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Animal dans l'espace

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À l'origine on a envoyé des animaux dans l'espace pour tester leur capacité de survie lors de vols spatiaux, en vue de l'envoi futur d'humains (vols spatiaux habités). Par la suite ils ont servi à étudier différents processus biologiques, dont les effets de la microgravité et des rayonnements cosmiques. Ces études font désormais l'objet d'une discipline à part entière, la bioastronautique (en), un domaine de recherche en génie biologique.

En 2024, sept pays ont envoyé des animaux dans l'espace : les États-Unis, l'Union soviétique, la France, l'Argentine, la Chine, le Japon et l'Iran. Il s'est agi de mammifères (singes, chiens, chats, souris, rats, lapins), d'oiseaux (œufs de caille), de reptiles (tortues), d'amphibiens (grenouilles), de poissons (porte-épées, carpes koï), d'arachnides (araignées, scorpions), d'insectes (mouches, drosophiles, abeilles, frelons, papillons, cafards, phasmes, ténébrions, sauterelles), de cnidaires (méduses), de tardigrades et de vers (nématodes). Les plus nombreux sont les mouches (7 600), les méduses (2 479), les poissons (231), les chiens (47) et les singes (32). On aussi envoyé des plantes (graines d'arbres, maïs, seigle, riz, salades, radis) et des organismes unicellulaires[1].

Histoire

Des animaux sont associés à l'exploration aéronautique dès 1783, quand les frères Montgolfier placent un mouton, un canard et un coq dans une montgolfière pour tester si des animaux vivant au sol peuvent survivre. De 1947 à 1960, les États-Unis font s'élever jusqu'à 44 km d'altitude des ballons transportant des drosophiles, des souris, des hamsters, des cobayes, des chats, des chiens, des grenouilles, des poissons rouges et des singes, pour tester l'exposition aux radiations, la réponse physiologique et les systèmes de survie et de récupération[2]. Mais ce n'est pas encore l'espace, la limite entre la haute atmosphère et l'espace étant définie internationalement à l'altitude de 100 km (ligne de Kármán).

Années 1940

Lancement du V2 no 47, avec à son bord le singe rhésus Albert II (en).

Les premiers animaux envoyés dans l'espace sont des drosophiles, dans la capsule Blossom à bord d'une fusée V2 lancée par les États-Unis le , afin d'étudier l'effet de l'exposition aux rayonnements. La fusée atteint l'altitude de 109 km, la capsule est alors éjectée et déploie son parachute. Les drosophiles sont récupérées vivantes. D'autres missions V2 transporteront des échantillons biologiques, dont de la mousse[2],[3].

Le premier mammifère envoyé dans l'espace est un singe rhésus nommé Albert II (en)[a], lancé le à bord d'un V2 américain. Il atteint une altitude d'environ 134 km mais meurt au retour en raison d'une panne de parachute. De nombreux singes de plusieurs espèces seront envoyés dans l'espace par les États-Unis dans les années 1950 et 1960, munis de capteurs pour mesurer leurs paramètres vitaux et souvent sous anesthésie lors du lancement. Les deux tiers environ des singes lancés dans les années 1940 et 1950 meurent en mission ou peu après l'atterrissage[4].

Années 1950

Le , une souris à bord du V2 américain Albert V[b] atteint l'altitude de 137 km ; l'animal meurt au retour au sol, le système du parachute étant défaillant[5]. Plusieurs autres souris seront envoyées dans l'espace par les États-Unis les années suivantes.

Le , l'Union soviétique lance le vol R-1 IIIA-1 transportant les chiens Tsygan (en russe : Цыган) et Dezik (Дезик). Ces deux chiens sont les premiers vertébrés ayant survécu à un vol spatial[c],[6].

Le , l'Union soviétique lance son deuxième vaisseau spatial en orbite, Spoutnik 2, avec à son bord la chienne Laïka. Elle meurt pendant le vol, la technologie de retour sur Terre d'un satellite n'étant pas encore développée (Spoutnik 2 restera en orbite jusqu'en )[7]. Au moins dix autres chiens seront envoyés en orbite (et de nombreux autres à bord de vols suborbitaux) avant l'envoi du premier humain, Youri Gagarine, le .

Le , l'IRBM Jupiter AM-13 est lancé depuis Cap Canaveral (Floride, États-Unis) avec à son bord un singe-écureuil sud-américain nommé Gordo, formé par la marine américaine. Le parachute de récupération du cône supérieur de la fusée ne fonctionne pas et Gordo est perdu, mais les données télémétriques envoyées pendant le vol montrent que le singe a survécu aux 10 g du lancement, aux 8 min d'apesanteur et aux 40 g de rentrée à 16 000 km/h. Le cône, qui s'est abîmé en mer à 2 411 km de Cap Canaveral, n'est pas récupéré.

Le , l'IRBM Jupiter AM-18 emmène les singes Miss Able (un singe rhésus de 3 kg né aux États-Unis) et Miss Baker (un singe-écureuil de 310 g du Pérou) jusqu'à l'altitude de 579 km et sur une distance de 2 735 km depuis Cap Canaveral. Ce sont les premiers singes à survivre à un vol spatial. Ils ont résisté à des accélérations de 38 g et sont restés en apesanteur pendant environ 9 min (le vol complet a duré 16 min). Les singes ont survécu au vol en bon état, mais Miss Able meurt quatre jours après le vol des suites d'une réaction à l'anesthésie, alors qu'elle subit une intervention chirurgicale pour retirer une électrode médicale infectée. Miss Baker est au centre de l'attention des médias au cours des mois suivants, surveillée de près pour détecter tout effet néfaste de son vol spatial (elle est même accouplée pour tester son système reproducteur[8]). Elle meurt le au U.S. Space & Rocket Center à Huntsville (Alabama).

Le , une fusée soviétique R2 transporte deux chiens spatiaux et Marfusha, le premier lapin à aller dans l'espace, jusqu'à l'altitude de 212 km[2].

Le , l'IRBM Jupiter AM-23 emporte deux grenouilles et douze souris mais est détruit lors du lancement[2].

Le , le singe rhésus Sam s'élève jusqu'à l'altitude de 85 km dans le cadre de la mission Little Joe 2 du programme Mercury[2].

Années 1960

Au cours du vol Mercury-Atlas 5 de la NASA du 29 novembre 1961, Enos est devenu le seul chimpanzé et le troisième primate à orbiter autour de la Terre.
Ham, le premier grand singe dans l'espace, soumis à un examen physique en 1961.

Le , l'Union soviétique lance Spoutnik 5 avec à son bord les chiens Belka et Strelka ainsi qu'un lapin gris, 40 souris, 2 rats et 15 flacons contenants des drosophiles et des plantes[4]. C'est le premier vaisseau spatial à transporter des animaux en orbite et les ramener vivants[9],[d].

Notes et références

Notes

  1. Albert II est à la fois le nom du vol et celui du singe.
  2. Contrairement aux V2 Albert I à IV, Albert V ne transportait pas de singe.
  3. Dezik mourra lors d'un vol ultérieur.
  4. L'un des chiots de Strelka, né après la mission et nommé Pushinka, sera offert à Caroline Kennedy par Nikita Khrouchtchev en 1961, et aura de nombreux descendants[10].

Références

  1. « Rencontre avec la ménagerie de l'espèce », Courrier international, no 1723,‎ 9-15 novembre 2023, p. 43, traduction partielle d'une infographie parue le dans Die Zeit.
  2. a b c d et e (en) Dietrich E. Beischer et Alfred R. Fregly, « Animals and man in space. A chronology and annotated bibliography through the year 1960. », US Naval School of Aviation Medicine, vol. ONR TR ACR-64, no AD0272581,‎ (DOI 10.21236/ad0272581, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  3. (en) « The Beginnings of Research in Space Biology at the Air Force Missile Development Center, 1946–1952 », sur NASA (consulté le ).
  4. a et b (en) Tara Gray, « A Brief History of Animals in Space », sur NASA, (consulté le ).
  5. (en) « Top 10 Animal Astronauts », sur Toptenz.net (consulté le ).
  6. (en) Asif. A. Siddiqi, Challenge to Apollo: The Soviet Union and the Space Race, 1945–1974, NASA, , 517 p. (lire en ligne [PDF]), p. 95.
  7. (en) Eric Berger, « The first creature in space was a dog. She died miserably 60 years ago », sur Ars Technica, (consulté le ).
  8. (en) « Space Monkey to be a Bride », The New York Times,‎ .
  9. « Monkeys and other animals in space », sur Space Today, (consulté le ).
  10. (en) Dave Mosher, « I traveled to Russia and met the first dogs to ever survive space in this rare museum », Business Insider, (consulté le ).

Voir aussi

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