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« Louis Riel » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Louis Riel (homonymie)}}Louis riel did not support the skibidi toilet movement, therefore he deserved to die{{Portail|Métis|Manitoba|Saskatchewan|Autochtones du Canada|politique canadienne}}
{{Voir homonymes|Louis Riel (homonymie)}}
{{Infobox Personnalité politique
| charte = chef de gouvernement
| nom = Louis Riel
| image = Louis Riel.jpg
| légende = Louis Riel en 1884.
| fonction1 = Président du gouvernement provisoire de Saskatchewan
| à partir du fonction1 = {{date|19 mars}}
| jusqu'au fonction1 = {{date|20|mai|1885}}<br/><small>({{durée|19|3|1885|20|5|1885}})</small>
| prédécesseur 1 = ''Premier titulaire''
| successeur 1 = ''Dernier titulaire''
| fonction2 = Député à la [[Chambre des communes du Canada|Chambre des communes]]
| circonscription 2 = [[Provencher]]
| à partir du fonction2 = {{date|13|octobre|1873}}
| jusqu'au fonction2 = {{date|22|janvier|1874}}<br/><small>({{durée|13|10|1873|22|1|1874}})</small>
| prédécesseur 2 = [[George-Étienne Cartier]]
| successeur 2 = [[Andrew Bannatyne]]
| nom de naissance = Louis Riel
| date de naissance = {{date|22|octobre|1844}}
| lieu de naissance = [[Colonie de la rivière Rouge]]
| date de décès = {{date de décès|16|novembre|1885|22|octobre|1844|âge=oui}}
| lieu de décès = [[Regina]] ([[Territoires du Nord-Ouest|Saskatchewan]])
| nature du décès = [[Pendaison]]
| sépulture = [[Cathédrale de Saint-Boniface]]
| conjoint = Marguerite Monet dite Bellehumeur
| enfants = Jean-Louis,<br>Marie-Angélique
| profession =
| religion = [[Catholicisme]]
| signature = Louis Riel Signature.svg
| taille signature =
| liste =
}}
 
'''Louis Riel''', né le {{date de naissance|22 octobre 1844}} et mort le {{date de décès|16 novembre 1885|au Canada}}, est un [[Personnalité politique|homme politique]] [[Canada|canadien]] ayant également la citoyenneté [[États-Unis|américaine]], chef du peuple [[Métis (Canada)|métis]] dans les [[Prairies canadiennes]] et fondateur de la [[Manitoba|province du Manitoba]]<ref>{{harvsp|SHSB bio|2020|}}</ref>. Il a dirigé deux mouvements de [[Résistance (politique)|résistance]] contre le [[gouvernement canadien]] dans le but de protéger les droits et la culture des Métis, alors que l'influence [[Canadienne anglaise|canadienne-anglaise]] se faisait de plus en plus sentir dans les [[Territoires du Nord-Ouest]]. Aujourd'hui il y a une maison au Manitoba dédié à lui.
 
La première révolte est la [[rébellion de la rivière Rouge]], de 1869 à 1870<ref name="martyr">{{Lien web |langue=en |auteur=Bruce Ricketts |titre=Louis Riel – Martyr, hero or traitor? |année=1998–2007 |url=http://www.mysteriesofcanada.com/canada/riel/ | consulté le=3 novembre 2015}}.</ref>. Le [[gouvernement provisoire]], établi par Louis Riel, négocie finalement l'entrée de la province du Manitoba dans la [[Confédération canadienne]]<ref>{{harvsp|SHSB bio|2020|p=6|consulté le=5 novembre 2021}}</ref>. Riel doit cependant s'exiler aux [[États-Unis]] en raison de l'[[peine capitale|exécution]] de [[Thomas Scott (aventurier)|Thomas Scott]] pendant ces événements<ref>{{harvsp|SHSB bio|2020|p=9|consulté le=5 novembre 2021}}</ref>. Durant cette période, il est élu à trois reprises à la [[Chambre des communes du Canada]], bien qu'il n'ait jamais pu occuper son siège. C'est là qu'il commence à souffrir de [[maladie mentale|troubles mentaux]] par intermittence, notamment d'illusions [[mysticisme|mystiques]] lui dictant qu'il était [[prophétie|prophète]] de son peuple et le fondateur d'une nouvelle [[chrétienté]]. Cette conviction réapparaît plus tard dans sa vie et influence très probablement son action.
 
Louis Riel revient en [[1884 au Canada|1884]] dans l'actuelle [[Saskatchewan]] pour présenter les [[doléances]] du peuple métis au gouvernement du Canada. Cette résistance dégénère en confrontation armée connue sous le nom de [[rébellion du Nord-Ouest]]. Celle-ci est écrasée et se conclut par l'arrestation, le procès puis la pendaison de Riel pour [[trahison]]. Jouissant d'un fort capital de sympathie au Québec, sa mort a des répercussions durables sur les relations entre le [[Québec]] et le [[Canada anglais]]<ref name="LouisRielCE">{{Lien web |url=https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/louis-riel|titre=Louis Riel |auteur=George F.G. Stanley |site=L'Encyclopédie canadienne |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref>.
 
== Premières années ==
 
[[Fichier:LouisRiel 1858.jpg|vignette|redresse|gauche|Louis Riel à {{nobr|14 ans}}.]]
 
La [[colonie de la rivière Rouge]], près de [[Winnipeg]], est une petite communauté de la [[Terre de Rupert]], celle-ci étant directement administrée par la [[Compagnie de la Baie d'Hudson]] et essentiellement peuplée d'[[Autochtones du Canada|Autochtones]] et de [[Métis (Canada)|Métis]], groupe ethnique constitué d'un mélange de [[Cris]], [[Assiniboines]], [[Saulteaux]], [[Canadien français|Canadiens français]], [[Écossais (peuple)|Écossais]] et [[Anglais (peuple)|Anglais]]<ref>{{Lien web |url=https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/colonie-de-la-riviere-rouge |titre=Colonie de la rivière Rouge |auteur=J.M. Bumsted |site=L'Encyclopédie canadienne |consulté le=29 décembre 2011}}.</ref>. Louis Riel, ainé de onze enfants, y naît en 1844 de Louis Riel (père) (1817-1864) et de Julie Lagimodière (1822-1906)<ref name=Thomas>{{harvsp|Thomas|2000}}.</ref>. Les parents de Julie sont [[Marie-Anne Gaboury]] et [[Jean-Baptiste Lagimodière]], tous deux considérés comme des pionniers de l'Ouest canadien et des [[Prairies canadiennes|Prairies]].
 
Son père accède au rang de notable au sein de la petite communauté francophone en organisant un groupe de soutien à [[Guillaume Sayer]], Métis emprisonné pour avoir violé le monopole de la CBH en faisant le commerce avec les Américains<ref name="Thèmes historiques">{{Lien web |url=http://www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/mb/riel/natcul/hist.aspx |titre=Patrimoine culturel – Thèmes historiques |site=Parcs Canada |consulté le=29 décembre 2011}}.</ref>. La libération de Sayer, sous la pression de Riel père, contribue à l'abrogation du monopole exercé par la Compagnie – le nom de Riel devint donc particulièrement connu dans la région. Sa mère est pour sa part la fille de deux des plus anciennes familles du territoire, arrivées dès la fondation de la colonie en 1812. Famille dévote, les Riel sont également très soudés<ref>{{harvsp|Stanley|1963|p=13–20}}.</ref>.
 
Louis Riel (fils) suit tout d'abord les cours dispensés par les [[prêtre catholique|prêtres catholiques]] de [[Saint-Boniface (Manitoba)|Saint-Boniface]] dans le Manitoba. Remarqué par l'[[évêque]] [[Alexandre-Antonin Taché|Alexandre Taché]], qui promeut l'accession à la prêtrise pour les jeunes Métis les plus prometteurs, il part pour le [[petit séminaire]] du [[Collège de Montréal]], au [[Québec]], dirigé par la [[Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice]]<ref name="Thèmes historiques"/>. Les témoignages de cette époque laissent deviner un étudiant doué pour les [[langue]]s, les [[science]]s et la [[philosophie]], mais de tempérament lunatique<ref>{{harvsp|Stanley|1963|p=26–28}}.</ref>.
 
À l'annonce de la mort soudaine de son père en 1864, Riel se détache de sa vocation de prêtrise et quitte le collège en mars 1865. Il continue d'étudier quelque temps au [[couvent]] des [[sœurs de la Charité de Montréal|sœurs grises]], mais est expulsé après plusieurs problèmes d'indiscipline. Il reste chez sa tante Lucie Riel à Montréal pendant quelques mois mais, appauvri par le décès de son père, il prend un emploi de clerc chez l'avocat [[Rodolphe Laflamme]]<ref name="Toussaint">{{harvsp |Toussaint |2000|}}.</ref>. C'est à cette même époque qu'il vit une mésaventure amoureuse avec une Montréalaise du nom de Julie Guernon<ref>{{Lien web |titre=The MNO {{!}} History & Culture {{!}} Louis Riel |url=https://web.archive.org/web/20080509064713/http://www.metisnation.org/culture/Riel/home.html |site=web.archive.org |date=2008-05-09 |consulté le=2022-02-17}}</ref> : ayant signé un contrat de mariage, le couple doit faire face à l'opposition de la famille de la fiancée, qui rejette toute union avec un Métis ; le contrat est rompu. Que ce soit par dépit amoureux ou lassitude d'un poste juridique inintéressant, Louis quitte le Québec vers 1866 pour aller travailler à [[Chicago]]<ref>{{harvsp|Stanley|1963|p=33}}.</ref>, vivant en compagnie du poète [[Louis-Honoré Fréchette]], puis officie comme agent administratif à [[Saint Paul (Minnesota)|Saint Paul]] avant de retourner à la rivière Rouge le {{date|26|juillet|1868}}<ref>{{harvsp|Stanley|1963|p=13–34}}.</ref>.
 
== La rébellion de la rivière Rouge ==
{{Article détaillé|Rébellion de la rivière Rouge}}
=== Situation ===
 
[[Fichier:Wpdms ruperts land.jpg|vignette|upright=1.3|La Terre de Rupert.]]
 
La majeure partie de la population de la rivière Rouge est historiquement d'origine métisse et amérindienne. À son retour, Riel trouve des tensions religieuses, nationalistes et raciales exacerbées par l'arrivée de nouveaux colons [[anglais|anglophones]] [[protestantisme|protestants]] venus de l'[[Ontario]] voisin. La situation politique générale n'est également pas très bonne, les négociations pour le transfert de la souveraineté de la Terre de Rupert de la Compagnie de la Baie d'Hudson au Canada n'ayant pas abordé la question de la représentation politique. Enfin, et malgré les avertissements de l'évêque Taché<ref>{{Lien web|langue=en | éditeur= Manitoba Historical society | titre =Manitoba History: Bishop Taché and the Confederation of Manitoba, 1969–1970 | url =http://www.mhs.mb.ca/docs/transactions/3/tacheconfederation.shtml | auteur =Lionel Dorge | consulté le=3 novembre 2008}}.</ref> et du gouverneur [[William Mactavish]] au gouvernement [[John A. Macdonald|Macdonald]], celui-ci demande un recensement et cadastrage du territoire : l'arrivée du [[colonel]] [[John Stoughton Dennis]] et de son équipe le {{date|20 août 1869}}<ref>{{Lien web|langue=en | éditeur= Manitoba Historical society | titre =The Red River Rebellion and J. S. Dennis, “Lieutenant and Conservator of the Peace” | url =http://www.mhs.mb.ca/docs/mb_history/03/dennis_js.shtml | auteur =Colin Read | consulté le=3 novembre 2008}}.</ref> augmente les tensions chez les Métis, beaucoup ne possédant aucun titre de propriété pour les terres qu'ils exploitent, terres qui de toute façon sont réparties selon le [[système seigneurial de la Nouvelle-France]] plutôt que selon le système britannique<ref>{{Lien web |url=http://www.canadiana.ca/citm/specifique/rielreb_f.html |titre=Les rébellions de Riel |site=Le Canada en devenir |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref>.
 
=== L'émergence de Riel comme chef ===
 
À la fin du mois d'août, Riel dénonce la menée de ce recensement et, le {{date|11 octobre 1869}}, les travaux de Dennis sont interrompus par un groupe de Métis dont il fait partie. Ce groupe prend le [[16 octobre]] le nom de ''Comité National Métis'', avec Riel comme secrétaire et [[John Bruce]] comme président<ref>{{en}} {{Lien brisé | éditeur =Dumont Technical Institute (DTI) Métis Studies Adult 10 course> Module 5: Métis Resistance> Metis Studies 10 | titre =Reading #9: National Committee of the Méti | année =2003 | url = http://metisstudies.dev.kcdc.ca/resistance/readings/reading9.html | consulté le=11 novembre 2008}}.</ref>. Lorsque le [[Conseil d'Assiniboine]] (contrôlé par la Compagnie de le Baie d'Hudson) lui demande de s'expliquer, Riel déclare que toute tentative de prise de contrôle du territoire par le Canada serait rejetée tant qu'[[Ottawa]] n'en aurait pas d'abord négocié les termes avec les Métis. En dépit de cela, l'anglophone McDougall est nommé [[gouverneur général]] et, lorsqu'il tente de visiter la colonie le [[2 novembre]], il est repoussé à la frontière américaine. Le même jour, Louis Riel et un groupe de Métis s'emparent de [[Fort Garry]] sans coup férir<ref>{{Lien web|langue=en |url=http://www.cbc.ca/history/EPCONTENTSE1EP9CH2PA4LE.html |titre=The Execution of Thomas Scott |site=Canada: A People's History |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref>. Le [[6 novembre]], Riel invite les anglophones à s'associer aux représentants métis pour définir un plan d'action, et le {{1er décembre}} propose lors de cette convention une liste de droits essentiels à garantir pour que l'union avec le Canada soit acceptable. La majorité de la colonie accepte le point de vue métis, mais une minorité farouchement pro-canadienne commence à organiser son opposition ; coalition hétérogène nommée Parti canadien, ce groupe est dirigé par [[John Christian Schultz]]<ref>{{Lien web|langue=en |url=http://virtualology.com/apjohnchristianschultz/ |titre=John Christian Schultz |auteur=Virtualology |année=2001 |site=Virtual American Biographies |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref>, [[Charles Mair]]<ref>{{Lien web|langue=en |url=http://virtualology.com/aplouisriel/ |titre=Louis Riel |auteur=Virtualology |année=2001 |site=Virtual American Biographies |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref>, le colonel Dennis<ref>{{Lien web|langue=en |url=http://www.telusplanet.net/public/dgarneau/metis48.htm |titre=The infamous John A. MacDonald, an avid Orangeman of a foreign country, makes plans to annex the independent Metis Nation of the North West |site=Metis History |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref> et le [[major]] [[Charles Boulton]] réticent<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Ross B. |nom1=Mitchell |titre=John Christian Schultz, M.D. - 1840-1896 |périodique=Manitoba Pageant |mois=janvier |année=1960 |volume=5 |numéro=2 |url texte=http://www.mhs.mb.ca/docs/pageant/05/schultz_jc.shtml}}.</ref>.
 
Dans une tentative de réaffirmer son autorité, McDougall autorise Dennis à lever un contingent d'hommes armés : cet appel aux armes reste largement ignoré des anglophones, mais Schultz réussit de son côté à mobiliser une cinquantaine de recrues, qui se retranchent dans sa maison et son magasin. Cernés par les hommes de Riel, les Canadiens se rendent rapidement et sont emprisonnés à Fort Garry<ref name=Thomas/>.
 
=== Gouvernement provisoire ===
 
[[Fichier:ProvisionalMetisGovernment.jpg|vignette|Le gouvernement provisoire métis (''Riel au centre et Lépine en haut {{3e}} à partir de la droite'').]]
 
À l'annonce de la rébellion, Ottawa envoie trois émissaires, dont le [[Baron (noblesse)|Baron]] [[Donald Alexander Smith]], représentant de la Compagnie de la Baie d'Hudson, à la colonie de la rivière Rouge<ref>{{Lien web |url=http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=7710&PHPSESSID=289gtf6n7bs7nkogsvn7lak782 |titre=Smith, Donald Alexander, {{1er}} baron Stratcona et Mount Royal |auteur=Alexander Reford |année=2000 |site=Dictionnaire biographique du Canada en ligne |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref>. Alors qu'ils sont en chemin, le comité national Métis instaure un gouvernement provisoire le {{date-|8 décembre}}, Louis Riel en étant nommé président le {{date-|27 décembre}}<ref>{{Lien web
|url=http://thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/rebellion-de-la-riviere-rouge |titre=Rébellion de la rivière Rouge |auteur=J.M. Bumsted |site=L'Encyclopédie canadienne |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref>. La délégation canadienne rencontre Riel les [[5 janvier|5]] et {{date|6|janvier|1870|au Canada}}, mais sans résultats. Smith décide alors de s'adresser directement aux colons, et les assure lors de réunions tenues les 19 et {{date-|20 janvier}} de la bonne volonté du gouvernement dans cette affaire, menant Riel à proposer la formation d'une nouvelle convention, composée à parts égales de colons francophones et anglophones, pour discuter de l'offre de Smith. Entre-temps, le {{date|8 janvier 1870}}, le gouvernement provisoire de Riel nomma [[Ambroise-Dydime Lépine]], un des compagnons métis proche de Riel, adjudant général chargé de rendre la justice. Quelques semaines plus tard, Ambroise-Dydime Lépine fut élu pour représenter [[Saint-Boniface (Manitoba)|Saint-Boniface]] au congrès de 40 délégués de la colonie. Il fut ensuite nommé chef du conseil militaire, un sous-comité de ce congrès. Le {{date-|7 février}}, une nouvelle liste de droits est présentée à la délégation d'Ottawa, Smith et Riel s'accordant sur l'envoi d'émissaires auprès du gouvernement pour y commencer des négociations directes et basées sur ladite liste<ref name=Thomas/>.
 
=== La résistance canadienne et l'exécution de Scott ===
[[Fichier:ShootingThomasScott.jpg|vignette|gauche|« La tragédie à Fort Garry »<ref>Wikimedia Commons source : [https://commons.wikimedia.org/wiki/File:ShootingThomasScott.jpg?uselang=fr La tragédie au Fort Garry], source originelle maintenant dans le domaine public : "The Tragedy at Fort Garry, March 4, 1870", illustration de gravure en bois sur papier. Voir aussi en couleures ''The Canadian Illustrated News'', Volume 1, no. 25 (samedi, 23 avril 1870) en Figure 1 de la thèse par [https://spectrum.library.concordia.ca/978571/1/Moll_PhD_S2014.pdf Sorouja Moll publiée en 2013].</ref>.]]
En dépit des progrès réalisés au niveau politique, les membres du Parti canadien continuent de s'organiser contre le gouvernement provisoire. Le {{date-|17 février}}, 48 de ses membres, dont Boulton et [[Thomas Scott (aventurier)|Thomas Scott]], sont appréhendés près de Fort Garry<ref name=Thomas/>.
 
Boulton est jugé par un tribunal mené par [[Ambroise-Dydime Lépine]] et condamné à mort pour complot contre le gouvernement provisoire<ref>{{Lien web|langue=en |url=http://faculty.marianopolis.edu/c.belanger/QuebecHistory/readings/ThemurderofThomasScott.html |titre=The "Murder" of Thomas Scott |auteur=Claude Bélanger |année=2007 |site=L’Encyclopédie de l’histoire du Québec |consulté le=1 janvier 2012}}.</ref>. Il est immédiatement gracié, mais Scott interprète ce geste comme un aveu de faiblesse des Métis, qu'il méprise ouvertement. Après plusieurs altercations avec ses gardes, ces derniers demandent à ce qu'il soit jugé pour insubordination. Au terme de son procès, il est reconnu coupable de refus d'obéissance à l'autorité du gouvernement provisoire et il est condamné à mort. On demande à Riel de commuer la sentence, mais Donald Smith rapporte que Riel répondit à ses supplications : {{Citation bloc|J'ai fait trois bonnes actions depuis mes débuts : j'ai épargné Boulton à votre demande, j'ai pardonné à Gaddy, et maintenant je vais tuer Scott<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Boulton |nom1=Charles Arkoll |prénom2=Heather |nom2=Robertson |titre=I Fought Riel |éditeur=James Lorimer & Company |année= |passage=51 |isbn=0888629354}}.</ref>.}}
Scott est [[Peloton d'exécution|fusillé]] le {{date-|4 mars 1870}}<ref>{{harvsp|SHSB bio|2020|p=7|consulté le=5 novembre 2021}}</ref>. Les raisons qui poussèrent Riel à autoriser cette exécution ont fait l'objet de nombreuses spéculations, mais sa propre justification était qu'il se devait de montrer aux Canadiens que les Métis devaient être pris au sérieux<ref name=Thomas/>.
Selon l'historien Lyle Dick :<blockquote>« Peut-être peu d’images ont joué un rôle aussi important dans l’édification de la nation à des moments critiques de l’histoire canadienne que la gravure de l’exécution de Thomas Scott publiée dans le ''Canadian Illustrated News'' en 1870. »<ref>{{article|langue=english|nom =Dick|prénom= Lyle|année=2004–2005|titre=Nationalism and Visual Media in Canada: The Case of Thomas Scott's Execution|journal=Manitoba History|numéro=48 Autumn/Winter|url=http://www.mhs.mb.ca/docs/mb_history/48/nationalism.shtml|pages=2–18}}</ref></blockquote>
 
=== Création du Manitoba et Expédition de Wolseley ===
 
{{Article détaillé|Expédition de Wolseley}}
 
Les représentants du gouvernement provisoire partent pour Ottawa en {{date-|mars 1870}}. Bien que devant faire face à des difficultés légales du fait de l'exécution de Scott, ils sont rapidement en mesure de négocier directement avec Macdonald et [[George-Étienne Cartier]]<ref>{{Lien web |titre=Affaires indiennes et du Nord Canada |url=https://web.archive.org/web/20200206012407/https://web.archive.org/web/20061001234418/http://www.ainc-inac.gc.ca/ch/rcap/sg/sj5c1_f.html |site=web.archive.org |date=2020-02-06 |consulté le=2022-02-17}}</ref>. Un accord basé sur la plupart des demandes de la liste de droits est conclu, formant la base du [[loi sur le Manitoba|texte d'admission]] de la nouvelle province du [[Manitoba]] dans la [[confédération canadienne]] le
{{date|12|mai|1870|au Canada}}<ref>{{loi | pays =Canada | titre =Loi modifiant et prorogeant la loi 32-33 Victoria, chapitre 3, et concernant l'organisation du gouvernement du Manitoba, 1870, 33 Vict., ch. 3 (Canada) | année publication =1870 | jour =12 | mois =mai | année =1870 | lire en ligne =http://www.justice.gc.ca/fra/pi/const/loireg-lawreg/p1t21.html}}.</ref>. Les émissaires métis ne peuvent cependant pas négocier une [[amnistie]] générale pour les membres de leur gouvernement provisoire<ref name=Thomas/>.
 
Afin d'exercer la souveraineté canadienne sur la colonie et de décourager les [[Manifest Destiny|expansionnistes américains]], une expédition militaire canadienne, dirigée par le colonel [[Garnet Joseph Wolseley|Garnet Wolseley]] est alors mandatée à la rivière Rouge<ref>{{Lien web|langue=en |url=https://www.gov.mb.ca/chc/hrb/plaques/plaq1553.html |titre=The Wolseley Expedition |série=Manitoba Heritage Council Commemorative Plaques |site=Manitoba Culture, Heritage and Tourism |consulté le=2 janvier 2012}}.</ref>. Bien que l'opération soit décrite par le gouvernement comme « de routine », Riel apprend que des éléments de la [[Milice#Les milices des Maritimes et du Haut-Canada|milice du Haut-Canada]] projettent de le lyncher. Il décide de fuir avant leur arrivée le {{date-|24 août}}, date qui marque la fin effective de la rébellion de la rivière Rouge<ref name=Thomas/>.
 
== Les années d'exil ==
=== L'amnistie ===
 
Le nouveau [[lieutenant-gouverneur]] [[Adams George Archibald]] arrive le {{date-|2 septembre 1870}} et débute la mise en place d'un gouvernement civil pour la province<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Richard Spink |nom1=Bowles |titre=Adams George Archibald, First Lieutenant-Governor of Manitoba |périodique=Transactions of the Manitoba Historical Society |année=1968-69 |volume=3 |numéro=25 |url texte=http://www.mhs.mb.ca/docs/transactions/3/archibald_ag.shtml}}.</ref>. En l'absence d'amnistie, et voyant ses partisans agressés et intimidés par la milice canadienne, Riel s'enfuit de l'autre côté de la frontière, dans la mission Saint-Joseph du [[territoire du Dakota]]. Les élections de {{date-|décembre 1870}} voient nombre de ses alliés être élus; cependant, le stress et les premiers symptômes de ses futurs problèmes [[psychiatrie|psychiatriques]] l'empêchent de rejoindre le Manitoba avant {{date-|mai 1871}}<ref name=Thomas/>.
 
[[Fichier:LouisRielPortrait.jpg|vignette|gauche|Louis Riel, v.&nbsp;1886.]]
 
La colonie se trouve alors face à une nouvelle menace, venue cette fois des [[Fenian]]s américains, menés par son ancien associé [[William Bernard O'Donoghue]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Ruth
|nom1=Swan |titre=“Unequal justice:” The Metis in O’Donoghue’s Raid of 1871 |périodique=Manitoba History |mois=printemps/été |année=2000 |numéro=39 |url texte=http://www.mhs.mb.ca/docs/mb_history/39/unequaljustice.shtml}}.</ref>. Même si le danger est exagéré, Archibald proclame une mobilisation générale le {{date|4|octobre|1871}}. Plusieurs compagnies de cavaliers, dont une menée par Riel, sont levées. À la revue des troupes, à [[Saint-Boniface (Manitoba)|Saint-Boniface]], Archibald serre ostensiblement la main de Riel, indiquant par là qu'un rapprochement est en cours. Lorsque la nouvelle atteint l'Ontario, Mair et plusieurs membres du parti [[Canada First]] attisent les sentiments anti-Riel (et anti-Archibald) parmi les anglophones. Les [[Élections fédérales canadiennes de 1872|élections générales de 1872]] approchant, Macdonald ne peut se permettre un nouveau durcissement des relations entre le Québec et l'Ontario : il s'arrange donc pour que l'évêque [[Alexandre-Antonin Taché|Taché]] offre à Riel une prime de [[dollar canadien|{{unité|1000|$}}]] pour que celui-ci s'exile volontairement. L'offre est augmentée de [[Livre sterling|{{unité|600|£}}]] par Smith pour subvenir aux besoins de la famille de Riel. En l'absence d'alternative, Riel accepte l'offre et arrive à [[Saint Paul (Minnesota)|Saint Paul]] le {{date|2|mars|1872}}. Il revient cependant dès la fin {{date-|juin 1872-}}, et décide de se porter candidat aux élections fédérales en tant que représentant du district de [[Provencher]], pour se retirer début septembre en faveur de [[George-Étienne Cartier|Georges-Étienne Cartier]] (un partisan de son amnistie), qui vient de perdre dans sa circonscription du Québec. Cartier gagne par acclamation, mais sa mort le {{date|20|mai|1873}} marque la fin des espoirs de Riel que la question de son amnistie soit rapidement résolue. Lors de l'élection partielle qui suit en octobre de la même année, Riel court sans adversaire alors qu'il a déjà quitté le pays - un mandat d'arrêt avait été lancé contre lui dès septembre. Moins chanceux, Lépine est arrêté et jugé. Se rendant à Montréal, et incertain quant aux menaces potentielles d'arrestation ou d'assassinat, Riel hésite à siéger à la [[chambre des communes du Canada|Chambre des communes]] — [[Edward Blake]], [[Premier ministre du Canada|Premier ministre]] de l'Ontario, est allé jusqu'à promettre une récompense de {{unité|5000|[[dollar canadien|$ CA]]}} pour sa capture<ref>{{Lien web |url=http://www.museevirtuel.ca/Exhibitions/Batoche/docs/proof_fr_riel_bio.pdf |titre=Louis Riel (1844-1885): Biographie |auteur=Gabriel Dumont Institute |année=2005-2006 |consulté le=2 janvier 2012}}.</ref>. Riel est donc le seul [[député]] canadien absent du grand débat sur le [[Scandale du Pacifique]] de 1873 qui précipite la démission de Macdonald en novembre. Le [[Parti libéral du Canada|libéral]] [[Alexander Mackenzie (homme politique)|Alexander Mackenzie]] devient [[Premier ministre du Canada|Premier ministre]] par intérim, gagne les élections de janvier 1874, et Riel conserve de son côté facilement son siège en tant qu'indépendant. La règle voulant qu'un registre soit formellement signé à la chambre par tout élu, Riel s'y rend et le paraphe ''incognito'' à la fin du mois de janvier. Il est tout de même démis de son siège à la suite d'une motion déposée par Schultz, devenu lui-même député du district de [[Lisgar]]<ref>{{Lien web
|url=http://www.parl.gc.ca/MarleauMontpetit/DocumentViewer.aspx?Sec=Ch04&Seq=23&Lang=E&Language=F
|titre=La procédure et les usages de la Chambre des communes |auteur=Robert Marleau et Camille Montpetit |année=2000 |citation=Notes 369 et 370 |consulté le=2 janvier 2012}}.</ref>. Riel est facilement réélu à l'élection partielle qui s'ensuit et, bien que démis à nouveau de sa députation, la symbolique de son geste est suffisante pour que l'opinion publique québécoise penche fortement de son côté{{refnec}}.
 
=== Exil et fragilité mentale ===
 
Pendant ce temps, Riel s'installe à [[Plattsburgh]], [[État de New York|New York]], dans le village francophone de [[Keeseville (New York)|Keeseville]]. C'est là qu'il apprend la condamnation à mort de Lépine après son procès pour le meurtre de Scott. La presse québécoise s'enflamme, et les appels à la clémence pour Lépine et Riel se multiplient. Mackenzie, politiquement coincé entre des demandes québécoises et ontariennes opposées, ne doit son salut qu'à l'intervention spontanée du gouverneur-général [[Frederick Temple Hamilton-Temple-Blackwood, premier comte de Dufferin|Lord Dufferin]], qui commue la peine de Lépine en janvier 1875 : sur cette base, le Premier ministre obtient du Parlement une amnistie pour Riel, à charge pour celui-ci de rester en exil pendant cinq ans<ref name=Toussaint/>.
 
Cette période d'exil est pour lui dominée par des questions religieuses plutôt que politiques. Influencé par un prêtre catholique québécois de son entourage, il se convainc graduellement de son destin divin de leader des Métis. Ses biographes ont longtemps spéculé qu'il pourrait s'agir d'une condition [[psychopathologie|psychopathologique]] proche du [[narcissisme]]<ref name=Linder/>. Quoi qu'il en soit, sa santé mentale décline et, à la suite d'une violente crise, il est emmené à Montréal pour être gardé par son oncle, John Lee. Après que Riel eut perturbé la tenue d'un service religieux, Lee le fait interner à l'asile de Longue-Pointe le {{date|6|mars|1876}} sous une fausse identité (''Robert Louis David'')<ref name=Toussaint/>. Craignant qu'il ne soit démasqué, ses docteurs le transfèrent peu après à Beauport, près de [[Québec (ville)|Québec]] sous le nom de ''Louis Larochelle''<ref>{{Lien web|langue=en |url=http://archives.cbc.ca/politics/provincial_territorial_politics/topics/1482-9903/ |titre=Rethinking Riel: Was Riel mentally ill? |site=CBC Digital Archives |consulté le=3 janvier 2012}}.</ref>. Bien que sujet à des crises sporadiques, Riel continue ses écrits religieux, ses [[pamphlet]]s théologiques mélangeant thématiques juives et chrétiennes. C'est ainsi qu'il commence à se faire appeler Louis ''David'' Riel, prophète du Nouveau Monde. Il n'en finit pas moins par se rétablir, et peut quitter l'asile le {{date|23|janvier|1878}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Ed |nom1=Hird |titre=The Passion of Louis Riel |périodique=Deep Cove Crier |mois=mars |année=2004 |url texte=http://www3.telus.net/st_simons/cr0403.html}}.</ref>. Il retourne quelque temps à Keeseville, où il a une aventure passionnée avec Evelina Martin ''dit'' Barnabé, sœur de son ami l'[[Pères Oblats de Marie-Immaculée|Oblat]] Fabien Barnabé<ref name=Thomas/>. Faute de fonds, il ne peut l'épouser et s'en retourne vers l'Ouest, espérant qu'elle le suivrait. Elle préfère cependant rester dans son village plutôt que de tenter la vie dans la Prairie, ce qui met fin à leur liaison<ref name=Thomas/>.
 
=== Montana et vie de famille ===
 
[[Fichier:Jean-LouisAngeliqueRiel.jpg|vignette|Jean-Louis et Marie-Angélique Riel, enfants de Louis Riel.]]
 
À l'automne 1878, Riel s'en retourne à Saint Paul pour revoir ses amis et sa famille. Cette période est riche en changements pour les Métis de la rivière Rouge - les [[bison d'Amérique du Nord|bisons]] dont ils dépendaient se font plus rares, les colons de plus en plus présents, et, nombreux sont ceux qui ont vendu leurs terres à des spéculateurs sans scrupules. À l'instar de nombreux Métis quittant le Manitoba, Louis Riel part vers l'ouest afin de prendre un nouveau départ : il devient commerçant et interprète dans la région de [[Fort Benton]], dans le [[territoire du Montana]]. Il essaie même d'empêcher le commerce du [[whisky]], dont il voit les effets dévastateurs sur les populations indienne et métisse. Il épouse Marguerite Monet ''dit'' Bellehumeur (1861–1886), une jeune Métis, le [[28 avril]], union formalisée le {{date|9|mars|1882}}<ref>{{Lien web |url=http://www.mccord-museum.qc.ca/scripts/explore.php?Lang=2&tableid=18&tablename=fond&elementid=11__true |titre=Collection Louis Riel (C209) |site=Musée McCord |consulté le=3 janvier 2012}}.</ref>. Le couple a trois enfants : Jean-Louis (1882–1908), Marie-Angélique (1883–1897) et un garçon mort-né le {{date-|21 octobre 1885}}, soit moins d'un mois avant la propre mort de Riel<ref name=Thomas/>.
 
Louis Riel prend rapidement parti dans la vie politique du Montana et, en 1882, mène campagne pour le [[parti républicain (États-Unis)|Parti républicain]]. Il va jusqu'à poursuivre les [[parti démocrate (États-Unis)|Démocrates]] en justice pour fraude électorale, mais est lui-même accusé d'avoir fait voter des citoyens [[Grande-Bretagne|britanniques]]<ref>{{harvsp|Kinsey Howard|1989}}</ref>. Il réplique en demandant la [[Nationalité|naturalisation]] américaine, qui lui est accordée le {{date|16|mars|1883}}<ref>{{Lien web |url=https://www.collectionscanada.gc.ca/confederation/023001-4000.61-f.html |titre=Louis Riel |série=La confédération canadienne |site=Bibliothèque et archives Canada|date=2 mai 2005|consulté le=3 novembre 2015}}.</ref>. À partir de 1884, il devient enseignant à la mission [[jésuite]] du district de [[Sun River (Montana)|Sun River]], dans le [[Montana]]<ref name=Thomas/>.
 
== La rébellion du Nord-Ouest ==
{{Article connexe|Rébellion du Nord-Ouest}}
 
=== Tensions dans la Saskatchewan ===
 
Après la rébellion de la rivière Rouge, nombreux sont les Métis à s'installer plus à l'ouest, dans la vallée de la Saskatchewan, en particulier le long du bras sud de la rivière, à proximité de la mission Saint-Laurent (près de l'actuelle ville de [[Saint-Laurent de Grandin]]). Mais, dès le début des [[années 1880]], il devient clair que l'émigration vers l'Ouest n'est pas la panacée aux problèmes des Métis et des Indiens des plaines. L'effondrement des stocks de bisons place les Cris et [[Confédération des Pieds-Noirs|Pieds-Noirs]] (Blackfoot) au bord de la famine, situation exacerbée par la diminution de l'aide gouvernementale en 1883, ainsi que d'une manière générale par l'incapacité d'Ottawa à remplir ses obligations en vertu des traités existants. Abandonnant la chasse, les Métis se mettent à l'agriculture; cette transition est cependant contrariée par les mêmes conflits sur la propriété des terres que ceux rencontrés dans le Manitoba. De plus, la pression migratoire des colons européens et canadiens se faisant plus forte, ceux-ci développent leurs propres griefs vis-à-vis de l'administration du territoire. Toutes les parties ont donc de sérieux motifs d'insatisfaction et, dès 1884, les communautés anglophone, [[anglo-métisse]] et métisse commencent à adresser leurs plaintes à un gouvernement central largement indifférent. Le [[24 mars]], une trentaine de représentants métis réunis dans le village de [[Batoche (Saskatchewan)|Batoche]] votent pour demander à Louis Riel de revenir représenter leur cause. Le {{date|6|mai|1884}}, une « Union des colons », réunissant des délégués métis et anglophones de la ville de [[Prince Albert (Saskatchewan)|Prince Albert]] décide d'envoyer une délégation officielle auprès de Riel pour que celui-ci les aide à présenter leurs doléances au gouvernement canadien<ref name=Thomas/>.
 
=== Le retour de Riel ===
 
Le chef de la délégation est [[Gabriel Dumont]], un chasseur de bison respecté et chef des Métis de Saint-Laurent, qui a déjà rencontré Riel au Manitoba<ref>{{Lien web |url=http://thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/gabriel-dumont |titre=Gabriel Dumont |auteur=[[George Woodcock]] |site=L’Encyclopédie canadienne |consulté le=6 janvier 2012}}.</ref>. Ce dernier est rapidement convaincu de rejoindre la cause métisse — réaction compréhensible, persuadé qu'il est de sa destinée en tant que chef métis et de son statut de prophète d'une nouvelle chrétienté. Un autre objectif probable de Riel est de profiter de toute nouvelle source d'influence pour résoudre ses propres problèmes fonciers au Manitoba<ref name=Thomas/>.
 
Quoi qu'il en soit, le groupe part le [[4 juin]] pour arriver à Batoche le {{date|5|juillet|1884}}. À son arrivée, une série de discours prônant la modération et une approche raisonnée lui gagnent le soutien des populations métisse et anglophone. Les leaders cris [[Big Bear]] et [[Poundmaker]] ayant eux aussi formulé au cours du mois de juin diverses plaintes à transmettre au gouvernement, ils se réunissent peu après avec Riel pour discuter d'une démarche commune avec les colons. Mais, leurs demandes étant très différentes de celles de ces derniers, aucun accord n'est trouvé. Sur proposition de Riel, Honoré Jackson et d'autres délégués commencent à mettre leurs revendications par écrit et, le [[28 juillet]], produisent un programme détaillant les problèmes et les objectifs des colons. Dans les mois qui suivent, un comité mixte anglophones-Métis (avec Jackson comme secrétaire) travaille à aplanir les différences entre les propositions des communautés, alors même que le soutien à Riel commence à diminuer : la teneur de ses déclarations s'éloigne de plus en plus du catholicisme romain, et le clergé prend graduellement ses distances avec lui. Le père [[Alexis André]] va jusqu'à lui déconseiller officiellement de mélanger religion et politique. Enfin, la presse anglophone, en partie soudoyée par le lieutenant-gouverneur et commissaire aux affaires indiennes [[Edgar Dewdney]], adopte une position de plus en plus critique vis-à-vis de Riel. Le travail de la délégation n'en continue pas moins et, le [[16 décembre]], Riel peut envoyer le texte du comité au gouvernement central, demandant en outre qu'une délégation puisse être accueillie à Ottawa pour entreprendre des négociations directes. Le texte est reçu par [[Joseph-Adolphe Chapleau]], Secrétaire d'État du gouvernement Macdonald, bien que celui-ci niera plus tard l'avoir jamais lu<ref name=Thomas/>.
 
=== La rupture avec l'Église ===
 
En attente de nouvelles de la part d'Ottawa, Riel songe à retourner dans le Montana mais finit par se décider à rester. Limité dans ses possibilités d'action, il se tourne vers la [[prière]] de manière obsessionnelle, attitude liée à une rechute de ses troubles psychologiques et qui tend rapidement ses liens avec le clergé catholique, ses prêches confinant de plus en plus à l'[[hérésie]]. Le {{date-|11 février 1885}}, une réponse est enfin reçue : le gouvernement propose de recenser la population du Territoire du Nord-Ouest et de former une commission d'enquête pour étudier les différents problèmes rencontrés par les populations locales. Les Métis, interprétant ce geste comme une manœuvre dilatoire, accueillent mal la nouvelle : une faction se constitue rapidement qui prône la révolte armée. Cette option est cependant rejetée par l'Église, les anglophones et même les Métis regroupés autour de [[Charles Nolin]]<ref>{{Lien web |url=http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=6964 |titre=Charles Nolin |auteur=Diane Paulette Payment |site=Dictionnaire biographique du Canada en ligne |éditeur=University of Toronto/Université Laval |consulté le=7 janvier 2012}}.</ref>. Mais Riel, sans doute de plus en plus sous l'emprise de ses visions messianiques<ref>{{Lien web |url=http://www.uwo.ca/english/canadianpoetry/architexts/mnemographia_canadensis_2/essay_16.htm |titre=Controversy in the Commemoration of Louis Riel |auteur=Monique Dumontet |site=Mnemographia Canadensis |consulté le=7 janvier 2012}}.</ref>, se rapproche de son côté des partisans d'une action violente. Le [[15 mars]], il interrompt une messe à l'église de Saint-Laurent pour y présenter ses arguments. Interdit de [[sacrement]]s, il parle de plus en plus ouvertement de sa « révélation divine ». Désabusés par le ''statu quo'' ambiant et galvanisés par le charisme et l'éloquence de Riel, nombre de Métis lui restent cependant fidèles, ceci en dépit de sa demande que l'[[évêque]] Bourget soit nommé [[Pape]] et de ses affirmations selon lesquelles « ''Rome est tombée'' »<ref>{{Lien web |url=http://archives.cbc.ca/politics/provincial_territorial_politics/topics/1482-9903/ |titre=Was Riel mentally ill? |site=CBC|date=21 octobre 1994|consulté le=7 janvier 2012}}.</ref>. Un des ecclésiastiques de Saint-Laurent rapporta plus tard :
{{Citation bloc|[…] dans son étrange et inquiétante folie, [il] fascinait nos pauvres Métis comme le serpent fascine ses proies{{refnec}}.}}
 
=== Révolte ===
 
Le {{date|18|mars|1885}}, on apprend que la garnison de la [[Police montée du Nord-Ouest]] stationnée à Prince Albert va être renforcée. Même si seulement {{nobr|100 hommes}} sont envoyés pour répondre aux demandes du père André et du surintendant du Territoire [[Leif Newry Fitzroy Crozier|L.N.F. Crozier]], la rumeur enfle et ce sont rapidement {{nobr|500 hommes}} lourdement armés qui sont annoncés. À bout de patience, les hommes de Riel prennent les armes, s'emparent d'otages et coupent les liaisons télégraphiques entre Batoche et Prince Albert. Un gouvernement provisoire est nommé le [[19 mars]], avec Riel<ref>{{Lien web |url=http://louisrielday.com/timeline.php |titre=Louis Riel Historical Timeline|site=LouisRielDay.com / Remembering Manitoba's Founding Father|consulté le=8 novembre 201221}}</ref>. comme chef politique et spirituel et Dumont comme chef militaire. Riel nomme un conseil, appelé [[Exovedat]]<ref>{{Lien web |url=http://www.virtualmuseum.ca/Exhibitions/Batoche/docs/proof_en_why_did_the_1885_res.pdf |titre=Why did the 1885 Resistance Happen? |série=Gabriel Dumont Institute |auteur=Gabriel Dumont Institute |site=Retour à Batoche |consulté le=7 janvier 2012}}.</ref> ([[néologisme]] signifiant « ceux qui ont quitté le troupeau »), et envoie des émissaires auprès de Poundmaker et Big Bear.<!--différentes versions quant à la date exacte de leur envoi--> Le [[21 mars]], les représentants de Riel demandent la reddition de [[Fort Carlton]], sans résultat. La situation devenue critique, Dewdney envoie le [[23 mars]] un télégramme à Macdonald le pressant d'intervenir militairement. C'est à ce moment qu'une escarmouche entre un groupe mené par Gabriel Dumont et une patrouille venue de Fort Carlton éclate. La police est mise en déroute lors de cette [[bataille du lac aux Canards]] et, à l'annonce de celle-ci, les Indiens se soulèvent aux côtés des Métis : la [[Rébellion du Nord-Ouest]] a commencé<ref name=Thomas/>
[[Fichier:metisprisoners.jpg|vignette|Prisonniers métis après la bataille de Batoche, 1885.]]
 
Riel parie sur l'incapacité du gouvernement central à répondre de manière effective à une révolte dans le lointain nord-ouest canadien, le forçant du coup à s'asseoir à la table des négociations. La même stratégie avait, de fait, fonctionné lors de la rébellion de 1870. Cependant, Riel dans son calcul néglige un aspect essentiel : en 1870, les premières troupes n'étaient pas arrivées avant {{nobr|3 mois}}, alors que désormais elles peuvent profiter du réseau naissant du [[Canadien Pacifique]]. En dépit d'une liaison transcontinentale encore incomplète, les premières troupes régulières et de milice, sous le commandement du [[Général de division|Major-Général]] [[Frederick Dobson Middleton]], arrivent à Duck Lake moins de {{nobr|2 semaines}} après la prise du pouvoir par Riel. Conscient qu'il ne peut vaincre les Canadiens lors d'une confrontation directe, Dumont mise sur une longue et épuisante campagne de [[guérilla]] ; la [[bataille de la coulée des Tourond]], le [[24 avril]], est dans cette optique un succès modeste mais réel<ref>{{Lien web |url=http://www.virtualmuseum.ca/Exhibitions/Batoche/html/resources/fr_proof_battle_of_fish_creek.php |titre=La bataille de Fish Creek (le 23 avril 1885) |auteur=Gabriel Dumont Institute |site=Retour à Batoche |éditeur=Gabriel Dumont Institute |consulté le=7 janvier 2012}}.</ref>. Riel insiste cependant pour que les forces rebelles soient concentrées autour de Batoche, « Ville de Dieu ». L'issue de la [[Bataille de Batoche]], qui s'ensuit du 9 au {{date-|12 mai}}<ref>{{Lien web |url=http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/rebellion-du-nordouest |titre=Rébellion du Nord-Ouest |auteur=Bob Beal et Rod MacLeod |site=L'Encyclopédie canadienne |consulté le=7 janvier 2012}}.</ref>, ne fit pas de doute et le [[15 mai|15]] c'est un Riel hagard qui se rend aux forces canadiennes. Bien que les forces de Big Bear résistent encore jusqu'à la [[bataille de Loon Lake]] le [[13 juin]], la rébellion est un échec complet pour les Indiens et les Métis, la plupart fuyant ou faisant acte de reddition<ref>{{Lien web|langue=en |url=http://esask.uregina.ca/entry/north-west_resistance.html |titre=North-West Resistance |auteur=Stewart Mein |site=The Encyclopedia of Saskatchewan |consulté le=7 janvier 2012}}.</ref>.
 
== Le procès pour trahison ==
=== Emprisonnement ===
 
[[Fichier:Louis Riel prison.jpg|vignette|gauche|Louis Riel emprisonné à Batoche, {{date|16|mai|1885}}.]]
 
Peu après sa reddition à la Police montée, Riel est interné au camp militaire canadien installé près de Batoche, où il passe neuf jours sous la garde du [[Capitaine (Canada)|capitaine]] George Holmes Young, fils du révérend George Young, qui en 1870 avait plaidé pour la libération de Thomas Scott. Dès le [[16 mai|16]], [[Adolphe-Philippe Caron]], ministre de la milice canadienne, ordonne que Riel soit envoyé à Winnipeg pour y être jugé. Le convoi, voyageant par rail, a à peine atteint [[Moose Jaw]] qu'il est redirigé sur Regina, la capitale du Territoire du Nord-Ouest, toujours sur ordre de Caron. Young et Riel sont accompagnés d'une escorte de seize hommes en armes et d'un prêtre, Charles Bruce Pitblado<ref name=Thomas/>.[[Fichier:CourtHouseLouisRielTrial.jpg|vignette|Le tribunal de Regina.]]
 
Des pressions en haut lieu poussent le gouvernement à organiser le procès à [[Winnipeg]] dès {{date-|juillet 1885}}. Bien que plusieurs historiens argumentèrent que celui-ci se tint finalement à [[Regina]] par peur que ne se trouve à Winnipeg un jury trop mixte et indulgent envers le prévenu, l'historien [[Thomas "Tom" Flanagan|Thomas Flanagan]] précise<ref name=Flanagan1983>{{harvsp|Flanagan|1983|}}.</ref>{{,}}<ref name=Flanagan1992>{{harvsp|Flanagan|1992|}}.</ref>. qu'un amendement au ''North-West Territories Act'' (qui abandonne une clause imposant le jugement des crimes passibles de la peine capitale au Manitoba) permet simplement que le procès se tienne dans le territoire lui-même (où le ''crime'' avait eu lieu). Quoi qu'il en soit, le déplacement du procès est une bonne affaire pour le gouvernement : alors que le droit du Manitoba garantit la tenue du procès devant un juge indépendant, la loi territoriale ne requiert que la présence d'un magistrat professionnel, c'est-à-dire un simple fonctionnaire d'État nommé suivant le bon vouloir du gouvernement fédéral. De plus, un procès au Manitoba aurait requis un jury de {{nobr|12 hommes}} et l'assurance du bilinguisme, alors que dans le Territoire du Nord-Ouest, seule la présence de six jurés est demandée, aucune garantie quant à la protection des francophones n'étant spécifiquement prévue<ref name=Thomas/>.
 
Le {{date|23|mai|1885}}, Riel arrive enfin à la prison de Regina, où il est enchaîné à un boulet et enfermé pendant près de deux mois dans une cellule d'à peine {{unité|3|m|2}} avant de pouvoir rencontrer ses avocats, le {{1er juillet}}. L'inculpation de trahison ne lui est pas formellement notifiée avant le [[6 juillet]]. Le [[14 juillet|14]], Riel rencontre [[François-Xavier Lemieux (libéral)|François-Xavier Lemieux]] et [[Charles Fitzpatrick]], deux jeunes avocats québécois envoyés par l'''Association nationale pour la défense des prisonniers métis'', un organisme québécois, ainsi que Thomas Cooke Johnstone, avocat ontarien récemment établi à Regina<ref name=Thomas/>.
 
=== Le procès ===
 
[[Fichier:RielJury.jpg|vignette|gauche|Les 6 jurés du procès de Louis Riel.]]
Le Premier ministre John A. Macdonald avait donc tranché en faveur de Regina, où Riel serait jugé par un jury composé de six [[protestantisme|protestants]] [[angleterre|anglais]] et [[écosse|écossais]], tous de la région. Sur les {{nobr|36 personnes}} appelées pour assurer la charge de juré, une seule s'avère parler le français — et elle ne peut de toute façon se présenter à l'audience. Le seul catholique (un [[Irlande (pays)|Irlandais]]) est contesté, et exclu, par l'accusation sous prétexte qu'il n'est pas d'ascendance britannique. Le procès débute le {{date|28|juillet|1885}} et ne dure que cinq jours<ref name=Thomas/>.
 
Riel est inculpé pour six nouveaux actes de trahison le [[20 juillet]]. Ces six inculpations ne sont, de fait, que trois accusations répétées, une fois à l'encontre d'un sujet de la Reine, et une fois à l'encontre d'un étranger (Riel étant considéré américain). <!----phrase peu claire: "neither of which the Court proved to be"---> Les conseillers du prévenu contestent immédiatement le for, mais cette requête est rejetée. Riel plaide alors non coupable à toutes les accusations, et ses avocats demandent un délai supplémentaire pour acheminer des témoins. Cela leur est accordé, et le procès commence le {{date|28|juillet|1885}}<ref name=Thomas/>.
 
Les représentants de la Couronne comptent parmi les avocats les plus brillants du [[Dominion]] : [[Christopher Robinson]], [[Britton Bath Osler]], [[George Burbidge]], [[David Lynch Scott]], et [[Thomas Chase-Casgrain]], ce dernier étant le seul francophone du groupe. Neuf témoins à charge sont appelés : Général Frederick Middleton, {{Dr}} John Willoughby, [[Thomas McKay]], George Ness, George Kerr, John W. Astley, Thomas E. Jackson, {{Dr}} A. Jukes, et le cousin de Riel, [[Charles Nolin]]. Les contre-interrogatoires menés par la défense tentent de démontrer la fragilité mentale de Riel, mais sans succès. Le {{date-|30 juillet}}, cette tentative a sa chance, la défense produisant cinq témoins à décharge : {{Dr}} François Roy de l'asile psychiatrique de Beauport, {{Dr}} Daniel Clark de l'asile de Toronto, Philippe Garnot, qui fut secrétaire de Riel pendant quelque temps, ainsi que les prêtres [[Alexis André]] et [[Vital Fourmond]], qui tous témoignent de la démence de Riel sans pour autant se montrer compréhensifs ou présenter quelque circonstance atténuante. La plaidoirie de la défense ne dure qu'une journée<ref name=Thomas/>.
 
Riel donne deux longs discours devant la Cour, défendant ses actes et affirmant les droits des Métis. Rejetant la tentative de son avocat de le présenter comme mentalement irresponsable, il déclare :
{{Citation bloc|La vie, sans la dignité de l'intelligence, ne vaut pas d'être vécue<ref>{{harvsp|famous-trials.com/louisriel||loc=[https://www.famous-trials.com/louisriel/859-statement Final Trial Statement & Subsequent Renounciation of Louis Riel]}}</ref>.}}
 
[[Fichier:Riel-o.png|vignette|Louis Riel à son procès.]]
 
Le jury le reconnaît coupable le {{date-|31 juillet}}, après seulement une demi-heure de délibérations, mais demande la clémence. Le juge Richardson, qui préside aux débats, le condamne pourtant à mort, la date de son exécution étant initialement fixée au {{date-|18 septembre 1885}}<ref name=Linder>{{harvsp|famous-trials.com/louisriel|loc=[https://www.famous-trials.com/louisriel/856-biograph A Biography of Louis Riel] |consulté le=8 novembre 2021}}</ref>. Cinquante ans plus tard, un des jurés déclarera que Riel fut jugé pour trahison et pendu pour le meurtre de Thomas Scott<ref>{{harvsp|Stanley|1979|page= 23}}</ref>.
 
L'issue du procès est autant celle décidée par le gouvernement que celle issue du conflit entre l'accusé et sa défense. Riel avait demandé à mener le contre-interrogatoire des témoins à charge, ce que ses avocats lui refusèrent. De même, Riel contesta la nomination de ceux-ci (tous catholiques et francophones), ne voulant pas que son procès soit celui des anglophones contre les francophones. Les conseillers de Riel ne suivant manifestement pas ses instructions (ils menacèrent même de l'abandonner en plein milieu des audiences), l'on peut se demander de même sur quels ordres ils agissaient<ref>{{Ouvrage|titre=Discours de Sir Adolphe Caron sur l'exécution de Louis Riel [microforme]|éditeur=Ottawa? : s.n.|année=1886|isbn=978-0-665-58017-8|lire en ligne=http://archive.org/details/cihm_58017|consulté le=2023-05-11}}</ref>.
 
=== Exécution ===
{{double image|right|Manuscrit Louis Riel 1.jpg|180|Manuscrit Louis Riel 2.jpg|180|Manuscrit : Dernières volontés de Louis Riel à propos de l'enterrement de son corps et la publication de ses écrits, 1885.}}
 
Riel se réconcilie avec l'Église catholique juste avant son exécution, allant jusqu'à choisir le Père André comme conseiller spirituel. Boulton écrivit dans ses mémoires<ref>{{harvsp|Boulton|1886|page=413}}.</ref>. qu'à l'approche de son exécution, Riel commença à regretter son opposition à ce que son avocat plaide la folie et tenta vainement de prouver qu'il était bel et bien fou. Le gouvernement Macdonald est inondé de lettres de Québécois catholiques voyant en Riel l'exemple de la minorité francophone opprimée par les anglophones protestants. Le Premier ministre, Sir John A. Macdonald, qui empêcha que la peine de Riel fut commuée ou rejugée, aurait dit : « Il sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur »<ref>{{Lien web|prénom=Jean-François |nom=Nadeau|année=15 avril 2016|titre=«Riel, notre frère, est mort»|url=https://www.ledevoir.com/societe/468317/riel-notre-frere-est-mort|éditeur=Le Devoir}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Gwyn|2012|loc=Often quoted, comment cited here is perhaps the most damaging to his reputation that Macdonald ever made.}}</ref>. Après que plusieurs demandes pour qu'un nouveau procès eut lieu et qu'un appel auprès du [[Conseil privé de la Reine pour le Canada]] eut été rejeté, Riel est pendu pour trahison le {{date|16|novembre|1885}}<ref name=Thomas/>.
 
Boulton, témoin direct, écrivit :
{{Citation bloc|[…] Père André, après avoir expliqué à Riel que la fin était proche, lui demanda s'il était en paix avec les hommes. Riel répondit {{Citation|Oui}}. {{Citation|Pardonnez-vous tous vos ennemis ?}} {{Citation|Oui.}} Riel lui demanda alors s'il pouvait parler. Père André lui recommanda de ne pas le faire. Il reçut alors le baiser de la paix de la part des deux prêtres, et Père André lui dit ''[en français]'' {{Citation|Alors, allez au ciel !}}. […] La capuche lui fut mise sur la tête, et la trappe ouverte sous ses pieds alors qu'il priait. La mort fut instantanée. Le [[pouls]] cessa de battre 4 minutes plus tard. Une tombe était en train d'être creusée pour y enterrer le corps quand, sur ordre du Lieutenant-Gouverneur celui-ci fut remis au sheriff Chapleau ce qui fut fait la nuit-même<ref>{{harvsp|Boulton|1886|pages=413–414}}.</ref>.}}
 
Son corps est transféré chez sa mère, à [[Saint-Vital (Winnipeg)|Saint-Vital]], Manitoba, pour y être exposé deux jours dans la [[maison Riel|maison familiale]]<ref>{{Lien web |url=http://shsb.mb.ca/maison-riel/au-sujet-de-la-maison-riel |titre=Au sujet de la Maison-Riel |auteur=Société historique de Saint-Boniface |site=Centre du patrimoine |consulté le=28 décembre 2011}}.</ref>. Le {{date-|12 décembre}}, Riel est enterré dans le cimetière de la [[cathédrale de Saint-Boniface]] après une messe de [[requiem]], son corps reposant près des tombes d'[[Ambroise-Dydime Lépine]], compagnon métis de Louis Riel.
 
== Héritage ==
[[Fichier:Writings of Louis Riel.jpg|vignette|Les Écrits complets de Louis Riel.]]
=== Héritage politique ===
[[Fichier:LouisRielTombstone.jpg|gauche|vignette|La tombe de Riel devant la cathédrale de St. Boniface.]]
Les demandes foncières des Métis de la Saskatchewan sont toutes accordées par le gouvernement avant la fin 1887, et le cadastre le long de la rivière réarrangé selon leurs vœux. Les [[Métis (Canada)|Métis]] ne saisissent pas immédiatement la valeur de leurs nouvelles terres, et celles-ci sont rapidement acquises à vil prix par des spéculateurs qui en tirent de très larges plus-values. À bien des égards, les pires craintes de Riel se réalisent — après l'échec de la rébellion, le français et le catholicisme sont de plus en plus marginalisés dans la Saskatchewan et le Manitoba, comme le montre par exemple la [[Question des écoles du Manitoba]] à la fin du siècle. Les [[Métis (Canada)|Métis]] sont de plus en plus souvent contraints à vivre sur des terres pauvres ou à proximité de [[réserve indienne (Canada)|réserves]] (mais pas dans celles-ci, n'ayant pas le statut d'Amérindiens). La [[Saskatchewan]] ne devient une province canadienne qu'en 1905, soit {{nobr|20 ans}} après la Rébellion du Nord-Ouest.
 
La mort de Riel et la fermeté de Macdonald causèrent des troubles durables au Québec, et influencèrent sensiblement le débat politique canadien. Au Québec, [[Honoré Mercier]] profite du mécontentement local pour faire renaître son [[Parti national (Québec)|Parti national]], ce dernier gagnant la majorité aux [[Élections générales québécoises de 1886|élections provinciales de 1886]] aux dépens du Parti conservateur. L'[[Élections fédérales canadiennes de 1887|élection fédérale de 1887]] voit de même des gains de la part du Parti libéral, à nouveau aux dépens des conservateurs : [[Wilfrid Laurier]] devient Premier ministre après les [[Élections fédérales canadiennes de 1896|élections générales de 1896]], prélude à l'hégémonie de son parti sur la politique canadienne du {{XXe siècle}}<ref name=Thomas/>.
 
L'influence durable de Riel sur la politique nationale est démontrée lorsque le 14 mars [[1994]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Débats (Hansard) no 87 - 21 octobre 1996 (35-2) - Chambre des communes du Canada |url=https://www.noscommunes.ca/DocumentViewer/fr/35-2/chambre/seance-87/debats |site=www.noscommunes.ca |consulté le=2023-05-11}}</ref>, la députée Suzanne Tremblay du [[Bloc québécois]] propose la loi C-297<ref name="Projet de loi émanant d'un député C-297 (35-2) - Première lecture - Loi annulant la déclaration du culpabilité de Louis David Riel">{{Lien web |langue=fr |titre=Projet de loi émanant d'un député C-297 (35-2) - Première lecture - Loi annulant la déclaration du culpabilité de Louis David Riel - Parlement du Canada |url=https://parl.ca/DocumentViewer/fr/35-2/projet-loi/C-297/premiere-lecture/page-tdm |site=parl.ca |consulté le=2023-05-11}}</ref>, « Ce projet de loi a pour objet l'annulation de la déclaration de culpabilité de Louis David Riel pour haute trahison, et non pas simplement le pardon à titre posthume.» Cette loi aura pour objet le pardon, mais aussi la déculpabilisation de Louis Riel. La proposition est perçue dans la partie anglophone du pays comme une tentative de mobilisation des forces nationalistes québécoises à l'approche du [[Référendum de 1995 au Québec|référendum de 1995]] sur la [[Mouvement souverainiste du Québec|souveraineté]] de la Belle Province<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |nom=admin |titre=Riel : la fin d’un rêve – Voyage à travers le Québec |url=https://grandquebec.com/quebec-et-monde/louis-riel/ |consulté le=2023-05-11}}</ref>. Un débat mouvementé qui a remis en question le rôle de Riel dans l’histoire et la pertinence de la proposition. Le projet de loi a finalement été classé comme non prioritaire<ref name="Projet de loi émanant d'un député C-297 (35-2) - Première lecture - Loi annulant la déclaration du culpabilité de Louis David Riel" />{{,}}<ref>{{Article|langue=Fr|auteur1=Gilles Boileau|titre=Les Échos de la capitale|périodique=Histoire Quebec|date=2004|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/hq/2004-v10-n2-hq1059863/11269ac.pdf|accès url=libre}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=Fr|auteur1=Gilles Boileau|titre=Les échos de la capitale|périodique=Histoire Québec|date=2004|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/hq/2004-v10-n2-hq1059863/11269ac.pdf|accès url=libre}}</ref>.
 
=== Réhabilitation ===
 
[[Fichier:Louis Riel stamp Canada 1970.jpg|vignette|redresse|Timbre-poste du Canada, 1970.]]
L'image populaire d'un Louis Riel dément et traître à la nation, particulièrement répandue hors des communautés [[Métis (Canada)|métisse]] et [[Canadien français|canadienne-française]], a énormément évolué depuis la fin du {{XXe siècle}}<ref>{{harvsp|Siggins|1994|p=}}</ref>. Le {{date|10 mars 1992|au Canada}}, le Parlement le désigne à l'unanimité comme le fondateur du Manitoba et, à ce titre, il est souvent présenté comme l'un des [[Pères de la Confédération]]<ref>{{Lien web|langue=fr|prénom1=Nathan|nom1=Coschi|titre=Pères de la Confédération|site=L'Encyclopédie canadienne|url=http://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/peres-de-la-confederation/|consulté le=05 mars 2018}}.</ref>.
 
La plupart des Canadiens le considèrent désormais comme un héros qui s'est levé pour les droits des siens face à la politique raciste du gouvernement, tandis que ceux qui soulignent sa fragilité mentale le considèrent toutefois comme une figure politique d'importance. Riel n'en reste pas moins une énigme humaine, étant à la fois, comme le souligne l'historien J.M.S. Careless<ref>{{harvsp|Careless|1991|}}</ref>, un meurtrier et un héros. Sa décision plutôt abrupte d'exécuter Scott peut également être vue comme un tournant décisif dans l'histoire de son peuple : peu après la Rébellion de la rivière Rouge, le gouvernement mit en place un programme cadastral qui permit aux colons et spéculateurs de rapidement spolier les Métis de leurs terres. Les relations entre ces derniers et Ottawa ayant été plutôt bonnes jusque-là, les Canadiens auraient pu être plus rigoureux dans l'application de leurs propres lois. De même, la défiance entre Métis et Canadiens empêcha la création du Manitoba en tant que province administrativement francophone (ou à tout le moins bilingue, à l'instar du [[Nouveau-Brunswick]]), isolant un peu plus le Québec dans sa solitude linguistique{{refnec}}.
 
La littérature euro-canadienne accorde paradoxalement une place plus importante à Riel que ne le fait la littérature métisse, probablement parce qu'il s'agit du seul personnage connu des non-Métis. Bien que ce point de vue soit loin d'être incontesté (et incontestable), plusieurs universitaires<ref>{{harvsp|Flanagan|1979|}}.</ref> notent la ressemblance frappante entre l'attitude mystique de Riel et certains cultes [[millénarisme|millénaristes]] qui apparurent à la même époque. D'autres soulignent également son côté révolutionnaire. Dans les [[années 1960]], le [[Front de libération du Québec]] alla jusqu'à baptiser l'une de ses cellules [[terrorisme|terroristes]] du nom de ''Louis Riel''.
 
=== Monuments et topologie ===
 
[[Fichier:LouisRielTortured.jpg|vignette|redresse|Statue de Louis Riel « torturé ».<br />[[Université de Saint-Boniface|Collège universitaire de Saint-Boniface]].]]
 
Une statue de Louis Riel est érigée sur la [[colline du Parlement]] d'Ottawa, et deux autres peuvent être vues à Winnipeg. L'une de ces dernières, œuvre de l'architecte [[Étienne Gaboury]] et du sculpteur [[Marcien Lemay]], dépeint un Riel nu et torturé. Inaugurée en 1970, elle fit face à l'[[Assemblée législative du Manitoba]] pendant {{nobr|23 ans}}, avant d'être déplacée vers le [[Université de Saint-Boniface|Collège universitaire de Saint-Boniface]] : nombreuses étaient les voix (notamment de Métis) se plaignant d'une représentation indigne et incorrecte. La statue fut remplacée en 1994 par une création de [[Miguel Joyal]] dépeignant un Riel homme d'État<ref>{{article|langue=english|nom=Bower|prénom=Shannon|url=http://www.mhs.mb.ca/docs/mb_history/42/rielstatue.shtml |titre=“Practical Results”: The Riel Statue Controversy at the Manitoba Legislative Building |éditeur=Manitoba Historical Society|consulté le=5 novembre 2021| journal=Manitoba History |volume=42 |numéro=Autumn / Winter 2001–2002 |année=2001}}.</ref>
 
Nombre de communautés et villages du Manitoba, de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique, de l'Ontario, et du Québec ont dédié rues, écoles et bâtiments publics à la mémoire de Louis Riel<ref name=lrday-commemoration>{{Lien web |url=http://louisrielday.com/commemorations/ |titre=Louis Riel Commemorations|site=LouisRielDay.com / Remembering Manitoba's Founding Father|consulté le=9 novembre 2021}}</ref>. Le centre étudiant (et le pub universitaire) de l'[[Université de la Saskatchewan]] à [[Saskatoon]] porte son nom. L'[[Autoroute 11 (Saskatchewan)|autoroute provinciale 11]] de la même province (qui relie Regina et Prince Albert) a été baptisée du nom de [[Autoroute 11 (Saskatchewan)|Louis Riel Trail]] par le gouvernement ; la route passe près de nombre de lieux importants de la rébellion de 1885<ref name=lrday-commemoration/>.
 
Louis Riel a été désigné [[Personnes d'importance historique nationale|personne d'importance historique nationale]] par la [[commission des lieux et monuments historiques du Canada]] en 1956<ref>{{Lien web |url=https://www.pc.gc.ca/apps/dfhd/page_nhs_fra.aspx?id=961|titre=Personne historique nationale de Louis Riel |série=Répertoire des désignations d'importance historique nationale au Canada |site=Parcs Canada |consulté le=28 décembre 2011}}.</ref>. Quant à la [[maison Riel|maison maternelle]], elle a été désignée [[lieu historique national]] en 1976, elle a aussi été acquise par [[Parcs Canada]], qui l'a restauré dans son apparence de 1886<ref>{{Lien web |url=http://www.historicplaces.ca/fr/rep-reg/place-lieu.aspx?id=7762 |titre=Lieu historique national du Canada de la Maison-Riel |site=Lieux patrimoniaux du Canada |consulté le=28 décembre 2011}}.</ref>.
 
Il y a aussi un monument devant Le musée de Saint-Boniface qui est un grand buste de la tête de louis Riel qui a été créé par l'artiste francophone Réal Bérard. Cette statue a été érigée à la fin de 1980<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Author's |nom=Name |titre=Sport, Culture, et Patrimoine {{!}} Journée Louis Riel |url=https://www.gov.mb.ca/chc/louis_riel/louis_riel_st-b_bust.fr.html |site=www.gov.mb.ca |consulté le=2023-05-11}}</ref>.
 
=== Le Prix Riel ===
Le [[Prix Riel]], créé en 1983 par la [[Société franco-manitobaine]], rend hommage à des francophones de la [[Provinces et territoires du Canada|province]] [[Canada|canadienne]] du [[Manitoba]] qui, de façon remarquable, ont contribué, surtout bénévolement, au développement de la collectivité, tout en suscitant chez les leurs le goût de vivre en français.
 
=== Arts, littérature, culture populaire ===
 
[[Fichier:Louis Riel Statue.jpg|vignette|gauche|Statue de Louis Riel par Miguel Joyal, [[Winnipeg]], [[Manitoba]].]]
 
Les représentations les plus célèbres de Louis Riel incluent le [[téléfilm]] de 1979 sur la Rébellion de la rivière Rouge produit par [[Radio-Canada Télévision]], ainsi que le roman BD de [[Chester Brown]] paru en 2003 ''[[Louis Riel (bande dessinée)|Louis Riel l'insurgé]]''<ref>{{harvsp|Brown|2004|}}</ref>.
 
Un [[opéra]] en trois actes intitulé ''Louis Riel'' fut commandé pour les cérémonies du centenaire de la confédération canadienne en 1967. Composé par [[Harry Somers]], avec un [[livret (musique)|livret]] de [[Mavor Moore]] et [[Jacques Languirand]], il fut joué pour la première fois par la [[compagnie nationale d'opéra du Canada]] en septembre de la même année<ref name="Nygaard King">{{Lien web |titre=Louis Riel (opéra)|éditeur=l'Encyclopédie Canadienne |url=https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/louis-riel-1 |consulté le=20 mai 2021|prénom1=Betty|nom1 =Nygaard King |prénom2=Kenneth|nom2 = Winters|année=2006, rev. 2017}}</ref>.
 
De la fin des années 1960 au début des [[années 1990]], la ville de Saskatoon avait sa « Journée Louis Riel », une fête estivale avec course de relais combinant course à pied, avec sac à dos, en [[canoë]], [[escalade]] et [[équitation]] (la fête incluait également un concours de dégustation de [[chou farci]]).
 
Un groupe [[rock]] canadien prit le nom d'''Exovedate'' en 1994, celui-ci étant le nom du Conseil formé par Riel en 1885. [[Billy Childish]] écrivit également une chanson intitulée ''Louis Riel''. Le groupe canadien [[The Ghost Is Dancing]] a également une chanson portant son nom sur leur album de 2009 ''[[Battles On]]''<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=The Ghost Is Dancing - Battles On |url=https://www.discogs.com/The-Ghost-Is-Dancing-Battles-On/release/2264210 |site=Discogs |consulté le=20 janvier 2021}}</ref>.
 
En 1998, le compositeur et contrebassiste montréalais Normand Guilbeault écrit l'œuvre Riel Plaidoyer musical. L'œuvre pamphlétaire en vingt tableaux (narration, musique et projections) est construite à partir d'un métissage de plusieurs genres musicaux traditionnels et contemporains: compositions originales (jazz, musique actuelle), parties improvisées (solo, duo ou en groupe) et airs traditionnels d’époque arrangés par Guilbeault (gigues, chants autochtones, chansons canadiennes-françaises et musique militaire). Plaidoyer Musical Riel fût présenté d'abord à Victoriaville (FIMAV 1998), puis Montréal (performance endisquée : Ambiances Magnétiques CD 1999), Ottawa, dans diverses villes des Maritimes, Winnipeg, Regina, Calgary, Edmonton, Vancouver et Québec{{refnec}}.
 
Le {{date|22|octobre|2003}}, [[CBC Newsworld]] et son équivalent francophone le [[Réseau de l'information]] diffusèrent une simulation du procès de Riel : les téléspectateurs étaient par la suite invités à voter « coupable » ou « non coupable » par [[internet]]. Sur les {{formatnum:10000}} votes reçus, 87 % se prononcèrent en faveur de la clémence. Les résultats de ce vote populaire renouvelèrent les appels au pardon posthume. De la même manière, l'émission de Radio-Canada ''[[La plus grande personnalité canadienne]]'' le classa sur la base de sondages au {{11e|rang}} des plus grands personnages historiques du pays<ref>{{lien web| nom= Muise |prénom= Del | titre =Media and Public History: Canada: A People's History | année =2002 | url =http://www.cshc.ubc.ca/open_muise.php |éditeur=University of British Columbia|archive-url= https://web.archive.org/web/20050525225010/http://www.cshc.ubc.ca/open_muise.php | consulté le = 14 novembre 2007 |archive-date= 25 May 2005 }}</ref> Also on the basis of a public poll, the CBC's ''[[The Greatest Canadian|Greatest Canadian]]'' project ranked Riel as the {{11th}} "Greatest Canadian".
 
== Littérature ==
=== Écrit de Riel ===
* {{Ouvrage |prénom1=Mathias |nom1=Carvalho |traducteur=Jean Morisset |titre=Louis Riel, poèmes américains |lieu=Trois-Pistoles |éditeur=Éditions Trois-Pistoles |année=1997 |isbn=2-921898-40-3}}
* {{mul|fr|en}} {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=George F. G. |nom1=Stanley et al |lien auteur1=George Stanley |titre=Les écrits complets de Louis Riel/The Collected Writings of Louis Riel |lieu=Edmonton |éditeur=The University of Alberta Press, |année=1985 |isbn=0888640919}}
* {{Ouvrage |prénom1=Gilles |nom1=Martel |prénom2=Glen |nom2=Campbell |prénom3=Thomas |nom3=Flanagan |titre=Louis Riel |sous-titre=Poésies de jeunesse |lieu=Saint-Boniface |éditeur=Éditions du Blé |année=1977, ré-éd. 2019 |isbn=9782924378830}}
 
=== Roman, poésie, théâtre, musique, bande-dessinée ===
* [[Chester Brown]]. ''[[Louis Riel (bande dessinée)|Louis Riel, l'insurgé]]'', Paris : Casterman, 2004 [traduction de ''Louis Riel: A Comic-Strip Biography'', Montréal : [[Drawn and Quarterly]], 2003 {{ISBN|1-896597-63-7}}
* [[Zoran Vanjaka]]. ''Louis Riel, le père du Manitoba'', Saint-Boniface (Man.) : Éditions des Plaines, 1996
* [[Joseph Kinsey Howard]]. ''Strange Empire, the story of Louis Riel, the Métis people, their struggle for a homeland...'', Minnesota Historical Society Press, United States, 1994
* [[Jean-Jules Richard]]. ''[https://catalog.libraries.psu.edu/catalog/46319 Exovide, Louis Riel]'', Montréal, Éditions La Presse, 1972 (roman)
* [[Maurice Constantin-Weyer]] (qui a vécu {{nobr|10 ans}} au Manitoba de 1904 à 1914) : ''La Bourrasque'' (1925).(traduction/adaptation en anglais en 1930 : ''[http://summit.sfu.ca/item/7151 A Martyr's Folly]'' et nouvelle version en 1954, ''[https://books.google.ca/books?id=XIqasapzMP8C&pg=PA62&lpg=PA62&dq=Martyr%27s+Folly+1954,+The+Half-Breed&source=bl&ots=zZCKeuTp5j&sig=ACfU3U0L8yyTTlhFpa4uRxFyhxrx2w-S2A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiDwav789fwAhULRDABHV42BVAQ6AEwEXoECAkQAw#v=onepage&q=Martyr's%20Folly%201954%2C%20The%20Half-Breed&f=false The Half-Breed]'')
* [[George Lemay]]. ''Chant du métis, Québec : des presses à vapeur de La Justice'', 1886? (partition)
* [[Louis Fréchette]]. ''Le dernier des martyrs'', 1885 (poème?)
* [[Hugo Pratt]]. ''[http://www.bulledair.com/index.php?rubrique=album&album=jesuit_joe Jésuite Joé]'', Dargaud éditeur, 1981 (bande dessinée)
* [[Harry Somers]]. ''[[Louis Riel (opéra)|Louis Riel]]'', Toronto : Centrediscs, 1985 (drame musical en trois actes)
 
== Notes et références ==
{{Références nombreuses|taille=30}}
 
== Annexes ==
{{Autres projets|wikisource=Louis Riel|commons=Category:Louis Riel}}
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Dan |nom1=Asfar |prénom2=Tim |nom2=Chodan |titre=Louis Riel |lieu=Edmonton |éditeur=Folklore Pub |année=2003 |pages totales=231 |isbn=978-1894864053}}
*{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Charles Arkoll|nom1=Boulton|titre=Reminiscences of the North-West Rebellions|éditeur=Grip Printing & Publishing Co|année=1886|lire en ligne=http://peel.library.ualberta.ca/bibliography/1347.html}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=John Michael |nom1=Bumsted |titre=Louis Riel v. Canada |sous-titre=The Making of a Rebel |lieu=Winnipeg |éditeur=Great Plains Publications |année=2001 |pages totales=336 |isbn=978-1894283250}}
* {{Ouvrage |prénom1=Hartwell |nom1=Bowsfield |traducteur=Pierre-Louis Gélinas |titre=Louis Riel |sous-titre=Le patriote rebelle |lieu=Montréal |éditeur=Éditions du Jour |année=1973 |isbn=}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=J.M.S. |nom1=Careless |titre=Canada |sous-titre=A story of challenge |éditeur=Stoddart |année=1991 |pages totales=449 |isbn=0773673547}}
* {{Ouvrage |prénom1=Antoine |nom1=Champagne |titre=La Famille de Louis Riel : |sous-titre=Notes généalogiques et historiques |éditeur= |année=1969 |pages totales=16 }}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Peter |nom1=Charlebois |titre=The life of Louis Riel |lieu=Toronto |éditeur=New Canada Publications |année=1975 |isbn=}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=William McCartney |nom1=Davidson |titre=Louis Riel, 1844-1885 |sous-titre=A biography |lieu=Calgary |éditeur=Albertan Pub. Co. |année=1955 }}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Lionel |nom1=Dorge |titre=Louis Riel, Manitoban, 1844-1885 |lieu=Winnipeg |éditeur=Manitoba Centennial Corporation |année=1971 |isbn=}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Thomas |nom1=Flanagan |titre=Louis 'David' Riel |sous-titre=Prophet of the new world |lieu=Toronto |éditeur=[[University of Toronto Press]] |année=1979 |pages totales=228 |isbn=0-88780-118-8}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Thomas |nom1=Flanagan |titre=Riel and the Rebellion |sous-titre=1885 Reconsidered |lieu=Saskatoon |éditeur=Western Producer Prairie Books |année=1983 |pages totales=196 |isbn=0888331088}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Thomas |nom1=Flanagan |titre=Louis Riel |lieu=Ottawa |éditeur=Société historique du Canada |année=1992 |isbn=0-88798-180-1}}
* {{Ouvrage |prénom1=Lionel |nom1=Groulx |lien auteur1=Lionel Groulx |titre=Louis Riel et les événements de la Rivière-Rouge en 1869-1870 |lieu=Montréal |éditeur=Les Éditions de l'action nationale |année=1944 }}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Richard J.|nom1=Gwyn|titre=Nation Maker : Sir John A. MacDonald : His Life, Our Times|éditeur=|date=21 août 2012|pages totales=728|isbn=0307356442}}
* {{Ouvrage |nom1=La Presse |lien auteur1=La Presse (Montréal) |titre=Louis Riel, martyr du Nord-Ouest |sous-titre=Sa vie, son procès, sa mort |lieu=1885 |éditeur=Imprimerie générale |année= |isbn= |lire en ligne=http://www4.banq.qc.ca/numtexte/192794.pdf}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=George Henry |nom1=Needler |titre=Louis Riel |sous-titre=The rebellion of 1885 |lieu=Toronto |éditeur=Burns & MacEachern |année=1957 }}
* {{Ouvrage |langue=en |nom1=famous-trials.com/louisriel |titre=UMKC School of Law |sous-titre=Douglas O. Linder |éditeur= |année= |isbn= |lire en ligne=https://www.famous-trials.com/louisriel |consulté le=8 novembre 2021}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Joseph|nom1=Kinsey Howard|titre=L'empire des Bois-brûlés|lieu=Saint-Boniface|éditeur=Éditions des Plaines|année=1989|pages totales=515|passage=297-298|isbn=0-920944-84-1}}
* {{Ouvrage |prénom1=Rosemary |nom1=Neering |traducteur=Jean-Pierre Fournier |titre=Louis Riel |éditeur=Éditions Julienne |année=1977 |isbn=}}
* {{Ouvrage |prénom1=Edmund Boyd |nom1=Osler |traducteur=Rossel Vien |titre=Louis Riel |sous-titre=Un homme à pendre |lieu=Montréal |éditeur=Éditions du Jour |année=1963 }}
* {{Ouvrage |prénom1=Bernard |nom1=Saint-Aubin |titre=Louis Riel |sous-titre=Un destin tragique |lieu=Montréal |éditeur=Le Jour |année=1985 |pages totales=326 |isbn=978-2890431539}}
* {{Ouvrage |prénom1=Maggie |nom1=Siggins |traducteur=Suzanne Bolduc |titre=Louis Riel |sous-titre=Une vie de révolution |lieu=Montréal |éditeur=Éditions Québec/Amérique |année=1997 |isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur1=SHSB (Société historique de Saint-Boniface)|nom1=SHSB arbre|titre=L'arbre généalogique de Louis Riel|éditeur=|année=2020|isbn=|lire en ligne=https://shsb.mb.ca/wp-content/uploads/2020/12/Louis_Riel_arbre_genealogique.pdf}}
*{{Ouvrage|auteur1=SHSB (Société historique de Saint-Boniface)|nom1=SHSB bio|titre=Louis Riel|sous-titre=une vie, une vision (biographie)|éditeur=|année=2020|isbn=|lire en ligne=https://shsb.mb.ca/wp-content/uploads/2020/10/Louis-Riel-biographie.pdf}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=George F.G. |nom1=Stanley |titre=Louis Riel |lieu=Toronto |éditeur=Ryerson |année=1963 |isbn=0070929610}}
*{{Ouvrage |langue=en |prénom1=George F.G. |nom1=Stanley |titre=Louis Riel |sous-titre=Patriot or Rebel? |volume=/ issue 2 of CHA booklets |éditeur=Canadian Historical Association |année=1979, 8e impression |numéro d'édition=1964 , 1e |isbn=0-88798-003-1 |lire en ligne=https://cha-shc.ca/_uploads/5c38a89b5640d.pdf}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Sharon |nom1=Stewart |titre=Louis Riel |sous-titre=Firebrand |lieu=Montréal |éditeur=Dundurn |année=2007 |pages totales=208 |isbn=978-1894852265}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Lewis H. |nom1=Thomas |titre=Louis Riel |éditeur=Dictionnaire biographique du Canada, University of Toronto / Université Laval |année=2000 |isbn= |lire en ligne=http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?BioId=39918}}
* {{Ouvrage |prénom1=Ismène |nom1=Toussaint |titre=Louis Riel |sous-titre=Journaux de guerre et de prison |lieu=Outremont |éditeur=Stanké |année=2005 |isbn=}}
 
=== Articles connexes ===
* [[Bois-Brûlés]] ;
* [[Jour de Louis Riel]]
* [[Maison Riel]] ;
* [[Métis (Canada)]] ;
* [[Rébellion de la rivière Rouge]] ;
* [[Rébellion du Nord-Ouest]].
 
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{en}} {{lien brisé|url=http://www.law.umkc.edu/faculty/projects/ftrials/riel/riel.html |titre=Le procès de Riel }}, sur la page des ''Procès célèbres'' ;
* [http://jydupuis.apinc.org/pdf/riel.pdf ''Poésies religieuses et politiques''] de Louis Riel, aux éditions de La Bibliothèque électronique du Québec. {{pdf}}
{{Portail|Métis|Manitoba|Saskatchewan|Autochtones du Canada|politique canadienne}}
{{Article de qualité|oldid=6739459|date=19 avril 2006|tri=Riel, Louis}}
 
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