Royaume de Sicile

ancien état dans le sud de l'Italie, 1130 à 1816

Le royaume de Sicile (en italien : Regno di Sicilia), également appelé royaume normand de Sicile, est un État créé en 1130 par Roger II, incluant l'île de Sicile, la Calabre, les Pouilles, Naples et pour un temps limité, des territoires en Afrique.

Royaume de Sicile
Regno di Sicilia

11301816

Drapeau
Drapeau
(XIVe siècle)
Blason
Blason
(XIVe siècle)
Description de cette image, également commentée ci-après
Le royaume de Sicile en 1154
Informations générales
Statut Monarchie en union personnelle avec :
- Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire (1194-1254)
- Comté d'Anjou (1266-1282)
- Couronne d'Aragon (1282-1296, 1409-1516)
- Monarchie catholique espagnole (1516-1713)
- Duché de Savoie (1713-1720)
- Monarchie de Habsbourg (1720-1734)
Capitale Palerme
Langue(s) Latin, grec, normand, gallo-italique de Sicile, sicilien
Monnaie Piastre sicilienne (12 tarì)
Histoire et événements
1130 Roger II est sacré roi de Sicile
1282 Vêpres siciliennes. Le roi Charles d'Anjou est chassé de Sicile : création du royaume de Naples en Italie continentale
1816 Dernière réunion des royaumes de Naples et de Sicile au sein du royaume des Deux-Siciles
Rois
(1er) 1130-1154 Roger II
(Der) 1759-1816 Ferdinand III

Entités suivantes :

Ce royaume, dont la capitale était Palerme, s'est maintenu jusqu'à l'unification de l'Italie en 1861 ; il a été dirigé par plusieurs dynasties : les Hauteville, des Normands issus de Roger II, les Hohenstaufen, descendants de Frédéric de Souabe, les Angevins, les Aragonais et les Bourbons.

Il a parfois été séparé entre deux entités, ayant pour capitales Palerme (Sicile insulaire) et Naples (Sicile péninsulaire).

Conquête et domination normande

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L'histoire normande en Italie méridionale commence au début du XIe siècle avec Rainulf Drengot, aventurier et mercenaire devenu vers 1030 comte d'Aversa en Campanie. Le suivit vers 1035 Guillaume Bras-de-Fer, premier des frères Hauteville qui allaient marquer de leur empreinte la région.

En 1059, l'un des frères de Guillaume Bras-de-Fer, Robert Guiscard, fait un pacte avec le pape Nicolas II dans lequel il se déclare formellement son vassal, obtenant en échange le titre de duc d’Apulie, de Calabre et de Sicile, auxquels il faut ajouter aussi l'actuelle Basilicate et une partie de la Campanie et du Molise actuel. Les Normands réussissent très vite à supplanter la noblesse locale, d'origine lombarde, à éliminer la présence byzantine du sud de l'Italie (1071), et se consacrent alors à conquérir la Sicile, alors entre les mains des musulmans. La Sicile est progressivement conquise entre 1060 à 1091 par Robert Guiscard et son frère Roger, qui sera le premier comte normand de l'île. En 1130, l'antipape Anaclet II, alors maître de Rome, investit le fils de ce dernier, Roger II, roi de Sicile et devient son suzerain, ce qui posera un problème politique quand les Hohenstaufen prendront le pouvoir dans le royaume de Sicile, en échange de son soutien contre Innocent II. Par la suite, Innocent II, ayant réussi à réunir des soutiens en Europe, pousse l'empereur Lothaire III à attaquer la Sicile. Bien que progressant rapidement par la défection de nombreux vassaux, ce dernier finit par abandonner, non sans avoir perdu les faveurs du pape, et meurt en traversant les Alpes en 1137. Roger reconquit rapidement les territoires perdus, et son fils, ayant capturé le pape en tendant une embuscade à son armée à Galluccio, le contraint à la paix de Mignano qui reconnaît les titres de Roger, même s'il faudra attendre 1156 et le traité de Bénévent pour que la papauté se résigne réellement à cette situation.

 
Expansion maximale du royaume de Sicile

Les règnes de Roger II (1130-1154) et de son fils et successeur Guillaume Ier (1154-1166) seront consacrés à agrandir leur royaume, notamment en Ifriqiya (autour de Mahdia)[1] ou en attaquant l'Empire byzantin, mais avant tout à mater les révoltes incessantes de leurs vassaux ; il faudra en effet attendre la fin de la régence du jeune roi Guillaume II (1166-1171) pour voir celles-ci disparaître. Son règne (1166-1189) est marqué par un rapprochement avec le pape et l'empereur germanique, par le biais d'un mariage entre sa tante Constance et le fils de l'empereur, le futur Henri VI. Les terres d'Afrique perdues, il se tourne vers l’Égypte de Saladin sans succès, puis vers l'Empire Byzantin à la mort de Manuel Comnène, où ses succès menacent Constantinople avant de faire la paix avec l'empereur byzantin en 1189. C'est surtout sous le règne de Guillaume Ier et de Guillaume II que seront effectuées en Sicile des traductions de textes grecs fondamentaux par Henri Aristippe, qui participent au mouvement de traduction d'œuvres scientifiques et philosophiques grecques et arabes du XIIe siècle, dans le cadre de la Renaissance du XIIe siècle.

Au cours de cette période, on constate que le Royaume est largement influencé par les diverses sociétés qui la composent. L'influence des sociétés arabes et grecques dans l'administration normande du royaume agissant comme un facteur important de leur domination[2].

Guillaume II mourant en 1189 sans enfant légitime, les prétendants au trône sont Tancrède de Lecce, bâtard du duc Roger III d'Apulie (un des fils du roi Roger II), Roger d'Andria, noble normand prétendant descendre des Hauteville, et l'empereur Henri VI par le biais de son mariage. C'est ce dernier qui triomphera en 1194 et montera sur le trône sicilien, mettant un terme à la période normande du royaume.

La période souabe

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Le pape Clément III redoutait de voir les terres d'Église encerclées par les Hohenstaufen, qui dominaient le nord de l'Italie. Il invoque sa suzeraineté sur le royaume de Sicile pour réclamer un serment de vassalité d'Henri VI, époux de Constance de Hauteville, fille de Roger II. Ce dernier refusant, le pape décide de soutenir Tancrède, bâtard des Hauteville, qui meurt en 1194. Henri VI devient alors roi de Sicile, le , à Palerme. Son règne sera brutal et bref, puisqu'il meurt en 1197.

Entre 1197 et 1220, la papauté cherche à rompre l'encerclement des Hohenstaufen. Le royaume de Sicile est laissé sans pouvoir central fort, des villes comme Naples ou Gaète développent des institutions communales. Barons et évêques usurpent les prérogatives royales. Dès 1220, Frédéric II, fils d'Henri VI et de Constance, est empereur. Aux assises de Capoue en décembre, il rappelle la loi normande et annule les concessions ultérieures à 1189, pour punir ceux qui ont abusé de la vacance du pouvoir. En 1230, les constitutions de Melfi, inspirées du droit romain, donnent des lois au royaume. C'est dans ce contexte de reprise en main que le royaume de Sicile passe sous la domination angevine.

La période angevine

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Urbain IV, pape, demande l'aide de Charles d'Anjou pour combattre la domination des Hohenstaufen. Charles d'Anjou bat le fils de Frédéric II, Manfred, à la bataille de Bénévent et devient roi de Sicile à Rome en 1266. La politique des Angevins ne satisfait pas totalement le pape, qui trouve son allié trop pesant. Sous Charles d'Anjou, appuyé par son fils Charles II, le nord est privilégié au sud. La capitale passe de Palerme à Naples. Le pouvoir central n'est pas assez présent. Cette situation conduit aux Vêpres siciliennes qui aboutissent (1282) au partage du royaume de Sicile en un « royaume de Naples », terme impropre mais devenu courant, qui reste aux Angevins, et un royaume de Sicile, sous domination aragonaise.

La période aragonaise en Sicile

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La fille de Manfred était mariée à Pierre III, roi d'Aragon. Les Vêpres siciliennes représentent une double rupture : contre les Angevins, dont la pression fiscale était trop forte, contre l'héritage de Frédéric II, un pouvoir central dont ils contestent la poigne. C'est une revendication d'autonomie. Pour faire face aux Angevins, les Siciliens font appel à Pierre III, ce qui aboutit à la séparation en deux royaumes. La paix de Caltabellotta en 1302 marque la naissance du royaume de Trinacrie (it)[3] alors que la péninsule s'intitule désormais royaume de Sicile citérieure.

Les deux royaumes restent séparés jusqu'en 1442, où le roi Alphonse V d'Aragon conquiert le « royaume de Naples » et donne naissance au royaume Utriusque Siciliae. À sa mort en 1458, le royaume est à nouveau divisé entre son frère Jean II d'Aragon, roi en Sicile, et son fils bâtard Ferdinand Ier, fait roi de Naples. En 1479, Ferdinand II d'Aragon est roi de Sicile.

En 1494, à la mort de Ferdinand Ier, roi de Naples, le roi de France Charles VIII, réclamant l'héritage angevin, pénètre en Italie. C'est le début de la première guerre d'Italie (1494-1497). Les Français sont à Naples en , mais ils en sont rapidement chassés et Ferdinand II de Naples, le petit-fils de Ferdinand Ier, récupère son trône. En 1500, Louis XII et Ferdinand II d'Aragon décident par le traité de Grenade d'attaquer simultanément le royaume de Naples pour se le partager, mais, dès 1502, les Français et les Aragonais se brouillent. Finalement, en 1504, Louis XII renonce à Naples et Ferdinand II peut donc régner sur un royaume de Sicile réunifié.

Le déclin de la Sicile

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Peu après la mort de Ferdinand II en 1516, son petit-fils Charles Quint devient roi de Sicile. Les Habsbourg d'Espagne conservent le royaume jusqu'en 1700. Vice-rois, lieutenants et présidents ont gouverné la Sicile. Les vice-roi et lieutenants étaient nommés par le pouvoir royal ; les présidents du royaume, choisis par les précédents, gouvernaient en leur absence.

En 1700, la mort de Charles II d'Espagne sans descendance légitime déclenche la guerre de Succession d'Espagne. À l'issue de celle-ci en 1713, les traités d'Utrecht attribuent la Sicile au duc de Savoie Victor-Amédée II et Naples à l'empereur Charles VI. En 1718, Victor-Amédée II échange avec la maison d'Autriche la Sicile contre la Sardaigne par le traité de Londres, échange effectif en 1720 à l'issue de la guerre de la Quadruple-Alliance.

Les Bourbons

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En 1734, Charles de Bourbon, fils de Philippe V d'Espagne, conquiert le royaume de Naples et le royaume de Sicile. Il est sacré et couronné roi de Sicile et de Jérusalem à Palerme le .

Quand Charles devient roi d'Espagne (sous le nom de Charles III), il cède le royaume de Sicile à son troisième fils Ferdinand, en faveur duquel il abdique le . Ferdinand est roi de Naples de 1759 à 1799 puis, après un court intermède, de 1799 à 1806, et de nouveau de 1815 à 1816, et roi de Sicile de 1759 à 1816, et enfin, roi des Deux-Siciles de 1816 à 1825.

La période napoléonienne

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À l'époque napoléonienne, le royaume de Sicile est l'un des pays en guerre contre la France. Napoléon s'empare de la partie continentale du royaume et crée un royaume centré autour de Naples sous l'autorité de son frère Joseph puis de son beau-frère Joachim Murat. Ferdinand de Bourbon continue néanmoins à régner en Sicile. En 1812, il accorde une constitution à la Sicile, qu'il retire cependant en 1816.

Le royaume des Deux-Siciles

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À la suite du congrès de Vienne, en 1816 le royaume de Sicile est unifié avec le royaume de Naples et devient le royaume des Deux-Siciles. Le souverain de Naples est alors déchu et c'est Ferdinand III de Sicile qui prend la couronne des deux royaumes et devient Ferdinand Ier.

L'éphémère royaume de Sicile de 1848

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Après la révolution sicilienne de janvier 1848 qui voit l'île se soustraire au pouvoir des Bourbons de Naples, les indépendantistes rétablissent un royaume de Sicile qui existe du 25 mars 1848 au 15 mai 1849, jusqu'à la restauration du royaume des Deux-Siciles par les troupes napolitaines.

Notes et références

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  1. Le royaume de Roger II (1150)
  2. « <sc>Barbara M. Kreutz</sc>. <italic>Before the Normans: Southern Italy in the Ninth and Tenth Centuries</italic>. (Middle Ages.) Philadelphia: University of Pennsylvania Press. 1991. Pp. xxxi, 228. $29.95 », The American Historical Review,‎ (ISSN 1937-5239, DOI 10.1086/ahr/98.2.480, lire en ligne, consulté le )
  3. (it) F. Bonicalzi, M. Guidetti, M. Marcocchi et al., Il Rinascimento e le riforme : con atlante storico fuori testo, vol. 3, Jaca Book, coll. « Storia d'Italia e d'Europa », , 413 p. (lire en ligne), p. 166.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Lien externe

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