droit d’intervention que s’arrogeait l’Angleterre dans les affaires de l’Orient. Voici la réponse de lord Palmerston :
« Mon honorable ami a demandé que le gouvernement déposât sur la table une copie de la convention qui a été conclue avec les autres puissances. Une convention a été conclue, je ne le nie pas, mais elle n’aura toute sa force que lorsqu’elle aura été ratifiée et échangée par toutes les parties contractantes ; jusqu’à ce que cela ait été fait, il est impossible de rendre ce document public, et de le mettre sous les yeux du parlement. Les ratifications n’ont pas été échangées encore, je ne doute pas qu’elles ne le soient ; mais jusqu’à ce qu’elles l’aient été, je ne puis pas faire connaître l’objet de la convention.
« Mon honorable ami a prétendu que j’avais ou que le gouvernement avait abandonné l’alliance de la France, et s’était embarqué avec la sainte-alliance dans une entreprise contraire aux intérêts de l’Angleterre, et qui ne pouvait servir que les intérêts de la Russie. Je nie qu’il y ait, de la part du gouvernement, la moindre disposition à renoncer à l’alliance, à l’étroite union que nous avions formée avec la France, et à laquelle j’ai toujours attaché la plus grande importance, sachant combien elle était utile aux deux pays et essentielle à la paix de l’Europe. Quoique sur ce sujet particulièrement il ait existé des dissentimens que je crois peu importans, j’ai l’espoir et la confiance qu’ils n’affaibliront pas les sentimens d’amitié qui unissent les deux pays.
« Quel rapport peut avoir la sainte-alliance avec ce traité qui a été conclu pour un objet spécial ? Les parties contractantes ne sont pas les mêmes, car l’Angleterre n’avait pas adhéré à la sainte-alliance, et la France d’alors, sans y être comprise, n’y était pas opposée.
« Nous avions le plus grand désir de voir la France s’associer aux mesures qui ont été arrêtées, car elle nous eût apporté ainsi le poids de son influence morale et eût assuré la paix de l’Europe. C’est avec le plus profond regret que le gouvernement de sa majesté a reconnu qu’il ne pouvait pas obtenir le consentement de la France. Mais, dans toutes les communications qui ont eu lieu avec le gouvernement français depuis ce moment, il n’y a pas le moindre prétexte aux impressions que l’on a cherché à répandre dans certains lieux, et particulièrement en France, sur les intentions hostiles qui auraient animé les autres puissances, en déterminant les mesures qu’elles ont prises de concert. La France est une grande et puissante nation ; elle a de puissans intérêts à la paix, et elle est gouvernée par des hommes trop sages pour convertir l’Europe, sans des motifs légitimes, en une scène de carnage. »
Lord Palmerston s’efforçait ensuite de démontrer que le traité du 15 juillet avait déjà valu à l’Angleterre l’abolition du traité d’Unkiar-Skelessi. Sans avouer que l’alliance française fût rompue, et tout en affirmant même qu’elle résisterait à un dissentiment sans importance,