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valiers sans bras. Une croisée de la renaissance, perdue, empâtée dans un affreux mur de maçonnerie récente, fait lever de loin en loin les yeux de l’artiste et lui arrache un soupir de regret ; mais ces rares vestiges, il faut les chercher dans les angles obscurs, au fond des arrière-cours, et Valence n’en a pas moins la physionomie toute moderne. La cathédrale, d’une architecture hybride, malgré une abside à galerie avec pleins-cintres romains, n’a rien qui puisse attirer l’attention du voyageur après les merveilles de Burgos, de Tolède et de Séville. Quelques retables finement sculptés, un tableau de Sébastien del Piombo, un autre de l’Espagnolet dans sa manière tendre, lorsqu’il tâchait d’imiter le Corrège, voilà tout ce qu’il y a de remarquable. Les autres églises, bien que nombreuses et riches, sont bâties et décorées dans ce goût étrange d’ornementation rocaille dont nous avons donné déjà plusieurs fois la description. On ne peut, en voyant toutes ces extravagances, que regretter tant de talent et d’esprit gaspillé en pure perte. La Lonja de Seda (bourse de la soie), sur la place du marché, est un délicieux monument gothique ; la grand’salle, dont la voûte retombe sur des rangées de colonnes aux nervures tordues en spirales d’une légèreté extrême, est d’une élégance et d’une gaieté d’aspect rares dans l’architecture gothique, plus propre en général à exprimer la mélancolie que le bonheur. C’est dans la Lonja que se donnent au carnaval les fêtes et les bals masqués. Pour en finir avec les monumens, disons quelques mots de l’ancien couvent de la Merced, où l’on a réuni un grand nombre de peintures, les unes médiocres, les autres mauvaises, à quelques rares exceptions près. Ce qui me charma le plus à la Merced, c’est une cour entourée d’un cloître et plantée de palmiers d’une grandeur et d’une beauté tout orientales, qui filent comme la flèche dans la limpidité de l’air.

Le véritable attrait de Valence pour le voyageur, c’est sa population ou pour mieux dire celle de Huerta qui l’environne. Les paysans valenciens ont un costume d’une étrangeté caractéristique qui ne doit pas avoir varié beaucoup depuis l’invasion des Arabes, et qui ne diffère que très peu du costume actuel des Mores d’Afrique. Ce costume consiste en une chemise, un caleçon flottant de grosse toile serré d’une ceinture de laine rouge, et en un gilet de velours vert ou bleu garni de boutons faits de piécettes d’argent ; les jambes sont enfermées dans des espèces de knémides ou jambarts de laine blanche bordées d’un liseré bleu et laissant le genou et le coudepied à découvert. Pour chaussures, ils portent des alpargatas, sandales de cordes