Calendrier républicain

système de calendrier de la Révolution française
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Le calendrier républicain ou calendrier révolutionnaire français est un calendrier créé au cours de la Révolution française par la Convention nationale, assemblée constituante qui, élue durant l'été 1792, instaure la république le 21 septembre. Entré en vigueur le 15 vendémiaire an II (), ce calendrier a pour date initiale le 1er vendémiaire an I (), lendemain de l'abolition de la monarchie, proclamé premier jour de l'« ère des Français ».

Exemplaire de calendrier républicain.

Utilisé pendant toute la Première République, y compris la période du Consulat, et au début du Premier Empire jusqu'en 1806, il est aboli par Napoléon Ier pour des raisons pratiques et idéologiques.

Après 1806, il est utilisé à l'occasion par les instances juridiques et administratives, notamment en ce qui concerne l'état civil des personnes nées, mariées ou décédées entre 1793 et 1806[Note 1]. Les lois votées durant cette période et restant en vigueur par la suite sont aussi datées selon le calendrier républicain (par exemple la loi Jourdan-Delbrel sur la conscription reste la « loi du 19 Fructidor an VI »). Le calendrier républicain est brièvement remis en vigueur à Paris par la Commune (mars-mai 1871).

Comme le système métrique, ce calendrier résulte de la volonté des révolutionnaires français d'adopter un système fondé sur le système décimal ; en ce qui concerne le calendrier, il s'agit aussi de remplacer le calendrier grégorien lié au christianisme et à la monarchie, c'est-à-dire à l'Ancien Régime. Le nouveau calendrier inclut des changements considérables : d'une part un changement d'ère, en remplaçant comme point de référence de la numérotation des années la naissance du Christ par la naissance de la république française ; d'autre part un nouveau découpage de l'année avec des mois dotés de nouveaux noms, et un nouveau découpage des mois, la semaine (sept jours) étant remplacée par la décade (dix jours). Enfin, les débuts des mois sont décalés par rapport à ceux des mois traditionnels, qui sont d'ailleurs d'origine romaine et non pas chrétienne[Note 2] (par exemple, Vendémiaire de l'an I va du 22 septembre au 21 octobre[Note 3]).

Dans le calendrier républicain, l'année solaire est découpée en douze mois de trente jours chacun (soit 360 jours), plus des jours complémentaires, cinq pour les années communes, six pour les années dites « sextiles » (terme officiel du calendrier républicain, au lieu de « bissextile »). Cela a pour résultat de remplacer le jour de repos hebdomadaire (le dimanche) par un jour de repos décadaire. Parallèlement, les nombreuses fêtes chômées, liées au christianisme, sont supprimées, ce qui a des conséquences pour l'activité économique, au détriment des travailleurs (de même que la loi Le Chapelier de 1791 avait supprimé les corporations et interdit toute association professionnelle, notamment d'ouvriers).

La loi votée par la Convention a un aspect scientifique : elle fixe le début de chaque année au début du jour calculé en temps vrai de l'Observatoire de Paris[Note 4] où l'équinoxe d'automne a lieu au méridien de Paris, selon les observations des astronomes. Le commencement de l'année est ensuite officiellement fixé par décret. Ainsi, en toute rigueur[pas clair], la durée effective de l'année républicaine résulte de l'observation, et de ce fait, ce calendrier inachevé n'est pas stricto sensu prévisible[pas clair].

Création et abrogation

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Calendrier républicain de l'an III (1794 – 1795), dessin de Philibert-Louis Debucourt.

Le au matin, la Convention nationale se réunit d'abord au château des Tuileries à Paris, puis se transporte à la salle du Manège, lieu des séances de l'Assemblée législative. Les députés approuvent à l'unanimité la proposition de loi de l'abbé Grégoire « La Convention nationale décrète que la royauté est abolie en France », sous les acclamations prolongées de joie du public et des cris de Vive la Nation ![1],[2].

Ce vote intervient la veille du troisième anniversaire de l'adoption du premier article de la Constitution de 1789 « Le gouvernement français est monarchique ; il n'y a point en France d'autorité supérieure à la Loi ; le Roi ne règne que par elle ; et ce n'est qu'en vertu des Lois qu'il peut exiger de l'obéissance[3] ».

Le lendemain, lors de la séance du matin, la Convention décrète que tous les actes publics à compter du porteront dorénavant la date de l'an premier de la République française[4]. Il se trouve que ce jour fut également le jour de l'équinoxe d'automne pour l'Observatoire de Paris[5]. Profitant de ce hasard[Note 5], les révolutionnaires ont ultérieurement associé cet événement avec le début de l'ère républicaine[7],[8].

Création

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Prémices

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Dès le début de la Révolution, au lendemain du , les journaux, ayant l'intuition qu'un bouleversement s'opérait, appellent cette année 1789 l'an I de la Liberté. Le vieux comput ne pouvait plus présider aux temps nouveaux.

Dans une lettre à M. de Lalande publiée le dans la Gazette nationale ou Le Moniteur universel[9], on peut lire : « Quand Jules César acheva de détruire la liberté romaine, quand il accepta la dictature perpétuelle et se fit nommer empereur, son premier soin, comme pour marquer cette époque désastreuse, fut de réformer le calendrier. Le moment où la France vient d'être régénérée […] n'est-il pas plus favorable encore à proposer un pareil changement […] C'est à vous, Monsieur, que je crois devoir soumettre cette idée, comme le plus capable de la développer et de la faire valoir ».

L’auteur y suggère de fixer le début de l’année à l’équinoxe de printemps, le 20 ou et par souci de simplicité, il proposait que « le changement commencerait au , nouveau style, et serait nommé l’Ère de la Liberté, comme l'a déjà fait un des membres de l'Assemblée nationale, M. Barère de Vieuzac[10] à qui nous devons les Étrennes du citoyen[9] ». L’idée, il est vrai, s’inspirait de projets antérieurs[11].

Dès 1785, Riboud, ancien procureur du roi de Bourg-en-Bresse, avait publié les Étrennes littéraires ou Almanach offert aux amis de l'humanité. Les noms des grands hommes y remplacent ceux des saints de l'Église. Pour célébrer l'anniversaire des plus illustres d'entre eux, il institue des fêtes qui rappellent leurs travaux ou leurs bienfaits. La fête de l'agriculture tombe le jour dédié à Columelle ; Jean-Jacques Rousseau préside à la fête des âmes sensibles, et Scarron à celle des malades agréables. Pour Newton, c'est la grande fête de l'univers[12].

En 1788, qu’il nomme « L’An premier du règne de la Raison[13],[Note 6] », Maréchal, sous-bibliothécaire à la bibliothèque Mazarine, reprend la même idée, mais la développe avec une tout autre ampleur en publiant son Almanach des Honnêtes Gens[13],[16],[Note 7] dans lequel, rejetant le calendrier grégorien[17] et retenant pour le début du sien le afin de respecter l'ordre des mois de l'ancien calendrier romain, il substitue aux saints des personnages célèbres, préfigurant ainsi le futur calendrier révolutionnaire[Note 8] ; l'ouvrage est condamné à être brûlé par le Parlement de Paris et son auteur interné trois mois[17],[Note 9].

Ères révolutionnaires

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On s'adresse donc aux astronomes pour qu'ils se mettent à l'ouvrage, mais en réalité, on tâtonna beaucoup avant de fixer l'« ère des Français ».

Les uns prétendaient qu'il fallait prendre la date de l'ouverture des états généraux de 1789 à Versailles, c'est-à-dire le  ; d'autres préféraient le , jour auquel le tiers état s'était déclaré « Assemblée nationale » ; d'autres réclamaient enfin la journée du (serment du Jeu de paume)[20].

Le Moniteur universel, dont le premier numéro[21] date précisément du jour de l'ouverture des états généraux et qui paraît ensuite quotidiennement depuis le , fait figurer après la date du jour, pour la première fois le , la mention « Seconde année de la Liberté[22] » ; une ère de la Liberté que ce journal fait débuter à la prise de la Bastille lorsqu'il titre deux semaines plus tard « Ier jour de la 2e Année de la Liberté » dans son numéro du [23].

Il faut attendre le vote par l’Assemblée législative du décret du pour que le début de l’ère de la Liberté soit officiellement fixé au  : « Tous les actes publics, civils, judiciaires et diplomatiques porteront l’inscription de l’ère de la Liberté » au motif que « toute l'année devait être mise à l'honneur d'avoir donné naissance à la Liberté[20],[24] ».

Après l’insurrection parisienne du 10 août 1792, la Révolution met à l’honneur l’égalité, « parce que l’égalité la plus parfaite, déclare Collot d’Herbois devant l’Assemblée législative le [25], est la base de nos principes politiques ». La mise à l’honneur de l’égalité, aux côtés de la liberté, modifie pour un temps la présentation des dates du calendrier. Pour la première fois, le , Le Moniteur universel[Note 10] retient la triple computation « Mardi . l'an quatrième de la Liberté, et le premier de l’Égalité[27] ».

Puis le , dès l'ouverture de la séance des travaux de la Convention, le député de Paris Billaud-Varenne demande « qu'à compter de la journée d'hier, au lieu de dater les actes l'an quatrième de la liberté, etc. on date l'an premier de la République française[4],[28] ». Deux jours plus tard, « L'an premier de la République française[29] » remplace « L'an quatrième de la Liberté, et le premier de l'Égalité » dans le titre du Moniteur.

Trois mois après, la Convention charge le son Comité d'instruction publique de lui présenter dans le plus bref délai « un rapport sur les avantages que doit procurer à la France l'accord de son ère républicaine avec l'ère vulgaire[30],[31] ». Il ne s’agissait donc pas, à l’origine, d’une exclusion de « l’ère vulgaire » (le calendrier grégorien) au profit d’un unique calendrier (le calendrier républicain).

Commission Romme

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Une commission est créée, formée du député du Puy-de-Dôme Romme et du député des Ardennes Ferry, qui demandent que Dupuis leur soit adjoint et Romme en est le rapporteur. C'est à ce titre que la création du calendrier républicain lui est généralement attribuée[32],[31],[Note 11]. Elle s'entoure de membres de l'Académie des sciences et associe à ses travaux Guyton-Morveau, Lagrange, Lalande, Monge et Pingré[34]. Le parallèle est frappant entre la commission des poids et mesures[35] et la commission du calendrier : dans les deux cas, les idéologues et les politiques entourent, encadrent les scientifiques, les buts des uns étant très différents de ceux des autres[31].

En fait, ce groupe de travail renonça, sans doute sur l'initiative de son rapporteur[36], à l’idée d’un accord entre le calendrier grégorien et l’ère républicaine au profit de la réforme du calendrier et le rapport demandé par la Convention ne fut jamais rédigé[37]. La gestation du projet durera neuf mois et le Romme est en mesure de présenter les travaux de la commission au Comité d'Instruction publique[38] qui ouvre la discussion le 19[39] ; il les présente ensuite devant la Convention le [40].

Romme développe dans son rapport les principes et les motivations du nouveau découpage du temps. En s'appuyant sur la rhétorique révolutionnaire, il trouve les formules qui frappent, qui marquent les buts idéologiques de la réforme.

« Le temps ouvre un nouveau livre à l'histoire ; et dans sa marche nouvelle, majestueuse et simple comme l'égalité, il doit graver d'un burin neuf les annales de la France régénérée[41]. […] Le 21 septembre, le dernier de la monarchie et qui doit être le dernier de l'ère vulgaire, les représentants du peuple français réunis en Convention nationale ont ouvert leur session et ont prononcé l'abolition de la royauté.

Le ce décret fut proclamé dans Paris, le fut décrété le premier de la République, et le même jour à 9 heures 18 minutes 30 secondes du matin le soleil est arrivé à l'équinoxe vrai, en entrant dans le signe de la balance. Ainsi l'égalité des jours aux nuits était marquée dans le ciel, au moment même où l'égalité civile et morale était proclamée par les représentants du peuple français comme le fondement sacré de son nouveau gouvernement[8]. »

Le rapport présente ensuite l'architecture du nouveau calendrier proposé avec une année dont le début est calé sur le jour de l'équinoxe d'automne, bissextile tous les 4 ans, avec une nouvelle nomenclature des 12 mois[Note 12], chacun de 30 jours divisés en 3 parties de 10 jours appelées décades, un total annuel de 36 décades, et pour terminer l'année de durée inchangée, 5 jours épagomènes et un sixième l'année bissextile[Note 13] ; s'y ajoute en outre une division décimale[Note 14] du jour, de l'heure, etc. Un projet de décret[45] termine la présentation de Romme du .

Convention nationale

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Le débat s'engage à la Convention dans les quinze jours qui suivent reflétant les divisions entre les factions en son sein puisqu’on touchait aux symboles mêmes de la République. Bentabole, député du Bas-Rhin et ami de Marat, traduisant sans doute le sentiment de lassitude, estime même le [46] « que la Convention nationale, en fixant l’ère française, a fait assez et qu’elle doit s’arrêter ». Il trouve inutile et même dangereux de changer les subdivisions du temps et leur dénomination.

« Lorsque Mahomet, déclare-t-il, conquérant et législateur, donna une autre ère aux peuples soumis à sa puissance, son but fut de les séparer du reste des hommes et de leur inspirer un respect superstitieux pour le culte qu’il leur prescrivait. Notre but, conclut-il, est contraire à celui de cet imposteur; nous voulons unir tous les peuples par la fraternité […] Je demande qu’on ajourne le reste du projet ». Lebon, député du Pas-de-Calais s'oppose à l'ajournement[46] : « Si le fanatisme sut par ce moyen affermir son empire, pourquoi négligerions-nous de l'employer pour fonder la liberté ? ».

Un député du Nord, Duhem, soutient qu'il faut faire le calendrier moins pour la France que pour toutes les nations. « Je vote, dit-il, pour nommer les divisions du temps par leur ordre numérique ». Romme consent à supprimer les dénominations révolutionnaires ou plutôt à les remplacer par des dénominations morales. « Le premier jour, dit-il, en développant son projet, est celui des époux ». « Tous les jours sont les jours des époux », riposte non sans malice le député de la Seine-Inférieure Albitte[46],[47]. La Convention adopte alors les dénominations morales.

Lebon souligne aussitôt le ridicule de ces dénominations et conseille de les abandonner : « D’ailleurs, plaide-t-il, la difficulté de surcharger sa mémoire de tant de noms fera conserver les anciens et vous aurez manqué votre but ». Il demande à ses collègues de rapporter le décret[46].

Revenant une fois de plus sur sa décision, la Convention se déjuge et décide de rapporter son premier décret adopté quelques instants plus tôt pour en revenir à la dénomination ordinale des mois, des jours et des décades[46].

Calendrier révolutionnaire

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Plaque datant de la Révolution française sur un mur du Haut-de-Cagnes (Alpes-Maritimes).

Le décret de la Convention nationale concernant l'ère des Français est publié le [48],[Note 15]. Le calendrier républicain entre en vigueur le lendemain du décret. Le , après le numéro du journal (qui correspond toujours au rang du jour dans l'année grégorienne), Le Moniteur universel remplace la date grégorienne mentionnée jusqu'alors[49] par la date républicaine du jour, « Le 16 du premier mois[50] », puis le lendemain sa numérotation change pour devenir celle du rang du jour dans l'année républicaine en cours[51].

Mais les inconvénients surgissent, dès qu'on veut s'en servir[Note 16]. Le peuple, que l'imagination domine et gouverne presque toujours, la trouve trop abstraite[53]. La rédaction des actes officiels devient laborieuse. Peut-on s'exposer à écrire des phrases comme celle-ci : « le deuxième jour de la deuxième décade du deuxième mois de la deuxième année de la République[54] ? ».

Une nouvelle commission de la Convention chargée d'étudier une nouvelle nomenclature des mois et des jours est créée le et on y voit apparaître un nouveau nom (les autres faisaient déjà partie du Comité d'Instruction publique)[55]. La nomenclature qu'avait proposée Romme[56] ne peut rivaliser avec la sonorité et la poésie puissante de celle imaginée par Fabre d'Églantine[57] et approuvée par la Convention le [58],[Note 17].

Le Moniteur universel officialise le ces innovations en titrant « Octodi[Note 18], première décade de Brumaire » où, après « l'an 2 de la République » des journaux antérieurs[62], « une et indivisible[Note 19] » depuis le [64], on lit désormais la double computation (date républicaine plus date grégorienne agrémentée[Note 20] de « vieux style »).

Le décret qui donne sa forme définitive au calendrier est publié le 4 frimaire an II ()[67],[68], le jour de la nèfle. Il abolit l'« ère vulgaire » pour les usages civils et définit le comme étant le premier jour de l'« ère des Français », avec comme première année l'an I. Pour les années suivantes, le premier jour de l'année est celui de l'équinoxe vrai au méridien de Paris. Des astronomes étaient chargés de déterminer l'instant du phénomène et quelques jours après un décret fixait ensuite le commencement de l'année[69].

Pour le baron Marc de Vissac, avocat et historien du XIXe siècle, ce calendrier n'a de révolutionnaire que le nom.

« Il serait puéril de contester la combinaison ingénieuse du calendrier républicain, en même temps que la hardiesse d'esprit de ceux qui le conçurent. Mais on est obligé de constater aussi que cette conception, toute grandiose soit-elle, n'était qu'un ensemble de réminiscences. Romme et ses collègues avaient cherché, trouvé et approprié ; ils n'avaient rien inventé[70] ».

« La division en douze mois était universelle et des plus anciennes. – Le morcellement du mois en décades avait existé à Athènes. – Les cinq jours épagomènes se retrouvent dans l'année égyptienne. – La Franciade est la copie servile de l'antique Olympiade. Les Tyriens dataient du recouvrement de leur liberté[70] ».

« Et quant à prendre l'équinoxe d'automne comme époque initiale de l'année, c'était revenir à l'usage des Chaldéens, des Perses, des Syriens, des Phéniciens, des Carthaginois ; c'était recommencer l'ère de Séleucus[70],[Note 21] ».

« Il n'est pas jusqu'à la plus originale des fêtes décrétées, celle de l'Opinion, qui ne fût renouvelée du Jour du Triomphe chez les Romains où le soldat, placé derrière le char, pouvait exhaler librement tout ce que lui suggéraient sa haine et sa gaieté[70] ».

Utilisation

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L'ère républicaine[Note 22] s'est appliquée un peu plus de douze ans d' au (12 ans, 2 mois et 27 jours pour être précis[102]).

L'an I ne fut pas utilisé puisque la fondation du calendrier républicain remonte aux premiers jours de l'an II ; aucun acte authentique ne peut porter une date de l'an I, mais on peut en trouver mention dans des documents où le mois grégorien est encore en usage, par exemple : « , an Premier de la République ».

L'an XIV, commencé le 1er vendémiaire an XIV () et arrêté le 10 nivôse an XIV (), le décadi jour du fléau, ne dura que trois mois et huit jours (très exactement cent jours).

Obligatoire

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Une campagne active et des mesures autoritaires[102] en avaient pourtant assuré le succès en l’an II, en l’an III, puis en l’an VI.

La loi du 16 vendémiaire an II ()[99],[103] fixa au dernier jour de chaque décade les vacances des fonctionnaires publics. Le Directoire en avait rappelé le caractère obligatoire avec l'entrée en vigueur de la Constitution du 5 fructidor an III qui dispose en son article 372 : « L'ère française commence au , jour de la fondation de la République[104],[Note 23] ».

Avec l'arrêté du 14 germinal an VI ()[99],[Note 24] les caisses publiques, les postes et messageries, les établissements publics d'enseignement, les spectacles, les rendez-vous de commerce, comme foires, marchés, les contrats et les conventions, etc. durent désormais se régler sur la décade, sur le mois ou sur les sans-culottides ; on prohiba la presse affichant la double computation[Note 25] et on chargea le conseil exécutif, les corps administratifs et les municipalités, de prendre toutes les mesures propres à favoriser et à faciliter l'usage exclusif du nouveau calendrier.

Critiqué

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Mais très tôt, si les administrations en avaient tant bien que mal respecté les clauses, de vives résistances s’étaient fait jour tant dans les classes populaires, et principalement dans les campagnes restées attachées à la religion, que dans les élites[Note 26].

On soulignait aussi les imperfections, voire le caractère « utopique », de ce calendrier calqué sur la nature… mais dont l’universalisation eût posé des problèmes sous d’autres climats et d’autres latitudes[102]. La règle adoptée fixait le commencement de l'année le jour où tombe l'équinoxe vrai d'automne pour l'Observatoire de Paris. Ainsi, en toute rigueur, la durée de l'année résultait de l'observation, et n'était donc plus prévisible.

En ce qui concerne les critiques, le député d'Ille-et-Vilaine Lanjuinais les énumère quand il déclare le 30 thermidor an III () : « C’est d’abord un problème de savoir quel jour commence l’année dans le nouveau calendrier […] Les nouveaux noms des mois sont vérité dans le nord, et perpétuel mensonge au midi. […] Le décadi ne s’accorde point avec la nature. Il n’y a ni hommes, ni animaux qui supportent neuf jours de travail consécutif. […] Pourquoi la plus solennelle des fêtes religieuses est-elle dans le calendrier de Romme et de Fabre d’Eglantine le jour du Chien ? […] Je vote donc pour que le calendrier des assassins de la France ne soit pas constitutionnellement le calendrier du peuple français[107],[108] ».

Les deux premiers Noël dans le nouveau calendrier républicain en vigueur – 5 nivôse an II () et 5 nivôse an III () – furent en effet tous deux le jour du chien[Note 27].

Abrogation

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« Le calendrier républicain était né petit à petit, à coup de décrets et de modifications », écrit Véronique Le Ru. « Il va mourir de la même façon, à coup de critiques. Sa fin est aussi politique que sa naissance[109]. »

Consulat

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Comme l’idée de Bonaparte est de faire de la religion catholique une religion d’État après le coup d'État du 18 brumaire an VIII () dont est issu le Consulat, il faut bien, pour des raisons inverses de celles qui l’avaient imposé, déconstruire le calendrier républicain[110],[111]. Bonaparte commence par tordre le cou au décadi : seuls les fonctionnaires sont soumis au décadi par arrêté des consuls du 7 thermidor an VIII ()[111]. Leur repos est désormais fixé au dimanche le 18 germinal an X ()[111],[112] puis la semaine redevient légale[109].

Le jeudi de l'Ascension, la fête de l'Assomption[Note 28], la Toussaint et Noël deviennent fériés par l'arrêté du 29 germinal an X ()[116],[117] découlant du Concordat pour la religion catholique du 26 messidor an IX () ratifié par le pape avec la bulle Ecclesia Christi[118],[119] ().

La double computation du Moniteur universel reprend, sans l'ajout « vieux style », dès le 30 frimaire an XI () de la semaine de Noël[100],[101], alors que Bonaparte est consul à vie depuis le 14 thermidor an X (). Deux ans plus tard, le 28 floréal an XII () le Sénat proclame Napoléon empereur des Français et Pie VII consacre l’événement le 11 frimaire an XIII () à Notre-Dame de Paris[Note 29].

En 1804 et 1805, le nouveau pouvoir impérial qui n'a abrogé ni la République, ni son calendrier, ne célèbre plus les fêtes républicaines[122],[Note 30]. La suppression du calendrier républicain offre un exemple des ambiguïtés d'un régime qui, selon Jacques-Olivier Boudon, « se refuse à briser net ses racines révolutionnaires[122] ». Le 22 fructidor an XIII (), un sénatus-consulte impérial[124] abroge ce calendrier qui avait été renommé calendrier français, et rétablit le calendrier romain (grégorien) à partir du 11 nivôse an XIV ().

Ce fut Laplace lui-même qui présenta au Sénat conservateur le rapport de la commission « pour l'examen du projet de sénatus-consulte portant rétablissement du calendrier grégorien » : « Il ne s'agit point d'examiner quel est, de tous les calendriers possibles, le plus naturel et le plus simple. Nous dirons seulement que ce n'est, ni celui qu'on veut abandonner, ni celui qu'on vous propose de reprendre[124] ».

Le dernier numéro « vieux style » du 10 nivôse an XIV () du Moniteur universel paraît avec le no 100 qui affiche toujours les deux calendriers[96]. Le lendemain la date grégorienne figure seule dorénavant, précédée du nom du jour de la semaine, tandis que la numérotation du journal est réinitialisée au rang du jour dans la nouvelle année grégorienne qui commence[125]. Le calendrier révolutionnaire n'aura été appliqué que durant 12 ans, 2 mois et 27 jours[102].

Le préfet des Bouches-du-Rhône Thibaudeau écrira plus tard : « Malgré la promesse solennelle faite par le gouvernement consulaire de conserver le calendrier républicain comme une conquête faite sur le fanatisme on ne s’en servait presque plus pour les actes publics. Dans les relations sociales, le calendrier romain avait été remis en usage ; dans l'ordre religieux il était nécessairement suivi ; la double date était ainsi constamment employée ; il y avait dans le fait deux calendriers à-la-fois[124],[126] ».

Enseignements

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Thibaudeau poursuit son analyse, reprenant à son compte les arguments développés au Sénat par les rapporteurs Regnaud de Saint-Jean d'Angély et Mounier lors de la séance du 15 fructidor an XIII ()[124],[126] :

« Le calendrier républicain avait été imaginé dans la vue de donner aux Français un calendrier purement civil, et qui, n'étant subordonné aux pratiques d'aucun culte, convînt également à tous ».

« Les autres avantages de ce calendrier étaient la longueur uniforme des mois composés constamment de trente jours. Les saisons qui commençaient avec le mois, et ces terminaisons symétriques qui faisaient apercevoir à quelle saison chaque mois appartenait, étaient des idées simples et commodes. Enfin, dans ce calendrier on voyait une division sage et régulière fondée sur la connaissance exacte de l'année et du cours du soleil. […] »

« On reprochait au calendrier républicain deux défauts essentiels. Le premier et le plus grave était la règle prescrite pour les sextiles qu'on avait fait dépendre du cours vrai et inégal du soleil, au lieu de les placer à des intervalles fixes. On pouvait facilement corriger ce défaut. Il s'agissait de déterminer seulement qu'à commencer de l'an XVI les sextiles se succédassent de quatre en quatre ans, et les années séculaires de quatre cents en quatre cents ans[Note 31] ».

« Le second défaut était dans l'époque assignée pour le commencement de l'année. On aurait dû, pour contrarier moins les habitudes et les usages reçus, le fixer au solstice d'hiver ou bien à l'équinoxe du printemps[Note 32], c'est-à-dire au passage du soleil par le point d'où tous les astronomes de tous les temps et de tous les pays avaient compté les mouvements célestes. On avait préféré l'équinoxe d'automne pour éterniser le souvenir de la fondation de la République[Note 33]. Enfin, il jetait des embarras dans les relations extérieures. […] »

« La véritable raison pour laquelle on abrogeait le calendrier nouveau, c'est qu'il était odieux à Rome et une institution de la République, qu'on ne le croyait plus compatible avec l'Empire et avec la religion catholique de fait et un peu de droit dominante », conclut Thibaudeau. « Quant aux relations extérieures, toute l'Europe correspondait sans difficulté avec la Russie et la Porte ottomane, qui n'étaient pas d'humeur de sacrifier leurs calendriers aux convenances du catholicisme[126] ».

Pour Bronisław Baczko, « À l'ancien calendrier, aussi irrationnel et imprégné de préjugé que le temps de l'histoire dont il fixait la marche, devait s'opposer un système nouveau, rationnel aussi bien dans ses principes que dans ses symboles[127] ».

« Les législateurs avaient méconnu », observe de son côté Paul Couderc, « la force des liens avec le passé, la puissance des anniversaires dans le cœur des hommes[7] ». La réforme grégorienne, appliquée en France sous Henri III dès décembre 1582, venait en 1752 seulement d'être adoptée en Angleterre et en Suède[Note 34]. L'astronome anglais Bradley, qui l'avait vigoureusement préconisée, en resta impopulaire jusqu'à sa mort, d'où la boutade de Voltaire : « La populace anglaise aimait mieux voir le calendrier en désaccord avec le soleil, que d'être d'accord avec le pape, et refusait d'accepter une réforme dont il aurait fallu savoir gré au grand Turc, s'il l'avait proposée[130],[131] ».

« La chronologie nouvelle », poursuit Couderc, « rompait avec l'Histoire. S'accordant au futur, elle restait sourde au passé, même le plus récent. Elle n'eut pas le temps de pousser des racines dans l'âme du peuple et disparut sans être regrettée des contemporains[7],[Note 35] ».

Architecture du calendrier républicain

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On peut ramener à trois les motifs qui déterminèrent, à l'automne 1793, la réforme du calendrier grégorien. La Convention voulait briser une arme entre les mains du clergé[41], propager tout ce qui pouvait inculquer à la nation l'amour de la République et de la liberté, enfin soumettre la mesure du temps aux principes de la numération décimale qui régissaient tout juste depuis le décret du la mesure des surfaces, des volumes et des poids[133]. Lagrange et Monge, qui avec Borda avaient rapporté les travaux de la commission des poids et mesures[134], faisaient également partie de celle du calendrier.

Bref historique des calendriers

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Le calendrier égyptien

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« Les Égyptiens, depuis la plus haute antiquité, et les Babyloniens, 746 ans avant l'ère vulgaire, se rapprochèrent des vrais principes, en faisant leur année de 360 jours, distribués en 12 mois égaux de 30 jours[Note 36] et 5 épagomènes » écrit Romme dans son rapport[135]. Ces calendriers bien connus des astronomes de la Commission la conduisirent à s'en inspirer et à en corriger les imperfections.

Le calendrier égyptien comptait en fin d'année cinq jours épagomènes pour correspondre au cycle astronomique qu'il représente, c'est-à-dire l'année tropique. Il était cependant loin d'être parfait ; il restait « vague », car l'année s'y trouvait plus courte d'un quart de jour, ce que les Égyptiens n'ignoraient pas. Cependant, malgré son incommodité, il fut conservé sous la pression des traditions pendant plusieurs millénaires. Le besoin d'intercaler un jour tous les quatre ans se fit néanmoins sentir en 238 avant notre ère, sous Ptolémée III Évergète (246 à 222), motivant un décret qui précisait : « Pour que les saisons se succèdent d'après une règle absolue et conformément à l'ordre du monde, un jour supplémentaire sera intercalé tous les quatre ans entre les cinq jours épagomènes et le nouvel an[136] ».

Le calendrier julien

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Le calendrier julien mentionné par Romme dans son rapport[135] est un calendrier solaire utilisé dans la Rome antique, introduit par Jules César (d'où son nom) pour remplacer le calendrier romain républicain. César fit venir d'Égypte l'astronome grec Sosigène, établi à Alexandrie, et le prit pour conseiller. La réforme repose sur l'hypothèse que l'année tropique comporte exactement 365,25 jours. Pourtant Hipparque, le plus grand astronome de l'Antiquité, avait reconnu, cent ans plus tôt, que l'année est inférieure à 365,25 jours et lui attribuait 365 jours 5 heures 55 minutes. Sosigène ne pouvait ignorer le résultat d'Hipparque. Un écart de cinq minutes lui parut-il négligeable pour un calendrier[137],[138] ?

L'année civile devant, par commodité, avoir un nombre entier de jours, l'année commune fut fixée à trois cent soixante cinq jours, trop courte d'un quart de jour. Pour lier le calendrier aux saisons, pour que les phénomènes astronomiques qui les gouvernent se reproduisent aux mêmes dates, on décida de combler le déficit annuel d'un quart de jour par un jour additionnel tous les quatre ans. il fut décidé aussi que l'équinoxe de printemps coïnciderait désormais avec le . Enfin César ramena le début de l'année du au , date à laquelle les consuls entraient en charge : le de l'an inaugure donc la réforme julienne.

L'année tropique, qui raccourcit très lentement et vaut aujourd'hui environ 365,242 189 8 jours, dépassait de très peu 365,242 3 jours au temps de César. L'année julienne l'emporte de 0,007 8 jour, c'est-à-dire de 11 minutes 14 secondes, sur l'année astronomique des saisons. Le système de César ne remplit donc pas strictement les conditions nécessaires à une fixité définitive. En un siècle de cent années juliennes, l'excès atteint trois quarts de jour environ. Au bout de quatre siècles, le calendrier julien est en retard de trois jours sur les saisons. Autrement dit, la date du passage du soleil à l'équinoxe de printemps avance de trois jours tous les quatre siècles, dans le calendrier julien.

Le calendrier grégorien

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En l'an 325 l'équinoxe de printemps tomba le et les pères de l'église qui tenaient concile à Nicée pensèrent que l'équinoxe de printemps tomberait désormais indéfiniment à cette date. Fort imprudemment, ils lièrent la fixation de Pâques à la date du [Note 37]. Dans les siècles qui suivirent, le calendrier julien continua, naturellement, à dériver par rapport à l'équinoxe, qui s'écarta peu à peu du [Note 38]. Depuis ce Concile, mille deux cent cinquante-sept ans s'étaient écoulés ; l'équinoxe de printemps tomba le en l'an 1582, en avance de dix jours par rapport à la date du 21 qui lui avait alors été assignée.

L'écart constaté est conforme aux calculs. Pour ramener l'équinoxe au , il suffisait de couper dix jours à l'année 1582 : ce retranchement fut fait par le pape Grégoire XIII (d'où le calendrier grégorien) et pour l'Église romaine, au mois d'octobre. Le lendemain du jeudi 4 octobre fut le vendredi 15. En France le retranchement eut lieu en décembre sous Henri III (le lendemain du dimanche 9 fut le lundi 20). La continuité de la semaine est ainsi maintenue. L'an 1582 n'eut donc que trois cent cinquante-cinq jours et dès l'année suivante, 1583, le coïncida avec l'équinoxe de printemps.

La loi destinée à conserver indéfiniment cette coïncidence est importante à connaître : il suffit de supprimer le plus régulièrement possible le caractère bissextil de trois années parmi la centaine que le calendrier julien introduit en quatre cents ans. Pour assurer un nombre entier de jours à l'année, on y ajoute tous les 4 ans, les années dont le millésime est divisible par 4, un jour intercalaire, à l'exception des années séculaires, qui ne sont bissextiles que si leur millésime est divisible par 400 (1600, 2000). En appliquant cette règle, on arrive à une année de 365,242 5 jours[Note 39] au lieu de 365,242 189 8 jours[Note 40] soit un excès de 1 jour en 3 223 ans, ou 26,8 secondes par an[Note 41].

C'est à ce calendrier que Romme veut tordre le cou. L'abbé Grégoire écrira dans ses mémoires[140] : « J'ai mentionné ailleurs la création du calendrier nouveau, inventé par Romme pour détruire le dimanche[141] : c'était son but, il me l'a avoué. Le dimanche, lui dis-je, existait avant toi, il existera encore après toi ».

L'année républicaine

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Montre gousset à heures duodécimales, et jours du mois et de la semaine en calendrier révolutionnaire. Exposée au musée des Beaux-Arts de Neuchâtel.
 
Corniquet - horloge à heures duodécimales et décimales. Exposée au Musée des Arts Décoratifs de Paris
 
Cadran d'horloge affichant à la fois l'heure décimale (à l'intérieur du cercle) et l'heure duodécimale (sur le bord extérieur).

L'année du calendrier républicain est découpée en douze mois de 30 jours chacun (soit 360 jours), plus cinq (ou six jours les années sextiles) ajoutés en fin de l'année afin de faire correspondre le début de l'année suivante avec l'équinoxe d'automne au méridien de Paris[Note 42].

La notion de mois, dont l'étymologie est attachée au cycle lunaire[Note 36], est donc conservée[143] mais disparaît celle de semaine, d'origine biblique[144], même si elle correspond grossièrement à un quart du cycle lunaire. Chaque mois est découpé en trois décades de 10 jours.

Dans son rapport sur l'ère de la République présenté au Comité d'Instruction publique le [40], Romme n'hésite pas à affirmer :

« Aujourd'hui, beaucoup plus éclairé on sent l'inutilité de ces réformes préparées à l'avance pour plusieurs siècles, et qui ont fait le désespoir des chronologistes, des historiens et des astronomes. En suivant le cours naturel des choses, et cherchant un point fixe dans les mouvements célestes bien connus aujourd'hui, il sera toujours facile de faire coïncider l'année civile avec l'année solaire par des corrections qui se feront successivement, aussitôt que les petites différences cumulées auront produit un jour[145]. […]

Si la raison veut que nous suivions la nature plutôt que de nous traîner servilement sur les traces erronées de nos prédécesseurs, nous devons fixer invariablement notre jour intercalaire au moment où la position de l'équinoxe le comportera[43].

Après une première disposition, que la concordance avec les observations astronomiques rend nécessaire, la période sera toujours de 4 ans ; sa longueur, les jeux publics que vous instituerez, sans doute, au jour intercalaire qui la termine, la rapprocheront de l'Olympiade des Grecs ; nous vous proposons de l'appeler l'Olympiade française, et la dernière année l'Olympique[43]. »

Absent de Paris au moment de la promulgation du décret de création du 14 vendémiaire ()[48], Lalande[Note 43] déplore à son retour[147] l'article III « Le commencement de chaque année est fixé à minuit, commençant le jour où tombe l'équinoxe vrai d'automne pour l'Observatoire de Paris[48] » qui exclut toute règle d'intercalation[148].

Le décret de la Convention nationale sur l'ère, le commencement et l'organisation de l'année et sur les noms des jours et des mois du calendrier républicain promulgué le 4 frimaire an II ()[68] n'en tient aucun compte[149].

« La raison veut que nous suivions la nature, plutôt que de nous traîner servilement sur les traces erronées de nos prédécesseurs. Nous devons donc fixer invariablement notre jour intercalaire dans l'année que la position de l'équinoxe d'automne comportera. Après une première disposition que la concordance avec les observations astronomiques rend nécessaire, la période sera de quatre ans. Ce n'est qu'après cent vingt-neuf ans environ[Note 44] qu'on devra retrancher le jour intercalaire à l'une de ces périodes[151]. »

Le décret entérine une contradiction : l'année commence le jour de l'équinoxe d'automne d'après l'article III et l'année sextile est intercalée tous les quatre ans d'après l'article X.

Romme ne veut pas entendre[147] que cette périodicité de quatre ans des années sextiles implique des règles d'intercalation rigoureuses[Note 45] analogues à celles du système grégorien afin que la durée moyenne de l'année républicaine s'approche au mieux de celle de l'année tropique mesurée par Lalande (365 jours 5 heures 48 minutes et 48 secondes, valeur qui peut s'écrire 365,242 222 jours[139],[Note 46]).

Une table jointe en annexe au décret donne, pour les treize prochaines années de la République[150], les années sextiles, savoir l'an III, l'an VII et l'an XI, qui se succèdent avec la régularité quadriennale de l'article X[34] et... de l'intercalation julienne !

Selon l'article XI du décret du 4 frimaire[68], la journée devait être ensuite découpée suivant le système décimal « de minuit à minuit » ; elle comportait dix heures découpées en dix parties elles-mêmes décomposables en dix parties, ainsi de suite « jusqu’à la plus petite portion commensurable de la durée ». Les 12 heures d'une montre ancien style devaient ainsi correspondre à 5 heures d'une montre nouveau style ; le 10e d'une heure nouvelle valait 14 minutes et 24 secondes anciennes. L'article XXII de la loi du 18 germinal an III (), relative aux poids et aux mesures, suspend cette disposition de la loi pour une période indéterminée[152].

Les années sextiles

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Le mot « bissextile » des calendriers julien et grégorien tient son origine aux particularités du calendrier romain. Le mois, consacré aux dieux infernaux, conserva en apparence un nombre pair de jours (vingt-huit), les nombres impairs étant tenus pour favorables et consacrés aux dieux supérieurs. Mais on doubla le vingt-quatrième jour de février, qui portait le nom[Note 47] de sixième avant les calendes de mars, . Le jour supplémentaire fut donc dit : bis-sextus (ante) calendas martias d'où le terme de bissextil[153] . La commission de Romme s'empressa de corriger ce mot attaché aux calendriers bannis pour retenir dorénavant le mot « sextile[Note 48] ».

Romme pensait que les années sextiles se suivraient régulièrement de quatre en quatre ans, et qu'après trente-trois périodes quadriennales le jeu naturel de l'équinoxe ferait supprimer un jour intercalaire (ce qui n'est pas le cas)[155]. Le décret du 4 frimaire consacre cette périodicité présumée, et ordonne que « la période de quatre ans, au bout de laquelle l'addition d'un jour est ordinairement nécessaire, serait appelée la Franciade[Note 49] ».

Après la chute de Robespierre du 9 thermidor an II (), Lalande revient à la charge[148],[147] et avec Delambre[Note 50] il propose à Laplace d’en revenir au système grégorien d’intercalation. Ils alertent Romme : il est convenu de revoir les articles III et X du décret[34].

Il s’avérait, selon les calculs de l’astronome Delambre (qui n'avait pas été consulté en 1793), que les années sextiles ne revenaient pas si régulièrement que cela et que, trois fois en un siècle, l’intervalle entre deux années sextiles aurait compté cinq ans. D’autre part, Delambre constata que, compte tenu de l’imprécision des calculs de l’époque, il serait impossible de dire à l’avance si l’équinoxe tomberait avant ou après 24 heures lorsque l’heure calculée de l’équinoxe était trop proche de minuit. Le cas devait se produire en l'an CXLIV où le calcul indiquait l'équinoxe comme devant arriver vingt secondes avant minuit, mais où en réalité il pouvait aussi bien arriver quelques minutes après minuit, ce qui eût entraîné une différence d'un jour[156],[Note 51].

Projet de correction de l'intercalation

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Romme se chargea de porter la question devant le Comité d'instruction publique, dont il n'était plus membre depuis le mois de ventôse an II[157] . Ce fut le 20 germinal an III () qu'il se présenta au Comité, composé alors de Prieur, Massieu, Daunou, Bailleul, Grégoire, Rabaut-Pomier, Deleyre, Dulaure, Barailon, Villar, Lakanal, Curée, Plaichard, Wandelaincourt, Lanthenas et Lalande (de la Meurthe). Le Comité, après l'avoir entendu, prit l'arrêté suivant : « Le Comité arrête que le représentant du peuple G. Romme lui fera un rapport sur l'ordre à établir dans les sextiles de l'ère républicaine. Il est autorisé à appeler pour cet objet auprès de lui les citoyens qu'il jugera les plus propres à l'aider de leurs lumières[158] ».

Romme convoqua alors une assemblée de géomètres et d'astronomes, devant laquelle Delambre exposa son projet, qui fut adopté. « Romme, raconte Delambre, voulut le rédiger lui-même ; il s'y trompait toujours, et je lui faisais mes observations ; enfin, quand il ne resta plus que quelques légères imperfections, j'y donnai mon assentiment[69] ». Romme était tenu à garder certains ménagements : on ne pouvait pas avouer tout simplement qu'on s'était trompé, sans ébranler la confiance du public et de la Convention à l'endroit du nouveau calendrier, et donner prise aux commentaires malveillants des adversaires ; le rapport ne devait donc pas parler d' « abroger » certains articles du décret, mais de les « perfectionner »[158].

Ce fut le 19 floréal que Romme reparut devant le Comité d'instruction, et le procès-verbal de la séance relate en ces termes ce qui se passa : « Le représentant du peuple Romme fait au Comité un rapport dont il avait été chargé par arrêté du 20 germinal sur les difficultés que présenterait l'exécution rigoureuse de l'article III du décret du 4 frimaire an II sur l'ère républicaine. Il propose, pour la distribution des jours intercalaires, une règle fixe et facile qui ramène la coïncidence de l'année civile avec l'année moyenne astronomique. Le projet de décret qu'il a lu, à la suite de ce rapport, a reçu quelques amendements, et a été adopté comme il suit, pour être présenté à la Convention nationale (suit un projet de décret en sept articles)[159]. »

Le Comité arrête que le rapport et le projet de décret seront imprimés et distribués à la Convention nationale pour préparer la discussion. Le Comité rapporte son arrêté du 6 nivôse, qui charge la Commission d'instruction publique de faire graver et imprimer deux calendriers perpétuels en forme de tableaux, présentés par l'éditeur Thuillier de Versailles, et Nouet, attaché comme astronome à l'Observatoire[160]. La Commission est chargée de suspendre sur-le-champ le travail et de payer ce qui se trouve fait en exécution de l'arrêté cité.

Le rapporteur débute par un éloge de l'annuaire de la République, où l'on trouve « une division du temps simple, facile, exacte, indépendante de toute opinion, de tout préjugé, de toute localité, et par conséquent digne d'un peuple souverain ». Puis il continue en ces termes :

« Un degré de perfection lui manquait dans la manière d'exécuter l'article III du décret du 4 frimaire, qui fixe le commencement de l'année. Delambre, astronome distingué, chargé de mesurer un arc du méridien pour déterminer avec précision l'unité naturelle et générale de toutes nos mesures, a calculé les difficultés qui résulteraient de l'exécution trop rigoureuse de cet article, et la possibilité de les lever toutes par une règle simple et fixe, en restant dans les limites les plus rapprochées du décret, dans les cas peu nombreux où il y aurait de l'inconvénient à s'y renfermer tout à fait. […]

Dans les calendriers julien et grégorien, les années bissextiles se déterminent par une règle facile, mais insuffisante. […]

Un grand nombre de causes, dont quelques-unes ne sont encore appréciées qu'approximativement, tendent à faire varier sans cesse la longueur absolue de l'année. Cette variation ne peut jamais aller au delà de cinquante secondes par an, mais elle est irrégulière, et ne peut se déterminer par une règle simple. Il paraissait donc naturel, pour conserver toujours l'incidence des saisons aux mêmes époques de l'année, de renoncer à toute espèce de règle pour la distribution des jours intercalaires, et de faire résulter l'intercalation de la cumulation des différences annuelles rectifiées sur les observations récentes, en ajoutant un jour aussitôt que la somme de ces différences sortirait des limites d'un minuit à l'autre. […]

C'est dans cet esprit qu'a été rédigé l'article III du décret, après avoir consulté les hommes éclairés nommés dans le rapport qui fut fait alors. Cet article demande que l'année commence avec le jour où tombe l'équinoxe vrai pour l'Observatoire de Paris. Un examen plus approfondi de cette question, par Lalande, Laplace, mais surtout par Delambre, a fait sentir la nécessité de faire toutes les années égales, et de soumettre les intercalations à des règles fixes. […]

En supposant même qu'on puisse déterminer exactement et d'avance le jour de l'équinoxe vrai, il résulterait de l'exécution rigoureuse de l'article une distribution très irrégulière des jours intercalaires. Le plus souvent, ils arriveraient de quatre en quatre ans, mais quelques-uns n'arriveraient qu'après cinq ans, et cela à des intervalles inégaux ; il en résulterait, de plus, que les sextiles tomberaient tantôt sur des années paires, tantôt sur des années impaires. Cette irrégularité ne pourrait être soumise à aucune règle facile ; l'astronome, le chronologiste, le fonctionnaire public, le commerçant, ne pourraient savoir si une année est sextile qu'en consultant une table calculée exprès. On a vu plus haut s'il est possible de la faire toujours exacte[161]. »

La règle que proposent les astronomes établit trois corrections indispensables : « l'une tous les quatre ans ; la seconde tous les quatre cents ans ; la troisième tous les trente-six siècles, ou pour plus de convenance tous les quatre mille ans[162] ». On ajouterait un jour intercalaire à l'année tous les quatre ans, en exceptant les années séculaires ; toutefois, tous les quatre siècles, l'année séculaire serait sextile ; mais, au bout d'une période de quatre mille ans, la dernière année séculaire de la période, qui eût dû être sextile, serait une année ordinaire. Cette dernière disposition était une innovation[Note 52], tandis que la correction de la quatrième année séculaire existait déjà dans le calendrier grégorien. Elle conduit à une durée moyenne de l'année républicaine égale à 365,242 25 jours[Note 46].

Un projet de décret résumait les propositions contenues dans le rapport[159],[163] . Par le repositionnement de la première année sextile en l'An IV au lieu de l'An III auparavant, il privilégiait l'article X sur l'article III du décret du 4 frimaire an II[68] mais il ne vint jamais en discussion devant la Convention. Les événements de prairial emportèrent Romme et ses amis, laissant le calendrier inachevé. Ici encore, c'est la situation politique qui commandait l'attitude des uns et des autres. Après la fin tragique de Romme, l'abbé Grégoire, qui lui avait succédé, n'osa pas proposer le décret à l'Assemblée de peur qu'un débat ne s'ouvrît, qui aurait pu conduire à une demande d'abrogation[164].

Delambre écrira plus tard : « Nous aurions pu trouver dans le Comité d'instruction publique un autre rapporteur, mais celui auquel nous nous adressâmes n'osa proposer aucune réforme, de peur qu'on ne supprimât tout à fait ce calendrier, au lieu de le corriger[69] ». Ainsi, les thermidoriens et les astronomes préfèrent s'accommoder des imperfections de l'article X, plutôt que de risquer de perdre l'un des symboles de la République. C'est ce calendrier non modifié qui sera en usage en France jusqu'au 11 nivôse an XIV ().

Les propositions de Delambre

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L'article VI du projet de décret mérite d'être signalé : « Tous les ans, il sera extrait de la Connaissance des temps, et présenté à l'Assemblée nationale, un annuaire pour les usages civils : calculé sur des observations exactes, il servira de type aux calendriers qui se répandront dans la République[163] ». En 1797 le Bureau des longitudes publie la date du début des vingt-cinq premières années républicaines qui fait apparaître que l'an XIX n'est pas une année sextile, première contradiction avec la règle quadriennale des années sextiles observées jusqu'alors[165].

Delambre propose en outre une règle astucieuse d'intercalation possible qui respecte à la fois d'une part l'article III et d'autre part, l'article X du décret du 4 frimaire an II, dès lors que l'on adopte pour longueur de l'année la valeur obtenue par Lalande de 365 jours 5 heures 48 minutes et 48 secondes[139], valeur qui peut s'écrire 365,242 222 jours. Pour trouver les rapports qui approximent le mieux l'excédent fractionnaire de l'année, il utilise la technique du développement en fraction continue[166],[167]. Il dresse ainsi la table des années sextiles des 400 premières années du calendrier républicain depuis sa promulgation le 14 vendémiaire an II[168].

Les mois

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Le poète Fabre d'Églantine fut chargé de trouver une nomenclature[Note 12] moins sèche et moins abstraite que celle proposée par Romme dans son rapport à la Convention nationale du . L'idée qui lui servit de principe fut « de consacrer par le calendrier le système agricole et d'y ramener la nation, en marquant les époques et les fractions de l'année par des signes intelligibles ou visibles pris dans l'agriculture ou l'économie rurale[169] ».

Dans ce système, les dénominations du temps sont empruntées à son contenu et servent à le désigner[Note 53].

« Ainsi, les trois premiers mois de l'année, qui composent l'automne, prennent leur étymologie : le premier des vendanges, qui ont lieu de septembre en octobre ; ce mois se nomme vendémiaire ; le second, des brouillards et des brumes basses qui sont, si je puis m'exprimer ainsi, la transsudation de la nature d'octobre en novembre ; ce mois se nomme brumaire ; le troisième, du froid, tantôt sec, tantôt humide, qui se fait sentir de novembre en décembre ; ce mois se nomme frimaire.

Les trois mois de l'hiver prennent leur étymologie, le premier, de la neige qui blanchit la terre de décembre en janvier ; ce mois se nomme nivôse ; le second, des pluies qui tombent généralement avec plus d'abondance de janvier en février ; ce mois se nomme pluviôse ; le troisième, des giboulées qui ont lieu, et du vent qui vient sécher la terre de février en mars ; ce mois se nomme ventôse.

Les trois mois du printemps prennent leur étymologie, le premier, de la fermentation et du développement de la sève de mars en avril ; ce mois se nomme germinal ; le second, de l'épanouissement des fleurs d'avril en mai ; ce mois se nomme floréal ; le troisième, de la fécondité riante et de la récolte des prairies de mai en juin ; ce mois se nomme prairial.

Les trois mois de l'été enfin prennent leur étymologie, le premier, de l'aspect des épis ondoyants et des moissons dorées qui couvrent les champs de juin en juillet ; ce mois se nomme messidor ; le second, de la chaleur, tout à fois solaire et terrestre, qui embrase l'air de juillet en août ; ce mois se nomme thermidor[Note 54] ; le troisième, des fruits, que le soleil dore et mûrit d'août en septembre ce mois se nomme fructidor[170]. »

  • Mois d'automne (terminaison en -aire, du latin -arius, suffixe adjectival)
    • Vendémiaire (22/23/24 septembre ~ 21/22/23 octobre) – Période des vendanges[C 1]
    • Brumaire (22/23/24 octobre ~ 20/21/22 novembre) – Période des brumes et des brouillards[C 2]
    • Frimaire (21/22/23 novembre ~ 20/21/22 décembre) – Période des froids (frimas)[C 3]
  • Mois d'hiver (terminaison en -ose à l'origine, abusivement orthographiée ôse par la suite, du latin -osus, « doté de »)
    • Nivôse (21/22/23 décembre ~ 19/20/21 janvier) – Période de la neige[C 4]
    • Pluviôse (20/21/22 janvier ~ 18/19/20 février) – Période des pluies[C 5]
    • Ventôse (19/20/21 février ~ 20/21 mars) – Période des vents[C 6]
  • Mois du printemps (terminaison en -al, du latin -alis, suffixe adjectival)
    • Germinal (21/22 mars ~ 19/20 avril) – Période de la germination[C 7]
    • Floréal (20/21 avril ~ 19/20 mai) – Période de l'épanouissement des fleurs[C 8]
    • Prairial (20/21 mai ~ 18/19 juin) – Période des récoltes des prairies[C 9]
  • Mois d'été (terminaison en -idor, du grec dôron, don)

Les décades

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Chaque mois est divisé en trois décades[171],[68] (périodes de 10 jours). L'essentiel était d'avoir toujours le quantième du mois à sa disposition sans être obligé de recourir au calendrier matériel. On obtint ce résultat avec la dénomination ordinale. Fabre d'Églantine inventa des mots qui, tout en conservant la signification du nombre ordinal, formèrent un nom différent pour chaque jour. Il proposa de dire pour exprimer les jours de la décade : « primedi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, décadi[Note 55] ».

Cette combinaison permet de déterminer presque instantanément le quantième du mois. « Par exemple, dit Fabre, il suffit de savoir que le jour actuel est tridi pour être certain que c'est aussi le 3 ou le 13 ou le 23 du mois, comme avec quartidi, le 4 ou le 14 ou le 24 du mois, ainsi de suite. On sait toujours à peu près si le mois est à son commencement, à son milieu ou à sa fin. Ainsi l'on dira tridi est le 3 au commencement, le 13 au milieu, le 23 à la fin[176],[177] ».

Les jours de l'année

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Là ne se bornèrent pas les innovations de Fabre d’Églantine. Le calendrier, remarquait-il, est, par excellence, le livre du peuple. Il faut en profiter « pour glisser parmi le peuple les notions rurales élémentaires, pour lui montrer la richesse de la nature, pour lui faire aimer les champs, et lui désigner avec méthode, l'ordre des influences du ciel et des productions de la terre[178] ». « Les prêtres n'avaient pas ignoré le parti qu'on pouvait tirer du calendrier. Pour propager et affermir leur empire, ils avaient placé chaque jour sous la protection d'un prétendu saint. Mais ce catalogue n'était que le répertoire du mensonge, de la duperie et du charlatanisme[178] ».

Exeunt les apôtres, les vierges et les martyrs, le législateur devait chasser « cette foule de canonisés » du calendrier du peuple et leur substituer « tous les objets qui composent la véritable richesse nationale, le digne objet sinon de son culte, du moins de sa culture[178] ». « En conséquence, nous avons rangé par ordre, dans la colonne de chaque mois, les noms des vrais trésors de l'économie rurale. Les grains, les pâturages, les arbres, les racines, les fleurs, les fruits, les plantes, sont disposés dans le calendrier, de manière que la place et le quantième que chaque production occupe est précisément le temps et le jour où la nature nous en fait présent[178] ». André Thouin, jardinier en chef du Jardin du roi, transformé en 1793 en muséum national d’histoire naturelle, fit étalage de sa science de botaniste.

À chaque quintidi on inscrivit le nom de l'animal, poisson, oiseau ou mammifère, qui pouvait à la même époque aider l'homme dans ses travaux, le nourrir de sa chair, ou le charmer de son chant. Chaque décadi fut à son tour marqué par le nom d'un instrument aratoire. On choisit, autant que possible, celui dont le travailleur avait besoin pendant le mois. La cuve, par exemple, était inscrite au premier décadi de vendémiaire, le pressoir au second et au troisième le tonneau.

Les railleries n'ont pas été ménagées à cette partie du calendrier républicain qui procède pourtant d'idées généreuses et de sentiments élevés. Fabre voulut montrer qu'avec la République, était venu le temps « où un laboureur est plus estimé que tous les rois de la terre, et l'agriculture comptée comme le premier des arts de la vie civile[178] ».

Un projet de décret résumait les propositions contenues dans le rapport que présente Romme au Comité d'instruction publique le 19 floréal an III[159]. Il comprend en particulier un article VII qui dispose : « La Commission d'instruction publique est chargée d'accélérer, par tous les moyens qui sont à sa disposition, la propagation des nouvelles mesures du temps. Elle est autorisée à renouveler tous les ans la nomenclature des objets utiles qui doivent accompagner l'annuaire pour chaque jour, et sur lesquels il doit être fait des notices instructives pour l'usage des écoles[158] ».

Ce dernier alinéa a une certaine importance, en ce qu'il nous montre que les noms de végétaux, d'animaux et d'instruments agricoles, qui avaient été placés dans le calendrier pour l'an II, n'étaient nullement regardés comme faisant partie intégrante de l'annuaire, puisqu'on proposait de « renouveler cette nomenclature tous les ans ». Ceux, qui, de nos jours, croient nécessaire de reproduire telle quelle la nomenclature de Fabre d’Églantine vont donc à l'encontre des intentions de Romme et du Comité d'instruction publique[179].

Les jours complémentaires de fin d'année

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Les jours épagomènes sont appelés sans-culottides (sansculottides) par le décret du 4 frimaire an II (). Ils deviennent des jours complémentaires avec le décret du 7 fructidor an III ()[180]. En mémoire de la Révolution, la période bissextile de quatre ans – dite sextile depuis le décret du 19 brumaire an II () – porte le nom de Franciade.

« Il reste à vous parler des jours d'abord nommés épagomènes, ensuite complémentaires. Ce mot n'était que didactique, par conséquent sec, muet pour l'imagination ; il ne présentait au peuple qu'une idée froide, qu'il rend vulgairement lui-même par la périphrase de solde de compte, ou par le barbarisme de la définition. Nous avons pensé qu'il fallait pour ces cinq jours une dénomination collective, qui portât un caractère national, capable d'exprimer la joie et l'esprit du peuple français, dans les cinq jours de la fête qu'il célébrera au terme de chaque année.

Il nous a paru possible, et surtout juste, de consacrer par un mot nouveau l'expression de sans-culotte qui en serait l'étymologie. D'ailleurs, une recherche aussi intéressante que curieuse nous apprend que les aristocrates, en prétendant nous avilir par l'expression de sans-culotte, n'ont pas eu même le mérite de l'invention.

Dès la plus haute antiquité, les Gaulois, nos aïeux, s'étaient fait honneur de cette dénomination. L'histoire nous apprend qu'une partie de la Gaule, dite ensuite Lyonnaise (la patrie des Lyonnais), était appelée la Gaule culottée, Gallia braccata ; par conséquent le reste des Gaules, jusqu'aux bords du Rhin, était la Gaule non culottée ; nos pères dès lors étaient donc des sans-culottes. Quoi qu'il en soit de l'origine de cette dénomination antique ou moderne, illustrée par la liberté, elle doit nous être chère : c'en est assez pour la consacrer solennellement.

Nous appellerons donc les cinq jours collectivement pris les sansculottides[181]. »

Fabre d'Églantine voulait ainsi glorifier un nom que les aristocrates infligeaient comme une injure aux défenseurs de la Liberté[Note 56].

Dans le projet initial, les cinq sansculottides ou sans-culottides des années ordinaires étaient celles du Génie, du Travail, des Actions, des Récompenses et de l'Opinion[182]. Mais Robespierre demanda par amendement[183] que les Actions devinssent la Vertu afin de remettre à leur place le Génie et la Vertu[184] et promulguer dans l'ordre la Vertu, le Génie, le Travail, l'Opinion[Note 57] et les Récompenses.

Les jours complémentaires sont consacrés à des réjouissances et à des fêtes. Les années sextiles — exactement et fortuitement tous les quatre ans durant l'ère républicaine — le sixième épagomène est le jour complémentaire par excellence, le jour de la Révolution où l'on célèbre des jeux nationaux[180].

  1. Jour de la Vertu (17/18 septembre)[C 13]
  2. Jour du Génie (18/19 septembre)[C 14]
  3. Jour du Travail (19/20 septembre)[C 15]
  4. Jour de l'Opinion (20/21 septembre)[C 16]
  5. Jour des Récompenses (21/22 septembre)[C 17]
  6. Jour de la Révolution (22/23 septembre), et uniquement les années sextiles[C 18]

Exemple de calendrier républicain

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Les 12 planches ci-dessous sont gravées par Salvatore Tresca d'après Louis Lafitte, vers 1797-1806[186].

Mois d'automne

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Vendémiaire
(22/24 septembre – 21/23 octobre)
1 22 sep Raisin
2 23 sep Safran
3 24 sep Châtaigne
4 25 sep Colchique
5 26 sep Cheval
6 27 sep Balsamine
7 28 sep Carotte
8 29 sep Amarante
9 30 sep Panais
10 1er oct Cuve
11 2 oct Pomme de terre
12 3 oct Immortelle
13 4 oct Potiron
14 5 oct Réséda
15 6 oct Âne
16 7 oct Belle-de-nuit
17 8 oct Citrouille
18 9 oct Sarrasin
19 10 oct Tournesol
20 11 oct Pressoir
21 12 oct Chanvre
22 13 oct Pêche
23 14 oct Navet
24 15 oct Amaryllis
25 16 oct Bœuf
26 17 oct Aubergine
27 18 oct Piment
28 19 oct Tomate
29 20 oct Orge
30 21 oct Tonneau
 
Brumaire
(22/24 octobre – 20/22 novembre)
1 22 oct Pomme
2 23 oct Céleri
3 24 oct Poire
4 25 oct Betterave
5 26 oct Oie
6 27 oct Héliotrope
7 28 oct Figue
8 29 oct Scorsonère
9 30 oct Alisier
10 31 oct Charrue
11 1er nov Salsifis
12 2 nov Mâcre
13 3 nov Topinambour
14 4 nov Endive
15 5 nov Dindon
16 6 nov Chervis
17 7 nov Cresson
18 8 nov Dentelaire
19 9 nov Grenade
20 10 nov Herse
21 11 nov Bacchante
22 12 nov Azerole
23 13 nov Garance
24 14 nov Orange
25 15 nov Faisan
26 16 nov Pistache
27 17 nov Macjonc
28 18 nov Coing
29 19 nov Cormier
30 20 nov Rouleau
 
Frimaire
(21/23 novembre – 20/22 décembre)
1 21 nov Raiponce
2 22 nov Turneps
3 23 nov Chicorée
4 24 nov Nèfle
5 25 nov Cochon
6 26 nov Mâche
7 27 nov Chou-fleur
8 28 nov Miel
9 29 nov Genièvre
10 30 nov Pioche
11 1er déc Cire
12 2 déc Raifort
13 3 déc Cèdre
14 4 déc Sapin
15 5 déc Chevreuil
16 6 déc Ajonc
17 7 déc Cyprès
18 8 déc Lierre
19 9 déc Sabine
20 10 déc Hoyau
21 11 déc Érable sucré
22 12 déc Bruyère
23 13 déc Roseau
24 14 déc Oseille
25 15 déc Grillon
26 16 déc Pignon
27 17 déc Liège
28 18 déc Truffe
29 19 déc Olive
30 20 déc Pelle

Mois d'hiver

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Nivôse
(21/23 décembre – 19/21 janvier)
1 21 déc Tourbe
2 22 déc Houille
3 23 déc Bitume
4 24 déc Soufre
5 25 déc Chien
6 26 déc Lave
7 27 déc Terre végétale
8 28 déc Fumier
9 29 déc Salpêtre
10 30 déc Fléau
11 31 déc Granit
12 1er jan Argile
13 2 jan Ardoise
14 3 jan Grès
15 4 jan Lapin
16 5 jan Silex
17 6 jan Marne
18 7 jan Pierre à chaux
19 8 jan Marbre
20 9 jan Van
21 10 jan Pierre à plâtre
22 11 jan Sel
23 12 jan Fer
24 13 jan Cuivre
25 14 jan Chat
26 15 jan Étain
27 16 jan Plomb
28 17 jan Zinc
29 18 jan Mercure
30 19 jan Crible
 
Pluviôse
(20/22 janvier – 18/20 février)
1 20 jan Lauréole
2 21 jan Mousse
3 22 jan Fragon
4 23 jan Perce neige
5 24 jan Taureau
6 25 jan Laurier thym
7 26 jan Amadouvier
8 27 jan Mézéréon
9 28 jan Peuplier
10 29 jan Cognée
11 30 jan Ellébore
12 31 jan Brocoli
13 1er fév Laurier
14 2 fév Avelinier
15 3 fév Vache
16 4 fév Buis
17 5 fév Lichen
18 6 fév If
19 7 fév Pulmonaire
20 8 fév Serpette
21 9 fév Thlaspi
22 10 fév Thymèle
23 11 fév Chiendent
24 12 fév Trainasse
25 13 fév Lièvre
26 14 fév Guède
27 15 fév Noisetier
28 16 fév Cyclamen
29 17 fév Chélidoine
30 18 fév Traîneau
 
Ventôse
(19/21 février – 20/21 mars)
1 19 fév Tussilage
2 20 fév Cornouiller
3 21 fév Violier
4 22 fév Troène
5 23 fév Bouc
6 24 fév Asaret
7 25 fév Alaterne
8 26 fév Violette
9 27 fév Marceau
10 28 fév Bêche
11 1er mars Narcisse
12 2 mars Orme
13 3 mars Fumeterre
14 4 mars Vélar
15 5 mars Chèvre
16 6 mars Épinard
17 7 mars Doronic
18 8 mars Mouron
19 9 mars Cerfeuil
20 10 mars Cordeau
21 11 mars Mandragore
22 12 mars Persil
23 13 mars Cochléaria
24 14 mars Pâquerette
25 15 mars Thon
26 16 mars Pissenlit
27 17 mars Sylvie
28 18 mars Capillaire
29 19 mars Frêne
30 20 mars Plantoir

Mois du printemps

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Germinal
(21/22 mars – 19/20 avril)
1 21 mars Primevère
2 22 mars Platane
3 23 mars Asperge
4 24 mars Tulipe
5 25 mars Poule
6 26 mars Bette
7 27 mars Bouleau
8 28 mars Jonquille
9 29 mars Aulne
10 30 mars Couvoir
11 31 mars Pervenche
12 1er avril Charme
13 2 avril Morille
14 3 avril Hêtre
15 4 avril Abeille
16 5 avril Laitue
17 6 avril Mélèze
18 7 avril Ciguë
19 8 avril Radis
20 9 avril Ruche
21 10 avril Gainier
22 11 avril Romaine
23 12 avril Marronnier
24 13 avril Roquette
25 14 avril Pigeon
26 15 avril Lilas
27 16 avril Anémone
28 17 avril Pensée
29 18 avril Myrtille
30 19 avril Greffoir
 
Floréal
(20/21 avril – 19/20 mai)
1 20 avril Rose
2 21 avril Chêne
3 22 avril Fougère
4 23 avril Aubépine
5 24 avril Rossignol
6 25 avril Ancolie
7 26 avril Muguet
8 27 avril Champignon
9 28 avril Hyacinthe
10 29 avril Râteau
11 30 avril Rhubarbe
12 1er mai Sainfoin
13 2 mai Bâton-d'or
14 3 mai Chamérisier
15 4 mai Ver à soie
16 5 mai Consoude
17 6 mai Pimprenelle
18 7 mai Corbeille d'or
19 8 mai Arroche
20 9 mai Sarcloir
21 10 mai Statice
22 11 mai Fritillaire
23 12 mai Bourrache
24 13 mai Valériane
25 14 mai Carpe
26 15 mai Fusain
27 16 mai Civette
28 17 mai Buglosse
29 18 mai Sénevé
30 19 mai Houlette
 
Prairial
(20/21 mai – 18/19 juin)
1 20 mai Luzerne
2 21 mai Hémérocalle
3 22 mai Trèfle
4 23 mai Angélique
5 24 mai Canard
6 25 mai Mélisse
7 26 mai Fromental
8 27 mai Martagon
9 28 mai Serpolet
10 29 mai Faux
11 30 mai Fraise
12 31 mai Bétoine
13 1er juin Pois
14 2 juin Acacia
15 3 juin Caille
16 4 juin Œillet
17 5 juin Sureau
18 6 juin Pavot
19 7 juin Tilleul
20 8 juin Fourche
21 9 juin Barbeau
22 10 juin Camomille
23 11 juin Chèvrefeuille
24 12 juin Caille-lait
25 13 juin Tanche
26 14 juin Jasmin
27 15 juin Verveine
28 16 juin Thym
29 17 juin Pivoine
30 18 juin Chariot

Mois d'été

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Messidor
(19/20 juin – 18/19 juillet)
1 19 juin Seigle
2 20 juin Avoine
3 21 juin Oignon
4 22 juin Véronique
5 23 juin Mulet
6 24 juin Romarin
7 25 juin Concombre
8 26 juin Échalote
9 27 juin Absinthe
10 28 juin Faucille
11 29 juin Coriandre
12 30 juin Artichaut
13 1er juillet Giroflée
14 2 juillet Lavande
15 3 juillet Chamois
16 4 juillet Tabac
17 5 juillet Groseille
18 6 juillet Gesse
19 7 juillet Cerise
20 8 juillet Parc
21 9 juillet Menthe
22 10 juillet Cumin
23 11 juillet Haricot
24 12 juillet Orcanète
25 13 juillet Pintade
26 14 juillet Sauge
27 15 juillet Ail
28 16 juillet Vesce
29 17 juillet Blé
30 18 juillet Chalemie
 
Thermidor
(19/20 juillet – 17/18 août)
1 19 juillet Épeautre
2 20 juillet Bouillon-blanc
3 21 juillet Melon
4 22 juillet Ivraie
5 23 juillet Bélier
6 24 juillet Prêle
7 25 juillet Armoise
8 26 juillet Carthame
9 27 juillet Mûre
10 28 juillet Arrosoir
11 29 juillet Panic
12 30 juillet Salicorne
13 31 juillet Abricot
14 1er août Basilic
15 2 août Brebis
16 3 août Guimauve
17 4 août Lin
18 5 août Amande
19 6 août Gentiane
20 7 août Écluse
21 8 août Carline
22 9 août Câprier
23 10 août Lentille
24 11 août Aunée
25 12 août Loutre
26 13 août Myrte
27 14 août Colza
28 15 août Lupin
29 16 août Coton
30 17 août Moulin
 
Fructidor
(18/19 août – 16/17 septembre)
1 18 août Prune
2 19 août Millet
3 20 août Lycoperdon
4 21 août Escourgeon
5 22 août Saumon
6 23 août Tubéreuse
7 24 août Sucrion
8 25 août Apocyn
9 26 août Réglisse
10 27 août Échelle
11 28 août Pastèque
12 29 août Fenouil
13 30 août Épine-vinette
14 31 août Noix
15 1er sep Truite
16 2 sep Citron
17 3 sep Cardère
18 4 sep Nerprun
19 5 sep Tagette
20 6 sep Hotte
21 7 sep Églantier
22 8 sep Noisette
23 9 sep Houblon
24 10 sep Sorgho
25 11 sep Écrevisse
26 12 sep Bigarade
27 13 sep Verge d'or
28 14 sep Maïs
29 15 sep Marron
30 16 sep Panier

Postérité

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Le calendrier républicain perpétuel

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Le décret du 4 frimaire an II ()[68] de la Convention nationale sur l'ère, le commencement et l'organisation de l'année et sur les noms des jours et des mois du calendrier républicain comporte une contradiction : l'année commence le jour de l'équinoxe d'automne d'après l'article III et l'année sextile est intercalée tous les quatre ans d'après l'article X. Cette erreur ne sera jamais corrigée et sera l'un des arguments utilisés pour le retour au calendrier grégorien.

Cette incohérence ne pose pas de problème sur la période d'utilisation du calendrier républicain. Elle en pose un en revanche pour l'élaboration d'un calendrier républicain perpétuel dont le plus grave défaut est en effet lié à la définition du « début de l'année » fixé au minuit, compté en temps vrai de l'Observatoire de Paris, qui précède l'instant où tombe l'équinoxe d'automne[Note 58].

Les fondateurs du calendrier républicain eux-mêmes ont cru un moment que les années sextiles tomberaient avec une régularité quadriennale – ce qui est inexact – car il faut savoir quand tombent deux équinoxes d'automne successifs pour décider si l'année qui les sépare contient ou non trois cent soixante-six jours[199].

James Guillaume a publié en 1908 dans les Études révolutionnaires un recueil d’articles sur la Révolution française, dont l'un très documenté Les sextiles de l'ère républicaine[200],[201]. Il indique dans cet article que depuis la promulgation du calendrier républicain, par six fois déjà, la détermination des années sextiles par les deux équinoxes automnaux consécutifs a conduit à un intervalle de cinq ans et non quatre, et pour la première fois l'an XX qui succède à l'an XV (première contradiction de l'an XIX[202]), sans aucune récurrence avérée[203].

Un projet de réforme fut donc préparé par Romme, au nom du Comité d'instruction publique, le 19 floréal an III ()[204],[34] : il fallait, disait-il, renoncer à la définition du « début de l'année » prévue par les premiers décrets ; il y aurait une année sextile tous les quatre ans, la première étant l'an IV et non l'an III.

Il prévoyait : « Art. 2 : Les années sextiles se succéderont de quatre en quatre ans, et marqueront la fin de chaque franciade. Art. 3 : Sur quatre années séculaires consécutives, sont exceptées de l’article précédent la première, la deuxième, la troisième années séculaires, qui seront communes. Art. 4 : Il en sera ainsi de quatre en quatre siècles, jusqu’au quarantième, qui se terminera par une année commune ».

Les astronomes qui conseillaient Romme savaient comment corriger l'intercalation grégorienne avec une modification très légère qui la perfectionnait, sans la rendre plus difficile. Lalande avait mesuré l'année tropique égale à 365 jours 5 heures 48 minutes et 48 secondes (365,242 222 jours)[139]. « En 3 600 ans le calendrier julien mettait 900 intercalations, c'était 28 de trop. Le calendrier grégorien en a retranché 27 ; il en reste une à retrancher, ce qui se fait commodément, en rendant commune l'année 3600 et ses multiples », notait Delambre[69],[Note 59].

Il suggéra à Romme d'introduire cette correction dans son projet de réforme du calendrier républicain : « Enfin, je proposais d'ajouter une troisième règle qui était de supprimer une bissextile tous les 3 600 ans, ou, si l'on aimait mieux, tous les 4 000 ans ; ce qui était encore plus commode et presque aussi exact[69] ».

Ce faisant, la durée moyenne de l'année républicaine égale à 365,242 25 jours[Note 46] s'approchait au mieux de la durée de l'année tropique mesurée par Lalande. Présupposant implicitement que cette dernière garderait toujours la même valeur, Romme légiférait pour les quarante siècles à venir. Moins d'un siècle plus tard, Le Verrier constatait déjà une réduction de 0,49 s avec 365 jours 5 heures 48 minutes 47 secondes et 51 centièmes (365,242 216 jours)[139].

En réalité, la durée de l'année tropique diminue régulièrement d'environ 0,531 9 s par siècle. Enfin, le jour n'est pas constant non plus : la rotation de la terre se ralentit, freinée par le perpétuel frottement des marées à la surface solide du globe[Note 60]. « Ces remarques montrent la vanité, même en astronomie, des prédictions à trop lointaine échéance », fait observer Paul Couderc[205] ; « les choses se compliquent de façon surprenante si l'on veut embrasser d'excessives périodes en mécanique céleste ».

Mais Romme fut arrêté et se suicida peu de temps après, si bien que la réforme ne se fit pas.

Il y a ainsi deux options compatibles avec le Système Romme quant à l'évolution future des années sextiles si le calendrier était resté en vigueur :

  • une première, celle du projet de réforme préparé par Romme lui-même le 19 floréal an III () avec une année sextile tous les quatre ans (la première étant l'an IV), sauf les années séculaires, exceptées celles dont le millésime est divisible par 400 sauf celle du quarantième siècle[34],[Note 61] ;
  • une seconde qui consiste à privilégier l'article III sur l'article X du décret[68] de la Convention : les années sextiles sont déterminées de façon que le 1er vendémiaire tombe chaque année sur l'équinoxe automnal, comme c’était le cas de l’an I à l’an XIV[5]. C'est l'option retenue par le Bureau des longitudes, fondé par la loi du (7 messidor an III)[Note 62], qui publie chaque année un annuaire indiquant en particulier la concordance des calendriers, dont les dates de début et de fin des deux années républicaines encadrant l'année civile[207],[Note 63].

Commune de Paris 1871 : An 79 de la République

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1 Floréal An 79, no 1, Le Fils du père Duchêne illustré, journal publié durant la Commune de Paris.

Le calendrier républicain est repris par la Commune de Paris, notamment par son Journal officiel[209] qui privilégie l'article III sur l'article X du décret du 4 frimaire. Cela concerne trois arrêtés du  : le premier sur la délégation à la guerre (15 floréal an LXXIX)[210], le deuxième relatif à la destruction d'une chapelle "expiatoire" de Louis XVI (16 floréal an LXXIX)[211] et le troisième sur l'organisation des chemins de fer (16 floréal an LXXIX)[212]. Les dernières éditions du 26 floréal[213] au 4 prairial an LXXIX (16-)[214] portent en titre à gauche la date républicaine, à droite la date grégorienne.

Utilisations et usages

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Selon l'historien Yannick Marec, il existe « au cours du XIXe siècle quelques personnes pour regretter le comput révolutionnaire[215] », dont une revue rationaliste comme celle de la libre-pensée qui rappelle sa dimension déchristianisatrice ; il note que cette tentative, bataille perdue du calendrier, « a peut-être eu plus d'écho qu'on ne le pense généralement[215] ! ».

Le philosophe grec Theóphilos Kaíris s'en est inspiré pour son calendrier théosébiste, dans les années 1830.

Malgré le rétablissement du calendrier grégorien, certains militants ou écrits anarchistes continuent d'utiliser le calendrier révolutionnaire (ou en double). Ainsi, en 1938 à Almeria, le journal La Voz de la FAI organe de la Fédération Anarchiste Ibérique d'Andalousie, utilise cette datation[216].

Prénoms

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Un autre legs du calendrier révolutionnaire est un certain nombre de prénoms tirés du calendrier[217],[Note 64] et passés dans l’usage courant (voir prénom révolutionnaire), et l’usage du deuxième prénom qui se répand dans toutes les couches sociales[222].

Plus anecdotiquement, le calendrier républicain a été utilisé — essentiellement de l'an II jusqu'en l'an IX — pour fournir un patronyme aux enfants trouvés : si les prénoms attribués restent classiques, l'enfant recueilli va se voir imposer comme patronyme le nom du jour où il a été déposé ou enregistré, ou — plus rarement — de l'un des jours voisins. Il y a ainsi, dans la période considérée, une floraison de Mélisse, Argile, Andive [sic], Vertu, Poule ou Oranger[223].

Date républicaine actuelle du XXIe siècle grégorien

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Projet de réforme préparé par Romme

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Septidi
7
Frimaire
CCXXXIII

Les calendriers ci-contre et ci-dessous sont ceux de la première option, le projet de réforme préparé par Romme lui-même le 19 floréal an III () avec une année sextile tous les quatre ans (la première étant l'an IV), sauf les années séculaires, exceptées celles dont le millésime est divisible par 400 sauf celle du quarantième siècle[34].

Les nombres, romains ou non, correspondant aux années du calendrier républicain sont cliquables et permettent d'afficher le calendrier républicain complet de l'an sélectionné.

233 Frimaire CCXXXIII
 
Primidi
Duodi
Tridi
Quartidi
Quintidi
Sextidi
Septidi
Octidi
Nonidi
Décadi
Décade 7
1 Jeudi 21 novembre 2024
2 Vendredi 22 novembre 2024
3 Samedi 23 novembre 2024
4 Dimanche 24 novembre 2024
5 Lundi 25 novembre 2024
6 Mardi 26 novembre 2024
7 Mercredi 27 novembre 2024
8 Jeudi 28 novembre 2024
9 Vendredi 29 novembre 2024
10 Samedi 30 novembre 2024
Décade 8
11 Dimanche 1er décembre 2024
12 Lundi 2 décembre 2024
13 Mardi 3 décembre 2024
14 Mercredi 4 décembre 2024
15 Jeudi 5 décembre 2024
16 Vendredi 6 décembre 2024
17 Samedi 7 décembre 2024
18 Dimanche 8 décembre 2024
19 Lundi 9 décembre 2024
20 Mardi 10 décembre 2024
Décade 9
21 Mercredi 11 décembre 2024
22 Jeudi 12 décembre 2024
23 Vendredi 13 décembre 2024
24 Samedi 14 décembre 2024
25 Dimanche 15 décembre 2024
26 Lundi 16 décembre 2024
27 Mardi 17 décembre 2024
28 Mercredi 18 décembre 2024
29 Jeudi 19 décembre 2024
30 Vendredi 20 décembre 2024
10 h
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Calendrier républicain - I - II - III - IV - V - VI - VII - VIII - IX - X - XI - XII - XIII - XIV - 232 - 233 - 234 - (Romme)

Synchronisme des calendriers des deux options

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L'astronome Delambre a proposé une règle astucieuse d'intercalation respectant à la fois l'article III (seconde option) mais aussi l'article X du décret du 4 frimaire an II (). Il dresse ainsi la table des quatre-vingt-dix-sept années sextiles des 400 premières années du calendrier républicain depuis sa promulgation le 14 vendémiaire an II jusqu'au qui termine l'année sextile CD et marque la fin du premier cycle républicain de quatre-cents ans[168].

Dès la fin du XVIIIe siècle, Delambre prévoyait par sa méthode que l'année républicaine CCXXVI (2017-2018) serait sextile[168] – la suivante CCXXX (2021-2022) – ainsi que l'a déterminé l'équinoxe d'automne du (à 01 h 54 m 05 s en temps universel[5]), ce que chacun peut également vérifier[224] sur un convertisseur de calendrier où prévaut la règle de l'équinoxe de l'article III du décret du 4 frimaire.

Les calendriers de chacune des deux options commencent par être synchrones la première année républicaine CCX du XXIe siècle grégorien.

  • Pendant le premier quart du siècle, on constate une alternance de périodes biennales chacune où le calendrier de la première option est en avance d'un jour sur celui de la seconde puis redevient synchrone.
  • Pendant le deuxième quart, on continue d'observer la même alternance, mais annuelle pour l'avance et triennale pour le synchronisme.
  • La seconde moitié du siècle voit d'abord la continuité de l'alternance du quart de siècle précédent puis commence une longue période synchrone de quelque trente trois années laquelle s'achève par deux périodes où le calendrier de la première option est de nouveau pendant trois ans en avance d'un jour sur celui de la seconde pour redevenir synchrone l'année qui suit.

Documents de la période révolutionnaire

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Documents divers

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Délibérations du Comité d'instruction publique

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Délibérations de la Convention nationale

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  • Jérôme Madival et Émile Laurent, Convention nationale : du 4 octobre 1793 au 27e jour du premier mois de l'An II (vendredi 18 octobre 1793), t. LXXVI, Paris, Paul Dupont, coll. « Archives parlementaires de 1787 à 1860 / Première Série (1787 à 1799) », , 800 p., p. 120-123 & 695-696 lire en ligne sur Gallica.
  • Jérôme Madival et Émile Laurent, Convention nationale : du 28e jour du premier mois de l'An II au 7 Brumaire an II (19 Octobre 1793 au 28 Octobre 1793), t. LXXVII, Paris, Paul Dupont, coll. « Archives parlementaires de 1787 à 1860 / Première Série (1787 à 1799) », , 799 p., p. 496-508 lire en ligne sur Gallica.
  • Jérôme Madival et Émile Laurent, Convention nationale : du 8 Brumaire an II au 20 Brumaire an II (29 Octobre 1793 au 10 Novembre 1793), t. LXXVIII, Paris, Paul Dupont, coll. « Archives parlementaires de 1787 à 1860 / Première Série (1787 à 1799) », , 800 p. lire en ligne sur Gallica.
  • Jérôme Madival et Émile Laurent, Convention nationale : du 21 Brumaire an II au 3 Frimaire an II (11 Novembre 1793 au 23 Novembre 1793), t. LXXIX, Paris, Paul Dupont, coll. « Archives parlementaires de 1787 à 1860 / Première Série (1787 à 1799) », , 807 p. lire en ligne sur Gallica.
  • Jérôme Madival et Émile Laurent, Convention nationale : du 4 Frumaire an II au 15 Frimaire an II (24 Novembre 1793 au 5 Décembre 1793), t. LXXX, Paris, Paul Dupont, coll. « Archives parlementaires de 1787 à 1860 / Première Série (1787 à 1799) », , 829 p. lire en ligne sur Gallica.

Bibliographie

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XIXe siècle

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XXe siècle

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XXIe siècle

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Iconographie

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Notes et références

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  1. Les registres d'état civil de cette période étant conservés tels quels (sans conversion), la date légale de naissance, de mariage ou de décès de ces personnes est formulée selon le calendrier républicain.
  2. Ainsi que les noms des jours, sauf le samedi et le dimanche. Mardi est le jour de Mars, Vendredi le jour de Vénus, etc.
  3. Le mois de Vendémiaire peut commencer le 22, le 23 ou le 24 septembre et finir le 21, le 22 ou le 23 octobre.
  4. Soit 0 heure du premier jour de Vendémiaire, ou minuit du dernier jour complémentaire après Fructidor.
  5. « Par une heureuse coïncidence, la République avait été proclamée le , c'est-à-dire le jour même où le soleil arrivait à l'équinoxe d'automne en entrant dans le signe de la Balance, ce qui faisait commencer l'année avec le début d'une saison tandis que le ne correspond avec l'ouverture d'aucune. On vit là dedans la main de la ci-devant Providence ou plutôt du Destin qui avait tout combiné pour fournir à l'ère nouvelle la plus logique initiale[6] ».
  6. L'Almanach des Honnêtes Gens de Maréchal fait suite à deux autres de ses publications : en 1781, « L'An Premier du règne de la Raison », édité à « Athéopolis » (Théopolis signifie « cité de Dieu » en grec), Ad majorem gloriam virtutis : Fragmens d'un poeme moral sur Dieu[14], puis en « L'An de l'ère Vulgaire 1784 » le « Livre échappé au déluge ou Psaumes nouvellement découverts, composés dans la langue primitive, par S. Ar. Lamech, de la famille patriarchale de Noé, translatés en françois par P. Lahceram, parisipolitain[15] » (anagrammes des noms de l'auteur), dans lequel, poussant jusqu'à l'excès sa mordante hyperbole, il parodie la bible et s'oppose à la religion.
  7. Présentation de l’Almanach par son auteur[16] :
    « [...] On a divisé chaque mois de cet Almanach des honnêtes gens par décades, c’est-à-dire de dix en dix jours en sorte qu’il y a dans l’année 36 décades : les 6 jours excédant les 360 jours, serviront d’épagomènes & peuvent être consacrés si l’on veut à des solennités purement morales :
    Par exemple,
    • Une fête de l’Amour au commencement du printemps, le ou Princeps,
    • Une fête de l’Hyménée, au commencement de l’été, le ou Ter.
    • Une fête de la Reconnaissance en automne, le ou Sextile.
    • Une fête de l’Amitié, en hiver le .
    • La fête de tous les grands Hommes, aémères, c’est-à-dire, dont on ne sait point la date de la mort & de la naissance, le ou un-décembre, [...] »
  8. « Tout porte à croire que l'Almanach des honnêtes gens ne fut pas inutile aux réformateurs de 1793. Un tel livre ne pouvait guère leur être inconnu. Il avait été réédité, sous des titres divers, en 1791 et en 1792[18]. D'autre part la forme des deux calendriers présente la plus grande analogie. On s'est contenté, semble-t-il, en 1793, d'accommoder le travail de Maréchal aux exigences de la situation nouvelle, et notamment, de l'imprégner d'esprit républicain[19] ».
  9. Pour son humiliation, Maréchal purge cette peine, non dans la célèbre Bastille, où étaient enfermés les opposants politiques, mais à la sinistre prison parisienne de Saint-Lazare, où étaient enfermés les gens « de mœurs douteuses ».
  10. Dans le numéro de la veille[26], Le Moniteur universel publie en première page un avis où l'on peut lire « Pour satisfaire l'empressement du public à se procurer le Moniteur, nous allons faire tirer cette Gazette nationale à un nombre considérable d'exemplaires, depuis le 10 de ce mois, époque de la liberté et de l'égalité, et qui pourront être distribués le 25 ».
  11. « Lalande, Monge, Lagrange, Dupuis et autres savants coopérèrent à l'appropriation d'ensemble et aux concordances astronomiques du nouveau calendrier, mais c'est à Gilbert Romme que revient incontestablement le principal mérite de cette audacieuse réforme qui a été l'objet d'attaques passionnées et dont on ne saurait cependant méconnaître les vues larges et la portée scientifique[33]. »
  12. a et b Une nouvelle nomenclature des mois qui ne soit « ni céleste, ni mystérieuse […] toute puisée dans notre révolution dont elle présente ou les principaux événements, ou le but, ou les moyens », dans l'ordre : la République, l'Unité, la Fraternité, la Liberté, la Justice, Égalité, Régénération, Réunion, Jeu de Paume, la Bastille, Peuple et la Montagne[42].
  13. « Nous devons fixer invariablement notre jour intercalaire au moment où la position de l'équinoxe le comportera. Après une première disposition, que la concordance avec les observations astronomiques rend nécessaire, la période sera toujours de 4 ans[43] ».
  14. Cette division décimale du jour, de l'heure, etc. n'est rendue obligatoire pour les usages civils qu'à partir de la troisième année de la République compte tenu des changements qu'elle demande à l'horlogerie[44].
  15. Article 9 du décret de la Convention nationale concernant l'ère des Français : Les mois, les jours de la décade, les jours complémentaires, sont désignés par les dénominations ordinales, premier, second, troisième, etc., mois de l'année; premier, second, troisième, etc., jour de la décade ; premier, second, troisième, etc., jour complémentaire.
  16. « Du reste, rien que des noms de nombres. Les jours et les décades ne se désignent plus que par leur numéro. Les jours suivent les jours, égaux dans le devoir, égaux dans le travail. Le temps a pris la face invariable de l'Eternité[52] . »
  17. Fabre d'Églantine, rapporteur, an nom de la Commission formée pour la nomenclature des mois et des jours, fait un rapport sur cet objet, et propose un décret qui, après quelques amendements développés dans la discussion, est adopté en ces termes : « La Convention nationale, rapportant l'article 9 du décret du 14 du 1er mois, décrète que la nomenclature, les dénominations et les dispositions du nouveau calendrier, seront conformes au tableau annexé au présent décret[59] ».
  18. Octidi[60] ne remplace Octodi[61] dans le titre du Moniteur universel qu'à compter du 28 frimaire an II ().
  19. Article 25 de la Constitution de la Première République française[63] : « La souveraineté réside dans le peuple ; elle est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable ».
  20. L’abbé Siéyès soulignait en que « le temps n’est pas venu de faire des changements dans la division de l’année : nos habitudes, nos rapports si multipliés avec les habitudes des peuples environnants et des siècles qui ont immédiatement précédé le nôtre se présentent comme une masse trop importante à remuer[65],[66] ».
  21. D’après les travaux de Catherine Trümpy (de), la diffusion du calendrier macédonien aurait eu comme conséquence, dans la plupart des cités d’Asie Mineure, de déplacer le début de l’année du solstice d’été à l’équinoxe d’automne[71].
  22. Les Moniteur universel des ans III[61],[72], III[73],[74], IV[75],[76], V[77],[78] VI[79],[80] VII[81],[82] VIII[83],[84] IX[85],[86] X[87],[88] XI[89],[90] XII[91],[92] XIII[93],[94] XIV[95],[96]continuent d'afficher les cinq premières années la double computation (date républicaine date grégorienne[97]) qui est abandonnée au cours de l'An VI (disparition de la date grégorienne[98]) et pendant la majeure partie du Consulat avec l'arrêté du 14 germinal an VI ()[99] « Tout journal et ouvrage périodique dans lequel l'ère ancienne, qui n'existe plus pour les citoyens français, se trouvera désormais accolée à l'ère nouvelle, même avec l'addition des mots vieux style, ainsi qu'il a été indécemment pratiqué jusqu'à ce jour, sera prohibé en vertu de l'article 35 de la loi du 19 fructidor an V ». Elle reprend au Moniteur universel dès le 30 frimaire an XI () de la semaine de Noël[100],[101], alors que Bonaparte est consul à vie depuis le 14 thermidor an X ().
  23. Le quatrième anniversaire de l'ère républicaine le 1er vendémiaire an V () fut l'occasion de grandes fêtes au Champ-de-Mars baptisées première Olympiade de la République.
  24. 14 germinal an VI () : Arrêté introduisant le culte décadaire[105],[99]. Ce sera un échec.
  25. Arrêté du 14 germinal an VI ()[99] « Tout journal et ouvrage périodique dans lequel l'ère ancienne, qui n'existe plus pour les citoyens français, se trouvera désormais accolée à l'ère nouvelle, même avec l'addition des mots vieux style, ainsi qu'il a été indécemment pratiqué jusqu'à ce jour, sera prohibé en vertu de l'article 35 de la loi du 19 fructidor an V ».
  26. « Cette idée, tant moquée depuis, ne manquait ni de grandeur ni d'habileté ; mais cette rationnelle imagination de mettre à chaque quintidi l'animal domestique d'utilité le jour, à chaque décadi, l'instrument aratoire de service le lendemain, d'énumérer tout le long de l'an les productions diverses du règne animal, du règne végétal, du règne minéral, allait se briser contre une habitude de dix-huit siècles et le rire d'un peuple catholique trouvant à la place de ses canonisés potiron, âne, topinambour, salsifis, cochon, pioche, fumier, chiendent, serpette, laitue, muguet, haricot, melon[106]. »
  27. Durant la période de validité du calendrier républicain, le jour de Noël fut cinq fois le jour du chien (ans II, III, V, VI et VII), sept fois le jour du soufre (ans IV, VIII, IX, X, XI, XIII, XIV), et une fois le jour du bitume (an XII)
  28. Pour le premier Consul dont le frère Joseph signe le Concordat pour la religion catholique, le choix d'accepter l'Assomption de Marie parmi les nouveaux jours fériés a sûrement comme finalité de s’attirer les bonnes grâces du pape Pie VII en cautionnant les fêtes souhaitées par l'Église catholique ; on peut y voir un aussi hommage indirect à leur mère Maria Letizia. Mais pour Bonaparte, cela lui permet également d'instituer comme jour férié celui de l'anniversaire de sa naissance (). Par un décret impérial du [113], Napoléon Ier impose de ce fait son giorno onomastico avec la célébration d’un Saint-Napoléon (inexistant au Martyrologe romain) le , cinquième anniversaire de la signature du concordat de 1801. L’Église romaine ayant émis des réserves à cette célébration peu conforme au droit canonique, le cardinal légat Giovanni Battista Caprara retrouva alors dans le Martirologio Romano un Santo Neopolis[114] (ou Neapolis), martyr du début du IVe siècle, prénom qui devint Napoleo puis Napoleone[115].
  29. James Guillaume commet un lapsus calami sur le sacre qu'il date dans ses ouvrages de deux jours plus tard, du 13 frimaire an XIII ()[110],[111], soit la veille de la Distribution des aigles au Champ-de-Mars, immortalisée par David, dont le détail de la cérémonie paraît dans Le Moniteur universel du même 13 frimaire[120]. Le protocole de la prestation de serment et du couronnement de l'Empereur avait fait l'objet auparavant du décret du 21 messidor an XII ()[121], lequel envisageait à l'origine un couronnement dans la Chapelle des Invalides le 18 brumaire an XIII (), cinquième anniversaire du coup d'État, avant qu'un contretemps ne le déplace au 11 frimaire an XIII () à Notre-Dame de Paris.
  30. Dans son exposé général du 12 fructidor an VII (), Briot demandait entre autres réformes urgentes la suppression de toutes les fêtes nationales autres que celles du 14 juillet, du 10 août, du 21 janvier et du 1er vendémiaire. Ces fêtes demeurèrent en honneur sous le Consulat et ne furent abrogées que par l'Empire[123].
  31. Lire infra Projet de correction de l'intercalation.
  32. Dans leur exposé des motifs du Sénatus-consulte présenté au Sénat lors de sa séance du 15 fructidor an XIII ()[124], les rapporteurs Regnaud de Saint-Jean d'Angély et Mounier font l'apologie du calendrier républicain, et précisent que si les deux défauts ci-dessus mentionnés ne s'y étaient pas trouvés, « Sa Majesté impériale et royale ne se serait pas décidée à en proposer l'abrogation ».
  33. « Et quant à prendre l'équinoxe d'automne comme époque initiale de l'année », note Marc de Vissac, « c'était revenir à l'usage des Chaldéens, des Perses, des Syriens, des Phéniciens, des Carthaginois ; c'était recommencer l'ère de Séleucus[70] ».
  34. « L'Angleterre et la Suède ne se sont alignées sur la réforme qu'en 1752 ; il leur fallut sacrifier onze jours : l'an 1600, bissextil dans les deux calendriers, n'avait pas changé l'écart, mais l'an 1700 l'augmenta d'un jour. Lorsqu'en Angleterre le eut pour lendemain le , des cortèges de protestataires parcoururent les rues en criant : “Rendez-nous nos onze jours[128]. Il est vrai que le début de la même année 1752 avait été avancé de trois mois (et amené au ) : c'était beaucoup à la fois pour des cœurs fidèles à la tradition[129]. »
  35. « Si le calendrier républicain s'était maintenu, il nous faudrait, pour toutes les dates antérieures à 1792, procéder au travail de réduction, assez délicat et parfaitement oiseux, qui nous est imposé pour les dates des dix ans de l'histoire révolutionnaire. Il y a lieu d'espérer, pour les pauvres historiens, que de pareilles plaisanteries ne se renouvelleront pas[132]. »
  36. a et b Cette valeur est très proche de la durée moyenne d'une lunaison égale à 29 jours 12 heures 44 minutes et 2,8 secondes.
  37. « Pâques est le dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le ou immédiatement après », donc le dimanche après la première pleine lune advenant pendant ou après l'équinoxe de printemps.
  38. Dès le VIIe siècle, l'Église s'en émut : à suivre les prescriptions du Concile, Pâques, fête printanière, finirait à la longue par se célébrer au cœur de l'été. Au XIIIe siècle, la question fut débattue, mais la longueur de l'année parut trop mal connue pour qu'on pût valablement légiférer. Au Concile de Constance (1414) le cardinal Pierre d'Ailly traduit l'émotion unanime du clergé et propose au pape Jean XXIII (un antipape, mais enseveli au baptistère de Florence) de modifier les intercalations bissextiles. Le Concile de Trente (1545-1553) agite la question à son tour mais sans conclure et la remet à la sagesse du Saint-Siège[138].
  39. En 400 ans d'un cycle grégorien, il y a 303 années de 365 jours – dont 3 années séculaires – et 97 années bissextiles de 366 jours – dont 1 année séculaire – d'où la valeur moyenne de 365,242 5 jours.
  40. À la demande de Grégoire XIII, des mathématiciens et des astronomes jésuites des universités de Salamanque et de Coimbra préparent les bases d'un nouveau calendrier depuis 1579. Ils connaissent la durée de l'année tropique calculée par Copernic (1473-1543) (365 jours 5 heures 49 minutes et 16 secondes), mais n'ont sans doute pas encore connaissance des travaux de Tycho Brahe (1546-1601) (365 jours 5 heures 48 minutes 45 secondes et 5 dixièmes)[139].
  41. Il a été proposé d'amender la règle pour considérer les années multiples de 4 000 comme normales comme le prévoyait pour le calendrier républicain le projet de décret de Romme en date du 19 floréal an III () et qui ne vit jamais le jour. Mais du fait du raccourcissement de l'année tropique évalué à 0,5 s par siècle et de l'allongement du jour de 1,64 milliseconde par siècle, il est illusoire d'arriver à ce niveau de précision, les incertitudes sur la durée de l'année sur 10 000 ans étant du même ordre de grandeur.
  42. « D'après le système décadaire, l'année aurait dû être divisée en dix parties, mais, en prenant pour base de la division des mois les douze révolutions de la lune autour de la terre, il fallait admettre douze mois. La nature commandait ici l'infraction à la règle décimale[142]. »
  43. Dès le début des travaux de la Commission, Lalande était déjà réservé quant à l'opportunité d'un changement de calendrier et « représenta en vain que l'objet unique du calendrier est que l'on s'entende, et le résultat de tout changement est que l'on soit longtemps à ne s'entendre pas ; que le changement introduit par Grégoire XIII avait été une sottise et qu'il ne fallait pas en faire une seconde[146] ».
  44. Il eût fallu dire, pour être tout à fait clair : « Ce n'est que dans cent vingt-neuf ans d'ici environ, — (le rapporteur écrivait en l'an II), — c'est-à-dire en l'an CXXXI de la République[150]. »
  45. Ce sont les règles qui fixent la manière de distinguer les années communes de 365 jours et les années bissextiles de 366 jours.
  46. a b et c Dans le projet de réforme préparé par Romme, au nom du Comité d'instruction publique, le 19 floréal an III (), il y aurait une année sextile tous les quatre ans, la première étant l'an IV et non l'an III, avec ces précisions : « Art. 2 : Les années sextiles se succéderont de quatre en quatre ans, et marqueront la fin de chaque franciade. Art. 3 : Sur quatre années séculaires consécutives, sont exceptées de l’article précédent la première, la deuxième, la troisième années séculaires, qui seront communes. Art. 4 : Il en sera ainsi de quatre en quatre siècles, jusqu’au quarantième, qui se terminera par une année commune ». En 4 000 ans, on aurait de la sorte 3 031 années de 365 jours – dont 31 années séculaires – et 969 années sextiles de 366 jours – dont 9 années séculaires – d'où la valeur moyenne de 365,242 25 jours.
  47. Le jour intercalaire de Jules César se plaçait juste avant le 24 février. Il s'agissait donc d'un «  bis ». On nommait le 24 février a. d. VI Kal. Mart., soit ante diem sextum Kalendas Martias, ce qui signifie « le sixième jour avant les calendes de mars » ; le «  bis » se disait donc tout naturellement a. d. bis VI Kal. Mart., soit ante diem bis sextum Kalendas Martias : « le sixième jour bis avant les calendes (le premier jour) de mars ». Une année bissextile comprend deux fois le sixième jour avant le premier mars ; « deux fois [le] sixième » se dit bis sextus en latin ; par l'ajout du suffixe -ilis, est dérivé l'adjectif bissextilis, d'où « bissextil » en français.
  48. Un décret du 19 brumaire an II () précise que « la quatrième année de chaque Franciade, qui doit recevoir le jour intercalaire, sera appelée l'année sextile[154] ».
  49. La première année sextile devant être l'an III, la première Franciade était censée avoir commencé à l'équinoxe d'automne de 1791, un an avant l'établissement de l'ère républicaine[155].
  50. Delambre qui aurait pu l'aider n'était pas à Paris, mais battait la campagne pour mesurer le méridien terrestre. La campagne d'observation de 1793 s'achève le 24 janvier 1794 et Delambre rentre à Paris à la fin du mois[147].
  51. En fait, le soleil est passé à l'équinoxe d'automne le , à 23 h 38 m 07 s en temps universel[5] (23 h 48 heure de Paris).
  52. « Je proposais de rétablir l'intercalation Grégorienne, avec une modification très légère qui la perfectionnait, sans la rendre plus difficile. […] En 3600 ans le calendrier Julien mettait 900 intercalations, c'était 28 de trop. Le calendrier Grégorien en a retranché 27 ; il en reste une à retrancher, ce qui se fait commodément, en rendant commune l'année 3600 et ses multiples. […] Enfin, je proposais d'ajouter une troisième règle qui était de supprimer une bissextile tous les 3600 ans, ou, si l'on aimait mieux, tous les 4000 ans ; ce qui était encore plus commode et presque aussi exact[69] ».
  53. « L'appellation donnée aux mois était cependant une trouvaille, bien que Charlemagne eût déjà, dans notre pays même, adopté des noms qui, dans leur idiome, signifiaient pareillement : mois d'hiver, mois de boue. Mais cette appellation, quoique charmante, avait l'inconvénient de n'être applicable qu'au climat de la France ; on se fit donc la plus étrange des illusions en s'imaginant qu'elle serait adoptée dans tous les pays[70]. »
  54. « Dans le texte primitif du rapport de Fabre, tel qu'il fut lu à la Convention le 3e jour du second mois, le second mois de l'été s'appelait non pas Thermidor, mais Fervidor. […] Dans l'intervalle qui s'écoula entre la lecture du rapport et sa publication, Fabre substitua, de sa propre autorité et sans consulter de nouveau la Convention, le nom de Thermidor à celui de Fervidor. […] Le mot de Fervidor n'est peut-être pas heureux ; mais celui de Thermidor a l'inconvénient d'introduire une expression d'origine grecque dans une nomenclature dont tous les autres termes sont latins[170] ».
  55. Nomenclature des jours de la décade (variantes) : primedi[171] ou primdi[172] ou primidi[173] ; octidi[171],[60] ou octodi[61] ; nonidi[171],[174] ou nonodi[175].
  56. « Reste la qualification de Sans-Culottide attribuée aux jours complémentaires ; mais elle jure, on en conviendra, avec l'esprit et le goût français. Fabre d'Eglantine l'avait senti. Aussi cherchait-il dans son rapport à la faire consacrer par l'histoire. […] Cette assertion hasardée, ne saurait rien enlever au grotesque de l'expression[141]. »
  57. « Ce dernier jour s'ouvrait une espèce de carnaval politique durant lequel toute licence était laissée à la manifestation de la pensée vis-à-vis des hommes en place : le moral, le personnel et les actions des fonctionnaires publics étaient livrés en pâture à la malignité des citoyens. Chansons, allusions, caricatures, pasquinades, ironie et sarcasmes de la foule servaient de salaire à celui des élus du peuple qui l'avait trompé ou qui s'en était fait mésestimer[185]. »
  58. « Dans le calendrier républicain, l'année débute le jour où tombe à Paris l'équinoxe d'automne. Des astronomes étaient chargés de déterminer l'instant du phénomène et un décret fixait ensuite le commencement de l'année. Une difficulté était à prévoir : lorsque le passage du Soleil à l'équinoxe d'automne a lieu très près de minuit, à Paris, un minime écart entraîne une incertitude d'un jour entier. Selon Delambre, le cas se fût posé pour l'an CXLIV (144) de la République. (En fait, le Soleil est passé à l'équinoxe d'automne le , à 23 h 48, heure de Paris)[7]. »
  59. En 3 600 ans, on aurait de la sorte 2 728 années de 365 jours – dont 28 années séculaires – et 872 années bissextiles de 366 jours – dont 8 années séculaires – d'où la valeur moyenne de 365,242 22 jours.
  60. La rotation de la Terre sur elle-même qui détermine le passage des jours et des nuits, ralentit sur le long terme, à cause principalement des effets d'attraction luni-solaire. De plus, notre planète est perturbée par ses constituants internes (noyau, manteau) et externes (atmosphère, océans).
  61. C'est l'option retenue pour l'affichage de la date actuelle ci-dessous et pour tous les modèles de calendrier républicain, qui affichent en 2020 une avance d'un jour par rapport au calendrier privilégiant l'article III sur l'article X du décret du 4 frimaire an II ()[206] !
  62. Le Bureau des longitudes commence sa carrière par une volte-face assez incompréhensible : le 8 thermidor an III (), il demande au Comité d'instruction publique de faire adopter le mode d'intercalation proposé par Romme et les astronomes. Le 14 thermidor an III (), il propose, au contraire, de ne rien changer aux dispositions existantes[109].
  63. Le premier jour de l’année républicaine tombe le jour de l’équinoxe d’automne calculé pour le méridien de Paris (en temps moyen de Paris). L’an 228 du calendrier républicain (1er vendémiaire) débute le et se termine le , l'an 229 le pour se terminer le [208].
  64. D'après l'article 1er de la loi du 11 germinal an XI (), « à compter de la publication de la présente loi, les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus de l'histoire ancienne, pourront seuls être reçus, comme prénoms sur les registres de l'état civil destinés à constater la naissance des enfants; et il est interdit aux officiers publics d'en admettre aucun autre dans leurs actes[218] ».
    Cette règle vise surtout les nouveaux prénoms, comme Marat, Lepeletier, Beaurepaire ou Brutus, apparus dans la foulée de la Révolution[217], et cette disposition est reprise dans l'article 57 du Code civil du 30 ventôse an XII ()[219].
    Ce cadre est assoupli en 1966, avec une circulaire du ministère de la Justice qui donne un cadre d’« application pratique » au choix des prénoms[220], et les trois nouveaux alinéas de l’article 57 du Code civil de la loi du [221], qui donnent une plus large liberté dans le choix des prénoms, abrogent définitivement la loi du 11 germinal an XI ().

Calendrier républicain

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  1. Vendémiaire (22/23/24 septembre ~ 21/22/23 octobre) – Période des vendangesDébut :
    1er vendémiaire an II () ; 1er vendémiaire an III () ; 1er vendémiaire an IV () ; 1er vendémiaire an V () ; 1er vendémiaire an VI () ; 1er vendémiaire an VII () ; 1er vendémiaire an VIII () ; 1er vendémiaire an IX () ; 1er vendémiaire an X () ; 1er vendémiaire an XI () ; 1er vendémiaire an XII () ; 1er vendémiaire an XIII () ; 1er vendémiaire an XIV ()
    Fin :
    30 vendémiaire an II () ; 30 vendémiaire an III () ; 30 vendémiaire an IV () ; 30 vendémiaire an V () ; 30 vendémiaire an VI () ; 30 vendémiaire an VII () ; 30 vendémiaire an VIII () ; 30 vendémiaire an IX () ; 30 vendémiaire an X () ; 30 vendémiaire an XI () ; 30 vendémiaire an XII () ; 30 vendémiaire an XIII () ; 30 vendémiaire an XIV ()
    .
  2. Brumaire (22/23/24 octobre ~ 20/21/22 novembre) – Période des brumes et des brouillardsDébut :
    1er brumaire an II () ; 1er brumaire an III () ; 1er brumaire an IV () ; 1er brumaire an V () ; 1er brumaire an VI () ; 1er brumaire an VII () ; 1er brumaire an VIII () ; 1er brumaire an IX () ; 1er brumaire an X () ; 1er brumaire an XI () ; 1er brumaire an XII () ; 1er brumaire an XIII () ; 1er brumaire an XIV ()
    Fin :
    30 brumaire an II () ; 30 brumaire an III () ; 30 brumaire an IV () ; 30 brumaire an V () ; 30 brumaire an VI () ; 30 brumaire an VII () ; 30 brumaire an VIII () ; 30 brumaire an IX () ; 30 brumaire an X () ; 30 brumaire an XI () ; 30 brumaire an XII () ; 30 brumaire an XIII () ; 30 brumaire an XIV ()
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  3. Frimaire (21/22/23 novembre ~ 20/21/22 décembre) – Période des froids (frimas)Début :
    1er frimaire an II () ; 1er frimaire an III () ; 1er frimaire an IV () ; 1er frimaire an V () ; 1er frimaire an VI () ; 1er frimaire an VII () ; 1er frimaire an VIII () ; 1er frimaire an IX () ; 1er frimaire an X () ; 1er frimaire an XI () ; 1er frimaire an XII () ; 1er frimaire an XIII () ; 1er frimaire an XIV ()
    Fin :
    30 frimaire an II () ; 30 frimaire an III () ; 30 frimaire an IV () ; 30 frimaire an V () ; 30 frimaire an VI () ; 30 frimaire an VII () ; 30 frimaire an VIII () ; 30 frimaire an IX () ; 30 frimaire an X () ; 30 frimaire an XI () ; 30 frimaire an XII () ; 30 frimaire an XIII () ; 30 frimaire an XIV ()
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  4. Nivôse (21/22/23 décembre ~ 19/20/21 janvier) – Période de la neigeDébut :
    1er nivôse an II () ; 1er nivôse an III () ; 1er nivôse an IV () ; 1er nivôse an V () ; 1er nivôse an VI () ; 1er nivôse an VII () ; 1er nivôse an VIII () ; 1er nivôse an IX () ; 1er nivôse an X () ; 1er nivôse an XI () ; 1er nivôse an XII () ; 1er nivôse an XIII () ; 1er nivôse an XIV ()
    Fin :
    30 nivôse an II () ; 30 nivôse an III () ; 30 nivôse an IV () ; 30 nivôse an V () ; 30 nivôse an VI () ; 30 nivôse an VII () ; 30 nivôse an VIII () ; 30 nivôse an IX () ; 30 nivôse an X () ; 30 nivôse an XI () ; 30 nivôse an XII () ; 30 nivôse an XIII () ; p.m. 10 nivôse an XIV ()
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  5. Pluviôse (20/21/22 janvier ~ 18/19/20 février) – Période des pluiesDébut :
    1er pluviôse an II () ; 1er pluviôse an III () ; 1er pluviôse an IV () ; 1er pluviôse an V () ; 1er pluviôse an VI () ; 1er pluviôse an VII () ; 1er pluviôse an VIII () ; 1er pluviôse an IX () ; 1er pluviôse an X () ; 1er pluviôse an XI () ; 1er pluviôse an XII () ; 1er pluviôse an XIII ()
    Fin :
    30 pluviôse an II () ; 30 pluviôse an III () ; 30 pluviôse an IV () ; 30 pluviôse an V () ; 30 pluviôse an VI () ; 30 pluviôse an VII () ; 30 pluviôse an VIII () ; 30 pluviôse an IX () ; 30 pluviôse an X () ; 30 pluviôse an XI () ; 30 pluviôse an XII () ; 30 pluviôse an XIII ()
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  6. Ventôse (19/20/21 février ~ 20/21 mars) – Période des ventsDébut :
    1er ventôse an II () ; 1er ventôse an III () ; 1er ventôse an IV () ; 1er ventôse an V () ; 1er ventôse an VI () ; 1er ventôse an VII () ; 1er ventôse an VIII () ; 1er ventôse an IX () ; 1er ventôse an X () ; 1er ventôse an XI () ; 1er ventôse an XII () ; 1er ventôse an XIII ()
    Fin :
    30 ventôse an II () ; 30 ventôse an III () ; 30 ventôse an IV () ; 30 ventôse an V () ; 30 ventôse an VI () ; 30 ventôse an VII () ; 30 ventôse an VIII () ; 30 ventôse an IX () ; 30 ventôse an X () ; 30 ventôse an XI () ; 30 ventôse an XII () ; 30 ventôse an XIII ()
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  7. Germinal (21/22 mars ~ 19/20 avril) – Période de la germinationDébut :
    1er germinal an II () ; 1er germinal an III () ; 1er germinal an IV () ; 1er germinal an V () ; 1er germinal an VI () ; 1er germinal an VII () ; 1er germinal an VIII () ; 1er germinal an IX () ; 1er germinal an X () ; 1er germinal an XI () ; 1er germinal an XII () ; 1er germinal an XIII ()
    Fin :
    30 germinal an II () ; 30 germinal an III () ; 30 germinal an IV () ; 30 germinal an V () ; 30 germinal an VI () ; 30 germinal an VII () ; 30 germinal an VIII () ; 30 germinal an IX () ; 30 germinal an X () ; 30 germinal an XI () ; 30 germinal an XII () ; 30 germinal an XIII ()
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  8. Floréal (20/21 avril ~ 19/20 mai) – Période de l'épanouissement des fleursDébut :
    1er floréal an II () ; 1er floréal an III () ; 1er floréal an IV () ; 1er floréal an V () ; 1er floréal an VI () ; 1er floréal an VII () ; 1er floréal an VIII () ; 1er floréal an IX () ; 1er floréal an X () ; 1er floréal an XI () ; 1er floréal an XII () ; 1er floréal an XIII ()
    Fin :
    30 floréal an II () ; 30 floréal an III () ; 30 floréal an IV () ; 30 floréal an V () ; 30 floréal an VI () ; 30 floréal an VII () ; 30 floréal an VIII () ; 30 floréal an IX () ; 30 floréal an X () ; 30 floréal an XI () ; 30 floréal an XII () ; 30 floréal an XIII ()
    .
  9. Prairial (20/21 mai ~ 18/19 juin) – Période des récoltes des prairiesDébut :
    1er prairial an II () ; 1er prairial an III () ; 1er prairial an IV () ; 1er prairial an V () ; 1er prairial an VI () ; 1er prairial an VII () ; 1er prairial an VIII () ; 1er prairial an IX () ; 1er prairial an X () ; 1er prairial an XI () ; 1er prairial an XII () ; 1er prairial an XIII ()
    Fin :
    30 prairial an II () ; 30 prairial an III () ; 30 prairial an IV () ; 30 prairial an V () ; 30 prairial an VI () ; 30 prairial an VII () ; 30 prairial an VIII () ; 30 prairial an IX () ; 30 prairial an X () ; 30 prairial an XI () ; 30 prairial an XII () ; 30 prairial an XIII ()
    .
  10. Messidor (19/20 juin ~ 18/19 juillet) – Période des moissonsDébut :
    1er messidor an II () ; 1er messidor an III () ; 1er messidor an IV () ; 1er messidor an V () ; 1er messidor an VI () ; 1er messidor an VII () ; 1er messidor an VIII () ; 1er messidor an IX () ; 1er messidor an X () ; 1er messidor an XI () ; 1er messidor an XII () ; 1er messidor an XIII ()
    Fin :
    30 messidor an II () ; 30 messidor an III () ; 30 messidor an IV () ; 30 messidor an V () ; 30 messidor an VI () ; 30 messidor an VII () ; 30 messidor an VIII () ; 30 messidor an IX () ; 30 messidor an X () ; 30 messidor an XI () ; 30 messidor an XII () ; 30 messidor an XIII ()
    .
  11. Thermidor (19/20 juillet ~ 17/18 août) – Période des chaleursDébut :
    1er thermidor an II () ; 1er thermidor an III () ; 1er thermidor an IV () ; 1er thermidor an V () ; 1er thermidor an VI () ; 1er thermidor an VII () ; 1er thermidor an VIII () ; 1er thermidor an IX () ; 1er thermidor an X () ; 1er thermidor an XI () ; 1er thermidor an XII () ; 1er thermidor an XIII ()
    Fin :
    30 thermidor an II () ; 30 thermidor an III () ; 30 thermidor an IV () ; 30 thermidor an V () ; 30 thermidor an VI () ; 30 thermidor an VII () ; 30 thermidor an VIII () ; 30 thermidor an IX () ; 30 thermidor an X () ; 30 thermidor an XI () ; 30 thermidor an XII () ; 30 thermidor an XIII ()
    .
  12. Fructidor (18/19 août ~ 16/17 septembre) – Période des fruitsDébut :
    1er fructidor an II () ; 1er fructidor an III () ; 1er fructidor an IV () ; 1er fructidor an V () ; 1er fructidor an VI () ; 1er fructidor an VII () ; 1er fructidor an VIII () ; 1er fructidor an IX () ; 1er fructidor an X () ; 1er fructidor an XI () ; 1er fructidor an XII () ; 1er fructidor an XIII ()
    Fin :
    30 fructidor an II () ; 30 fructidor an III () ; 30 fructidor an IV () ; 30 fructidor an V () ; 30 fructidor an VI () ; 30 fructidor an VII () ; 30 fructidor an VIII () ; 30 fructidor an IX () ; 30 fructidor an X () ; 30 fructidor an XI () ; 30 fructidor an XII () ; 30 fructidor an XIII ()
    .
  13. Jour de la Vertu (17/18 septembre)1er jour complémentaire an II () ; 1er jour complémentaire an III () ; 1er jour complémentaire an IV () ; 1er jour complémentaire an V () ; 1er jour complémentaire an VI () ; 1er jour complémentaire an VII () ; 1er jour complémentaire an VIII () ; 1er jour complémentaire an IX () ; 1er jour complémentaire an X () ; 1er jour complémentaire an XI () ; 1er jour complémentaire an XII () ; 1er jour complémentaire an XIII ().
  14. Jour du Génie (18/19 septembre)2 jour complémentaire an II () ; 2 jour complémentaire an III () ; 2 jour complémentaire an IV () ; 2 jour complémentaire an V () ; 2 jour complémentaire an VI () ; 2 jour complémentaire an VII () ; 2 jour complémentaire an VIII () ; 2 jour complémentaire an IX () ; 2 jour complémentaire an X () ; 2 jour complémentaire an XI () ; 2 jour complémentaire an XII () ; 2 jour complémentaire an XIII ().
  15. Jour du Travail (19/20 septembre)3 jour complémentaire an II () ; 3 jour complémentaire an III () ; 3 jour complémentaire an IV () ; 3 jour complémentaire an V () ; 3 jour complémentaire an VI () ; 3 jour complémentaire an VII () ; 3 jour complémentaire an VIII () ; 3 jour complémentaire an IX () ; 3 jour complémentaire an X () ; 3 jour complémentaire an XI () ; 3 jour complémentaire an XII () ; 3 jour complémentaire an XIII ().
  16. Jour de l'Opinion (20/21 septembre)4 jour complémentaire an II () ; 4 jour complémentaire an III () ; 4 jour complémentaire an IV () ; 4 jour complémentaire an V () ; 4 jour complémentaire an VI () ; 4 jour complémentaire an VII () ; 4 jour complémentaire an VIII () ; 4 jour complémentaire an IX () ; 4 jour complémentaire an X () ; 4 jour complémentaire an XI () ; 4 jour complémentaire an XII () ; 4 jour complémentaire an XIII ().
  17. Jour des Récompenses (21/22 septembre)5 jour complémentaire an II () ; 5 jour complémentaire an III () ; 5 jour complémentaire an IV () ; 5 jour complémentaire an V () ; 5 jour complémentaire an VI () ; 5 jour complémentaire an VII () ; 5 jour complémentaire an VIII () ; 5 jour complémentaire an IX () ; 5 jour complémentaire an X () ; 5 jour complémentaire an XI () ; 5 jour complémentaire an XII () ; 5 jour complémentaire an XIII ().
  18. Jour de la Révolution (22/23 septembre), et uniquement les années sextiles6 jour complémentaire an III () ; 6 jour complémentaire an VII () ; 6 jour complémentaire an XI ().

Références

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