Aller au contenu

« Fédor Rostopchine » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Polmars (discuter | contributions)
m Remplacement de la catégorie Catégorie:Personnalité enterrée au cimetière Piatnitskoïe par Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière Piatnitskoïe : harmonisation avec les catégories similaires
Charlik (discuter | contributions)
 
(37 versions intermédiaires par 26 utilisateurs non affichées)
Ligne 9 : Ligne 9 :
| date de naissance ={{date de naissance|23 mars 1763}}
| date de naissance ={{date de naissance|23 mars 1763}}
| lieu de naissance = Kozminka, [[Gouvernement d'Orel]], {{Empire russe}}
| lieu de naissance = Kozminka, [[Gouvernement d'Orel]], {{Empire russe}}
| date de décès ={{date de décès|30 janvier 1826}}
| date de décès ={{date de décès|30 janvier 1826}} (à 62 ans)
| lieu de décès = [[Moscou]], {{Empire russe}}
| lieu de décès = [[Moscou]], {{Empire russe}}
| âge au décès =
| âge au décès =
Ligne 29 : Ligne 29 :
| liste =
| liste =
}}
}}
Le comte '''Fédor Rostopchine''' (en {{lang-ru|Фёдор Васильевич Ростопчин}}, ''{{lang|ru-Latn|Fiodor Vassilievitch Rostoptchine}}'') né à Kozminka dans le [[Gouvernement d'Orel]] le {{date-|23 mars 1763}} et mort à [[Moscou]] le {{date-|30 janvier 1826}}, est un général [[Russie|russe]], [[Ministère des Affaires étrangères (Russie)|ministre des Affaires étrangères]] de 1799 à 1801, puis [[Gouvernement de Moscou (1708-1929)|gouverneur général]] de [[Moscou]] de 1812 à 1814.
Le comte '''Fédor Rostopchine''' (en {{lang-ru|Фёдор Васильевич Ростопчин}}, ''{{lang|ru-Latn|Fiodor Vassilievitch Rostoptchine}}'') né à Kozminka dans le [[gouvernement d'Orel]] le {{date de naissance-|23 mars 1763}} et mort à [[Moscou]] le {{date de décès-|30 janvier 1826}}, est un général [[Russie|russe]], [[Ministère des Affaires étrangères (Russie)|ministre des Affaires étrangères]] de 1799 à 1801, puis [[Gouvernement de Moscou (1708-1929)|gouverneur général]] de [[Moscou]] de 1812 à 1814.

C'est également le père de Sophie Rostopchine, qui devint une autrice célèbre durant la seconde moitié du {{s-|XIX}}, sous le nom de [[comtesse de Ségur]].


== Biographie ==
== Biographie ==
Rostopchine descendait d’une [[Famille Rostoptchine|ancienne famille]] [[Russie|russe]] d’origine [[Mongolie|mongole]]. On le dit même « descendant de [[Gengis Khan]] »<ref>[[2000 ans d'histoire]], [[France Inter]], émission du {{date-|7 janvier 2009}}, rediffusée le {{date-|2 juillet 2010}}</ref>. Entré de bonne heure dans la carrière des armes, il était lieutenant à {{nb|21 ans}} dans la garde impériale. Il quitta alors la [[Russie]] pour voyager et résida quelque temps à [[Berlin]], où il était encore en 1778.
Rostopchine descendait d’une [[Famille Rostoptchine|ancienne famille]] [[Russie|russe]] d’origine [[Mongolie|mongole]]. On le dit même « descendant de [[Gengis Khan]] »<ref>[[2000 ans d'histoire]], [[France Inter]], émission du {{date-|7 janvier 2009}}, rediffusée le {{date-|2 juillet 2010}}</ref>. Entré de bonne heure dans la carrière des armes, il était lieutenant à {{nb|21 ans}} dans la garde impériale. Il quitta alors la [[Russie]] pour voyager et résida quelque temps à [[Berlin]], où il était encore en 1778.


=== Sous Paul I{{er}} ===
=== Sous Paul {{Ier}} ===
L’esprit et la vivacité du jeune Rostopchine plurent au comte [[Serge de Romanzov|Romanzov]], chancelier de l’Empire, frère du ministre des Affaires étrangères, alors ambassadeur à [[Berlin]]. Sous le règne de [[Paul Ier (empereur de Russie)|Paul I{{er}}]], son avancement fut aussi rapide que brillant. Il fut décoré du [[grand ordre de Russie]] et fait comte, ainsi que son père ; mais bientôt ils tombèrent l’un et l’autre, pour des raisons inconnues, dans une disgrâce à laquelle le comte [[Nikita Petrovitch Panine]] ne fut pas étranger, et eurent ordre de se retirer dans leurs terres.
L’esprit et la vivacité du jeune Rostopchine plurent au comte [[Serge de Romanzov|Romanzov]], chancelier de l’Empire, frère du ministre des Affaires étrangères, alors ambassadeur à [[Berlin]]. Sous le règne de [[Paul Ier (empereur de Russie)|Paul {{Ier}}]], son avancement fut aussi rapide que brillant. Il fut décoré du [[Ordre de Saint-André|grand cordon de Saint-André]] et fait comte, ainsi que son père ; mais bientôt ils tombèrent l’un et l’autre, pour des raisons inconnues, dans une disgrâce à laquelle le comte [[Nikita Petrovitch Panine]] ne fut pas étranger, et eurent ordre de se retirer dans leurs terres<ref>{{ouvrage |prénom= Michel |nom= Heller |lien auteur= Michel Heller |titre= Histoire de la Russie et de son empire |lieu=Paris |éditeur= Perrin |collection= Tempus |date= 2015 |année première édition= 1995 |pages=1100 |isbn= 2081235331 |partie= Deuxième partie|chapitre 16= Les nouvelles frontières|passage=907-suiv}}</ref>. Il se retira donc à [[Voronovo]] (acheté en 1800) qui devint un domaine modèle.


=== Guerre de 1812 ===
=== Guerre de 1812 ===
Le comte Rostopchine retrouva grâce auprès d'[[Alexandre Ier (empereur de Russie)|Alexandre I{{er}}]] qui le chargea du [[Gouvernement de Moscou (1708-1929)|gouvernement de Moscou]], lorsque les Français parurent sous les murs de [[Moscou]] en 1812. Le {{date-|11 septembre}}, veille de l’arrivée de l’empereur Alexandre, il adressa à la garnison une proclamation conçue en termes étranges, mais énergiques et propres à enflammer l’enthousiasme patriotique et religieux des Moscovites. Le {{date-|12 septembre-}}, il se rendit auprès du prince [[Mikhaïl Koutouzov|Koutouzov]], général en chef de l’armée russe, en annonçant son départ en style plus singulier encore.
Le comte Rostopchine retrouva grâce auprès d'[[Alexandre Ier (empereur de Russie)|Alexandre {{Ier}}]] qui le chargea du [[Gouvernement de Moscou (1708-1929)|gouvernement de Moscou]], lorsque les Français parurent sous les murs de [[Moscou]] en 1812. Le {{date-|11 septembre}}, trois jours avant l'arrivée de l’[[Empereur des Français|empereur]] [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]] à la tête de la [[Grande Armée]], il adressa à la garnison une proclamation conçue en termes étranges, mais énergiques et propres à enflammer l’enthousiasme patriotique et religieux des Moscovites. Le {{date-|12 septembre-}}, il se rendit auprès du prince [[Mikhaïl Koutouzov|Koutouzov]], général en chef de l’armée russe, en annonçant son départ en style plus singulier encore.


[[Fichier:Rostopchin House.gif|thumb|Le palais Rostoptchine à [[Moscou]].]]
[[Fichier:Fedor Rostopchin by Jean-Jacques Flatters (Hermitage) 02 by shakko.jpg|vignette|gauche|Buste de Rostopchine.]]
Le {{date-|14 septembre}} à midi, selon le {{19e|bulletin}}, les Français entrèrent à [[Moscou]] ; le même jour ({{20e|bulletin}}), les Russes mirent le feu à plusieurs édifices publics de cette grande ville<ref>L’incendie, qui ne tarda pas à s’étendre de tous côtés et à consumer presque entièrement l’immense capitale, ravit aux Français les ressources de tout genre qu’ils devaient y trouver pour leurs quartiers d’hiver, les força à une retraite précipitée et produisit les désordres de cette campagne.</ref>. Les rapports officiels annoncèrent que des forçats libérés, des bandits de toute espèce mirent le feu dans cinq cents endroits différents par ordre du gouverneur. À [[Voronovo]], dit le {{23e|bulletin}}, le comte Rostopchine mit le feu à sa maison de campagne<ref>Il laissa l’écrit suivant attaché à un poteau : « J’ai embelli pendant huit ans cette maison de campagne et j’y ai vécu heureux au sein de ma famille. Les habitants de cette terre, au nombre de {{formatnum:1270}}, la quittent à votre approche, et je mets le feu à ma maison, afin qu’elle ne soit pas souillée par votre présence. Français, je vous ai abandonné mes deux maisons de Moscou avec des meubles valant un demi-million de roubles ; ici vous ne trouverez que des cendres. »</ref>.
Le {{date-|14 septembre}} à midi, selon le {{19e|bulletin}}, les Français entrèrent à [[Moscou]] ; le même jour ({{20e|bulletin}}), les Russes mirent le feu à plusieurs édifices publics de cette grande ville<ref>L’incendie, qui ne tarda pas à s’étendre de tous côtés et à consumer presque entièrement l’immense capitale, ravit aux Français les ressources de tout genre qu’ils devaient y trouver pour leurs quartiers d’hiver, les força à une retraite précipitée et produisit les désordres de cette campagne.</ref>. Les rapports officiels annoncèrent que des forçats libérés, des bandits de toute espèce mirent le feu dans cinq cents endroits différents par ordre du gouverneur. Mais Monsieur Rostopchine écrit «...les prisons de Moscou renfermaient les prisonniers des gouvernements de [[Witepsk]], de [[Mahiliow|Mohilov]], de [[Minsk]] et de [[Smolensk]]. Leur nombre, compris ceux du gouvernement de Moscou, montait à huit cent dix individus, qui sous l'escorte d'un bataillon pris dans un régiment de garnison, furent envoyés à [[Nijni Novgorod]], deux jours avant l'entrée de l'ennemi à Moscou.» <ref>"L'incendie de Moscou raconté par Rostopchine et par {{Mme}} Narichkine, sa fille", page 107. Éditions Historiques Teissedre, 14, rue Séguier à Paris</ref>. À [[Voronovo]], dit le {{23e|bulletin}}, le comte Rostopchine mit le feu à sa maison de campagne<ref>Il laissa l’écrit suivant attaché à un poteau : « J’ai embelli pendant huit ans cette maison de campagne et j’y ai vécu heureux au sein de ma famille. Les habitants de cette terre, au nombre de {{formatnum:1270}}, la quittent à votre approche, et je mets le feu à ma maison, afin qu’elle ne soit pas souillée par votre présence. Français, je vous ai abandonné mes deux maisons de Moscou avec des meubles valant un demi-million de roubles ; ici vous ne trouverez que des cendres. »</ref>.


[[Stendhal]] écrit de lui dans son ''Journal ''(en date du {{date-|14 septembre}}) : « Le général Kirgener l'avait dit devant moi à Louis : Si l’on veut me donner quatre mille hommes je me fais fort, en six heures, de faire la part du feu, et il serait arrêté. Ce propos me frappa. (Je doute du succès. Rostopchine faisait sans cesse mettre le feu de nouveau ; on l’aurait arrêté à droite, on l’aurait retrouvé à gauche, en vingt endroits.) (…) Nous apercevions très bien l’immense pyramide formée par les pianos et les canapés de Moscou, qui nous auraient donné tant de jouissance sans la manie incendiaire. Ce Rostopchine sera un scélérat ou un Romain ; il faut voir comment son affaire prendra. On a trouvé aujourd’hui un écriteau à un des châteaux de Rostopchine ; il dit qu’il y a un mobilier de tant (un million, je crois), etc., etc., mais qu’il l’incendie pour ne pas en laisser la jouissance à des brigands. Le fait est que son beau palais d’ici n’est pas incendié<ref name=":0">Stendhal, ''Journal'', Paris, Gallimard (Folio), 1995/2010, p. 935, 938 & 940</ref>. » En tout cas, Stendhal note quelques pensées sur un volume de [[Chesterfield (homonymie)|Chesterfield]] qu'il a pillé dans la maison de campagne de Rostopchine<ref name=":0" />.
[[Stendhal]] écrit de lui dans son ''Journal ''(en date du {{date-|14 septembre}}) : « Le général [[François Joseph Kirgener|Kirgener]] l'avait dit devant moi à Louis : "Si l’on veut me donner quatre mille hommes je me fais fort, en six heures, de faire la part du feu, et il serait arrêté". Ce propos me frappa. (Je doute du succès. Rostopchine faisait sans cesse mettre le feu de nouveau ; on l’aurait arrêté à droite, on l’aurait retrouvé à gauche, en vingt endroits.) (…) Nous apercevions très bien l’immense pyramide formée par les pianos et les canapés de Moscou, qui nous auraient donné tant de jouissance sans la manie incendiaire. Ce Rostopchine sera un scélérat ou un Romain ; il faut voir comment son affaire prendra. On a trouvé aujourd’hui un écriteau à un des châteaux de Rostopchine ; il dit qu’il y a un mobilier de tant (un million, je crois), etc., etc., mais qu’il l’incendie pour ne pas en laisser la jouissance à des brigands. Le fait est que son beau palais d’ici n’est pas incendié<ref name=":0">Stendhal, ''Journal'', Paris, Gallimard (Folio), 1995/2010, {{p.|935, 938 & 940}}</ref>. » En tout cas, Stendhal note quelques pensées sur un volume de [[Philip Stanhope (4e comte de Chesterfield)|Chesterfield]] qu'il a pillé dans la maison de campagne de Rostopchine<ref name=":0" />.


Le comte Rostopchine conserva le gouvernement de Moscou jusqu’au mois de {{date-|septembre 1814}}. À cette époque, il donna sa démission et accompagna à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] l’empereur Alexandre. Cette même année, il avait été nommé [[Liste des membres du Conseil d'État de l'Empire russe|membre]] du [[Conseil de l'Empire|Conseil d'État de l'Empire russe]]. En 1817, il vint à [[Paris]], où il paraissait avoir l’intention de fixer son séjour<ref>On n’y vit pas sans quelque étonnement dans celui que l’on se représentait comme un féroce vandale, l’un des hommes les plus remarquables de l’époque par la finesse et l’originalité de son esprit.</ref>. Il s'est défendu contre l'accusation d'incendie criminel de Moscou dans une brochure imprimée à Paris en 1823, mais il a ensuite fait des aveux graves.
Le comte Rostopchine conserva le gouvernement de Moscou jusqu’au mois de {{date-|septembre 1814}}. À cette époque, il donna sa démission et accompagna à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] l’empereur Alexandre. Cette même année, il avait été nommé [[Liste des membres du Conseil d'État de l'Empire russe|membre]] du [[Conseil de l'Empire|Conseil d'État de l'Empire russe]]. En 1817, il vint à [[Paris]], où il paraissait avoir l’intention de fixer son séjour<ref>On n’y vit pas sans quelque étonnement dans celui que l’on se représentait comme un féroce vandale, l’un des hommes les plus remarquables de l’époque par la finesse et l’originalité de son esprit.</ref>. Dix ans après l'incendie de Moscou, le comte Fédor Rostopchine se défend contre l'accusation de l'incendie criminel de Moscou dans une brochure imprimée à Paris en 1823 il expose sa version des faits<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Fedor Vasil'jevič|nom1=Rostopčin|titre=La vérité sur l'incendie de Moscou par le Comte Rostopchine suivi de ses Mémoires Ecrites en dix minutes: son mot sur Fouché, Talleyrand et Potier : Anecdote de la Pelisse|éditeur=Ponthieu|date=1823|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=daVeAAAAcAAJ|consulté le=2022-08-31}}</ref>. Il accuse notamment Napoléon de détourner de sa personne la responsabilité de cet incendie et réfute les preuves présentées de sa culpabilité<ref name=":1" />.


Le comte Rostopchine mourut à [[Moscou]] le {{date-|30 janvier 1826}} et fut enterré au [[cimetière Piatnitskoïe]].
Le comte Rostopchine mourut à [[Moscou]] le {{date-|30 janvier 1826}} et fut enterré au [[cimetière Piatnitskoïe]].


== Famille ==
== Famille ==
[[Fichier:Rostopchin House.gif|thumb|Le palais Rostoptchine à [[Moscou]].]]
Il eut de sa femme [[Ekaterina Rostoptchina]], ancienne demoiselle d'honneur de [[Catherine II]], huit enfants :
Il eut de sa femme [[Ekaterina Rostoptchina]], ancienne demoiselle d'honneur de [[Catherine II]], huit enfants :
* Sergueï (1796-1839)
* Sergueï (1796-1839)
* Nathalie (1797-1866), épouse du gouverneur de Crimée [[Dimitri Narychkine]],
* Nathalie (1797-1866), épouse du gouverneur de Crimée [[Dimitri Narychkine]],
* [[Comtesse de Ségur|Sophie]], [[Comtesse de Ségur]], célèbre écrivain française du {{s-|XIX}}
* [[Comtesse de Ségur|Sophie]], [[Comtesse de Ségur]], célèbre auteur français du {{s-|XIX}}
* Pavel (1803-1806)
* Pavel (1803-1806)
* Maria (1805)
* Maria (1805)
* Elizabeth (1807-1825)
* Élisabeth (1807-1825)
* Mikhaïl (1810)
* Mikhaïl (1810)
* Andreï (1813-1882), qui s'est distingué dans la carrière militaire, marié à [[Ievdokia Rostoptchina|Ievdokia Souchkova]].
* Andreï (1813-1882), qui s'est distingué dans la carrière militaire, marié à [[Ievdokia Rostoptchina|Eudoxie Souchkova]], salonnière et femme de lettres.

== Dans la littérature ==

* Dans [[La Guerre et la Paix]], de Tolstoï, il est fait référence au comte Rostopchine qui a une discussion avec l'un des personnages principaux du livre, [[Pierre Bézoukhov]]. Il décrit aussi Rostopchine comme un homme dépassé par les évènements qui a cru jusqu'au dernier instant que Moscou ne serait pas livré sans combat. On retrouve d'ailleurs ces deux citations sur l'incendie et la fuite de Moscou dans La Guerre et la Paix :
<blockquote>Dans la suite, lorsqu’il se plut à expliquer ce qu’il avait fait à cette époque, le comte Rostoptchine répéta à différentes reprises dans ses ''Mémoires'' que son but était de maintenir la tranquillité à Moscou et d’en faire sortir les habitants. Si telle était véritablement son intention, sa conduite devient irréprochable. Mais pourquoi alors ne sauve-t-on pas les richesses de la ville, les armes, les munitions, la poudre, le blé ? Pourquoi trompe-t-on et ruine-t-on des milliers d’habitants en leur disant que Moscou ne sera pas livré ? « Pour y maintenir la tranquillité, » nous répond le comte Rostoptchine. Pourquoi alors emporte-t-on des monceaux de paperasses inutiles, l’aérostat de Leppich, etc., etc. ? « Pour qu’il ne reste plus rien en ville, » répond encore le comte. Si l’on admet cette manière de voir, chacun de ses actes est justifié<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Page:Tolstoï - Guerre et Paix, Hachette, 1901, tome 3.djvu/150 - Wikisource |url=https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Tolsto%C3%AF_-_Guerre_et_Paix,_Hachette,_1901,_tome_3.djvu/150 |site=fr.wikisource.org |consulté le=2023-12-08}}</ref>.</blockquote>Cette citation montre que selon Tolstoï, Rostopchine n'avait pas prévu la fuite de Moscou et s'y était d'ailleurs opposé jusqu'aux derniers instants.

<blockquote>Les Français attribuent l’incendie de Moscou au patriotisme féroce de Rostoptchine, les Russes à la sauvagerie des Français ; mais, en réalité, on ne saurait en rendre responsables ni Rostoptchine ni les Français, et les conditions dans lesquelles la ville se trouvait en furent seules la cause. Moscou a brûlé comme aurait pu brûler n’importe quelle ville construite en bois, abstraction faite du mauvais état des pompes, qu’elles y fussent restées ou non, comme n’importe quel village, fabrique ou maison qui auraient été abandonnés par leurs propriétaires et envahis par les premiers venus. S’il est vrai de dire que Moscou fut brûlé par ses habitants, il est incontestable aussi qu’il le fut, non par ceux qui y étaient restés, mais par le fait de ceux qui l’avaient quitté. Moscou ne fut pas respecté par l’ennemi comme Berlin et comme Vienne, parce que ses habitants ne reçurent pas les Français avec le pain et le sel en leur offrant les clefs de la ville, mais préférèrent l’abandonner à son malheureux sort<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Page:Tolstoï - Guerre et Paix, Hachette, 1901, tome 3.djvu/164 - Wikisource |url=https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Tolsto%C3%AF_-_Guerre_et_Paix,_Hachette,_1901,_tome_3.djvu/164 |site=fr.wikisource.org |consulté le=2023-12-08}}</ref>.</blockquote>Cette autre citation met en cause la version selon laquelle Rostopchine aurait été responsable de l'incendie de Moscou


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 72 : Ligne 82 :
=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{Autorité}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}
* [http://www.miscellanees.com/r/rostop01.htm Fédor Rostopchine : ''Mes mémoires en dix minutes''] (1823?)
* [http://www.miscellanees.com/r/rostop01.htm Fédor Rostopchine : ''Mes mémoires en dix minutes''] (1823?)


Ligne 78 : Ligne 90 :


{{DEFAULTSORT:Rostopchine, Fédor}}
{{DEFAULTSORT:Rostopchine, Fédor}}
[[Catégorie:Ministre russe des Affaires étrangères]]
[[Catégorie:Naissance en mars 1763]]
[[Catégorie:Général de l'Empire russe]]
[[Catégorie:Naissance dans le gouvernement d'Orel]]
[[Catégorie:Commandant militaire de l'Empire russe au cours des guerres napoléoniennes]]
[[Catégorie:Noblesse russe du XVIIIe siècle]]
[[Catégorie:Membre du Conseil d'État de l'Empire russe]]
[[Catégorie:Maire de Moscou]]
[[Catégorie:Chevalier de l'ordre de Saint-André]]
[[Catégorie:Chevalier de l'ordre de Saint-Alexandre Nevski]]
[[Catégorie:Chevalier de l'ordre de Saint-Alexandre Nevski]]
[[Catégorie:Récipiendaire de l'ordre de Sainte-Anne]]
[[Catégorie:Chevalier de l'ordre de Saint-André]]
[[Catégorie:Chevalier de l'ordre suprême de la Très Sainte Annonciade]]
[[Catégorie:Chevalier de l'ordre suprême de la Très Sainte Annonciade]]
[[Catégorie:Commandant militaire de l'Empire russe au cours des guerres napoléoniennes]]
[[Catégorie:Comtesse de Ségur]]
[[Catégorie:Grand-croix de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare]]
[[Catégorie:Grand-croix de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare]]
[[Catégorie:Général de l'Empire russe]]
[[Catégorie:Maire de Moscou]]
[[Catégorie:Maréchal de la cour]]
[[Catégorie:Maréchal de la cour]]
[[Catégorie:Membre du Conseil d'État de l'Empire russe]]
[[Catégorie:Ministre russe des Affaires étrangères]]
[[Catégorie:Noblesse russe du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Noblesse russe du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Comtesse de Ségur]]
[[Catégorie:Noblesse russe du XVIIIe siècle]]
[[Catégorie:Naissance en mars 1763]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière Piatnitskoïe]]
[[Catégorie:Décès en janvier 1826]]
[[Catégorie:Récipiendaire de l'ordre de Sainte-Anne]]
[[Catégorie:Décès dans l'Empire russe]]
[[Catégorie:Décès dans l'Empire russe]]
[[Catégorie:Décès en janvier 1826]]
[[Catégorie:Décès à 62 ans]]
[[Catégorie:Décès à 62 ans]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière Piatnitskoïe]]

Dernière version du 19 janvier 2024 à 14:01

Le comte Fédor Rostopchine (en russe : Фёдор Васильевич Ростопчин, Fiodor Vassilievitch Rostoptchine) né à Kozminka dans le gouvernement d'Orel le et mort à Moscou le , est un général russe, ministre des Affaires étrangères de 1799 à 1801, puis gouverneur général de Moscou de 1812 à 1814.

C'est également le père de Sophie Rostopchine, qui devint une autrice célèbre durant la seconde moitié du XIXe siècle, sous le nom de comtesse de Ségur.

Rostopchine descendait d’une ancienne famille russe d’origine mongole. On le dit même « descendant de Gengis Khan »[1]. Entré de bonne heure dans la carrière des armes, il était lieutenant à 21 ans dans la garde impériale. Il quitta alors la Russie pour voyager et résida quelque temps à Berlin, où il était encore en 1778.

Sous Paul Ier

[modifier | modifier le code]

L’esprit et la vivacité du jeune Rostopchine plurent au comte Romanzov, chancelier de l’Empire, frère du ministre des Affaires étrangères, alors ambassadeur à Berlin. Sous le règne de Paul Ier, son avancement fut aussi rapide que brillant. Il fut décoré du grand cordon de Saint-André et fait comte, ainsi que son père ; mais bientôt ils tombèrent l’un et l’autre, pour des raisons inconnues, dans une disgrâce à laquelle le comte Nikita Petrovitch Panine ne fut pas étranger, et eurent ordre de se retirer dans leurs terres[2]. Il se retira donc à Voronovo (acheté en 1800) qui devint un domaine modèle.

Guerre de 1812

[modifier | modifier le code]

Le comte Rostopchine retrouva grâce auprès d'Alexandre Ier qui le chargea du gouvernement de Moscou, lorsque les Français parurent sous les murs de Moscou en 1812. Le , trois jours avant l'arrivée de l’empereur Napoléon Ier à la tête de la Grande Armée, il adressa à la garnison une proclamation conçue en termes étranges, mais énergiques et propres à enflammer l’enthousiasme patriotique et religieux des Moscovites. Le , il se rendit auprès du prince Koutouzov, général en chef de l’armée russe, en annonçant son départ en style plus singulier encore.

Buste de Rostopchine.

Le à midi, selon le 19e bulletin, les Français entrèrent à Moscou ; le même jour (20e bulletin), les Russes mirent le feu à plusieurs édifices publics de cette grande ville[3]. Les rapports officiels annoncèrent que des forçats libérés, des bandits de toute espèce mirent le feu dans cinq cents endroits différents par ordre du gouverneur. Mais Monsieur Rostopchine écrit «...les prisons de Moscou renfermaient les prisonniers des gouvernements de Witepsk, de Mohilov, de Minsk et de Smolensk. Leur nombre, compris ceux du gouvernement de Moscou, montait à huit cent dix individus, qui sous l'escorte d'un bataillon pris dans un régiment de garnison, furent envoyés à Nijni Novgorod, deux jours avant l'entrée de l'ennemi à Moscou.» [4]. À Voronovo, dit le 23e bulletin, le comte Rostopchine mit le feu à sa maison de campagne[5].

Stendhal écrit de lui dans son Journal (en date du ) : « Le général Kirgener l'avait dit devant moi à Louis : "Si l’on veut me donner quatre mille hommes je me fais fort, en six heures, de faire la part du feu, et il serait arrêté". Ce propos me frappa. (Je doute du succès. Rostopchine faisait sans cesse mettre le feu de nouveau ; on l’aurait arrêté à droite, on l’aurait retrouvé à gauche, en vingt endroits.) (…) Nous apercevions très bien l’immense pyramide formée par les pianos et les canapés de Moscou, qui nous auraient donné tant de jouissance sans la manie incendiaire. Ce Rostopchine sera un scélérat ou un Romain ; il faut voir comment son affaire prendra. On a trouvé aujourd’hui un écriteau à un des châteaux de Rostopchine ; il dit qu’il y a un mobilier de tant (un million, je crois), etc., etc., mais qu’il l’incendie pour ne pas en laisser la jouissance à des brigands. Le fait est que son beau palais d’ici n’est pas incendié[6]. » En tout cas, Stendhal note quelques pensées sur un volume de Chesterfield qu'il a pillé dans la maison de campagne de Rostopchine[6].

Le comte Rostopchine conserva le gouvernement de Moscou jusqu’au mois de . À cette époque, il donna sa démission et accompagna à Vienne l’empereur Alexandre. Cette même année, il avait été nommé membre du Conseil d'État de l'Empire russe. En 1817, il vint à Paris, où il paraissait avoir l’intention de fixer son séjour[7]. Dix ans après l'incendie de Moscou, le comte Fédor Rostopchine se défend contre l'accusation de l'incendie criminel de Moscou dans une brochure imprimée à Paris en 1823 où il expose sa version des faits[8]. Il accuse notamment Napoléon de détourner de sa personne la responsabilité de cet incendie et réfute les preuves présentées de sa culpabilité[8].

Le comte Rostopchine mourut à Moscou le et fut enterré au cimetière Piatnitskoïe.

Le palais Rostoptchine à Moscou.

Il eut de sa femme Ekaterina Rostoptchina, ancienne demoiselle d'honneur de Catherine II, huit enfants :

  • Sergueï (1796-1839)
  • Nathalie (1797-1866), épouse du gouverneur de Crimée Dimitri Narychkine,
  • Sophie, Comtesse de Ségur, célèbre auteur français du XIXe siècle
  • Pavel (1803-1806)
  • Maria (1805)
  • Élisabeth (1807-1825)
  • Mikhaïl (1810)
  • Andreï (1813-1882), qui s'est distingué dans la carrière militaire, marié à Eudoxie Souchkova, salonnière et femme de lettres.

Dans la littérature

[modifier | modifier le code]
  • Dans La Guerre et la Paix, de Tolstoï, il est fait référence au comte Rostopchine qui a une discussion avec l'un des personnages principaux du livre, Pierre Bézoukhov. Il décrit aussi Rostopchine comme un homme dépassé par les évènements qui a cru jusqu'au dernier instant que Moscou ne serait pas livré sans combat. On retrouve d'ailleurs ces deux citations sur l'incendie et la fuite de Moscou dans La Guerre et la Paix :

Dans la suite, lorsqu’il se plut à expliquer ce qu’il avait fait à cette époque, le comte Rostoptchine répéta à différentes reprises dans ses Mémoires que son but était de maintenir la tranquillité à Moscou et d’en faire sortir les habitants. Si telle était véritablement son intention, sa conduite devient irréprochable. Mais pourquoi alors ne sauve-t-on pas les richesses de la ville, les armes, les munitions, la poudre, le blé ? Pourquoi trompe-t-on et ruine-t-on des milliers d’habitants en leur disant que Moscou ne sera pas livré ? « Pour y maintenir la tranquillité, » nous répond le comte Rostoptchine. Pourquoi alors emporte-t-on des monceaux de paperasses inutiles, l’aérostat de Leppich, etc., etc. ? « Pour qu’il ne reste plus rien en ville, » répond encore le comte. Si l’on admet cette manière de voir, chacun de ses actes est justifié[9].

Cette citation montre que selon Tolstoï, Rostopchine n'avait pas prévu la fuite de Moscou et s'y était d'ailleurs opposé jusqu'aux derniers instants.

Les Français attribuent l’incendie de Moscou au patriotisme féroce de Rostoptchine, les Russes à la sauvagerie des Français ; mais, en réalité, on ne saurait en rendre responsables ni Rostoptchine ni les Français, et les conditions dans lesquelles la ville se trouvait en furent seules la cause. Moscou a brûlé comme aurait pu brûler n’importe quelle ville construite en bois, abstraction faite du mauvais état des pompes, qu’elles y fussent restées ou non, comme n’importe quel village, fabrique ou maison qui auraient été abandonnés par leurs propriétaires et envahis par les premiers venus. S’il est vrai de dire que Moscou fut brûlé par ses habitants, il est incontestable aussi qu’il le fut, non par ceux qui y étaient restés, mais par le fait de ceux qui l’avaient quitté. Moscou ne fut pas respecté par l’ennemi comme Berlin et comme Vienne, parce que ses habitants ne reçurent pas les Français avec le pain et le sel en leur offrant les clefs de la ville, mais préférèrent l’abandonner à son malheureux sort[10].

Cette autre citation met en cause la version selon laquelle Rostopchine aurait été responsable de l'incendie de Moscou

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. 2000 ans d'histoire, France Inter, émission du , rediffusée le
  2. Michel Heller, Histoire de la Russie et de son empire, Paris, Perrin, coll. « Tempus », (1re éd. 1995), 1100 p. (ISBN 2081235331), Deuxième partie, p. 907-suiv
  3. L’incendie, qui ne tarda pas à s’étendre de tous côtés et à consumer presque entièrement l’immense capitale, ravit aux Français les ressources de tout genre qu’ils devaient y trouver pour leurs quartiers d’hiver, les força à une retraite précipitée et produisit les désordres de cette campagne.
  4. "L'incendie de Moscou raconté par Rostopchine et par Mme Narichkine, sa fille", page 107. Éditions Historiques Teissedre, 14, rue Séguier à Paris
  5. Il laissa l’écrit suivant attaché à un poteau : « J’ai embelli pendant huit ans cette maison de campagne et j’y ai vécu heureux au sein de ma famille. Les habitants de cette terre, au nombre de 1 270, la quittent à votre approche, et je mets le feu à ma maison, afin qu’elle ne soit pas souillée par votre présence. Français, je vous ai abandonné mes deux maisons de Moscou avec des meubles valant un demi-million de roubles ; ici vous ne trouverez que des cendres. »
  6. a et b Stendhal, Journal, Paris, Gallimard (Folio), 1995/2010, p. 935, 938 & 940
  7. On n’y vit pas sans quelque étonnement dans celui que l’on se représentait comme un féroce vandale, l’un des hommes les plus remarquables de l’époque par la finesse et l’originalité de son esprit.
  8. a et b Fedor Vasil'jevič Rostopčin, La vérité sur l'incendie de Moscou par le Comte Rostopchine suivi de ses Mémoires Ecrites en dix minutes: son mot sur Fouché, Talleyrand et Potier : Anecdote de la Pelisse, Ponthieu, (lire en ligne)
  9. « Page:Tolstoï - Guerre et Paix, Hachette, 1901, tome 3.djvu/150 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  10. « Page:Tolstoï - Guerre et Paix, Hachette, 1901, tome 3.djvu/164 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )

« Fédor Rostopchine », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]