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LA LITTÉRATURE EN ANGLETERRE ET EN AMÉRIQUE.

sent dans un temple. Un vieillard à barbe blanche les exhorte à mourir pour la patrie, et tous vont marcher au combat, lorsqu’un Espagnol, ou du moins un Indien revêtu du costume castillan, fait son entrée en scène, armé d’un mousquet. Le prétendu Espagnol fait partir son arme ; l’explosion épouvante les Indiens, qui tombent à genoux devant lui. Il enchaîne le chef de la troupe, l’emmène prisonnier, et le drame finit. » Le style de ces livres ne brille point par la compression, l’énergie, la concentration ; mais une certaine rapidité franche de pinceau les fait valoir, et les voyageurs européens, souvent affectés, se targuant d’une grande supériorité de savoir, ont rarement cette vivacité ingénue qui donne du prix aux pages d’Audubon, de Silliman et de Stephens.

Voici une curiosité américaine plus piquante. La manufacture de Lowell dans le Massachussetts n’a que des ouvrières, et le prix de la main-d’œuvre est assez cher pour que chacune de ces demoiselles, après avoir accompli sa tâche, se retire dans sa petite chambre, lise ou écrive, sorte armée d’une ombrelle verte, et se donne des airs de duchesse qui ont émerveillé les touristes anglais. L’explication de ce fait est bien simple. Il faut des bras à l’Amérique travailleuse, qui n’a pas quitté encore la période du labeur physique ; c’est lui qu’elle rétribue : le labeur intellectuel n’est pour elle qu’un ornement factice. Elle possède, il est vrai, des universités et des colléges, qui ressemblent assez aux décorations de carton que Potemkin montrait à son impératrice. On en jugera par un seul exemple ; dans un recueil américain, qui a des prétentions à l’érudition, le mot dives, dont tous les écoliers connaissent le pluriel, divites, se trouvait transformé en diveses (the diveses of our land).

Pourquoi miss Martineau s’étonne-t-elle que les ouvrières de Lowell soient des demoiselles et prennent des airs ? Elles sont princesses ; leur blason, c’est celui du pays, un bateau à vapeur et une machine à filer. Cette congrégation de fileuses du Massachussetts a eu naturellement l’idée de se former en académie, et de présenter au monde littéraire un échantillon de ses talens de conteuses, de romancières et de poètes. En effet, ce sont des femmes de loisir que ces ouvrières ; elles réalisent de cent à deux cents dollars par année, portent des montres d’or, suspendent une douzaine de robes de soie dans leur garde-robe, et peuvent bien s’octroyer de temps à autre les douceurs de la mélancolie, de la rêverie et de la poésie. Ces béguines de l’industrie américaine se sont donc cotisées pour rédiger et faire imprimer une sorte d’almanach des muses, sous le titre de Lowell Offering, « l’Offrande de