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tous les ans par l’administration des douanes, se recommande à l’attention publique.

Quelques personnes attachent peu d’importance aux relations commerciales qu’un pays se crée au dehors, prétendant qu’en somme elles sont peu considérables relativement à la masse des relations créées au dedans. Que le commerce intérieur, pris dans ses détails et son ensemble, soit toujours la grande affaire d’un peuple, c’est ce que personne ne sera tenté de nier. S’ensuit-il que le commerce extérieur n’ait aucun prix ? Quand il ne ferait qu’augmenter d’autant la masse générale des affaires, il serait encore digne de considération à ce seul titre, et ce n’est pas une augmentation si médiocre que celle qui porte aujourd’hui sur une valeur totale de 2 milliards 340 millions. Si l’on veut d’ailleurs se faire une juste idée de l’importance réelle de ce commerce, il faut le considérer beaucoup moins en lui-même que par rapport à l’influence qu’il exerce sur le commerce intérieur. On ne sait pas assez combien les relations plus ou moins étendues qu’un pays entretient avec l’étranger modifient l’organisation de sa propre industrie et sont nécessaires à l’équilibre de sa constitution économique. Si on y prenait garde, on se montrerait plus circonspect à hasarder ces mesures restrictives dont on est si facilement prodigue. Dans certains cas, le commerce extérieur est au dedans l’unique modérateur des prix, en ce qu’il peut seul prévenir les monopoles qui les élèvent. Dans d’autres cas, il est la condition nécessaire du développement de certaines industries, où il introduit la division du travail avec toutes ses conséquences, et qu’il perfectionne en les agrandissant. Renfermée dans les limites d’un seul pays, une industrie est presque toujours étroite, mesquine, bornée dans ses vues, mal ordonnée dans ses moyens, d’une organisation chétive, sans élasticité et sans force, et par-dessus tout écrasée sous le poids de monopoles qui l’amoindrissent et qui l’étouffent. Au contraire, mise en communication incessante avec le dehors par un échange continuel de produits, elle s’ordonne en général sur des bases plus larges, elle simplifie ses formes et s’organise mieux en s’étendant.

C’est quand on considère les choses de ce dernier point de vue, que la question du commerce extérieur s’élève, en se liant aux parties les plus hautes de la science économique, comme aux plus grands intérêts des peuples. il est vrai que, pour l’envisager ainsi, ce ne sont pas tant les relevés de la douane qu’il faut consulter, au moins dans leurs résultats ordinaires et leurs détails, que certains faits d’un autre ordre déduits d’une observation plus large. Au reste, tel n’est pas l’objet que nous nous proposons en ce moment. Écartant ici toute idée