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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{en}} Alexander Liberman, ''The Art and Technique of Color Photography'', New York, 1951
* {{en}} Alexander Liberman, ''The Art and Technique of Color Photography'', New York, 1951
* {{en}} Georgia Radford, Warren Radford: ''Sculpture in the Sun. Hawaii's Art for Open Spaces'', University of Hawaii Press, Honolulu, 1978, {{ISBN|0-8248-0526-7}}
* {{en}} Charles Churchward, ''THEN : The Photographs of Alexander Liberman''
* {{en}} Charles Churchward, ''THEN : The Photographs of Alexander Liberman'', Random House, New York,1995, {{ISBN|0-679-44524-2}}
=== Biographie ===
=== Biographie ===
* {{en}} Dodie Kazanjian et Calvin Tomkins, ''Alex''
* {{en}} Dodie Kazanjian et Calvin Tomkins, ''Alex''

Version du 30 janvier 2014 à 15:04

Alexander Semeonovitch Liberman, parfois Alex Liberman dans les sources, né le 4 septembre 1912 à Kiev et mort le 19 novembre 1999 à Miami est un artiste et éditeur de presse américain, connu surtout pour son rôle majeur au sein des éditions Condé Nast durant trente-deux ans, essentiellement à la direction artistique du magazine Vogue américain. Il établit une étroite collaboration avec Irving Penn dès le milieu de la Seconde Guerre mondiale. Il côtoie également, au cours de sa carrière, de nombreux grands photographes de mode tels que Horst P. Horst, Cecil Beaton, Henry Clarke, Erwin Blumenfeld ou William Klein. Alexander Liberman cherchera en permanence à être à l'avant-garde de son époque.

Biographie

Alexander Liberman passe sa jeunesse à Saint-Pétersbourg et Moscou. Son instruction se fait à Londres, mais surtout à Paris où il suit les cours d'André Lhote, passe par l'École nationale des beaux-arts pour étudier l'architecture, puis collabore avec Cassandre[1]. Il se marie en 1936 à Hilda Sturm.

Avant la Guerre, Alexander Liberman est directeur artistique au magazine Vu de Lucien Vogel où il côtoie la photographie de reportage[2]. Il divorce de la championne de ski Hilda Sturm trois ans après son mariage. À son arrivée à New York durant la Guerre, il reprend contact avec Vogel également en exode dans la ville américaine et proche de Condé Montrose Nast (en)[1], ce dernier ayant acheté la Gazette du Bon Ton plusieurs années auparavant, et de Iva Patcévitch, compatriote de Liberman[n 1]. Patcévitch promet de parler de Liberman à Nast[1]. Mais avant cette éventuelle entrevue, Alexander Liberman rencontre le directeur artistique du Vogue américain Mehemed Fehmy Agha (connu comme Dr. Agha), russe également, qui lui fait faire un essai dès la semaine suivante. « Désolé, vous n'êtes pas fait pour Vogue » s'entend dire Liberman de la part du directeur artistique, avant de rencontrer finalement Nast la semaine suivante qui l'engage aussitôt, « un homme tel que vous doit être chez Vogue »[1].

Vogue

Il rejoint donc les éditions Condé Nast peu avant la mort de leur propriétaire[1] au département des maquettistes, s'occupant de façon privilégiée de la couverture du Vogue[4]. Dès le départ, il se fait remarquer par la qualité de ses compostions et devient rapidement le consultant personnel de Condé Montrose Nast, au détriment de l'influence du Dr. Agha le directeur artistique qui perdait peu à peu son pouvoir[4]. Nast cherche alors à changer le contenu rédactionnel du Vogue vers quelque chose de plus informatif avec une légende pour chaque photo ou les titres des articles sur la couverture[4]. « Une photographie de mode n'est pas une photographie de robe, mais la photographie d'une femme » dira-t-il plus tard[n 2].

Directeur artistique

Juste après la mort de Nast fin 1942, le Dr. Agha, lassé de la suprématie de Liberman, quitte Vogue. Alexander Liberman est nommé un mois plus tard directeur artistique de Vogue, orientant avec Edna Woolman Chase le magazine vers la photographie de mode, dite « de reportage » car à l'extérieur des studios[7],, ainsi que des sujets parfois plus variés ; en accord avec la rédactrice en chef, ils publient des images de guerre de Lee Miller[8]. En 1943, il recrute comme assistant Irving Penn ; celui-ci doit trouver des idées et faire la liaison entre la direction artistique et l'ensemble des photographes de Vogue[9]. Mais cette collaboration n’aboutit pas au but escompté, les photographes reconnus de l'époque tels que Beaton ou Blumenfeld, aux styles personnels affirmés, n'ont que faire des demandes du duo Liberman-Penn[9]. Alexander Liberman demande alors à Penn de réaliser lui-même les photographies ; il lui attribue un assistant et une place dans le studio photo du magazine[9].

Après Guerre

Dès la fin de la Guerre, il sait que Vogue doit changer de style, tel que Nast l'avait envisagé peu avant, s'éloigner des photos maniérées et statiques pour montrer des femmes actives qui travaillent ou font du shopping[2] ; il impose rapidement son style novateur transformant le magazine de son format « album » vers un support de presse informatif, changeant la typographie, la police de caractères, la mise en page jusque là désuète[10]. Alex Liberman essaye — sans succès — d'engager Richard Avedon[11]. Déjà débutée bien avant la Guerre, la concurrence féroce du Vogue incarné par le duo Edna Woolman Chase et Alexander Liberman doit faire face à celle du Bazaar de Carmel Snow et Alexey Brodovitch, magazine en perpétuelle évolution et plus avant-gardiste[10]. Mais Chase la rédactrice en chef du Vogue depuis des décennies reste très conservatrice et s'oppose à tout changement, malgré les nombreuses explications de Liberman qui cherchait à rendre le magazine « élégant » et « attirant »[10]. En 1952, Chase alors âgée de soixante-dix-sept ans et après une remarquable carrière est remplacée par Jessica Daves[12]. Daves, n'ayant aucune connaissances en mise en page ou photographie, donne les pleins pouvoirs à Liberman[12], non sans parfois créer des conflits entre le conservatisme féroce de la rédactrice en chef et l'imagination débordante du directeur artistique[13]. Malgré tout, le duo ainsi formé fait évoluer le niveau intellectuel du magazine vers plus de textes et une ouverture à l'art ; pour Jessica Davis, les connaissances de Liberman en ce domaine sont un atout fondamental[13] et il supervise chaque article sur l'art et réalise plusieurs série de photos[14]. Simultanément, il développe un projet personnel, celui de photographier les ateliers des grands peintres[14].

Vers la fin de l'année 1962, Alex Liberman et Samuel Newhouse (en), le nouveau propriétaire de Condé Nast, débauchent l'influente Diana Vreeland[15] de chez Harper's Bazaar où elle travaillait avec Snow et Brodovitch, comme rédactrice associée à Jessica Davis, puis rapidement rédactrice en chef[16]. Celle-ci amène avec elle Richard Avedon qui reçoit un pont d'or pour signer un contrat avec Vogue[11]. Le magazine va alors connaitre ce que Liberman appelle « la période de l'érotisme intellectuel » sous l'influence du quatuor qu'il forme avec Vreeland, Avedon, et le mannequin Penelope Tree[17].

Condé Nast Publications

Vingt ans après avoir été directeur artistique de Vogue, il devient en décembre 1962 la « directeur éditorial » des éditions Condé Nast[3], supervisant les éditions internationales dont le Vogue français de Francine Crescent, magazine alors au sommet de la créativité[7],[n 3] ou le magazine Mademoiselle dans lequel il essaye les nouvelles tendances qui seront utilisées ultérieurement dans Vogue[19]. Mais dans les années 1970, le système couteux et dictatorial de Diana Vreeland s'épuise. « C'était comme survivre dans une maison de fous. Tout était extravagance, luxe et excès. Elle aimait le pouvoir. Elle en a prit trop. J'étais le directeur de la rédaction […] Et je devenais impuissant. […] Les ventes chutaient. […] L'affaire nous échappait. » précise Alex Liberman dans sa biographie[20]. En juillet 1971 elle est remplacé par Grace Mirabella, son bras droit, le choix de Liberman qui va la soutenir des années durant[21]. À cette époque, et contrairement à l'ère de Diana Vreeland, Alexander Liberman supervise tout au sein du magazine en accord avec Mirabella, et a le dernier mot ; à eux deux, ils forment une équipe harmonieuse[22]. « J'aimais sa façon de penser. Elle était sensible à la modernité de la femme américaine » précise t-il[23]. Mais cette entente de plusieurs années ne dure pas et des différents se font sentir au sein du magazine, Liberman se mettant souvent en colère[24].

En 1986, le Vogue a vieilli. Le magazine Elle est lancé aux États-Unis avec succès, supplantant rapidement le Harper's Bazaar ; dès l'année suivante, Alexander Liberman soumet une nouvelle maquette du magazine à Grace Mirabella, souhaitant être plus en phase avec son époque. Elle refuse celle-ci et est licenciée rapidement dès l'année suivante pour être remplacée par Anna Wintour. Alexander Liberman, âgé de plus de soixante-quinze ans et malade dois assurer la transition[25] avec Wintour qu'il avait nommé « directrice de la création  » quelques années auparavant[26]. Brisant immédiatement la routine instaurée dans le magazine, Wintour et Liberman travaillent étroitement ensembles[27], bien que ce dernier passe moins de temps au magazine du fait de son état de santé[28].

Liberman reste à son poste de directeur jusqu'au début des années 1990[15]. Samuel Irving Newhouse, Jr. (en) souligne que Liberman a su, tout au long de sa carrière, poser « les fondations du Vogue moderne[28]. »

Photographes

De par ses fonctions, Alexander Liberman est à l'origine de la carrière de nombreux photographes comme c'est le cas pour quelques directeurs artistiques de l'époque, jusqu'à rendre le nom de Irving Penn indissociable du sien[29] ; durant la Seconde Guerre mondiale il recrute ce dernier pour Vogue[30], mais également Constantin Joffé vers 1942 puis Frances McLaughlin-Gill en 1943 qu'il a rencontré sur le conseil de Toni Frissell. La plupart travaillent pour Vogue, mais également pour Glamour ciblant des lectrices plus jeunes[2]. Après la Guerre, il pousse Henry Clarke à suivre des cours auprès de Brodovitch puis l'embauche pour les trois principales éditions internationales de Vogue[31]. Il recrute également en 1949, pour l'édition américaine, Norman Parkinson venu du British Vogue[32], ou bien plus tard Deborah Turbeville[33] ou Arthur Elgort.

Notes et références

Notes

  1. Iva Sergei Voidato-Patcévitch devient en 1942 après la mort de Nast le « président exécutif de l'entreprise »[3].
  2. Cité dans la préface d'un ouvrage écrite par Libermann en 1992[5], cette phrase fait écho à la citation antérieure à propos d'une image de Steichen datée de 1927 : « C'est la clé de la photographie de mode. la mode est présente, mais la photo offre quelque chose de bien plus important : l'image d'une femme au sommet de sa séduction. »[6]
  3. Parfois, Alex Liberman reprenais des photos destinées au Vogue français pour les publier dans l'édition américaine[18].

Références

  1. a b c d et e Angeletti, Oliva 20007, p. 131
  2. a b et c Herschdorfer - Aux portes du monde moderne 2012, p. 101
  3. a et b Angeletti, Oliva 20007, L'évolution du style p. 128
  4. a b et c Angeletti, Oliva 20007, p. 133
  5. Angeletti, Oliva 20007, La photographie de mode p. 56
  6. Angeletti, Oliva 20007, La photographie franche de Steichen p. 67
  7. a et b Dictionnaire mondial - Vogue 2001, p. 592
  8. Angeletti, Oliva 20007, Lee Miller p. 142
  9. a b et c Angeletti, Oliva 20007, L'arrivée d'Irving Penn p. 145
  10. a b et c Angeletti, Oliva 20007, p. 134
  11. a et b Angeletti, Oliva 20007, Richard Avedon p. 196
  12. a et b Angeletti, Oliva 20007, Jessica Daves p. 150
  13. a et b Angeletti, Oliva 20007, Jessica Daves p. 155
  14. a et b Angeletti, Oliva 20007, L'art et les écrivains viennent à Vogue p. 158
  15. a et b Angeletti, Oliva 20007, S. I. Newhouse p. 167
  16. Angeletti, Oliva 20007, Diana Vreeland p. 173
  17. Angeletti, Oliva 20007, Richard Avedon p. 199
  18. Angeletti, Oliva 20007, Les images sexuelles p. 232
  19. Angeletti, Oliva 20007, Les commandements de la maquette p. 374
  20. Angeletti, Oliva 20007, La fin du style Vreeland p. 204
  21. Angeletti, Oliva 20007, Grace Mirabella p. 213
    Ce soutient est confirmée par l’intéressée lors d'une interview, in : Angeletti, Oliva 20007, Mon temps chez Vogue par Grace Mirabella p. 245
  22. L'entente de l'équipe formée par Mirabella et Liberman, ainsi que la répartition des responsabilités, sont citées plusieurs fois dont Angeletti, Oliva 20007, La formule a un million de dollars p. 215 et Angeletti, Oliva 20007, Deborah Turbeville p. 241
  23. Angeletti, Oliva 20007, Nouveaux mannequins, nouvelles voix p. 225
  24. Angeletti, Oliva 20007, Deborah Turbeville p. 241
  25. Angeletti, Oliva 20007, Vers le nouveau siècle p. 243
  26. Angeletti, Oliva 20007, L'ère Anna Wintour p. 251
  27. Angeletti, Oliva 20007, Captiver la nouvelle femme p. 256
  28. a et b Angeletti, Oliva 20007, Le monde de Vogue sous l’œil de Newhouse p. 281
  29. Dictionnaire mondial - Mode et photographie 2001, p. 382
  30. Dictionnaire mondial - Irving Penn 2001, p. 444
  31. Dictionnaire mondial - Henry Clarke 2001, p. 130
  32. Herschdorfer - L'âge de la maturité 2012, p. 122
  33. Angeletti, Oliva 20007, Deborah Turbeville p. 237

Bibliographie des références

Bibliographie

  • (en) Alexander Liberman, The Art and Technique of Color Photography, New York, 1951
  • (en) Georgia Radford, Warren Radford: Sculpture in the Sun. Hawaii's Art for Open Spaces, University of Hawaii Press, Honolulu, 1978, (ISBN 0-8248-0526-7)
  • (en) Charles Churchward, THEN : The Photographs of Alexander Liberman, Random House, New York,1995, (ISBN 0-679-44524-2)

Biographie

  • (en) Dodie Kazanjian et Calvin Tomkins, Alex