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Le début des années 1980 marque également l'accession à la [[Majorité civile|majorité]] d'Elena et [[Cristina de Borbón y Grecia|Cristina]], qui commencent alors à monopoliser les [[Couverture de magazine|couvertures de magazines]]{{sfn|Tiburcio|2023|p=67-68}}. C'est surtout la vie amoureuse des infantes qui retient l'attention de la [[presse du cœur]] espagnole, laquelle prête aux deux sœurs, en particulier à Elena, de nombreuses idylles réelles ou supposées{{sfn|Tiburcio|2023|p=67}}. |
Le début des années 1980 marque également l'accession à la [[Majorité civile|majorité]] d'Elena et [[Cristina de Borbón y Grecia|Cristina]], qui commencent alors à monopoliser les [[Couverture de magazine|couvertures de magazines]]{{sfn|Tiburcio|2023|p=67-68}}. C'est surtout la vie amoureuse des infantes qui retient l'attention de la [[presse du cœur]] espagnole, laquelle prête aux deux sœurs, en particulier à Elena, de nombreuses idylles réelles ou supposées{{sfn|Tiburcio|2023|p=67}}. |
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En réalité, l'infante Elena a connu sa première expérience amoureuse pendant l'[[adolescence]], avec un de ses camarades de classe à {{langue|es|Santa María del Camino}}{{sfn|Tiburcio|2023|p=69-70}}. Ce n'est toutefois que quelques années plus tard, en 1986, que l'infante vit sa première vraie relation{{sfn|Tiburcio|2023|p=71}}. Fervente amatrice de [[sport hippique]] et pratiquant elle-même l'[[équitation]] en compétition depuis {{date|décembre 1982}}<ref>{{Article |langue=es |titre=Elena de Borbón, la primogénita que no reinará |jour=13 |mois=novembre |année=2007 |périodique=[[El Mundo (Espagne)|El Mundo]] |url texte=https://www.elmundo.es/elmundo/2007/11/13/espana/1194975423.html }}.</ref>, elle rencontre alors un jeune cavalier du nom de [[Luis Astolfi|Luis Astolfi Pérez de Guzmán]]{{sfn|Tiburcio|2023|p=71}}. Ayant obtenu la septième place en [[Équitation aux Jeux olympiques d'été de 1984#Saut d'obstacles|saut d'obstacles par équipes]] aux [[Jeux olympiques d'été de 1984|Jeux olympiques de Los Angeles]] en 1984, ce dernier se montre peu disposé à devenir membre de la [[Famille royale d'Espagne|famille royale]] et souhaite se consacrer entièrement à sa passion pour les [[Cheval|chevaux]]. Supportant mal la pression des médias, Luis Astolfi rompt avec Elena après deux ans de relation, ce qui cause un énorme chagrin à l'infante{{sfn|Tiburcio|2023|p=72-73}}. |
En réalité, l'infante Elena a connu sa première expérience amoureuse pendant l'[[adolescence]], avec un de ses camarades de classe à {{langue|es|Santa María del Camino}}{{sfn|Tiburcio|2023|p=69-70}}. Ce n'est toutefois que quelques années plus tard, en 1986, que l'infante vit sa première vraie relation{{sfn|Tiburcio|2023|p=71}}. Fervente amatrice de [[sport hippique]] et pratiquant elle-même l'[[équitation]] en compétition depuis {{date|décembre 1982}}<ref name="El Mundo">{{Article |langue=es |titre=Elena de Borbón, la primogénita que no reinará |jour=13 |mois=novembre |année=2007 |périodique=[[El Mundo (Espagne)|El Mundo]] |url texte=https://www.elmundo.es/elmundo/2007/11/13/espana/1194975423.html }}.</ref>, elle rencontre alors un jeune cavalier du nom de [[Luis Astolfi|Luis Astolfi Pérez de Guzmán]]{{sfn|Tiburcio|2023|p=71}}. Ayant obtenu la septième place en [[Équitation aux Jeux olympiques d'été de 1984#Saut d'obstacles|saut d'obstacles par équipes]] aux [[Jeux olympiques d'été de 1984|Jeux olympiques de Los Angeles]] en 1984, ce dernier se montre peu disposé à devenir membre de la [[Famille royale d'Espagne|famille royale]] et souhaite se consacrer entièrement à sa passion pour les [[Cheval|chevaux]]. Supportant mal la pression des médias, Luis Astolfi rompt avec Elena après deux ans de relation, ce qui cause un énorme chagrin à l'infante{{sfn|Tiburcio|2023|p=72-73}}. |
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Par la suite, des rumeurs évoquent une relation d'Elena avec un autre cavalier, [[Alfredo Fernández-Durán]], ce que celui-ci dément{{sfn|Tiburcio|2023|p=73}}. C'est dans les bras de [[Cayetano Martínez de Irujo]], fils de la [[Cayetana Fitz-James Stuart|duchesse d'Albe]], que l'infante se console de sa rupture avec Luis Astolfi{{Note|texte=La relation qu'ont entretenu l'infante Elena et Cayetano Martínez de Irujo est révélée par ce dernier dans ses [[mémoires]] publiés en 2019. Voir : {{Ouvrage |langue=es |prénom1=Cayetano |nom1=Martínez de Irujo |lien auteur1=Cayetano Martínez de Irujo |préface=Luis María Ansón |titre=De Cayetana a Cayetano |lieu=Madrid |éditeur=La Esfera de los Libros |année=2019 |pages totales=308 |isbn=9788491646587}}.|groupe=alpha}}{{,}}{{sfn|Tiburcio|2023|p=73}}. Leur romance est alors très bien reçue par la reine [[Sophie de Grèce (1938)|Sophie]], qui voit en Cayetano un excellent parti pour sa fille aînée et s'en ouvre à la mère du jeune homme{{sfn|Tiburcio|2023|p=73-74}}. Pourtant, Cayetano Martínez de Irujo met fin à sa relation avec Elena au bout de trois mois à peine{{sfn|Tiburcio|2023|p=74}}{{,}}<ref>{{Article |langue=es |auteur=Jorge C. Parcero |titre=Cayetano Martínez de Irujo y su romance "oculto y secreto" con la infanta Elena |jour=18 |mois=janvier |année=2023 |périodique=[[El Confidencial]] |url texte=https://www.vanitatis.elconfidencial.com/famosos/2023-01-18/cayetano-martinez-irujo-romance-infanta-elena-chester_3559745/ }}.</ref>. |
Par la suite, des rumeurs évoquent une relation d'Elena avec un autre cavalier, [[Alfredo Fernández-Durán]], ce que celui-ci dément{{sfn|Tiburcio|2023|p=73}}. C'est dans les bras de [[Cayetano Martínez de Irujo]], fils de la [[Cayetana Fitz-James Stuart|duchesse d'Albe]], que l'infante se console de sa rupture avec Luis Astolfi{{Note|texte=La relation qu'ont entretenu l'infante Elena et Cayetano Martínez de Irujo est révélée par ce dernier dans ses [[mémoires]] publiés en 2019. Voir : {{Ouvrage |langue=es |prénom1=Cayetano |nom1=Martínez de Irujo |lien auteur1=Cayetano Martínez de Irujo |préface=Luis María Ansón |titre=De Cayetana a Cayetano |lieu=Madrid |éditeur=La Esfera de los Libros |année=2019 |pages totales=308 |isbn=9788491646587}}.|groupe=alpha}}{{,}}{{sfn|Tiburcio|2023|p=73}}. Leur romance est alors très bien reçue par la reine [[Sophie de Grèce (1938)|Sophie]], qui voit en Cayetano un excellent parti pour sa fille aînée et s'en ouvre à la mère du jeune homme{{sfn|Tiburcio|2023|p=73-74}}. Pourtant, Cayetano Martínez de Irujo met fin à sa relation avec Elena au bout de trois mois à peine{{sfn|Tiburcio|2023|p=74}}{{,}}<ref>{{Article |langue=es |auteur=Jorge C. Parcero |titre=Cayetano Martínez de Irujo y su romance "oculto y secreto" con la infanta Elena |jour=18 |mois=janvier |année=2023 |périodique=[[El Confidencial]] |url texte=https://www.vanitatis.elconfidencial.com/famosos/2023-01-18/cayetano-martinez-irujo-romance-infanta-elena-chester_3559745/ }}.</ref>. |
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En tant qu'[[Infant d'Espagne|infante d'Espagne]], Elena a parfaitement conscience, depuis son |
En tant qu'[[Infant d'Espagne|infante d'Espagne]], Elena a parfaitement conscience, depuis son enfance, des enjeux de son futur mariage et des obligations incombant aux jeunes femmes de son rang{{sfn|Tiburcio|2023|p=74}}. De fait, la presse l'associe régulièrement à de nombreux princes étrangers, tels que les archiducs Martin et [[Georges de Habsbourg-Lorraine|Georges de Habsbourg]] ou le prince [[Philippe (roi des Belges)|Philippe de Belgique]]<ref name="El Mundo" />{{,}}{{sfn|Tiburcio|2023|p=77-78}}. |
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==== Mariage princier à Séville ==== |
==== Mariage princier à Séville ==== |
Version du 25 septembre 2024 à 19:10
Famille
L'infante Elena est la fille du roi Juan Carlos Ier d'Espagne (1938) et de son épouse la princesse Sophie de Grèce (1938). Par son père, elle est la petite-fille de Juan de Borbón y Battenberg (1913-1993), comte de Barcelone et prétendant alphonsiste au trône d'Espagne sous le nom de « Juan III », et de son épouse la princesse María de las Mercedes de Borbón y Orleans (1910-2000). Par sa mère, ses grands-parents sont le roi Paul Ier de Grèce (1901-1964) et la princesse Frederika de Hanovre (1917-1981)[1].
Par chacun de ses parents, Elena est donc la descendante de la reine Victoria du Royaume-Uni (1819-1901), surnommée la « grand-mère de l'Europe »[2]. Du côté maternel, elle descend en outre du roi Christian IX de Danermak (1818-1906), surnommé le « beau-père de l'Europe »[3], et du dernier empereur allemand Guillaume II (1859-1941)[2].
Le , Elena épouse, en la cathédrale Notre-Dame-du-Siège de Séville, Jaime de Marichalar y Sáenz de Tejada (1963), fils d'Amalio de Marichalar y Bruguera (1912-1978), 8e comte de Ripalda, et de María de la Concepción Sáenz de Tejada y Fernández de Bobadilla (1929-2014)[1]. Elena et son époux divorcent le [4].
Ils ont deux enfants, considérés comme grands d'Espagne avec le prédicat d'excellence :
- Felipe de Marichalar y Borbón (né le à Madrid)[5] ;
- Victoria de Marichalar y Borbón (née le à Madrid)[6].
Biographie
Premières années (1963-1969)
Naissance et baptême
Fille aînée de l'infant Juan Carlos d'Espagne et de la princesse Sophie de Grèce, Elena naît le à la clinique Nuestra Señora de Loreto, à Madrid[7]. Son père, sa grand-mère maternelle, la reine Frederika de Grèce, sa tante, la princesse Irène de Grèce, et la princesse Tatiana Radziwill, cousine de sa mère, sont présents[7]. Dès sa naissance, elle reçoit le titre d'infante d'Espagne et le traitement d'altesse royale[8].
Baptisée au palais de la Zarzuela, résidence de ses parents, en présence du chef de l'État espagnol Francisco Franco, le , elle reçoit pour parrain et marraine l'infant Alphonse d'Orléans ainsi que sa grand-mère paternelle, la comtesse de Barcelone[9],[10]. Pour l'occasion, ses grands-parents ont reçu l'autorisation spéciale de pénétrer en Espagne pour la première fois depuis la chute de la monarchie en 1931[9]. De fait, le comte de Barcelone entretient des relations tendues avec Franco, qui rechigne à laisser entrer celui qui se pose comme prétendant à la couronne dans le pays. La rencontre est néanmoins courtoise[11]. L'infante est prénommée Elena María Isabel Dominica de Silos : Elena est une référence à Hélène de Grèce, tante de la princesse Sophie[12],[13] ; María est le prénom de la comtesse de Barcelone[14] ; le prénom Isabel serait lié à Isabelle II (première reine régnante de la maison de Bourbon à monter sur le trône d'Espagne) ou à l'infante Isabelle de Bourbon, dite « La Chata »[15] ; enfin, Dominica de Silos est lié à Dominique de Silos, saint catholique fêté le [13],[15].
Si la naissance d'Elena est une grande joie pour toute sa famille, elle laisse toutefois un goût amer à Juan Carlos qui espérait l'arrivée d'un garçon afin de légitimer sa position auprès du Caudillo[16]. De fait, Franco n'a pas encore désigné son successeur, et la venue au monde d'un héritier mâle favoriserait une continuité dynastique susceptible de rassurer le dictateur[12],[13]. La naissance de l'infante Cristina, le , met à nouveau à mal les espoirs de Juan Carlos, et ce n'est que le que Sophie accouche enfin d'un fils, prénommé Felipe[17].
Voyages et relations familiales
Âgée d'à peine quelques mois, Elena effectue avec ses parents plusieurs voyages à travers l'Europe[18]. Le premier d'entre eux les amène en Suisse pour présenter l'infante à son arrière-grand-mère, la reine douairière Victoire-Eugénie, qui n'a pas été autorisée à revenir en Espagne depuis le départ en exil de la famille royale et la proclamation de la Seconde République[18]. La souveraine reçoit comme un cadeau la venue au monde de cette petite fille blonde aux yeux bleus, qui conserve d'elle le souvenir d'une aïeule toujours élégante[18].
Fréquemment en contact avec sa parentèle grecque, Elena réalise néanmoins son premier séjour dans le pays de sa mère dans un contexte tragique[19]. Peu après la naissance de l'infante, le roi Paul Ier de Grèce s'est vu diagnostiquer un cancer de l'estomac[11],[19]. Pour la princesse Sophie, qui entretient avec son père une relation privilégiée, la nouvelle est d'autant plus dure qu'elle vient assombrir la joie liée à l'arrivée de sa première fille[11],[19]. Sophie passe alors plusieurs semaines entre l'Espagne et la Grèce, avant de choisir de s'installer avec Elena au palais de Tatoï, près d'Athènes, pour être présente au chevet de son père[20]. Le monarque meurt le [19].
Si l'infante Elena ne garde aucun souvenir de son grand-père maternel, la princesse Sophie s'emploie à transmettre la mémoire du roi Paul Ier à sa progéniture[21]. Dans les années qui suivent, Juan Carlos et Sophie accueillent régulièrement la reine Frederika, tant au palais de la Zarzuela qu'à celui de Marivent[22]. Cette dernière, qui vit très mal le deuil de son époux[23], retrouve alors avec joie ses petites-filles Elena et Cristina et se révèle une grand-mère aimante et généreuse, choyant les petites infantes tout en surveillant attentivement leur éducation, ce qui a le don d'agacer son gendre[24]. En 1967, le 50e anniversaire de la souveraine est l'occasion d'un nouveau voyage en Grèce pour Elena et sa famille[25]. Alors que Juan Carlos rentre ensuite en Espagne, la princesse Sophie décide de prolonger son séjour et se trouve toujours à Athènes, avec ses filles, lors du coup d'État des colonels, le [23]. Un temps retenue par les militaires au palais de Psychikó, la famille parvient à regagner Madrid après la réouverture de l'aéroport[26].
Très proche de sa sœur, Elena l'est un peu moins de son frère, Felipe, dont la position de benjamin l'éloigne quelque peu de ses aînées[27]. En particulier, l'infante Cristina supporte mal de le voir accaparer l'attention de leur mère[28]. Malgré tout, les trois enfants grandissent au sein d'un foyer uni et aimant[29].
Une éducation précoce
Ensemble, l'infant Juan Carlos et la princesse Sophie s'expriment généralement en anglais[30] et c'est cette langue que Sophie utilise avec ses enfants[31],[32], même si elle maîtrise parfaitement l'espagnol[31]. Par ailleurs, Elena passe ses premières années sous la supervision de gouvernantes britanniques (Miss Christine, Miss Anna et Miss Pamela[33]) considérées comme des membres de la famille[34].
À partir de 1965, l'infante Elena quitte ses gouvernantes pour être scolarisée dans une école maternelle située à proximité du palais de la Zarzuela[28]. Rompant avec la tradition, Juan Carlos et Sophie ont en effet voulu que leur progéniture puisse fréquenter d'autres enfants[28]. Sophie se charge elle-même d'amener et d'aller chercher sa fille à l'école, où elle est bientôt rejointe par sa sœur Cristina[28]. Rapidement, Elena apprend à lire, à écrire et à dessiner, et se montre heureuse d'aller en classe[35].
Élevée dans la foi catholique, l'infante Elena reçoit notamment son instruction religieuse de la princesse Sophie, qui lui fait réciter la prière avant l'heure du coucher[36]. Parallèlement, la reine Frederika se charge de raconter à sa petite-fille l'histoire de ses ancêtres[22].
Entre changements personnels et changements politiques (1969-1978)
De la nomination du prince d'Espagne au changement d'école
L'enfance d'Elena prend un nouveau tournant à partir de 1969. L'année précédente, l'infant Juan Carlos a fêté ses 30 ans, l'âge requis pour être nommé successeur selon la loi de succession du chef de l'État[37]. Celle-ci, adoptée en 1947, stipule que l'Espagne devient un royaume et prévoit que Franco propose lui-même la personne qu'il souhaite voir lui succéder, le moment venu[38]. Le , la reine douairière Victoire-Eugénie meurt et Franco décrète trois jours de deuil national[39]. Trois mois plus tard, après de courtes vacances familiales à Estoril, au Portugal, chez ses parents le comte et la comtesse de Barcelone, Juan Carlos est reçu par le Caudillo, qui l'informe de son souhait de le nommer successeur « à titre de roi »[40],[41]. La désignation de Juan Carlos, titré prince d'Espagne par Franco[42], est officiellement approuvée par les Cortès, le suivant[43],[44]. Âgées respectivement de 5 et 4 ans, les infantes Elena et Cristina accompagnent leurs parents à la cérémonie au palais des Cortès comme, le lendemain, à la signature par leur père de l'acte d'acceptation au palais de la Zarzuela[45].
En acceptant cette nomination, Juan Carlos provoque l'ire de son père, héritier légitime de la couronne[46]. Le comte de Barcelone rompt les liens avec le prince durant plusieurs mois, à l'inverse de la comtesse qui ne manque pas de féliciter son fils, tout en s'efforçant de calmer la fureur de son époux[47]. Bien qu'elle soit consciente de l'hostilité de son grand-père envers Franco, sujet de conversation récurrent au sein du foyer, l'infante Elena ne mesure pas la portée de cette crise familiale[48]. Depuis sa petite enfance, elle est accoutumée aux visites avec ses parents au palais du Pardo et au Pazo de Meirás, résidence d'été de Franco en Galice, où les petits-enfants du Caudillo sont ses compagnons de jeu[48].
Pour autant, les enfants du prince et de la princesse d'Espagne doivent désormais s'habituer aux longues et fréquentes absences de leurs parents qui entreprennent, sur le conseil du dictateur, une série de déplacements dans le pays et à l'étranger afin de se faire connaître[49],[50]. En 1971, un nouveau pas est franchi puisqu'une loi organique précise que Juan Carlos est désormais habilité à remplacer le chef de l'État en cas de maladie ou d'absence du territoire national[51].
Cette année-là, Elena vit, par ailleurs, un autre changement important puisqu'elle intègre l'école madrilène de Santa María del Camino[52],[53], un établissement laïque dispensant un enseignement des valeurs chrétiennes[52]. Juan Carlos aurait préféré une école catholique mais Sophie est parvenue à imposer le critère de la proximité[52]. Dans cette école, Elena se révèle une élève plutôt timide, introvertie et réservée[54]. Cela ne l'empêche pas de créer des amitiés solides avec certains camarades de classe, comme Laura Caprile (sœur du styliste Lorenzo Caprile) ou Carlos García Revenga (qui devient plus tard le secrétaire particulier des infantes Elena et Cristina)[55].
De la fin de la dictature franquiste à la transition démocratique
La situation familiale se tend encore à partir de . En effet, l'annonce des fiançailles d'Alphonse de Bourbon, cousin de Juan Carlos, avec Carmen Martínez-Bordiú y Franco, petite-fille aînée du Caudillo, vient mettre en péril le statut du prince d'Espagne[56],[57]. L'entourage du chef d'État, y compris son épouse Carmen Polo qui a largement contribué à cette union célébrée en grandes pompes le , y voit l'occasion d'instaurer une véritable « monarchie franquiste » et tente de convaincre Franco de nommer son petit-gendre comme successeur, au détriment de Juan Carlos[58]. Elena est alors témoin de l'irritation de son père, que la princesse Sophie s'efforce de rassurer[59]. Malgré tout, la situation permet à Juan Carlos de renouer complètement avec le comte de Barcelone, qui lui apporte un soutien total durant cette période[60].
En dépit des pressions exercées par ses proches, le Caudillo ne remplace pas le prince d'Espagne par son rival[61]. Au terme d'une longue agonie, Francisco Franco meurt le [59],[62],[63]. Deux jours plus tard, le père d'Elena est proclamé roi d'Espagne devant les Cortès, sous le nom de Juan Carlos Ier, et prête serment de respecter les principes du Mouvement national, destinés à perpétuer le franquisme[59]. Elena, Cristina ainsi que Felipe, âgé de 7 ans, assistent à l'intronisation sur l'estrade officielle, au côté de leur mère[64]. Le suivant, une messe de Te Deum est célébrée en l'église Saint-Jérôme-le-Royal[64], en présence de membres d'autres maisons royales d'Europe, dont le duc d'Édimbourg, le prince Albert de Belgique, le grand-duc héritier Henri de Luxembourg, le prince Hans-Adam de Liechtenstein et le prince Bertil de Suède[32]. Sur le point de fêter son 13e anniversaire et habituée à côtoyer des personnalités du gotha, Elena garde de bons souvenirs de ces cérémonies[65].
Désormais fille de roi, l'infante voit son quotidien bousculé par l'accession au trône de ses parents. Elle passe néanmoins une jeunesse heureuse, entourée de l'affection des siens[66]. Pourtant, la reine Sophie décide alors d'envoyer ses filles étudier chaque année durant un trimestre au Royaume-Uni afin de leur permettre de perfectionner leur anglais[32]. À l'inverse de sa sœur, Elena goûte peu ces séjours en internat loin de sa famille, avec laquelle elle correspond fréquemment[67]. Elena vit par ailleurs très mal la décision de ses professeurs de Santa María del Camino, appuyée par sa mère, de lui faire redoubler sa huitième année[a] et trouve du réconfort auprès de Juan Carlos, dont elle est fort proche[68]. Moins bonne élève que l'infante Cristina, elle se montre douée pour les langues mais répugne les mathématiques[69].
Dans le même temps, Juan Carlos Ier engage l'Espagne dans une transition démocratique qui transforme le pays en monarchie parlementaire. En 1977, le comte de Barcelone lui cède ses droits dynastiques et renonce à ses prétentions au trône[70], tandis que l'infant Felipe est investi du titre de prince des Asturies, traditionnellement attribué à l'héritier de la couronne[71],[72]. Aussi, la désignation de Felipe comme prince héritier précède l'adoption, l'année suivante, d'une nouvelle Constitution instaurant le principe de primogéniture avec préférence masculine dans l'ordre de succession au trône[73]. Encouragé en ce sens par l'armée, Juan Carlos entend ainsi mettre les rédacteurs du texte devant le fait accompli et éviter que ceux-ci n'établissent une stricte parité pour la règle successorale, qui aurait dévolu la couronne à l'infante Elena[74].
Vie professionnelle et sentimentale
Études et carrière dans l'enseignement
Au terme de sa scolarité à Santa María del Camino, Elena décide, en accord avec ses parents, de poursuivre des études supérieures, choix inhabituel pour une infante espagnole[75]. Deuxième dans l'ordre de succession au trône et peu désireuse de travailler à plein temps au profit de la couronne[75], l'infante Elena suit alors les cours d'une école normale d'institutrices, suivant une tradition relativement répandue dans les familles aristocratiques[53]. Elle prend des cours pratiques à l'institut universitaire ESCUNI de Madrid et se spécialise dans l'enseignement de l'anglais[53],[76]. En 1986, l'infante Elena obtient son premier poste d'enseignante dans son ancien collège de Santa María del Camino, où elle exerce pendant un an[77]. Parallèlement, elle continue de se former et achève en 1991 sa quatrième année de pédagogie[53].
L'infante Elena part ensuite au Royaume-Uni où elle suit un autre cours de pédagogie et de sociologie de l'enfance, à l'université d'Exeter[53]. De retour à Madrid, elle valide en 1993 une licence en sciences de l'éducation à l'université pontificale de Comillas[53],[77], avant de reprendre ses fonctions dans l'enseignement, qu'elle poursuit durant les années qui suivent[53].
Entre amour et devoirs
Le début des années 1980 marque également l'accession à la majorité d'Elena et Cristina, qui commencent alors à monopoliser les couvertures de magazines[78]. C'est surtout la vie amoureuse des infantes qui retient l'attention de la presse du cœur espagnole, laquelle prête aux deux sœurs, en particulier à Elena, de nombreuses idylles réelles ou supposées[79].
En réalité, l'infante Elena a connu sa première expérience amoureuse pendant l'adolescence, avec un de ses camarades de classe à Santa María del Camino[80]. Ce n'est toutefois que quelques années plus tard, en 1986, que l'infante vit sa première vraie relation[81]. Fervente amatrice de sport hippique et pratiquant elle-même l'équitation en compétition depuis [82], elle rencontre alors un jeune cavalier du nom de Luis Astolfi Pérez de Guzmán[81]. Ayant obtenu la septième place en saut d'obstacles par équipes aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, ce dernier se montre peu disposé à devenir membre de la famille royale et souhaite se consacrer entièrement à sa passion pour les chevaux. Supportant mal la pression des médias, Luis Astolfi rompt avec Elena après deux ans de relation, ce qui cause un énorme chagrin à l'infante[83].
Par la suite, des rumeurs évoquent une relation d'Elena avec un autre cavalier, Alfredo Fernández-Durán, ce que celui-ci dément[84]. C'est dans les bras de Cayetano Martínez de Irujo, fils de la duchesse d'Albe, que l'infante se console de sa rupture avec Luis Astolfi[b],[84]. Leur romance est alors très bien reçue par la reine Sophie, qui voit en Cayetano un excellent parti pour sa fille aînée et s'en ouvre à la mère du jeune homme[85]. Pourtant, Cayetano Martínez de Irujo met fin à sa relation avec Elena au bout de trois mois à peine[86],[87].
En tant qu'infante d'Espagne, Elena a parfaitement conscience, depuis son enfance, des enjeux de son futur mariage et des obligations incombant aux jeunes femmes de son rang[86]. De fait, la presse l'associe régulièrement à de nombreux princes étrangers, tels que les archiducs Martin et Georges de Habsbourg ou le prince Philippe de Belgique[82],[88].
Mariage princier à Séville
Dans la culture populaire
En Espagne, plusieurs lieux et institutions sont nommés en l'honneur de l'infante Elena :
- quatre établissements scolaires — deux lycées, situés à Jumilla et à Galapagar, ainsi que deux écoles, situées à Pozuelo de Alarcón et à La Orotava — ont reçu le nom de l'infante Elena[89],[90],[91] ; par ailleurs, une école située à San Sebastián de los Reyes porte le nom des deux infantes Elena et Cristina (en espagnol : Colegio de Educación Infantil y Primaria Infantas Elena y Cristina)[92] ;
- deux hôpitaux — l'un situé à Huelva, en Andalousie, et l'autre situé à Valdemoro, dans la communauté de Madrid — ont été baptisés, lors de leur inauguration en 1985 et 2007, « hôpital Infante-Elena » (en espagnol : Hospital Infanta Elena)[93],[94] ;
- un concours annuel de saut d'obstacles organisé par le Real Club Escuela Equitación de Mallorca porte le nom de l'infante Elena[95] ;
- la bibliothèque publique de Séville (en espagnol : Biblioteca Pública de Sevilla) a été rebaptisée en l'honneur de l'infante en 1999[96] ;
- la même année, un parc urbain également situé à Séville — dans la zone industrielle de Polígono Aeropuerto — a aussi été renommé en son honneur « parc Infante-Elena » (en espagnol : Parque Infanta Elena)[97] ;
- un centre de soins pour enfants situé à Santomera a été inauguré par l'infante en 2010 et porte son nom[98] ;
- le musée d'art contemporain Infante-Elena (en espagnol : Museo de Arte Contemporáneo Infanta Elena) de Tomelloso a été inauguré par l'infante en 2011[99].
Titulature et honneurs
Titulature
- – : Son Altesse Royale Doña Elena de Borbón y Grecia, infante d'Espagne ;
- depuis le : Son Altesse Royale Doña Elena de Borbón y Grecia, infante d'Espagne, duchesse de Lugo.
Honneurs
Distinctions honorifiques espagnoles
- Grand-croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique ()[100] ;
- Grand-croix de l'ordre de Charles III ()[101].
Distinctions honorifiques étrangères
- Grand-croix d'or de l'ordre du Mérite (Autriche, )[102] ;
- Grand cordon de l'ordre de Léopold (Belgique, )[103] ;
- Grand-croix de l'ordre du Quetzal (Guatemala, )[104] ;
- Grand-croix de l'ordre du Faucon (Islande, )[105] ;
- Chevalier grand-croix de l'ordre du Mérite de la République italienne (Italie, )[106] ;
- Grand cordon de l'ordre de la Couronne précieuse (Japon, )[107] ;
- Grand-croix de l'ordre d'Adolphe de Nassau (Luxembourg, )[108] ;
- Grand-croix de l'ordre de Saint-Olaf (Norvège, )[109] ;
- Grand-croix de l'ordre d'Orange-Nassau (Pays-Bas, )[110] ;
- Grand-croix de l'ordre du Soleil (Pérou, )[111] ;
- Grand-croix de l'ordre du Christ (Portugal, )[112] ;
- Grand-croix de l'ordre de l'Infant Dom Henri (Portugal, )[112].
Arbres généalogiques
Quartiers de l'infante Elena
Elena dans l'Europe des rois et des prétendants
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Sur l'infante Elena
- (es) Clara Isabel de Bustos, La Infanta Elena, Barcelone, Plaza & Janés, , 156 p. (ISBN 978-8401375484).
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Notes et références
Notes
- Dans le système éducatif espagnol, la huitième année (octavo grado) équivaut à la classe de quatrième française.
- La relation qu'ont entretenu l'infante Elena et Cayetano Martínez de Irujo est révélée par ce dernier dans ses mémoires publiés en 2019. Voir : (es) Cayetano Martínez de Irujo (préf. Luis María Ansón), De Cayetana a Cayetano, Madrid, La Esfera de los Libros, , 308 p. (ISBN 9788491646587).
Références
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