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'''''Une charogne'''''<ref>{{Lien web|langue=|titre=Une Charogne|url=https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/une_charogne|site=https://poesie.webnet.fr|périodique=|date=|consulté le=15/02/2019}}</ref> est un [[poème]] de [[Charles Baudelaire]] publié dans la section « Spleen et idéal », chapitre XXVII du recueil des ''[[Les Fleurs du mal|Fleurs du mal]]'' publié en 1857.
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'''''Une charogne'''''<ref>{{Lien web|langue=|titre=Une Charogne|url=https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/une_charogne|site=poesie.webnet.fr|périodique=|date=|consulté le=15/02/2019}}.</ref> est un [[poème]] de [[Charles Baudelaire]] publié dans la section « Spleen et idéal », chapitre XXIX, pages 66-67, du recueil des ''[[Les Fleurs du mal|Fleurs du mal]]'' publié en 1861 (date de la deuxième publication du recueil).


[[Fichier:Une Charogne.png|alt=Version numérisée (par Google, Université du Michigan) de l'un des œuvres originales éditées de 1857.|vignette|Version numérisée (par Google, Université du Michigan) de l'une des œuvres originales éditées de 1857.]]
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{{Boîte déroulante|titre=Une charogne|contenu=
{{vers|texte=
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
::Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
::Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
::Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
::Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
::Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
::Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
::Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
::Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
::D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
::Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
::Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
::Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
::Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
::Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
::Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
::Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
::Nous regardait d'un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
::Le morceau qu'elle avait lâché.

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
::À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
::Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
::Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
::Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
::Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
::De mes amours décomposés !
}}
}}[[Fichier:Une Charogne.png|alt=Version numérisée (par Google, Université du Michigan) de l'un des œuvres originales éditées de 1857.|vignette|Version numérisée (par Google, Université du Michigan) de l'une des œuvres originales éditées de 1857.]]


== Forme ==
== Forme ==
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Le poème est composé de douze quatrains hétérométriques en octosyllabes et alexandrins.
Le poème est composé de douze quatrains hétérométriques en octosyllabes et alexandrins.


Son schéma de rimes est : ABAB (rimes alternées). Ces rimes permettent à l’auteur de créer un contraste entre le spleen et l’idéal.
Son schéma de rimes est : ABAB (rimes alternées). Ces rimes permettent à l’auteur de créer un contraste entre le spleen et l’idéal.


La ponctuation s’amplifie et s’accélère à mesure que le poème avance, et en dévoile de plus en plus sur la violence de l’opposition entre la femme et la mort<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|nom1=Vioux|prénom1=Par Amélie|titre=Une charogne, Baudelaire : analyse|url=http://commentairecompose.fr/une-charogne-baudelaire/|site=commentaire composé|date=2014-01-22|consulté le=2019-09-12}}</ref>.
La ponctuation s’amplifie et s’accélère à mesure que le poème avance, et en dévoile de plus en plus sur la violence de l’opposition entre la femme et la mort<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|nom1=Vioux|prénom1=Par Amélie|titre=Une charogne, Baudelaire : analyse|url=http://commentairecompose.fr/une-charogne-baudelaire/|site=commentaire composé|date=2014-01-22|consulté le=2019-09-12}}.</ref>.


Les champs lexicaux dans ce poème sont les suivants : lexique, associé à la mort, à la charogne, mais aussi onirique, idyllique, charnel et mélioratif.
Les champs lexicaux dans ce poème sont les suivants : lexique, associé à la mort, à la charogne, mais aussi onirique, idyllique, charnel et mélioratif.
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Cette approche à la fois percutante et moralisatrice dans une certaine mesure n'est pas sans rappeler quelques poèmes (''Le Mépris de la Vie et Consolation contre la Mort'') du méconnu poète baroque [[Jean-Baptiste Chassignet]]. En effet, son poème ''Mortel Sonnet'' a certains points communs avec celui de Baudelaire<ref>[https://www.erudit.org/fr/revues/etudlitt/2016-v47-n1-etudlitt03173/1040891ar/ ''Esthétique de la pourriture''], Marie-Pierre Krück, 2017</ref>.
Cette approche à la fois percutante et moralisatrice dans une certaine mesure n'est pas sans rappeler quelques poèmes (''Le Mépris de la Vie et Consolation contre la Mort'') du méconnu poète baroque [[Jean-Baptiste Chassignet]]. En effet, son poème ''Mortel Sonnet'' a certains points communs avec celui de Baudelaire<ref>[https://www.erudit.org/fr/revues/etudlitt/2016-v47-n1-etudlitt03173/1040891ar/ ''Esthétique de la pourriture''], Marie-Pierre Krück, 2017</ref>.

== Influences ==
En 2021, dans son roman en vers libre ''Décomposée'', l'autrice [[Clémentine Beauvais]] reprend l'histoire de ce poème en imaginant la vie qu'a menée la charogne lorsqu'elle était encore vivante et avant d'être découverte par Charles Baudelaire et [[Jeanne Duval]]. Les scènes rappelant la vie de cette femme sont entrecoupées de discussions entre Baudelaire et sa maîtresse<ref>{{Lien web |titre=Clémentine Beauvais – Décomposée |url=http://www.diversions-magazine.com/clementine-beauvais-decomposee/ |site=diversions-magazine.com |date=29 mai 2021}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Dernière version du 14 février 2024 à 20:38

Une charogne
Formats
Poème
Poème en alexandrins (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Langue
Auteur

Une charogne[1] est un poème de Charles Baudelaire publié dans la section « Spleen et idéal », chapitre XXIX, pages 66-67, du recueil des Fleurs du mal publié en 1861 (date de la deuxième publication du recueil).

Version numérisée (par Google, Université du Michigan) de l'un des œuvres originales éditées de 1857.
Version numérisée (par Google, Université du Michigan) de l'une des œuvres originales éditées de 1857.

Le poème est composé de douze quatrains hétérométriques en octosyllabes et alexandrins.

Son schéma de rimes est : ABAB (rimes alternées). Ces rimes permettent à l’auteur de créer un contraste entre le spleen et l’idéal.

La ponctuation s’amplifie et s’accélère à mesure que le poème avance, et en dévoile de plus en plus sur la violence de l’opposition entre la femme et la mort[2].

Les champs lexicaux dans ce poème sont les suivants : lexique, associé à la mort, à la charogne, mais aussi onirique, idyllique, charnel et mélioratif.

Dans ce poème, Charles Baudelaire se souvient d'une promenade faite avec l'être aimé au cours de laquelle il trouva une charogne, en état avancé de décomposition. S'ensuit une transfiguration poétique qui permet au poète de comparer cet objet trivial et dégoûtant à un microcosme vivant en utilisant tous les outils lyriques de la rêverie poétique. Il compare également cette charogne à la femme courtisée, en développant le thème du Memento mori.

Baudelaire joue avec la dissonance esthétique d'une description précise de l'animal mort et les charmes du désir et des femmes. L'antonymie des deux atmosphères est caractéristique du recueil en rappelant l'opposition entre le Spleen et l'Idéal[3].

Cette approche à la fois percutante et moralisatrice dans une certaine mesure n'est pas sans rappeler quelques poèmes (Le Mépris de la Vie et Consolation contre la Mort) du méconnu poète baroque Jean-Baptiste Chassignet. En effet, son poème Mortel Sonnet a certains points communs avec celui de Baudelaire[4].

En 2021, dans son roman en vers libre Décomposée, l'autrice Clémentine Beauvais reprend l'histoire de ce poème en imaginant la vie qu'a menée la charogne lorsqu'elle était encore vivante et avant d'être découverte par Charles Baudelaire et Jeanne Duval. Les scènes rappelant la vie de cette femme sont entrecoupées de discussions entre Baudelaire et sa maîtresse[5].

Notes et références

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  1. « Une Charogne », sur poesie.webnet.fr (consulté le ).
  2. Par Amélie Vioux, « Une charogne, Baudelaire : analyse », sur commentaire composé, (consulté le ).
  3. Hirota, Daichi (1981-....)., Espace et poésie chez Baudelaire : typographie, thématique et énonciation (OCLC 892945356, lire en ligne)
  4. Esthétique de la pourriture, Marie-Pierre Krück, 2017
  5. « Clémentine Beauvais – Décomposée », sur diversions-magazine.com, .

Articles connexes

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