23/02/2007
LE CAFE LEMBLIN ( ou bien Lambelin)
"Joseph, effrayé de ces propositions, alla trouver Gérard, lui exposa sa situation, et le grand peintre lui obtint au Ministère de la Maison du Roi deux copies du portrait de Louis XVIII à raison de cinq cents francs chacune. Quoique peu donnant, Gros mena son élève chez son marchand de couleurs, auquel il dit de mettre sur son compte les fournitures nécessaires à Joseph. Mais les mille francs ne devaient être payés que les copies livrées. Joseph fit alors quatre tableaux de chevalet en dix jours, les vendit à des marchands, et apporta les mille francs à sa mère qui put solder la lettre de change. Huit jours après, vint une autre lettre, par laquelle le colonel avisait sa mère de son départ sur un paquebot dont le capitaine le prenait sur sa parole. Philippe annonçait avoir besoin d'au moins mille autres francs en débarquant au Havre."
(...) "Le soir, au café Lemblin, au café Minerve, le colonel Philippe déblatéra contre le parti libéral qui faisait des souscriptions, qui vous envoyait au Texas, qui parlait hypocritement des Soldats Laboureurs, qui laissait des braves sans secours, dans la misère, après leur avoir mangé des vingt mille francs et les avoir promenés pendant deux ans. -- Je vais demander compte de la souscription pour le Champ d'Asile, dit-il à l'un des habitués du café Minerve qui le redit à des journalistes de la Gauche. "
Victor Hugo évoque aussi le café Lemblin dans "les Misérables"
15:50 Publié dans CAFES ET RESTAURANTS | Tags : Victor Hugo, café Lemblin, Balzac, Baron Gérard, Baron Gros, café Minerve, Joseph Bridau | Lien permanent | Commentaires (2) | | | | Digg
22/02/2007
Le café Cardinal, un café "à la pointe"
Par Bernard Vassor
10:45 Publié dans CAFES ET RESTAURANTS | Tags : Alfred Delvau, Jean-François Regnard, Donizetti, Meyerbeer, Berlioz, René Descartes, Pierre Corneille | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
21/02/2007
Le café La Rochefoucauld (le « La Roche » pour les intimes)
par Bernard Vassor
Aujourd’hui portant le nom de « La Joconde », ce café est un endroit historique.
. En ce milieu de XIXème siècle, il est surtout fréquenté surtout par les peintres dits « académiques » et reçoit tous les jours à l’heure de l’apéritif tout ce qui compte à Paris d’artistes convenables … contrairement au café « Guerbois », 7 chemin des Batignolles (avenue de Clichy) et à « La Nouvelle-Athènes » 9 place Pigalle, fréquentés eux par ceux que l’on nomma plus tard « les intransigeants », « les communards» puis par dérision « les impressionnistes ». Ecrivains et plasticiens se confrontent, se brouillent, se réconcilient devant un bock, une absinthe ou un verre de vin. Degas, intime de Gustave Moreau pendant sa jeunesse puis longtemps fâché avec lui, renouera des relations orageuses au « La Roche » avec son vieil ami. Le peintre Gervex rapporta la discussion suivante :
- « Mon cher Degas, vous avez la prétention de renouveler la peinture avec des contrebasses et des danseuses » déclare Moreau.
- « Non mon cher, pas plus que vous avec vos Christs montés en épingle de cravates ».
On peut y rencontrer Henri Dumont qui épousa Ellen André un des modèles préférés de Manet, Forain, Renoir, Alfred Stévens, et les artistes célèbres de l’époque : Henner, Anne Pièstre dit Fernand Cormon « le père La Rotule » et l’ancêtre Harpignies. Les frères Goncourt, le peintre Guillemet, Maupassant, qui a été introduit dans l’endroit par William Busnach, l’adaptateur de Nana au théâtre, figurent parmi les plus assidus.
Le soir, Adolphe Goupil marchand de tableaux associé de la famille Van Gogh ( et "patron" de Vincent et Théo) en voisin de la rue Chaptal, vient prendre son dîner en compagnie de son gendre Léon Gérome . Après la fermeture du Divan Le Peletier (situé à l’angle du boulevard des Italiens et du passage de l’Opéra) selon les frères Goncourt, les représentants de « la basse bohème » vont établir leur quartier au « La Roche » : Manet, Baudelaire, le commandant Lejosne, émeutier de juin 48, Poulet-Malassis l’éditeur des « Fleurs du Mal », toujours flanqué d’Alfred Delvau , historiographe des bas-fonds, auteur d’un dictionnaire d’argot. Henri Murger à l’heure de l’absinthe et bien sur Aurélien Scholl journaliste, critique et le polémiste le plus redouté, les philosophes Fioupiou et Saisset complètent la clientèle de ce « petit mauvais lieu fort bête, qui sont aux lettres ce que sont les courtiers d’un journal au journal » (Journal des Goncourt). Bien sûr l’ambiance a changé de nos jours. L’endroit vient d’être repris, on peut y aller boire un verre et rêver sans nostalgie.
Le "La Roche"est aujourd'hui "La Joconde" 57, rue Notre Dame de Lorette
Déjà publié en partie dans Terres d'Ecrivains
08:50 Publié dans CAFES ET RESTAURANTS | Tags : adolphe goupil, van gogh, léon gérome, divan le peletier, lejosne, poulet-malassis, fioupiou et saisset | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
05/02/2007
le cafe la Régence
Diderot nous apprend dans Le Neveu de Rameauque Leclerc avait cédé la place à un sieur Rey.
"Qu’il fasse beau, c’est mon habitude d’aller vers les cinq heures du soir me promener au Palais Royal. C’est moi qu’on voit toujours seul, rêvant sur le banc d’Argenson. Je m’entretiens avec moi-même de politique, d’amour de goût ou de philosophie.
Si le temps est froid ou pluvieux, je me réfugie au café de la Régence, là je m’amuse à voire jouer aux échecs. Paris est l’endroit du monde et le café de la Régence est l’endroit de Paris où l’on joue le mieux à ce jeu ; c’est chez Rey que font assaut le Legal profond, Philidor le subtil, le solide Mayot...". Rey, était un ancien cuisinier du Duc d’Orléans, il tenait encore le café de la Régence en 1777. Nous pouvons lire dans l’Almanach Royal [2] de cette année là : "Son établissement est un des plus anciens et des plus renommés, très bien composé et suivi des plus habiles joueurs d’échecs".
Parmi sa clientèle, se croisaient Chamfort, Rousseau, Marmontel, Grimm, Lesage, et Benjamin Franklin.
23:55 Publié dans CAFES ET RESTAURANTS | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
01/02/2007
Le Café Manoury
...............La révolution des dames.................
« A ma sortie du soir, j’entrai au Café MANOURY, au coin de la place de l’Ecole pour y voire les Petites-affiches »
Les Nuits de Paris ou le spectateur Nocturne.
..........................A Londres 1788 ............
A la fin du quatorzième siècle, ce lieu était le point d’ancrage des bateaux du port, face aux îlots « du Passeur », et de « l’Ile aux Juifs », qui furent réunies lors de la construction du Pont-Neuf. Les écoles de Saint-Germain-l’Auxerrois, parmi lesquelles, celle de chirurgie, firent appeler dès l’année 1290, Grande rue de l’eschole Sainct-Germain-l’Auxerroy*, le quai étant élargi sous François I°, la Régence, Louis XVI, puis sous Napoléon III. Sous François I°, la place de l’Ecole avait pour nom : Place aux Marchans.................................
Bien avant l’importation du café, existait un chocolatier. C’est une dame Servant qui avait tenu la maison pendant trente ans. L’endroit était devenu un lieu de réunion des gens de lettres au XVIII° siècle. Le cabaretier Manoury, en 1770 va révolutionner le jeu de dames et établir de nouvelles règles et «qui a fait perdre 8 pions au damier ».il a publié un traité qui sera réédidté et fera loi. Notre ami «Le Hibou», dans ses « Nuits de Paris », fera de nombreuses haltes dans ce café. En 1869 Ernest Cognac et sa femme Louise Jay, y installent un magasin qui deviendra plus tard La Samaritaine, faisant ainsi disparaître tout ce pâté de maisons de la place de l’Ecole. Reconstruit entre 1903 et 1930 par Franz Jourdain. *Curieusement la « raquette» historique de la Ville de Paris indique que la traduction du nom de la place devrait être de « l’Echelle »au lieu de «l’Ecole » ? ...................
...........................N° 1 Café Manoury datant de 1730 ........... .....................................
...........................N° 2 Ancien cabaret...................
...........................N° 4 Emplacement du fameux cabaret de la mère Moreau ( en préparation) .............
N° 5 Maison du XV° siècle, jolie enseigne : Au Soleil de la Samar, épi de faîtage très élégant …dont il ne reste rien ! Et comme disait "Nicolas" : élereste ..............................
.En partie déjà publié sur le site Terres d'écrivains .............................................................................
10:10 Publié dans CAFES ET RESTAURANTS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
13/01/2007
LE LAPIN BLANC DES MYSTERES DE PARIS
La rue Aux Fèves
Par Bernard Vassor,
Le roman « Les Mystères de Paris » parut en feuilleton dans le « Journal des Débats » du 19 juin 1842 au 15 octobre 1843. Ce fut un succès sans précédent, ce qui provoqua la jalousie de ses confères et « amis », dont Balzac qui ne manqua pas de le dénigrer ouvertement.La rue aux Fèves est située dans l’île de la Cité. Elle commençait rue de la Vieille-Draperie, numéros 5 et 7, et finissait rue de la Calande, n°14 et 16. Sa longueur était de 93 mètres.
C’est en 1260 que Saint-Louis céda ce terrain pour 30 sols de cens. Cette ruelle était habitée par des marchands de drap que l’on nommait des fèbvres, d’où la dénomination de rue aux Fèves. Le ministre Chaptal a fixé la largeur de cette voie à 8 mètres le 13 brumaire an X.Le début des Mystères de Paris, à travers le parcours de « Rodolphe », donne un aperçu des lieux et de l’ambiance de ce quartier :
« (Rodolphe) traversa le pont au change et s’enfonça dans la Cité, dédale de rues obscures, étroites et tortueuses, qui s’étend depuis le Palais de justice jusqu’à Notre Dame. Quoique très circonscrit et très surveillé, ce quartier sort pourtant d’asile et de rendez-vous à un grand nombre de malfaiteurs de Paris qui se réfugient dans les tapis-francs. (...) Les maisons couleur de boue, percées de quelques rares fenêtres aux châssis vermoulus se touchaient presque par le faite tant les rue étaient étroites »Comme nous le voyons sur la gravure, l’enseigne était située au début de la rue aux Fèves. La taverne était au rez-de-chaussée d’une haute maison dont la façade se compose de deux fenêtres à guillotine. Au dessus de la porte, une lanterne dont la vitre fêlée porte ces mots : « ici on loge la nuit ».
Si vous voulez connaître Fleur de Marie, le Chourineur, Bras rouge qui tenait une boutique où l’on vendait de tout au numéro 13, le maître d’école, la goualeuse, vous pouvez vous plonger avec délice dans ce feuilleton haletant. (Les gens attendaient la fin de l’épisode pour mourir, disait Alexandre Dumas, le fidèle ami d’Eugène Sue).
et, comme on dit dans le "Journal des Débats", A SUIVRE...Sources : Le bulletin des Amis du Roman populaire N° 28/29, « Le Rocambole » automne hiver 2004
Daniel Compère , Jean-Pierre Galvan, Laurence Kany, Odile Krakovitch, Mathieu Letourneux, Noëlle Benhamou, Claude Aziza, Chantal Chemla<!--[if !supportEmptyParas]--> qui ont participé à la célébration du bicentenaire à Paris III Sorbonne nouvelle le 25 février 2004 et à la manifestation que j’avais organisé avec Nadia Prete à la mairie du IX° arrondissement.
Sources : Archives de Paris.
(D’après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)
Poivard le propriétaire "des Pieds Humides" s’associa avec Moras qui était le patron du Lapin Blanc.
Cet endroit sorti de l'imagination d'Eugène Sue fut une aubaine pour le propriétaire d'une maison rue Aux Fèves". Tablant sur le succès du feuilleton, il ouvrit un "Tapis-franc" qui n'eut de franc que le nom ! Les quelques chroniqueurs de l'époque n'ont rencontré aucun "Chourineur, Maitre d'école ou Fleur de Marie". C'était un endroit très calme où l'on s'ennuyait ferme... L'endroit ferma ses portes vers 1850..........
17:05 Publié dans CAFES ET RESTAURANTS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
29/12/2006
LE RESTAURANT VACHETTE
A l’angle du Boulevard Poissonnière et de la rue du faubourg Montmartre.
Restaurant Vachette puis le Brébant, au rendez-vous de la bohème galante
On y dégustait une excellente cuisine, on y déjeunait, on y dînait et l'on y soupait autant qu'à la Maison Dorée. La clientèle de minuit était tapageuse, surtout composée de littérateurs et de "Bousingots" L'établissement était ouvert très tard, bien après que les brasseries du faubourg Montmartre, des boulevards et du quartier des Martyrs aient posées leurs volets.
Le public masculin qui n'avait pas envie de dormir, et le personnel féminin qui n'en avaient pas le droit, se retrouvaient dans les salons et cabinets particulier du premier étage. Les cocottes y étaient nombreuses au café Vachette. Notre ami Delvau confesse qu"'il y en avaient de jolies, , de jeunes et d'appétissantes, mais beaucoup aussi étaient des vétérans de la galanterie, des Vésuviennes qui ont vu le feu depuis longtemps, et qui ont grande peine à réparer les ans. Et cependant, ce ne sont pas ces soupeuses là qui ont le moins de succès auprès des apprentis-viveurs. Leur expérience du coeur masculin, leur longue pratique de la vie parisienne leur ouvrent la porte de cabinets qui devraient rester fermé : elles savent s'imposer"
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