2012, p. 114.
- (en) David Bret, The Yorkist Kings & The Wars of The Roses Part One : Edward IV, Lulu.com, (ISBN 978-1-291-52917-3, lire en ligne), p. 85
- Revue anglo-française p.42, 1837
- Ed. Mennechet, Le plutarque français, tome II, p. 19, 1835 [5]
- Calixte de Nigremont, « Le panthéon de l’Anjou par Calixte de Nigremont. Marguerite d’Anjou, celle qui perdit sa couronne », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le )
- Revue anglo-française p.38, 1837
- Ville de Saumur, Archives, Château de Dampierre (bâti en 1460 par François de Vignolles [6] consulté le 22 janvier 2023
- Lettres patentes de Louis XI, le 19 octobre 1480
- Susan Higginbotham, Margaret of Anjou's Will, [lire en ligne] consulté le 13 février 2023
- Mary Ann Hookham, The Life and Times of Margaret of Anjou, tome II, p. 371 [7] ; pour le dessin du dit château de Dampierre, fait par R. Knight, voir la page inserée entre p. 370 et 371
- Pierre-Louis Augereau, « Histoire. Ces trois reines d'Angleterre inhumées en Maine-et-Loire », Ouest France, (lire en ligne) ; il est à noter que, sur cette plaque, la date de son décès est présentée le 20 août 1482 ; consulté en ligne le 22 janvier 2023
- Anne Hollingsworth Wharton (1845 - † 1928), In Château Land, p. 350, 1911 ; (en)[lire en ligne] (réédition parue en 2022, p. 186)
- Le recueil mensuel La Province du Maine, tome IV, p. 310 Lettres royales, Le Mans 1896 [lire en ligne]
- Revue anglo-française p.41, 1837
- Noël Coulet, « Le roi René outre-Manche », Les Arts et les Lettres en Provence au temps du roi René, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, (lire en ligne)
- « Marguerete Express », Le Quai Centre dramatique national d'Angers, (lire en ligne)
- Musée d'Orsay, Monument à Marguerite d'Anjou [8] consulté en ligne le 28 janvier 2023
- Noémie Dondel du Faouëdic, Impressions d'un touriste sur Saumur et ses environs, Dinan, Imprimerie Bazouge, (lire en ligne)
- « Les combats de Marguerite d'Anjou », L'Est Republicain, (lire en ligne)
- Site Action-Sociale, F. J. T. Marguerite d'Anjou [9] consulté le 29 janvier 2023
- Il est le quatrième fils d'Édouard III et né après Jean de Gand.
- Pour un arbre généalogique plus détaillé voir : maison de Plantagenêt.)
- Linda Alchin, Lords and Ladies : « King Henry II ».
- Mandy Barrow, « Timeline of the Kings and Queens of England: The Plantagenets ».
- Mark Needham, « Family tree of Henry (II, King of England 1154–1189) ».
Bibliographie
modifier- Helen H. Maurer, « Un pouvoir à négocier : le cas de Marguerite d'Anjou », dans Éric Bousmar, Jonathan Dumont, Alain Marchandisse et Bertrand Schnerb (dir.), Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, Bruxelles, De Boeck, coll. « Bibliothèque du Moyen Âge », , 656 p. (ISBN 978-2-8041-6553-6), p. 113-127.
- (en) Patricia-Ann Lee, « Reflections of Power : Margaret of Anjou and the Dark Side of Queenship », Renaissance Quarterly, University of Chicago Press, vol. 39, no 2, , p. 183-217 (JSTOR 2862114).
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
- Brockhaus
- Collective Biographies of Women
- Den Store Danske Encyklopædi
- Deutsche Biographie
- Dictionnaire des femmes de l'ancienne France
- Dizionario di Storia
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Hrvatska Enciklopedija
- Nationalencyklopedin
- Oxford Dictionary of National Biography
- Store norske leksikon
- Universalis