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« TV6 (France) » : différence entre les versions

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'''TV6''' ([[sigle]] de '''Télévision 6'''<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=yWZkaHDHsXU TV6 Télévision 6-publicité-1986-YouTube]</ref>) était une [[chaîne de télévision]] [[télévision en France|française]] privée et gratuite nationale consacrée à la musique et pour la jeunesse, créée le {{date-|1 mars 1986}}. Un an plus tard, elle devient la première chaîne nationale à être supprimée dans l'histoire de la télévision française, le samedi {{date|28|février|1987|à la télévision}} à minuit, cinq ans avant [[La Cinq]]. Cette suppression survient pour des motifs politiques à la suite des élections législatives du printemps 1986 perdues par la majorité (le gouvernement de [[Laurent Fabius]]) et gagnées par l'opposition représentée par [[Jacques Chirac]].
'''TV6''' [[sigle]] de '''Télévision 6''' est une [[chaîne de télévision]] [[télévision en France|française]] privée et gratuite nationale consacrée à la musique et pour la jeunesse, créée le {{date-|1 mars 1986}}. Un an plus tard, elle devient la première chaîne nationale à être supprimée dans l'histoire de la télévision française, le samedi {{date|28|février|1987|à la télévision}} à minuit, cinq ans avant [[La Cinq]]. Cette suppression survient pour des motifs politiques à la suite des élections législatives du printemps 1986 perdues par la majorité (le gouvernement de [[Laurent Fabius]]) et gagnées par l'opposition représentée par [[Jacques Chirac]].
Quelques heures après la disparition définitive de TV6, le dimanche {{date-|1 mars 1987}}, la chaîne [[M6]] retransmet ses premières émissions en direct.
Quelques heures après la disparition définitive de TV6, le dimanche {{date-|1 mars 1987}}, la chaîne [[M6]] retransmet ses premières émissions en direct, la remplaçant sur le même canal.


Malgré sa brève durée d'émission, TV6 marque le genre télévisuel avec des personnalités comme [[Jean-Luc Delarue]], [[Childéric Muller]]<ref>{{Lien web|titre=Interview : Childéric Muller|url=https://iletaitunefoislatele.com/2012/11/04/interview-childeric-muller/|site=iletaitunefoislatele.com|date=2012-11-04}}</ref> ou [[Alain Maneval]]. Certains saluent un ton nouveau qui inventerait la « libre antenne » et la télé musicale, marquant une génération de téléspectateurs<ref>[http://iletaitunefoislatele.com/2012/11/04/tv6-la-plus-jeune-des-teles/ les origines de TV6]</ref>.
Malgré sa brève durée d'émission, TV6 permet à plusieurs personnalités d'émerger dans le [[paysage audiovisuel français]], parmi lesquelles [[Jean-Luc Delarue]], [[Childéric Muller]] ou encore [[Alain Maneval]]. Une partie de la presse et des médias salue un ton nouveau conforme à un esprit de « libre antenne » et l'arrivée de la télévision musicale en France<ref>[http://iletaitunefoislatele.com/2012/11/04/tv6-la-plus-jeune-des-teles/ les origines de TV6]</ref>.


== Histoire de la chaîne ==
== Histoire de la chaîne ==
En novembre [[1984]], [[Léo Scheer]], qui a conçu et développé [[Canal+]], quitte [[Havas]] et [[André Rousselet]] pour rejoindre [[Publicis]] et [[Maurice Lévy (publicitaire)|Maurice Levy]], afin de mettre en œuvre un nouveau projet de télévision commerciale en partenariat avec [[Lagardère Active|Europe 1 Communications]].
Après avoir conçu, développé et lancé [[Canal+]], en novembre [[1984]], [[Léo Scheer]] quitte [[Havas]] et son dirigeant [[André Rousselet]], pour rejoindre le groupe [[Publicis]] et [[Maurice Lévy (publicitaire)|Maurice Levy]], afin de mettre en œuvre un nouveau projet de télévision commerciale, en partenariat avec [[Lagardère Active|Europe 1 Communications]].


En [[1985]], à un peu plus d'un an des [[Élections législatives françaises de 1986|élections législatives]] en [[France]], la [[Gauche (politique)|gauche]] au pouvoir redoute un échec et souhaite alors créer un espace médiatique nouveau, hors du domaine institutionnel de la télévision publique sous contrôle des gouvernements, susceptible de toucher un large public contrairement à Canal+ cryptée. Cette chaîne pourrait constituer un relais d'opinion conforme à ses idées, si elle venait à retourner dans l'opposition.
En [[1985]], à un peu plus d'un an des [[Élections législatives françaises de 1986|élections législatives]] en [[France]], la [[Gauche (politique)|gauche]] au pouvoir redoute un échec et souhaite alors créer un espace nouveau, hors du domaine institutionnel de la télévision publique, susceptible de toucher un large public (contrairement à Canal+ cryptée) et de constituer un relais d'opinion à ses idées si elle venait à retourner dans l'opposition. Le président de la République, [[François Mitterrand]], lance alors le {{date-|16 janvier}}, lors d'un entretien télévisé, l'idée d'« un espace de liberté supplémentaire » et demande au [[Gouvernement Laurent Fabius|gouvernement de Laurent Fabius]] d'étudier le projet. L'avocat [[Jean-Denis Bredin]], chargé par le Premier ministre de rédiger un rapport sur l'ouverture de « l'espace télévisuel à la télévision privée », le lui remet le {{date-|20 mai}}. Il préconise la création de deux chaînes de télévision nationales privées en clair financées par la [[publicité]] et dont les fréquences seront concédées par l'État conformément à l'article 79 de la loi du {{date|29 juillet 1982}} sur la communication audiovisuelle. Le {{date-|31 juillet}}, [[Georges Fillioud]], secrétaire d’État français chargé des Techniques de la communication, présente en [[conseil des ministres (France)|conseil des ministres]] une communication sur le développement de l’[[audiovisuel]]. Il y annonce un projet de loi définissant la création d'ici le printemps 1986 de deux nouvelles chaînes de télévision privées à diffusion nationale, l'une généraliste, l'autre à vocation musicale, ainsi que des chaînes de télévision locales, au capital desquelles se retrouveraient [[groupe de presse|groupes de presse]], sociétés de production et [[publicitaire]]s. Sous couvert d'ouverture du paysage audiovisuel, le choix des formats trahit les arrière-pensées politiques du projet gouvernemental, la chaîne généraliste pouvant devenir un excellent relais d'opinion sur l'ensemble de la population en cas de défaite électorale, et la chaîne musicale un relais plus spécifiquement orienté vers la jeunesse, réservoir de voix important pour le [[Parti socialiste (France)|Parti socialiste]].


Le {{date-|16 janvier}} 1986, le président de la République [[François Mitterrand]], lance lors d'un entretien télévisé, l'idée d'« un espace de liberté supplémentaire » et demande au [[Gouvernement Laurent Fabius|gouvernement de Laurent Fabius]] d'étudier le projet. L'avocat [[Jean-Denis Bredin]], chargé par le Premier ministre de rédiger une étude sur l'ouverture de « l'espace télévisuel à la télévision privée », remet son rapport, le {{date-|20 mai}}. Il préconise la création de deux chaînes de télévision nationales privées en clair financées par la [[publicité]], dont les fréquences seraient concédées par l'État, conformément à l'article 79 de la loi du {{date|29 juillet 1982}} sur la communication audiovisuelle. Ces deux nouvelles antennes pourront techniquement utiliser les canaux 5 et 6 des nouveaux réseaux d'émetteurs nationaux à constituer dans la bande de fréquences UHF.
À la suite de cette décision du gouvernement de créer deux nouvelles chaînes de télévision nationales privées et non plus une seule, Léo Scheer et le producteur des ''[[Les Enfants du Rock|Enfants du Rock]]'', [[Jean-Martial Lefranc]], mettent au point, sous la direction de [[Maurice Lévy (publicitaire)|Maurice Lévy]], le projet d'une chaîne de télévision adaptée à un réseau hertzien nouveau, ciblée sur les jeunes. [[Publicis]], plus importante agence de publicité en Europe, change alors de partenaire pour son projet de télévision commerciale et s'allie aux numéros un de la communication et de l'industrie musicale comme [[NRJ Group|NRJ]], [[Gaumont]], l'agence de communication Gilbert Gross et les trois majors de l'édition musicale, [[Polygram]], [[Sony]] et [[Virgin Records|Virgin]]. Ce groupement, qui répond dans sa forme aux conditions posées par le projet de loi du gouvernement, dépose son dossier de candidature pour l'obtention d'un contrat de concession de service public auprès de la [[Haute Autorité de la communication audiovisuelle (France)|Haute Autorité de la communication audiovisuelle]]. Le projet porte simplement le nom de '''TV6''', après avoir failli s'appeler TNT, Turbo 6, V 6, MV 6, Super 6 ou NRJ 6<ref name="nouvelobs39">[http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS1112_19860228/OBS1112_19860228_039.pdf. Quand les kids entrent en Sixième], ''[[Le Nouvel Observateur]]'' du [[28 février 1986]], page 39</ref>.


Le {{date-|31 juillet}}, [[Georges Fillioud]], secrétaire d’État français chargé des Techniques de la communication, présente en [[conseil des ministres (France)|conseil des ministres]] une communication sur le développement de l’[[audiovisuel]]. Il annonce un projet de loi définissant la création d'ici le printemps 1986 de deux nouvelles chaînes de télévision privées à diffusion nationale, l'une généraliste, l'autre à vocation musicale ainsi que des dizaines de chaînes de télévision locales, au capital desquelles se retrouveraient [[groupe de presse|groupes de presse]], sociétés de production et [[publicitaire]]s.
Trois projets concourent à l'appel à candidature pour l'attribution de la concession du sixième réseau : la [[Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion|CLT]], candidat malheureux à l'attribution de la cinquième chaîne qui cherche toujours à implanter [[RTL Télévision]] sur le territoire français, le groupement [[Publicis]]/[[Gaumont]]/[[NRJ Group|NRJ]]/Gilbert Gross, et le groupement [[Hit FM]]/[[Euro RSCG|RSCG]] mené par le publicitaire favori du pouvoir en place, [[Jacques Séguéla]]. Le gouvernement choisit le {{date|28|janvier|1986}} le projet de la société TV6 conduit par [[Publicis]] pour créer la première chaîne de télévision française consacrée à la jeunesse et à la musique<ref>[http://www.ina.fr/video/CAB86002431/fillioud-la-6eme-chaine.fr.html Annonce par Georges Fillioud du choix du gouvernement pour l'attribution de la {{6e|chaîne}}, ''Midi 2'' du 28/01/1986 - INA]</ref>. Le contrat de [[concession de service public]] de 18 ans entre l’État et TV6 est signé le même jour et le décret portant approbation de ce contrat et du cahier des charges de la sixième chaîne est publié le {{date-|21 février}}<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19860222&numTexte=&pageDebut=02870&pageFin= Décret {{n°|86-234}} du 21 février 1986 portant approbation du traité de concession et du cahier des charges de la {{6e|chaîne}} - ''Journal Officiel'' du 21 février 1986]</ref>. La chaîne doit consacrer au moins 50 % de son antenne à la musique et, contrairement au cahier des charges de [[La Cinq]], est soumise aux mêmes obligations que les chaînes publiques pour les délais à respecter entre la sortie en salle et la diffusion des films et les quotas de diffusion de films français. Elle doit aussi diffuser trois cent cinquante heures de production propre la première année et produire cent [[vidéo-clips]]<ref name="nouvelobs39" />{{,}}<ref>[http://www.sans-logique.com/mylene-farmer/presse/article.php?article=1986-08-07-tv6-produit-ses-clips TV6 produit ses clips], ''[[VSD (magazine)|VSD]]'' du 7 août 1986, sans-logique.com</ref>.


À la suite de cette décision de création de deux nouvelles chaînes de télévision nationales privées, Léo Scheer et le producteur des ''[[Les Enfants du Rock|Enfants du Rock]]'', [[Jean-Martial Lefranc]], mettent au point sous la direction de [[Maurice Lévy (publicitaire)|Maurice Lévy]], le projet d'une chaîne de télévision adaptée à un réseau hertzien nouveau, ciblée sur les jeunes.
Après la diffusion en boucle d'une bande-annonce dès le {{date|22|février|1986|à la télévision}} sur le nouveau sixième réseau hertzien de [[TDF]]<ref name="nouvelobs38">[http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS1112_19860228/OBS1112_19860228_038.pdf. Quand les kids entrent en Sixième], ''[[Le Nouvel Observateur]]'' du 28 février 1986, page 38</ref>, TV6, première chaîne de télévision musicale [[France|française]], commence à émettre le samedi {{date|1|mars|1986|à la télévision}} à 17h00<ref>[http://www.ina.fr/media/television/video/CAB86022746/la-6eme-chaine-1er-jour.fr.html Lancement de la {{6e|chaîne}} TV6, ''JT 20H d'Antenne 2'' du 01/03/1986 - INA]</ref>. Fidèle à sa cible, elle se surnomme « la plus jeune des télés » et se consacre entièrement aux musiques actuelles. Chacun des partenaires du projet apporte sa pierre à l'édifice : Gaumont amène son catalogue de films et de [[séries télévisées]], NRJ ses animateurs et son savoir-faire musical et Publicis prend en charge la direction de la chaîne et la régie publicitaire. En tant que chaîne commerciale privée, TV6 diffuse deux minutes de [[publicité]] toutes les vingt minutes<ref name="nouvelobs39" />.

Le groupe [[Publicis]] plus important acteur de la publicité en Europe, change alors de partenaire pour son projet de télévision commerciale et s'allie à plusieurs entreprises spécialistes de la communication et de l'industrie musicale, comme [[NRJ Group|NRJ]], [[Gaumont]], l'agence de communication Gilbert Gross et trois « majors » de l'édition musicale, [[Polygram]], [[Sony]] et [[Virgin Records|Virgin]]. Ce groupement répond dans sa forme, aux critères établis par le projet de loi du gouvernement. Il dépose son dossier de candidature pour l'obtention d'un contrat de concession de service public, auprès de la [[Haute Autorité de la communication audiovisuelle (France)|Haute Autorité de la communication audiovisuelle]]. Le projet porte simplement le nom de code '''TV6''' après avoir failli s'appeler TNT, Turbo 6, V 6, MV 6, Super 6 ou encore NRJ 6<ref name="nouvelobs39">[http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS1112_19860228/OBS1112_19860228_039.pdf. Quand les kids entrent en Sixième], ''[[Le Nouvel Observateur]]'' du [[28 février 1986]], page 39</ref>.

Trois concurrents sont en compétition pour l'appel à candidature pour la concession du sixième réseau : la [[Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion|CLT]], ancien candidat perdant à l'attribution de la cinquième chaîne et dont l'objectif consiste toujours à implanter [[RTL Télévision]] sur le territoire français, le duo [[Publicis]]/[[Gaumont]]/[[NRJ Group|NRJ]]/Gilbert Gross et le groupement [[Hit FM]]/[[Euro RSCG|RSCG]] piloté par le publicitaire [[Jacques Séguéla]].

Le {{date|28|janvier|1986}}, le gouvernement choisit le dossier de la société TV6 conduit par [[Publicis]] pour créer la première chaîne de télévision française consacrée à la jeunesse et à la musique<ref>[http://www.ina.fr/video/CAB86002431/fillioud-la-6eme-chaine.fr.html Annonce par Georges Fillioud du choix du gouvernement pour l'attribution de la {{6e|chaîne}}, ''Midi 2'' du 28/01/1986 - INA]</ref>. Le contrat de [[concession de service public]] de 18 ans entre l’État et TV6 est signé le même jour. Le décret portant approbation de ce contrat et du cahier des charges de la sixième chaîne est publié le {{date-|21 février}}<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19860222&numTexte=&pageDebut=02870&pageFin= Décret {{n°|86-234}} du 21 février 1986 portant approbation du traité de concession et du cahier des charges de la {{6e|chaîne}} - ''Journal Officiel'' du 21 février 1986]</ref>.

La chaîne doit consacrer au moins 50 % de son antenne à la musique et, à la différence du cahier des charges de [[La Cinq]], elle est soumise aux mêmes obligations que les chaînes publiques pour les délais à respecter pour la diffusion des films depuis leur sortie en salle et les quotas de diffusion de longs-métrages français. TV6 s'engage aussi à diffuser trois cent cinquante heures de production propre la première année puis produire cent [[vidéo-clips]]<ref name="nouvelobs39" />{{,}}<ref>[http://www.sans-logique.com/mylene-farmer/presse/article.php?article=1986-08-07-tv6-produit-ses-clips TV6 produit ses clips], ''[[VSD (magazine)|VSD]]'' du 7 août 1986, sans-logique.com</ref>.

Le sigle de la chaîne signifie '''Télévision 6'''<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=yWZkaHDHsXU TV6 Télévision 6-publicité-1986-YouTube]</ref>.

== Ouverture de l'antenne ==

Après la diffusion en boucle d'une bande-annonce dès le {{date|22|février|1986|à la télévision}} sur le nouveau sixième réseau hertzien de [[TDF]]<ref name="nouvelobs38">[http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS1112_19860228/OBS1112_19860228_038.pdf. Quand les kids entrent en Sixième], ''[[Le Nouvel Observateur]]'' du 28 février 1986, page 38</ref>, TV6, première chaîne de télévision musicale [[France|française]], commence à émettre le samedi {{date|1|mars|1986|à la télévision}} à 17h00<ref>[http://www.ina.fr/media/television/video/CAB86022746/la-6eme-chaine-1er-jour.fr.html Lancement de la {{6e|chaîne}} TV6, ''JT 20H d'Antenne 2'' du 01/03/1986 - INA]</ref>. Fidèle à sa cible marketing, elle s'affiche comme « la plus jeune des télés » et se consacre entièrement aux musiques actuelles.

Chacun des partenaires de l'entreprise apporte sa pierre à l'édifice : Gaumont son catalogue de films et de [[séries télévisées]], NRJ ses animateurs et son savoir-faire dans la programmation musicale et le groupe Publicis prend en charge la direction administrative de la chaîne et la régie publicitaire. Comme chaîne commerciale privée, TV6 peut diffuser jusqu'à deux minutes de [[publicité]] toutes les vingt minutes<ref name="nouvelobs39" />.

== Changement politique et remise en cause ==
À la suite des [[Élections législatives françaises de 1986|élections législatives de mars 1986]], la [[Droite (politique)|droite]] revient au pouvoir. [[Jacques Chirac]] est Premier ministre et demande à son nouveau ministre de la Communication, [[François Léotard]], de mettre en œuvre la politique audiovisuelle du gouvernement : privatisation de [[TF1]] et annulation des concessions des deux nouvelles chaînes privées, [[La Cinq]] et TV6, trop rapidement attribuées sur pression de l'Élysée sans réel appel d'offres. Par le décret {{n°|86}}-901 du {{date-|30 juillet 1986}}, le [[Gouvernement Jacques Chirac (2)|gouvernement de Jacques Chirac]] décide de réattribuer cette chaîne avant la fin de sa concession<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19860802&numTexte=&pageDebut=09538&pageFin= Décret {{n°|86-901}} du 30 juillet 1986 portant résiliation du traité de concession conclu avec la société TV6 pour l'exploitation de la {{6e|chaîne}} de télévision - ''Journal Officiel'' du 30 juillet 1986]</ref>. À la suite d'un recours de TV6, ce décret est annulé par arrêt du [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] le {{date-|2 février 1987}}, car le ministre n'a pas respecté l'échéance légale de la concession d'un an<ref>[http://lexinter.net/JPTXT2/arret_tv6.htm Annulation par le Conseil d'État du décret {{n°|86-901}} du 30 juillet 1986 résiliant la concession de TV6]</ref>. Toutefois, la [[Commission nationale de la communication et des libertés]] (CNCL), qui a succédé à la [[Haute Autorité de la communication audiovisuelle (France)|Haute Autorité de la communication audiovisuelle]] depuis le {{date|30 septembre 1986|à la télévision}}, fixe le {{date|15 janvier 1987}} les obligations générales et particulières des « télévisions hertziennes nationales privées en clair » par les décisions {{n°|87}}-1 et 87-2. Le {{date|2|février|1987|à la télévision}}, le décret {{n°|87}}-51 résilie le contrat de concession de la sixième chaîne qui s'achève le {{date|28|février|1987|à la télévision}} à minuit<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19870203&numTexte=&pageDebut=01218&pageFin= Décret {{n°|87-51}} du 2 février 1987 portant résiliation du traité de concession conclu avec la société TV6 pour l'exploitation de la {{6e|chaîne}} de télévision - ''Journal Officiel'' du 3 février 1987]</ref> et ouvre par la même occasion l'appel à candidature pour la réattribution du réseau. La CNCL auditionne le projet [[M6|Métropole Télévision]] présenté par la [[Lyonnaise des Eaux]] alliée à la [[RTL Group|CLT]], au producteur [[Marin Karmitz]] ([[MK2]]) et au groupe de presse [[Groupe Amaury|Amaury]], le groupement Télé Fiction Musique, ainsi que TV6, candidate à sa propre succession.
À la suite des [[Élections législatives françaises de 1986|élections législatives de mars 1986]], la [[Droite (politique)|droite]] revient au pouvoir. [[Jacques Chirac]] est Premier ministre et demande à son nouveau ministre de la Communication [[François Léotard]], de mettre en œuvre la politique audiovisuelle du gouvernement : privatisation de [[TF1]]. Ce plan comprend aussi l'annulation des concessions des deux nouvelles chaînes privées [[La Cinq]] et TV6, dont les conditions d'attribution sont considérées non conformes d'un point de vue règlementaire.
Par le décret {{n°|86}}-901 du {{date-|30 juillet 1986}}, le [[Gouvernement Jacques Chirac (2)|gouvernement de Jacques Chirac]] réattribue le canal, anticipant la fin du contrat de concession signé par le précédent gouvernement<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19860802&numTexte=&pageDebut=09538&pageFin= Décret {{n°|86-901}} du 30 juillet 1986 portant résiliation du traité de concession conclu avec la société TV6 pour l'exploitation de la {{6e|chaîne}} de télévision - ''Journal Officiel'' du 30 juillet 1986]</ref>.
À la suite d'un recours de TV6, ce décret est annulé par arrêt du [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] le {{date-|2 février 1987}}, car le ministre n'a pas respecté l'échéance légale de la concession d'un an<ref>[http://lexinter.net/JPTXT2/arret_tv6.htm Annulation par le Conseil d'État du décret {{n°|86-901}} du 30 juillet 1986 résiliant la concession de TV6]</ref>. Toutefois, la [[Commission nationale de la communication et des libertés]] (CNCL) désormais en charge du dossier depuis le {{date|30 septembre 1986|à la télévision}}, fixe les nouvelles obligations générales et particulières des « télévisions hertziennes nationales privées en clair » par les décisions {{n°|87}}-1 et 87-2, le {{date|15 janvier 1987}}.
Le {{date|2|février|1987|à la télévision}}, le décret {{n°|87}}-51 résilie le contrat de concession de la sixième chaîne qui s'achève le {{date|28|février|1987|à la télévision}} à minuit<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19870203&numTexte=&pageDebut=01218&pageFin= Décret {{n°|87-51}} du 2 février 1987 portant résiliation du traité de concession conclu avec la société TV6 pour l'exploitation de la {{6e|chaîne}} de télévision - ''Journal Officiel'' du 3 février 1987]</ref> et ouvre par la même occasion l'appel à candidature pour la réattribution du réseau. La CNCL auditionne le projet [[M6|Métropole Télévision]] présenté par la [[Lyonnaise des Eaux]] alliée à la [[RTL Group|CLT]], au producteur [[Marin Karmitz]] ([[MK2]]) et au groupe de presse [[Groupe Amaury|Amaury]], le groupement Télé Fiction Musique, ainsi que TV6, candidate à sa propre succession.

== TV6 remplacée par Metropole TV ==

Le projet Métropole Télévision de la Lyonnaise des Eaux et de la CLT a les faveurs du gouvernement. Jacques Chirac a promis la sixième chaîne à son ami [[Jérôme Monod]], PDG de la Lyonnaise des Eaux ainsi qu'à la CLT, contre un accord sur le vote luxembourgeois concernant la [[politique agricole commune]]. Souhaitant contrecarrer ce plan, le groupe [[Publicis]] négocie avec la Lyonnaise des Eaux pour constituer un nouveau tour de table associant les nouveaux et d'anciens opérateurs. Ce type d'opération vient d'être réussi par [[Silvio Berlusconi]] avec [[Robert Hersant]] pour [[La Cinq]].

Toutefois, les négociations n'aboutissent pas et les 25 et {{date|26|février|1987|à la télévision}}, la [[CNCL]] attribue le sixième réseau à la société [[M6|Métropole Télévision]]. Des personnalités et artistes comme [[Serge Gainsbourg]], [[Johnny Hallyday]] ou [[Eddy Mitchell]], interpellent en vain le gouvernement pour tenter de sauver TV6.

== Arrêt des émissions ==


Le {{date|28|février|1987|à la télévision}}, TV6 voit sa concession d'un an non renouvelée. Son siège est pris d'assaut par les jeunes téléspectateurs-fans. Il déferlent sur les [[Avenue des Champs-Élysées|Champs-Élysées]] et improvisent une manifestation avec des artistes parmi lesquels [[Francis Lalanne]], [[Marc Lavoine]], [[Mylène Farmer]], [[Patrick Bruel]]... L'animateur [[Childéric Muller]], vedette de la chaîne<ref>{{Lien web|titre=Interview : Childéric Muller|url=https://iletaitunefoislatele.com/2012/11/04/interview-childeric-muller/|site=iletaitunefoislatele.com|date=2012-11-04}}</ref>, doit monter dans un arbre avec un porte-voix pour disperser la foule en fin de manifestation. Le soir même, TV6 diffuse sa dernière émission depuis le plateau de l'émission ''Tam-Tam'' installé chez [[Vidéo Communication France|VCF]] à [[Saint-Cloud]], en présence de nombreux artistes et de tous les animateurs de la chaîne comme Smicky, [[Jean-Luc Delarue]], Isabelle Duhamel, Frédéric Smektala, Frédéric de Rieux et [[Childeric Muller]]. [[Alain Maneval]] porte une pancarte « Y’en a qu'une, c'est la 6 », clin d'œil au slogan de [[TF1]] de l'époque.
Pour contrecarrer le projet Métropole Télévision de la Lyonnaise des Eaux et de la CLT qui a les faveurs du gouvernement (Jacques Chirac ayant déjà promis la sixième chaîne à son ami [[Jérôme Monod]], PDG de la Lyonnaise des Eaux, ainsi qu'à la CLT contre un accord sur le vote luxembourgeois sur la [[politique agricole commune]]), [[Publicis]] négocie alors avec la Lyonnaise des Eaux pour faire un nouveau tour de table qui associerait les nouveaux et les anciens opérateurs, comme [[Silvio Berlusconi]] venait de le faire quelques jours auparavant avec [[Robert Hersant]] pour [[La Cinq]]. Toutefois, les négociations n'aboutissent pas et les 25 et {{date|26|février|1987|à la télévision}}, la [[CNCL]] attribue le sixième réseau à la société [[M6|Métropole Télévision]]. [[Serge Gainsbourg]], [[Johnny Hallyday]], [[Eddy Mitchell]] et d'autres personnalités, interpellent en vain le gouvernement pour tenter de sauver TV6.


Le {{date|28|février|1987|à la télévision}}, le siège de TV6, dont la concession d'un an n'a pas été renouvelée, est pris d'assaut par les jeunes téléspectateurs-fans qui envahissent les [[Avenue des Champs-Élysées|Champs-Élysées]] et improvisent une manifestation avec les artistes ([[Francis Lalanne]], [[Marc Lavoine]], [[Mylène Farmer]], [[Patrick Bruel]]...). Quinze mille adolescents survoltés remontent l'avenue jusqu'à l'Étoile. [[Childéric Muller]], la vedette de la chaîne, doit monter dans un arbre avec un porte-voix pour disperser la foule en fin de manifestation. Le soir, TV6 diffuse sa dernière émission depuis le plateau de l'émission ''Tam-Tam'' installé chez [[Vidéo Communication France|VCF]] à [[Saint-Cloud]], en présence de nombreux artistes et de tous les animateurs de la chaîne (Smicky, [[Jean-Luc Delarue]], Isabelle Duhamel, Frédéric Smektala, Frédéric de Rieux, [[Childeric Muller]] et [[Alain Maneval]] qui porte une pancarte « y’en a qu'une, c'est la 6 », clin d'œil au slogan de [[TF1]] de l'époque). Le programme s'achève par un clip parodiant ''[[Star Wars]]'' dans lequel [[Anakin Skywalker|Dark Vador]] (symbolisant le nouveau gouvernement de droite [[Jacques Chirac|Chirac]]/[[Édouard Balladur|Balladur]]) se félicite de la victoire de l'Empire (le groupement [[Lyonnaise des Eaux]]/[[Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion|CLT]]) sur la rébellion (TV6 propriété de [[Publicis]]/[[NRJ Group|NRJ]]) et explose la planète TV6, qui n'aura donc vécu qu'un an<ref>[https://www.dailymotion.com/video/x1brsp_dernieres-minutes-tv6-1987_shortfilms Dernières minutes de TV6 - 28 février 1987]</ref>. Le lendemain, {{date|1|mars|1987|à la télévision}}, [[M6]] prend le relais dès le matin à 11 h 15, sur les mêmes fréquences où sa défunte concurrente avait éteint ses émetteurs à minuit.
À l'antenne, le programme spécial s'achève par un clip parodiant ''[[Star Wars]]'' dans lequel [[Anakin Skywalker|Dark Vador]] symbolisant le nouveau gouvernement de droite [[Jacques Chirac|Chirac]]/[[Édouard Balladur|Balladur]] se félicite de la victoire de l'Empire, le groupement [[Lyonnaise des Eaux]]/[[Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion|CLT]] sur la rébellion de TV6, propriété de [[Publicis]]/[[NRJ Group|NRJ]]. La manoeuvre fait exploser la planète TV6, âgée d'un an seulement<ref>[https://www.dailymotion.com/video/x1brsp_dernieres-minutes-tv6-1987_shortfilms Dernières minutes de TV6 - 28 février 1987]</ref>. Le lendemain, {{date|1|mars|1987|à la télévision}}. La chaîne [[M6]] prend le relais dès le lendemain matin à 11 h 15, sur le même canal où sa défunte concurrente a éteint ses émetteurs à minuit. Ainsi, il n'y a pas « d'écran noir », à la différence quelques années plus tard, de la fermeture de la chaîne La Cinq.


Bénéficiant d'un réseau d'émetteurs essentiellement situés dans les grands bassins urbains de la France, [[M6]] devra toutefois conserver dans sa programmation une certaine dominante musicale, héritée de TV6.
Bénéficiant d'un réseau d'émetteurs essentiellement situés dans les grands bassins urbains de la France, [[M6]] devra toutefois conserver dans sa programmation une certaine dominante musicale, héritée de TV6.

Version du 6 janvier 2024 à 23:09

TV6
Caractéristiques
Création
Disparition
Propriétaire
Slogan
« La plus jeune des télés »
Langue
Pays
Statut
Semi-généraliste nationale privée
Siège social
Site web
Minitel : 3615 TV6 (1986-1987)
Diffusion
Diffusion
Chronologie

TV6 sigle de Télévision 6 est une chaîne de télévision française privée et gratuite nationale consacrée à la musique et pour la jeunesse, créée le . Un an plus tard, elle devient la première chaîne nationale à être supprimée dans l'histoire de la télévision française, le samedi à minuit, cinq ans avant La Cinq. Cette suppression survient pour des motifs politiques à la suite des élections législatives du printemps 1986 perdues par la majorité (le gouvernement de Laurent Fabius) et gagnées par l'opposition représentée par Jacques Chirac. Quelques heures après la disparition définitive de TV6, le dimanche , la chaîne M6 retransmet ses premières émissions en direct, la remplaçant sur le même canal.

Malgré sa brève durée d'émission, TV6 permet à plusieurs personnalités d'émerger dans le paysage audiovisuel français, parmi lesquelles Jean-Luc Delarue, Childéric Muller ou encore Alain Maneval. Une partie de la presse et des médias salue un ton nouveau conforme à un esprit de « libre antenne » et l'arrivée de la télévision musicale en France[1].

Histoire de la chaîne

Après avoir conçu, développé et lancé Canal+, en novembre 1984, Léo Scheer quitte Havas et son dirigeant André Rousselet, pour rejoindre le groupe Publicis et Maurice Levy, afin de mettre en œuvre un nouveau projet de télévision commerciale, en partenariat avec Europe 1 Communications.

En 1985, à un peu plus d'un an des élections législatives en France, la gauche au pouvoir redoute un échec et souhaite alors créer un espace médiatique nouveau, hors du domaine institutionnel de la télévision publique sous contrôle des gouvernements, susceptible de toucher un large public contrairement à Canal+ cryptée. Cette chaîne pourrait constituer un relais d'opinion conforme à ses idées, si elle venait à retourner dans l'opposition.

Le 1986, le président de la République François Mitterrand, lance lors d'un entretien télévisé, l'idée d'« un espace de liberté supplémentaire » et demande au gouvernement de Laurent Fabius d'étudier le projet. L'avocat Jean-Denis Bredin, chargé par le Premier ministre de rédiger une étude sur l'ouverture de « l'espace télévisuel à la télévision privée », remet son rapport, le . Il préconise la création de deux chaînes de télévision nationales privées en clair financées par la publicité, dont les fréquences seraient concédées par l'État, conformément à l'article 79 de la loi du sur la communication audiovisuelle. Ces deux nouvelles antennes pourront techniquement utiliser les canaux 5 et 6 des nouveaux réseaux d'émetteurs nationaux à constituer dans la bande de fréquences UHF.

Le , Georges Fillioud, secrétaire d’État français chargé des Techniques de la communication, présente en conseil des ministres une communication sur le développement de l’audiovisuel. Il annonce un projet de loi définissant la création d'ici le printemps 1986 de deux nouvelles chaînes de télévision privées à diffusion nationale, l'une généraliste, l'autre à vocation musicale ainsi que des dizaines de chaînes de télévision locales, au capital desquelles se retrouveraient groupes de presse, sociétés de production et publicitaires.

À la suite de cette décision de création de deux nouvelles chaînes de télévision nationales privées, Léo Scheer et le producteur des Enfants du Rock, Jean-Martial Lefranc, mettent au point sous la direction de Maurice Lévy, le projet d'une chaîne de télévision adaptée à un réseau hertzien nouveau, ciblée sur les jeunes.

Le groupe Publicis plus important acteur de la publicité en Europe, change alors de partenaire pour son projet de télévision commerciale et s'allie à plusieurs entreprises spécialistes de la communication et de l'industrie musicale, comme NRJ, Gaumont, l'agence de communication Gilbert Gross et trois « majors » de l'édition musicale, Polygram, Sony et Virgin. Ce groupement répond dans sa forme, aux critères établis par le projet de loi du gouvernement. Il dépose son dossier de candidature pour l'obtention d'un contrat de concession de service public, auprès de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle. Le projet porte simplement le nom de code TV6 après avoir failli s'appeler TNT, Turbo 6, V 6, MV 6, Super 6 ou encore NRJ 6[2].

Trois concurrents sont en compétition pour l'appel à candidature pour la concession du sixième réseau : la CLT, ancien candidat perdant à l'attribution de la cinquième chaîne et dont l'objectif consiste toujours à implanter RTL Télévision sur le territoire français, le duo Publicis/Gaumont/NRJ/Gilbert Gross et le groupement Hit FM/RSCG piloté par le publicitaire Jacques Séguéla.

Le , le gouvernement choisit le dossier de la société TV6 conduit par Publicis pour créer la première chaîne de télévision française consacrée à la jeunesse et à la musique[3]. Le contrat de concession de service public de 18 ans entre l’État et TV6 est signé le même jour. Le décret portant approbation de ce contrat et du cahier des charges de la sixième chaîne est publié le [4].

La chaîne doit consacrer au moins 50 % de son antenne à la musique et, à la différence du cahier des charges de La Cinq, elle est soumise aux mêmes obligations que les chaînes publiques pour les délais à respecter pour la diffusion des films depuis leur sortie en salle et les quotas de diffusion de longs-métrages français. TV6 s'engage aussi à diffuser trois cent cinquante heures de production propre la première année puis produire cent vidéo-clips[2],[5].

Le sigle de la chaîne signifie Télévision 6[6].

Ouverture de l'antenne

Après la diffusion en boucle d'une bande-annonce dès le sur le nouveau sixième réseau hertzien de TDF[7], TV6, première chaîne de télévision musicale française, commence à émettre le samedi à 17h00[8]. Fidèle à sa cible marketing, elle s'affiche comme « la plus jeune des télés » et se consacre entièrement aux musiques actuelles.

Chacun des partenaires de l'entreprise apporte sa pierre à l'édifice : Gaumont son catalogue de films et de séries télévisées, NRJ ses animateurs et son savoir-faire dans la programmation musicale et le groupe Publicis prend en charge la direction administrative de la chaîne et la régie publicitaire. Comme chaîne commerciale privée, TV6 peut diffuser jusqu'à deux minutes de publicité toutes les vingt minutes[2].

Changement politique et remise en cause

À la suite des élections législatives de mars 1986, la droite revient au pouvoir. Jacques Chirac est Premier ministre et demande à son nouveau ministre de la Communication François Léotard, de mettre en œuvre la politique audiovisuelle du gouvernement : privatisation de TF1. Ce plan comprend aussi l'annulation des concessions des deux nouvelles chaînes privées La Cinq et TV6, dont les conditions d'attribution sont considérées non conformes d'un point de vue règlementaire.

Par le décret no 86-901 du , le gouvernement de Jacques Chirac réattribue le canal, anticipant la fin du contrat de concession signé par le précédent gouvernement[9].

À la suite d'un recours de TV6, ce décret est annulé par arrêt du Conseil d'État le , car le ministre n'a pas respecté l'échéance légale de la concession d'un an[10]. Toutefois, la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL) désormais en charge du dossier depuis le , fixe les nouvelles obligations générales et particulières des « télévisions hertziennes nationales privées en clair » par les décisions no 87-1 et 87-2, le .

Le , le décret no 87-51 résilie le contrat de concession de la sixième chaîne qui s'achève le à minuit[11] et ouvre par la même occasion l'appel à candidature pour la réattribution du réseau. La CNCL auditionne le projet Métropole Télévision présenté par la Lyonnaise des Eaux alliée à la CLT, au producteur Marin Karmitz (MK2) et au groupe de presse Amaury, le groupement Télé Fiction Musique, ainsi que TV6, candidate à sa propre succession.

TV6 remplacée par Metropole TV

Le projet Métropole Télévision de la Lyonnaise des Eaux et de la CLT a les faveurs du gouvernement. Jacques Chirac a promis la sixième chaîne à son ami Jérôme Monod, PDG de la Lyonnaise des Eaux ainsi qu'à la CLT, contre un accord sur le vote luxembourgeois concernant la politique agricole commune. Souhaitant contrecarrer ce plan, le groupe Publicis négocie avec la Lyonnaise des Eaux pour constituer un nouveau tour de table associant les nouveaux et d'anciens opérateurs. Ce type d'opération vient d'être réussi par Silvio Berlusconi avec Robert Hersant pour La Cinq.

Toutefois, les négociations n'aboutissent pas et les 25 et , la CNCL attribue le sixième réseau à la société Métropole Télévision. Des personnalités et artistes comme Serge Gainsbourg, Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell, interpellent en vain le gouvernement pour tenter de sauver TV6.

Arrêt des émissions

Le , TV6 voit sa concession d'un an non renouvelée. Son siège est pris d'assaut par les jeunes téléspectateurs-fans. Il déferlent sur les Champs-Élysées et improvisent une manifestation avec des artistes parmi lesquels Francis Lalanne, Marc Lavoine, Mylène Farmer, Patrick Bruel... L'animateur Childéric Muller, vedette de la chaîne[12], doit monter dans un arbre avec un porte-voix pour disperser la foule en fin de manifestation. Le soir même, TV6 diffuse sa dernière émission depuis le plateau de l'émission Tam-Tam installé chez VCF à Saint-Cloud, en présence de nombreux artistes et de tous les animateurs de la chaîne comme Smicky, Jean-Luc Delarue, Isabelle Duhamel, Frédéric Smektala, Frédéric de Rieux et Childeric Muller. Alain Maneval porte une pancarte « Y’en a qu'une, c'est la 6 », clin d'œil au slogan de TF1 de l'époque.

À l'antenne, le programme spécial s'achève par un clip parodiant Star Wars dans lequel Dark Vador symbolisant le nouveau gouvernement de droite Chirac/Balladur se félicite de la victoire de l'Empire, le groupement Lyonnaise des Eaux/CLT sur la rébellion de TV6, propriété de Publicis/NRJ. La manoeuvre fait exploser la planète TV6, âgée d'un an seulement[13]. Le lendemain, . La chaîne M6 prend le relais dès le lendemain matin à 11 h 15, sur le même canal où sa défunte concurrente a éteint ses émetteurs à minuit. Ainsi, il n'y a pas « d'écran noir », à la différence quelques années plus tard, de la fermeture de la chaîne La Cinq.

Bénéficiant d'un réseau d'émetteurs essentiellement situés dans les grands bassins urbains de la France, M6 devra toutefois conserver dans sa programmation une certaine dominante musicale, héritée de TV6.

Organisation

Dirigeants

Capital

Le capital de la société TV6 était de 10 000 000 francs détenus à 25 % par Publicis, à 25 % par Gaumont, à 18 % par NRJ, à 12 % par Gilbert Gross, les 20 % restants étant répartis entre la direction, des personnes privées et les trois majors de l'édition musicale Polygram, Sony et Virgin.

Siège

Le siège social de TV6 était situé au 133, avenue des Champs-Elysées dans le 8e arrondissement de Paris, siège de son actionnaire principal Publicis.

Programmes

De mars à , TV6 ouvrait chaque jour son antenne à 14h00 et diffusait jusqu'à minuit un programme ne comportant que des émissions musicales. À partir du , TV6 diffuse des séries télévisées et un feuilleton, ainsi que des films, principalement issus du catalogue Gaumont et sélectionnés par Gérard Jourd'hui. TV6 tente de se différencier de ses concurrentes par le choix éditorial fait au niveau des films et des séries que l’on ne pouvait pas voir ailleurs.

Dominique Duforest était chargé de la sélection des vidéo-clips et de leurs programmation et de l'habillage d'antenne. Les jingles musicaux étaient réalisés par le producteur-arrangeur Jean-Pierre Castelain.

Émissions

  • Système 6 [14] : l'émission phare de la chaîne diffusée quotidiennement en semaine de 17 h à 19 h et animée par Childeric Muller. Cette émission verra débuter de nombreux chroniqueurs dont notamment Smicky, Philippe Vandel, Jean-Luc Delarue ou Charlotte Valandrey ("La bande à Childé"). Premier "talk-show" quotidien de la chaîne : chaque jour, dans l'émission totalement en direct, les jeunes téléspectateurs peuvent s'exprimer librement par téléphone et surtout converser avec les artistes invités sur le plateau; ce qui donne lieu à de nombreux dérapages. Toutefois, la plupat des personnalités Françaises et étrangères de passage à Paris acceptent de jouer le jeu et on y voit Indochine, James Brown, Michel Sardou, Mylène Farmer, Serge Gainsbourg, The Cure
  • Tam-Tam : émission hebdomadaire de variétés de Patrice Blanc-Francard, animée par Alain Maneval et diffusée en direct et en public chaque samedi de 18 h à 19 h 30, dans laquelle se pressaient les artistes branchés français ou étrangers des années 1980 (Niagara, Simple Minds, Gold…).
  • Les Bons Plans d'Actuel : émission quotidienne diffusée chaque soir de 20h25 à 20h30 et présentée par Bintou Simpore et Philippe Vandel qui y fait ses premières armes télévisuelles.
  • Une page de pub : émission diffusée le samedi de 20 h à 20 h 25 et présentée en direct par Olivier Dorangeon et Jean-Luc Delarue. Ce dernier rend l’antenne à la fin de chaque émission en prononçant : « Bonjour chez vous », en faisant le signe adéquat (référence à la série Le Prisonnier diffusée sur la chaîne). Dans ce jeu télévisé, trois candidats s'affrontent sur leur terrain favori : la culture publicitaire.
  • Les catcheurs du rock : dessin animé présenté par Isabelle Duhamel le samedi de 17h00 à 18h00.
  • Profil 6 : Cette émission diffusée le jeudi de 23h00 à minuit dresse le portrait d'un artiste en clip musical et interview.
  • Play 6 : émission animée par Smicky et diffusée le dimanche de 18h30 à 19h00 proposant les titres les plus demandés et les coups de cœur de la chaîne.
  • Métal 6 : émission musicale consacrée au hard rock et à son actualité (concerts, nouveautés), présentée par Francis Zégut et diffusée le dimanche de 19h00 à 20h00.
  • 6 Tonic : diffusion de clips musicaux, bandes-annonces de films et extraits de concerts tous les jours de la semaine de 14h à 17h et en fin de soirée jusqu'à la fin des émissions à 1h00.
  • Live 6 : émission de variétés présentée en direct chaque vendredi soir de 20h30 à 22h00 par Smicky puis par Jacques Colin et composée de plusieurs rubriques : "Jeux", "Rodéo Clip" : concours réservé aux amateurs qui permet au vainqueur d'être programmé au moins deux fois par jour sur TV6, "Astrorock" : l'invité est soumis à un interrogatoire fondé sur l'étude de son thème astral, et enfin une séquence concert.
  • Côté-courts : émission diffusée chaque vendredi de 22h00 à 23h00 et réalisée en collaboration avec l'Agence du court métrage.

À partir du , TV6 se mit à diffuser avec la musique de Top Gun des séries télévisées et un feuilleton, ainsi que des films issus du catalogue Gaumont. La chaîne tente de se différencier de ses concurrentes par le choix éditorial fait au niveau des films et des séries que l’on ne pouvait pas voir ailleurs.

Cette grille subit peu de variations jusqu'à l'arrêt de la chaîne le .

Grille de programmes

  • Grille des programmes de TV6 du au  :

Les séries télévisées sont en vert ; les téléfilms en rose ; les émissions en marron doré et les films en marron. Le ® correspond aux rediffusions.

14:00 17:00 18:00 19:00 20:00 21:00 22:00 00:00
lundi 6 Tonic Magic 6 Système 6 NRJ 6 Profil 6 Concert sur la 6 6 Tonic Fin des programmes
mardi 6 Best
mercredi Sixties
jeudi 6 sur 6 Concert sur la 6
vendredi Chance 6
samedi NRJ 6 Super 6
dimanche Euro 6 ou US 6

Les séries télévisées sont en vert ; les téléfilms en rose ; les émissions en marron doré et les films en marron. Le ® correspond aux rediffusions.

14:00 17:00 18:00 18:30 19:00 19:30 20:00 20:25 20:30 21:30 22:00 22:30 23:00 00:00 01:00
lundi 6 Tonic Système 6 NRJ 6 Le Temps des copains Max la Menace Les Bons Plans d'Actuel Les Envahisseurs Superminds NRJ 6 ® 6 Tonic ® Fin des programmes
mardi Film
mercredi Sixties 6 Tonic ®
jeudi Film  ? Profil 6
vendredi Live 6 Côté-courts 6 Tonic ®
samedi Les catcheurs du rock Tam-Tam Une page de pub Insiders No Soap, Radio Alfred Hitchcock présente
dimanche 6 Tonic  ? Play 6 Métal 6 Les Globe-trotters Film 6 Tonic ®
  • « La plus jeune des télés » : ce slogan fait référence à la cible visée par la chaîne, les jeunes, et au fait qu'elle est la dernière née des chaînes de télévision en France.

Animateurs

Diffusion

Hertzien analogique

TV6 est diffusée sur le nouveau sixième réseau hertzien analogique terrestre de TDF qui, à sa création, ne touche que 7 600 000 téléspectateurs potentiels avec 9 émetteurs de faible puissance arrosant les grandes métropoles. Les émissions étant retransmises en SECAM avec "identification ligne" pour faciliter la transmission de nouveaux services TV de l'époque (Télétexte, VPS, etc.), plusieurs foyers durent changer d'antenne (Large Bande) ou de récepteur TV à la suite d'une incompatibilités avec le format SECAM historique "identification Trame" (bouteilles SECAM) se traduisant par une image en noir et blanc sur les postes concernés. Ces évolutions techniques furent en quelque sorte un frein au déploiement du réseau de la sixième chaîne sur le territoire. En tant que chaîne privée, TV6 doit financer les nouveaux émetteurs installés par TDF, avec l'aide toutefois de certaines collectivités locales désirant répondre aux attentes de leurs administrés.

Fin le sixième réseau national compte 30 émetteurs de faible puissance touchant 18 millions de téléspectateurs potentiels; à noter que 17 autres émetteurs prévus doivent être mis en service avant .

Satellite

En complément, TV6 est relayée sur l'ensemble du territoire national via le satellite Telecom 1B, lequel, grâce à La Cinq, doit favoriser le déploiement des équipements satellite individuels sur la France.

Câble

TV6 est diffusée par câble en France sur les réseaux de France Telecom Câble, Lyonnaise Câble et CGV.

Audience

En 1987, TV6 touche plus de dix millions de foyers potentiels (couvrant l'Île-de-France, Lyon et Marseille). Toutefois, son démarrage est compromis en raison de difficultés techniques pour la capter (canaux TV moins puissants que ceux de TF1, Antenne 2, FR3, Canal+ et La Cinq). Du fait de l'absence de mesure d'audience fiable la concernant à l'époque (l'Audimat ne concernait alors ni La Cinq, ni TV6), la presse et les médias la traitent de marginale. Enfin, le puissant lobby de la télévision par câble (Lyonnaise des Eaux, Compagnie générale des eaux, France Télécom), voyant en elle une chaîne thématique nationale susceptible de freiner son développement, fait tout pour minimiser son succès. La chaîne réunit quotidiennement dès ses débuts, 500 000 téléspectateurs, soit 0,3 % de part d'audience, essentiellement adolescente. Après un an d'existence, plus de 14 millions de Français connaissaient TV6.

Notes et références

  1. les origines de TV6
  2. a b et c Quand les kids entrent en Sixième, Le Nouvel Observateur du 28 février 1986, page 39
  3. Annonce par Georges Fillioud du choix du gouvernement pour l'attribution de la 6e chaîne, Midi 2 du 28/01/1986 - INA
  4. Décret no 86-234 du 21 février 1986 portant approbation du traité de concession et du cahier des charges de la 6e chaîne - Journal Officiel du 21 février 1986
  5. TV6 produit ses clips, VSD du 7 août 1986, sans-logique.com
  6. TV6 Télévision 6-publicité-1986-YouTube
  7. Quand les kids entrent en Sixième, Le Nouvel Observateur du 28 février 1986, page 38
  8. Lancement de la 6e chaîne TV6, JT 20H d'Antenne 2 du 01/03/1986 - INA
  9. Décret no 86-901 du 30 juillet 1986 portant résiliation du traité de concession conclu avec la société TV6 pour l'exploitation de la 6e chaîne de télévision - Journal Officiel du 30 juillet 1986
  10. Annulation par le Conseil d'État du décret no 86-901 du 30 juillet 1986 résiliant la concession de TV6
  11. Décret no 87-51 du 2 février 1987 portant résiliation du traité de concession conclu avec la société TV6 pour l'exploitation de la 6e chaîne de télévision - Journal Officiel du 3 février 1987
  12. « Interview : Childéric Muller », sur iletaitunefoislatele.com,
  13. Dernières minutes de TV6 - 28 février 1987
  14. Système 6, TV6 - 1986, Partie 1, Youtube.com
  15. « Insiders - L'Encyclopédie des séries TV », sur Toutelatele.com (consulté le )

Annexe

Articles connexes

Liens externes