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du dessin, le charme de l’exécution, que pour l’énergie sublime de l’expression. Lomazzo va même plus loin encore ; il déclare Gaudenzio Ferrari l’un des sept premiers artistes qui aient jamais paru. Quel que soit le rang que ce peintre occupe, ce tableau est sans aucun doute son chef-d’œuvre, et peut-être le seul chef-d’œuvre qu’il ait produit. La plupart des autres ouvrages sortis de son atelier, que nous avons fréquemment rencontrés dans les églises de Verceil et des bourgades du littoral du lac Majeur et du lac de Côme, sont inférieurs de beaucoup à son tableau de la Déposition. Comme tant d’autres artistes, il a eu une belle idée et un jour heureux. La Déposition de Croix est pour Gaudenzio Ferrari ce qu’est pour le Dominiquin la Communion de saint Jérôme, et sainte Pétronille pour le Guerchin.

Nous serions injuste cependant de borner à un seul le nombre des chefs-d’œuvre de ce dernier peintre ; son Enfant prodigue de la galerie de Turin est un fort beau tableau, d’une grande hardiesse de composition et de dessin, et d’une singulière vigueur de coloris. On voit ce tableau avec plaisir, même lorsque l’on a pu admirer le chef-d’œuvre de Murillo, qui faisait partie de la galerie du maréchal Soult. Le père, qui est accouru sur le seuil pour accueillir son enfant, n’a pas dans le tableau du Guerchin la même tendresse que chez Murillo. Ses bras n’enveloppent pas avec le même amour le fils repentant ; ils s’ouvrent cependant, et ce personnage, malheureusement chargé de lourdes draperies, ne manque pas d’une sorte d’élan tout paternel. La figure du fils prosterné, que la misère et le repentir accablent, est fort heureuse. Il a jeté le bâton à l’aide duquel il s’est traîné jusqu’au seuil paternel, il joint les mains et rejette sa tête en arrière. On ne voit pas son visage. Dans le fond du tableau, sur un balcon supporté par des portiques décorés de pilastres d’ordre corinthien, des musiciens accordent leurs instrumens, sans doute pour fêter la bien-venue du fils prodigue. Sur un plan plus rapproché, le fils cadet, qui descend de cheval, écoute le récit que lui fait un valet du retour de son frère. Ce tableau, d’un effet vraiment magique, est de la troisième manière du Guerchin, lorsque ce peintre naturaliste, fatigué de l’imitation du Caravage et des Vénitiens, se rapprochait du Guide. La lumière que prodigue ce dernier peintre est venue heureusement adoucir les ombres ténébreuses du Caravage, sans diminuer en rien la puissance de l’effet. La volonté seule a manqué au Guerchin ; cet infatigable travailleur, pour être un grand peintre, n’a pas secoué avec assez d’énergie le joug de l’imitation. Au lieu de se