Voir la source de Stèle funéraire en bois

Les '''stèles funéraires en bois''' sont des œuvres de [[charpenterie]] d’art populaire traditionnel de [[Roumanie]], partagées par les [[Roumains et roumanophones|Roumains]] et les [[Hongrois de Roumanie]]. Sous le nom [[roumain]] de ''stâlpi funerari'', ils sont emblématiques des [[Régions historiques de Roumanie|régions traditionnelles roumaines]] de [[Transylvanie (région)|Transylvanie]], [[Moldavie (région de Roumanie)|Moldavie occidentale]] et [[Olténie]] ; sous le nom [[Hongrois|magyar]] de ''kopjafák''  ils font parte des traditions des [[Sicules de Transylvanie]] qui les considèrent comme partie intégrante de leur culture.

== Histoire ==
L’origine de ces stèles sculptées représentant les vertus de la générosité, de l’honneur, de la paix, de l’amitié et de la reconnaissance, remonte à l’organisation [[Féodalisme|féodale]] des [[Voïvode|voïvodats]] de [[Principauté de Valachie|Valachie]] et de [[Principauté de Transylvanie|Transylvanie]] : ils étaient initialement réservés aux [[Noblesse roumaine|nobles roumains]] et [[Noblesse hongroise|hongrois]], aux fermiers libres et aux [[knèze|knyáz]] ([[Baron (noblesse)|barons]] locaux, [[Roumains et roumanophones|valaques]] ou [[magyars]], électeurs des [[voïvode]]s). Les serfs [[valaques]], eux, n’avaient droit qu’à de simples croix, plus basses.

Chez les Roumains, les symboles de la stèle en bois décrivent l’âge et le statut social du mort (rang social, civil ou guerrier, célibataire ou marié…). Si des colombes sont sculptées, la stèle est celle d’un enfant ou d’un jeune célibataire (dans l’ancienne société, l’âge moyen du mariage était celui de la puberté). On parlait alors, à propos de ces sculptures, d’« oiseaux de l’âme », cette dernière étant à l’époque imaginée s’envolant comme un oiseau<ref>Romulus Vulcănescu {{ro}} ''Pasărea-suflet și sufletul pasăre'' (« L'oiseau-âme et l'âme-oiseau »), in : ''Mitologie română'', Editura Academiei Republicii Socialiste România, 1985 et Gheorghe Pavelescu {{ro}} ''Pasărea suflet : contribuții pentru cunoașterea cultului morților la românii din Transilvania'' (« L'oiseau-âme, contribution au culte des morts chez les Roumains de Transylvanie ») in : ''Anuarul arhivei de folklor'', VI, 1942, et ''Ethnos : studii de etnografie și folclor'' (« Ethnos, études d'ethnographie et folklore ») I, Sibiu 1998</ref>.

Cristian-Ioan Popa dans son ouvrage ''Contribuții la cunoașterea arhitecturii funerare din lemn din Valea Cugirului'' (« Contributions à la connaissance de l’architecture funéraire en bois de la vallée de [[Cugir]] ») estime que ''l’origine de ces stèles est [[Totémisme|totémique]] et pré-chrétienne''. Il distingue deux groupes de stèles : le ''groupe des plaines'' richement décoré, avec beaucoup d’éléments végétaux ou zoomorphes, jadis polychromes, et ''le groupe montagnard'' plus sobre, à la décoration plus géométrique, et non peint.

La tradition s’est en grande partie perdue chez les [[Roumains et roumanophones|Roumains]], qui ont adopté les sépultures à l’occidentale, avec croix et pierres tombales, mais perdure chez les [[Sicules de Transylvanie|Sicules]], qui réalisent les ''kopjafa'' dans le ''style montagnard'', en y ajoutant parfois des personnages en bas-relief. Dans le [[pays sicule]], le ''kopjafa'' n’est pas seulement funéraire mais aussi identitaire : un « ''kopjafa'' de poche » est offert à chaque élève de terminale avant les examens du baccalauréat, ainsi qu’un petit baluchon renfermant du sel, un morceau de pain, un crayon, et parfois une pièce de monnaie. Ce ''kopjafa'' et ce baluchon représentant la vie des futurs étudiants sicules sortant du lycée, pour marquer leur passage du statut d’écoliers à celui de compagnons de travail.

Le folkloriste Gheorghe Aldea remarque que ces stèles ont leur équivalent en pierre dans les [[Balkans]] (les [[Stećak]]), et qu’elles ont inspiré le [[cimetière joyeux de Săpânța]] ainsi que le roman ''Kopjafák'' (1924) de l’écrivain hongrois {{Lien|trad=József Nyírő|fr=József Nyírő|lang=en}}.

== Notes ==
<references/>

== Bibliographie ==
* Pamfil Bilțiu, ''Studii de etnologie românească'', vol. IV, Ed. Eurotip, Baia Mare 2015 ;
* Gheorghe Pavelescu, ''Pasărea suflet : contribuții pentru cunoașterea cultului morților la românii din Transilvania,'' in : ''Anuarul arhivei de folclor'', VI, 1942 et ''Ethnos : studii de etnografie și folclor'', I, Sibiu, 1998 ;
* Romulus Vulcănescu, ''Coloana cerului'' (« Colonne céleste »), Bucarest 1972.

== Galerie photos ==
<gallery>
Image:Scoarta_Pietris_GJ_bis_lemn.cruci.jpg|Stèles funéraires, croix en bois et stèle en pierre ([[Olténie]])
Image:Kopjafa_1253.JPG|''Kopjafák'' de Băile Seiche (Szejke) en [[pays sicule]]
Image:Kopjafa_2110.JPG|''Kopjafák'' de Cernat (Csernaton)
Image:Kopjafa_2111.JPG|''Kopjafák'' de Cernat (Csernaton)
</gallery>

== Articles connexes ==
* [[Stèle]]
* [[Stećak]]
* [[Khatchkar]]
* [[Liste du patrimoine mondial transfrontalier]]

{{Palette|Pays sicule}}

{{Portail|sculpture|histoire de l'art|Roumanie|Hongrie}}

[[Catégorie:Stèle funéraire|Bois]]
[[Catégorie:Folklore roumain]] 
[[Catégorie:Art folklorique hongrois]]
[[Catégorie:Sculpture en Roumanie]]
[[Catégorie:Sicules (Europe centrale)]]