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Nationalisme sarde

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Drapeau de l'île de la Sardaigne

Le nationalisme sarde, connu également sous le nom de sardisme, est un courant social, culturel et politique qui défend l'indépendance nationale de l'île de Sardaigne du reste de l'Italie et le respect de son patrimoine culturel et de l'environnement. Donc ce mouvement tente d'obtenir, par des méthodes actuellement non-violentes et démocratiques, le droit à l'autodétermination.

Une des pierres angulaires d'un tel mouvement, issu et traditionnellement lié à la gauche[1], réside dans la conscience d'appartenir à une réalité humaine et territoriale caractérisée par des intérêts économiques difficilement compatibles avec ceux de la Péninsule, sans compter les spécificités historiques et culturelles propres[2]. Ce courant politique se base également sur le principe selon lequel les Sardes ne pourront jamais obtenir la pleine souveraineté sur leur terre, en continuant à faire partie du système politique italien, et se montre critique envers la politique autonomiste poursuivie jusqu'à maintenant, qui ne garantirait pas aux citoyens la défense de leurs intérêts. Le mouvement nationaliste sarde dénonce également diverses situations, contre lesquelles il a entrepris diverses campagnes de dénonciation ; par exemple contre l'onéreux «système militaire italien», puisque 60% du domaine militaire italien se trouve, de fait, sur le territoire sarde et les hectares occupés par les «servitudes» italiennes[3] et de l'OTAN[4][5][6][7]; contre le manque de souveraineté dans les secteur énergétiques et fiscaux ; contre l'incorporation de la Sardaigne avec la Sicile dans la circonscription insulaire pour les élections au Parlement européen[8] ; et contre le processus d'expropriation culturelle qui serait advenu en effaçant l'histoire de l'île et portant à la progressive extinction linguistique du sarde et des langues locales, décrétant ainsi la mort même du concept de culture et de nation sarde[9].

Les chiffres[10][11], exposés par le politologue Carlo Pala[12], à partir d'un sondage effectué par l'Université de Cagliari en collaboration avec celle d'Édimbourg, révèlent qu'aujourd'hui, neuf sardes sur dix souhaiteraient la souveraineté fiscale et quatre sardes sur dix auraient un avis favorable sur un processus éventuel d'autodétermination et d'indépendance, tandis que la plus grande partie se contenterait d'une plus grande autonomie locale, en restant sous souveraineté italienne.[13][14][15] En référence aux perceptions identitataires des sardes, depuis la même recherche il émerge que 26% d'entre eux se sentent sardes et non italiens, 37% se sentent plus sardes que italiens, 31% se sentent soit l'un soit l'autre, 5% se sentent plus italiens que sardes et 1% se sentent italiens plutôt que sardes.[16] De tels chiffres sont en outre corroborés par d'autres analyses, dont les résultats correspondent en large mesure avec ceux déjà notés[17][18]. Il faut néanmoins noter que le mouvement sardiste souffre encore aujourd'hui de sa fragmentation en une galaxie de petits partis[19].

L'indépendantisme dans les diverses forces politiques

L'indépendantisme sarde, qui pendant de nombreuses années, était limité à une élite d'intellectuels, avait débuté par un court succès électoral après la seconde guerre mondiale avec l'historique Ligue sarde de Bastià Pirisi, mouvement né d'une scission idéologique du Parti sarde d'action[20]. Le phénomène politico-culturel indépendantiste s'est surtout manifesté à la fin des années 60, période très délicate durant laquelle s'opère non seulement le démantèlement des activités traditionnelles sardes au profit de l'industrie chimique, mais s'installe aussi 60 % de toutes les servitudes militaires italiennes. Au début des années 1970, le sardisme se matérialise au sein d'un mouvement social concret[21].

En 1967 furent fondées la Unione Democratiga pro s'Indipendentzia de sa Sardigna d'inspiration catholique, et la Liga de Unidade Nazionale pro s'Indipendentzia de sa Sardigna e su Socialismu par des jeunes socialistes[22].

En 1968[23], à Barbagia, se sont constitués deux organismes paramilitaires controversés : le Fronte Nazionale de Liberazione de sa Sardigna (FNLS), qui s'inspirait de l'ETA, et le Movimentu Nazionalista Sardu (MNS), d'abord accusé de sympathies philofascistes ; les deux auraient été impliqués dans un présumé mouvement armé financé par Giangiacomo Feltrinelli, puis dissous par les services secrets italiens[24][25].

En 1979, naît à Alghero, le mouvement Sardenya y Llibertat, fondé par Rafael Caria et jumelé en 1982 avec le groupe Sardina e Libertade.

L'important résultat électoral obtenu par le Parti sarde d'action permet à Mario Melis de devenir président de la Région en alliance avec le PCI[26].

Au début des années 1980, en raison d'une scission, va naître le Partidu Sardu Indipendentista. De ce dernier en 1994, avec la contribution d'Angelo Caria (it), naît à son tour Sardigna Natzione.

À l'heure actuelle, parmi les plus importants mouvements représentant de façon explicite l'idéal indépendantiste, on trouve le Parti sarde d'action, Sardigna Natzione Indipendentzia encore actif, Indipendèntzia Repùbrica de Sardigna, ProgReS – Progetu Repùblica (né d'une scission avec IRS), Rossomori (né d'une scission du Parti sarde d'action), Partidu Indipendentista Sardu - Malu Entu et A Manca pro s'Indipendentzia.

En juillet 2013 naît le dernier des partis souverainistes sardes, le Parti des Sardes, sur l'initiative de Paolo Giovanni Maninchedda, issu du Parti sarde d'action, et de Francescu Sedda[27]. À l'occasion des élections régionales qui se sont déroulées le , qui a vu la victoire de la coalition de centre gauche Cominciamo il Domani, menée par Francesco Pigliaru, le Parti des Sardes, Rossomori et IrS ont élu des représentants.

Sources

Bibliographie

  • Simon-Mossa (A.), Le ragioni dell’indipendentismo, Quartu Sant’Elena, Alfa, 2008 (original edition: 1969).
  • Sergio Salvi - (1973) Le nazioni proibite, Vallecchi, Firenze
  • Farnè (R.) - (1975) La Sardegna che non vuole essere una colonia, Milano, Jaca Book.
  • Antonio Lepori, Antonello Satta e Giovanni Lilliu Sardigna en MINORANZE num. 4, Milan, trimestre 1976.
  • Antonello Satta - (1977) L'autonomia della Sardigna come mistificazione.
  • Imma Tubella i Casadevall e Eduard Vinyamata Camp - (1978) Les nacions de l'Europa capitalista - La Magrana, Barcelona.
  • Melis (G.) - (1979) Dal sardismo al neosardismo: crisi autonomistica e mitologia locale, Il Mulino, XXXVIII, n° 263.
  • Rokkan (S.) et Urwin (D.W.) - (1982) The Politics of territorial identity : studies in European regionalism, Londres, Sage.
  • Rokkan (S.) and Urwin (D.W.) - (1983) Economy, territory, identity : politics of West European peripheries, Londres, Sage.
  • Rolando del Guerra e Genoveva Gómez - (1986) Llengua, dialecte, nació, ètnia (Llengua i poder a Itàlia) - La Magrana, Col. Alliberament, 19 Barcelona.
  • Valle (N.) - (1988), L’idea autonomistica in Sardegna, Cagliari, Il Convegno.
  • Gianfranco Contu - (1990) La questione nazionale sarda - Quartu Sant'Elena, Alfa Editrice
  • Hechter (M.) - (1992) The Dynamics of Secession, Acta Sociologica, vol. 35
  • Petrosino (D.) - (1992), National and regional movements in Italy : the case of Sardinia, in Coakley (J.), The social origins of nationalist movements, London, Sage
  • Contu (A.) - (1996), Il pensiero federalista in Sardegna, Cagliari, Condaghes
  • Xosé M. Núñez Seixas - (1998) Movimientos nacionalistas en Europa en el siglo XX - Ed. Síntesis, Col. Historia Universal Contemporánea, 26 Madrid.
  • Eve Hepburn - (2007). The New Politics of Autonomy: Territorial Strategies and the Uses of European Integration by Political Parties in Scotland, Bavaria and Sardinia 1979-2005. European University Institute, Department of Political and Social Sciences.
  • Eve Hepburne - (2008) Island Nations in a ‘Europe of the Peoples’: Corsica and Sardinia compared
  • Pala (C.) - (2008) La sopravvivenza prima di tutto : voti ed eletti di due partiti etnoregionalisti in Sardegna e Bretagna, Quaderni dell’Osservatorio Elettorale, vol. 60, n° 2.
  • Bachisio Bandinu - (2010) Pro s'Indipendentzia - Edizioni il Maestrale
  • Pala (C.) - (2010), Quando il cleavage etnoterritoriale si addormenta : la “connessione disorganica” degli attori regionalisti in Sardegna e Bretagna, Partecipazione e Conflitto, vol. 2, n° 2
  • Elias (A.) et Tronconi (F.), - (2011) From protest to power. Autonomist parties and the challenges of representation, Vienna, Braumüller
  • Ilenia Ruggiu, Francesco Mola, Gianmario Demuro - (2013) Identità e Autonomia in Sardegna e Scozia - Maggioli Editore
  • Roux (C.) - (2013) La nationalisation des périphéries. Fragments du processus de construction nationale en Corse et Sardaigne, Paris, L’Harmattan
  • Adriano Bomboi - (2014) L'indipendentismo sardo. Le ragioni, la storia, i protagonisti - Cagliari, Edizioni Condaghes

Notes et références

  1. (es) Córcega y Cerdeña forman un archipiélago invisible al tener sus islas nacionalismos de signo opuesto"
  2. Sardegna: Paradiso turistico o la lenta morte di un popolo? (di Marco Oggianu) - Traduction en allemand
  3. In chiave antimilitarista, nel quadro del tradizionale attivismo contestativo contro la presenza di strutture militari sul territorio nazionale, a fronte del tono minore che ha caratterizzato l’impegno dei comitati siciliani contro il sistema satellitare MUOS, si è rilevato un innalzamento della tensione mobilitativa in Sardegna, ove espressioni dell’antagonismo e dell’indipendentismo sardo hanno rivitalizzato la protesta contro le esercitazioni nei poligoni e nelle installazioni militari dell’Isola, reclamando la smilitarizzazione del territorio. - Relazione sulla politica dell'informazione per la sicurezza, pg.69
  4. (it) « Servitù militari (sito ufficiale della Regione) »
  5. Sardaigne, l'île poubelle des armées occidentales
  6. Sardaigne, jolie poubelle pour marchands de canons
  7. Indipendentismo sardo, questo sconosciuto - Adalgisa Marrocco
  8. (it) Il Senato affonda il collegio Sardegna, per l’Isola nessun europarlamentare (19/03/2014) - SardiniaPost
  9. (it) Marco Oggianu, rapporteur du CONSEU, « Paradiso turistico o la lenta morte di un popolo? »
  10. on peut consulter pour plus d'informations le livre Identità e autonomia in Sardegna e Scozia de Gianmario Demuro, Francesco Mola e Ilenia Ruggiu..
  11. (it)Identità e autonomia in Sardegna - FocuSardegna
  12. (it)Indipendentismo, secessionismo, federalismo: conversazione con Carlo Pala
  13. (it) La Sardegna vuole l'indipendenza, favorevoli quattro sardi su dieci - Controcampus.it
  14. (it) Il 40% dei sardi è per l'indipendenza; il resto è per la sovranità - Gianfranco Pintore
  15. I giovani non si sentono più italiani - Regione Autonoma della Sardegna, 31.05.2012
  16. Gianmario Demuro, Ilenia Ruggiu, Francesco Mola (2013). Identità e Autonomia in Sardegna e Scozia. Maggioli Editore. p. 26-28. ISBN 8838782431.
  17. (it) Il 55% dei sardi non vuole l'indipendenza - Sardiniapost
  18. (it) L'indipendenza delle regioni - Demos & Pi
  19. Michela Murgia, la scrittrice si candida a guidare la Sardegna. L'eterno ritorno dell'indipendentismo sardo - L'Huffington Post
  20. (en) The Polarisation and De-polarisation of Sardinian Nationalism - by Eve Hepburn
  21. (it) « Le molte anime del mondo che sogna un'isola-nazione, Piero Mannironi, La Nuova Sardegna »
  22. Cultura e identitade - Sardinna, ghennalzu - aprile 2002
  23. Encyclopedia of the Stateless Nations, James Minahan, pg. 1664
  24. (it) Cabitza, Giuliano (1968). Sardegna: rivolta contro la colonizzazione
  25. (it) Morto Pugliese, l' ex ufficiale del Sid che «fermò» nel '60 il latitante Mesina - Corriere della Sera
  26. (it) Consiglio Regionale della Sardegna - Giunte Regionali
  27. (it) « Ecco il Partito dei Sardi di Maninchedda, l'Unione Sarda »

Voir aussi

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