Étymologie

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(XVIIIe siècle) Dérivé de réel avec le préfixe négatif ir-, variante de in- devant r.

Adjectif

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Singulier Pluriel
Masculin irréel
\i(ʁ).ʁe.ɛl\
irréels
\i(ʁ).ʁe.ɛl\
Féminin irréelle
\i(ʁ).ʁe.ɛl\
irréelles
\i(ʁ).ʁe.ɛl\

irréel \i(ʁ).ʁe.ɛl\

  1. Qui n’est pas réel, qui est illusoire.
    • Vos craintes sont irréelles.
  2. (Par hyperbole) Qui semble être sorti de la réalité.
    • C’était à la fois irréel et fantastique. Je zigzaguais pour trouver le moyen de sortir de ces masses de vapeur d’eau. — (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
    • Les clients paraissent se mouvoir lentement, comme pris dans une espèce de torpeur, celle que dégage la vision quasi irréelle de l’amoncellement de nourriture et d’objets. — (Annie Ernaux, « Regarde les lumières mon amour », Seuil, 2014, page 54)
    • On te demande pas d’être rationnel, mais de désétriquer ton cerveau, et d’accepter la dimension presque irréelle et émotionnelle d’une histoire qui n’est pas vraiment la vie mais l’est quand même un peu… — (Michaël Cohen, Ça commence par la fin (scénario du film), 2013, page 81)
  3. (Philosophie) Qui n’existe qu’à l’état d’invention imaginative ou de conception logique.
    • Spéculations irréelles.

Traductions

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Nom commun

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irréel \i(ʁ).ʁe.ɛl\ masculin singulier

  1. (Par substantivation) Ce qui paraît ne pas être réel.
    • Ma myopie renforçait encore l'impression d'irréel, de cauchemar que je ressentais et contre laquelle je m'efforçais de lutter, dans la crainte de voir se briser ma volonté. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
  2. (Grammaire, Linguistique) Variante du conditionnel (au sens linguistique abstrait de ce mode, non au sens formel de la conjugaison qui en porte le nom) au moyen de quoi, en général pour des raisons dialectiques, on envisage comme réelle une situation sans conteste fictive, on envisage comme vraie une proposition de la fausseté de laquelle on ne disconvient pas. En français comme en latin, l'irréel du présent se rend par l'imparfait du subjonctif, l'irréel du passé par le plus-que-parfait du subjonctif (où, en français, il se confond avec ce que les grammaires appellent la seconde forme du conditionnel passé).
      • Irréel du présent :
        Je suppose que, devant cette violation du droit, les juges de votre cour royale se rassemblassent et rendissent un arrêt qui déclarerait le gouverneur prévenu de crime de haute trahison, et qu'alors le gouverneur envoyât une escouade de soldats qui chassât les juges de leur siège, au milieu de leur délibération solennelle. Je suppose encore qu'en présence de ces attentats, les honnêtes citoyens de votre île se réunissent dans les rues, prissent les armes, fissent des barricades, et se missent en mesure de résister à la force au nom du droit, et qu'alors le gouverneur les fît mitrailler par la garnison du fort ; je dis plus, je suppose qu'il fît massacrer les femmes, les enfants, les vieillards, les passants inoffensifs et désarmés pendant toute une journée, qu'il brisât les portes des maisons à coups de canon, qu'il éventrât les magasins à coups de mitraille, et qu'il fît tuer les habitants sous leurs lits à coups de baïonnette. Si le gouverneur de Jersey faisait cela, que diriez-vous ?
        — (Victor Hugo, Guernesey, 1855: Expulsion de Jersey, dans Œuvres de Victor Hugo, tome XXIV: Écrits autobiographiques ; Éditions Rencontre, Lausanne, 1962, pages 422-423.)
      • Irréel du présent :
        Lui alléguassiez vous la Genèse et l'Exode,
        Il ne réformera son train ni sa méthode.

        — (Jacques Du Lorens, Satires, livre II, satire 1ère.)

Note :

  1. Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes prises, n'est pas linguistiquement un cas d'irréel, car ce sont des considérations non grammaticales de réalité objective qui comportent une irréalité par impossibilité ; ce n'est qu'une tournure conditionnelle dont la protase subordonne à une circonstance impossible la réalisation de l'événement signifié par l'apodose. Dieu! Si j’eusse étudié au temps de ma jeunesse folle ! n'est pas non plus un cas d'irréel, mais plutôt de subjonctif désidératif exprimant le regret.
  2. Il ne faut pas, non plus, confondre l'irréel avec le potentiel (encore appelé éventuel), qui s'exprime également au moyen de l'imparfait du subjonctif :
    Hélas ! On ne craint pas qu'il venge un jour son père,
    On craint qu'il n’essuyât les larmes de sa mère.

    — (Racine, Andromaque, acte Ier, scène 4.)

Dérivés

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Traductions

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Prononciation

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Anagrammes

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Voir aussi

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Références

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