Plastisphère
« Plastisphère » est un terme utilisé pour désigner les communautés microbiennes vivant à la surface des objets plastiques. Ces organismes forment un écosystème particulier, différent avec le milieu autour. Il a été inventé en 2013 par les biologistes néerlandais Erik et Linda Amaral-Zettler, qui ont découvert la présence de bactéries du genre Vibrio dans ce type d'environnement[1].
Un écosystème reposant sur la pollution marine
[modifier | modifier le code]Le plastique ayant pénétré les habitats marins abrite de nombreux micro-organismes[2]. La nature hydrophobe des surfaces plastiques stimule la formation rapide de biofilms qui suscitent un large éventail d'activités métaboliques et entraînent la succession d'autres micro-et macro-organismes [2].
Dès les années 2010, des articles scientifiques établissent la prolifération d'une araignée d'eau vorace, Halobates sericeus (en), qui utilise les particules en suspension pour sa nidification[3]. Une étude récente a identifié plus de 1000 espèces de bactéries et d'algues attachées aux débris microplastiques, y compris des membres du genre Vibrio, un genre qui comprend les bactéries responsables du choléra et d'autres affections gastro-intestinales. Certaines de ces bactéries brillent et il est supposé que cela attire les poissons qui mangent les organismes colonisant le plastique, qui se nourrissent ensuite de l'estomac des poissons [4]. L'agencement et la composition de ce biotope possèdent des caractéristiques propres par rapport à ceux de la terre ferme[3].
La pollution plastique fournit une surface flottante plus durable que le matériau biodégradable pour transporter les organismes sur de longues distances, ce qui a pour conséquence de déplacer des microbes vers différents écosystèmes et potentiellement introduire des espèces envahissantes[5]. Les micro-organismes trouvés sur les débris plastiques comprennent les autotrophes, les hétérotrophes et les symbiotes[6]
L'écosystème créé par la plastisphère diffère des autres matériaux flottants naturels (c'est-à-dire les plumes et les algues), notamment en raison de la vitesse lente de la biodégradation. Il est plausible que les organismes accélèrent la biodégradation des matières plastiques en produits chimiques potentiellement dangereux[5]. Malgré le risque de contamination planétaire, les microbes participent à la décomposition de ces déchets, cependant de manière très lente dans les régions relativements froides et aux faibles concentrations de nutriments[7]. D'un autre côté, comme le plastique est décomposé en fragments minuscules et éventuellement en microplastique, il est plus probable qu'il soit consommé par le plancton, qu'il entre dans la chaîne alimentaire et soit consommé par l'homme[8].
En 2023, plusieurs études ont montré que plusieurs dizaines d'espèces de fonges se nourrissent de matières plastiques en suspension dans l'eau, depuis plusieurs années dans les marais salants du Jiangsu[9] (Chine). Ils sont notamment capables de dégrader le polycaprolactone, mais aussi le polypropylène[10] – bien plus difficile à recycler.
Galerie
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Plastique se déversant dans les océans, mesuré à l'embouchure des principaux fleuves (2017).
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Densité de plastiques flottant de moins d'un millimètre dans l'océan Pacifique et Indien en particules par mètre carré.
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Plastique non recyclé (ou absence de collecte) libéré dans l'environnement. En millions de tonnes par an.
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Concentration de microplastiques dans les coquillages, par région (2020).
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Ventre d'un albatros rempli de matières plastiques non dégradées.
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Brosses à dents en plastique, non bio-dégradables sur une échelle de temps de quelques dizaines d'années.
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(en) Suivant le cycle de l'eau et le cycle du carbone, le cycle du plastique est un élément essentiel de la plastisphère.
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Plastisphere » (voir la liste des auteurs).
- Michel Cavarroc, « Figeac. B. Dumontet : « Les déchets ne connaissent pas de frontière » », La Dépêche, (lire en ligne).
- (en) Julia Reisser, Jeremy Shaw, Gustaaf Hallegraeff, Maira Proietti, David K. A. Barnes, Michele Thums, Chris Wilcox, Britta Denise Hardesty et Charitha Pattiaratchi, « Millimeter-sized Marine Plastics : A New Pelagic Habitat for Microorganisms and Invertebrates », PLoS ONE, vol. 9, no 6, (DOI 10.1371/journal.pone.0100289)
- Baptiste Monsaingeon, Homo detritus : critique de la société du déchet, Paris, Points, coll. « Terre », , 251 p., p. 107-108
- (en) « Glowing Bugs May Lure Fish in the 'Plastisphere’ », sur nbcnews.com, (consulté le ).
- (en) Louis Sahagun, « An ecosystem of our own making could pose a threat », Los Angeles Times, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Scientists Discover Thriving Colonies of Microbes in Ocean ‘Plastisphere’ », sur whoi.edu, (consulté le ).
- Matthieu Combe, « Plastisphère : des bactéries colonisent le plastique dans les océans », sur natura-sciences.com, (consulté le ).
- (en) Linda Amaral-Zettler, Erik Zettler et Tracy Mincer, « Welcome to The Plastisphere : ocean-going microbes on vessels of plastic », The Conversation, (lire en ligne, consulté le )
- https://www.science-et-vie.com/nature-et-environnement/decouverte-de-plusieurs-champignons-qui-devorent-le-plastique-une-revolution-pour-le-recyclage-105243.html
- (en) https://www./news-opinion/news/2023/04/14/fungi-makes-meal-of-hard-to-recycle-plastic.html