Pávlos Fýssas
Pávlos Fýssas (grec moderne : Παύλος Φύσσας) est un rappeur et antifasciste grec, né le et assassiné le à Keratsíni, une banlieue d'Athènes. Il est aussi connu sous le nom de scène Killah P[1].
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Παύλος Φύσσας |
Pseudonyme |
Killah P |
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Genre artistique |
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Son assassinat est le fait d'un membre du parti grec d'extrême droite Aube dorée.
Biographie
modifierKillah P est actif sur la scène hip-hop athénienne depuis 1997, organisant des concerts antifascistes[2] et s'impliquant dans différentes actions sociales[3]. Il est membre du syndicat des métallurgistes du Pirée[4] et proche de la coalition de partis anticapitalistes Antarsya.
Assassinat
modifierLe 17 septembre 2013, vers 23 heures, une cinquantaine de militants d'Aube dorée se rassemblent sur ordre de l'un des dirigeants du parti, Yórgos Roupakiás, et s’arment de battes de baseball et de couteaux. Pavlos Fyssas a été vu avec des amis dans un café pour regarder un match de football[4]. Il est poignardé par Yórgos Roupakiás et décède peu après à l'hôpital Tzanio du Pirée[1],[5].
Conséquences
modifierRoupakiás est arrêté le soir même et ses liens étroits avec Aube dorée sont rapidement mis à jour. Le militant néonazi est en effet employé, tout comme sa femme et sa fille, par la section locale du parti.
L'enquête policière s'oriente rapidement vers le parti Aube dorée, dont les locaux sont perquisitionnés dès le lendemain de l'assassinat. Le même jour, 5 000 personnes, militants d'extrême gauche pour la plupart, manifestent dans les rues de Keratsíni[2].
Les obsèques de Fýssas, célébrées le , rassemblent près de 2 000 personnes[6].
Au cours de la semaine suivante, les manifestations antifascistes se multiplient tandis que l'enquête policière se poursuit. Le , les députés d'Aube dorée menacent de démissionner pour protester contre la mise en cause de leur parti dans la mort de Fýssas. Le samedi , le chef historique d'Aube dorée, Nikólaos Michaloliákos, quatre autres députés et douze membres du parti sont arrêtés[7].
Le , deux membres d'Aube dorée sont assassinés devant un local du parti à Athènes. Le double meurtre est revendiqué le par un groupe d'extrême gauche jusqu'alors inconnu, en représailles de l'assassinat de Pávlos Fýssas[8].
Le procès de 69 membres d'Aube dorée, dont le chef Nikólaos Michaloliákos et Chrístos Pappás, qui devait se tenir à la prison de Korydallós, est suspendu dès le premier jour, le , et reporté pour des raisons de procédure au . Les accusés sont soupçonnés d'être aux commandes d'une organisation criminelle. Parmi les accusés figurent les auteurs présumés du meurtre de Fýssas et de deux autres agressions : la tentative de meurtre de quatre pêcheurs égyptiens en et l'attaque de syndicalistes communistes en [9].
Le , Nikólaos Michaloliákos admet au nom d'Aube dorée « la responsabilité politique » de l'assassinat[10].
L'avocate de la famille de Pávlos Fýssas est agressée en 2018 par une dizaine de militants d’extrême droite munis de barres de fer[11].
Le meurtre de Pávlos Fýssas est le principal événement d'une série d'actions violentes des membres d'Aube dorée au cours des années 2010, qui inclut aussi des tentatives de meurtre et des agressions, qui aboutira au reclassement d'Aube dorée comme organisation criminelle par la justice grecque[12]. Lors du même jugement, Yórgos Roupakiás est reconnu coupable de l'assassinat et risque la prison à perpétuité[13]. 45 députés et membres d'Aube dorée sont aussi condamnés à cette occasion pour appartenance à une organisation criminelle, dont son dirigeant et fondateur Michaloliákos[13].
Le , après la levée de son immunité parlementaire, l'eurodéputé Ioánnis Lagós est arrêté à Bruxelles. Ancien cadre d'Aube dorée, il avait été condamné en octobre 2020, mais s'était réfugié en Belgique[14].
Hommages
modifierEn , la rue Panagís Tsaldáris où s'est déroulé l'assassinat est renommée en rue Pávlos Fýssas. Un monument en son honneur y est également érigé. La cérémonie d'inauguration de la plaque de rue est suivie par plusieurs concerts de hip-hop[15].
Références
modifier- Aurélie Champagne, « Manifs antifascistes: choc et tension en Grèce après les affrontements », sur Rue 89, nouvelobs.com, .
- Le Monde, «Grèce: un rappeur antifasciste tué par un néonazi»,
- ENet English: «Leftist musician dies after being stabbed by neonazis» (en)
- « L’incroyable histoire de Christos Pappas, le nazi grec en fuite », sur www.vice.com,
- (fr) « Hommage à Pavlos Fyssas, en attente du procès contre l’Aube Dorée », Alexandros Kottis, Ijsberg Magazine, 18 septembre 2014
- Le Monde, «En Grèce, près de 2 000 personnes aux obsèques du rappeur antifasciste»
- Le Monde, «Poursuites pénales contre les cinq députés d'Aube dorée arrêtés»,
- Le Monde, «Grèce: un groupe d'extrême gauche revendique le meurtre des deux néonazis»,
- «Faux départ pour le procès du parti grec Aube dorée, suspendu jusqu'au 7 mai», La Nouvelle République
- « Aube dorée revendique politiquement un assassinat », Le Figaro, (consulté le ).
- « Justice. Le « petit führer grec » à la barre », sur L'Humanité,
- Fabien Perrier, « Grèce : le parti néonazi Aube Dorée reconnu comme "organisation criminelle" », sur marianne.net, (consulté le )
- « Le parti néonazi Aube dorée qualifié d'"organisation criminelle" par la justice grecque », sur france24.com, (consulté le )
- «Un eurodéputé grec, ancien cadre du parti néonazi Aube dorée, arrêté à Bruxelles», France Info, 27 avril 2021
- (el) « Street in Keratsini renamed after Pavlos Fyssas on Monday », sur To Víma, (consulté le ).