Voir la source de Autoportrait féminin en peinture

== Les messages et l’expression des sentiments ==
Davantage que les visages, souvent [[expression neutre|neutres]], les [[#Couleurs|couleurs]] et des éléments figurés {{incise|fleurs, lettres{{etc.}}}} contribuent dans l'autoportrait à l'expression de sentiments tels que l'amour, le désir, l'affection, l'estime ou la gratitude, ou encore les espérances, le souvenir, un adieu, ou la tristesse et la mélancolie.

=== Messages ===
==== Fleurs ====
Employé depuis des siècles, muet mais longtemps plus fort que les mots, le [[langage des fleurs]] a été explicité dès le début du {{s-|XIX}} dans des centaines de livres<ref>{{Ouvrage|photographe=Jan Baldwin|auteur=Shane Connolly|titre=Le langage des fleurs|lieu=Paris|éditeur=Octopus/Hachette-Livre|année=2004|pages totales=160|ISBN=978-2-0126-0277-9}}</ref> ; les significations données sont si variées, et variables avec les époques, voire abandonnées, qu'on ne peut les emprunter qu'avec circonspection dans l'interprétation des messages de ce type délivrés dans les autoportraits. Cependant, sans risque de se tromper, on peut affirmer qu'une fleur [[rouge]] ou [[rose (couleur)|rose]] est toujours un symbole de l'amour.

La [[rose (fleur)|rose]] est la fleur le plus souvent concernée, présentée par [[Greta Freist]] (''La Femme aux roses''<ref>{{Lien web|url=https://onlinecollection.leopoldmuseum.org/en/object/6708-lady-with-roses|site=Leopold Museum|titre=Lady with roses|consulté le=19 avril 2023}}</ref>, 1937) ou [[Marie Laurencin]] dans ''[[Groupe d'artistes]]'' en 1908. Frida Kahlo, qui a pris l'initiative de rompre sa brève liaison avec [[Léon Trotski]], tient un petit bouquet de fleurs dans son ''[[Autoportrait dédié à Léon Trotski]]'' dédié au révolutionnaire en exil (1937) ; les deux plus visibles sont des roses roses, et une troisième est placée dans sa chevelure. On voit aussi une rose rose sur les autoportraits d'[[Ulrika Pasch]] et d'[[c:File:Ida Maier - Selbstportrait (Augustinermuseum Freiburg).jpg|Ida Maier Müller]].

Les fleurs de [[camellia|camélia]] rouges, si l'on excepte celles de ''[[La Dame aux camélias]]'' d'[[Alexandre Dumas (fils)|Alexandre Dumas fils]], symbolisent l'amour, l'admiration et la dévotion. [[Amrita Sher-Gil]] a fait en 1930-1931 plusieurs autoportraits à forte dominante rouge (cf. ''[[#Rouge|Rouge]]'') ; sur celui dédié à [[Boris Taslitzky]]<ref>{{Lien web|url=https://fr.wahooart.com/@@/AQZCVK-Amrita-Sher-Gil-sanstitre-m%C3%AAme-Portrait-|titre=Amrita Sher-Gil, autoportrait, 1931|site=wahoort.com|consulté le=12 avril 2023}}</ref>, le plus passionné de ses amants à Paris<ref>{{Ouvrage|langue=en|format=pdf|auteur1={{Lien|trad=Sarah Wilson (art historian)|texte=Sarah Wilson}}|titre=Amrita Sher-Gil & Boris Taslitzky. Passions, Portraits, Fictions|lieu=Londres|éditeur=Sotheby's Publications|année=2015|pages totales=30|lire en ligne=https://www.academia.edu/es/16966821/Wilson_Sher_Gil|accès url=inscription}}</ref>, dont elle a fait un [[c:File:Amrita Sher-Gil - Portrait of young man.jpg|portrait sur fond rouge]], elle porte une fleur rouge (rose ou camélia) qui pourrait être le gage d'amour de Taslitzky, qui l'a aussi portraiturée la même année. Conservé par la famille Taslitzky jusqu'en 2015, c'est un des rares tableaux de Sher-Gil qui ne soit pas retenu en [[Inde]] en tant que trésor national d'art. Pour [[Paula Modersohn-Becker]], la relation biographique n'est peut-être que conjecturale, mais, en 1906-1907, à un moment où elle envisage une rupture définitive avec son mari<ref group=n name="PBOM"/>, elle fait un autoportrait où elle tient devant elle une branche de camélia dépourvue de ses fleurs.

[[Fanny Fleury]] se représente l'air songeur devant un gros bouquet de [[chrysanthème]]s jaunes et blancs, et [[Pān Yuliang]], si nostalgique de sa Chine natale, a fait plusieurs autoportraits avec des chrysanthèmes de différentes couleurs. Entre significations diverses, on peut lire que le chrysanthème jaune exprimerait l'affection à un ami ou un remerciement, le blanc un amour d'une grande pureté, et le rouge un amour passionnel. La [[pivoine]], présente dans l'autoportrait de [[Clémentine-Hélène Dufau]] sous forme d'un bouquet, peut-être venant de lui être offert, a également une symbolique riche ; rose, elle serait une promesse de bonheur ou une déclaration encore timide d'un état amoureux.

[[Sylvia Sleigh]], dans l'illustration de ses rendez-vous à [[Blackheath|Blackheath Park]] avec son jeune amant [[Lawrence Alloway]], au moment de leur adieu avant son retour au domicile conjugal (''At the Café''<ref name="SSLA"/>, 1950), met au premier plan une [[Hyacinthus|jacinthe]] blanche dont la signication {{Citation|Je suis heureuse de vous aimer<ref>{{Ouvrage|préface=François de Maublanc|auteur=Bénédicte Desmarais|titre=Les fleurs et leur langage|lieu=Paris|éditeur=De Vecchi|année=1996|pages totales=175|passage=51|ISBN=978-2-7328-0526-9}}</ref>}} est ici claire.

L'[[iris (genre végétal)|iris]] symbolise (entre autres) l'espérance ; dans un de ses autoportraits enceinte, {{Lien|langue=it|Nella Marchesini}}, avec son petit arrosoir, prend soin de sa plante<ref name="NM"/>. En revanche, la signification des iris blancs d'{{Lien|langue=de|Elsa Oeltjen-Kasimir}} reste à décrypter. [[Nathalie Gontcharova|Natalia Gontcharova]] tient dans son [[c:File:Natalia Goncharova (self-portrait, 1907, GTG).jpg|autoportrait]] de 1907 un bouquet d'[[hémérocalle fauve|hémérocalles fauves]] dont la couleur orange signifie le contentement ou la joie. [[Norah Neilson Gray]], surnommée "Purple Patch" (« patch violet ») par ses élèves de la classe d'art de l'école de filles [[Colomba d'Iona|St Columba]] à [[Kilmacolm]], arbore un petit bouquet de [[viola (genre végétal)|violettes]]. La [[Lunaire|monnaie-du-pape]] correspond à l'honnêteté, titre de l'autoportrait de {{Lien|Madeline Green}} de 1930.
 <gallery heights="180" mode="packed">
Fichier:Fanny Fleury autoportrait.jpg|<div style="text-align:center;">Fanny Fleury, c.1870</div>
Fichier:Paula Modersohn-Becker - Selbstbildnis mit Kamelienzweig (ca. 1907).jpg|<div style="text-align:center;">Paula Modersohn-Becker, c.1906-1907</div>
Fichier:Norah Neilson Gray - Self-portrait 1918.jpg|<div style="text-align:center;">Norah Neilson Gray, 1918</div>
Fichier:Painting, Honesty.jpg|<div style="text-align:center;">Madeline Green ''Honesty'', 1930</div>
Fichier:Elsa Oeltjen-Kasimir - avtoportret.jpg|<div style="text-align:center;">Elsa Oeltjen-Kasimir, 1932</div>
</gallery>

==== Inscriptions, phylactères, billets et lettres ====
[[Fichier:Sofonisba Anguissola - Self-Portrait - c. 1556.jpg|vignette|redresse=0.8|Sofonisba Anguissola, ''Autoportrait en miniature'', 1556]]
[[Fichier:Gwen John, Self Portrait.jpeg|vignette|redresse=0.8|Gwen John, ''Autoportrait à la lettre'']]
Commencée sous l'[[wikt:égide|égide]] de son père [[Amilcare Anguissola (artiste)|Amilcare]], la carrière de [[Sofonisba Anguissola]] est en pleine ascension lorsqu'elle se représente en 1556 dans un portrait en miniature qui démontre aussi bien sa virtuosité que son imagination ; rendant hommage au soutien et à la protection de son père, elle tient devant elle un [[bouclier honorifique|clipeus virtutis]] comportant sur le champ un [[monogramme]] avec les lettres A.M.I.L.C.R.E entrelacées, et sur l'orle l'inscription en lettres latines : « ''{{langue|lat|Cremonae Sophonisba Angussola virgo ipsius manu ex speculo depictam}}'' » (peint de sa main à l'aide d'un miroir par S.A. jeune fille de Crémone). Deux ans auparavant, elle avait déjà mis une mention analogue sur une page d'un petit livre : « ''Sophonisba Angussola virgo seipsam fecit 1554'' ». Et en 1610, âgée de {{nobr|78 ans}}, elle place dans la main droite de son autoportrait destiné au roi [[Philippe III (roi d'Espagne)|Philippe III]], qu'elle avait vu naître à [[Madrid]], un billet avec les mots : « À Sa Majesté catholique, je baise la main ».

« ''Heute immer noch'' » est une locution adverbiale allemande, pouvant être traduite par « toujours d'actualité ». [[Frida Kahlo]], dont le père [[Guillermo Kahlo|Guillermo]] était d'origine allemande, inscrit ''Heute ist immer noch'' au verso de son ''[[Autoportrait à la robe de velours]]'' de 1926 (cf. ''[[#Rouge|Rouge]]''), déclaration d'amour à {{Lien|langue=es|Alejandro Gómez Arias}}, dont elle sent bien qu'il lui échappe à la suite de son terrible accident de 1925<ref name="AKK"/>. Kahlo est aussi la première à réutiliser les phylactères<ref group=n name="Phy"/> du Moyen Âge et de la Renaissance, que l'on voit dans ''Frieda et Diego Rivera'' (« ''mi amado esposo'' ») de 1931, ''Autoportrait aux cheveux lâchés'' (1947) et dans l'autoportrait dédié à son ami le {{Dr}} Leo Eloesser (« ''mi médico y mi major amigo. Con todo mi cariño'' ») en 1940 ; ailleurs, elle se sert d'un ''[[cartellino]]'' dans l'autoportrait commandé par l'architecte de [[Rochester (New York)|Rochester]] Sigmund Firestone (« … ''autorettrato con todo cariño''… ») (1940), et d'un billet dans l'autoportrait ''[[Autoportrait dédié à Léon Trotski|Entre les rideaux]]'' de 1937 dédié à [[Léon Trotski]] pour son anniversaire, où elle a écrit « ''Para Leon Trotsky, con todo cariño''… » en souvenir de leur brève liaison.

Sur son autoportrait en robe rouge de 1940, [[Pān Yuliang]], venue seule en France en 1937, montre une lettre arrivée de Chine, où sa famille est restée. Également en rouge, {{Lien|Patricia Watwood}} tient une enveloppe dans ''Self Portrait in Red''<ref name="PW">{{Lien web|url=https://www.artrenewal.org/artworks/self-portrait-in-red/patricia-watwood/46050|site=artrenewal.org|titre=Patricia Watwood, ''Self Portrait in Red''|consulté le=23 avril 2023}}</ref> de 2015. [[Antonietta Raphaël]], juive ayant dû fuir le [[Benito Mussolini|fascisme mussolinien]], au visage triste, écrit sur une enveloppe l'adresse du "[[Mario Mafai|pittore Mario Mafai]]", son mari et père de ses trois filles, resté en Italie (''Autoportrait avec lettre''<ref>{{Lien web|url=https://agenzia.versolarte.it/News/2021/11/24/antonietta-raphael-attraverso-lo-specchio/|site=Verso l'Arte|titre=Antonietta Raphaël. Attraverso lo specchio|consulté le=23 avril 2023}}</ref>, 1942).

Gwendolen Mary John, dite [[Gwen John]], après des études à la [[Slade School of Fine Art]] de Londres puis à Paris en 1898-1899 avec [[James Abbott McNeill Whistler|Whistler]], fait ses deux premiers autoportraits habillée de rouge, couleur qu'elle abandonnera ensuite à jamais. En 1904, elle devient modèle pour [[Auguste Rodin]], notamment pour la [[c:Fichier:Muse Whistler de Rodin devant l'hôtel Biron, Paris.JPG|''Muse Whistler'']], et comme plusieurs autres avant elle, succombe sous la fougue du célèbre sculpteur<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Christina Buley-Uribe]]|préface=Catherine Chevillot|titre=Mes sœurs divines|sous-titre=Rodin et 99 femmes de son entourage|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Relief|année=2013|pages totales=411|titre chapitre=Gwen John|passage=241-248|ISBN=978-2-35904-031-9}}</ref>. Elle développe alors envers lui un [[amour non partagé]] à l'origine d'un millier de lettres, jusqu'à trois par jour, dans une relation épistolaire complexe avec celui qu'elle appelle « mon Maître », où interviennent "Marie" ou "Mary" (son deuxième prénom) et "Julie", sa confidente imaginaire. Ainsi que l'a souligné Frances Borzello, l'obsession de Gwen John pour Rodin affectera sa vie et son travail pendant plusieurs années<ref>{{Ouvrage|auteur1=Frances Borzello|titre=Femmes au miroir|champ libre=cf. Bibliographie|passage={{p.}}137}}</ref> ; l'''Autoportrait à la lettre'' (c.1907-1909) conservé au [[musée Rodin]] est l'allégorie de cette obsession.

=== Affects ===
À part la [[fierté]] de se représenter en artiste, et la notion de [[narcissisme]] toujours évoquée lorsqu'on parle de regard sur soi, les [[émotion]]s ou les [[sentiment]]s, comme l'[[amour]], le bonheur, la joie, la [[tristesse]]{{etc.}}, ou les [[humeur]]s telles que la [[mélancolie]] et la [[dépression (psychiatrie)|dépression]], regroupés sous le terme d'[[affect]]s, ne s'expriment en autoportrait féminin qu'à partir de la fin du {{s-|XVIII}} et du début du {{-s mini-|XIX}}.

==== Amour ====
L'amour sous toutes ses formes et à tous ses degrés est le sentiment le plus présent dans l'autoportrait féminin ; cependant, autre que mystique (cf. ''[[#Saintes, saints et Christ|Saintes]]''), il n'apparaît qu'à la fin du {{s-|XVIII}} : maternel (Vigée Le Brun, cf. ''[[#Enfants|Enfants]]''), filial (cf. ''[[#Père et mère|Père et mère]]''), [[wikt:sororel|sororel]] (cf. ''[[#Sœurs|Sœurs]]''), déclaré par des [[#Messages|messages]] plus ou moins explicites, dont une miniature osée (''[[Beauté révélée]]'' de Sarah Goodridge), sexualisé (Suzanne Valadon, Leonor Fini, [[Carmen Mondragón|Nahui Olin]], cf. ''[[#Amies, amants et amantes|Amants]]''), déçu ([[c:File:Rebecca Solomon-The Wounded Dove.jpg|Rebecca Solomon]], Frida Kahlo), obsessionnel (Gwen John, cf. ''[[#Inscriptions, phylactères, billets et lettres|Lettres]]''), lesbien (Louise Abbéma, Marie Laurencin, Gluck… cf. ''[[#Amies, amants et amantes|Amantes]]''), conjugal (Frida Kahlo, cf. ''[[#Mari|Mari]]'')…

==== Tristesse ====
Certains autoportraits apparaissent empreints de tristesse, alors qu'en l'absence d'élément biographique corroborant toute interprétation individuelle subjective, extrêmement peu d'autoportraits peuvent être réellement qualifiés de tristes.

[[Frida Kahlo]], dont on connait les conséquences du terrible accident dont elle fut victime à {{nobr|18 ans}}, mais aussi les déboires conjugaux, sa frustration de ne pas avoir eu d'enfants et ses [[addiction]]s, a déclaré : {{citation|La tristesse est présente dans toute ma peinture}}. En dehors d'autres éléments picturaux, plus que par l'expression de son visage, sa tristesse se traduit par la présence de [[pleur|larmes]], que l'on voit dans ''[[L'Hôpital Henry Ford]]'' (1932), ''{{Lien|trad=Memory, the Heart}}'' (''Le cœur/Le souvenir'', 1937, offert deux ans plus tard à son amant parisien Michel Petitjean), ''[[La Colonne brisée (Kahlo)|La Colonne brisée]]'' [image sur ''[[:en:The Broken Column]]''] (1944), ''Sans espoir'' (1945), un dessin dédié à {{Lien|langue=es|Marte R. Gómez}} (1946), l'autoportrait commandé par son dentiste Samuel Fastlicht (1948), ''{{Lien|trad=The Love Embrace of the Universe, the Earth (Mexico), Myself, Diego, and Señor Xolotl|fr=L'amour étreint l'Univers, la Terre (Mexique), moi, Diego, et Señor Xolotl|texte=L'amour étreint l'Univers, la Terre (Mexique), moi, Diego, et Señor Xolotl}}'' (1949) et ''{{Lien|trad=Diego and I|fr=Diego et moi}}'' (1949).

{{Lien|Celia Paul}}, en faisant son autoportrait tous les mois à partir de 2011, a déclaré qu'elle se considérait plus autobiographe que peintre de portrait ; son autoportrait d'avril 2021 reflète sa tristesse après le décès de son mari<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://online.victoria-miro.com/celia-paul-london-2022|site=victoria miro|titre=Celia Paul|consulté le=27 avril 2023}}</ref>.

==== Chagrin ====
[[Humiliation]], [[honte]], [[wikt:autopunition|autopunition]], [[wikt:auto-apitoiement|auto-apitoiement]] et surtout [[wikt:désespoir|désespoir]], [[wikt:affliction|affliction]] et [[chagrin (humeur)|chagrin]] sont les sentiments qu'on peut évoquer devant l'''Autoportrait aux cheveux coupés'' de Frida Kahlo, réalisé en 1940 peu après son divorce d'avec [[Diego Rivera]] et la brève liaison de ce dernier avec [[Paulette Goddard]], dont Frida n'avait pas de raison de jalouser la [[c:File:PauletteGoddardinSecondChorus.jpg|coiffure]] hollywoodienne ; en haut du tableau sont inscrites les paroles de ''Pelona'', une chanson populaire mexicaine [[machisme|machiste]] qui parle d'une femme aimée puis abandonnée : {{Citation|{{Langue|es|''Mira que si te quise, fue por el pelo, Ahora que estas pelona, ya no te quieros''}} (Tu vois, si je t'aimais, c'était pour tes cheveux, maintenant que tu es chauve, je ne t'aime plus)}}.

==== Mélancolie ====
Ayant connu de nombreux [[wikt:métamorphose|avatars]] dans le domaine de l'art<ref>{{Ouvrage|auteur1=Hélène Prigent|titre=Mélancolie|sous-titre=les métamorphoses de la dépression|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]/[[Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées#Édition d'ouvrages, de moulages, d'estampes et de produits dérivés|RMN]]|année=2005|pages totales=159|collection=Découvertes|ISBN=2-07-030599-6}}</ref>, la [[mélancolie]] correspond à la [[dépression (psychiatrie)|dépression majeure]] de la [[psychiatrie]] moderne, et elle peut conduire au [[suicide]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Georges Minois]]|titre=Histoire du mal de vivre|sous-titre=De la mélancolie à la dépression|lieu=Paris|éditeur=[[La Martinière Groupe|La Martinière]]|année=2003|pages totales=478|ISBN=978-2-8467-5076-9}}</ref> ; plusieurs figurations stéréotypées lui sont associées en peinture.

Codifiée dans l'Antiquité grecque, la posture avec la tête inclinée soutenue par une main (celle de la célèbre gravure ''Melencolia I'' de 1514 d'[[Albrecht Dürer]], détail [[c:File:Durero Melancolia.jpg|ici]]), est fréquente aux {{s mini-|XVI}}, {{s2-|XVII|XVIII}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Maxime Préaud|titre=Mélancolies. Livre d'images|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck]]|année=2005|pages totales=223|champ libre=présentant {{nobr|94 illustrations}}|ISBN=978-2-2520-3535-1}}</ref>, et encore jusqu'à la fin du {{s mini-|XIX}} (''[[c:File:Telegram by Max-Ehrler.jpg|Télégramme]]'' de [[Luise Max-Ehrler]]) ; on la voit notamment dans la ''Melpomène'' d'[[Elisabetta Sirani]] (1664, cf. ''[[#Allégorie et auto portrait historié|Allégorie et autoportrait historié]]''), dans les ''[[Pénélope]]''<ref group=n>''Pénélope à son métier à tisser'' (1764), ''Pénélope pleurant sur l'arc d'Ulysse'' (1779).</ref> et un autoportrait en [[sibylle]]<ref group=n name="AKS">Tableau de 1781 connu par la [[c:File:Gemäldegalerie Alte Meister (Dresden) Galeriewerk Heineken 139.jpg|gravure]] de [[Giuseppe Canale]].</ref> d'[[Angelica Kauffmann]], ainsi que sur l'autoportrait d'[[Anna Rosina de Gasc]] de 1767. [[Josefa de Óbidos]], peignant probablement son visage, ajoute des larmes à cette pose mélancolique dans sa ''Madeleine pénitente'' (c.1661, cf. ''[[#Crâne|Crâne]]''), qui est aussi la pose de plusieurs ''Marie Madeleine'' d'[[Artemisia Gentileschi]], dont la ''[[Marie Madeleine pénitente|Marie Madeleine en mélancolie]]'' de 1622-1625.

Parmi les très rares autoportraits féminins mélancoliques, le plus connu est celui de [[Constance Mayer]], datant de 1801. Élève devenue amante puis compagne de [[Pierre-Paul Prud'hon]], habitant un appartement voisin du sien à la [[Sorbonne]] à partir de 1806, elle gérait et finançait par sa fortune personnelle la vie du peintre et de ses quatre enfants<ref group=n>Prud'hon, marié hâtivement en 1778 à Jeanne Pennet (1758-1837), sa voisine à [[Cluny (Saône-et-Loire)|Cluny]], enceinte de neuf mois, s'est séparé d'elle à l'amiable en 1803, lui versant une pension et prenant les quatre plus jeunes enfants à sa charge ; qualifiée par des proches de Prud'hon de « mégère acariâtre », Jeanne Pennet fut internée quelque temps dans un asile d'aliénés, et habita plus tard chez son fils Jean à Paris, puis chez son fils Eudamidas-Hippolyte, légataire de Prud'hon et médecin à [[Toul]], ville où elle est morte.</ref>, tout en collaborant avec lui en tant qu'artiste. On remarque que plusieurs des tableaux de Mayer ont précisément pour thème la famille et le bonheur, mais aussi le malheur<ref group=n>''La mère heureuse'' et ''La mère infortunée'' (1810), ''L'heureuse famille'', ''La famille malheureuse'' (1821, terminé par Prud'hon), ''[[Le Rêve du bonheur]]'' (1819), où [[Germaine Greer]] voit un autoportrait de C. Mayer dans le personnage de [[Fortuna (mythologie)|la Fortune]] conduisant la barque, cf. {{Ouvrage|langue=en|titre=The Obstacle Race|sous-titre=The Fortunes of Women Painters and Their Work|lieu=New York|éditeur=Farrar, Straus & Giroux|année=1979|pages totales=373|passage=37|ISBN=978-0374224127}}.</ref>. Un autoportrait tardif, avec son embonpoint mentionné par un biographe, la montre posant devant des tableaux de Prud'hon - ou réalisés en commun avec lui, sinon par elle seule. Le {{date-|26|mai|1821}}, dans un accès de dépression favorisé par des évènements qui pourtant auraient dû être insuffisants pour conduire à une telle extrémité, Constance Mayer se tranche la gorge avec le rasoir de son compagnon de vie, en train de peindre dans une pièce voisine<ref>{{Ouvrage|auteur1=Charles Clément|titre=Prud'hon : sa vie, ses œuvres et sa correspondance|lieu=Paris|éditeur=Didier|année=1872|pages totales=447|passage=419-425|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=jhzKWAH7FO0C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}</ref>.

Après un séjour enchanteur sous les lumières de l'Italie et son retour à [[Hambourg]], et malgré une certaine réussite professionnelle, c'est à partir de la fin des années 1920 qu'[[Anita Rée]] souffre de dépression et d'idées suicidaires<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=Eva Casini|url=https://evacasini.com/2020/03/23/anita-ree|site=evacasini.com|titre=Ich bin in der Welt abhanden gekommen. A portrait of Anita Rée|année=2020|consulté le=16 mai 2023}}</ref>. Elle a connu plusieurs déceptions sentimentales, et est accablée par le décès de sa mère en 1929 ; le plus connu de ses autoportraits de cette période, où elle s'est peinte nue et supportant sa tête d'une main, évoque bien sa mélancolie. Juive par son père, mais baptisée protestante et ne se considérant pas comme juive, la montée du [[nazisme]] l'avait cependant incitée dès 1932 à s'exiler sur l'[[Sylt|île de Sylt]], où le {{date-|12|décembre|1933}} elle met fin à ses jours par ingestion massive de [[barbiturique]]s ; dans sa lettre d'adieu à une amie juive, Frieda von der Porten, elle écrit : {{Citation|Je ne peux plus trouver ma voie dans ce monde auquel je n'appartiens plus, et n'ai d'autre désir que de le quitter. Quel sens cela a-t-il, sans famille, sans l'art qu'on a aimé autrefois et sans personne, de végéter seule dans un monde aussi indescriptible et fou et de périr peu à peu de ses cruautés ?}}.

Une autre représentation allégorique de la mélancolie a été décrite au début du {{s-|XVII}} par [[Cesare Ripa]] dans ''Della Novissima Iconologia'', où il la présente comme une femme avec les coudes posés sur les genoux et les deux mains sous le menton<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Raymond Klibansky]]|auteur2=[[Erwin Panofsky]]|auteur3=[[Fritz Saxl]]|langue originale=en|titre=Saturne et la Mélancolie|sous-titre=Études historiques et philosophiques : nature, religion, médecine et art|trad=Fabienne Durand-Bogaert et Louis Évrard|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|collection=Bibliothèque illustrée des histoires|année=1989|pages totales=738|passage={{p.}}363 et illustration {{n°|57}} ''Malinconia'' {{p.}}369|ISBN=978-2-07071566-4}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Clair|et al.=oui|directeur1=oui|préface=[[Renaud Donnedieu de Vabres]]|titre=Mélancolie|sous-titre=génie et folie en Occident|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]/[[Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Élysées|RMN]]|année=2005|pages totales=503|passage=246|ISBN=978-2-0701-1831-1}}</ref>. Cette posture est celle de l'autoportrait d'[[Olga Meerson]], qui reste surtout connue pour sa relation ambiguë d'élève amoureuse d'[[Henri Matisse]] et le [[c:File:Olga Meerson Matisse.jpg|portrait]] qu'elle a fait de lui à l'été 1911 à [[Collioure]], où il lit allongé sur un divan, ce qui dénote une certaine intimité entre eux. Enfant prodige de l'[[École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou|École des beaux-arts de Moscou]], mais n'ayant aucune confiance en elle, la « magnifique Juive russe » de Matisse a pu inspirer celui-ci pour ''Nymphe et satyre'' (1908-1909), un tableau évoquant le [[viol]], et a posé nue, notamment pour la sculpture ''Grand nu accroupi (Olga)''<ref>{{Lien web|url=https://collection.kunsthaus.ch/en/collection/item/2814|site=Kunsthaus Zürich collection online|titre=Grand Nu accroupi (Olga)|consulté le=7 mai 2023}}</ref> (1909-1910) ; il est possible qu'ils aient été brièvement amants<ref>{{Ouvrage|auteur1={{Lien|Hilary Spurling}}|langue originale=en|trad=Paule Guivarch|titre=Matisse, le maître, II. 1909-1954|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=2009|pages totales=563|ISBN=978-2-0203-4988-8}}</ref>. Après leur retour de Collioure à Paris, des amis communs mentionnent à Matisse la recrudescence des « idées noires » de Meerson ; le voyage des Matisse et d'Olga à Moscou se termine par une brouille, et, de plus en plus dépressive, après s'être réfugiée dans la drogue, Meerson est traitée dans la clinique [[Berne|bernoise]] du {{Pr}} [[Paul Charles Dubois]]. Lorsque Matisse coupe les ponts définitivement avec Olga et sa famille russe, elle renoue avec un ancien ami musicien, {{Lien|Heinz Pringsheim}}, qu'elle épouse et à qui elle donne une fille. Malgré une carrière de portraitiste appréciée, sauf d'elle-même ({{Citation|Ce que je fais n'a rien à voir avec l'art}}), elle se suicide par [[défenestration]] du quatrième étage de l'[[hôtel Adlon (Berlin)|hôtel Adlon]] de Berlin<ref group=n>Selon les sources, la date est {{date-|29 juin 1929}} ou {{date-|1 juillet 1930}}.</ref>.

Une troisième représentation de la mélancolie, apparue au début du {{s-|XIX}}, d'esprit romantique, est celle d'une femme assise au sol et prostrée, dénudée ou à peine vêtue, comme chez [[Johann Heinrich Füssli|Füssli]] ([[c:File:Johann Heinrich Füssli - Silence - WGA08336.jpg|''Le silence'']], c.1800) ou [[Vincent van Gogh|Van Gogh]] ([[c:File:Vincent Van Gogh - Sorrow.JPG|''Sorrow'']], 1882). [[Constance-Marie Charpentier]], auteure de plusieurs autoportraits, a exposé en 1801 ''[[La Mélancolie (Charpentier)|La Mélancolie]]'', où une femme habillée à l'antique (peut-être Charpentier elle-même<ref group=n name="CMC"/>) figure dans une attitude d'abattement. Dans son autoportrait ''In Red''<ref name="ECk">{{lien web|titre=Eteri Chkadua ''In Red''|url=https://figurationfeminine.blogspot.com/2010/09/eteri-chkadua-1965.html|site=figurationfeminine.blogspot.com|consulté le=08-04-2023}}</ref> (1997), [[Eteri Chkadua]] (née en 1965) est recroquevillée et vêtue d'une simple couverture dans cette posture mélancolique. ''Radeau''<ref name="KOH"/> (2011), de Katie O'Hagan, a également une forte connotation mélancolique.

<gallery heights="160" mode="packed">
Fichier:Artemisia Gentileschi — Conversione della Maddalena (Maria Maddalena penitente.jpg|<div style="text-align:center;">A. Gentileschi,<br>''[[Marie Madeleine pénitente|Marie Madeleine en mélancolie]]''</div>
Fichier:Constance Mayer, Self-Portrait. Oil on canvas. Bibliothèque Marmottan.jpg|<div style="text-align:center;">Constance Mayer, autoportrait, 1801</div>
Fichier:Constance Mayer - Autoportrait dans un intérieur décoré de toiles de Pierre-Paul Prud'hon.jpg|<div style="text-align:center;">Constance Mayer, Autoportrait devant des tableaux de Prud'hon, c.1810-1820</div>
Fichier:1930 Rée Selbstbildnis anagoria.JPG|<div style="text-align:center;">Anita Rée, autoportrait, 1930</div>
Fichier:Olga Markowa Meerson Selbstporträt.jpg|<div style="text-align:center;">Olga Markowa Meerson, autoportrait [n.d.]</div>
Fichier:Charpentier, Constance Marie - Melancholy - 1801.jpg|<div style="text-align:center;">Constance Charpentier,<br>''La Mélancolie'', 1801</div>
</gallery>

D'autres images de la mélancolie existent, par [[Helene Knoop]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://arthur.io/art/helene-knoop/melancholy-self-portrait|site=Arthur digital museum|titre=Helene Knoop : Melancholy (self-portrait)|consulté le=16 mai 2023}}</ref> et [[Paula Rego]], avec pour celle-ci les réserves émises sur ses « autoportraits par substitution » ; atteinte d'un [[trouble bipolaire]] familial, elle fait la série de pastels ''{{Langue|en|texte=Depression}}'' en 2007 après un épisode dépressif sévère, qui, selon ses propres termes, « l'a presque tuée ».

=== Maladie, souffrance, déchéance ===
L'autoportrait le plus souvent reproduit d'{{Lien|texte=Alison Watt|langue=en|trad=Alison Watt (Scottish painter)}} est celui où elle ressent les symptômes d'un état grippal et porte la main sur son front<ref name="AW"/>. Après une sérieuse chute, Paula Rego, qui s'était jusque-là très rarement représentée en personne, fait en 2017 cinq autoportraits avec son visage meurtri : {{Citation|Je n'ai pas aimé la chute… j'ai aimé faire les autoportraits, j'avais quelque chose à montrer}}, a été son commentaire.

Dans ''[[La Colonne brisée (Kahlo)|La Colonne brisée]]'' [image sur ''[[:en:|The Broken Column]]''], Frida Kahlo, enserrée dans le corset orthopédique destiné à maintenir sa colonne vertébrale détruite, symbolise sa [[souffrance]] par les nombreuses [[semence (outil)|semences de tapissier]] qu'en temps normal elle utilise pour fixer la toile sur le [[châssis]], et qu'elle a plantées là dans tout son corps et sur la toile blanche qui recouvre son bassin.

[[Fichier:Helene Schjerfbeck - Omakuva, valoa ja varjoa (1945).jpg|vignette|redresse=0.6|Helene Schjerfbeck, 1945]]
[[Karen Yee]] (1960-2016), atteinte d'une forme rare de [[Cancer du sein#Cancer inflammatoire|cancer du sein]] [[métastase (médecine)|métastatique]] en 2003, a fait des images de ses mutilations (''Self Portrait Survivor'', 2008), après une énième chimiothérapie, avec sa calvitie et sa [[chambre à cathéter implantable]], en [[Michel (archange)|archange]] luttant contre le dragon (''Fight Like A Girl'', 2012)<ref name="FLAG"/>, de sa vie avec une [[wikt:épée de Damoclès|épée de Damoclès]] (''Self Portrait with dagger'', 2013), et en dernier dans ce qu'elle a appelé alors son [[couloir de la mort]] (''The Waiting Game''<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://easyreadernews.com/artist-karen-yee-self-portraits-with-cancer|site=easyreaders.com|titre=Karen Yee self portraits with cancer|consulté le=30 avril 2023}}</ref>{{,}}<ref name="KYee">{{Lien web|langue=en|url=https://lorenakloosterboer.medium.com/kloosterboer-on-yee-f8b254ed2960|auteur1={{Lien|Lorena Kloosterboer}}|site=lorenakloosterboer.medium.com|titre=Karen Yee. A Journey in Self Portraits|consulté le=30 avril 2023}}</ref>, 2015).

Les autoportraits d'[[Helene Schjerfbeck]] réalisés dans ses dernières années illustrent sa déchéance, avec un visage se rapprochant de plus en plus de celui d'un [[fantôme|spectre]]. Rachel Lewis peint son corps d'[[anorexie mentale|anorexique]] dans ''Suis-je encore une femme ?''<ref>{{Ouvrage|auteur1=Frances Borzello|titre=Femmes au miroir|champ libre=cf. Bibliographie|passage=173}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://artyfishial.de/wp-content/uploads/Rachel-Lewis_Bin-ich-noch-eine-Frau-1990.jpg|site=artyfishial|titre=Rachel Lewis : ''Am I Still a Woman ?''|consulté le=27 avril 2023}}</ref> de 1990.

=== Convictions et opinions politiques, religieuses et sociales ===
Avec leurs '''livres rouges''', Frida Kahlo, ouvertement communiste (''[[Le marxisme donnera la santé aux malades]]'', 1954) et [[Pān Yuliang]], n'ayant au contraire jamais exprimé ses convictions (''Autoportrait tenant un livre''<ref name="PYM">{{Lien web|url=https://www.lingnanart.com/2013_ChineseMaster/PanYuLiang/Master_panyuliang_Art_021.htm|site=lingnanart|titre=Pan Yuliang|consulté le=22 avril 2023}}</ref>{{,}}<ref group="n" name="PY">Cette sympathie de Pan Yuliang pour [[Mao Zedong]] pourrait venir en partie de ses amitiés avec des étudiants communistes chinois à Paris dans les années 1940, dont {{Lien|Hua Tianyou}} ; elle était notamment la marraine de [[Wang Hua]], fils du physicien [[Ouang Te Tchao|Wang Dezhao]] et futur diplomate de la [[Chine|république populaire de Chine]], ayant vécu à Paris depuis sa naissance en 1937 jusqu'au retour de ses parents en Chine en 1956, revenu à Paris en 1964 pour y installer l'[[Relations entre la Chine et la France#Après la Seconde Guerre mondiale, renouvellement des relations diplomatiques|ambassade]] nouvellement créée. Après la mort de Pan Yuliang en 1977, ses peintures ont été stockées dans cette ambassade parisienne, puis transférées en Chine en 1984. Il est peu probable que, dans les années 1950-1960, Pan Yuliang ait été au courant de la réalité culturelle chinoise, où le seul rôle des peintres était de faire les portraits officiels des personnages du régime ou de peindre des usines et des travailleurs, quand ils n'étaient pas eux-mêmes envoyés travailler dans les champs.</ref> c.1966), affichent leurs opinions politiques.

L'autoportait permet aussi d'afficher sa [[croyance]] et d'affirmer sa [[foi chrétienne|foi]]. Une [[croix (christianisme)|croix]] est mise bien en évidence sur les portraits en buste de [[Lavinia Fontana]] (1579), Angelica Kauffmann (1753), [[Mina Karadžić]], un possible autoportrait de [[c:File:Princess Charlotte Bonaparte, Infanta of Spain.jpg|Charlotte Bonaparte]] vers 1820, [[Hortense Haudebourt-Lescot]] (1825), {{Lien|Mary Ellen Best}} (1839), {{Lien|texte=Cecilie Dahl|langue=en|trad=Cecilie Dahl (born 1858)}} et des ferventes catholiques qu'étaient [[Maria Cosway]] (1787), [[Marie Ellenrieder]] et [[Franziska Riotte]], cette dernière ayant également écrit sur l'histoire du christianisme, et habillée en blanc, couleur de la foi.
<gallery heights="180" mode="packed">
Fichier:Marie Ellenrieder - Self-Portrait.jpg|<div style="text-align:center;">Marie Ellenrieder<br>1818</div>
Fichier:Mina Karadzic.jpg|<div style="text-align:center;">Mina Karadžić</div>
Fichier:Franziska Riotte.jpg|<div style="text-align:center;">Franziska Riotte<br>1865</div>
Fichier:Cecilie Dahl, selvportrett, 1888, Oslo Museum, OB.00031.jpg|<div style="text-align:center;">Cecilie Dahl - 1888</div>
</gallery>

[[Marie-Thérèse Auffray]] avait un passé de [[Femmes dans la Résistance intérieure française|résistante]] ; en 1965, elle peint ''La honte 1942-1944'', où des femmes couvertes de bijoux boivent du champagne en compagnie d'officiers SS. Elle fait un autoportrait tout simple en 1958<ref name="MTA">{{Lien web|url=https://mariejobon.net/2017/08/exposition-marie-therese-auffray-1912-1990-orangerie-du-senat-24-aout-4-septembre-2017|site=mariejobon.net|auteur1=[[Marie-Jo Bonnet]]|titre=Marie-Thérèse Auffray (1912-1990) -  Exposition à l'Orangerie du Sénat 24 août - 4 septembre 2017|consulté le=27 avril 2023}}</ref>, et dans son tableau ''[[Galerie Charpentier|À la galerie Charpentier 1956]]''<ref>{{Lien web|url=https://mariethereseauffray.wordpress.com/les-expositions-de-marie-therese-auffray|site=wordpress.com|titre=Exposition ''Créatrices, l'émancipation par l'art'' au musée des Beaux-Arts de Rennes|consulté le=27 avril 2023}}</ref>, on la voit portant une robe taillée dans la tenue rayée gris et bleu des [[camps de concentration nazis|déportés]], tournant le dos au couple formé par son ancien élève [[Bernard Buffet]] et [[Annabel Buffet|Annabel]]<ref group=n>Le tableau a été volontairement antidaté : l'exposition ''Cent tableaux de 1946 à 1958 par Bernard Buffet'' à la galerie Charpentier a eu lieu en janvier 1958, et Buffet a rencontré Annabel Schwob seulement en mai 1958.</ref>. {{Citation|Ceux qui n'ont pas senti leurs entrailles se déchirer en regardant passer les survivants des camps de concentration sont indignes de l'humanité}}, avait-elle écrit en 1951<ref name="MTA"/>.

=== Humour et ironie ===
L'[[humour]] peut aussi être pratiqué dans l'autoportrait féminin, par exemple en se représentant de façon presque grotesque, comme [[Minna Citron]] dans ''Self-Expression''<ref>{{Lien web|url=https://arthur.io/art/minna-wright-citron/self-expression|site=Arthur digital museum|titre=Minna Wright Citron : Self-Expression|consulté le=27 avril 2023}}</ref> (1934), ou dans une [[classe sociale]] inférieure, comme [[Rosalie Emslie]] travestie en vendeuse ambulante londonienne, avec chapeau à plumes et foulard<ref>{{Lien web|url=https://www.invaluable.com/auction-lot/rosalie-emslie-b-1891-568-c-h2450yocyx|site=Invaluable|titre=Rosalie Emslie : Self portrait as a coster girl|consulté le=25 août 2023}}</ref> (1917).

Avec son ''What Lies in Wait'' dans l'esprit des illustrations des ''[[Weird Tales]]'', [[Karen Yee]], atteinte d'un cancer et porteuse d'un manchon de compression brachial et d'une chambre implantable, se dépeint complètement terrorisée par l'irruption d'un monstre velu derrière la porte<ref name="KYee"/>.

D'autres autoportraits [[parodie|parodiques]] sont dus à Evelyn Embry (née en 1943), auteure notamment d'une ''[[La Joconde|Mona Lisa]]'' avec lunettes et cigarette<ref>{{Lien web|url=http://figurationfeminine.blogspot.com/2011/03/evelyn-embry-1943.html|site=figuration féminine|titre=Evelyn Embry|consulté le=27 avril 2023}}</ref>, Tessa Zerbib (née en 1967) en ''Courbette'' d'après ''[[Le Désespéré]]'' de [[Gustave Courbet|Courbet]]<ref>{{Lien web|url=http://www.tessazerbib.com/peinture/tessa-zerbib.html|site=tessa zerbib|titre=Courbette|consulté le=27 avril 2023}}</ref> (2009), et [[Gabriela Gonzalez Dellosso]] (née en 1968), avec sa série d'autoportraits en hommage aux grandes peintres du passé<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://www.gabrieladellossoart.com/homage-project|site=gabriela dellosso art|titre=Homage Art|consulté le=27 avril 2023}}</ref>. [[Gaela Erwin]], née en 1951, a fait d'elle une grande variété de portraits, dont certains avec une touche humoristique<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.gaelaerwin.com|titre=Gaela Erwin, Contemporary Portrait Painter, Louisville Kentucky|consulté le=17 mai 2023}}</ref>.