« Armorique » : différence entre les versions
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{{Voir homonymes | Armorique (homonymie)}} |
{{Voir homonymes | Armorique (homonymie)}} |
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{{à sourcer|date=mai 2016}} |
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{{Infobox Cap |
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| nom = Armorique |
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| légende = Carte de l'Armorique. |
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| pays = {{drapeau |France}} [[France]] |
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| région = [[Bretagne]], [[Cotentin]], [[Pays de la Loire]] |
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| étendue d'eau = [[Atlantique]], [[Manche (mer)|Manche]] |
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'''Armorique''' est un [[nom propre]] d'origine gauloise, qui désigne depuis l'[[Antiquité]] classique le territoire situé entre la [[Loire]] et la [[Seine]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bernard S.|nom1=Bachrach|titre=Merovingian Military Organization, 481-751|éditeur=U of Minnesota Press|année=1972|pages totales=157|isbn=978-0-8166-5700-1|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=jbz9IyOvfPoC&pg=PA10|consulté le=2018-01-05|passage=10}}</ref> ou entre les estuaires de la [[Estuaire de la Gironde|Gironde]] et de la |
'''Armorique''' est un [[nom propre]] d'origine gauloise, qui désigne depuis l'[[Antiquité]] classique le territoire situé entre la [[Loire]] et la [[Seine]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bernard S.|nom1=Bachrach|titre=Merovingian Military Organization, 481-751|éditeur=U of Minnesota Press|année=1972|pages totales=157|isbn=978-0-8166-5700-1|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=jbz9IyOvfPoC&pg=PA10|consulté le=2018-01-05|passage=10}}</ref> ou entre les estuaires de la [[Estuaire de la Gironde|Gironde]] et de la Seine<ref name=":1">{{Article |langue=français |auteur1=CHAUVET Alain |titre=Les Pays de la Loire : Réflexion sur la centralité territoriale |périodique=Cahier Nantais, n°26, pp 37-56 |date=années 1980 |lire en ligne=https://igarun.univ-nantes.fr/medias/fichier/cn26-03-chauvet_1582712048854-pdf?ID_FICHE=1284575&INLINE=FALSE |pages=p.53 }}</ref>. Selon certains auteurs, ce territoire s'étendait même depuis l'estuaire de la Gironde jusqu'à celui de l'[[Escaut]]<ref>{{Article |prénom1=Alain|nom1=Chauvet |titre=L'Armorique|sous-titre= essai de géographie régionale |périodique=NOROIS|numéro=127|passage=346-364|mois=juillet-septembre|année=1985 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1985_num_127_1_4255 |pages=p.346 }}</ref>. Cet espace forme une péninsule entre la [[Manche (mer)|Manche]] et le [[golfe de Gascogne]], à l’ouest du [[Europe|continent européen]]. L'Armorique est souvent confondue avec la [[Bretagne]], qui ne constitue pourtant qu'une partie du territoire armoricain<ref name=":1" />. |
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Les traces de présence humaine en '''Armorique''' sont régulières depuis le [[paléolithique inférieur]] (notamment avec l'exemple des feux entretenus parmi les plus anciens au monde ''-vieux de 465 000 ans-'' sur le site archéologique de [[Menez Dregan]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Centre d'interprétation du patrimoine archéologique - Menez-Dregan |url=https://www.hominides.com/musees-et-sites/centre-dinterpretation-du-patrimoine-archeologique-menez-dregan/ |site=Hominides |date=2024-08-06 |consulté le=2024-08-09}}</ref> à [[Plouhinec (Finistère)|Plouhinec]] en Finistère). L'occupation humaine s'est poursuivie durant le [[mésolithique]] (le site archéologique de l'île de [[Téviec]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Nécropole mésolithique de Téviec |url=https://bcd.bzh/becedia/fr/necropole-mesolithique-de-teviec |site=Becedia |date=2016-11-21 |consulté le=2024-08-09}}</ref> à l'ouest de la [[presqu'île de Quiberon]] en est l'un des témoignages) et sans discontinuité jusqu'au [[néolithique]]. Durant cette dernière période, les populations sont qualifiées de [[Peuples préceltiques|préceltiques]]. La péninsule armoricaine est probablement l’un des berceau du [[mégalithisme]] en [[Europe]]<ref name=":2">{{Lien web |langue=fr |titre=L'Armorique, berceau des mégalithes |url=https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/patrimoine/se-rapprocher-des-dieux-france-l-armorique-berceau-des-megalithes_134959 |site=Sciences et Avenir |consulté le=2021-08-27}}.</ref>. Les auteurs de la fin de la [[République romaine|République]] et du début de l'[[Empire romain]] la présentent comme peuplée par sept tribus gauloises dont [[Jules César]] donne la liste. Les Armoricains pourraient avoir constitué une confédération de peuples rivale de celle des [[Vénètes (Gaule)|Vénètes]]. |
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Après la conquête, l'[[Empire romain]] n'a pas repris cette division dans son découpage provincial (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine) de la Gaule. Mais au {{s|IV|e}}, face aux menaces venues de la mer, est créé un secteur militaire, le ''[[Tractus Armoricanus et Nervicanus]]'' comprenant les territoires littoraux de l'embouchure de la [[Somme (fleuve)|Somme]] à celle de la [[Garonne]]<ref>[[Félix Le Royer de La Sauvagère]], |
Après la conquête, l'[[Empire romain]] n'a pas repris cette division dans son découpage provincial (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine) de la [[Gaule]]. Mais au {{s|IV|e}}, face aux menaces venues de la mer, est créé un secteur militaire, le ''[[Tractus Armoricanus et Nervicanus]]'' comprenant les territoires littoraux de l'embouchure de la [[Somme (fleuve)|Somme]] à celle de la [[Garonne]]<ref>[[Félix Le Royer de La Sauvagère]], ''Recueil d'antiquités dans les Gaules, enrichi...'', {{p.|298-303}}, Paris, 1770. [https://books.google.fr/books?id=rZdbAAAAQAAJ&pg=RA1-PA299&lpg=RA1-PA299&dq=Grannono&source=bl&ots=okztdD1gbP&sig=ipVpY0ThhZBAMZeCb5aSGgvkFMc&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwidoJXZ2f_aAhUFZ8AKHcfhD184ChDoAQhVMAc#v=onepage&q=%20Blabia&f=false Lire en ligne]</ref>. |
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À la fin de l'[[Antiquité tardive|Antiquité]], les [[Bretons insulaires]] [[Émigration bretonne en Armorique|émigrèrent]] massivement dans la partie occidentale de cette région, sur la péninsule qui prit progressivement le nom de [[Bretagne]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Joseph|nom1=Loth|titre=L'émigration bretonne en Armorique du Ve au VIIe siècle de notre ère|éditeur=E. Baraise et cie.|date=1883|lire en ligne=https://play.google.com/store/books/details?id=pJgDAAAAYAAJ&rdid=book-pJgDAAAAYAAJ&rdot=1|consulté le=2021-08-27}}</ref>. L’usage du terme « Armorique » pour désigner la vaste région maritime entre la [[Estuaire de la Gironde|Gironde]] et la [[Seine]] a été progressivement remplacé par celui « [[Grand Ouest français|France de |
À la fin de l'[[Antiquité tardive|Antiquité]], les [[Bretons insulaires]] [[Émigration bretonne en Armorique|émigrèrent]] massivement dans la partie occidentale de cette région, sur la péninsule qui prit progressivement le nom de [[Bretagne]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Joseph|nom1=Loth|titre=L'émigration bretonne en Armorique du Ve au VIIe siècle de notre ère|éditeur=E. Baraise et cie.|date=1883|lire en ligne=https://play.google.com/store/books/details?id=pJgDAAAAYAAJ&rdid=book-pJgDAAAAYAAJ&rdot=1|consulté le=2021-08-27}}</ref>. L’usage du terme « Armorique » pour désigner la vaste région maritime entre la [[Estuaire de la Gironde|Gironde]] et la [[Seine]] a été progressivement remplacé par celui « [[Grand Ouest français|France de l'Ouest]] » dans la géographie officielle française<ref>{{Article |prénom1=Alain|nom1=Chauvet |titre=L'Armorique|sous-titre=essai de géographie régionale |périodique=Norois|numéro=127|passage=348 |année=1985 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1985_num_127_1_4255}}.</ref>. |
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== Attestations anciennes des termes ''Armorique'' et ''Armoricain'' == |
== Attestations anciennes des termes ''Armorique'' et ''Armoricain'' == |
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Dans le dictionnaire français-latin de référence « Gaffiot » (Hachette, 1934), l’entrée « Armoric- » renvoie à « Aremoric- » où l'on trouve : |
Dans le [[Dictionnaire illustré latin-français|dictionnaire français-latin de référence « Gaffiot »]] (Hachette, 1934), l’entrée « Armoric- » renvoie à « Aremoric- » où l'on trouve : |
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*''Aremorica, -ae'', féminin, l’Armorique (province occidentale de la Gaule), Pline 4, 105 |
*''Aremorica, -ae'', féminin, l’Armorique (province occidentale de la Gaule), Pline 4, 105 |
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*''Aremoricus, -a, -um'', de l’Armorique, César, G., 5, 53 |
*''Aremoricus, -a, -um'', de l’Armorique, César, G., 5, 53 |
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Donc, selon [[Félix Gaffiot]], la forme normale en latin pour Armorique est ''Aremorica'', tandis qu’''Armorica'' est une variante contractée. En ce qui concerne les références littéraires disponibles, on trouve les énoncés suivants (dans l’ordre chronologique). |
Donc, selon [[Félix Gaffiot]], la forme normale en latin pour Armorique est ''Aremorica'', tandis qu’''Armorica'' est une variante contractée. En ce qui concerne les références littéraires disponibles, on trouve les énoncés suivants (dans l’ordre chronologique). |
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*César, ''[[Commentaires sur la Guerre des Gaules|La Guerre des Gaules]]'', V, 53 : |
*César, ''[[Commentaires sur la Guerre des Gaules|La Guerre des Gaules]]'', V, 53 : |
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{{début citation}}In his ab Lucio Roscio, quem legioni tertiae decimae praefecerat, certior factus est magnas Gallorum copias earum civitatum, quae '''Armoricae''' appellantur, oppugnandi sui causa convenisse neque longius milia passuum octo ab hibernis suis afuisse, sed nuntio allato de victoria Caesaris discessisse, adeo ut fugae similis discessus videretur.{{fin citation}} |
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{{citation bilingue bloc|langue=la|In his ab Lucio Roscio, quem legioni tertiae decimae praefecerat, certior factus est magnas Gallorum copias earum civitatum, quae '''Armoricae''' appellantur, oppugnandi sui causa convenisse neque longius milia passuum octo ab hibernis suis afuisse, sed nuntio allato de victoria Caesaris discessisse, adeo ut fugae similis discessus videretur.|Il apprit notamment de Lucius Roscius, qu’il avait mis à la tête de la treizième légion, que des forces gauloises importantes, appartenant aux cités qu’on nomme Armoricaines, s’étaient réunies pour l’attaquer et étaient venues jusqu’à huit miles de son camp, mais qu’à l’annonce de la victoire de César elles s’étaient retirées avec tant de hâte que leur retraite ressemblait à une fuite.}} |
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*César, ibid°, VII, 75 (il s’agit des contingents demandés pour apporter de l’aide à [[Vercingétorix]] assiégé dans [[Siège d'Alésia|Alésia]]) : |
*César, ibid°, VII, 75 (il s’agit des contingents demandés pour apporter de l’aide à [[Vercingétorix]] assiégé dans [[Siège d'Alésia|Alésia]]) : |
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{{citation bilingue bloc|langue=la|[XXX milia] universis civitatibus, quae Oceanum attingunt quaeque eorum consuetudine '''Armoricae''' appellantur, quo sunt in numero Curiosolites, Redones, Ambibarii, Caletes, Osismi<ref>Le site utilisé pour cette citation latine [http://www.thelatinlibrary.com/caesar/gall7.shtml C. IVLI CAESARIS COMMENTARIORVM DE BELLO GALLICO LIBER SEPTIMVS] indique les ''Veneti'', mais il semble que ce peuple soit absent de la liste.</ref>, Lemovices, Venelli.|trente mille (hommes demandés) à l’ensemble des peuples qui bordent l’Océan et qui selon leur habitude se donnent le nom d’Armoricains : Coriosolites, Redons, Ambibarii, Calètes, Osismes, Lemovices, Unelles.}} |
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{{début citation}} trente mille (hommes demandés) à l’ensemble des peuples qui bordent l’Océan et qui selon leur habitude se donnent le nom d’Armoricains : Coriosolites, Redons, Ambibarii, Calètes, Osismes, Lémovices, Unelles.{{fin citation}} |
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== Étymologie == |
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On peut distinguer les trois éléments celtiques suivants : |
On peut distinguer les trois éléments celtiques suivants : |
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*''are'' issu de l’[[indo-européen commun|indo-européen]] ''p°ri-'' « devant, auprès » (cf. irlandais ''air, ar'', sur / devant ; [[gallois]] ''er'', sur / à / pour ; [[breton]] ''war'' ou ''ar'', sur), |
*''are'' issu de l’[[indo-européen commun|indo-européen]] ''p°ri-'' « devant, auprès » (cf. irlandais ''air, ar'', sur / devant ; [[gallois]] ''er'', sur / à / pour ; [[breton]] ''war'' ou ''ar'', sur), |
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*''mori'' « mer » ([[irlandais]] ''muir'', [[génitif]] ''mara'' ; thème en « i » ; [[gallois]] et [[breton]] : ''mor'', d'où le composé ''[[armor]]'' « pays de la mer » cf. [[Côtes-d'Armor]] |
*''mori'' « mer » ([[irlandais]] ''muir'', [[génitif]] ''mara'' ; thème en « i » ; [[gallois]] et [[breton]] : ''mor'', d'où le composé ''[[armor]]'' « pays de la mer » cf. [[Côtes-d'Armor]] (appelé ''ar vor'' en breton avec [[Mutation consonantique|mutation]] de /m/ à /v/ caractéristique des [[langues celtiques]] modernes) |
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*suffixe ''-iko-'' (pluriel ''-ici'' « ceux qui ») comme dans [[Médiomatriques|Mediomatrici]], [[Volques Arecomiques|Arecomici]], Latobici, etc. et ''-ika'' qui sert à créer des substantifs que l'on retrouve dans des noms de pays ''Utica'' ([[pays d'Ouche]]), ''Pertica'' ([[Comté du Perche|Perche]]), etc. |
*suffixe ''-iko-'' (pluriel ''-ici'' « ceux qui ») comme dans [[Médiomatriques|Mediomatrici]], [[Volques Arecomiques|Arecomici]], Latobici, etc. et ''-ika'' qui sert à créer des substantifs que l'on retrouve dans des noms de pays ''Utica'' ([[pays d'Ouche]]), ''Pertica'' ([[Comté du Perche|Perche]]), etc. |
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{{Citation bloc|''Aremorici : antemorini quia are ante, more mare, morici marini.''|[[Glossaire d'Endlicher]], bibliothécaire de la Bibliothèque Palatine, [[Vienne (Autriche)|Vienne]], [[Autriche]], [[1836]]}} |
{{Citation bloc|''Aremorici : antemorini quia are ante, more mare, morici marini.''|[[Glossaire d'Endlicher]], bibliothécaire de la Bibliothèque Palatine, [[Vienne (Autriche)|Vienne]], [[Autriche]], [[1836]]}} |
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=== Situation === |
=== Situation === |
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[[Fichier:Atlantic-Europe.jpg|gauche|vignette| |
[[Fichier:Atlantic-Europe.jpg|gauche|vignette|Pays de l’[[arc atlantique]] parmi lesquels figure l’Armorique. Ces régions d’Europe sont traditionnellement liées par la relation étroite qu’elles entretiennent avec la mer.|272x272px]] |
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Selon le géographe Alain Chauvet, l'Armorique s'apparente à un espace de « [[finisterre]] », à l'échelle du [[Europe|continent européen]] et à celle de la [[France]], analogue à la [[ |
Selon le géographe Alain Chauvet, l'Armorique s'apparente à un espace de « [[finisterre]] », à l'échelle du [[Europe|continent européen]] et à celle de la [[France]], analogue à la [[Galice]] et à la [[Norvège]]<ref name=":0">{{Article |langue=français |auteur1=Alain Chauvet |titre=L'Armorique : Essai de géographie régionale |périodique=Norois|numéro=127 |date=juillet-septembre 1985 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1985_num_127_1_4255 |pages=pp. 345-364 }}</ref>. Cette région qui comprend globalement la [[Basse-Normandie]], au nord, la [[Vendée (département)|Vendée]], au sud, en passant par la [[Bretagne]], constitue le point de rencontre de plusieurs grandes routes maritimes européennes<ref name=":0" /> et possède une situation centrale au sein de l’[[Arc atlantique|Arc atlantique européen]]. Cette situation a valu à l'Armorique, au cours de son histoire, d'être progressivement occupée, à la fois par des peuples venus d'Europe continentale ([[Gaulois (peuples)|Gaulois]], [[Rome antique|Romains]], [[Francs]]) et par des peuples venus de la mer ([[Saxons]], [[Bretons]], [[Vikings]])<ref>{{Article |langue=français |auteur1=Jean Soulat |titre=« La présence saxonne et anglo-saxonne sur le littoral de la Manche » |périodique=Quentovic. Environnement, archéologie, histoire |date=2010 |pages=146;163 }}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=Français |auteur1=Alain Chauvet |titre=Les Pays de la Loire : Réflexion sur la centralité territoriale. |périodique=Cahier nantais |numéro=26|passage= 37-56 |date=Années 1980 |pages=p.55 }}</ref>. |
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Par ailleurs, du fait de sa situation, l’Armorique a souvent entretenu des contacts avec les [[îles Britanniques]]. Avant la conquête romaine, les gaulois armoricains faisaient déjà [[Route de l'étain|commerce de l’étain avec l’île de Bretagne]]<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Claire |nom=König |titre=La civilisation du bronze |url=https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/geologie-cuivre-premier-metal-travaille-homme-779/page/4/ |site=Futura |consulté le=2021-09-03}}</ref>. La conquête romaine n'a pas rompu ce lien et le [[Bas-Empire romain|Bas Empire]] a même contribué au renforcement des liens militaires entre les deux rives de la Manche avec la création du ''[[litus Saxonicum]]''. Par la suite, c’est depuis cette [[Bretagne (province romaine)|île]] que les [[Émigration bretonne en Armorique|Bretons immigrèrent]] ensuite en Armorique à la fin de l’Antiquité. Au Moyen |
Par ailleurs, du fait de sa situation, l’Armorique a souvent entretenu des contacts avec les [[îles Britanniques]]. Avant la conquête romaine, les gaulois armoricains faisaient déjà [[Route de l'étain|commerce de l’étain avec l’île de Bretagne]]<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Claire |nom=König |titre=La civilisation du bronze |url=https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/geologie-cuivre-premier-metal-travaille-homme-779/page/4/ |site=Futura |consulté le=2021-09-03}}.</ref>. La conquête romaine n'a pas rompu ce lien et le [[Bas-Empire romain|Bas Empire]] a même contribué au renforcement des liens militaires entre les deux rives de la Manche avec la création du ''[[litus Saxonicum]]''. Par la suite, c’est depuis cette [[Bretagne (province romaine)|île]] que les [[Émigration bretonne en Armorique|Bretons immigrèrent]] ensuite en Armorique occidentale à la fin de l’Antiquité. Au Moyen Âge, les [[Normands]], menés par [[Guillaume le Conquérant]] traversèrent la Manche et [[Conquête normande de l'Angleterre|conquirent le royaume d’Angleterre en 1066]], tandis qu’au siècle suivant, le comte d’Anjou et du Maine, [[Henri II (roi d'Angleterre)|Henri II Plantagenêt]], créa un vaste [[Empire Plantagenêt|empire]], opposé à la France des [[Capétiens]], s’étendant à la fois sur les [[îles Britanniques]] et sur l’[[Grand Ouest français|Ouest Français]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La Bretagne dans l’empire Plantagenêt |url=https://www.letelegramme.fr/dossiers/bretons-des-deux-rives/la-bretagne-dans-l-empire-plantagenet-23-05-2021-12752017.php |site=Le Telegramme |date=2021-05-23 |consulté le=2021-09-03}}.</ref>. Lors de la période révolutionnaire, les [[Guerre de Vendée|Vendéens]], traversèrent la région jusqu’aux côtes de la [[Manche (mer)|Manche]] dans l’espoir d’y obtenir un [[Siège de Granville|soutien de l’armée anglaise]] contre les troupes [[Convention nationale|républicaines]]. Enfin en 1944, les alliés, basés en [[Grande-Bretagne]] [[Débarquement en Normandie (1944)|débarquèrent en Normandie]] afin de libérer l’Europe occidentale de l'[[Wehrmacht|armée allemande]]. |
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=== Relief === |
=== Relief === |
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[[Fichier:Armorican Massif geological map-fr.svg|vignette|Carte géologique du Massif armoricain.]] |
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La majeure partie du territoire armoricain comprend l'entité géologique auquel il a donné son nom : le [[Massif armoricain]]. Ce massif relativement peu élevé, s'apparente à un vaste plateau composé de [[granite]] et de [[schiste]] qui s'élève en plusieurs endroits dont les [[Monts d'Arrée]], les [[Montagnes Noires]], les [[Collines de Vendée|Collines vendéennes]], les [[Alpes mancelles]] et la [[Suisse normande]]<ref name=":4" />. La formation de la péninsule armoricaine est d’ailleurs la conséquence de la présence de ce massif aux roches plus dures et donc plus difficilement [[Érosion du littoral|érodables]] que les littoraux [[Calcaire|calcaires]] des [[Bassin parisien|bassins parisien]] et [[Bassin aquitain|aquitain]], situés plus au Nord et plus au Sud. Le [[mont des Avaloirs]] (416 m) situé au nord du département de la [[Mayenne (département)|Mayenne]] constitue le point culminant du massif<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=LE MONT DES AVALOIRS ET SON BELVEDERE: Autour de la nature France, Pays de la Loire |url=https://www.enpaysdelaloire.com/visites/autour-de-la-nature/le-mont-des-avaloirs-et-son-belvedere |site=www.enpaysdelaloire.com |consulté le=2022-03-15}}</ref>, tandis que le [[Signal d'Écouves]] situé dans l’[[Orne (département)|Orne]], mais à proximité du mont des Avaloirs, est du haut |
La majeure partie du territoire armoricain comprend l'entité géologique auquel il a donné son nom : le [[Massif armoricain]]. Ce massif relativement peu élevé, s'apparente à un vaste plateau composé de [[granite]] et de [[schiste]] qui s'élève en plusieurs endroits dont les [[Monts d'Arrée]], les [[Montagnes Noires]], les [[Collines de Vendée|Collines vendéennes]], les [[Alpes mancelles]] et la [[Suisse normande]]<ref name=":4" />. La formation de la péninsule armoricaine est d’ailleurs la conséquence de la présence de ce massif aux roches plus dures et donc plus difficilement [[Érosion du littoral|érodables]] que les littoraux [[Calcaire|calcaires]] des [[Bassin parisien|bassins parisien]] et [[Bassin aquitain|aquitain]], situés plus au Nord et plus au Sud. Le [[mont des Avaloirs]] (416 m) situé au nord du département de la [[Mayenne (département)|Mayenne]] constitue le point culminant du massif<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=LE MONT DES AVALOIRS ET SON BELVEDERE: Autour de la nature France, Pays de la Loire |url=https://www.enpaysdelaloire.com/visites/autour-de-la-nature/le-mont-des-avaloirs-et-son-belvedere |site=www.enpaysdelaloire.com |consulté le=2022-03-15}}.</ref>, tandis que le [[Signal d'Écouves]] situé dans l’[[Orne (département)|Orne]], mais à proximité du mont des Avaloirs, est du haut de ses 413 m, le deuxième sommet du [[Massif armoricain|massif Armoricain]]. |
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=== Paysages === |
=== Paysages === |
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[[Fichier:Vallée de l'Erve.JPG|vignette|Paysage de [[bocage]], typique du [[Massif armoricain|plateau armoricain]] (Ici la vallée de l'[[Erve]]).]] |
[[Fichier:Vallée de l'Erve.JPG|vignette|Paysage de [[bocage]], typique du [[Massif armoricain|plateau armoricain]] (Ici la vallée de l'[[Erve]]).]] |
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Sur le plan paysagé, le [[massif armoricain]] s'apparente à un [[Plateau (géographie)|plateau]] peu élevé, ponctué de [[Vallée|vallons]] et de [[Colline|collines]], sur lequel pousse une végétation adaptée à l'[[humidité]] ambiante<ref name=":4">{{Lien web |langue=français |format=PDF |auteur=IGN, Institut National de l'Information Géographique et Forestière |titre=Fiches descriptives des grandes régions écologiques (GRECO) et des sylvoécorégions (SER), Grande région écologique A: Grand Ouest |
Sur le plan paysagé, le [[massif armoricain]] s'apparente à un [[Plateau (géographie)|plateau]] peu élevé, ponctué de [[Vallée|vallons]] et de [[Colline|collines]], sur lequel pousse une végétation adaptée à l'[[humidité]] ambiante<ref name=":4">{{Lien web |langue=français |format=PDF |auteur=IGN, Institut National de l'Information Géographique et Forestière |titre=Fiches descriptives des grandes régions écologiques (GRECO) et des sylvoécorégions (SER), Grande région écologique A: Grand Ouest |
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cristallin et océanique |url=https://inventaire-forestier.ign.fr/spip/spip.php?article773 |accès url=libre |site=Inventaire forestier |date=2012}}</ref>, telle que les [[Forêt|forêts]] (parfois [[Forêt tempérée humide|ombrophiles]]) de hêtres, de châtaigniers et de chênes ([[Chêne pédonculé|pédonculé]], [[Chêne tauzin|tauzin]]), ainsi que les [[Lande|landes]] ([[Ulex|ajoncs]], [[Genêt épineux|genêts]], [[Bruyère|bruyères]]) et les [[Tourbière|tourbières]]. Le vallonnement ainsi que la présence de [[Chaos (géologie)|chaos rocheux]], ont constitué un obstacle à la [[Céréale|céréaliculture]] et ont y plutôt favorisé le développement de l'[[élevage]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=France-agricole-céréales-cultures-maraîchères-vignobles-élevage-intensif-polyculture-association-céréales-éle… {{!}} France agricole, Géographie, Carte de france région |url=https://www.pinterest.com/pin/567172146823227010/ |site=Pinterest |consulté le=2022-03-12}}</ref>, si bien que la péninsule n'a jamais vraiment été remembrée. |
cristallin et océanique |url=https://inventaire-forestier.ign.fr/spip/spip.php?article773 |accès url=libre |site=Inventaire forestier |date=2012}}.</ref>, telle que les [[Forêt|forêts]] (parfois [[Forêt tempérée humide|ombrophiles]]) de hêtres, de châtaigniers et de chênes ([[Chêne pédonculé|pédonculé]], [[Chêne tauzin|tauzin]]), ainsi que les [[Lande|landes]] ([[Ulex|ajoncs]], [[Genêt épineux|genêts]], [[Bruyère|bruyères]]) et les [[Tourbière|tourbières]]. Le vallonnement ainsi que la présence de [[Chaos (géologie)|chaos rocheux]], ont constitué un obstacle à la [[Céréale|céréaliculture]] et ont y plutôt favorisé le développement de l'[[élevage]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=France-agricole-céréales-cultures-maraîchères-vignobles-élevage-intensif-polyculture-association-céréales-éle… {{!}} France agricole, Géographie, Carte de france région |url=https://www.pinterest.com/pin/567172146823227010/ |site=Pinterest |consulté le=2022-03-12}}.</ref>, si bien que la péninsule n'a jamais vraiment été remembrée. Ainsi, la majeure partie du territoire est couverte par le [[bocage]] ([[Bocage normand]], [[Bocage angevin]], [[Bocage vendéen]]) et est marquée par l'[[habitat dispersé]]<ref>{{Article |prénom1=Pierre |nom1=Brunet |prénom2=Marie-Claude |nom2=Dionnet |titre=Présentation d'un essai de carte des paysages ruraux de la France au 1/1.000.000 |périodique=Bulletin de l'Association de géographes français |volume=39 |numéro=305 |date=1962 |doi=10.3406/bagf.1962.5589 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1962_num_39_305_5589 |consulté le=2021-08-27 |pages=98–103 }}</ref>. [[Fichier:NezJobourg.jpg|vignette|Le Nez de Jobourg constitue la pointe nord-ouest de la presqu'île du Cotentin.|gauche]]La nature spécifique des [[Massif armoricain|sols armoricains]] se retrouve dans l'[[architecture]] locale<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |format=site internet |auteur=Incidence Déco |titre=La maison bretonne, un logement confortable et charmant |url=https://www.incidence-deco.com/la-maison-bretonne-accueillante-et-chaleureuse/,%20https://www.incidence-deco.com/la-maison-bretonne-accueillante-et-chaleureuse/ |site=incidence-deco.com |date=30 Mai 2021 |consulté le=2022-03-15}}.</ref> et les maisons traditionnelles de Bretagne, et des bocages mayennais, vendéens et normands ont été bâties, pour la plupart, en pierre de [[schiste]] et en [[granite]]. Les [[Chaumière|toitures en chaume]] et en roseaux sont présentes de manière diffuse, en [[Normandie]], en [[Bretagne]], notamment dans la [[presqu'île guérandaise]], ainsi que dans le nord-ouest de la [[Vendée (département)|Vendée]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Cartothèque – Patrimathèque {{!}} Carte de France, Cartographie, Carte |url=https://www.pinterest.fr/pin/772367404838493137/ |site=Pinterest |consulté le=2021-08-30}}.</ref>. |
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Au contact de la mer, le massif armoricain forme un littoral découpé<ref name=":4" />, marqué par les falaises ([[Nez de Jobourg]], [[cap Fréhel]], [[pointe de Pen-Hir]], falaises de l'[[île d'Yeu]]), par une succession de cap ([[pointe du Raz]], [[cap de la Hague]], [[pointe du Castelli]], [[pointe de Barfleur]]) et de baies ([[Mont St Michel|Baie du Mont St Michel]], [[golfe du Morbihan]], [[baie de Bourgneuf]]) ainsi que de [[Ria (hydrographie)|rias]], (essentiellement en Bretagne : [[Aber Wrac'h]], [[Aber Ildut]]). |
Au contact de la mer, le massif armoricain forme un littoral découpé<ref name=":4" />, marqué par les falaises ([[Nez de Jobourg]], [[cap Fréhel]], [[pointe de Pen-Hir]], falaises de l'[[île d'Yeu]]), par une succession de cap ([[pointe du Raz]], [[cap de la Hague]], [[pointe du Castelli]], [[pointe de Barfleur]]) et de baies ([[Mont St Michel|Baie du Mont St Michel]], [[golfe du Morbihan]], [[baie de Bourgneuf]]) ainsi que de [[Ria (hydrographie)|rias]], (essentiellement en Bretagne : [[Aber Wrac'h]], [[Aber Ildut]]). |
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=== Climat === |
=== Climat === |
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[[Fichier:France climats carte 2010.png|vignette|L'Armorique connait un [[Climat océanique|climat doux]] et relativement humide.]] |
[[Fichier:France climats carte 2010.png|vignette|L'Armorique connait un [[Climat océanique|climat doux]] et relativement humide.]] |
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Comme le reste de la façade de la [[Manche (mer)|Manche]] et de l’[[Océan Atlantique|Atlantique]] française, cet espace connait un [[climat océanique]]. Les [[Dépression (météorologie)|dépressions]] venant de l’Atlantique y rendent les températures relativement douces mais sont à l’origine d’une [[pluviométrie]] assez forte bien que cette dernière soit sensiblement plus faible dans l’[[Basse-Loire|estuaire de la Loire]] et en [[Vendée (département)|Vendée]]<ref>{{Lien web |titre=Le climat en France métropolitaine {{!}} Météo-France |url=https://meteofrance.com/comprendre-climat/france/le-climat-en-france-metropolitaine |site=meteofrance.com |consulté le=2021-08-29}}</ref>. |
Comme le reste de la façade de la [[Manche (mer)|Manche]] et de l’[[Océan Atlantique|Atlantique]] française, cet espace connait un [[climat océanique]]. Les [[Dépression (météorologie)|dépressions]] venant de l’Atlantique y rendent les températures relativement douces mais sont à l’origine d’une [[pluviométrie]] assez forte bien que cette dernière soit sensiblement plus faible dans l’[[Basse-Loire|estuaire de la Loire]] et en [[Vendée (département)|Vendée]]<ref>{{Lien web |titre=Le climat en France métropolitaine {{!}} Météo-France |url=https://meteofrance.com/comprendre-climat/france/le-climat-en-france-metropolitaine |site=meteofrance.com |consulté le=2021-08-29}}.</ref>. |
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On parle cependant de « climat océanique Nord-Ouest » pour désigner le climat propre à cette partie de l’[[France|hexagone]] car il diffère sensiblement du [[climat océanique]] du [[Grand Sud-Ouest français|sud-Ouest de la France]] (climat océanique aquitain) marqué par des [[hiver]]s plus doux et des [[été]]s plus chauds<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Visiter la Nouvelle-Aquitaine - Climat et Géographie |url=https://www.nouvelle-aquitaine-tourisme.com/fr/infos-pratiques/climat-et-geographie |site=www.nouvelle-aquitaine-tourisme.com |consulté le=2021-08-29}}</ref>. |
On parle cependant de « climat océanique Nord-Ouest » pour désigner le climat propre à cette partie de l’[[France|hexagone]] car il diffère sensiblement du [[climat océanique]] du [[Grand Sud-Ouest français|sud-Ouest de la France]] (climat océanique aquitain) marqué par des [[hiver]]s plus doux et des [[été]]s plus chauds<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Visiter la Nouvelle-Aquitaine - Climat et Géographie |url=https://www.nouvelle-aquitaine-tourisme.com/fr/infos-pratiques/climat-et-geographie |site=www.nouvelle-aquitaine-tourisme.com |consulté le=2021-08-29}}.</ref>. |
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Par ailleurs, du fait de sa situation [[Péninsule|péninsulaire]], l'espace armoricain est largement soumis à de forts [[Vents d'ouest (météorologie)|vents d'ouest]]<ref name=":4" />. Aussi les [[tempêtes]] y sont fréquentes notamment en [[automne]] et au début de l'[[hiver]]. |
Par ailleurs, du fait de sa situation [[Péninsule|péninsulaire]], l'espace armoricain est largement soumis à de forts [[Vents d'ouest (météorologie)|vents d'ouest]]<ref name=":4" />. Aussi les [[tempêtes]] y sont fréquentes notamment en [[automne]] et au début de l'[[hiver]]. |
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La région était peuplée dès le [[Néolithique]]<ref name=":2" /> et entretenait déjà des liens maritimes importants avec les autres péninsules de l'[[Arc atlantique|arc atlantique européen]]. C'est à cette époque que furent construit la plupart des sites mégalithiques, que l'on trouve sur le littoral, tels que les [[alignements de Carnac]] ([[Morbihan]]) |
La région était peuplée dès le [[Néolithique]]<ref name=":2" /> et entretenait déjà des liens maritimes importants avec les autres péninsules de l'[[Arc atlantique|arc atlantique européen]]. C'est à cette époque que furent construit la plupart des sites mégalithiques, que l'on trouve sur le littoral, tels que les [[alignements de Carnac]] ([[Morbihan]]), [[cairn de Barnenez]] ([[Finistère]]), mégalithes du Bernard ([[Vendée (département)|Vendée]]), ou à l'intérieur des terres tels que [[La Hutte aux gabelous]] en [[Mayenne (département)|Mayenne]]. |
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Plus tardivement, la région, alors au cœur des échanges entre les peuples du littoral Atlantique européen, a constitué l'un des centres de la [[culture campaniforme]] puis de la culture l'[[Âge du bronze atlantique|âge du Bronze Atlantique]]. C'est à cette époque que l'Armorique, habité jusqu'alors essentiellement par les descendants des éleveurs qui avaient propagé l'[[agriculture]] depuis le [[Moyen-Orient]], fut progressivement peuplée par des [[Celtes]] venus d'[[Europe centrale|Europe Centrale]]. |
Plus tardivement, la région, alors au cœur des échanges entre les peuples du littoral Atlantique européen, a constitué l'un des centres de la [[culture campaniforme]] puis de la culture l'[[Âge du bronze atlantique|âge du Bronze Atlantique]]. C'est à cette époque que l'Armorique, habité jusqu'alors essentiellement par les descendants des éleveurs qui avaient propagé l'[[agriculture]] depuis le [[Moyen-Orient]], fut progressivement peuplée par des [[Celtes]] venus d'[[Europe centrale|Europe Centrale]]. |
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[[Fichier:Plan des peuples gaulois.svg|thumb|left|Les peuples du nord-ouest de la Gaule.]] |
[[Fichier:Plan des peuples gaulois.svg|thumb|left|Les peuples du nord-ouest de la Gaule.]] |
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Les géographes grecs [[Posidonios]] et [[Strabon]] décrivent les Armoricains comme issus du groupe des Gaulois [[belges]] ayant peut-être été contraints à émigrer en raison de l'invasion de Germains cisrhénans en Gaule Belgique (voir également [[enclos belges ou picards]])<ref>Tacite explique, sous l'effet de migrations germaniques : « Les premiers [Germains] qui passèrent le Rhin et chassèrent les Gaulois, et qui maintenant se nomment [[Tongres (peuple belge)|Tongres]], se nommèrent alors Germains. Ce nom, borné d'abord à une simple tribu, s'étendit peu à peu, et, créé par la victoire pour inspirer plus de crainte, il fut bientôt adopté par la nation tout entière », [[Tacite]], Mœurs des Germains II.</ref>. L'ethnonyme des peuples [[Aulerques]] qui signifierait « au large » ou « au loin » en serait un témoignage. L'exemple des [[Aulerques Éburovices]] et son rapprochement avec le nom des [[Éburons]] suggérerait aussi cette interprétation. Les fouilles archéologiques du [[Sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre|sanctuaire de Ribemont]] montrent qu'effectivement vers -250 une invasion de Germains cisrhénans (''Germani Cisrhenani'') de très grande ampleur a provoqué le refoulement en masse des autochtones [[Belges]]. |
Les géographes grecs [[Posidonios]] et [[Strabon]] décrivent les Armoricains comme issus du groupe des Gaulois [[belges]] ayant peut-être été contraints à émigrer en raison de l'invasion de Germains cisrhénans en [[Gaule Belgique]] (voir également [[enclos belges ou picards]])<ref>Tacite explique, sous l'effet de migrations germaniques : « Les premiers [Germains] qui passèrent le Rhin et chassèrent les Gaulois, et qui maintenant se nomment [[Tongres (peuple belge)|Tongres]], se nommèrent alors Germains. Ce nom, borné d'abord à une simple tribu, s'étendit peu à peu, et, créé par la victoire pour inspirer plus de crainte, il fut bientôt adopté par la nation tout entière », [[Tacite]], Mœurs des Germains II.</ref>. L'ethnonyme des peuples [[Aulerques]] qui signifierait « au large » ou « au loin » en serait un témoignage. L'exemple des [[Aulerques Éburovices]] et son rapprochement avec le nom des [[Éburons]] suggérerait aussi cette interprétation. Les fouilles archéologiques du [[Sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre|sanctuaire de Ribemont]] montrent qu'effectivement vers -250 une invasion de Germains cisrhénans (''Germani Cisrhenani'') de très grande ampleur a provoqué le refoulement en masse des autochtones [[Belges]]. |
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Le terme Armorique désignait pour César, ''Guerre des Gaules'', VII, 75, les territoires de l'Ouest de la Gaule, riverains de l'Océan et de la Manche, occupés par les peuples suivants : |
Le terme Armorique désignait pour César, ''Guerre des Gaules'', VII, 75, les territoires de l'Ouest de la Gaule, riverains de l'Océan et de la Manche, occupés par les peuples suivants : |
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* les ''[[Osismes]]'' (région de [[Carhaix-Plouguer]]) |
* les ''[[Osismes]]'' (région de [[Carhaix-Plouguer]]) |
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* les ''[[Riedones]]'' (région de [[Redon]] et [[Rennes]]) |
* les ''[[Riedones]]'' (région de [[Redon]] et [[Rennes]]) |
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* les ''[[Ambibarii]] ''(peut-être les ''[[Abrincates]]'' (région d'[[Avranches]]) ou les ''[[Ambilatres]]'' ([[Vendée (département)|Vendée]]) |
* les ''[[Ambibarii]] ''(peut-être les ''[[Abrincates]]'' (région d'[[Avranches]]) ou les ''[[Ambilatres]]'' ([[Vendée (département)|Vendée]]) ou les [[Ambiens]] (vallée de la Somme) |
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* les ''[[Caletes]]'' (région du [[pays de Caux]]) |
* les ''[[Caletes]]'' (région du [[pays de Caux]]) |
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* les ''[[Lexovii|Lexoviens]]'' (région de [[Lisieux]]) |
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* les ''[[Unelles]]'' (région de [[Coutances]] et du [[Cotentin]])<ref name="q">Vinceslas Kruta, ''Les Celtes, Histoire et dictionnaire'', Paris, Robert Laffont, 2000, {{Ve}} Armorique, page 427.</ref>. |
* les ''[[Unelles]]'' (région de [[Coutances]] et du [[Cotentin]])<ref name="q">Vinceslas Kruta, ''Les Celtes, Histoire et dictionnaire'', Paris, Robert Laffont, 2000, {{Ve}} Armorique, page 427.</ref>. |
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Il ne mentionne pas dans sa liste les ''[[Vénètes]]'' (région de [[Vannes]]) et les ''[[Namnètes]]'' (région de [[Nantes]]), peuples qu'il connaît pourtant bien<ref name="q" /> Les [[Ambilatres|Ambiliates]] et [[Anagnutes]], qui peuplaient probablement la partie du [[massif armoricain]] située au sud de la [[Loire]] ([[Vendée (département)|Vendée]], [[Mauges]], [[Pays de Retz]]) entretenaient certainement des relations avec les [[Vénètes (Gaule)|Vénètes]], avant que leurs territoires ne soient rattachés à celui de leurs puissants voisins [[Pictons]], après la conquête romaine<ref>{{Article |prénom1=Jean |nom1=Hiernard |titre=La question de Corbïlo |périodique=Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France |volume=1983 |numéro=1 |date=1985 |issn=0081-1181 |doi=10.3406/bsnaf.1985.9005 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3406/bsnaf.1985.9005 |consulté le=2021-08-30 |pages=175–187 }}</ref>. Il s'ensuit que l'Armorique de César ne recouvre pas seulement le futur duché de Bretagne, puisqu'il englobe le Cotentin, l’Avranchin, le Lieuvin et le pays de Caux, tous situés dans l’actuelle Normandie. Les ''[[Viducasses]]'' (région de [[Vire]]) et les ''[[Baïocasses]]'' (région de [[Bayeux]]) ne sont pas mentionnés par César. Ils n'apparaissent dans les textes qu'après la conquête romaine. |
Il ne mentionne pas dans sa liste les ''[[Vénètes]]'' (région de [[Vannes]]) et les ''[[Namnètes]]'' (région de [[Nantes]]), peuples qu'il connaît pourtant bien<ref name="q" />. Les [[Ambilatres|Ambiliates]] et [[Anagnutes]], qui peuplaient probablement la partie du [[massif armoricain]] située au sud de la [[Loire]] ([[Vendée (département)|Vendée]], [[Mauges]], [[Pays de Retz]]) entretenaient certainement des relations avec les [[Vénètes (Gaule)|Vénètes]], avant que leurs territoires ne soient rattachés à celui de leurs puissants voisins [[Pictons]], après la conquête romaine<ref>{{Article |prénom1=Jean |nom1=Hiernard |titre=La question de Corbïlo |périodique=Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France |volume=1983 |numéro=1 |date=1985 |issn=0081-1181 |doi=10.3406/bsnaf.1985.9005 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3406/bsnaf.1985.9005 |consulté le=2021-08-30 |pages=175–187 }}</ref>. Il s'ensuit que l'Armorique de César ne recouvre pas seulement le futur [[duché de Bretagne]], puisqu'il englobe le Cotentin, l’Avranchin, le Lieuvin et le pays de Caux, tous situés dans l’actuelle Normandie. Les ''[[Viducasses]]'' (région de [[Vire]]) et les ''[[Baïocasses]]'' (région de [[Bayeux]]) ne sont pas mentionnés par César. Ils n'apparaissent dans les textes qu'après la conquête romaine. |
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À l'ouest, les [[Osismes]] (celtique ''Osismii''), que le navigateur grec [[Pythéas]] connaît sous le nom d{{'}}''Ostimioi'', et dont le nom signifie « les plus hauts » ou « ceux du bout du monde ». |
À l'ouest, les [[Osismes]] (celtique ''Osismii''), que le navigateur grec [[Pythéas]] connaît sous le nom d{{'}}''Ostimioi'', et dont le nom signifie « les plus hauts » ou « ceux du bout du monde ». |
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Dans la période précédant la conquête romaine, les [[Lexoviens]] étaient gouvernés comme les Vénètes par un Sénat. |
Dans la période précédant la conquête romaine, les [[Lexoviens]] étaient gouvernés comme les Vénètes par un Sénat. |
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Au nord et à l’est de l'actuelle [[Bretagne]] se trouvaient les [[Coriosolites]], « ''Coriosolitae'' » en latin. Leur nom comporte l’élément corio- « armée ». Ils résidaient dans l'est des actuelles [[Côtes-d'Armor]] et donnèrent leur nom à la ville de [[Corseul]]. Leur capitale fut [[ |
Au nord et à l’est de l'actuelle [[Bretagne]] se trouvaient les [[Coriosolites]], « ''Coriosolitae'' » en latin. Leur nom comporte l’élément corio- « armée ». Ils résidaient dans l'est des actuelles [[Côtes-d'Armor]] et donnèrent leur nom à la ville de [[Corseul]]. Leur capitale fut [[Aleth]] puis Corseul (''Fanum Martis'' en latin). Les [[Riedones]] qui demeuraient dans une partie de l'actuel [[Ille-et-Vilaine]] donnèrent leur nom à la ville de [[Rennes]]. |
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Les [[Bajocasses]] ou Bodiocassi avaient pour capitale Augustodurum ([[Bayeux]]) et les [[Abrincates]], nommés en [[Langues celtiques|celtique]] ''Abrincatui'' ou ''Ambivariti'' par [[Pline l'Ancien]]) qui ont donné leur nom à [[Avranches]], qu'ils sont supposés avoir bâtie. Au {{-s|IX|e}}, ils occupent cette ville prospère de l'époque, qui, à la suite de la conquête romaine, va changer de statut et se développer. Dans l’actuel Cotentin, il y avait les [[Unelles]], dont le chef-lieu était ''Cosedia'' (aujourd'hui [[Coutances]]). Les [[Lexoviens]] (en celtique [[Lexovii]] ou Lixovii) étaient établis au sud de l'embouchure de la [[Seine]], le long de la côte du pays d’Auge actuel. Ils donnèrent leur nom à [[Lisieux]] devenue cité romaine sous son nom gaulois de ''Noviomagus'' (« le nouveau marché ») et au [[Lieuvin]]. Encore aujourd'hui, on nomme les habitants de [[Lisieux]], les Lexoviens. On trouve aussi les [[Ésuviens|Esuvii]] ([[Exmes]]), les [[Viducasses]] ([[Vieux-la-Romaine]] au sud-ouest de Caen), les [[Calètes]], [[pays de Caux]], dont la capitale est fondée à [[Lillebonne]] à l'époque romaine (du [[Langues celtiques|celtique]] ''Caleti'' = {{Citation|les durs}}, {{Citation|les vaillants}}<ref>Gallois : ''caled'', vieil-irlandais : ''calath'', {{Citation|héroïque}}, breton : ''kalet''</ref>), les ''Andecavi'', ([[Anjou]]), les ''[[Aulerques Diablintes|Diablintes]]'', sur le [[Comté du Maine|Maine]] oriental avec [[Jublains]] en [[Mayenne (département)|Mayenne]], les ''[[Cénomans|Cenomanni]]'' avec [[Le Mans]], les ''Aulerci Eburovices'' avec [[Évreux]], les [[Véliocasses]] avec [[Rouen]], les [[Arves]] dans la [[Sarthe (département)|Sarthe]] et [[Argentan]]. |
Les [[Bajocasses]] ou Bodiocassi avaient pour capitale Augustodurum ([[Bayeux]]) et les [[Abrincates]], nommés en [[Langues celtiques|celtique]] ''Abrincatui'' ou ''Ambivariti'' par [[Pline l'Ancien]]) qui ont donné leur nom à [[Avranches]], qu'ils sont supposés avoir bâtie. Au {{-s|IX|e}}, ils occupent cette ville prospère de l'époque, qui, à la suite de la conquête romaine, va changer de statut et se développer. Dans l’actuel Cotentin, il y avait les [[Unelles]], dont le chef-lieu était ''Cosedia'' (aujourd'hui [[Coutances]]). Les [[Lexoviens]] (en celtique [[Lexovii]] ou Lixovii) étaient établis au sud de l'embouchure de la [[Seine]], le long de la côte du pays d’Auge actuel. Ils donnèrent leur nom à [[Lisieux]] devenue cité romaine sous son nom gaulois de ''Noviomagus'' (« le nouveau marché ») et au [[Lieuvin]]. Encore aujourd'hui, on nomme les habitants de [[Lisieux]], les Lexoviens. On trouve aussi les [[Ésuviens|Esuvii]] ([[Exmes]]), les [[Viducasses]] ([[Vieux-la-Romaine]] au sud-ouest de Caen), les [[Calètes]], [[pays de Caux]], dont la capitale est fondée à [[Lillebonne]] à l'époque romaine (du [[Langues celtiques|celtique]] ''Caleti'' = {{Citation|les durs}}, {{Citation|les vaillants}}<ref>Gallois : ''caled'', vieil-irlandais : ''calath'', {{Citation|héroïque}}, breton : ''kalet''</ref>), les ''Andecavi'', ([[Anjou]]), les ''[[Aulerques Diablintes|Diablintes]]'', sur le [[Comté du Maine|Maine]] oriental avec [[Jublains]] en [[Mayenne (département)|Mayenne]], les ''[[Cénomans|Cenomanni]]'' avec [[Le Mans]], les ''Aulerci Eburovices'' avec [[Évreux]], les [[Véliocasses]] avec [[Rouen]], les [[Arves]] dans la [[Sarthe (département)|Sarthe]] et [[Argentan]]. |
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Les prétextes d'intervention furent tout trouvés quand des [[peuples gaulois]], alliés des [[Romains]], les [[Séquanes]] et les [[Éduens]], demandèrent aux Romains, en toute inconscience du danger, de bien vouloir intervenir pour s'opposer à l'arrivée massive du peuple des [[Helvètes]] qui venaient de quitter leur territoire au nombre de {{formatnum:368000}} avec toutes leurs familles au complet à la suite du vote d'une loi pour leur départ et après avoir incendié et détruit tous leurs biens en Helvétie afin de rendre ce départ définitif. Les Helvètes souhaitaient échapper ainsi à une invasion de leur territoire par les Germains, sans doute déjà, les Germains d'[[Arioviste]]. Les [[Romains]] attaquèrent les [[Helvètes]] et les massacrèrent sur les bords de la [[Saône (rivière)|Saône]]. Les rescapés retournèrent en [[Gaule|Helvétie]]. |
Les prétextes d'intervention furent tout trouvés quand des [[peuples gaulois]], alliés des [[Romains]], les [[Séquanes]] et les [[Éduens]], demandèrent aux Romains, en toute inconscience du danger, de bien vouloir intervenir pour s'opposer à l'arrivée massive du peuple des [[Helvètes]] qui venaient de quitter leur territoire au nombre de {{formatnum:368000}} avec toutes leurs familles au complet à la suite du vote d'une loi pour leur départ et après avoir incendié et détruit tous leurs biens en Helvétie afin de rendre ce départ définitif. Les Helvètes souhaitaient échapper ainsi à une invasion de leur territoire par les Germains, sans doute déjà, les Germains d'[[Arioviste]]. Les [[Romains]] attaquèrent les [[Helvètes]] et les massacrèrent sur les bords de la [[Saône (rivière)|Saône]]. Les rescapés retournèrent en [[Gaule|Helvétie]]. |
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Un peu plus tard, en [[58 av. J.-C.]], le Conseil des [[Gaules]], qui regroupait les plus grands chefs des [[tribus gauloises]] demanda à César d'intervenir contre [[Arioviste]] et ses troupes de [[Germains]] qui s'étaient installés chez les [[Séquanes]] et menaçaient de faire de même chez les Éduens. Les légions romaines de César écrasèrent les [[Germains]] d'[[Arioviste]] près du [[Rhin]] et passèrent l'hiver chez les [[Séquanes]] Jusque-là, [[Jules César|César]] se comportait en protecteur de la [[Gaule]] contre des peuples qui l'agressaient. Tout allait bien dans le meilleur des mondes celtiques et les peuples gaulois amis des Romains n'avaient qu'à se féliciter de l'efficacité d'un protecteur aussi puissant{{Référence nécessaire|date=6 février 2018}}. |
Un peu plus tard, en [[58 av. J.-C.]], le Conseil des [[Gaules]], qui regroupait les plus grands chefs des [[Gaulois (peuples)|tribus gauloises]] demanda à César d'intervenir contre [[Arioviste]] et ses troupes de [[Germains]] qui s'étaient installés chez les [[Séquanes]] et menaçaient de faire de même chez les Éduens. Les légions romaines de César écrasèrent les [[Germains]] d'[[Arioviste]] près du [[Rhin]] et passèrent l'hiver chez les [[Séquanes]] Jusque-là, [[Jules César|César]] se comportait en protecteur de la [[Gaule]] contre des peuples qui l'agressaient. Tout allait bien dans le meilleur des mondes celtiques et les peuples gaulois amis des Romains n'avaient qu'à se féliciter de l'efficacité d'un protecteur aussi puissant{{Référence nécessaire|date=6 février 2018}}. |
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Mais en [[-57]], [[Jules César|César]] changea complètement son attitude de défenseur de la Gaule contre les attaques des [[Germains]] : il lança soudainement une campagne contre la puissante Confédération des peuples [[belges]] puis contre la Confédération des peuples armoricains. C'en était fait de l'indépendance gauloise. La guerre de conquête de la [[Gaule]] avait commencé et fut menée à son terme jusqu'à l'[[domination|asservissement]] de la [[Gaule]] tout entière |
Mais en [[-57]], [[Jules César|César]] changea complètement son attitude de défenseur de la Gaule contre les attaques des [[Germains]] : il lança soudainement une campagne contre la puissante Confédération des peuples [[belges]] puis contre la Confédération des peuples armoricains. C'en était fait de l'indépendance gauloise. La guerre de conquête de la [[Gaule]] avait commencé et fut menée à son terme jusqu'à l'[[domination|asservissement]] de la [[Gaule]] tout entière. |
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Jules César profitera des divisions entre Gaulois et de la complicité des [[peuples gaulois]] pro-romains qui lui fournissent des ressources, les Rémes, contre les autres Belges, les Pictons et Santons :{{Citation bloc|Les [[Pictons]] étaient hostiles aux [[Vénètes]] comme on peut le déduire de leur liaison avec le Proconsul [[Jules César|Julius Caesar]] dès sa première campagne<ref>César, [[Guerre des Gaules]], VIII, 26</ref> et des navires construits ou fournis aux Romains par eux, par les [[Santons]] et d'autres [[peuples gaulois]] pour leur faciliter la ruine des Vénètes.|César, ''Guerre des Gaules'', III, 11.}} |
Jules César profitera des divisions entre Gaulois et de la complicité des [[peuples gaulois]] pro-romains qui lui fournissent des ressources, les Rémes, contre les autres Belges, les Pictons et Santons :{{Citation bloc|Les [[Pictons]] étaient hostiles aux [[Vénètes]] comme on peut le déduire de leur liaison avec le Proconsul [[Jules César|Julius Caesar]] dès sa première campagne<ref>César, [[Guerre des Gaules]], VIII, 26</ref> et des navires construits ou fournis aux Romains par eux, par les [[Santons]] et d'autres [[peuples gaulois]] pour leur faciliter la ruine des Vénètes.|César, ''Guerre des Gaules'', III, 11.}} |
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En Armorique, en [[56 av. J.-C.]], les navires de [[Jules César]] fournis par d'autres peuples gaulois détruisent la flotte [[Vénètes|vénète]] au cours de la [[Guerre des Vénètes|bataille du Morbihan]]. Jules César rapporte qu'après la bataille, le « sénat » de ce peuple est mis à mort et le reste vendu à l'[[encan]]. [[De Bello Gallico]] de [[Jules César]] est à lire avec précaution car c'est |
En Armorique, en [[56 av. J.-C.]], les navires de [[Jules César]] fournis par d'autres peuples gaulois détruisent la flotte [[Vénètes|vénète]] au cours de la [[Guerre des Vénètes|bataille du Morbihan]]. Jules César rapporte qu'après la bataille, le « sénat » de ce peuple est mis à mort et le reste vendu à l'[[encan]]. [[De Bello Gallico]] de [[Jules César]] est à lire avec précaution car c'est un texte de prestige et, bien que son témoignage soit précieux et irremplaçable, il s'y met en valeur pour montrer son influence de chef militaire sur le destin des peuples vaincus. |
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Les [[Romains]] donnèrent le nom d'Armorique à un grand commandement militaire « [[Tractus Armoricanus et Nervicanus|Tractus Armoricanus]] » embrassant un groupe considérables de peuples qui tous paraissent avoir été jadis membres de la Confédération Armoricaine. [[Jules César|Julius Caésar]] s'exprime ainsi : |
Les [[Romains]] donnèrent le nom d'Armorique à un grand commandement militaire « [[Tractus Armoricanus et Nervicanus|Tractus Armoricanus]] » embrassant un groupe considérables de peuples qui tous paraissent avoir été jadis membres de la Confédération Armoricaine. [[Jules César|Julius Caésar]] s'exprime ainsi : |
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La conquête ne modifia donc pas fondamentalement les structures de la société et le latin ne pénétra pas ailleurs que dans les villes, où se concentrait la faible population allogène. Lors de l'évangélisation de la région, les rusticani (habitants des campagnes) étaient encore très fortement attachés à leur culture ancestrale, malgré une indiscutable évolution technique liée à la romanisation, et ils constituèrent une grande partie de l'opposition à l'Église. |
La conquête ne modifia donc pas fondamentalement les structures de la société et le latin ne pénétra pas ailleurs que dans les villes, où se concentrait la faible population allogène. Lors de l'évangélisation de la région, les rusticani (habitants des campagnes) étaient encore très fortement attachés à leur culture ancestrale, malgré une indiscutable évolution technique liée à la romanisation, et ils constituèrent une grande partie de l'opposition à l'Église. |
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Après l'appel de légionnaires bretons (insulaires) par les [[Romains]] chargés de défendre la péninsule contre les pirates germaniques, puis après l'immigration de [[Bretons insulaires|Bretons]] fuyant les attaques et les tentatives de colonisation des Irlandais sur l'ouest de l'île de Bretagne, |
Après l'appel de légionnaires bretons (insulaires) par les [[Romains]] chargés de défendre la péninsule contre les pirates germaniques, puis après l'immigration de [[Bretons insulaires|Bretons]] fuyant les attaques et les tentatives de colonisation des Irlandais sur l'ouest de l'île de Bretagne, la partie occidentale de l'Armorique fut appelée Petite Bretagne (''Britannia minor'') puis simplement [[Bretagne]]. |
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== Haut Moyen Âge == |
== Haut Moyen Âge == |
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À l'époque de sa christianisation, l'Armorique venait d'être ravagée par les invasions barbares, notamment celles des [[Alains]] et des pirates venus de la [[Mer du Nord]]. Les côtes étaient désertes, et les habitants qui avaient survécu aux massacres se cachaient dans les grottes et les forêts. Le [[druide|culte druidique]]<ref>Le culte druidique ne semble s'être implanté en Gaule que trois siècles avant l'[[ère chrétienne]]. </ref> et même les religions antérieures des [[Celtes]] (qui divinisaient les astres, les eaux, le feu, les pierres, les arbres{{etc.}}) avaient persisté dans les campagnes, les dieux de Rome n'ayant été adoptés qu'officiellement, et surtout dans les villes<ref>[[Paul-Yves Sébillot]], "La Bretagne et ses traditions", éditions Maisonneuve et Larose, {{2e}} édition, 1997, {{isbn|2-908670-46-1}}</ref>. |
À l'époque de sa christianisation, l'Armorique venait d'être ravagée par les invasions barbares, notamment celles des [[Alains]] et des pirates venus de la [[Mer du Nord]]. Les côtes étaient désertes, et les habitants qui avaient survécu aux massacres se cachaient dans les grottes et les forêts. Le [[druide|culte druidique]]<ref>Le culte druidique ne semble s'être implanté en Gaule que trois siècles avant l'[[ère chrétienne]]. </ref> et même les religions antérieures des [[Celtes]] (qui divinisaient les astres, les eaux, le feu, les pierres, les arbres{{etc.}}) avaient persisté dans les campagnes, les dieux de Rome n'ayant été adoptés qu'officiellement, et surtout dans les villes<ref>[[Paul-Yves Sébillot]], "La Bretagne et ses traditions", éditions Maisonneuve et Larose, {{2e}} édition, 1997, {{isbn|2-908670-46-1}}</ref>. |
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[[Fichier:Carte Boulard.png|vignette|Carte [[Fernand Boulard|Boulard]] qui date de 1947 fait apparaître en noir les « paroisses chrétiennes ». Le Massif armoricain constitue une région de déchristianisation tardive.]] |
[[Fichier:Carte Boulard.png|vignette|Carte [[Fernand Boulard|Boulard]] qui date de 1947 fait apparaître en noir les « paroisses chrétiennes ». Le Massif armoricain constitue une région de déchristianisation tardive.]] |
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« La première christianisation de l'Armorique s’est faite de deux façons. Elle a commencé au {{s-|IV|e}} par le sud-est (…) en transitant notamment par Lyon, puis Tours (…) ; dans les diocèses de [[diocèse de Nantes|Nantes]] et [[diocèse de Rennes|Rennes]], il y a 84 églises dédiées à [[Martin de Tours|saint Martin]], contre 7 plus à l'ouest. Elle ne s'était pas encore imposée en Armorique occidentale, éloignée et peu urbanisée, quand sont arrivés de Grande-Bretagne, du {{s-|IV|e}} au {{s-|VII|e}}, des Bretons déjà christianisés et encadrés par des moines<ref>Ces Bretons venaient principalement du [[Devon (comté)|Devon]] et de [[Cornouailles]], où vivaient des peuples nommés ''Dumnonii'' et ''Cornovii'', qui ont donné leur nom à la Bretagne du nord ([[Domnonée]]) et du sud-ouest ([[Cornouaille]])</ref>. Ces Bretons sont venus en colonisateurs missionnaires, par petits groupes sous la conduite de chefs socio-religieux (...). Ce qui caractérise le pays breton (surtout sa partie occidentale), c’est le grand nombre de [[moine]]s et d’[[ermite]]s<ref>Ces ermites et moines vivent en des endroits nommés ''[[lan (breton)|lan]]'' : il y en a 260 en [[Pays de Léon|Léon]] et 207 en Cornouaille finistérienne</ref> (…). L’opinion révère ces moines fondateurs, modèles de piété (…). On ne sait pas grand-chose sur eux. Mais tous ne furent pas évêques. (…) Les communautés paroissiales étaient presque partout assez dépendantes des évêques (…) ; elles avaient, aussi bien que les évêchés, leurs saints fondateurs, notamment celles dont le nom commence par ''Gui'' ou par ''[[Plou]]'' (…). Les premiers chrétiens se disaient « saints » pour se distinguer des païens et signifier qu’ils étaient consacrés à Dieu »<ref>[[Jean Rohou]], ''Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne)'', éditions Dialogues, Brest, 2012, {{ISBN|978-2-918135-37-1}}</ref> |
« La première christianisation de l'Armorique s’est faite de deux façons. Elle a commencé au {{s-|IV|e}} par le sud-est (…) en transitant notamment par Lyon, puis Tours (…) ; dans les diocèses de [[diocèse de Nantes|Nantes]] et [[diocèse de Rennes|Rennes]], il y a 84 églises dédiées à [[Martin de Tours|saint Martin]], contre 7 plus à l'ouest. Elle ne s'était pas encore imposée en Armorique occidentale, éloignée et peu urbanisée, quand sont arrivés de Grande-Bretagne, du {{s-|IV|e}} au {{s-|VII|e}}, des Bretons déjà christianisés et encadrés par des moines<ref>Ces Bretons venaient principalement du [[Devon (comté)|Devon]] et de [[Cornouailles]], où vivaient des peuples nommés ''Dumnonii'' et ''Cornovii'', qui ont donné leur nom à la Bretagne du nord ([[Domnonée]]) et du sud-ouest ([[Cornouaille]])</ref>. Ces Bretons sont venus en colonisateurs missionnaires, par petits groupes sous la conduite de chefs socio-religieux (...). Ce qui caractérise le pays breton (surtout sa partie occidentale), c’est le grand nombre de [[moine]]s et d’[[ermite]]s<ref>Ces ermites et moines vivent en des endroits nommés ''[[lan (breton)|lan]]'' : il y en a 260 en [[Pays de Léon|Léon]] et 207 en Cornouaille finistérienne</ref> (…). L’opinion révère ces moines fondateurs, modèles de piété (…). On ne sait pas grand-chose sur eux. Mais tous ne furent pas évêques. (…) Les communautés paroissiales étaient presque partout assez dépendantes des évêques (…) ; elles avaient, aussi bien que les évêchés, leurs saints fondateurs, notamment celles dont le nom commence par ''Gui'' ou par ''[[Plou-|Plou]]'' (…). Les premiers chrétiens se disaient « saints » pour se distinguer des païens et signifier qu’ils étaient consacrés à Dieu »<ref>[[Jean Rohou]], ''Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne)'', éditions Dialogues, Brest, 2012, {{ISBN|978-2-918135-37-1}}</ref> |
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Cette arrivée massive en Armorique de [[Prêtre|prêtres]] et de [[Moine|moines]] fuyant la [[Grande-Bretagne]] et le [[Pays de Galles]], où ils étaient persécutés, a permis à la [[Bretagne]] de bénéficier d'une forte densité de [[Clergé|clercs]] par rapport à sa population, et d'une relative indépendance religieuse<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=David |nom=Peyrat |titre=Histoire de la Bretagne, une terre de "résistance" |url=https://www.geo.fr/histoire/la-bretagne-a-toujours-su-resister-198575 |site=Geo.fr |date=2019-11-12 |consulté le=2021-09-03}}</ref>. En Bretagne, au cours de l’histoire, la religion s’est intiment liée à l'identité locale au travers de pratiques mêlant foi et culture telles que [[Pardon (cérémonie)|les pardons]] <ref name=":3">{{Lien web |langue=fr |titre="Il était une foi…" Quand les catholiques bretons résistaient aux protestants |url=https://fr.aleteia.org/2016/04/15/il-etait-une-foi-quand-les-catholiques-bretons-resistaient-aux-protestants/ |site=Aleteia |date=2016-04-15 |consulté le=2021-09-03}}</ref>. Cette caractéristique contribua à faire de ce territoire une région de résistance à la [[réforme protestante]]<ref name=":3" />. Dès le début du {{s-|XVII}}, un regain du catholicisme s'y développa, porté par des évangélisateurs locaux ([[Michel Le Nobletz]], [[Julien Maunoir]])<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Michel Le Nobletz. Un prêtre avant-gardiste |url=https://www.letelegramme.fr/histoire/michel-le-nobletz-un-pretre-avant-gardiste-michel-le-nobletz-un-pretre-avant-gardiste-04-01-2019-12174988.php |site=Le Telegramme |date=2019-01-06 |consulté le=2021-09-03}}</ref> ainsi que par l’art religieux<ref name=":3" />. |
Cette arrivée massive en Armorique de [[Prêtre|prêtres]] et de [[Moine|moines]] fuyant la [[Grande-Bretagne]] et le [[Pays de Galles]], où ils étaient persécutés, a permis à la [[Bretagne]] de bénéficier d'une forte densité de [[Clergé|clercs]] par rapport à sa population, et d'une relative indépendance religieuse<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=David |nom=Peyrat |titre=Histoire de la Bretagne, une terre de "résistance" |url=https://www.geo.fr/histoire/la-bretagne-a-toujours-su-resister-198575 |site=Geo.fr |date=2019-11-12 |consulté le=2021-09-03}}.</ref>. En Bretagne, au cours de l’histoire, la religion s’est intiment liée à l'identité locale au travers de pratiques mêlant foi et culture telles que [[Pardon (cérémonie)|les pardons]] <ref name=":3">{{Lien web |langue=fr |titre="Il était une foi…" Quand les catholiques bretons résistaient aux protestants |url=https://fr.aleteia.org/2016/04/15/il-etait-une-foi-quand-les-catholiques-bretons-resistaient-aux-protestants/ |site=Aleteia |date=2016-04-15 |consulté le=2021-09-03}}.</ref>. Cette caractéristique contribua à faire de ce territoire une région de résistance à la [[réforme protestante]]<ref name=":3" />. Dès le début du {{s-|XVII}}, un regain du catholicisme s'y développa, porté par des évangélisateurs locaux ([[Michel Le Nobletz]], [[Julien Maunoir]])<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Michel Le Nobletz. Un prêtre avant-gardiste |url=https://www.letelegramme.fr/histoire/michel-le-nobletz-un-pretre-avant-gardiste-michel-le-nobletz-un-pretre-avant-gardiste-04-01-2019-12174988.php |site=Le Telegramme |date=2019-01-06 |consulté le=2021-09-03}}.</ref> ainsi que par l’art religieux<ref name=":3" />. |
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Ce regain catholique s'est ensuite diffusé hors de Bretagne, dans les régions voisines de l’Ouest Français ([[Anjou]], [[Cotentin]] et [[Bas-Poitou]]) lors de [[Mission (christianisme)|missions]] menées dans le contexte de la [[Contre-Réforme]] notamment par le père breton [[Louis-Marie Grignion de Montfort|Louis-Marie Grignon de Monfort]]. |
Ce regain catholique s'est ensuite diffusé hors de Bretagne, dans les régions voisines de l’Ouest Français ([[Anjou]], [[Cotentin]] et [[Bas-Poitou]]) lors de [[Mission (christianisme)|missions]] menées dans le contexte de la [[Contre-Réforme]] notamment par le père breton [[Louis-Marie Grignion de Montfort|Louis-Marie Grignon de Monfort]]. |
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=== La migration des Britons === |
=== La migration des Britons === |
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C'est aux environs de l'an 400 que commença l'émigration de certains habitants de l'[[Grande-Bretagne|île de Bretagne]] vers l'Armorique. Contraints par l'invasion croissante de leur île par les [[Angles (peuple)|Angles]] et les [[Saxons]], certains traversèrent la [[Manche (mer)|Manche]] à bord de ''[[currach]]s'', mettant le cap sur la péninsule armoricaine, dont l'accès leur était familier depuis des générations. « Derrière ces fugitifs, d'autres affluèrent, puis d'autres, conduits tantôt par des guerriers, tantôt par des moines [les [[saints bretons]]] . L'exode dura près de deux siècles, [concernant aussi l'île d'[[Irlande (île)|Irlande]]]. Quand il se termina, l'Armorique avait cessé d'être et une seconde Bretagne, la Bretagne continentale, parlons mieux, la Bretagne tout court, était née »<ref>{{Ouvrage |langue= |auteur1= [[Anatole Le Braz]] |titre= La Bretagne |sous-titre= |lieu= Paris |éditeur= Laurens |collection= |année= 1925 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>. |
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{{Article détaillé|Émigration bretonne en Armorique}} |
{{Article détaillé|Émigration bretonne en Armorique}} |
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[[Fichier:Britonia6hcentury.png|thumb|200px|Établissements bretons au {{s-|VI|e}}.]] |
[[Fichier:Britonia6hcentury.png|thumb|200px|Établissements bretons au {{s-|VI|e}}. N.B. : la présence d’un établissement breton ou briton en Galice est peu documentée, seul l’évêque Mailloc porte un nom celtique et on ne relève aucune trace archéologique et linguistique d’une présence brittonique.]] |
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[[Léon Fleuriot]] a émis l'hypothèse que l'[[Émigration bretonne en Armorique|émigration bretonne]] en provenance des [[îles Britanniques]] ait pu avoir lieu également sur tout le territoire correspondant à l'actuelle Normandie, notamment dans le [[Cotentin]] et le département du [[Calvados (département)|Calvados]] {{incise|particulièrement dans la région autour de [[Caen]]|oui}}. Cependant, cette théorie n'est pas reprise depuis par les spécialistes et aucun élément archéologique ou linguistique n'est venu confirmer ses affirmations. Les liens du territoire qui devint plus tard la [[Normandie]] avec l’île de Bretagne avaient toujours été des plus étroits<ref>[[Camille Jullian]] Hist. de la [[Gaule]]</ref>. |
[[Léon Fleuriot]] a émis l'hypothèse que l'[[Émigration bretonne en Armorique|émigration bretonne]] en provenance des [[îles Britanniques]] ait pu avoir lieu également sur tout le territoire correspondant à l'actuelle Normandie, notamment dans le [[Cotentin]] et le département du [[Calvados (département)|Calvados]] {{incise|particulièrement dans la région autour de [[Caen]]|oui}}. Cependant, cette théorie n'est pas reprise depuis par les spécialistes et aucun élément archéologique ou linguistique n'est venu confirmer ses affirmations. Les liens du territoire qui devint plus tard la [[Normandie]] avec l’île de Bretagne avaient toujours été des plus étroits<ref>[[Camille Jullian]] Hist. de la [[Gaule]]</ref>. |
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=== Installation des Normands === |
=== Installation des Normands === |
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{{Article détaillé|Colonisation de la Normandie}} |
{{Article détaillé|Colonisation de la Normandie}} |
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À partir de la fin du {{sp-|VIII|, et au|IX}}, les |
À partir de la fin du {{sp-|VIII|, et au|IX}}, les [[Vikings]] mènent des raids sur l’ensemble des côtes armoricaines et remontent les fleuves vers l’intérieur des terres. Puis ils colonisent les régions de la [[Seine|basse Seine]], du [[pays de Caux]], de la [[Côte Fleurie|côte fleurie]] et du [[Cotentin]]. Ce territoire prit plus tard le nom de « [[Normandie]] »<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Isabelle |nom=Bernier |titre=L'histoire des Vikings et leur épopée |url=https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/histoire-histoire-vikings-leur-epopee-13777/ |site=Futura |consulté le=2021-08-30}}.</ref>. |
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=== Langues === |
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À la fin du {{s-|XII|e}}, l'historien [[cambro-normand]] [[Giraud de Barri]] écrit dans sa ''Description du Pays de Galles'' que « les habitants de la [[Cornouailles]] et les Armoricains, à savoir ceux habitants la partie occidentale de l’actuelle Bretagne, parlent une langue semblable à celle des [[Bretons insulaires|Bretons (insulaires)]] ; et, en raison de son origine et de sa ressemblance, elle est intelligible avec le [[gallois]] dans de nombreux cas... »<ref>{{en}} [https://www.gutenberg.org/files/1092/1092-h/1092-h.htm#page163 ''The Description of Wales''], VI, sur ''gutenberg.org''</ref>. |
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== Époque contemporaine == |
== Époque contemporaine == |
Dernière version du 14 septembre 2024 à 06:46
Armorique | |
Carte de l'Armorique. | |
Localisation | |
---|---|
Pays | France |
Régions | Bretagne, Cotentin, Pays de la Loire |
Coordonnées | 48° 10′ nord, 1° 00′ ouest |
Océan, Mer | Atlantique, Manche |
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Armorique est un nom propre d'origine gauloise, qui désigne depuis l'Antiquité classique le territoire situé entre la Loire et la Seine[1] ou entre les estuaires de la Gironde et de la Seine[2]. Selon certains auteurs, ce territoire s'étendait même depuis l'estuaire de la Gironde jusqu'à celui de l'Escaut[3]. Cet espace forme une péninsule entre la Manche et le golfe de Gascogne, à l’ouest du continent européen. L'Armorique est souvent confondue avec la Bretagne, qui ne constitue pourtant qu'une partie du territoire armoricain[2].
Les traces de présence humaine en Armorique sont régulières depuis le paléolithique inférieur (notamment avec l'exemple des feux entretenus parmi les plus anciens au monde -vieux de 465 000 ans- sur le site archéologique de Menez Dregan[4] à Plouhinec en Finistère). L'occupation humaine s'est poursuivie durant le mésolithique (le site archéologique de l'île de Téviec[5] à l'ouest de la presqu'île de Quiberon en est l'un des témoignages) et sans discontinuité jusqu'au néolithique. Durant cette dernière période, les populations sont qualifiées de préceltiques. La péninsule armoricaine est probablement l’un des berceau du mégalithisme en Europe[6]. Les auteurs de la fin de la République et du début de l'Empire romain la présentent comme peuplée par sept tribus gauloises dont Jules César donne la liste. Les Armoricains pourraient avoir constitué une confédération de peuples rivale de celle des Vénètes.
Après la conquête, l'Empire romain n'a pas repris cette division dans son découpage provincial (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine) de la Gaule. Mais au IVe siècle, face aux menaces venues de la mer, est créé un secteur militaire, le Tractus Armoricanus et Nervicanus comprenant les territoires littoraux de l'embouchure de la Somme à celle de la Garonne[7].
À la fin de l'Antiquité, les Bretons insulaires émigrèrent massivement dans la partie occidentale de cette région, sur la péninsule qui prit progressivement le nom de Bretagne[8]. L’usage du terme « Armorique » pour désigner la vaste région maritime entre la Gironde et la Seine a été progressivement remplacé par celui « France de l'Ouest » dans la géographie officielle française[9].
Attestations anciennes des termes Armorique et Armoricain
[modifier | modifier le code]Dans le dictionnaire français-latin de référence « Gaffiot » (Hachette, 1934), l’entrée « Armoric- » renvoie à « Aremoric- » où l'on trouve :
- Aremorica, -ae, féminin, l’Armorique (province occidentale de la Gaule), Pline 4, 105
- Aremoricus, -a, -um, de l’Armorique, César, G., 5, 53
- Aremoricanus, -a, -um (décadent).
Donc, selon Félix Gaffiot, la forme normale en latin pour Armorique est Aremorica, tandis qu’Armorica est une variante contractée. En ce qui concerne les références littéraires disponibles, on trouve les énoncés suivants (dans l’ordre chronologique).
- César, La Guerre des Gaules, V, 53 :
« In his ab Lucio Roscio, quem legioni tertiae decimae praefecerat, certior factus est magnas Gallorum copias earum civitatum, quae Armoricae appellantur, oppugnandi sui causa convenisse neque longius milia passuum octo ab hibernis suis afuisse, sed nuntio allato de victoria Caesaris discessisse, adeo ut fugae similis discessus videretur. »
« Il apprit notamment de Lucius Roscius, qu’il avait mis à la tête de la treizième légion, que des forces gauloises importantes, appartenant aux cités qu’on nomme Armoricaines, s’étaient réunies pour l’attaquer et étaient venues jusqu’à huit miles de son camp, mais qu’à l’annonce de la victoire de César elles s’étaient retirées avec tant de hâte que leur retraite ressemblait à une fuite. »
- César, ibid°, VII, 75 (il s’agit des contingents demandés pour apporter de l’aide à Vercingétorix assiégé dans Alésia) :
« [XXX milia] universis civitatibus, quae Oceanum attingunt quaeque eorum consuetudine Armoricae appellantur, quo sunt in numero Curiosolites, Redones, Ambibarii, Caletes, Osismi[10], Lemovices, Venelli. »
« trente mille (hommes demandés) à l’ensemble des peuples qui bordent l’Océan et qui selon leur habitude se donnent le nom d’Armoricains : Coriosolites, Redons, Ambibarii, Calètes, Osismes, Lemovices, Unelles. »
Étymologie
[modifier | modifier le code]Cette partie maritime de la Gaule avec son arrière-pays se nommait alors en celtique continental ou gaulois Aremorica « le pays qui fait face à la mer », le pays des Aremorici « ceux qui habitent devant la mer, près de la mer » : Armorica est la latinisation de ce terme[11],[12].
On peut distinguer les trois éléments celtiques suivants :
- are issu de l’indo-européen p°ri- « devant, auprès » (cf. irlandais air, ar, sur / devant ; gallois er, sur / à / pour ; breton war ou ar, sur),
- mori « mer » (irlandais muir, génitif mara ; thème en « i » ; gallois et breton : mor, d'où le composé armor « pays de la mer » cf. Côtes-d'Armor (appelé ar vor en breton avec mutation de /m/ à /v/ caractéristique des langues celtiques modernes)
- suffixe -iko- (pluriel -ici « ceux qui ») comme dans Mediomatrici, Arecomici, Latobici, etc. et -ika qui sert à créer des substantifs que l'on retrouve dans des noms de pays Utica (pays d'Ouche), Pertica (Perche), etc.
« Aremorici : antemorini quia are ante, more mare, morici marini. »
— Glossaire d'Endlicher, bibliothécaire de la Bibliothèque Palatine, Vienne, Autriche, 1836
« Aremorici, antemarini quia are ante ; cf. arm. mod. « arvor ». »
— Joseph Loth, Chrestomathie bretonne, armoricain, gallois, cornique, Paris, Émile Bouillon Libraire-éditeur, 1890
« Aremorici, (tardif : armorici) « antemarini », var. aremurici (Glossaire de Vienne) ; irl. « air », gall. bret. « ar- » « sur ». »
— Georges Dottin, La Langue gauloise, grammaire, texte et glossaire, Paris, C.Klincksieck, 1920
« En gaulois "Aremorica", anciennement "Paremorica", "le (pays) devant la mer", nom de la péninsule qui deviendra la Bretagne. Étaient dits aussi Armoricains à l'époque de César, les peuples riverains de la Manche. »
— Paul-Marie Duval, Les Celtes, Gallimard, Paris, 1977
Géographie
[modifier | modifier le code]Situation
[modifier | modifier le code]Selon le géographe Alain Chauvet, l'Armorique s'apparente à un espace de « finisterre », à l'échelle du continent européen et à celle de la France, analogue à la Galice et à la Norvège[13]. Cette région qui comprend globalement la Basse-Normandie, au nord, la Vendée, au sud, en passant par la Bretagne, constitue le point de rencontre de plusieurs grandes routes maritimes européennes[13] et possède une situation centrale au sein de l’Arc atlantique européen. Cette situation a valu à l'Armorique, au cours de son histoire, d'être progressivement occupée, à la fois par des peuples venus d'Europe continentale (Gaulois, Romains, Francs) et par des peuples venus de la mer (Saxons, Bretons, Vikings)[14],[15].
Par ailleurs, du fait de sa situation, l’Armorique a souvent entretenu des contacts avec les îles Britanniques. Avant la conquête romaine, les gaulois armoricains faisaient déjà commerce de l’étain avec l’île de Bretagne[16]. La conquête romaine n'a pas rompu ce lien et le Bas Empire a même contribué au renforcement des liens militaires entre les deux rives de la Manche avec la création du litus Saxonicum. Par la suite, c’est depuis cette île que les Bretons immigrèrent ensuite en Armorique occidentale à la fin de l’Antiquité. Au Moyen Âge, les Normands, menés par Guillaume le Conquérant traversèrent la Manche et conquirent le royaume d’Angleterre en 1066, tandis qu’au siècle suivant, le comte d’Anjou et du Maine, Henri II Plantagenêt, créa un vaste empire, opposé à la France des Capétiens, s’étendant à la fois sur les îles Britanniques et sur l’Ouest Français[17]. Lors de la période révolutionnaire, les Vendéens, traversèrent la région jusqu’aux côtes de la Manche dans l’espoir d’y obtenir un soutien de l’armée anglaise contre les troupes républicaines. Enfin en 1944, les alliés, basés en Grande-Bretagne débarquèrent en Normandie afin de libérer l’Europe occidentale de l'armée allemande.
Relief
[modifier | modifier le code]La majeure partie du territoire armoricain comprend l'entité géologique auquel il a donné son nom : le Massif armoricain. Ce massif relativement peu élevé, s'apparente à un vaste plateau composé de granite et de schiste qui s'élève en plusieurs endroits dont les Monts d'Arrée, les Montagnes Noires, les Collines vendéennes, les Alpes mancelles et la Suisse normande[18]. La formation de la péninsule armoricaine est d’ailleurs la conséquence de la présence de ce massif aux roches plus dures et donc plus difficilement érodables que les littoraux calcaires des bassins parisien et aquitain, situés plus au Nord et plus au Sud. Le mont des Avaloirs (416 m) situé au nord du département de la Mayenne constitue le point culminant du massif[19], tandis que le Signal d'Écouves situé dans l’Orne, mais à proximité du mont des Avaloirs, est du haut de ses 413 m, le deuxième sommet du massif Armoricain.
Paysages
[modifier | modifier le code]Sur le plan paysagé, le massif armoricain s'apparente à un plateau peu élevé, ponctué de vallons et de collines, sur lequel pousse une végétation adaptée à l'humidité ambiante[18], telle que les forêts (parfois ombrophiles) de hêtres, de châtaigniers et de chênes (pédonculé, tauzin), ainsi que les landes (ajoncs, genêts, bruyères) et les tourbières. Le vallonnement ainsi que la présence de chaos rocheux, ont constitué un obstacle à la céréaliculture et ont y plutôt favorisé le développement de l'élevage[20], si bien que la péninsule n'a jamais vraiment été remembrée. Ainsi, la majeure partie du territoire est couverte par le bocage (Bocage normand, Bocage angevin, Bocage vendéen) et est marquée par l'habitat dispersé[21].
La nature spécifique des sols armoricains se retrouve dans l'architecture locale[22] et les maisons traditionnelles de Bretagne, et des bocages mayennais, vendéens et normands ont été bâties, pour la plupart, en pierre de schiste et en granite. Les toitures en chaume et en roseaux sont présentes de manière diffuse, en Normandie, en Bretagne, notamment dans la presqu'île guérandaise, ainsi que dans le nord-ouest de la Vendée[23].
Au contact de la mer, le massif armoricain forme un littoral découpé[18], marqué par les falaises (Nez de Jobourg, cap Fréhel, pointe de Pen-Hir, falaises de l'île d'Yeu), par une succession de cap (pointe du Raz, cap de la Hague, pointe du Castelli, pointe de Barfleur) et de baies (Baie du Mont St Michel, golfe du Morbihan, baie de Bourgneuf) ainsi que de rias, (essentiellement en Bretagne : Aber Wrac'h, Aber Ildut).
La difficile érosion des roches dures a aussi entrainé la formation de nombreuses îles au large, si bien que les côtes du massif armoricain concentrent l'immense majorité des îles et îlots des littoraux atlantique et manchois français. Ainsi les littoraux de la péninsule comptent de nombreux archipels, tels que l'archipel de Molène, île d'Ouessant, l'île de Groix, Belle-Île en Bretagne, mais aussi les îles Chausey et les îles Anglo-Normandes au large du Cotentin ou encore les îles d'Yeu et de Noirmoutier en Vendée.
Climat
[modifier | modifier le code]Comme le reste de la façade de la Manche et de l’Atlantique française, cet espace connait un climat océanique. Les dépressions venant de l’Atlantique y rendent les températures relativement douces mais sont à l’origine d’une pluviométrie assez forte bien que cette dernière soit sensiblement plus faible dans l’estuaire de la Loire et en Vendée[24].
On parle cependant de « climat océanique Nord-Ouest » pour désigner le climat propre à cette partie de l’hexagone car il diffère sensiblement du climat océanique du sud-Ouest de la France (climat océanique aquitain) marqué par des hivers plus doux et des étés plus chauds[25].
Par ailleurs, du fait de sa situation péninsulaire, l'espace armoricain est largement soumis à de forts vents d'ouest[18]. Aussi les tempêtes y sont fréquentes notamment en automne et au début de l'hiver.
Histoire
[modifier | modifier le code]Populations pré-celtiques et mégalithisme
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La région était peuplée dès le Néolithique[6] et entretenait déjà des liens maritimes importants avec les autres péninsules de l'arc atlantique européen. C'est à cette époque que furent construit la plupart des sites mégalithiques, que l'on trouve sur le littoral, tels que les alignements de Carnac (Morbihan), cairn de Barnenez (Finistère), mégalithes du Bernard (Vendée), ou à l'intérieur des terres tels que La Hutte aux gabelous en Mayenne.
Plus tardivement, la région, alors au cœur des échanges entre les peuples du littoral Atlantique européen, a constitué l'un des centres de la culture campaniforme puis de la culture l'âge du Bronze Atlantique. C'est à cette époque que l'Armorique, habité jusqu'alors essentiellement par les descendants des éleveurs qui avaient propagé l'agriculture depuis le Moyen-Orient, fut progressivement peuplée par des Celtes venus d'Europe Centrale.
Premières populations celtiques
[modifier | modifier le code]Les géographes grecs Posidonios et Strabon décrivent les Armoricains comme issus du groupe des Gaulois belges ayant peut-être été contraints à émigrer en raison de l'invasion de Germains cisrhénans en Gaule Belgique (voir également enclos belges ou picards)[26]. L'ethnonyme des peuples Aulerques qui signifierait « au large » ou « au loin » en serait un témoignage. L'exemple des Aulerques Éburovices et son rapprochement avec le nom des Éburons suggérerait aussi cette interprétation. Les fouilles archéologiques du sanctuaire de Ribemont montrent qu'effectivement vers -250 une invasion de Germains cisrhénans (Germani Cisrhenani) de très grande ampleur a provoqué le refoulement en masse des autochtones Belges.
Le terme Armorique désignait pour César, Guerre des Gaules, VII, 75, les territoires de l'Ouest de la Gaule, riverains de l'Océan et de la Manche, occupés par les peuples suivants :
- les Coriosolites (région de Corseul dans les Côtes-d'Armor actuelles)
- les Osismes (région de Carhaix-Plouguer)
- les Riedones (région de Redon et Rennes)
- les Ambibarii (peut-être les Abrincates (région d'Avranches) ou les Ambilatres (Vendée) ou les Ambiens (vallée de la Somme)
- les Caletes (région du pays de Caux)
- les Lexoviens (région de Lisieux)
- les Unelles (région de Coutances et du Cotentin)[27].
Il ne mentionne pas dans sa liste les Vénètes (région de Vannes) et les Namnètes (région de Nantes), peuples qu'il connaît pourtant bien[27]. Les Ambiliates et Anagnutes, qui peuplaient probablement la partie du massif armoricain située au sud de la Loire (Vendée, Mauges, Pays de Retz) entretenaient certainement des relations avec les Vénètes, avant que leurs territoires ne soient rattachés à celui de leurs puissants voisins Pictons, après la conquête romaine[28]. Il s'ensuit que l'Armorique de César ne recouvre pas seulement le futur duché de Bretagne, puisqu'il englobe le Cotentin, l’Avranchin, le Lieuvin et le pays de Caux, tous situés dans l’actuelle Normandie. Les Viducasses (région de Vire) et les Baïocasses (région de Bayeux) ne sont pas mentionnés par César. Ils n'apparaissent dans les textes qu'après la conquête romaine.
À l'ouest, les Osismes (celtique Osismii), que le navigateur grec Pythéas connaît sous le nom d'Ostimioi, et dont le nom signifie « les plus hauts » ou « ceux du bout du monde ».
Dans la période précédant la conquête romaine, les Lexoviens étaient gouvernés comme les Vénètes par un Sénat.
Au nord et à l’est de l'actuelle Bretagne se trouvaient les Coriosolites, « Coriosolitae » en latin. Leur nom comporte l’élément corio- « armée ». Ils résidaient dans l'est des actuelles Côtes-d'Armor et donnèrent leur nom à la ville de Corseul. Leur capitale fut Aleth puis Corseul (Fanum Martis en latin). Les Riedones qui demeuraient dans une partie de l'actuel Ille-et-Vilaine donnèrent leur nom à la ville de Rennes.
Les Bajocasses ou Bodiocassi avaient pour capitale Augustodurum (Bayeux) et les Abrincates, nommés en celtique Abrincatui ou Ambivariti par Pline l'Ancien) qui ont donné leur nom à Avranches, qu'ils sont supposés avoir bâtie. Au IXe siècle av. J.-C., ils occupent cette ville prospère de l'époque, qui, à la suite de la conquête romaine, va changer de statut et se développer. Dans l’actuel Cotentin, il y avait les Unelles, dont le chef-lieu était Cosedia (aujourd'hui Coutances). Les Lexoviens (en celtique Lexovii ou Lixovii) étaient établis au sud de l'embouchure de la Seine, le long de la côte du pays d’Auge actuel. Ils donnèrent leur nom à Lisieux devenue cité romaine sous son nom gaulois de Noviomagus (« le nouveau marché ») et au Lieuvin. Encore aujourd'hui, on nomme les habitants de Lisieux, les Lexoviens. On trouve aussi les Esuvii (Exmes), les Viducasses (Vieux-la-Romaine au sud-ouest de Caen), les Calètes, pays de Caux, dont la capitale est fondée à Lillebonne à l'époque romaine (du celtique Caleti = « les durs », « les vaillants »[29]), les Andecavi, (Anjou), les Diablintes, sur le Maine oriental avec Jublains en Mayenne, les Cenomanni avec Le Mans, les Aulerci Eburovices avec Évreux, les Véliocasses avec Rouen, les Arves dans la Sarthe et Argentan.
Époque gallo-romaine
[modifier | modifier le code]La conquête romaine
[modifier | modifier le code]Les prétextes d'intervention furent tout trouvés quand des peuples gaulois, alliés des Romains, les Séquanes et les Éduens, demandèrent aux Romains, en toute inconscience du danger, de bien vouloir intervenir pour s'opposer à l'arrivée massive du peuple des Helvètes qui venaient de quitter leur territoire au nombre de 368 000 avec toutes leurs familles au complet à la suite du vote d'une loi pour leur départ et après avoir incendié et détruit tous leurs biens en Helvétie afin de rendre ce départ définitif. Les Helvètes souhaitaient échapper ainsi à une invasion de leur territoire par les Germains, sans doute déjà, les Germains d'Arioviste. Les Romains attaquèrent les Helvètes et les massacrèrent sur les bords de la Saône. Les rescapés retournèrent en Helvétie.
Un peu plus tard, en 58 av. J.-C., le Conseil des Gaules, qui regroupait les plus grands chefs des tribus gauloises demanda à César d'intervenir contre Arioviste et ses troupes de Germains qui s'étaient installés chez les Séquanes et menaçaient de faire de même chez les Éduens. Les légions romaines de César écrasèrent les Germains d'Arioviste près du Rhin et passèrent l'hiver chez les Séquanes Jusque-là, César se comportait en protecteur de la Gaule contre des peuples qui l'agressaient. Tout allait bien dans le meilleur des mondes celtiques et les peuples gaulois amis des Romains n'avaient qu'à se féliciter de l'efficacité d'un protecteur aussi puissant[réf. nécessaire].
Mais en -57, César changea complètement son attitude de défenseur de la Gaule contre les attaques des Germains : il lança soudainement une campagne contre la puissante Confédération des peuples belges puis contre la Confédération des peuples armoricains. C'en était fait de l'indépendance gauloise. La guerre de conquête de la Gaule avait commencé et fut menée à son terme jusqu'à l'asservissement de la Gaule tout entière.
Jules César profitera des divisions entre Gaulois et de la complicité des peuples gaulois pro-romains qui lui fournissent des ressources, les Rémes, contre les autres Belges, les Pictons et Santons :
« Les Pictons étaient hostiles aux Vénètes comme on peut le déduire de leur liaison avec le Proconsul Julius Caesar dès sa première campagne[30] et des navires construits ou fournis aux Romains par eux, par les Santons et d'autres peuples gaulois pour leur faciliter la ruine des Vénètes. »
— César, Guerre des Gaules, III, 11.
En Armorique, en 56 av. J.-C., les navires de Jules César fournis par d'autres peuples gaulois détruisent la flotte vénète au cours de la bataille du Morbihan. Jules César rapporte qu'après la bataille, le « sénat » de ce peuple est mis à mort et le reste vendu à l'encan. De Bello Gallico de Jules César est à lire avec précaution car c'est un texte de prestige et, bien que son témoignage soit précieux et irremplaçable, il s'y met en valeur pour montrer son influence de chef militaire sur le destin des peuples vaincus.
Les Romains donnèrent le nom d'Armorique à un grand commandement militaire « Tractus Armoricanus » embrassant un groupe considérables de peuples qui tous paraissent avoir été jadis membres de la Confédération Armoricaine. Julius Caésar s'exprime ainsi :
« … Toutes les cités armoricaines voisines de l'océan qui se donnent le nom d'Armoricains (Aremorici) et au nombre desquels figurent les Coriosolites, les Riedones, les Ambibarii, les Calètes, les Osismes, les Lémovices[31], les Vénètes, les Unelles, devaient fournir 6000 hommes. »
— César, Guerre des Gaules, VII, page 35.
Romanisation de la région
[modifier | modifier le code]Comme dans toutes les régions de l'Empire, les Romains employèrent en Armorique une politique de diffusion de leur propre culture au sein des élites locales. L'accès à la citoyenneté romaine (exemple de Titus Flavius Postuminus à Rennes) et l'ouverture de possibilités d'ascension sociale étaient conditionnés à la connaissance du latin et à l'acceptation des coutumes romaines. Ceci contribua, par effet de tache d'huile, à romaniser la région.
Il est certain que l'Armorique du Haut-Empire était, par son économie développée et sa population abondante, parfaitement intégrée à l'Empire romain, mais que cette romanisation était limitée comme le montre la faible présence de l'épigraphie latine dans la région. L'étude anthroponyme montre qu'à cette époque, les habitants de l'Armorique portaient encore des noms purement celtiques (tels « Moricus », « Smertulitanus », « Rextugenos », « Vertros », etc.).
La conquête ne modifia donc pas fondamentalement les structures de la société et le latin ne pénétra pas ailleurs que dans les villes, où se concentrait la faible population allogène. Lors de l'évangélisation de la région, les rusticani (habitants des campagnes) étaient encore très fortement attachés à leur culture ancestrale, malgré une indiscutable évolution technique liée à la romanisation, et ils constituèrent une grande partie de l'opposition à l'Église.
Après l'appel de légionnaires bretons (insulaires) par les Romains chargés de défendre la péninsule contre les pirates germaniques, puis après l'immigration de Bretons fuyant les attaques et les tentatives de colonisation des Irlandais sur l'ouest de l'île de Bretagne, la partie occidentale de l'Armorique fut appelée Petite Bretagne (Britannia minor) puis simplement Bretagne.
Haut Moyen Âge
[modifier | modifier le code]La christianisation de l'Armorique
[modifier | modifier le code]La christianisation de l'Armorique s'effectua d'abord au cours de la période romaine. Toutefois, la région fût aussi christianisée par des ermites et moines celtes originaires des îles Britanniques qui y introduisirent le christianisme celtique.
À l'époque de sa christianisation, l'Armorique venait d'être ravagée par les invasions barbares, notamment celles des Alains et des pirates venus de la Mer du Nord. Les côtes étaient désertes, et les habitants qui avaient survécu aux massacres se cachaient dans les grottes et les forêts. Le culte druidique[32] et même les religions antérieures des Celtes (qui divinisaient les astres, les eaux, le feu, les pierres, les arbres, etc.) avaient persisté dans les campagnes, les dieux de Rome n'ayant été adoptés qu'officiellement, et surtout dans les villes[33].
« La première christianisation de l'Armorique s’est faite de deux façons. Elle a commencé au IVe siècle par le sud-est (…) en transitant notamment par Lyon, puis Tours (…) ; dans les diocèses de Nantes et Rennes, il y a 84 églises dédiées à saint Martin, contre 7 plus à l'ouest. Elle ne s'était pas encore imposée en Armorique occidentale, éloignée et peu urbanisée, quand sont arrivés de Grande-Bretagne, du IVe siècle au VIIe siècle, des Bretons déjà christianisés et encadrés par des moines[34]. Ces Bretons sont venus en colonisateurs missionnaires, par petits groupes sous la conduite de chefs socio-religieux (...). Ce qui caractérise le pays breton (surtout sa partie occidentale), c’est le grand nombre de moines et d’ermites[35] (…). L’opinion révère ces moines fondateurs, modèles de piété (…). On ne sait pas grand-chose sur eux. Mais tous ne furent pas évêques. (…) Les communautés paroissiales étaient presque partout assez dépendantes des évêques (…) ; elles avaient, aussi bien que les évêchés, leurs saints fondateurs, notamment celles dont le nom commence par Gui ou par Plou (…). Les premiers chrétiens se disaient « saints » pour se distinguer des païens et signifier qu’ils étaient consacrés à Dieu »[36]
Cette arrivée massive en Armorique de prêtres et de moines fuyant la Grande-Bretagne et le Pays de Galles, où ils étaient persécutés, a permis à la Bretagne de bénéficier d'une forte densité de clercs par rapport à sa population, et d'une relative indépendance religieuse[37]. En Bretagne, au cours de l’histoire, la religion s’est intiment liée à l'identité locale au travers de pratiques mêlant foi et culture telles que les pardons [38]. Cette caractéristique contribua à faire de ce territoire une région de résistance à la réforme protestante[38]. Dès le début du XVIIe siècle, un regain du catholicisme s'y développa, porté par des évangélisateurs locaux (Michel Le Nobletz, Julien Maunoir)[39] ainsi que par l’art religieux[38].
Ce regain catholique s'est ensuite diffusé hors de Bretagne, dans les régions voisines de l’Ouest Français (Anjou, Cotentin et Bas-Poitou) lors de missions menées dans le contexte de la Contre-Réforme notamment par le père breton Louis-Marie Grignon de Monfort.
L'espace Armoricain (Bretagne, Vendée, Anjou) est longtemps resté plus catholique que le reste de la France[40]. Cette forte pratique religieuse se heurta d'ailleurs aux idées républicaines lors de la révolution française, ce qui fut l'une des causes des Guerres de l'Ouest (Chouannerie et guerre de Vendée) qui marquèrent la région à la fin du XVIIIe siècle.
La migration des Britons
[modifier | modifier le code]C'est aux environs de l'an 400 que commença l'émigration de certains habitants de l'île de Bretagne vers l'Armorique. Contraints par l'invasion croissante de leur île par les Angles et les Saxons, certains traversèrent la Manche à bord de currachs, mettant le cap sur la péninsule armoricaine, dont l'accès leur était familier depuis des générations. « Derrière ces fugitifs, d'autres affluèrent, puis d'autres, conduits tantôt par des guerriers, tantôt par des moines [les saints bretons] . L'exode dura près de deux siècles, [concernant aussi l'île d'Irlande]. Quand il se termina, l'Armorique avait cessé d'être et une seconde Bretagne, la Bretagne continentale, parlons mieux, la Bretagne tout court, était née »[41].
Léon Fleuriot a émis l'hypothèse que l'émigration bretonne en provenance des îles Britanniques ait pu avoir lieu également sur tout le territoire correspondant à l'actuelle Normandie, notamment dans le Cotentin et le département du Calvados — particulièrement dans la région autour de Caen. Cependant, cette théorie n'est pas reprise depuis par les spécialistes et aucun élément archéologique ou linguistique n'est venu confirmer ses affirmations. Les liens du territoire qui devint plus tard la Normandie avec l’île de Bretagne avaient toujours été des plus étroits[42].
Ce qui deviendra la Normandie actuelle a été particulièrement riche en saints bretons : sa côte faisant face à celle de la Grande-Bretagne, il serait invraisemblable que les immigrés des Ve siècle et VIe siècle aient évité systématiquement ses rivages. saint Patrick, saint irlandais d'origine bretonne (né en Bretagne insulaire), est honoré dans plus de six paroisses normandes. Saint Méen dans trois d’entre elles. L’exemption de Sainte-Mère-Église est une enclave de cinq paroisses du diocèse de Bayeux[43] survivance d’un ancien monastère de saint Méen (forme bretonne moderne Mewen, cornique Mewan). Sainte Anne, saint Armel, saint Aubin[44], saint Méen et saint Samson sont honorés dans de nombreux lieux de Normandie. Le nombre de toponymes évoquant le culte de saints bretons en Normandie est remarquable, comme Saint-Maclou curieusement latinisé en Macutus, et qui n'est autre que Saint-Malo :
- Saint-Maclou-la-Brière (Seine-Maritime)
- Saint-Maclou-de-Folleville (Seine-Maritime)
- Saint-Maclou (Eure)
- Église Saint-Maclou à Rouen
Ou encore Saint-Turiaf (évêque de Dol au VIIIe siècle), devenu Saint-Thurien (Eure, Sainct Turioult en 1376, Sanctus Thuriavus 1566).
La métropole bretonne de Dol-de-Bretagne était réputée être la plus ancienne et la plus importante abbaye-évêché bretonne de type celtique datant des premiers temps de l'émigration. Le morcellement et la grande étendue des possessions et dépendances du diocèse de Dol, qui est le seul diocèse breton dans ce cas (ce qui prouve son ancienneté et son importance), s'explique par le prestige temporel atteint par le monastère primitif fondé par Saint Samson, et ce, dès l'époque mérovingienne, comme s'en fait écho la Vita Sancti Samsonis. La réalité diocésaine de ce territoire n'est cependant pas historiquement attestée avant 848. Quatre paroisses situées à l'embouchure de la Seine, en plus du monastère de Pentale-Saint-Samson (Pental=Talben, pen=tête, tal=front[réf. nécessaire]), restèrent dépendantes de l’évêché de la métropole de Dol en tant qu’enclaves de Neustrie et des bords de la Seine, comme exemption de Dol, jusque 1790 :
- La Roque ;
- Marais-Vernier ;
- Saint-Samson-sur-Risle ;
- Conteville.
Si l'on compte aussi la participation de nombreux nobles bretons à la bataille de Hastings le et à la conquête de l'Angleterre avec l'armée normande de Guillaume le Conquérant, cela fait un ensemble de liens historiques et culturels communs très anciens et très nombreux entre les deux parties les plus importantes de l'ancienne Aremorica que sont la Bretagne et la Normandie actuelles.
Installation des Normands
[modifier | modifier le code]À partir de la fin du VIIIe , et au IXe siècle, les Vikings mènent des raids sur l’ensemble des côtes armoricaines et remontent les fleuves vers l’intérieur des terres. Puis ils colonisent les régions de la basse Seine, du pays de Caux, de la côte fleurie et du Cotentin. Ce territoire prit plus tard le nom de « Normandie »[45].
Langues
[modifier | modifier le code]À la fin du XIIe siècle, l'historien cambro-normand Giraud de Barri écrit dans sa Description du Pays de Galles que « les habitants de la Cornouailles et les Armoricains, à savoir ceux habitants la partie occidentale de l’actuelle Bretagne, parlent une langue semblable à celle des Bretons (insulaires) ; et, en raison de son origine et de sa ressemblance, elle est intelligible avec le gallois dans de nombreux cas... »[46].
Époque contemporaine
[modifier | modifier le code]Le nom propre Armorique, et l'adjectif armoricain sont restés courants dans plusieurs emplois :
- comme synonyme de « Bretagne », notamment dans certains guides touristiques et livres d'histoire ;
- dans des désignations géographiques comme le « Massif armoricain » pour le relief montagneux qui s'étend de l’ouest de la Normandie, au Maine, en passant par la Bretagne jusqu’à la Vendée, comme « péninsule armoricaine » ;
- dans des désignations culturelles comme la « sauce armoricaine » ;
- pour désigner une région côtière comme dans le nouveau nom des Côtes-d'Armor donné au département des Côtes-du-Nord, sachant qu'il existe de nombreux toponymes « Armor » en Bretagne, par opposition à l’« Argoat » (koad « bois ») désignant le pays de l'intérieur, le pays des forêts.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Bernard S. Bachrach, Merovingian Military Organization, 481-751, U of Minnesota Press, , 157 p. (ISBN 978-0-8166-5700-1, présentation en ligne), p. 10
- CHAUVET Alain, « Les Pays de la Loire : Réflexion sur la centralité territoriale », Cahier Nantais, n°26, pp 37-56, années 1980, p.53 (lire en ligne)
- Alain Chauvet, « L'Armorique : essai de géographie régionale », NOROIS, no 127, , p.346 (lire en ligne)
- « Centre d'interprétation du patrimoine archéologique - Menez-Dregan », sur Hominides, (consulté le )
- « Nécropole mésolithique de Téviec », sur Becedia, (consulté le )
- « L'Armorique, berceau des mégalithes », sur Sciences et Avenir (consulté le ).
- Félix Le Royer de La Sauvagère, Recueil d'antiquités dans les Gaules, enrichi..., p. 298-303, Paris, 1770. Lire en ligne
- Joseph Loth, L'émigration bretonne en Armorique du Ve au VIIe siècle de notre ère, E. Baraise et cie., (lire en ligne)
- Alain Chauvet, « L'Armorique : essai de géographie régionale », Norois, no 127, , p. 348 (lire en ligne).
- Le site utilisé pour cette citation latine C. IVLI CAESARIS COMMENTARIORVM DE BELLO GALLICO LIBER SEPTIMVS indique les Veneti, mais il semble que ce peuple soit absent de la liste.
- I.C.Zeuss, GRAMMATICA CELTICA e monumentis vetustis tam Hibernicae linguae quam Britannicarum dialectorum Cambriacae Cornicae Aremoricae comparatis Gallicae priscae reliquis construxit I.C.Zeuss, Phil.DrHist.Prof., editio altera curavit. H.Ebel,.Ph.Dr, Acad.Reg.Hib.Soc.Hon., Acad.Reg.Boruss.Adi.Comm.Epist. Berolini, Apud Weidmannos MDCCCLXXI (1871)
- Franz Bopp, Grammaire comparée des langues indo-européennes traduction de Michel Bréal de l'École pratique des hautes études et du Collège de France (de 1866 à 1905), membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, quatre tome in-quarto, Paris, Imprimerie impériale et Imprimerie nationale, 1866-1874
- Alain Chauvet, « L'Armorique : Essai de géographie régionale », Norois, no 127, , pp. 345-364 (lire en ligne)
- Jean Soulat, « « La présence saxonne et anglo-saxonne sur le littoral de la Manche » », Quentovic. Environnement, archéologie, histoire, , p. 146;163
- Alain Chauvet, « Les Pays de la Loire : Réflexion sur la centralité territoriale. », Cahier nantais, no 26, années 1980, p.55
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- « Le climat en France métropolitaine | Météo-France », sur meteofrance.com (consulté le ).
- « Visiter la Nouvelle-Aquitaine - Climat et Géographie », sur www.nouvelle-aquitaine-tourisme.com (consulté le ).
- Tacite explique, sous l'effet de migrations germaniques : « Les premiers [Germains] qui passèrent le Rhin et chassèrent les Gaulois, et qui maintenant se nomment Tongres, se nommèrent alors Germains. Ce nom, borné d'abord à une simple tribu, s'étendit peu à peu, et, créé par la victoire pour inspirer plus de crainte, il fut bientôt adopté par la nation tout entière », Tacite, Mœurs des Germains II.
- Vinceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, 2000, Ve Armorique, page 427.
- Jean Hiernard, « La question de Corbïlo », Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, vol. 1983, no 1, , p. 175–187 (ISSN 0081-1181, DOI 10.3406/bsnaf.1985.9005, lire en ligne, consulté le )
- Gallois : caled, vieil-irlandais : calath, « héroïque », breton : kalet
- César, Guerre des Gaules, VIII, 26
- À noter que les Lémovices est le nom des Gaulois installés dans l'actuel Limousin, ce qui donne une idée large de l'Armorique.
- Le culte druidique ne semble s'être implanté en Gaule que trois siècles avant l'ère chrétienne.
- Paul-Yves Sébillot, "La Bretagne et ses traditions", éditions Maisonneuve et Larose, 2e édition, 1997, (ISBN 2-908670-46-1)
- Ces Bretons venaient principalement du Devon et de Cornouailles, où vivaient des peuples nommés Dumnonii et Cornovii, qui ont donné leur nom à la Bretagne du nord (Domnonée) et du sud-ouest (Cornouaille)
- Ces ermites et moines vivent en des endroits nommés lan : il y en a 260 en Léon et 207 en Cornouaille finistérienne
- Jean Rohou, Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne), éditions Dialogues, Brest, 2012, (ISBN 978-2-918135-37-1)
- David Peyrat, « Histoire de la Bretagne, une terre de "résistance" », sur Geo.fr, (consulté le ).
- « "Il était une foi…" Quand les catholiques bretons résistaient aux protestants », sur Aleteia, (consulté le ).
- « Michel Le Nobletz. Un prêtre avant-gardiste », sur Le Telegramme, (consulté le ).
- F. Boulard et Jean Rémy, « Villes et régions culturelles : acquis et débats », Archives de sciences sociales des religions, vol. 29, no 1, , p. 117–140 (ISSN 0003-9659, DOI 10.3406/assr.1970.1839, lire en ligne, consulté le )
- Anatole Le Braz, La Bretagne, Paris, Laurens, .
- Camille Jullian Hist. de la Gaule
- Il s'agit de Sainte-Mère-Église, Neuville-au-Plain, Chef-du-Pont, Vierville et Lieusaint, dont on notera qu'aucune église paroissiale n'est sous le vocable d'un saint breton, voire celtique et dont aucun toponyme n'est d'origine bretonne, ce qui est tout de même curieux si l'on accepte cette théorie. Il n'y en a d'ailleurs aucun dans tout le département de la Manche, ni même ailleurs en Normandie. Cf. François de Beaurepaire, Les Noms des communes et des anciennes paroisses de la Manche, p. 21, 42 et 44, éditions Picard 1986.
- Dans la plupart des cas, il s'agit d'une référence à saint Aubin en tant qu'évêque d'Angers au VIe siècle, sans rapport avec l'origine bretonne du personnage.
- Isabelle Bernier, « L'histoire des Vikings et leur épopée », sur Futura (consulté le ).
- (en) The Description of Wales, VI, sur gutenberg.org
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Toute l'histoire de Bretagne, chapitre « La civilisation de l'Armorique romaine », de Paul Boutouiller, Jacques Briard, Christian Brunel, Corentin Canévet, Sébastien Carney, Jean-Christophe Cassard, Yves-Pascal Castel, Patrick Galliou, Claude Geslin, Pierre Grall, Jean Kerhervé, Pierre-Yves Le Rhun, Jean-Jacques Monnier, Alain Pennec, Yann-Ber Piriou, Charles Robert, Jean Tanguy et Jean-Yves Veillard, éditions Skol Vreizh.
- Eugène Halléguen, L'Armorique bretonne celtique, romaine et chrétienne ou les origines armorico-bretonnes, 2 volumes, Paris, Durand/Didier, 1864-1872.
- Jean-Yves Eveillard, L'Armorique antique, Aremorica Antiqua, 2013, Morlaix, Skol Vreizh.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :