Si (poème)
Si, en anglais If—, est un poème de Rudyard Kipling, écrit en 1895, et publié en 1910 dans Rewards and Fairies. Il lui a été inspiré par le raid Jameson[1]. Évocation de la vertu britannique de l'ère victorienne, comme Invictus de William Ernest Henley vingt ans plus tôt, ce poème est rapidement devenu très célèbre. Deux de ses vers (les 11 et 12) sont notamment reproduits à l'entrée des joueurs du court central de Wimbledon:« If you can meet with triumph and disaster / And treat those two impostors just the same"[2]. » (Si tu peux rencontrer triomphe et désastre/ Et traiter ces deux imposteurs de la même manière[3]).
Titre |
Si |
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Auteur | |
Date de création | |
Publication |
Rewards and Fairies (en) |
Date de publication | |
Type |
Incipit |
« If you can keep your head when all about you… » |
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Explicit |
« …And—which is more—you'll be a Man, my son! » |
Texte
modifierTexte en anglais | Adaptation d'André Maurois[4] |
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If you can keep your head when all about you |
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie |
Traductions et adaptations
modifierAndré Maurois l'a adapté très librement dans son livre Les Silences du colonel Bramble (publié en 1918) sous le titre Tu seras un homme, mon fils. Soucieux de maintenir la pureté de la langue et de rester fidèle au sens plutôt qu'à la lettre des textes, Maurois a écrit une version en alexandrins qui reprend l'idée fondamentale du poème de Kipling tout en ne traduisant directement que quelques vers et en modifiant la forme originale du poème.
Le , Paul Rivet placarde le poème sur les portes du musée de l'Homme, en signe de résistance à l'occupant allemand.
Le poème a connu d'autres traductions françaises, d'inégal bonheur, dont celles de Germaine Bernard-Cherchevsky (1942) et de Jules Castier (1949)[5].
La traduction (ou réécriture) par André Maurois de ce poème a été chantée par Bernard Lavilliers en 1988 dans son album intitulé If. Signe de succès, elle est aussi reprise dans de nombreuses anthologies et cartes postales, et désignée directement comme « poème de Kipling. »,
Une traduction de Françoise Morvan respectant le sens et la forme du poème est parue aux éditions Seghers[6].
Avis divergent
modifierDans son essai Une folle solitude : le fantasme de l'homme auto-construit (2006), p. 116, Olivier Rey déclare :
« On trouve des effets délétères de la tyrannie paternelle jusque dans ses modalités d'effacement. Par exemple, dans ce poème mondialement connu et célébré de Rudyard Kipling, If — adapté en français par André Maurois sous le titre « Tu seras un homme mon fils » — où le père n'abandonne ses anciennes exigences qu'en imprégnant son renoncement de venin. Oh, certes, le fils est libre : pas de contraintes ! Juste une liste égrenée de conditions à remplir pour être un homme, plus exorbitantes les unes que les autres. Voir tout ce qu'on a accompli anéanti d'un coup et repartir de zéro avec une énergie intacte, endurer la calomnie sans un soupir, garder confiance quand tout le monde doute et sans reprocher aux autres de douter, etc. — ce genre de choses qui sont plus du ressort du divin que de l’humain. Une liste aussi délirante ne peut signifier qu'une chose : tu ne seras jamais un homme mon fils. Ou comment rester castrateur, l'être davantage encore en prétendant ne plus l'être. »
Dans la culture populaire
modifierCe poème de Rudyard Kipling fait également son apparition dans le domaine plus large de la culture populaire.
Cinéma
modifierDans le film Mission impossible : Rogue Nation, la clé à reconnaissance vocale permettant au Premier Ministre britannique de déverrouiller la "Boîte Rouge" (et d'activer par la même occasion "Le Syndicat") est constituée des trois premiers vers du poème.
Dans Les Sous-doués, le texte revient lors de l’épreuve du bac de français. Le médecin récite ce poème pour aider les étudiants tout en faisant accoucher une étudiante enceinte dans la salle d’examen.
Notes et références
modifier- Paul Halsall, Modern History Sourcebook: Rudyard Kipling: If, sur le site officiel de l'université Fordham, 1998.
- René Stauffer 2007, p. 104.
- La traduction en français de ces deux vers, réalisée dans le cadre de cet article, diffère, dans la forme, de l'adaptation (qui n'est pas une traduction du poème) proposée par André Maurois, laquelle est citée dans la section suivante. Ce sont les vers 25 et 26).
- [1]
- On peut les comparer, avec d'autres plus récemment traduites, ici : Pierre Crescenzo, « Rudyard Kipling »
- « Un cas d’école (Kipling) | Françoise Morvan » (consulté le )
Sources
modifier- Olivier Rey, Une folle solitude : le fantasme de l'homme auto-construit, Le Seuil, 2006 (spéc. p. 116).
- Si, de Kipling, traduction de Françoise Morvan, illustrations de Gaétan Dorémus, Seghers, (ISBN 978-2232129667)
- (en) René Stauffer, The Roger Federer Story: Quest for Perfection, Chicago, Illinois, New Chapter Press, , 252 p. (ISBN 9780942257397), lire: [2]. Consulté le .
Liens externes
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