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question, et comme elle craignait que la chambre des députés ne se montrât moins discrète, on s’est engagé à obtenir que celle-ci gardât aussi le silence. Cette promesse a levé les scrupules, et la chambre s’est tue, observant la même discrétion que le discours de la couronne.

À la chambre des députés, l’attitude du ministère a confondu de surprise ses amis aussi bien que ses adversaires ; on l’a vu changer plusieurs fois de résolution, désavouer le langage qu’il avait tenu dans l’autre chambre, supplier d’abord la commission de s’abstenir de toute démonstration, puis refuser de s’expliquer sur le parti qu’il prendrait, remettre ensuite sa réponse au lendemain, et le lendemain se référer à ce qu’il avait dit la veille ; hésiter encore après le discours de M. Dupin, redoutant tout ensemble le commentaire de l’éloquent magistrat, et l’exploitant auprès des siens ; enfin, en désespoir de cause, se ralliant explicitement au projet de la commission. Ces tergiversations ont eu pour résultat un vote unanime de la chambre contre le droit de visite.

Le sentiment qui avait dicté ce vote était si puissant, M. Dupin, interprète des sentimens de tous, avait tenu un langage si ferme, qu’au moment de cette résolution solennelle, et dans les jours qui l’ont suivie, on ne comprenait pas que l’adresse pût recevoir deux interprétations. La chambre avait remercié le roi de la non-ratification du traité de 1841, et, tout en recommandant l’exécution loyale et stricte des traités antérieurs jusqu’à l’abrogation, elle en avait proclamé les inconvéniens, et formellement provoqué la révocation. Par respect pour la prérogative royale, dont M. Odilon Barrot avait le plus énergiquement proclamé les droits, elle n’avait voulu imposer au gouvernement ni un jour, ni une forme pour les négociations à entreprendre, mais elle avait été nette et absolue quant au principe en lui-même. Depuis l’adhésion du ministère, on se demandait seulement comment il avait pu, après avoir conjuré la pairie de se taire, consentir à ce que la chambre des députés parlât sur le droit de visite. Les amis sincères du gouvernement constitutionnel s’affligeaient d’une conduite qui avait fait perdre à la chambre des pairs une occasion heureuse et facile de s’associer à une démonstration nationale ; ils rappelaient que l’aristocratie anglaise et la chambre des lords devaient leur influence et leur popularité à l’empressement avec lequel elles s’emparent de toutes les questions où le nom et la gloire de la Grande-Bretagne sont en cause. Il paraît même que la chambre des pairs s’étaie émue, et le ministère était menacé de vives et prochaines interpellations.

Depuis ce temps, l’affaire a entièrement changé de face ; les journaux anglais, rédigés on sait par qui et sous quelle influence, répétés complaisamment par les feuilles ministérielles de France, ont affecté de ne voir dans le vote de la chambre qu’une vaine formule, qu’une protestation, comparable à celle que la Pologne obtient chaque année de nos deux chambres. On a dit qu’aucune obligation ne pesait sur le ministère, et qu’il lui était loisible d’attendre dix ou vingt ans, s’il lui plaisait, pour entamer la négociation. Le seul homme de mer de la chambre des pairs qui se fût prononcé contre l’amen-