Comme la lice errante, affamée et chassant,
Elle flaire l’odeur du sauvage passant
Indien, ennemi de sa race Indienne,
Et de qui la famille a massacré la sienne.
Elle écoute, regarde et respire à la fois
La marche des Hurons sur les feuilles des bois ;
Un cri lointain l’effraie, et dans la forêt verte
Elle s’enfonce enfin par une route ouverte.
Elle sait que les blancs, par le fer et le feu,
Ont troué ces grands bois semés des mains de Dieu,
Et, promenant au loin la flamme qui calcine,
Pour labourer la terre ont brûlé la racine,
L’arbre et les joncs touffus que le fleuve arrosait.
Ces Anglais qu’autrefois sa tribu méprisait
Sont maîtres sur sa terre, et l’Osage indocile
Va chercher leur foyer pour demander asile.
Elle entre en une allée où d’abord elle voit
La barrière d’un parc. — Un chemin large et droit
Conduit à la maison de forme britannique,
Où le bois est cloué dans les angles de brique,
Où le toit invisible entre un double rempart
S’enfonce, où le charbon fume de toute part,
Où tout est clos et sain, où vient blanche et luisante
S’unir à l’ordre froid la propreté décente.
Fermée à l’ennemi, la maison s’ouvre au jour
Légère comme un kiosk, forte comme une tour.
Le chien de Terre-Neuve y hurle près des portes.