« Groupe symétrique » : différence entre les versions
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En [[mathématiques]], plus particulièrement en [[algèbre]], le '''[[Groupe (mathématiques)|groupe]] symétrique''' d'un [[ensemble]] ''E ''est le '''groupe des [[permutation]]s''' de ''E'', c'est-à-dire des [[bijection]]s de ''E ''sur lui-même. N'est traité dans le présent article, suite |
En [[mathématiques]], plus particulièrement en [[algèbre]], le '''[[Groupe (mathématiques)|groupe]] symétrique''' d'un [[ensemble]] ''E ''est le '''groupe des [[permutation]]s''' de ''E'', c'est-à-dire des [[bijection]]s de ''E ''sur lui-même. N'est traité dans le présent article, à la suite de la définition générale, que le cas ''E'' fini. |
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== Définition == |
== Définition == |
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Soit ''E ''un [[ensemble]]. On appelle groupe symétrique de ''E ''l'ensemble des [[Fonction (mathématiques)|applications]] [[Bijection|bijectives]] de ''E ''sur ''E ''muni de la [[Composition de fonctions|composition d'applications]] (la loi ∘). On le note ''S''(''E'') ou <math>\mathfrak S(E)</math> (ce caractère est un S [[Fraktur|gothique]]). |
Soit ''E ''un [[ensemble]]. On appelle groupe symétrique de ''E ''l'ensemble des [[Fonction (mathématiques)|applications]] [[Bijection|bijectives]] de ''E ''sur ''E ''muni de la [[Composition de fonctions|composition d'applications]] (la loi ∘). On le note ''S''(''E'') ou <math>\mathfrak S(E)</math> (ce caractère est un S [[Fraktur|gothique]] rappelant le rôle fondamental joué par les mathématiciens allemands dans le développement de l'algèbre entre 1850 et 1933<ref>{{Ouvrage|auteur1=Bertrand Hauchecorne|titre=Biographie des grands théorèmes|éditeur=Ellipses|année=2023|passage=90}}</ref>). |
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Un cas particulier courant est le cas où ''E ''est l'ensemble fini {1, 2, … , ''n''}, ''n'' étant un [[entier naturel]] ; on note alors <math>\mathfrak S_n</math> ou {{mvar|S{{ind|n}}}}<ref>R. Goblot, ''Algèbre linéaire'', Paris, 2005, p. 58, utilise la notation ''S{{ind|n}}''. Les auteurs anglo-saxons écrivent en général ''S{{ind|E}} ''plutôt que <math>\mathfrak S(E)</math> et ''S{{ind|n}} ''plutôt que <math>\mathfrak S_n</math>.</ref> le groupe symétrique de cet ensemble. Les éléments de <math>\mathfrak S_n</math> sont appelés [[permutation]]s et <math>\mathfrak S_n</math> est appelé groupe ''des'' permutations de degré ''n'' ou groupe symétrique d'indice ''n'' (un [[sous-groupe]] du groupe symétrique est appelé un [[Groupe de permutations|groupe ''de'' permutations]]). |
Un cas particulier courant est le cas où ''E ''est l'[[ensemble fini]] {1, 2, … , ''n''}, ''n'' étant un [[entier naturel]] ; on note alors <math>\mathfrak S_n</math> ou {{mvar|S{{ind|n}}}}<ref>R. Goblot, ''Algèbre linéaire'', Paris, 2005, p. 58, utilise la notation ''S{{ind|n}}''. Les auteurs anglo-saxons écrivent en général ''S{{ind|E}} ''plutôt que <math>\mathfrak S(E)</math> et ''S{{ind|n}} ''plutôt que <math>\mathfrak S_n</math>.</ref> le groupe symétrique de cet ensemble. Les éléments de <math>\mathfrak S_n</math> sont appelés [[permutation]]s et <math>\mathfrak S_n</math> est appelé groupe ''des'' permutations de degré ''n'' ou groupe symétrique d'indice ''n'' (un [[sous-groupe]] du groupe symétrique est appelé un [[Groupe de permutations|groupe ''de'' permutations]]). |
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Si deux ensembles sont [[équipotent]]s alors leurs groupes symétriques sont [[Isomorphisme de groupes|isomorphes]]. En effet, si ''f'' est une bijection de ''E'' dans ''F'', alors l'application de ''S''(''E'') dans ''S''(''F'') qui à σ associe ''f''∘σ∘''f''{{-1}} est un isomorphisme. En particulier si ''E ''est un [[cardinal d'un ensemble fini|ensemble fini à ''n ''éléments]], alors <math>\mathfrak S(E)</math> est isomorphe à <math>\mathfrak S_n</math>. En conséquence, il suffit de connaître les propriétés du [[groupe (mathématiques)|groupe]] <math>\mathfrak S_n</math> pour en déduire celles du groupe <math>\mathfrak S(E)</math>. C'est pourquoi la suite de cet article ne portera que sur <math>\mathfrak S_n</math>. |
Si deux ensembles sont [[équipotent]]s alors leurs groupes symétriques sont [[Isomorphisme de groupes|isomorphes]]. En effet, si ''f'' est une bijection de ''E'' dans ''F'', alors l'application de ''S''(''E'') dans ''S''(''F'') qui à σ associe ''f''∘σ∘''f''{{-1}} est un isomorphisme. En particulier si ''E ''est un [[cardinal d'un ensemble fini|ensemble fini à ''n ''éléments]], alors <math>\mathfrak S(E)</math> est isomorphe à <math>\mathfrak S_n</math>. En conséquence, il suffit de connaître les propriétés du [[groupe (mathématiques)|groupe]] <math>\mathfrak S_n</math> pour en déduire celles du groupe <math>\mathfrak S(E)</math>. C'est pourquoi la suite de cet article ne portera que sur <math>\mathfrak S_n</math>. |
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== Exemple == |
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[[Fichier:Triangle équilatéral et ses médianes.png|vignette|Triangle équilatéral et ses médianes <math>d_x, d_y, d_z</math>]] |
[[Fichier:Triangle équilatéral et ses médianes.png|vignette|Triangle équilatéral et ses médianes <math>d_x, d_y, d_z</math>]] |
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Les six [[isométrie]]s du [[groupe de symétrie]] d'un [[triangle équilatéral]] ABC sont les trois [[Symétrie axiale|symétries]] par rapport aux [[Médiane (géométrie)|médianes]] <math>d_x</math>, <math>d_y</math> et <math>d_z</math> issues de respectivement les [[Sommet (géométrie)|sommets]] A, B et C, deux [[Rotation plane|rotations]] d'un tiers de tour dans le [[Sens de rotation horaire et anti-horaire|sens horaire ou anti-horaire]] et l'[[application identité]]. Elles se [[restriction|restreignent]] en six permutations des trois [[Sommet (géométrie)|sommets]], constituant le groupe ''S''({A, B, C}) : |
Les six [[isométrie]]s du [[groupe de symétrie]] d'un [[triangle équilatéral]] ABC sont les trois [[Symétrie axiale|symétries]] par rapport aux [[Médiane (géométrie)|médianes]] <math>d_x</math>, <math>d_y</math> et <math>d_z</math> issues de respectivement les [[Sommet (géométrie)|sommets]] A, B et C, deux [[Rotation plane|rotations]] d'un tiers de tour dans le [[Sens de rotation horaire et anti-horaire|sens horaire ou anti-horaire]] et l'[[application identité]]. Elles se [[restriction (mathématiques)|restreignent]] en six permutations des trois [[Sommet (géométrie)|sommets]], constituant le groupe ''S''({A, B, C}) : |
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id, x = (B C), y = (A C), z = (A B), r = (A B C) et r{{-1}} = (C B A). |
id, x = (B C), y = (A C), z = (A B), r = (A B C) et r{{-1}} = (C B A). |
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==Origine et importance== |
== Origine et importance == |
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Historiquement, l'étude du groupe des permutations des racines d'un [[polynôme formel|polynôme]] par [[Évariste Galois]] est à l'origine du concept de groupe. |
Historiquement, l'étude du groupe des permutations des racines d'un [[polynôme formel|polynôme]] par [[Évariste Galois]] est à l'origine du concept de groupe. |
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Un [[théorème de Cayley]] assure que tout groupe est isomorphe à un sous-groupe d'un groupe symétrique. |
Un [[théorème de Cayley]] assure que tout groupe est isomorphe à un sous-groupe d'un groupe symétrique. |
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==Propriétés== |
== Propriétés == |
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Le groupe <math>\mathfrak S_n</math> est d'[[Ordre (théorie des groupes)|ordre]] [[Factorielle|{{math|''n''!}}]]<ref>La preuve standard figure dans « [[Permutation#Dénombrement des permutations]] ».</ref>. |
Le groupe <math>\mathfrak S_n</math> est d'[[Ordre (théorie des groupes)|ordre]] [[Factorielle|{{math|''n''!}}]]<ref>La preuve standard figure dans « [[Permutation#Dénombrement des permutations]] ».</ref>. |
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:<math>\operatorname{sgn}(\sigma)=\varepsilon(\sigma)=\left\{\begin{array}{cl} +1 & \mbox{si } \sigma \mbox{ est paire } \\ -1 & \mbox{si } \sigma \mbox{ est impaire } \end{array}\right.</math> |
:<math>\operatorname{sgn}(\sigma)=\varepsilon(\sigma)=\left\{\begin{array}{cl} +1 & \mbox{si } \sigma \mbox{ est paire } \\ -1 & \mbox{si } \sigma \mbox{ est impaire } \end{array}\right.</math> |
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L'application signature est un [[morphisme de groupes]] de <math>(\mathfrak S_n,\circ)</math> dans ({–1, 1}, ×). |
L'application signature est un [[morphisme de groupes]] de <math>(\mathfrak S_n,\circ)</math> dans ({–1, 1}, ×). |
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Le [[Noyau (algèbre)|noyau]] de ce morphisme, c’est-à-dire l'ensemble des permutations paires, est appelé le [[groupe alterné]] de degré ''n'', noté <math>\mathfrak A_n</math> (ce caractère est un A [[Fraktur|gothique]]). |
Le [[Noyau (algèbre)|noyau]] de ce morphisme, c’est-à-dire l'ensemble des permutations paires, est appelé le [[groupe alterné]] de degré ''n'', noté <math>\mathfrak A_n</math> (ce caractère est un A [[Fraktur|gothique]]). |
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<math>\mathfrak A_n</math> est donc un [[sous-groupe normal]] de <math>\mathfrak S_n</math> et le [[groupe quotient]] <math>\mathfrak S_n/\mathfrak A_n</math> est [[Théorèmes d'isomorphisme#Premier théorème d'isomorphisme|isomorphe à l'image]] {–1, 1} du morphisme signature. Par conséquent, <math>\mathfrak A_n</math> est d'[[Indice d'un sous-groupe|indice]] 2 dans <math>\mathfrak S_n</math>, donc d'ordre ''n''!/2. (Ou plus concrètement : <math>\mathfrak A_n</math> et son complémentaire dans <math>\mathfrak S_n</math> sont de même cardinal car pour ''t ''transposition de <math>\mathfrak S_n</math>, l'application σ ↦ ''t''∘σ est une bijection de <math>\mathfrak A_n</math> dans son complémentaire.) |
<math>\mathfrak A_n</math> est donc un [[sous-groupe normal]] de <math>\mathfrak S_n</math> et le [[groupe quotient]] <math>\mathfrak S_n/\mathfrak A_n</math> est [[Théorèmes d'isomorphisme#Premier théorème d'isomorphisme|isomorphe à l'image]] {–1, 1} du morphisme signature. Par conséquent, <math>\mathfrak A_n</math> est d'[[Indice d'un sous-groupe|indice]] 2 dans <math>\mathfrak S_n</math>, donc d'ordre ''n''!/2. (Ou plus concrètement : <math>\mathfrak A_n</math> et son complémentaire dans <math>\mathfrak S_n</math> sont de même cardinal car pour ''t ''transposition de <math>\mathfrak S_n</math>, l'application σ ↦ ''t''∘σ est une bijection de <math>\mathfrak A_n</math> dans son complémentaire.) |
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:Les permutations (1 2 3)(4 5) et (1 3 4)(2 5) sont dans la même classe de conjugaison contrairement à la permutation (1 3)(2 5). |
:Les permutations (1 2 3)(4 5) et (1 3 4)(2 5) sont dans la même classe de conjugaison contrairement à la permutation (1 3)(2 5). |
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Le nombre de classes de conjugaison est donc égal au [[Partition d'un entier#Dénombrement|nombre de « partages » de l'entier {{math|''n''}}]], et si la décomposition d'une permutation contient {{math|''k''{{ind|1}}}} « |
Le nombre de classes de conjugaison est donc égal au [[Partition d'un entier#Dénombrement|nombre de « partages » de l'entier {{math|''n''}}]], et si la décomposition d'une permutation contient {{math|''k''{{ind|1}}}} « 1-cycles » (les [[Point fixe|points fixes]]), {{math|''k''{{ind|2}}}} 2-cycles, … , {{math|''k{{ind|m}}''}} {{math|''m''}}-cycles, alors le [[Action de groupe (mathématiques)#Formule des classes, formule de Burnside|nombre de ses conjuguées]] vaut<ref>{{Fulton-Harris}}, {{p.|55}}, {{Google Livres|6TwmBQAAQBAJ|page=55|aperçu}}.</ref> : |
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<center><math>\frac{n!}{1^{k_1}k_1!\ldots m^{k_m}k_m!}.</math></center> |
<center><math>\frac{n!}{1^{k_1}k_1!\ldots m^{k_m}k_m!}.</math></center> |
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(On voit apparaître un [[coefficient multinomial]].) |
(On voit apparaître un [[coefficient multinomial]].) |
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== Propriétés diverses == |
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* Si ''n'' > 4, <math>\mathfrak S_n</math> n'a aucun sous-groupe d'indice strictement compris entre 2 et ''n''<ref>{{Ouvrage|lang=en|titre=Theory and Applications of Finite Groups|auteur={{Lien|George Abram Miller|texte=G. A. Miller}}|auteur2={{Lien|Hans Frederick Blichfeldt|texte=H. F. Blichfeldt}}|auteur3=[[Leonard Eugene Dickson|L. E. Dickson]]|éditeur={{Lien|Applewood Books}}|date=2012|année première édition=1916|url={{Google Livres|6RRzRt3EtJsC|page=166}}|page=166-167}}.</ref>. |
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⚫ | * Tout sous-groupe d'indice ''n'' de <math>\mathfrak S_n</math> est isomorphe à <math>\mathfrak S_{n-1}</math><ref>{{Note autre projet|Wikiversité|Théorie des groupes/Exercices/Groupes symétriques finis#Problème 11|cet exercice de la leçon « Théorie des groupes »|début=Démontré par exemple dans}}</ref>. Si ''n'' est différent de 6, un tel sous-groupe est forcément le stabilisateur d'un élément de {1, … , ''n''}. |
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* <math>\mathfrak S_6</math> est le seul groupe symétrique dont le [[Automorphisme#Automorphismes intérieurs et extérieurs|groupe d'automorphismes extérieurs]] est non trivial. |
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*En revanche, <math>\mathfrak S_6</math> possède un sous-groupe d'indice 6 [[Action de groupe (mathématiques)#Action transitive|transitif]] donc sans point fixe<ref>Voir par exemple {{Ouvrage|lang=en|titre=The Finite Simple Groups|numéro dans collection=251|collection=[[Graduate Texts in Mathematics|GTM]]|auteur=[[Robert Arnott Wilson|Robert A. Wilson]]|date=2009|url={{Google Livres|lYMAg_Sj7hUC|page=19}}|page=19}}, ou {{Note autre projet|Wikiversité|Théorie des groupes/Exercices/Groupes symétriques finis#Problème 13 (Le cas particulier S6)|cet exercice de la leçon « Théorie des groupes »|début=}}</ref>. |
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*<math>\mathfrak S_n</math> est [[Groupe complet|complet]] pour tout ''n'' différent de 2 et de 6. En effet : |
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{{démonstration|''S''{{ind|5}} contient vingt-quatre [[Permutation circulaire|5-cycles]], donc six sous-groupes d'ordre 5. L'[[action par conjugaison]] de ''S''{{ind|5}} sur ces sous-groupes fournit donc un morphisme de ''S''{{ind|5}} dans ''S''{{ind|6}}. Ce morphisme est injectif car son noyau est un sous-groupe normal de ''S''{{ind|5}} distinct de ''S''{{ind|5}} et ''A''{{ind|5}} (car, par exemple, (123)(12345)(321) {{=}} (14523) n'est pas une puissance de (12345)). Enfin, d'après les [[théorèmes de Sylow]], cette action est [[Action de groupe (mathématiques)#Action transitive|transitive]] donc ne fixe aucun point.}} |
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**<math>\mathfrak S_6</math> est le seul groupe symétrique dont le [[Automorphisme#Automorphismes intérieurs et extérieurs|groupe d'automorphismes extérieurs]] est non trivial<ref>Voir par exemple {{Harvsp|Wilson|2009|p=18-19}}, ou {{Note autre projet|Wikiversité|Théorie des groupes/Exercices/Groupes symétriques finis#Problème 12 (Automorphismes de Sn)|cette page de la leçon « Théorie des groupes »|début=les exercices corrigés 12 et 13 de}}</ref> : il est<ref>{{Harvsp|Wilson|2009|p=19}}.</ref> d'ordre 2. |
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*<math>\mathfrak S_n</math> se [[Morphisme de groupes|plonge]] dans <math>\mathfrak A_{n+2}</math>, mais pas dans <math>\mathfrak A_{n+1}</math> si ''n'' ≥ 2<ref>{{Rotman1}}, {{p.|23}}, exercice 2.8.</ref>. |
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== Notes et références == |
== Notes et références == |
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* {{Lien|trad=Automorphisms of the symmetric and alternating groups|Automorphismes des groupes symétriques et alternés}} |
* {{Lien|trad=Automorphisms of the symmetric and alternating groups|Automorphismes des groupes symétriques et alternés}} |
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*[[Fonction de Landau]] |
*[[Fonction de Landau]] |
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* [[Groupe complet]] |
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* {{Lien|trad=Generalized symmetric group|Groupe symétrique généralisé}} |
* {{Lien|trad=Generalized symmetric group|Groupe symétrique généralisé}} |
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* [[Groupe de tresses]] |
* [[Groupe de tresses]] |
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*[[Matrice de permutation]] |
* [[Matrice de permutation]] |
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* [[Permutation]] |
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* [[Permutation aléatoire]] |
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* [[Représentations du groupe symétrique]] |
* [[Représentations du groupe symétrique]] |
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* [[Tableau de Young]] |
* [[Tableau de Young]] |
Dernière version du 10 juin 2024 à 07:47
En mathématiques, plus particulièrement en algèbre, le groupe symétrique d'un ensemble E est le groupe des permutations de E, c'est-à-dire des bijections de E sur lui-même. N'est traité dans le présent article, à la suite de la définition générale, que le cas E fini.
Définition
[modifier | modifier le code]Soit E un ensemble. On appelle groupe symétrique de E l'ensemble des applications bijectives de E sur E muni de la composition d'applications (la loi ∘). On le note S(E) ou (ce caractère est un S gothique rappelant le rôle fondamental joué par les mathématiciens allemands dans le développement de l'algèbre entre 1850 et 1933[1]).
Un cas particulier courant est le cas où E est l'ensemble fini {1, 2, … , n}, n étant un entier naturel ; on note alors ou Sn[2] le groupe symétrique de cet ensemble. Les éléments de sont appelés permutations et est appelé groupe des permutations de degré n ou groupe symétrique d'indice n (un sous-groupe du groupe symétrique est appelé un groupe de permutations).
Si deux ensembles sont équipotents alors leurs groupes symétriques sont isomorphes. En effet, si f est une bijection de E dans F, alors l'application de S(E) dans S(F) qui à σ associe f∘σ∘f−1 est un isomorphisme. En particulier si E est un ensemble fini à n éléments, alors est isomorphe à . En conséquence, il suffit de connaître les propriétés du groupe pour en déduire celles du groupe . C'est pourquoi la suite de cet article ne portera que sur .
Exemple
[modifier | modifier le code]Les six isométries du groupe de symétrie d'un triangle équilatéral ABC sont les trois symétries par rapport aux médianes , et issues de respectivement les sommets A, B et C, deux rotations d'un tiers de tour dans le sens horaire ou anti-horaire et l'application identité. Elles se restreignent en six permutations des trois sommets, constituant le groupe S({A, B, C}) :
id, x = (B C), y = (A C), z = (A B), r = (A B C) et r−1 = (C B A).
La table de Cayley de ce groupe est :
id | r | r−1 | x | y | z | |
---|---|---|---|---|---|---|
id | id | r | r−1 | x | y | z |
r | r | r−1 | id | z | x | y |
r−1 | r−1 | id | r | y | z | x |
x | x | y | z | id | r | r−1 |
y | y | z | x | r−1 | id | r |
z | z | x | y | r | r−1 | id |
Origine et importance
[modifier | modifier le code]Historiquement, l'étude du groupe des permutations des racines d'un polynôme par Évariste Galois est à l'origine du concept de groupe.
Un théorème de Cayley assure que tout groupe est isomorphe à un sous-groupe d'un groupe symétrique.
Propriétés
[modifier | modifier le code]Générateurs du groupe symétrique
[modifier | modifier le code]Une transposition est un 2-cycle, c'est-à-dire une permutation qui échange deux éléments et laisse les autres inchangés. On note (i, j) la transposition qui échange l'élément i avec l'élément j.
Il existe un algorithme permettant de décomposer une permutation en produit de transpositions. Ainsi l'ensemble des transpositions forme un système de générateurs de .
On peut se limiter aux transpositions de la forme τi = (i, i + 1) puisque, pour i < j, il est possible de décomposer
Ces n – 1 générateurs permettent de donner une présentation du groupe symétrique, avec les n(n + 1)2 relations[4] :
Il s'agit donc d'un cas particulier de groupe de Coxeter et même d'un groupe de réflexions (en) (ce qui, pour un groupe fini, est en fait équivalent).
Il est possible également de prendre n – 1 générateurs — les transpositions si = (i, n) pour i < n — et (n – 1)2 relations[5] :
Enfin, on peut se contenter de 2 générateurs — la transposition τ1 = (1, 2) et le cycle r = (1, 2, … , n) — et n + 1 relations[6] :
Signature
[modifier | modifier le code]On suppose dans cette section que l'entier n est supérieur ou égal à 2.
Toute permutation se décompose en un produit de transpositions. Ce produit n'est pas unique, mais la parité du nombre de termes d'un tel produit ne dépend que de la permutation. On parle alors de permutation paire ou impaire.
La signature d'une permutation σ, notée sgn(σ) ou ε(σ), est définie par :
L'application signature est un morphisme de groupes de dans ({–1, 1}, ×). Le noyau de ce morphisme, c’est-à-dire l'ensemble des permutations paires, est appelé le groupe alterné de degré n, noté (ce caractère est un A gothique). est donc un sous-groupe normal de et le groupe quotient est isomorphe à l'image {–1, 1} du morphisme signature. Par conséquent, est d'indice 2 dans , donc d'ordre n!/2. (Ou plus concrètement : et son complémentaire dans sont de même cardinal car pour t transposition de , l'application σ ↦ t∘σ est une bijection de dans son complémentaire.)
De plus, la suite exacte courte
est scindée à droite, donc est un produit semi-direct de par le groupe cyclique à deux éléments.
Classes de conjugaison
[modifier | modifier le code]La classe de conjugaison d'une permutation σ est l'ensemble de ses conjuguées :
Les conjuguées de σ sont les permutations dont la décomposition en produit de cycles à supports disjoints a la même structure que celle de σ : même nombre de cycles de chaque longueur[7].
- Exemple
- Si l'on considère dans les différentes classes de conjugaison, on trouve celle de l'identité, des transpositions (ab), les permutations composées de deux transpositions de supports disjoints (ab)(cd), les cycles d'ordre 3 (abc), les permutations composées d'un cycle d'ordre 3 et d'un d'ordre 2 : (abc)(de), puis les cycles d'ordres 4 : (abcd) et 5 : (abcde).
- Les permutations (1 2 3)(4 5) et (1 3 4)(2 5) sont dans la même classe de conjugaison contrairement à la permutation (1 3)(2 5).
Le nombre de classes de conjugaison est donc égal au nombre de « partages » de l'entier n, et si la décomposition d'une permutation contient k1 « 1-cycles » (les points fixes), k2 2-cycles, … , km m-cycles, alors le nombre de ses conjuguées vaut[8] :
(On voit apparaître un coefficient multinomial.)
Propriétés issues de l'étude du groupe alterné
[modifier | modifier le code]Le résultat fondamental dans l'étude du groupe alterné est que celui-ci est un groupe simple pour n différent de 4.
D'autre part, le groupe dérivé de est [9]. Pour n ≥ 5, c'est là le seul sous-groupe distingué propre de .
est résoluble si et seulement si n ≤ 4, ce qui a d'importantes conséquences sur la résolubilité par radicaux des équations polynomiales.
Propriétés diverses
[modifier | modifier le code]- Si n > 4, n'a aucun sous-groupe d'indice strictement compris entre 2 et n[10].
- Tout sous-groupe d'indice n de est isomorphe à [11]. Si n est différent de 6, un tel sous-groupe est forcément le stabilisateur d'un élément de {1, … , n}.
- En revanche, possède un sous-groupe d'indice 6 transitif donc sans point fixe[12].
- est complet pour tout n différent de 2 et de 6. En effet :
- le centre de est trivial si n ≠ 2 ;
- est le seul groupe symétrique dont le groupe d'automorphismes extérieurs est non trivial[13] : il est[14] d'ordre 2.
- se plonge dans , mais pas dans si n ≥ 2[15].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bertrand Hauchecorne, Biographie des grands théorèmes, Ellipses, , p. 90
- R. Goblot, Algèbre linéaire, Paris, 2005, p. 58, utilise la notation Sn. Les auteurs anglo-saxons écrivent en général SE plutôt que et Sn plutôt que .
- La preuve standard figure dans « Permutation#Dénombrement des permutations ».
- (en) H. S. M. Coxeter et W. O. J. Moser (de), Generators and Relations for Discrete Groups, Springer, (réimpr. 2013), 3e éd. (1re éd. 1957), 164 p. (ISBN 978-3-662-21946-1, lire en ligne), p. 63 (6.22).
- Coxeter et Moser 1972, p. 64 (6.28).
- Coxeter et Moser 1972, p. 63 (6.21).
- Démontré par exemple dans .
- (en) William Fulton et Joe Harris, Representation Theory : A First Course [détail des éditions], p. 55, aperçu sur Google Livres.
- P. Tauvel, Algèbre, 2e édition, Paris, Dunod, 2010, p. 70. Voir aussi la dernière démonstration du .
- (en) G. A. Miller (en), H. F. Blichfeldt (en) et L. E. Dickson, Theory and Applications of Finite Groups, Applewood Books (en), (1re éd. 1916) (lire en ligne), p. 166-167.
- Démontré par exemple dans .
- Voir par exemple (en) Robert A. Wilson, The Finite Simple Groups, coll. « GTM » (no 251), (lire en ligne), p. 19, ou .
- Voir par exemple Wilson 2009, p. 18-19, ou les exercices corrigés 12 et 13 de .
- Wilson 2009, p. 19.
- (en) Joseph J. Rotman (en), An Introduction to the Theory of Groups [détail des éditions], p. 23, exercice 2.8.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Automorphismes des groupes symétriques et alternés (en)
- Fonction de Landau
- Groupe symétrique généralisé (en)
- Groupe de tresses
- Matrice de permutation
- Permutation
- Permutation aléatoire
- Représentations du groupe symétrique
- Tableau de Young
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Daniel Perrin, Cours d'algèbre [détail des éditions]