Partie entière et partie fractionnaire
En mathématiques et en informatique, la partie entière par défaut, ou partie entière inférieure, en général abrégée en partie entière tout court, d'un nombre réel est le plus grand entier relatif (positif, négatif ou nul) inférieur ou égal à .
Notée le plus souvent , elle est entièrement définie par :
Son existence est garantie par la propriété d'Archimède[1]. Dans le cas où est un nombre rationnel, sa partie entière n'est autre que le quotient euclidien de son numérateur par son dénominateur.
La différence entre un nombre et sa partie entière est appelée sa partie fractionnaire ou partie décimale.
On définit également la partie entière par excès ou partie entière supérieure comme le plus petit entier supérieur ou égal à .
Notations
modifierLa partie entière (par défaut) de est notée conventionnellement , c'est-à-dire avec les anglets « plancher à gauche » ( ) et « plancher à droite » ( )[2]. La fonction partie entière est souvent notée ou [note 1].
On utilise aussi la notation mais celle-ci a tendance à être remplacée par la notation car elle peut être confondue avec des parenthèses. De plus, il y a symétrie entre la partie entière inférieure (appelée en anglais floor, « plancher ») définie par l’encadrement :
et la partie entière supérieure (appelée en anglais ceiling, « plafond ») définie par :
La partie entière ne doit pas être confondue avec la troncature à l'unité, ou troncature entière, qui correspond à la suppression des décimales en notation usuelle et qui diffère de la partie entière pour les nombres négatifs.
Par exemple, la partie entière de –1,5 vaut –2, tandis que sa troncature à l'unité vaut –1.
Partie fractionnaire
modifierLa partie fractionnaire d'un nombre réel , notée [3],[note 2], ou parfois [4], est la différence entre ce nombre et sa partie entière par défaut :
La partie fractionnaire d'un nombre est un réel positif ou nul strictement inférieur à 1.
On trouve également le terme de partie décimale du nombre, notamment pour les nombres décimaux[5].
Certains considèrent le terme partie fractionnaire impropre pour les nombres irrationnels, car cette partie n'est alors pas rationnelle, donc n'est pas une fraction[6]. Mais « partie décimale » n'est pas plus correct dans le cas des nombres qui ne sont pas eux-mêmes décimaux, car cette partie n'est alors pas décimale non plus.
Propriétés générales
modifierTout réel vérifie les propriétés suivantes, où est l'ensemble des entiers relatifs :
- ; avec ;
- pour tout , on a ;
- ;
- avec y réel[note 3].
Pour tout entier strictement positif :
- (car ) ;
- (car ) , d'où ;
- [7].
Fonction partie entière
modifierLa fonction partie entière n'est pas continue en une valeur entière, mais est continue à droite et semi-continue supérieurement.
Sa dérivée au sens des distributions est le peigne de Dirac de période 1.
Fonction partie fractionnaire
modifierParfois notée , elle est continue à droite et semi-continue supérieurement. Elle est aussi périodique, de période (d'après la remarque immédiate[1],[note 4]: pour tout entier )
Sur admet la décomposition en série de Fourier :
Pour obtenir une décomposition en série de Fourier valable sur tout on pose :
À proximité de l'image de chaque nombre entier, on observe un phénomène de Gibbs sur la décomposition en série de Fourier de cette fonction, qui persiste malgré l'augmentation du nombre de coefficients calculés (voir l'animation ci-contre).
La fonction intervient aussi dans l'expression des sommes de Dedekind, ainsi que dans la formule d'Euler Mac-Laurin.
Partie entière par excès
modifierAussi appelée partie entière supérieure, elle peut se définir par l'expression :
- .
La fonction , parfois notée , est continue à gauche et semi-continue inférieurement.
En outre, pour tout [8] :
- ;
- .
Exemples
modifierx | Partie entière | par excès | Partie fractionnaire {x} |
---|---|---|---|
12/5 = 2,4 | 2 | 3 | 2/5 = 0,4 |
2,9 | 2 | 3 | 0,9 |
−2,7 | −3 | −2 | 0,3 |
−2 | −2 | −2 | 0 |
Définitions équivalentes
modifierDans les formules suivantes, x et y sont des nombres réels, m, n et k sont des entiers relatifs.
Les parties entières par défaut et par excès peuvent aussi être définies par :
Dans un intervalle semi-ouvert de largeur 1, il existe un seul entier ; donc pour tout réel x, il existe deux entiers m et n, égaux si x est entier, tels que :
Les parties entières par défaut et par excès peuvent alors aussi être définies par :
D'autres formules équivalentes peuvent être utilisées pour simplifier des expressions avec des parties entières[9]:
Applications
modifierExpression du PGCD
modifierLa propriété est utilisée dans une démonstration du fait que si a et b sont des entiers strictement positifs premiers entre eux alors (formule dite « de Sylvester »[10], ou « de Polezzi » [11]) :
- On en déduit également[14] :
Fonctions arithmétiques
modifierSi a et b sont des entiers strictement positifs, est le nombre de multiples de b qui sont inférieurs ou égaux à a : .
Si, par exemple, une fonction arithmétique est définie par , la somme des n premiers termes vérifie :
.
Arrondi entier et arrondi à une précision donnée
modifierDéfinition et notations
modifierL'arrondi entier d'un nombre réel , noté ou , est l'entier le plus proche de ; s'il y en a deux, on choisit par convention le plus grand en valeur absolue de façon que la fonction soit une fonction impaire.
On a :
ce qui peut se résumer en une seule formule valable pour tout nombre réel :
- .
Comme l'arrondi d'un réel est égal à sa partie entière inférieure ou supérieure, il est aussi parfois noté [15].
En résumé, les parties supérieures, inférieures, et l'arrondi entier sont caractérisés par les inégalités suivantes (la troisième uniquement pour positif) :
Arrondi à une précision donnée
modifierÉtant donné un réel strictement positif , l'arrondi à la précision d'un réel est le nombre multiple de le plus proche de :
Étant donné un entier , l'arrondi décimal de à l'ordre , est l'arrondi de à la précision :
- .
Par exemple, les arrondis d'ordres 0,1,2,3,4 du nombre sont successivement :
Lorsqu'on écrit , cela signifie que l'arrondi à l'ordre 3 de est égal à , autrement dit que .
Parties entière et fractionnaire d'une fraction rationnelle
modifierDéfinition
modifierPar analogie avec le fait que la partie entière d'un rationnel est le quotient euclidien de par , on définit la partie entière d'une fraction rationnelle comme le quotient euclidien de par , après avoir montré que ce quotient ne dépend pas du représentant de la fraction. La partie entière de est donc l'unique polynôme tel que avec polynôme de degré strictement inférieur à celui de . Notation : . Notons que cette partie entière n'est pas un entier, mais un polynôme.
La partie fractionnaire est .
Ces définitions se transmettent aux fonctions rationnelles.
Propriétés
modifier- P1 : si est de degré < 0, , et sinon (et donc ).
- P2 : un polynôme est la partie entière d'une fraction rationnelle si et seulement si est de degré strictement négatif.
- P3 : la partie entière d'une somme est la somme des parties entières :
Cette dernière propriété différencie la notion de partie entière dans les réels et dans les fractions rationnelles ; elle est très utile pour la recherche de décomposition en éléments simples.
Application
modifierLa partie entière d'un fonction rationnelle de degré > 0 est une fonction polynomiale asymptote à au voisinage de +∞ et -∞.
Notes
modifier- et donc
- Cette notation ne doit pas être confondue avec celle du singleton
- Cette propriété intervient dans la démonstration arithmétique du fait que le produit de n entiers consécutifs est divisible par n! ; voir à formule de Legendre.
- Donc
Références
modifier- D. Guinin et B. Joppin, Analyse MPSI, Bréal, (lire en ligne), p. 113.
- symboles techniques divers, Consortium Unicode
- Séries de Fourier, Éditions techniques de l'ingénieur, p. 18.
- R. de la Bretèche & G. Tenenbaum, « Une nouvelle approche dans la théorie des entiers friables », Compositio Math., , p. 3 (lire en ligne)
- Michel Mante et Roland Charney, Concours professeur des écoles 20115 : Mathématiques, t. 1, (lire en ligne), p. 50.
- « Partie décimale d'un nombre réel », sur Scolab.
- Mohammed Aassilla, 1000 challenges mathématiques, Analyse, Ellipses, , p. 76
- (en) Ronald L. Graham, Donald E. Knuth et Oren Patashnik, Concrete Mathematics, Addison-Wesley, (ISBN 0-201-55802-5), chap. 3, exercice 12.
- Graham, Knuth et Patashnik 1994, chap. 3.
- J. E. Blazek, Combinatoire de N-modules de Catalan, mémoire de maîtrise, 2015, p. 17.
- (en) Marcelo Polezzi, « A geometrical Method for Finding an Explicit Formula for the Greatest Comon Divisor », The American Mathematical Monthly, , p. 445-446 (lire en ligne)
- Graham, Knuth, Patashnik, Mathématiques concrètes, Thomson publishing, , p. 101
- Jean-Paul Delahaye, Merveilleux nombres premiers, Belin, , p. 153
- Mohammed Aassila, 1000 challenges mathématiques, Algèbre, Ellipses, , p. 83
- (en) Eric W. Weisstein, « Nearest Integer Function », sur MathWorld