Voir la source de Muraille Servienne

{{En-tête label|AdQ|année=2023}}
{{voir homonymes|Servien}}
{{Infobox Monument Rome Antique
|nom           = Muraille Servienne <br /><small>Mur de Servius Tullius ({{latin|Murus Servii Tullii}})<br />Muraille républicaine</small>
|nom image     = Servian Wall.JPG
|légende1      = La muraille Servienne (face interne) près de la [[gare de Rome-Termini]].
|lieu          = Autour des [[sept collines de Rome]]
|date          = {{-s-|VI}}, {{-s-|IV}}
|constructeur  = [[Royauté romaine|Royauté]] et [[République romaine|République romaines]]
|type          = [[Fortification|Enceinte fortifiée]]
|longueur      = 11 km
|nomplan-noloc = Murservien planrome2.png
|légende-noloc = Tracé du mur Servien (en rouge) et localisation des portes dans la Rome antique
|latitude      = 41.901778
|longitude     = 12.501723
|géolocalisation =
}}

La '''muraille Servienne''' ou '''mur Servien''' (en [[latin]] {{latin|Murus Servii Tullii}}, « mur de [[Servius Tullius]] ») ou encore '''muraille républicaine''' est une enceinte défensive élevée à partir du {{-s-|VI}} autour des [[sept collines de Rome]] et protégeant la [[Rome antique|ville antique]]. Elle est lentement abandonnée à partir du début de l'[[Empire romain]].

Elle porte le nom du sixième [[Liste des rois de Rome|roi légendaire]] de Rome, sous le règne duquel en aurait été édifiée la plus grande partie, mais elle est presque intégralement reconstruite au {{-s-|IV}} après le [[sac de Rome (390 av. J.-C.)|sac de Rome]] par les [[Gaulois (peuples)|Gaulois]] en {{date-|-390}} Son tracé est, au {{s-|XXI}}, largement reconstitué, mais des incertitudes voire des lacunes demeurent à ce sujet, notamment au niveau du [[Capitole]], du [[Cælius]] et du {{Latin|[[forum Boarium]]}}. La muraille Servienne mesure de {{unité|3.6|à=4|m}} de large, environ {{unité|10|m}} de haut, pour un périmètre estimé de {{unité|11|km}} ; le dispositif défensif qu'elle constitue est complété, au moins localement, par un {{latin|[[agger]]}} adossé à la face interne de la [[courtine]] et par un fossé creusé à l'extérieur ; elle comporte au moins seize portes identifiées, sinon localisées. Régulièrement entretenue jusqu'au début du {{-s-|I}}, elle perd son rôle défensif et disparaît peu à peu du paysage urbain lorsque la ville s'étend sous l'Empire mais surtout lorsqu'une [[mur d'Aurélien|enceinte plus vaste]] est édifiée sous le règne d'[[Aurélien (empereur romain)|Aurélien]], entre 271 et 275, pour faire face aux menaces d'attaques lors des [[invasions barbares|grandes invasions]].

La fonction défensive de l'enceinte est indéniable : au fil de ses reconstructions et réparations, son architecture est adaptée à l'évolution des méthodes de combat et de siège. Elle a aussi un rôle sacré puisqu'elle délimite le {{latin|[[pomerium]]}} de la ville à quelques nuances près, au moins au moment de sa construction. Enfin, par son développement et son caractère monumental, elle témoigne de la puissance et de l'unité de Rome.

Des vestiges de cette enceinte sont toujours visibles au {{s-|XXI}}, et notamment dans sa partie nord, du [[Capitole]] à l'[[Esquilin]] ; ils remontent, pour la plupart, à la reconstruction républicaine. Le plus spectaculaire d'entre eux est un pan de courtine long de {{unité|94|m}} devant l'entrée principale de la [[gare de Rome-Termini]] {{incise|cette section figure dans la liste des [[Monument national (Italie)|monuments nationaux italiens]] publiée en 1902}} mais d'autres passent plus inaperçus.
{{Sommaire|niveau=2}}

== Contexte géographique et historique ==
[[Fichier:Roma Septimontium PNG.png|vignette|alt=Carte topographique en couleurs d'une région.|Les [[sept collines de Rome]].]]
Le site sur lequel se construit Rome est caractérisé par un ensemble de collines de [[tuf volcanique]]{{Sfn|Frank|1918|loc={{nobr|pl. VII}}}} formé après transformation des [[Éjecta volcanique|éjectas]] issus des éruptions des [[monts Albains]]{{Sfn|Panei|2010|p=39}}. Leur sommet plat et leurs pentes abruptes créent autant de zones fortifiées individuellement et séparées par des cours d'eau et des [[gorge (géographie)|gorges]]{{Sfn|Cifani|2016|p=82|gr=C16}}. L'altitude de ces collines, entre {{unité|46|et=69|m}}<ref>{{Lien web|titre=Sept collines de Rome|site=Encyclopédie Unversalis|url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/sept-collines-de-rome|consulté le=24/03/2023}}.</ref>, les met à l'abri des inondations du [[Tibre]] qui envahissent régulièrement, dans l'Antiquité, les vallées se trouvant à leurs pieds{{Sfn|Coarelli|1994|p=217 et 222|gr=C}} et qui, même en-dehors de ces épisodes, restent marécageuses{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=35|gr=D}}.
{{média externe|image1=[https://www.isprambiente.gov.it/it/pubblicazioni/periodici-tecnici/memorie-descrittive-della-carta-geologica-ditalia/memdes_80_capelli.jpg Carte hydrogéologique de Rome] sur isprambiente.gov.it|align=left}}
Aucun peuplement [[Préhistoire de l'Italie|paléolithique]] n'est, selon l'état des connaissances au début du {{s-|XXI}}, attesté sur le site même des [[sept collines de Rome]] : les restes de l'[[Homme de Saccopastore]] ([[Homme de Néandertal]] vivant il y a environ {{unité|250000|ans}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Italy’s first Neanderthal dates back 250,000 years|site=thelocal.it|date=04/11/2015|url=https://www.thelocal.it/20151104/italy-dates-its-first-neanderthal-to-250k-years-ago/|consulté le=20/03/2023}}.</ref>) ont été découverts dans la partie nord-est de la ville moderne. Sur l'[[Aventin]], une occupation humaine qui a commencé à l'[[âge du bronze]] final est interrompue au {{-s-|VI}} par la construction de la muraille Servienne{{Sfn|Volpe|2021|p=249|gr=V21}}. À l'[[âge du fer]], des populations occupent le [[Capitole]], le [[Mont Palatin|Palatin]], le [[Quirinal]] et la [[Velia (Rome antique)|Velia]], alors qu'une nécropole commune est installée sur l'[[Esquilin]] en remplacement de celle auparavant implantée dans la vallée, au niveau du futur [[forum Romain (Rome)|forum]], ce qui consacre l'unité de la « ville » d'une superficie d'environ {{unité|150|ha}}{{Sfn|Cifani|2016|p=83|gr=C16}}.

Une première enceinte, la {{Latin|[[Roma quadrata]]}}, dont le périmètre, voire l'existence, reste débattu en l'absence de vestiges probants<ref>{{Article|auteur=[[Alexandre Grandazzi]]|titre=La ''Roma quadrata'' : mythe ou réalité|périodique=[[Mélanges de l'École française de Rome]]. Antiquité|tome=CV|numéro=2|année=1993|pages=493-545|doi=10.3406/mefr.1993.1813}}.</ref>{{,}}{{Sfn|Volpe|2019|p=121-122|gr=V19}}, semble être édifiée vers la seconde moitié du {{-s-|VIII}} autour du Palatin, la plus importante et le plus stratégique des collines, et trois fois reconstruite jusqu'au {{-s-|VI}}{{Sfn|Cifani|2016|p=83|gr=C16}}.

La situation évolue rapidement à la fin du {{-s-|VII}} : en quelques décennies, les habitats deviennent plus nombreux et mieux structurés, « la maison remplace la hutte »<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Robert Ross Holloway]]|titre=The Archaeology of Early Rome and Latium|éditeur=[[Routledge]]|collection=Classical archaeology|année=1994|pages totales=203|passage=51-67|isbn=978-0-4150-8065-1}}.</ref>. L'économie s'organise{{Sfn|Cifani|2016|p=83-84|gr=C16}}, profitant pleinement de la proximité du Tibre qui, malgré ses débordements, est une voie privilégiée pour le transport des marchandises{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=33|gr=D}}. Parallèlement, les monuments publics (temples, sanctuaires) se multiplient et s'embellissent ; ils sont sans doute financés par le surplus des revenus de l'aristocratie locale, générés par l'essor du commerce. Cette classe sociale émergente souhaite ainsi rehausser son prestige en même temps que celui de la ville. C'est dans ce contexte qu'est engagée la construction d'une nouvelle enceinte qui a pour vocation de renfermer l'ensemble des secteurs habités, et même au-delà{{Sfn|Cifani|2016|p=84|gr=C16}}.

== Dénomination et historique ==
Si le terme de « muraille Servienne » (ou de « mur Servien ») est retenu dans les publications scientifiques, quelle qu'en soit la langue, et auprès du public pour caractériser l'ensemble du dispositif défensif, il s'agit d'une commodité de langage. Il devrait désigner plus spécifiquement l'enceinte construite sous la [[Royauté romaine|Royauté]], la terminologie « muraille républicaine » s'appliquant plus spécialement à la reconstruction du {{-s-|IV}}<ref>{{Lien web|langue=it|auteur=Vincenzo Fontana|titre=Mura e porte urbiche|site=academia.edu|url=https://www.academia.edu/30250875/Architettura_romana_MURA_E_PORTE_URBICHE|format=pdf|consulté le=01/04/2023}}.</ref>{{,}}{{Sfn|Volpe|2014|p=60|gr=V14}}.

La chronologie de la muraille Servienne peut être assez fidèlement reconstituée, du moins dans les périodes où elle semble présenter une importance pour l'[[histoire de Rome]], même si la phase initiale de sa construction donne périodiquement lieu à des controverses. Les auteurs antiques qui retracent l'histoire de la ville citent ponctuellement la muraille Servienne à l'occasion des événements qu'ils relatent. Ces sources littéraires anciennes, croisées avec l'interprétation des vestiges archéologiques, permettent d'identifier de longues périodes au cours desquelles la muraille ne subit pas de modifications, ou si mineures qu'elles ne sont pas notées, entrecoupées de séquences de réparations, de remaniements, voire de reconstructions plus ou moins complètes{{Sfn|Fabbri|2008|p=83-84|gr=F8}}.

{{Chronologie de la muraille Servienne}}

=== Royauté : construction primitive ===
L'édification de la muraille Servienne, première enceinte complète autour de Rome, commence probablement pendant la [[royauté romaine|royauté]] sous le règne du premier roi [[étrusques|étrusque]], [[Tarquin l'Ancien]] entre {{date-|616}} et {{date-|-579}}{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=415|gr=D}} ; elle est manifestement, par son ampleur, la concrétisation d'un projet conçu de longue date{{Sfn|Cifani|2016|p=88|gr=C16}}. Elle porte toutefois le nom de [[Servius Tullius]], successeur de Tarquin et sixième roi de Rome, qui, selon la tradition, poursuit et achève l'œuvre engagée{{Sfn|Coarelli|1994|p=15|gr=C}}. Le périmètre protégé ne coïncide pas exactement avec la limite du {{Latin|[[pomerium]]}} ni avec les [[Regiones quattuor|quatre régions de la Rome Servienne]] englobant cinq des [[sept collines de Rome]]{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=23|gr=D}}{{,}}{{Sfn|Volpe|2019|p=123|gr=V19}} puisque la muraille englobe aussi le Capitole et l'Aventin{{Note|Le Capitole conserve ses propres rites et institutions{{Sfn|Borsari|1897|p=33}} et l'Aventin qui est, depuis la naissance de Rome, le quartier des marchands et des artisans, se trouve dans la même situation{{Sfn|Fabbri|2009|p=222|gr=F9}}.|group=N}} qui ne sont alors pas intégrés à ces structures sacrée ou administrative{{Sfn|Fabbri|2009|p=222|gr=F9}}, ce qui double sensiblement la surface de la ville emmurée par rapport aux zones précédemment occupées{{Sfn|Nijboer|2018|p=117}}. [[Tarquin le Superbe]], dernier roi étrusque, fait apporter des modifications non négligeables à cette construction, comme le creusement ou l'agrandissement de fossés, le rehaussement de la courtine et, semble-t-il, l'édification de tours plus nombreuses dans certains secteurs plus particulièrement exposés{{Sfn|Fabbri|2008|p=84|gr=F8}}.

[[Fichier:Sallustiano - mura serviane a via Salandra 1010013.JPG|vignette|alt=Photographie en couleurs d'un mur en moellons réguliers sous une arche maçonnée.|Maçonnerie en [[cappellaccio]] (Via Salandra).]]
La construction fait appel à des blocs de [[cappellaccio]], tuf volcanique gris extrait de la colline du Palatin{{Sfn|Panei|2010|p=39}} et utilisé à l'époque dans plusieurs monuments romains comme le [[temple de Jupiter capitolin]] ou le [[temple des Dioscures]]{{Sfn|Cifani|2016|p=87|gr=C16}}{{,}}{{Note|L'exploitation des carrières de cappellaccio cesse presque totalement au début du {{-s-|IV}}, lorsque le tuf de {{latin|Grotta oscura}} le remplace dans la construction des monuments{{Sfn|Giampaolo|Lombardi|Mariottini|2008|p=287}}.|group=N}}. Sur quelques sites, les fouilles au niveau de la muraille mettent au jour des fragments de poteries datés de la fin du {{s mini-|VI}} ou du {{-s-|V}}, chronologie compatible avec les écrits des auteurs antiques{{Sfn|Cifani|2016|p=86-87|gr=C16}}. Sur l'Esquilin, la répartition des sépultures conforte aussi cette hypothèse de datation : à partir du {{s mini-|VI}} ou du {{-s-|V}}, les inhumations se trouvent toutes rejetées à l'extérieur de l'espace enclos alors qu'auparavant elles occupent une zone beaucoup plus large, vers l'intérieur du plateau ; une modification importante de l'affectation des terrains a donc lieu à cette époque, et il s'agit vraisemblablement de la mise en place du {{latin|pomerium}} qui interdit les inhumations dans son périmètre{{Sfn|Cifani|2014|p=204}}.

Les sources anciennes et les vestiges attestés suggèrent que cette enceinte a un tracé presque similaire à celui, bien mieux connu, de la muraille républicaine qui la remplace{{Sfn|Volpe|2019|p=122|gr=V19}}, même si cette hypothèse ne repose pas sur des arguments irréfutables{{Sfn|Volpe|2021|p=237|gr=V21}} ; cette première enceinte a pu, au moins localement, être démontée et ses blocs [[spolia|remployés]] dans la suivante{{Sfn|Volpe|2021|p=240|gr=V21}} après un repérage soigneux du parcours s'il doit être modifié et des travaux de terrassement préparatoires{{Sfn|Volpe|2020|p=24|gr=V20}}.

Le caractère continu de cette enceinte, englobant l'ensemble de la ville, son architecture en maçonnerie et son antériorité semblent désormais faire consensus dans la communauté scientifique{{Sfn|Ziółkowski|2016|p=169-170}}{{,}}{{Sfn|Cifani|2014|p=204}}. Il n'en a pas toujours été ainsi, en grande partie en raison de la rareté des vestiges en place qui peuvent lui être rattachés avec certitude<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[John Henry Parker]]|titre=Excavations in Rome in the season of 1870-71 [...]|éditeur=Roman Exploration Fund|année=1871|pages totales=34|passage=22-23|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Roman_Exploration_Fund_Excavations_in_Ro/lf35DIs5XToC?hl=fr&gbpv=1}}.</ref>, de leur architecture disparate et de la difficulté d'interprétation des textes des auteurs anciens qui la mentionnent{{Sfn|Ziółkowski|2016|p=151-152}}. Ainsi, dans les années 1930, [[Gösta Säflund]] défendait l'hypothèse de fortifications individuelles autour de chaque colline{{Sfn|Säflund|1932|p=164-167}}{{,}}{{Sfn|Cifani|1998|p=360}} bien qu'aucune trace de mur n'ait jamais été identifiée sur la face des collines tournée vers l'intérieur de la ville et qu'un tel dispositif aurait laissé sans défense les vallées, où se trouve notamment le forum{{Sfn|Cifani|2014|p=205}} ; vingt ans plus tard, [[Einar Gjerstad]] envisageait une fortification partiellement constituée d'une palissade en bois associée à un {{latin|[[agger]]}} (talus){{Sfn|Cifani|1998|p=368}} ; d'autres études, enfin, concluaient que les pans de cappellaccio n'étaient que des restaurations tardives de l'enceinte du {{-s-|IV}}{{Sfn|Fabbri|2009|p=219|gr=F9}}. Toutes ces hypothèses semblent devoir être abandonnées, mais le consensus qui prévaut au {{s-|XXI}} peut toutefois n'être que transitoire car le débat resurgit périodiquement{{Sfn|Nijboer|2018|p=115}}{{,}}{{Sfn|Volpe|2021|p=237|gr=V21}}.

=== République : reconstruction et réfections ===
La fortification, restée en l'état ou en tout cas sans restauration conséquente pendant près de deux siècles, est presque intégralement reconstruite durant la [[République romaine|République]] sans que les raisons fondamentales de cette reconstruction soient bien connues{{Sfn|Volpe|2021|p=239-240|gr=V21}} ; il s'agit sans doute d'un renforcement « physique » des défenses de la ville, mais c'est aussi une démonstration de la capacité des dirigeants à mobiliser la population autour d'un projet de travaux publics d'envergure{{Sfn|Cifani|2016|p=89|gr=C16}}. Les opérations commencent peu de temps après le [[sac de Rome (390 av. J.-C.)|sac de Rome]] de {{date-|-390}} par les [[Gaulois (peuples)|Gaulois]]<ref group=A>[[Cicéron]], {{Latin|[[De divinatione]]}}, I 45, 101.</ref>. Selon [[Tite-Live]]<ref group=A>[[Tite-Live]], {{Latin|[[Ab Urbe condita libri]]}}, VI, 32.</ref>, un {{Latin|[[tributum]]}} est imposé en {{date-|-378}} pour financer la reconstruction dont les chantiers sont mis en [[adjudication]] par les [[censeur (Rome antique)|censeurs]] [[Spurius Servilius Priscus Structus]] et Quintus Cloelius Siculus{{Sfn|Cébeillac-Gervasoni|Chauvot|Martin|2003|p=66}}{{,}}{{Sfn|Volpe|2021|p=237-239|gr=V21}}, mais rien n'indique de manière certaine la date à laquelle l'ouvrage se termine{{Sfn|Volpe|2014|p=63|gr=V14}} ; vers {{date-|-360}} en tout cas, un nouvel assaut échoue face aux défenses de la ville, qui semblent à nouveau opérationnelles{{Sfn|Volpe|2020|p=23|gr=V20}}{{,}}{{Note|Après le sac de {{date-|-390}}, les [[Tribun de la plèbe|tribuns de la plèbe]] et la population semblent avoir, un temps, envisagé de transférer la capitale de la République de Rome à [[Véies]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Briquel|titre=La prise de Rome par les Gaulois, lecture mythique d'un événement historique|lieu=Paris|éditeur=[[Presses de l'université Paris-Sorbonne]]|année=2008|pages totales=450|passage=228|isbn=978-2-8405-0580-8}}.</ref>, mais [[Marcus Furius Camillus|Camille]] arrive à les en dissuader{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=19|gr=D}}.|group=N}}.
[[Fichier:Tufo di Grotta oscura - Rome Termini station.jpg|vignette|gauche|alt=Photographie en couleurs d'un mur en gros blocs de peirre équarris.|Maçonnerie en [[Tuf de Grotta oscura|tuf de {{Latin|Grotta oscura}}]] (gare de Rome-Termini).]]
Le mur est cette fois construit avec de grands blocs de [[Tuf de Grotta oscura|tuf volcanique de ''Grotta oscura'']], extraits d'une carrière proche de [[Véies]], territoire sous le contrôle de Rome depuis {{date-|-396}}{{Sfn|Fabbri|2009|p=219|gr=F9}}{{,}}{{Note|group=N|Les dizaines de milliers de blocs de tuf de {{latin|Grotta oscura}} nécessaires sont très probablement acheminés à Rome en descendant la [[Tibre]]{{Sfn|Volpe|2021|p=241-242|gr=V21}} sur des bateaux à fond plat pouvant transporter environ {{nobr|180 blocs}} chacun{{Sfn|Volpe|2014|p=65|gr=V14}}.}}. Cette carrière se trouve à une vingtaine de kilomètres seulement au nord du centre de Rome{{Sfn|Volpe|2014|p=63|gr=V14}}, la pierre est facile à extraire {{incise|les Romains ont sans doute profité d'un site déjà en exploitation par les Véiens et dont ils n'avaient plus qu'à reprendre la gestion{{Sfn|Volpe|2020|p=31|gr=V20}}}} et elle est un peu plus résistante que le cappellaccio{{Sfn|Volpe|2021|p=241|gr=V21}} bien qu'elle se travaille facilement et qu'elle présente les caractéristiques générales de faible [[densité]] et de sensibilité aux agressions atmosphériques des tufs volcaniques{{Sfn|Volpe|2020|p=30-31|gr=V20}}. La recherche esthétique, si elle est sans doute prise en compte dans le choix du matériau, n'est cependant pas prédominante, et la muraille est loin d'avoir l'aspect que donneront aux monuments romains le [[marbre]] et le [[travertin]] utilisés plus tard{{Sfn|Giampaolo|Lombardi|Mariottini|2008|p=281}}.

Des fouilles réalisées sur l'Aventin semblent montrer la succession des deux phases de construction : enceinte d'origine en cappellaccio surmontée de la reprise en tuf volcanique de Véies{{Sfn|Coarelli|1994|p=19-20|gr=C}}. Cette chronologie est la plus communément admise par la communauté scientifique{{Sfn|Volpe|2020|p=23|gr=V20}} même si certains auteurs, comme [[Rodolfo Lanciani]] dès 1876, défendent l'idée de deux murs distincts, contemporains mais construits dans des matériaux différents{{Sfn|Volpe|2020|p=25-26|gr=V20}}, ou encore d'une restauration tardive de la muraille en tuf de {{Latin|Grotta oscura}} avec des blocs de [[spolia|remploi]] en cappellaccio{{Sfn|Volpe|2020|p=27-28|gr=V20}}. Quoi qu'il en soit, l'enceinte reconstruite est conçue pour mieux résister aux [[catapulte]]s et aux [[baliste]]s des assaillants{{Sfn|Cifani|2016|p=90|gr=C16}} ; une même évolution architecturale est d'ailleurs observée dans d'autres villes [[étrusques]]{{Sfn|Cifani|2014|p=206}}.

Le périmètre protégé, de {{unité|365|à=467|ha}} selon les sources et les modes de calcul{{Sfn|Cifani|2014|p=208}}{{,}}{{Sfn|Volpe|2021|p=242|gr=V21}}, fait ainsi de Rome l'une des plus grandes cités fortifiées du [[bassin méditerranéen]]{{Sfn|Heurgon|1993|p=301}}, le record semblant être détenu par [[Athènes]] et [[Le Pirée]] avec {{unité|585|ha}}{{Sfn|Cifani|2016|p=86|gr=C16}}. Le nombre de personnes ayant travaillé sur l'édification de cette enceinte est estimé à plus de {{formatnum:8500}} si le travail s'est fait sur une seule année avec huit mois d'activité effective, ou une main-d'œuvre deux fois moindre si la construction s'est étalée sur deux ans ; ce ne sont que des hypothèses car les indications manquent pour estimer la durée du chantier{{Note|group=N|Cette estimation est basée sur la construction de l'enceinte d'[[Épipoles]] à [[Syracuse]] à l'époque de [[Denys l'Ancien]]. Ce chantier, réalisé peu avant celui de Rome et selon une technique comparable, est documenté par les écrits de [[Diodore de Sicile]]{{Sfn|Volpe|2020|p=36|gr=V20}}.}}. En outre, rien n'est connu du statut des ouvriers participant à la construction : esclaves, prisonniers de guerre, [[Affranchissement|affranchis]] ou salariés ni, pour cette dernière catégorie, de leur mode de rétribution{{Sfn|Volpe|2020|p=35|gr=V20}}. Il n'est pas exclu que les architectes du projet, et peut-être une partie de la main d'œuvre, soient originaires de la région de [[Syracuse]] comme le pense Säflund{{Sfn|Volpe|2020|p=36|gr=V20}}, bien que le savoir-faire des Romains en la matière soit attesté bien avant le chantier des fortifications de Syracuse{{Sfn|Volpe|2020|p=35|gr=V20}}.
[[Fichier:Ripa - le mura a via di sant anselmo arco a porta raudusculana 051211-08.JPG|vignette|gauche|alt=Photographie en couleurs d'un mur de gros blocs maçonnés surmonté d'une arche en pierre.|Arche défensive près de la [[porte Raudusculane]].]]
[[Fichier:Schema of ballista with soil.svg|vignette|alt=Dessin en couleurs d'une arme de jet.|redresse|Schéma d'une baliste romaine.]]
Des réfections de l'enceinte sont effectuées en {{date-|353}} et {{date-|-217}}{{Sfn|Coarelli|1994|p=15|gr=C}}. Lors de la [[deuxième guerre punique]], en {{date-|-211}}, [[Hannibal Barca|Hannibal]] s'approche de Rome mais se retire sans tenter d'assaillir la cité : la muraille Servienne réparée l'année précédente{{Sfn|Coarelli|1994|p=15|gr=C}} {{incise|la courtine et les tours ont été renforcées même si aucune trace de ces réparations ne subsiste sur le terrain{{Sfn|Fabbri|2008|p=85-86|gr=F8}}}} et les troupes qui la défendent, suffisamment dissuasives pour protéger la ville, sont parmi les raisons qui le font renoncer selon les historiens antiques<ref group=A>[[Polybe]], ''[[Histoires (Polybe)|Histoires]]'', 6.</ref>{{,}}<ref group=A>[[Tite-Live]], {{Latin|[[Ab Urbe condita libri]]}}, XXVI, 9.</ref>{{,}}{{Note|group=N|Les études les plus récentes semblent toutefois indiquer que la manœuvre d'Hannibal n'était qu'une diversion et qu'il n'a jamais eu l'intention d'assiéger Rome, ses troupes sur place étant insuffisantes<ref>{{Chapitre|auteur=Anne Kubler|titre chapitre=Entre histoire et mythe|sous-titre chapitre=le siège de Rome par Hannibal (211 av. J.-C.)|auteur ouvrage=[[Dominique Kalifa]] (dir.)|titre ouvrage=Les historiens croient-ils aux mythes ?|lieu=Paris|éditeur=Presses de la Sorbonne|année=2016|pages totales=252|isbn=978-2-85944-973-5|passage=179-197|doi=10.4000/books.psorbonne.56388|lire en ligne=https://books.openedition.org/psorbonne/56388}}.</ref>.}}.

Lors de la [[première guerre civile entre Marius et Sylla]] (88 et {{date-|-87}}), [[Caius Marius]] s'empare de Rome en partie en raison du mauvais état de l'enceinte{{Sfn|Fabbri|2008|p=86|gr=F8}}. La muraille Servienne est donc l'objet de réparations juste avant la [[bataille de la porte Colline]]{{Sfn|Coarelli|1994|p=15|gr=C}} qui met fin à la [[seconde guerre civile entre Marius et Sylla]] (83 et {{date-|-82}}). La courtine est réparée avec des blocs de tuf volcanique d'origine différente de ceux utilisés jusqu'alors, dans une maçonnerie d'aspect moins soigné mais plus solide car les pierres sont cette fois liées au mortier ({{latin|[[opus caementicium]]}}){{Sfn|Fabbri|2008|p=86|gr=F8}} ; des plateformes pouvant accueillir des balistes sont aménagées dans la partie supérieure de la courtine{{Sfn|Cifani|2012|p=13}}{{,}}<ref group=A>[[Appien]], ''Les Guerres civiles'', I-66, 303.</ref>. Bien que commençant à se délabrer, le mur est encore en place à la fin de la République et au début de l'[[Empire romain|Empire]], mais son rôle défensif n'est plus aussi capital : à cette époque, Rome a déjà commencé à s'étendre au-delà des limites de la muraille Servienne{{Sfn|Fabbri|2008|p=86|gr=F8}} et des habitations commencent dès lors à prendre appui sur la muraille, comme dans le secteur de l'[[église Santa Sabina de Rome|église Santa Sabina]]<ref>{{Article|langue=it|auteur1=Leonardo Lombardi|auteur2=Carlo Germani|auteur3=Valentina Livi|titre=Sistemi idraulici ipogei nell’area di Santa Sabina a Roma|périodique=Opera Ipogea|numéro=2|année=2007|pages=47|url=https://d1wqtxts1xzle7.cloudfront.net/35508289/OpIp_2-2007_5_SSabina_Roma-libre.pdf?1415673855=&response-content-disposition=inline%3B+filename%3DSistemi_idraulici_ipogei_nellarea_di_San.pdf&Expires=1681590337&Signature=c1Fjif4Qx9iyRGGjhSaGkcAPu2SoPaVEMwgfzI31O1Pc-evAVtT06YoYKydrM~6~F25kxJsgUoVom54CJyUfyOwWH27pz6kPMaHKFfACYogluDpdq~bo1qHMp3ShckPISesSVu8A9KU~lsCfR1BEQzYYuTNw6qYIUXUfl56HMLaxx0XC4QBTOI8mVWw3QJXyx~qXdLIX5wfVPFr63Pomv2Lsgk~vuRh6t1DUg0nC6hj4qAwElmzmH1dknUan4VeOJNGe-D15Ux5gzTBIgf9-VfZgMsoQ0Kh17jXNsqsjJ5187QwqOMJemCEpSWLepwL1QDMiWEH0l6OTMIantDLRRw__&Key-Pair-Id=APKAJLOHF5GGSLRBV4ZA|format=pdf}}.</ref>.

=== Haut-Empire : abandon progressif ===
Le mur perd sa raison d'être au moment où Rome devient bien protégée par l'expansion constante de sa puissance militaire, à la fin de la République et durant l'Empire dont les premiers temps inaugurent une période de paix{{Sfn|Fabbri|2009|p=222|gr=F9}}. Il est partiellement abattu par un [[séisme|tremblement de terre]] en {{date-|15|apJC=oui}} et [[Néron]] en fait démolir un tronçon en {{date-|68}}, année de son [[triomphe romain|triomphe]], peu de temps avant sa mort{{Sfn|Royo|2022|p=110-111}}. Comme la ville continue de grandir et prospérer{{Note|group=N|Sous la [[censeur (Rome antique)|censure]] de [[Vespasien]], en 73-74, le périmètre de la ville atteint {{unité|19.920|km}}, presque le double de celui de la muraille Servienne{{Sfn|Volpe|2019|p=125-126|gr=V19}}.}}, elle est pour l'essentiel ouverte et sans remparts durant les trois premiers siècles de notre ère{{Sfn|Coarelli|1994|p=16|gr=C}}. Les anciens faubourgs sont progressivement intégrés à la ville et la muraille Servienne ne constitue plus dès lors la limite administrative de Rome{{Sfn|Cifani|2012|p=83}}, mais elle est conservée comme une sorte de « fossile sacré »{{Sfn|Fabbri|2009|p=222|gr=F9}}. [[Joël Le Gall]] suggère qu'elle a pu servir de limite d'[[octroi]] sous le [[Haut-Empire romain|Haut-Empire]]<ref>{{Chapitre|auteur=[[Joël Le Gall]]|titre=La muraille servienne sous le Haut-Empire|auteur ouvrage=[[François Hinard]] et Manuel Royo|titre ouvrage=Rome. L'espace urbain et ses représentations|lieu=Paris|éditeur=[[Presses de l'université Paris-Sorbonne]]|pages totales=286|isbn=2-9043-1589-6|passage=61}}.</ref> comme en témoignerait la présence d'espaces d'échanges commerciaux à certaines de ses portes{{Sfn|Royo|2022|p=111}}. En outre, les postes des [[vigiles urbains]] pour la police nocturne de Rome et la lutte contre les incendies continuent à être installés à ses portes{{Sfn|Borsari|1897|p=38}}.
[[Fichier:Arch of Gallienus - Piranesi.jpg|vignette|alt=Dessin en noir et blanc d'un arc de triomphe parmi des ruines antiques.|Arc de Gallien ([[Giovanni Battista Piranesi|Piranèse]], 1756).]]
[[Auguste]] procède bien à la restauration de plusieurs portes, mais il s'agit d'une opération de prestige et l'[[Quatorze régions de la Rome augustéenne|organisation augustéenne de Rome par régions]] ne tient que très partiellement compte de la présence de la muraille dans le nouveau découpage administratif : quatre régions sont entièrement comprises dans le périmètre de l'enceinte, sept sont coupées par la muraille et trois en sont totalement exclues. Les portes restaurées peuvent d'ailleurs avoir servi de repères topographiques, davantage comme points architecturaux remarquables que comme éléments structurants d'un ensemble fortifié, pour calculer les distances à partir de Rome{{Sfn|Fabbri|2009|p=224|gr=F9}}, mais cette proposition ne fait pas l'unanimité{{Sfn|Volpe|2019|p=125|gr=V19}}. La modification des portes se poursuit aux siècles suivants, quelques-unes d'entre elles étant transformées en arcs de triomphe à la gloire de certains empereurs comme l'[[arc de Gallien]]{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=24|gr=D}}.

Des blocs de tuf provenant de la courtine démantelée sont certainement réutilisés dans d'autres constructions, le [[glacis (fortification)|glacis]] et le remblai sont par endroits aménagés en jardins, comme les [[jardins de Mécène]]<ref>{{Article|auteur=Clément Chillet|titre=Les jardins de Mécène|périodique=[[Dossiers d'archéologie]]|mois=novembre-décembre|année=2009|numéro=336|issn=1141-7137|page=47}}.</ref> dans un secteur qui est longtemps dévolu à une [[nécropole]]<ref group=A>[[Horace]], ''[[Satires (Horace)|Satires]]'', I, 8, 8-11 et 14-16.</ref>{{,}}{{Sfn|Grimal|1959|p=48}} pour la partie située hors-les-murs<ref>{{Article|auteur=Clément Chillet|titre=Limites de la ville et symboles du pouvoir à Rome : les ambiguïtés des jardins de Mécène|périodique=Histoire urbaine|année=2011|numéro=31|pages=154-155|issn=1628-0482|doi=10.3917/rhu.031.0151}}.</ref> puis urbanisé vers {{date-|-40}}{{Sfn|Fabbri|2009|p=223|gr=F9}}. De nombreux toponymes cités par [[Varron (écrivain)|Varron]] gardent sans doute la mémoire de l'ancienne zone dégagée en-dehors de la muraille sous le nom de « {{latin|campus}} » (champ, rase campagne<ref>{{Gaffiot|campus}}.</ref>){{Sfn|Cifani|2012|p=82}}. Pour sa part, [[Denys d'Halicarnasse]] note qu'en bien des endroits, la muraille disparaît sous les habitations auxquelles elle est intégrée, et il compare Rome à une Athènes « un peu plus grande »<ref group=A>[[Denys d'Halicarnasse]], ''Antiquités romaines'', IV 13, 4-5.</ref>{{,}}{{Sfn|Volpe|2019|p=124-125|gr=V19}}. Une {{latin|schola}} (siège d'un {{latin|[[collegium]]}}), est construite à l'emplacement du fossé remblayé sur l'Esquilin<ref>{{Chapitre|langue=it|auteur=Beate Bollman|titre=La distribuzione delle ''scholae'' delle corporazioni a Roma|titre ouvrage= La Rome impériale. Démographie et logistique. Actes de la table ronde de Rome, 25 mars 1994|éditeur=École française de Rome|collection=Publications de l'École française de Rome|numéro dans collection=230|année=1997|pages totales=248|passage=217|isbn=2-7283-0370-3|url=https://www.persee.fr/doc/efr_0223-5099_1997_act_230_1_5110}}.</ref>. Si la muraille Servienne a pour l'essentiel disparu du paysage urbain, le terme « {{latin|murus}} » continue à être employé dans les textes de cette époque{{Sfn|Volpe|2019|p=126|gr=V19}}. Certains édifices proches de l'enceinte sont délibérément construits parallèlement ou perpendiculairement à celle-ci comme les [[thermes de Trajan]], l'[[auditorium de Mécène]] ou le [[cirque Flaminius]]{{Sfn|Fiorelli|2020|p=214}}.

=== Bas-Empire : construction du mur d'Aurélien ===
[[Fichier:Celio - le mura tra porta san Sebastiano e porta Ardeatina 2004.JPG|vignette|gauche|alt=Photographie aérienne en couleurs d'un mur d'enceinte.|Portion du mur d'Aurélien.]]
Lorsque la ville est menacée par des [[invasions barbares|attaques lors des grandes invasions]] au {{s-|III}}, l'empereur [[Aurélien (empereur romain)|Aurélien]] décide de construire, entre 271 et 275, le [[Mur d'Aurélien|mur qui porte son nom]], une enceinte d'un périmètre beaucoup plus important que la muraille Servienne{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=24|gr=D}}{{,}}{{Note|Lorsqu'il décide de faire construire l'enceinte, Aurélien a déjà repoussé des attaques barbares et s'apprête à quitter Rome pour [[Palmyre]] avec une partie de ses troupes, amoindrissant d'autant les moyens humains de défense de la ville{{Sfn|Esposito|2017|p=29}}.|group=N}}. Cette dernière, devenue discrète dans la ville, conditionne pourtant le plan du mur d'Aurélien : les voies que sa création a engendrées sont conservées dans le nouveau schéma urbanistique et franchissent les portes impériales dans le prolongement des portes républicaines qui subsistent pour la plupart{{Sfn|Fiorelli|2020|p=214}}.

Bien qu'elle ait marqué de son empreinte la construction du tissu urbain, le souvenir de la muraille Servienne en tant qu'entité « physique » se perd progressivement, au fil des siècles, dans la mémoire des Romains, et les portes préservées sont considérées comme des monuments isolés sans lien entre eux. Au {{s-|VI}} en effet, [[Zosime (historien)|Zosime]] parle du mur d'Aurélien comme de la première muraille jamais construite autour de Rome : {{citation|il [Aurélien] dote alors Rome, qui jusque là en était privée, d'un mur d'enceinte}}<ref group=A>[[Zosime (historien)|Zosime]], ''Histoire nouvelle'', I 49, 2.</ref>{{,}}{{Sfn|Fabbri|2009|p=226|gr=F9}}.
{{clr}}

== Tracé ==
=== Dispositions générales ===
Il est impossible de restituer en intégralité le tracé de la muraille Servienne : sur certaines sections, les seuls vestiges connus sont distants de {{unité|3.5|km}}{{Sfn|Fabbri|2009|p=237|gr=F9}}.
[[Fichier:Muraille Servienne - tracé restitué.svg|vignette|gauche|redresse=1.2|alt=Plan en couleurs représentant le tracé d'un muraille en fonction du relief.|Tracé général de l'enceinte :{{Début de colonnes|taille=9}}
{{Légende/Début}}
{{Ligne de légende|#aa4400 solid 2px|tronçon attesté}}
{{Ligne de légende|#ffb380 solid 2px|tronçon restitué}}
{{Légende/Fin}}
{{Fin de colonnes}}]]
[[Fichier:RomemodelEUR.jpg|redresse=1.2|alt=Photographie en couleurs d'une maquette représentant une ville entourée d'une muraille.|vignette|Maquette de la [[Rome antique]] au temps des derniers rois de Rome et au début de la [[République romaine]] ([[Musée de la Civilisation romaine]]).]]

Plusieurs tronçons sont irrémédiablement détruits lors des phases d'urbanisation de Rome à la fin du {{s-|XIX}}{{Sfn|Middleton|1892|p=126}} ; d'autres sont certainement encore présents, intégrés à des constructions plus récentes et donc inaccessibles ; d'autres, enfin, existent toujours et sont visibles mais sont si transformés qu'il est difficile d'imaginer qu'ils aient pu appartenir à la muraille{{Sfn|Fabbri|2009|p=229|gr=F9}}. Les propositions de restitution se basent donc sur les vestiges attestés encore identifiables ; pour les secteurs où ils font défaut, historiens et archéologues suggèrent le tracé le plus « logique » à leurs yeux ; enfin, pour certaines parties, lorsque les vestiges font totalement défaut ou que leur présence donne lieu à des interprétations contradictoires, seules des hypothèses parfois opposées peuvent être formulées{{Sfn|Fabbri|2009|p=234-235|gr=F9}}.

L'enceinte, longue d'environ {{unité|11|km}} et qui affecte sensiblement la forme d'un haricot dont le Capitole représenterait le [[hile (botanique)|hile]]{{Sfn|Volpe|2019|p=128|gr=V19}}, enferme une surface de {{unité|365|à=467|hectares}} qui est loin d'être entièrement urbanisée au moment de son édification. Cette réserve foncière sert en réalité à abriter les populations environnantes en cas d'attaque de la ville autant qu'à anticiper une extension des surfaces bâties{{Sfn|Grimal|1959|p=49}}{{,}}{{Sfn|Cifani|2012|p=81}}. La muraille prend appui sur les [[sept collines de Rome]] dont les reliefs sont mis à profit comme défense naturelle{{Sfn|Borsari|1897|p=26}} : l'enceinte emprunte alors la ligne de [[rupture de pente]] de ces collines{{Sfn|Volpe|2019|p=122|gr=V19}} de manière à bénéficier, côté extérieur, d'une importante et brutale déclivité décourageant les assauts{{Sfn|Volpe|2020|p=25|gr=V20}} ; là où c'est nécessaire, le flanc de la colline est retaillé pour accentuer la pente à l'approche de la muraille de ce côté. À l'inverse, côté intérieur, le sol est remblayé à l'aplomb du mur lorsque le besoin s'en fait sentir, de manière à obtenir une surface régulière et plane facilitant la circulation des gardes{{Sfn|Cifani|2014|p=204}}.

Des secteurs importants pour Rome, [[Trastevere]], {{latin|[[Emporium (Rome)|Emporium]]}} et [[Champ de Mars (Rome)|Champ de Mars]], sont exclus du périmètre de l'enceinte{{Sfn|Grimal|1959|p=48}} : les activités commerciales ou militaires qui s'y tiennent ne sont sans doute pas jugées compatibles avec l'image de la ville{{Sfn|Volpe|2019|p=122|gr=V19}}. {{Latin|A contrario}}, d'autres zones comme les collines de l'Aventin et du Capitole, qui sont comprises dans la muraille, ne sont intégrées au {{latin|pomerium}} qu'à partir de sa redéfinition par [[Claude (empereur romain)|Claude]]{{Sfn|Grimal|1959|p=46}}{{,}}{{Sfn|Volpe|2019|p=123|gr=V19}}.

La muraille est construite sur des terrains vierges de toute occupation antérieure, exception faite d'un secteur de l'Aventin où une activité humaine remonte au {{-s-|VI}}{{Sfn|Volpe|2020|p=33|gr=V20}}.

=== Secteurs mal documentés ===
[[Fichier:Muraille Servienne - tracé Forum Boarium.svg|vignette|redresse=1.2|alt=Plan représentant, par un jeu de couleurs différentes, les hypothèses de tracé d'une muraille de ville.|Hypothèses de tracé sur le {{latin|[[forum Boarium]]}} :{{Début de colonnes|taille=9}}
{{Légende/Début}}
{{Ligne de légende|#00d400 solid 2px|A (Kiepert, Hülsen)}}
{{Ligne de légende|black solid 2px|B (von Gerkan)}}
{{Ligne de légende|#ff00ff solid 2px|C (Lanciani)}}
{{Ligne de légende|red solid 2px|D (von Bunsen)}}
{{Ligne de légende|#5599ff solid 2px|E (Piganiol)}}
{{Légende/Fin}}
{{Fin de colonnes}}]]
La présence de plusieurs murs en tuf de {{latin|Grotta oscura}} parallèles, à des niveaux différents sur la pente occidentale du Capitole, interroge : il peut s'agir de vestiges de la muraille Servienne, contemporains ou non, ou bien l'un de ces murs peut être totalement étranger à l'enceinte{{Sfn|Volpe|2021|p=244|gr=V21}}.
[[Fichier:Muraille Servienne - tracé Caelius.svg|vignette|gauche|redresse=1.2|alt=Plan représentant, par un jeu de couleurs différentes, les hypothèses de tracé d'une muraille de ville.|Hypothèses de tracé sur le [[Cælius]]. En noir la proposition de [[Antonio Maria Colini|Colini]].]]
La manière dont la muraille franchit le [[Cælius]] n'est pas connue avec précision et plusieurs propositions ont été faites à ce sujet. Certaines d'entre elles remettent en cause le principe d'une enceinte bâtie sur le ligne de rupture de pente de la colline {{incise|la muraille courait en bas de la pente du Cælius}} ainsi que l'assimilation de l'arc de [[Publius Cornelius Dolabella (consul en 10)|Dolabella]] et [[Caius Junius Silanus (consul en 10)|Silanus]] à la [[porte Caelimontane]], faite par [[Antonio Maria Colini]] en 1944 et généralement reconnue depuis mais sans preuve archéologique véritable{{Sfn|Volpe|2021|p=243-244|gr=V21}}.

L'incertitude demeure aussi sur le tracé exact de l'enceinte entre l'Aventin et le Capitole, dans la traversée du {{Latin|[[forum Boarium]]}}{{Sfn|Volpe|2021|p=245-247|gr=V21}}. Diverses hypothèses sont envisagées : enceinte ouverte au niveau du fleuve qui constituerait une défense naturelle jugée suffisante ([[Heinrich Kiepert]] et [[Christian Hülsen]]), enceinte fermée n'englobant pas le forum ([[Armin von Gerkan]]), enceinte fermée proche du fleuve englobant la totalité du forum ([[Rodolfo Lanciani]]) ou une partie de celui-ci avec plusieurs tracés possibles ([[Christian Karl Josias von Bunsen|Christian von Bunsen]], [[André Piganiol]]). Ces dernières propositions, que semblent confirmer les études les plus récentes, sont les plus solides{{Sfn|Coarelli|1988|p=16}}{{,}}{{Sfn|Coarelli|1994|p=20|gr=C}} sans pour autant être décisives car elles sont basées sur des vestiges épars et souvent sortis de leur contexte [[stratigraphie|stratigraphique]]{{Sfn|Volpe|2021|p=245|gr=V21}}. L'incertitude peut également provenir de l'interprétation des sources anciennes et d'une possible modification du tracé entre le mur de Tarquin et la reconstruction républicaine{{Sfn|Coarelli|1988|p=14}}{{,}}{{Sfn|Fabbri|2008|p=85|gr=F8}}. La localisation des portes [[porte Carmentale|Carmentale]] et [[porte Flumentana|Flumentana]] (sans doute la plus proche du fleuve, ce qui lui a donné son nom) n'est pas connue{{Sfn|Volpe|2021|p=246|gr=V21}}.

== Description ==
=== Courtine ===
[[Fichier:Servian at Termini.JPG|vignette|alt=Photographie en couleurs d'un mur fait de gros blocs dont la surface est irrégulière.|Face interne de la courtine près de la gare de Termini.]]
Le mur est parfois large de plus de {{unité|4|m}} pour une hauteur atteignant {{unité|10|m}}{{Sfn|Coarelli|1994|p=15-16|gr=C}} et ses fondations pouvant descendre jusqu'à {{unité|3|m}}{{Sfn|Volpe|2020|p=32|gr=V20}} ; ces dernières, là où elles ont pu être observées, sont réalisées en blocs de tuf tout-venant de forme irrégulière{{Sfn|Cifani|2008|p=70-71|gr=C8}}. Son sommet supporte certainement un [[chemin de ronde]] protégé par un parapet{{Sfn|Fabbri|2009|p=220|gr=F9}} et/ou un [[créneau|crénelage]]{{Sfn|Cifani|2012|p=85}}. Si la face extérieure du mur, exposée aux assaillants, est la plus lisse possible pour prévenir les tentatives d'escalade, la face intérieure, généralement recouverte par un talus, fait l'objet de moins de soins et elle est plus irrégulière{{Sfn|Volpe|2021|p=249|gr=V21}}.

Quelques assises de la muraille du {{-s-|VI}} subsistent encore. Elles sont composées de blocs de cappellaccio d'un module multiple de {{unité|27.2|cm}}, longueur du pied [[Osques|osco]]-[[Italiques|italique]]. Trois situations peuvent être rencontrées : assez souvent, les blocs de cette première enceinte, en place ou récupérés et déplacés, servent à la construction d'un mur de soutènement parallèle à la courtine reconstruite ; il arrive aussi que le cappellaccio soit recouvert, lors de la reconstruction républicaine, par le mur en tuf de {{latin|Grotta oscura}} ; enfin, plus ponctuellement, ses blocs sont réutilisés lors de réparations tardives de la muraille républicaine. Ces deux dernières utilisations sont parfois difficiles à différencier{{Sfn|Volpe|2020|p=29-30|gr=V20}}.

Les vestiges les plus importants appartiennent à l'enceinte reconstruite au {{-s-|IV}} en tuf volcanique de {{latin|Grotta oscura}}. Ils montrent, sur une longue section conservée près de la [[gare de Rome-Termini|gare de Termini]] où, sur {{unité|94|m}} de courtine, trois types de maçonnerie très légèrement différents dans leur exécution sont mis en évidence{{Sfn|Volpe|2020|p=33|gr=V20}}. Plusieurs équipes construisent simultanément le mur, par pans entiers longs d'environ {{unité|36|m}}, les raccords entre les différents chantiers étant visibles ; ce mode opératoire particulier n'apparaît toutefois pas sur d'autres vestiges de l'enceinte{{Sfn|Volpe|2020|p=32|gr=V20}}. Il y a cependant une réelle unité dans la technique d'édification : les blocs de tuf mesurent tous plus ou moins {{unité|59|cm}} (deux pieds romains) de haut et de large pour une longueur variant de {{unité|100|à=180|cm}} (environ trois à six pieds romains) et sont disposés alternativement en [[Appareil (architecture)#Position des éléments dans l'appareil|boutisse et en carreau]]. L'ensemble constitue une maçonnerie en {{latin|[[opus quadratum]]}} assemblée à [[Joint (maçonnerie)#Maçonnerie à joints vifs|joints vifs]] sans utilisation de [[Mortier (matériau)|mortier]]{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=426|gr=D}}{{,}}{{Sfn|Fabbri|2009|p=218|gr=F9}}, mais les blocs sont solidarisés par des crampons de fer, de plomb ou de bronze{{Sfn|Giampaolo|Lombardi|Mariottini|2008|p=280}}. Ils peuvent être enduits d'un voile de boue argileuse pour faciliter leur glissement lors de leur positionnement. L'utilisation de [[Louve (outil)|louves]] pour leur manutention est possible, sans doute lors de l'extraction ou du transport mais pas à la mise en place qui n'a, semble-t-il, pas nécessité l'emploi de grues{{Sfn|Volpe|2020|p=32-33|gr=V20}}.

Des signes gravés sur certains blocs {{incise|Säflund relève {{nobr|94 signes}} distincts, dont certains présentent plusieurs formes{{Sfn|Volpe|2014|p=67|gr=V14}}}} semblent être des marques de [[carrier]]s ou de maçons apposées dès le stade de l'extraction et permettant le contrôle de l'avancement et de l'exécution des travaux dans une forme de [[traçabilité]] ; il s'agit parfois de caractères grecs archaïques, peut-être liés dans certains cas à une éventuelle origine syracusaine des intervenants{{Sfn|Fields|2008|p=10}}, explication très partielle car tous les signes ne correspondent pas à cette typologie et tous ne sont pas apposés à la même période : les plus anciens datent du {{-s-|IV}} et les plus récents sont gravés deux siècles plus tard. Des signes comparables sont d'ailleurs retrouvés sur une dizaine d'autres monuments romains, toujours sur des blocs de tuf de {{latin|Grotta oscura}}, laissant supposer que ces marques sont bien liées à l'origine de ces blocs plus qu'à leur emploi{{Sfn|Volpe|2014|p=68-69|gr=V14}}.

D'autres types de tuf volcanique, en provenance de [[Fidènes]] (tuf rouge à [[éjecta volcanique|scories]] noires{{Sfn|Panei|2010|p=40}}), de [[Gianicolense|Monteverde]] et de la vallée de l'[[Aniene]] sont ponctuellement utilisés pour effectuer des réparations tardives au moment des guerres civiles de Rome : l'{{latin|opus quadratum}} est alors abandonné au profit d'une construction comprenant deux parements soigneusement maçonnés de moellons jointoyés au mortier ({{Latin|[[opus reticulatum]]}}){{Sfn|Frank|1918|p=180}} qui enserrent un blocage de pierres irrégulières ({{Latin|[[opus caementicium]]}}){{Sfn|Fabbri|2009|p=219|gr=F9}}.

=== Fossé et {{latin|agger}} ===
[[Fichier:Muraille Servienne - coupe 3D.svg|vignette|gauche|redresse=1.2|alt=Dessin en couleurs représentant une ensemble défensif en coupe : talus, muraille et fossé.|Coupe schématique de la muraille.]]
Outre le mur proprement dit, certaines sections de la structure comportent un [[fossé (infrastructure)|fossé]] extérieur profond, séparé de la [[courtine]] par un [[glacis (fortification)|glacis]] large d'environ {{unité|7|m}}{{Sfn|Fields|2008|p=10}}. Ce fossé remplace probablement l'à-pic du relief naturel lorsque le mur n'est pas construit sur la crête d'une colline{{Sfn|Volpe|2020|p=26-27|gr=V20}}. Au-delà du fossé, une couronne reste vierge de toute construction ou végétation pour faciliter la surveillance de la part des défenseurs et contraindre les attaquants à manœuvrer à découvert{{Sfn|Cifani|2014|p=204}}.
[[Fichier:Servian wall-Termini station2.jpg|vignette|alt=Photographie en couleurs d'un mur composé d'un empilement de gros blocs.|Mur de soutènement (gare de Termini).]]
Le long de son périmètre nord-est, sur l'[[Esquilin]], le secteur le plus exposé aux assauts en raison de sa [[topographie]], un {{latin|[[agger]]}}, rampe de terre amassée à l'intérieur de l'enceinte vient contrebuter la courtine : cela élargit le dispositif défensif, renforce la solidité du mur et offre aux défenseurs une base pour se tenir et repousser les attaques. La terre de creusement du fossé est sans doute utilisée, quand c'est possible, pour édifier l'{{latin|agger}}{{Sfn|Cifani|2012|p=82-83}}. Le remblai est retenu dans sa partie la plus basse par un mur de soutènement en cappellaccio dont les blocs, récupérés et remployés dans la mesure du possible, proviennent de l'enceinte primitive{{Sfn|Cifani|2012|p=83}}{{,}}{{Sfn|Volpe|2021|p=249|gr=V21}}. Ces blocs constituent parfois, comme c'est le cas à la gare de Termini, le mur archaïque encore en place mais qui, partiellement arasé, a changé de fonction{{Sfn|Cifani|2016|p=89-90|gr=C16}}. Un réseau de drainage est mis en place au pied de l'{{latin|agger}} pour en absorber les eaux d'infiltration et de ruissellement{{Sfn|Cifani|2016|p=84-85|gr=C16}}. Si l'aménagement de cet {{latin|agger}} n'a été observé en détail qu'au niveau de l'Esquilin, il n'est pas exclu qu'il soit mis en place sur presque tout le périmètre de l'enceinte{{Sfn|Volpe|2019|p=122-123|gr=V19}} sans s'accompagner nécessairement d'un fossé extérieur quand la topographie ne le justifie pas{{Sfn|Volpe|2020|p=27|gr=V20}}.

Une reconstitution du dispositif défensif entre la [[porte Colline]] et la [[porte Esquiline]] montre, de l'intérieur vers l'extérieur, l'{{latin|agger}} large de {{unité|7|à=42|m}} selon les sites et dont le base est retenue par un mur de soutènement. Viennent ensuite la courtine large de {{unité|3|m}} puis un fossé large de {{unité|36|m}} et profond de {{unité|13|m}}. Le fond de ce fossé est peut-être en eau localement grâce à une nappe phréatique atteinte lors de son creusement{{Sfn|Fabbri|2009|p=225|gr=F9}}{{,}}{{Sfn|Cifani|2014|p=206}}. Ces dimensions sont mentionnées dans des textes de [[Denys d'Halicarnasse]], mais les fouilles donnent pour le fossé une profondeur allant jusqu'à {{unité|18|m}} pour une largeur parfois nettement inférieure à {{unité|36|m}}{{Sfn|Volpe|2021|p=247-248|gr=V21}}, traduisant sans doute davantage des réfections successives du dispositif que des erreurs de mesure de Denys{{Sfn|Fiorelli|2020|p=213}} qui, en outre, décrivait les vestiges de l'Esquilin et non l'ensemble de la muraille{{Sfn|Volpe|2020|p=26|gr=V20}}. Des ponts de bois permettent aux voies entrant dans la ville de franchir les fossés{{Sfn|Cifani|2016|p=84|gr=C16}}.

L'{{latin|agger}} semblant être composé de couches de terre successives de l'épaisseur d'un bloc de tuf, il est possible que le mur ait été construit en profitant de ce remblai comme d'une rampe surélevée à chaque nouvelle assise de blocs ajoutée, rien ne montrant l'usage d'engins de levage sur le chantier pour poser les blocs au sommet du mur en construction. La faible densité du tuf volcanique (1,2 à 1,25) rend les blocs assez aisément manipulables{{Sfn|Volpe|2020|p=28|gr=V20}}.

[[Fichier:Muraille Servienne - construction.svg|vignette|redresse=3|centré|alt=Succession de dessins en couleurs montrant les phases de construction d'un mur.|{{centrer|Principe de construction de la courtine et de l'{{latin|agger}}.}}]]

=== Portes ===
[[Fichier:Muraille Servienne - portes.svg|vignette|redresse=1.2|alt=Carte en couleurs représentant la localisation des portes dans une enceinte de ville.|Portes de la muraille Servienne (localisation attestée ou présumée).]]
Selon les sources retenues, le nombre de [[porte de ville|portes]] percées dans la muraille Servienne varie de 15 à 22, nombre important au regard de la taille de l'enceinte, assez régulièrement réparties sur l'ensemble du périmètre. Certaines d'entre elles ne sont connues que par une référence unique dans un texte antique ; en outre, la même porte peut être dénommée différemment selon les auteurs{{Sfn|Volpe|2021|p=250|gr=V21}} et le nom des portes, tel qu'il est parvenu jusqu'à l'époque contemporaine, ne correspond certainement pas à leur dénomination initiale, qui reste inconnue{{Sfn|Nibby|1820|p=126}}{{,}}{{Sfn|Middleton|1892|p=131}}, ce qui complique encore l'inventaire. L'aspect originel de ces portes, peut-être de simples ouvertures dans la courtine éventuellement protégées par des bastions ou des tours, ne peut pas non plus être déterminé, les accès à la ville ayant été modifiés à de nombreuses reprises depuis l'Antiquité{{Sfn|Fields|2008|p=11}}.

Le recoupement des sources permet cependant d'attester l'existence de seize portes de la muraille Servienne, sinon de les localiser avec précision. La liste qui suit les dénombre dans le sens horaire depuis le [[Vélabre]], du Capitole au Quirinal vers le nord-est, puis du [[Viminal]] jusqu'au Cælius vers le sud, jusqu'à l'Aventin au sud-ouest et enfin vers le {{Latin|forum Boarium}} vers le nord. Les numéros de cette liste et des légendes d'illustrations renvoient aux repères de la figure « Portes de la muraille Servienne ».
# La [[porte Flumentana]] ({{Latin|Porta Flumentana}}), dont la localisation est incertaine, se situe peut-être où la {{Latin|[[Via Aurelia]]}} traverse le [[Tibre]] et entre dans la Rome républicaine par le [[pont Æmilius]] et le {{latin|forum Boarium}}{{Sfn|Volpe|2021|p=246|gr=V21}}.
# La [[porte Carmentale]] ou porte de Carmenta ({{Latin|Porta Carmentalis}}), ou encore {{Latin|Porta Scelerata}}, est placée au sud-ouest du Capitole, entre cette colline et le Tibre et entre le [[Champ de Mars (Rome)|Champ de Mars]] et le {{Latin|forum Boarium}}, avec plusieurs localisations possibles{{Sfn|Volpe|2021|p=247|gr=V21}}.
# La localisation de la [[porte Fontinale]] ({{Latin|Porta Fontinalis}}) est attestée, par la découverte de ses vestiges probables, au nord du Capitole, là où la {{Latin|[[Via Lata]]}} entre dans la [[République romaine|Rome républicaine]] entre le Champ de Mars et les [[forums impériaux]]{{Sfn|Platner|Ashby|1929|p=408|gr=P}}. Géolocalisation : {{Coord|41.894950|12.484078|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Sanqualis]] ({{Latin|Porta Sanqualis}}), entre le Quirinal et les forums impériaux et à proximité de sépultures, est bien documentée dans des publications des années 1930{{Sfn|Säflund|1932|p=91-98}} et ses vestiges sont toujours visibles{{Sfn|Volpe|2021|p=251|gr=V21}}. Géolocalisation : {{Coord|41.897111|12.486712|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Salutaris]] ou porte de Salus ({{Latin|Porta Salutaris}}) se situe sur la {{Latin|collis Salutaris}} occupée aujourd'hui par le [[Palais du Quirinal]], au bout de l'actuelle Via della Dataria. Elle tire son nom du temple de [[Salus]] ({{latin|aedes Salutis}}) qui en est proche{{Sfn|Platner|Ashby|1929|p=416|gr=P}}. Géolocalisation : {{Coord|41.900946|12.486042|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Quirinale]] ou porte du Quirinal ({{Latin|Porta Quirinalis}}) est localisée sous la Via delle quattro Fontane. Quelques blocs de cappellaccio peuvent lui appartenir ; ce seraient les vestiges de l'escalier permettant, depuis les pentes très raides du Quirinal, d'accéder à la porte pour entrer en ville{{Sfn|Platner|Ashby|1929|p=414|gr=P}}. Géolocalisation : {{Coord|41.902381|12.489884|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Colline]] ({{Latin|Porta Collina}}), l'une des entrées majeures de la ville{{Sfn|Middleton|1892|p=131}}, est la porte la plus septentrionale, sur le Quirinal, là où la {{Latin|[[Via Salaria]]}} et la {{Latin|[[Via Nomentana]]}} pénètrent dans la Rome républicaine{{Sfn|Platner|Ashby|1929|p=406|gr=P}}. Ses vestiges, bien localisés et reconnus, sont détruits lors de la construction du [[Palais de l'Agriculture (Rome)|Palais de l'agriculture]] entre 1908 et 1914{{Sfn|Cifani|1998|p=368}}. Elle est le siège de la [[bataille de la porte Colline|bataille]] qui, en {{date-|-82}}, met fin à la [[seconde guerre civile entre Marius et Sylla]]{{Sfn|Coarelli|1994|p=169-170|gr=C}}. Géolocalisation : {{Coord|41.907324|12.498579|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Viminale]] ou porte du Viminal ({{Latin|Porta Viminalis}}) se situe sur la colline du même nom. Ses vestiges sont toujours visibles près de la gare de Termini, à l'extrémité nord-ouest du pan de mur conservé{{Sfn|Säflund|1932|p=155-156}}. Géolocalisation : {{Coord|41.902224|12.502074|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Esquiline]] ({{Latin|Porta Esquilina}}), porte la plus orientale, sur l'Esquilin, là où les {{Latin|Viae [[Via Labicana|Labicana]]}}, {{Latin|[[Via Tiburtina|Tiburtina]]}} et {{Latin|[[Via Praenaestina|Praenestina]]}} entrent dans la Rome républicaine, devient l'[[arc de Gallien]]{{Sfn|Coarelli|1994|p=152|gr=C}}. Géolocalisation : {{Coord|41.895777|12.501343|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Querquétulane]] ({{Latin|Porta Querquetulana}}) sur le Cælius, au sud de la porte Esquiline, près de la [[basilique des Quatre-Saints-Couronnés]], enjambe la {{Latin|Via Tusculana}} qui mène vers le sud-est d'un côte et vers la vallée du [[Colisée]] de l'autre{{Sfn|Platner|Ashby|1929|p=413|gr=P}}. Géolocalisation : {{Coord|41.887644|12.499823|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Caelimontane]] ({{Latin|Porta Caelimontana}}) sur le Cælius, reconstruite sous la République et peut-être déplacée à cette occasion, est vraisemblablement transformée en arc monumental dédié aux consuls [[Publius Cornelius Dolabella (consul en 10)|Dolabella]] et [[Caius Junius Silanus (consul en 10)|Silanus]] en {{date-|10|apJC=oui}}{{Sfn|Volpe|2021|p=244|gr=V21}} ou les années suivantes. Géolocalisation : {{Coord|41.884531|12.494212|format=dec|scale=1000|display=inline}}.
# La [[porte Capène]] ({{Latin|Porta Capena}}) est située entre le Cælius et l'Aventin, dans l'alignement du {{Latin|[[Circus Maximus]]}}, là où la {{Latin|[[Voie Appienne|Via Appia]]}} et la {{Latin|[[Voie Latine|Via Latina]]}} entrent dans la Rome républicaine. L'{{latin|[[Aqueduc de l'Aqua Appia|Aqua Appia]]}}, plus ancien des [[aqueducs de Rome]], prend appui sur cette porte pour pénétrer dans Rome{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=270|gr=D}}. Elle est détruite lors de la restructuration du secteur ordonnée par [[Caracalla]] et ses vestiges, non loin de l'[[église San Gregorio al Celio]], sont fouillés au {{s-|XIX}}{{Sfn|Coarelli|1994|p=19|gr=C}}{{,}}{{Sfn|Middleton|1892|p=134}}. Géolocalisation : {{Coord|41.884|41.884|format=dec|scale=1000|display=inline}}
# La [[porte Naevia]] ({{Latin|Porta Naevia}}), là où la {{Latin|[[Via Ardeatina]]}} entre dans la Rome républicaine, n'est connue que par de rares sources anciennes (Tite-Live<ref group=A>[[Tite-Live]], {{Latin|[[Ab Urbe condita libri]]}}, II, 11.</ref>, Varron<ref group=A name="V163">[[Varron (écrivain)|Varron]], {{Latin|De lingua latina}}, VI, XXXIV. 163.</ref> et les ''[[régionnaires de Rome]]'') ainsi qu'une [[vue d'artiste]] réalisée en 1820 par Stefano Piale<ref name="R304"/>.
# La [[porte Raudusculane]] ({{Latin|Porta Raudusculana}}) sur l'Aventin, où une déviation de la {{Latin|[[Via Ostiensis]]}} entre dans la Rome républicaine, n'est connue que par des mentions antiques{{Sfn|Platner|Ashby|1929|p=416|gr=P}}.
# La [[porte Lavernale]] ({{Latin|Porta Lavernalis}}), citée par Varron<ref group=A name="V163"/>, se trouve certainement dans l'axe de l'actuelle Via del Priorato. L'emplacement d'une porte antique a en effet été identifié dans cette zone dans un passage étroit immédiatement à l'est du Bastione di Sangallo<ref name="R304">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Lawrence Richardson|titre=A New Topographical Dictionary of Ancient Rome|lieu=Baltimore, (Md.)|éditeur=[[Johns Hopkins University Press]]|année=1992|pages totales=488|passage=304|isbn=0-8018-4300-6}}.</ref>.
# La [[porte Trigémine]] ({{Latin|Porta Trigemina}}), reconstruite sous Auguste mais disparue depuis, peut sans doute être localisée entre le pied de l'Aventin et le Tibre, près de l'[[église Santa Maria in Cosmedin]]{{Sfn|Coarelli|1988|p=33-34}}{{,}}{{Sfn|Frank|1918|p=175}}{{,}}{{Sfn|Volpe|2021|p=246-247|gr=V21}}.

<gallery mode="packed" caption="Vestiges des portes de la muraille Servienne.">
De Porta Carmentalis te Rome Porta Carmenta (titel op object) Livre des edifices antiques romains (serietitel) Magesyn der Italiaense gebouwen (serietitel), RP-P-1957-653-66-4.jpg|alt=Dessin en noir et blanc d'un bâtiment ouvert à son rez-de-chaussée sur ses quatre côtés.|{{centrer|2. [[Porte Carmentale]].}}
Porta Fontinalis - probabili resti.JPG|alt=Photographie en couleurs d'un alignement de grands blocs de pierre dans une cour pavée.|{{centrer|3. [[Porte Fontinale]] (vestiges probables).}}
Monti - mura serviane a Magnanapoli 1010002.JPG|alt=Photographie en couleurs d'une rangée de grand blocs de pierre sur une pelouse.|{{centrer|4. [[Porte Sanqualis]].}}
The British Library - Rome - Porta Collina.jpg|alt=Dessin en noir et blanc d'une porte ouverte dans un mur d'enceinte.|{{centrer|7. [[Porte Colline]].}}
Porta Viminale.jpg|alt=Dessin en noir et blanc d'une porte ouverte dans un mur d'enceinte.|{{centrer|8. [[Porte Viminale]].}}
Arc of Galliennus - panoramio.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un arc de triomphe enjambant une rue entre deux autres bâtiments.|{{centrer|9. [[Porte Esquiline]] ([[arc de Gallien]]).}}
The British Library - Rome - Porta Querquetulana.jpg|alt=Dessin en noir et blanc d'un édifice s'ouvrant sur une arche.|{{centrer|10. [[Porte Querquétulane]].}}
Porte Caelimontane externe.JPG|alt=Photographie en couleurs d'une arche en pierre au-dessus d'une rue.|{{centrer|11. [[Porte Caelimontane]] (arc de [[Publius Cornelius Dolabella (consul en 10)|Dolabella]] et [[Caius Junius Silanus (consul en 10)|Silanus]]).}}
The British Library - Rome - Porta Naevia.jpg|alt=Dessin en noir et blanc d'un ensemble de fortifications percé d'une porte.|{{centrer|13. [[Porte Naevia]].}}
City of Rome during time of republic.jpg|alt=Dessin en noir et blanc d'une ville avec de nombreuses fortifications dominées par un temple sur une colline.|{{centrer|16. [[Porte Trigémine]].}}
</gallery>

=== Tours ===
Des auteurs anciens comme Denys d'Halicarnasse<ref group=A>[[Denys d'Halicarnasse]], ''Antiquités romaines'', IV 54, 2.</ref>, [[Strabon]]<ref group=A>[[Strabon]], ''[[Géographie (Strabon)|Géographie]]'', V, 7.</ref> ou Tite-Live<ref group=A>[[Tite-Live]], {{Latin|[[Ab Urbe condita libri]]}}, VII, 20.9.</ref> mentionnent l'existence de « tours » jalonnant la muraille{{Sfn|Fabbri|2008|p=85|gr=F8}}. Ils font référence à la reconstruction ou à la redistribution de ces tours, désormais plus nombreuses, le long du périmètre de l'enceinte sous l'impulsion de Tarquin le Superbe. Ils ne les décrivent toutefois pas{{Sfn|Fabbri|2008|p=84|gr=F8}}.

Aucun dispositif pouvant être attribué à une tour le long de la courtine n'est, au {{s-|XXI}}, mis clairement en évidence parmi les vestiges de la muraille Servienne qui ont pu subsister. Les tours mentionnées par les auteurs antiques pourraient en définitive être des renforcements structurels ou défensifs au niveau des portes ; à l'appui de cette hypothèse, un massif de maçonnerie pouvant ainsi appartenir à un bastion flanquant la porte Fontinale{{Sfn|Fabbri|2008|p=88|gr=F8}} et deux autres aménagements similaires identifiés de part et d'autre de la Porte Colline{{Sfn|Cifani|2014|p=205}}.

== Fonctions ==

La muraille Servienne assure une fonction multiple, militaire, symbolique et rituelle, et son tracé ainsi que ses caractéristiques architecturales s'en ressentent.

=== Dispositif militaire ===
Ses dimensions, tant en largeur qu'en hauteur, son possible renforcement par des tours jalonnant la courtine qui possède un chemin de ronde et sans doute un parapet ou un crénelage, la présence d'un {{latin|agger}}, le fait qu'elle s'appuie sur des reliefs naturels témoignent de son caractère défensif même si, au fil des siècles et par défaut d'entretien, elle n'est plus à même de remplir ce rôle. La présence, au moins localement, d'un fossé au-delà duquel s'étend un glacis extérieur et d'un espace vierge de toute construction à son pied côté intérieur, facilitant la circulation des gardes, est d'ailleurs une caractéristique propre à une structure militaire défensive{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=22|gr=D}}.

=== Témoin de la puissance de Rome ===
Le rôle ostentatoire de l'enceinte, comme témoin du prestige et de la puissance de la ville et de l'unité de ses habitants, ne doit pas être sous-estimé ; ce mur haut de {{unité|10|m}} barrant la partie supérieure des collines, vu depuis les vallées environnantes, est aussi destiné à frapper l'esprit des visiteurs{{Sfn|Fabbri|2009|p=220-221|gr=F9}}. C'est peut-être une des raisons qui ont conduit à sa reconstruction sous la République ; l'enceinte n'est probablement pas beaucoup plus étendue, mais elle est plus haute, plus imposante, et le matériau qui la compose (tuf jaunâtre plutôt que gris) attire sans doute davantage le regard{{Sfn|Cifani|2016|p=89|gr=C16}}.

La construction de la muraille, dès Servius Tullius, accompagne aussi une évolution des usages militaires à Rome : la garde de la ville est désormais confiée à des [[milice]]s publiques qui engagent et responsabilisent collectivement les habitants<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Tim Cornell|titre=The beginnings of Rome. Italy and Rome from the Bronze Age to the Punic Wars (c.1000–264 BC)|lieu=Londres|éditeur=[[Routledge]]|année=1995|pages totales=528|passage=181-187|isbn=978-0-4150-1596-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UgoOD2XDpzIC&printsec=frontcover}}.</ref>.

=== Limite rituelle et sacrée ===
[[Fichier:Heinrich Kiepert. Roma urbs ab Augusti Imp. tempore cum muris ab Aureliano et Honorio - Part III.jpg|vignette|alt=Carte en couleurs montrant les limites administratives et sacrées de la Rome antique.|Le {{latin|pomerium}} de Rome (en rouge) sous Servius Tullius.]]
La muraille matérialise également (exception faite du Capitole et de l'Aventin au moment de sa construction) l'espace sacré à l'intérieur duquel se développe la ville, et [[Tite-Live]] précise bien<ref group=A name="TL44">[[Tite-Live]], {{Latin|[[Ab Urbe condita libri]]}}, I, 44.</ref> que ce {{latin|[[pomerium]]}} est limité par une muraille libre de toute construction à son pied, à l'extérieur comme à l'intérieur {{Incise|cet espace intérieur ne fait d'ailleurs pas partie du {{latin|pomerium}}, par définition interdit aux activités militaires{{Sfn|Fabbri|2009|p=221|gr=F9}}}} : l'emprise du {{latin|pomerium}} est définie avant même la construction de l'enceinte{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=23|gr=D}} selon un rite décrit par [[Varron (écrivain)|Varron]]{{Sfn|Fabbri|2009|p=221|gr=F9}}. Là encore, et au fur et à mesure que le périmètre du {{latin|pomerium}} évolue, ces principes hérités de l'époque étrusque ne sont plus respectés, et des constructions s'appuient, dès le règne d'[[Auguste]], sur la muraille Servienne<ref group=A name="TL44"/>. Pour faciliter toutefois la circulation des personnes, les portes elles-mêmes ne sont pas sacrées<ref group=A>[[Plutarque]], ''[[Vies parallèles]], Romulus'', XI, 3-5.</ref>.

L'entrée dans Rome ne peut se faire, bien sûr, que par les portes, pour les personnes qui en ont l'autorisation et sous réserve de respecter des rites et des règles bien établis{{Sfn|Volpe|2019|p=123-124|gr=V19}}. Quitter la ville, au contraire, signifie se soustraire à la protection, physique et spirituelle, de l'enceinte. En témoigne le surnom de {{latin|scelerata}} donné à la [[porte Carmentale]], au pied du Capitole, par laquelle les [[Fabiens]] sortent de la ville en {{date-|-477}} pour tomber dans une embuscade tendue par les [[Véies|Véiens]] ; aucun d'entre eux n'en réchappe{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=24|gr=D}}.

== Mentions anciennes, découvertes archéologiques et études ==
=== Jusqu'au début du {{s-|XIX}} : redécouverte par les sources antiques ===
[[Polybe]] ({{-s-|II}}), mais aussi [[Denys d'Halicarnasse]], [[Strabon]] et [[Tite-Live]] ({{-s-|I|er}}-{{sap-|I|er}}) fournissent des descriptions de cette enceinte dont ils listent et datent, en outre, les différentes réparations. Les dimensions indiquées par Denys d'Halicarnasse, qui reprend un autre auteur qu'il ne nomme pas, semblent les plus conformes à la réalité{{Sfn|Coarelli|1994|p=18|gr=C}}. Strabon, pour sa part, décrit l'{{Latin|agger}} de l'Esquilin comme la partie la plus primitive de l'enceinte, due à Tarquin l'Ancien, alors qu'il s'agit d'une partie d'un ensemble plus vaste{{Sfn|Fiorelli|2020|p=212}}.
[[Fichier:Pirro Ligorio (1513-1583), Urbis Romae Situs (s.XVI). Aiguafort. Museu Nacional Romà (Palau Altemps), Roma.jpg|vignette|gauche|alt=Dessin en noir et blanc du plan d'une ville.|Plan de la Rome antique ([[Pirro Ligorio]], 1561).]]
Après plus d'un millénaire d'oubli total, c'est au {{s-|XV}} que les vestiges de la muraille Servienne commencent à être cités dans les textes grâce à la relecture des sources antiques et à des recherches ponctuelles sur le terrain : [[Poggio Bracciolini]] distingue enceinte archaïque et fortification impériale{{Sfn|Cifani|2008|p=19|gr=C8}} ; un siècle plus tard, ils sont dessinés sur des [[vue d'artiste|vues d'artistes]] comme celles de [[Pirro Ligorio]]{{Sfn|Nijboer|2018|p=1116}}. C'est notamment le cas de sa partie septentrionale, près des [[thermes de Dioclétien]] sur le Viminal, où il est fait mention de l'{{Latin|agger Tarquini Superbi}}, preuve que des vestiges de la fortification sont encore visibles, reconnus comme tels et que leur origine historique n'est pas oubliée{{Sfn|Fabbri|2009|p=226|gr=F9}}.

C'est en 1820 que paraît ''Le Mura di Roma'', écrit par l'archéologue [[Antonio Nibby]] et illustré par le topographe [[William Gell]] ; cet ouvrage est le premier à être intégralement consacré à l'étude des murs de Rome. Nibby s'attache plus spécialement à reprendre l'ensemble des sources antiques et à les confronter aux éléments encore en place pour définir quels pourraient être le tracé et l'histoire des enceintes de Rome, dont la muraille Servienne. Concernant celle-ci, les vestiges archéologiques faisant alors largement défaut car la plupart ne seront découverts que {{nobr|50 ans}} plus tard, Nibby expose clairement les limites de son travail{{Sfn|Nibby|1820|p=90}}{{,}}{{Sfn|Fabbri|2009|p=227|gr=F9}}. Une première proposition de plan est toutefois publiée{{Sfn|Cifani|2008|p=25|gr=C8}}.
{{clr}}

=== De la fin du {{s-|XIX}} aux années 1930 : apport des grands chantiers d'urbanisation ===
[[Fichier:Plan de Rome du Cinquantenaire à Bruxelles - Forum Boarium.jpg|vignette|alt=Photographie en couleurs d'une partie de la maquette d'une ville.|La porte Trigémine tout en haut à droite ([[Plan de Rome (Bigot)|plan de Rome de Paul Bigot]], maquette de Bruxelles).]]
Les grands chantiers d'urbanisation de Rome des dernières décennies du {{s-|XIX}} {{incise|Rome devient la capitale du [[Royaume d'Italie (1861-1946)|royaume d'Italie]] en 1871}} sont à l'origine de la redécouverte de près de la moitié des vestiges de la muraille Servienne connus au {{s-|XXI}}{{Sfn|Fabbri|2009|p=227|gr=F9}}. Dans le dernier quart du {{s-|XIX}}, [[Rodolfo Lanciani]] se fait l'écho de ces découvertes au travers de ses publications dans diverses revues{{Sfn|Fabbri|2008|p=99-100|gr=F8}} et il entreprend la reconstitution de la {{Latin|[[Forma Urbis|Forma Urbis Romae]]}} sur laquelle figurent toutes les enceintes successives de Rome, de l'Antiquité aux temps modernes{{Sfn|Cifani|2008|p=28|gr=C8}} dont des portions de la muraille Servienne, découvertes à l'occasion d'un réexamen du document{{Sfn|Royo|2022|p=108}}. Certains des vestiges archéologiques semblant mal s'accorder avec une construction remontant au {{-s-|VI}}, l'existence d'une enceinte continue édifiée à l'époque de Servius Tullius est pour la première fois mise en doute<ref>{{Ouvrage|langue=en|langue originale=it|auteur1=[[Ettore Pais]]|traducteur=Mario Emilio Cosenza|titre=Ancient Legends of Roman History|éditeur=Dodd, Mead et Company|année=1905|pages totales=336|passage=141}}.</ref>.

[[Paul Bigot]] réalise entre 1900 et 1942 plusieurs maquettes de Rome au {{s-|IV}}, en plâtre verni ([[Plan de Rome (Bigot)|Plan de Rome]]). L'une d'elles, réalisée pour l'[[exposition universelle de 1937]]<ref>{{Article|auteur= Manuel Royo |titre= Le temps de l'éternité, Paul Bigot et la représentation de Rome antique |périodique= [[Mélanges de l'École française de Rome]]. Antiquité |volume= 104 |numéro= 2 |année= 1992 |pages= 586-587 |issn=0223-5102|url texte= http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1992_num_104_2_4227 |consulté le= 3 mars 2018}}.</ref>, est conservée à l'[[Université de Caen-Normandie]] ; plusieurs bâtiments qui figuraient sur la maquette d'origine ont probablement disparu ou ont été détériorés avant la restauration de 1995-1996<ref name="FM">{{Article|auteur1= Sophie Madeleine |auteur2= Philippe Fleury |titre= Le « Plan de Rome » de Paul Bigot à l’Université de Caen et son double virtuel : de l’objet patrimonial à l’outil scientifique |périodique= In Situ, revue des patrimoines |numéro= 17 |année= 2011 |url texte= https://journals.openedition.org/insitu/840 |issn= 0223-5102 |consulté le= 14 mars 2018}}.</ref>. L'autre exemplaire préservé se trouve au [[musée Art et Histoire]] de [[Bruxelles]]. Bigot ne mentionne qu'à quelques reprises la muraille Servienne{{Sfn|Royo|2022|p=105-106}} et la fait figurer, sur son plan, au niveau du {{latin|forum Boarium}} mais ce secteur de l'enceinte est l'un des plus mal connus et la maquette n'est qu'une des représentations possibles<ref>{{lien web|titre=La muraille Servienne|site=unicaen.fr|url=https://rome.unicaen.fr/pdr_maquette.php?fichier=visite_muraille_servienne|consulté le=13/03/2023}}.</ref>.

En 1932, [[Gösta Säflund]] publie ''{{Lang|it|Le mura di Roma repubblicana: saggio di archeologia romana}}'', objet de sa thèse de doctorat qui dresse l'[[état de l'art]] au sujet de la muraille Servienne, en compilant toutes les sources disponibles, littéraires, anciennes et modernes, ainsi qu'archéologiques ; cet ouvrage reste la base documentaire à laquelle se réfèrent toutes les publications ultérieures{{Sfn|Volpe|2021|p=235|gr=V21}}. Dans son travail toutefois, consacré à {{citation|la muraille de la Rome républicaine}}, l'auteur ne distingue pas chronologiquement les phases de construction et/ou de réfection de l'enceinte{{Sfn|Volpe|2014|p=61|gr=V14}}.

=== Depuis le milieu des années 1960 : approche plus scientifique et multidisciplinaire ===
En 1962, [[Aimé-Pierre Frutaz]] publie ''Le Piante di Roma'', trois volumes de plans, de cartes et de documents photographiques qui traduisent l'évolution de la ville et de son urbanisation depuis le règne de la dynastie [[Sévères|séverienne]] jusqu'à l'époque contemporaine ; les chercheurs qui étudient la muraille Servienne se réfèrent fréquemment à cette base documentaire{{Sfn|Fabbri|2009|p=226|gr=F9}}.

Une nouvelle étude spécifique de la muraille Servienne est publiée en 1973 dans le catalogue d'une exposition tenue aux [[musées du Capitole]] de Rome en mai et juin de la même année et consacrée à la Rome médio-républicaine{{Sfn|Volpe|2021|p=236 et 252|gr=V21}}.

C'est dans plusieurs publications de 1974 à 1999, dont le ''Guide archéologique de Rome'', que [[Filippo Coarelli]] reconsidère l'histoire et la topographie de Rome ; ses ouvrages et articles consacrent une large part à la muraille Servienne{{Sfn|Coarelli|1994|p=15-25|gr=C}}.

À la fin des années 2010, l'archéologue italienne Rita Volpe réexamine l'ensemble des données bibliographiques et, en y intégrant les plus récentes découvertes archéologiques survenues à la faveur de chantiers ponctuels dans la ville, propose une nouvelle vision de la muraille (chronologie précisée et tracé corrigé){{Sfn|Volpe|2021|gr=V21}}.

== La muraille Servienne au {{s-|XXI}} : vestiges en mise en valeur ==
[[Fichier:Muraille Servienne - vestiges.svg|vignette|redresse=1.2|alt= Plan matérialisant l'emplacement des vestiges sur le tracé de l'enceinte d'une ville.|Vestiges connus de la muraille Servienne en 2008{{Sfn|Cifani|2008|p=46|gr=C8}} :{{Début de colonnes|taille=9}}
{{Légende/Début}}
{{Ligne de légende|#ff9955 solid 2px|tracé connu}}
{{Légende|#aa4400|bordure=none|vestige}}
{{Légende/Fin}}
{{Fin de colonnes}}]]
=== Mise en valeur difficile ===
[[Fichier:Museo delle Mura-Mappa.png|vignette|gauche|alt=Photographie en couleurs d'une maquette représentant des murs d'enceinte.|Plan des enceintes antiques de Rome ([[musée des murs]]).]]
Si de nombreux vestiges de l'enceinte existent toujours, la plupart ont été ré-enfouis après leur découverte et leur étude éventuelle. Ceux qui sont encore visibles du public sont parfois très fragmentaires. Tout un ensemble de facteurs rend extrêmement difficile une perception d'ensemble de l'enceinte : les vestiges sont parfois très éloignés les uns des autres ; les travaux de restauration qu'ils ont subis les ont souvent radicalement transformés ; intégrés à des constructions plus récentes, ils peuvent être mal discernables ; leur mise en valeur est souvent hétérogène même si plusieurs d'entre eux sont exposés sur le même type de soubassement de briques qui traduit la volonté d'assurer une certaine unité dans leur présentation ; les mentions sur les panneaux indicateurs sont parfois contradictoires d'un lieu à l'autre{{Sfn|Fabbri|2009|p=229|gr=F9}}.

Une salle du [[musée des murs]], installé dans [[Porta San Sebastiano|l'une des portes]] du mur d'Aurélien, est consacrée à l'exposition de quatre maquettes des enceintes de Rome, tandis que le centre de la salle est occupé par un plan en relief de la ville figurant les deux murailles antiques (muraille Servienne et mur d'Aurélien)<ref>{{Lien web|langue=it|prénom1= Daisy Antonia|nom1=Petrelli|titre=Le Mura di Roma: Storia e Valorizzazione (Seminario per il corso di Storia dell'architettura e dell'urbanistica in età medievale per l'a.a. 2015-2016)|site=academia.edu|url=https://www.academia.edu/21413482|format=pdf|année=2016|consulté le=30/03/2023|page=23}}
.</ref>.

=== Vestiges en place ===
Au {{s-|XXI}}, des parties de courtine en gros blocs de cappellaccio ([[tuf volcanique]] extrait des collines de Rome) caractéristiques sont encore visibles en divers points comme le Capitole et l'Aventin{{Sfn|Heurgon|1993|p=258}}{{,}}{{Sfn|Cébeillac-Gervasoni|Chauvot|Martin|2003|p=22}} mais la plupart des sections préservées datent de la reconstruction du {{-s-|IV}} et des restaurations qui ont suivi{{Sfn|Duret|Néraudau|2001|p=24|gr=D}}. Ce sont ainsi plus de vingt sites sur lesquels des vestiges en place de l'enceinte sont recensés, pour la plupart regroupés dans la partie septentrionale de l'enceinte{{Sfn|Cifani|2008|p=46|gr=C8}}.
[[Fichier:Muraille Servienne - vestiges Termini.svg|vignette|gauche|redresse=1.25|alt=Plan en couleurs sur lequel est reporté le tracé d'un mur.|Plan des vestiges à la gare de Rome-Termini : {{Légende/Début}}
{{Légende double|#ff6600|#ffccaa|Mur en tuf de ''Grotta oscura'' (attesté/restitué)|bordure=none}}
{{Légende double|#803300|#deaa87|Mur en cappellaccio (attesté/restitué)|bordure=none}}
{{Légende/Fin}}]]
La plus grande partie, conservée sur {{unité|94|m}} de long<ref>{{chapitre|auteur=Mariarosa Barbera|titre=Le mura di epoca regia et reppublicana: prove di sentesi|auteur ouvrage=Mariarosa Berbera et Marina Magnani Cianetti (dir.)|titre ouvrage=Archeologia a Roma Termini: le mura serviane e l'area della Stazione: scoperte, distruzioni e restauri|lieu=Rome|éditeur=Electa|année=2008|pages totales=142|isbn=978-8-8370-5988-0|passage=12-29}}.</ref>, est située juste devant l'entrée principale de [[Gare de Rome-Termini|Termini]], la plus grande gare ferroviaire de Rome{{Note|La première gare de Termini, construite à partir de 1867, avançait bien davantage sur le place et elle englobait dans son emprise la muraille Servienne. C'est à l'occasion de sa reconstruction, à partir de 1937, que le parvis de la gare est aménagé et que l'enceinte est dégagée des bâtiments{{Sfn|Fiorelli|2020|p=217-220}}.|group=N}} ; elle se trouve géographiquement sur le rebord sud-ouest du [[Quirinal]]. Constituée de blocs de tuf de {{latin|Grotta oscura}}, elle se rattache à la courtine principale et comporte même, à son extrémité nord-ouest, les vestiges de la porte Viminale. Elle tourne sa face interne (côté ville) vers le parvis de la gare. Cette section est inscrite dans la liste des [[Monument national (Italie)|monuments nationaux italiens]] publiée en 1902, sous le nom « aggere di Servio Tullio »<ref>{{Ouvrage|langue=it|titre=Elenco degli Edifici Monumentali in Italia|lieu=Rome|éditeur=Ministerio della Pubblica Istruzione|année=1902|pages totales=573|passage=359|lire en ligne=https://archive.org/stream/elencodegliedifi00ital#page/358/mode/2up/search/roma}}.</ref>. D'autres vestiges sont laissés apparents dans un hall souterrain de la même gare ; en cappellaccio, ils appartiennent sans doute au mur de soutènement{{Sfn|Fabbri|2009|p=233|gr=F9}}. Extérieurement, le profil ondulé de l'auvent de la gare répond aux ondulations de la crête du mur Servien voisin{{Sfn|Fiorelli|2020|p=221}}.

Une autre section d'une quarantaine de mètres de long sur la partie méridionale de l'Aventin, Via di Sant'Anselmo, inclut une arche pouvant être équipée d'une catapulte défensive. Bâtie en pierres de taille de tuf de l'Aniene{{Sfn|Carnabuci|2014|p=359}}, cette dernière est datée de la fin de la République{{Sfn|Cifani|2012|p=84}} {{incise|un vestige semblable sert de passage à un escalier intérieur du palazzo Antonelli{{Sfn|Landart|2021|p=340}}{{,}}{{Sfn|Platner|Ashby|1929|p=416|gr=P}}{{,}}{{Sfn|Coarelli|1994|p=171-172|gr=C}}|stop}}. Des réfections en {{latin|[[opus reticulatum]]}} effectuées au début de l'Empire témoignent de la récupération de ce mur pour y asseoir des bâtiments privés{{Sfn|Middleton|1892|p=141}}. À l'époque contemporaine, un jardin adossé au mur est un vestige de l'{{latin|agger}}{{Sfn|Carnabuci|2014|p=360}}.

Des travaux suivis de fouilles dans les sous-sols de l'[[église Santa Sabina de Rome]], sur l'Aventin, révèlent tout un ensemble de maçonneries antiques dont une partie est identifiée comme un vestige en place de la muraille Servienne{{Sfn|Quoniam|1947|p=41}} dont les deux grandes phases de construction (rois étrusques et période républicaine), superposées, sont mises en évidence par [[Pierre Quoniam]]{{Sfn|Quoniam|1947|p=42-46}}.

<gallery mode="packed">
Esquilino - mura serviane all'auditorium 1120875.JPG|alt=Photographie en couleurs de gros blocs de pierre encastrés dans le pignon d'une maison.|{{centrer|Vestiges dans les [[jardins de Mécène]].}}
Sallustiano - mura serviane a via Salandra 01702.JPG|alt=Photographie en couleurs d'une rue passant par la brèche d'une muraille|{{centrer|Muraille Servienne coupée par la percée de la Via Carducci en 1909{{Sfn|Cifani|1998|p=368}}.}}
Termini intérieur - muraille Servienne.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un mur de pierres ancien dans un hall commercial.|{{centrer|Blocs de cappellaccio au sous-sol de la [[gare de Rome-Termini]].}}
Sallustiano - mura serviane a largo s Susanna 1010011.JPG|alt=Photographie en couleurs d'un alignement de blocs maçonnés sur un terre-plein engazonné.|{{centrer|Blocs de cappellaccio sur le largo Santa Susanna.}}
File:S Sabina mura serviane 1150186.JPG|alt=Photographie en couleurs de grands blocs d'agglomérat volcanique.|{{centrer|Sous-sol de l'[[église Santa Sabina de Rome]]{{Note|Les assises inférieures sont en cappellaccio, les assises supérieures en tuf de {{Latin|Grotta oscura}}{{Sfn|Cifani|1998|p=375}}.|group=N}}.}}
</gallery>

=== Remplois ===
[[Fichier:San Martino ai Monti, retro.JPG|vignette|alt=Photographie en couleurs du mur d'une église.|Blocs de remploi à la base d'un mur de la [[basilique Saint-Martin de Rome (rione Monti)|basilique Saint-Martin ai Monti]].]]
[[Fichier:Muraille Servienne - remplois.svg|vignette|gauche|redresse=1.2|alt=Plan montrant la localisation d'édifices remarquables par rapport à une enceinte antique.|Remplois de la Muraille Servienne :{{Début de colonnes|taille=9}}
{{Légende/Début}}
{{Ligne de légende|#ff9955 solid 2px|tracé connu}}
{{Légende|#aa4400|bordure=none|remploi}}
{{Légende/Fin}}
{{Fin de colonnes}}]]
Un autre type de vestiges de la muraille Servienne peut également se rencontrer : il s'agit de blocs manifestement récupérés sur l'enceinte en ruine, déplacés et réutilisés dans la construction d'un autre édifice lorsqu'ils ne sont pas employés dans la construction du mur de soutènement de l'{{latin|agger}}{{Sfn|Volpe|2020|p=29-30|gr=V20}}.

C'est le cas d'assises de tuf de {{latin|Grotta oscura}} retrouvées à la base du mur d'un [[collatéral (architecture)|bas-côté]] de la [[basilique Saint-Martin de Rome (rione Monti)|basilique Saint-Martin ai Monti]]. Cette église ne se trouve pas sur le tracé de l'enceinte et ces blocs sont liés au mortier quand la muraille Servienne n'en comporte pas : il s'agit sans aucun doute de remplois datant peut-être de la reconstruction de l'église sous le pontificat de [[Serge II]] entre 844 et 847{{Sfn|Landart|2021|p=384-385}}.

De la même manière, le mur d'enceinte et certaines dépendances du [[Basilique San Saba|monastère San Saba]] sont partiellement construits avec des remplois de la muraille Servienne<ref>{{Lien web|titre=San Saba – I rioni di Roma|site=consiglinviaggio.it|url=https://www.consiglinviaggio.it/2021/07/04/san-saba/|consulté le=18/03/2023}}.</ref>.

Un inventaire des vestiges publié en 1998 mentionne quatre autres sites où la présence de blocs de [[cappellaccio]] peut être considérée comme une réutilisation des pierres après démontage de la muraille{{Sfn|Cifani|1998|p=365-377}}. Plus récemment, des blocs de [[tuf de Grotta oscura|tuf de ''Grotta oscura'']] provenant probablement de la muraille Servienne sont identifiés dans une section du mur d'Aurélien{{Sfn|Esposito|2017|p=276}}.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=N}}

=== Références ===
* Sources antiques :
{{Références|groupe=A}}

* ''{{Lang|en|A topographical dictionary of Ancient Rome}}'', [[Oxford University Press]], 1929 :
{{Références|groupe=P}}

* ''Guide archéologique de Rome'', Hachette, 1994 :
{{Références|groupe=C}}

* ''Urbanisme et métamorphoses de la Rome antique'', Les Belles Lettres, coll. « Realia », 2001 :
{{références|groupe=D}}

* ''{{Lang|it|Architettura romana arcaica: edilizia e società tra monarchia e repubblica}}'', L'Erma di Bretschneider, 2008 :
{{Références|groupe=C8}}

* « {{Lang|it|Le mura serviane dalle fonti letterarie alla documentazione archeologica}} », Osanna edizioni, 2008 :
{{Références|groupe=F8}}

* « {{Lang|it|Le mura serviane di Roma fra passato e presente}} », edizioni Quasar, 2009 :
{{Références|groupe=F9}}

* « {{Langue|it|Dalle cave della Via Tiberina alle mura repubblicane di Roma}} », Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 2014
{{Références|groupe=V14}}

* « {{Lang|en|The fortifications of Archaic Rome: social and political significance}} », [les auteurs], 2016 :
{{Références|groupe=C16}}

* « {{Lang|it|Tra città e suburbio: il ruolo di limite delle Mura Serviane e Aureliane di Roma}} », ETS, 2019 :
{{Références|groupe=V19}}

* « {{Lang|it|Costruire le mura Serviane}} », Universidad de Córdoba, 2020 :
{{Références|groupe=V20}}

* « {{Lang|it|Nuove mura per Roma repubblicana: questioni aperte e spunti di ricerca}} », edizioni Quasar, 2021
{{Références|groupe=V21}}

* Autres sources :
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets
 | commons = Category:Servian_Walls
}}
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
==== Publications spécifiquement consacrées à la muraille Servienne ====
* '''En français :'''
** {{Article|auteur=[[Pierre Grimal]]|titre= L'enceinte servienne dans l'histoire urbaine de Rome|périodique=Mélanges d'archéologie et d'histoire|tome=LXXI|année=1959|pages=43-64|issn=0223-4874|doi=10.3406/mefr.1959.7442|plume=oui}}
** {{Article|auteur=[[Pierre Quoniam]]|titre=À propos du mur dit de Servius Tullius|périodique=Mélanges d'archéologie et d'histoire|tome=LIX|année=1947|issn=0223-4874|pages=41-64|doi=10.3406/mefr.1947.7335|plume=oui}}
* '''En langues étrangères :'''
** {{Ouvrage|langue=it|auteur1=Ennio Domenico Augenti|titre=Le mura Serviane di Roma|sous-titre=alla ricerca degli antichi resti in sette giorni|lieu=Rome|éditeur=Arbor Sapientiae|collection=Narratio Historiae|numéro dans collection=12|année=2021|pages totales=100|isbn=978-8-8313-4144-8}}.
** {{Article|langue=it|auteur=[[Salvatore Aurigemma]]|titre=Le mura "serviane", l'aggere e il fossato all'esterno delle mura, presso la nuova stazione ferroviaria di Termini in Roma|périodique=Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma|numéro=LXXVIII|année=1961-1962|issn=0392-7636|pages=19–36}}.
** {{Article|langue=it|auteur=Elisabetta Carnabuci|titre=Mura Serviane. Consolidamento e messa in sicurezza del tratto tra via di S. Anselmo e via dei Decii (2013-2014)|périodique=Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma|numéro=CXV|année=2014|pages=359-366|issn=0392-7636|plume=oui}}
** {{Article|langue=it|auteur=Gabriele Cifani|titre=La documentazione delle mura archaiche a Roma|périodique=Bullettino dell'Istituto archeologico germanico - sezione Romana|volume=CV|année=1998|pages=359-389|issn=0342-1287|url=https://www.academia.edu/2434720/La_documentazione_archeologica_delle_mura_arcaiche_a_Roma|plume=oui}}
** {{Chapitre|langue=it|auteur=Gabriele Cifani|titre=Le Mura Serviane|auteur ouvrage=[[Andrea Carandini]] (dir.)|titre ouvrage=Atlante di Roma antica|éditeur=Electa|année=2012|pages totales=1248|isbn=978-8-8370-8510-0|passage=81-85|plume=oui}}
** {{Chapitre|langue=it|auteur=Gabriele Cifani|titre=Considerazioni sulle mura arcaiche e repubblicane a Roma|auteur ouvrage=Laura M. Michetti, Gilda Bartoloni (dir.)|éditeur=Sapienza università di Roma|titre ouvrage=Scienze dell'Antichità|volume=19.2-3|titre volume=Mura di legno, mura di terra, mura di pietra: fortificazioni nel Mediterraneo antico|année=2014|pages totales=704|passage=204-208|isbn=978-8-8714-0648-0|url=https://www.academia.edu/7309669/Considerazioni_sulle_mura_arcaiche_e_repubblicane_a_Roma|plume=oui}}
** {{Chapitre|langue=en|auteur=Gabriele Cifani|titre=The fortifications of Archaic Rome: social and political significance|auteur ouvrage=Rune Frederiksen ''et al.''|titre ouvrage=Focus on Fortifications. New Research on Fortifications in the Ancient Mediterranean and the Near East|lieu=Oxford, Philadelphie |éditeur=[les auteurs]|année=2016|pages totales=624|isbn=978-1-7857-0131-3|passage=82-92|plume=oui}}
** {{Chapitre|langue=it|auteur=Marco Fabbri|titre=Le “mura serviane” dalle fonti letterarie alla documentazione archeologica|titre ouvrage=Le perle e il filo. A Mario Torelli per i suoi settanta anni|éditeur=Osanna edizioni|année=2008|pages totales=332|isbn=978-8-8816-7256-1|passage=83-100|plume=oui}}
** {{Chapitre|langue=it|auteur=Marco Fabbri|titre=Le mura serviane di Roma fra passato e presente|titre ouvrage=arch.it.arch - Dialoghi di archeologia e architettura. Seminari 2005-2006|année=2009|éditeur=edizioni Quasar|pages totales=296|isbn=978-8-8714-0380-9|passage=216-237|plume=oui}}
** {{Article|langue=it|auteur=Angela Fiorelli|titre=L'Aggere Serviano e la Stazione Termini|périodique=Eco Web Town|année=2020|numéro=22|issn=2039-2656|pages=212-223|format=pdf|url=https://iris.uniroma1.it/retrieve/e383532d-c105-15e8-e053-a505fe0a3de9/Fiorelli_Aggere-Serviano_2021.pdf|plume=oui}}
** {{Article|langue=en|auteur=Tenney Frank|titre=Notes on the Servian Wall|périodique=[[American Journal of Archaeology]]|mois=avril-juin|année=1918|volume=XXII|numéro=2|pages=175-188|url=https://www.jstor.org/stable/497234|plume=oui}}
** {{Article|langue=en|auteur=Liliana Panei|titre=The tuffs of the “Servian Wall” in Rome|périodique=[[ArchéoSciences]]|numéro=34 |année=2010|pages=39-43|doi=10.4000/archeosciences.2599|issn=2104-3728|plume=oui}}
** {{Ouvrage|langue=it|auteur1=[[Gösta Säflund]]|titre=Le mura di Roma repubblicana|sous-titre=saggio di archeologia romana|lieu=Rome|éditeur=Lund : C.W.K. Gleerup|année=1932|pages totales=278|plume=oui}}
** {{Chapitre|langue=it|auteur=Rita Volpe|titre=Dalle cave della Via Tiberina alle mura repubblicane di Roma|auteur ouvrage= Jacopo Bonetto, Stefano Camporeale et Antonio Pizzo|titre ouvrage=Anejos de archivo español de arqueología|volume=LXIX|titre volume=Arqueología de la construcción IV. Las canteras en el mundo antiguo: sistemas di explotación y procesos productivos|éditeur=Consejo Superior de Investigaciones Cientificas|lieu=Merida|année=2014|pages totales=438|isbn=978-8-4000-9832-2|passage=59-71|plume=oui}}
** {{Chapitre|langue=it|auteur=Rita Volpe|titre=Costruire le mura Serviane|auteur ouvrage=Christopher Courault et Cárlos Marquez (dir.)|titre ouvrage=Studi quantitativi e costi de produzione degli edifici pubblici romani|éditeur=Universidad de Córdoba|année=2020|pages totales=558|isbn=978-8-4992-7545-1|passage=21-37|plume=oui}}
** {{Chapitre|langue=it|auteur=Rita Volpe|titre=Nuove mura per Roma repubblicana: questioni aperte e spunti di ricerca|titre ouvrage=Roma medio repubblicana. Dalla conquista di Veio alla battaglia di Zama|éditeur=edizioni Quasar|année=2021|pages totales=576|isbn=978-8-8549-1119-2|passage=235-253|plume=oui}}
** {{Article|langue=en|auteur=Adam Ziółkowski|titre=The Servian enceinte: shoud the debate continue?|périodique=Palamedes|année=2016|numéro=11|pages=151-170|issn=1896-8244|plume=oui}}

==== Publications consacrées à l'histoire et à l'architecture romaines ====
==== En français ====
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Mireille Cébeillac-Gervasoni]]|auteur2=Alain Chauvot|auteur3=Jean-Pierre Martin|titre=Histoire romaine|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|année=2003|pages totales=471|isbn=2-2002-6587-5|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=it|auteur1=[[Filippo Coarelli]]|traducteur=[[Roger Hanoune]]|titre=Guide archéologique de Rome|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1994|année première édition=1980|pages totales=350|isbn=2-0123-5428-9|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Luc Duret|auteur2=[[Jean-Pierre Néraudau]]|préface=[[Pierre Grimal]]|titre=Urbanisme et métamorphoses de la Rome antique|lieu=Paris|éditeur=[[Les Belles Lettres]]|collection=Realia|année=2001|numéro d'édition=2|pages totales=440|isbn=2-2513-3817-9|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jacques Heurgon]]|titre=Rome et la Méditerranée occidentale jusqu'aux guerres puniques|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Nouvelle Clio : l'histoire et ses problèmes|numéro dans collection=7|année=1993|numéro d'édition=3|année première édition=1969|réimpression=1980|pages totales=477|isbn=2-1304-5701-0|plume=oui}}
* {{Ouvrage|auteur1=Paula Landart|titre=Sur les traces de Rome|sous-titre=promenades à la recherche de la ville antique|éditeur=l'auteur|année=2021|pages totales=635|isbn=|plume=oui}}
* {{Chapitre|auteur=Manuel Royo|titre=Entre les murs, la périphérie de Rome à la lecture du relief de Paul Bigot|auteur ouvrage=Sophie Madeleine et Philippe Fleury (dir.)|titre ouvrage=Topographie et urbanisme de la Rome antique|éditeur=Publications de l'université de Caen|collection=Symposia|année=2022|pages totales=488|isbn=978-2-3818-5176-1|passage=103-120|url=https://shs.hal.science/halshs-03954413|plume=oui}}
* {{Article|auteur=[[Michel Labrousse]]|titre=Le ''pomerium'' de la Rome impériale|périodique=Mélanges d'archéologie et d'histoire|tome=LIV|année=1937|pages=165-199|doi=10.3406/mefr.1937.8704}}.
==== En langues étrangères ====
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=Luigi Borsari|titre=Topografia di Roma antica|éditeur=Ulrico Hoepli|année=1897|pages totales=420|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=3NoxAQAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=%22luigi+borsari%22+et+%22topografia+di+roma+antica%22|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=Bruno Brizzi|directeur1=oui|titre=Mura e porte di Roma antica|éditeur=Colombo Editore|année=1995|pages totales=296|isbn=978-8-8863-5916-0}}.
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=Gabriele Cifani|titre=Architettura romana arcaica|sous-titre=edilizia e società tra monarchia e repubblica|lieu=Rome|éditeur=L'Erma di Bretschneider|année=2008|pages totales=401|isbn=978-8-8826-5444-3|lire en ligne=https://books.google.it/books?id=5RCZWonSulsC&pg=PA10|plume=oui}}
* {{Ouvrage| langue=it| auteur1=[[Filippo Coarelli]]| titre=Il foro boario| sous-titre=dalle origini alla fine della repubblica| lieu=Rome| éditeur=edizioni Quasar| année=1988| pages totales=503| isbn=8-8850-2092-5| plume=oui}}
* {{Ouvrage| langue=it| auteur1=Daniela Esposito| et al.=oui| titre=Le Mura Aureliane nella storia di Roma| volume=1| titre volume=Da Aureliano a Onorio| lieu=Rome| éditeur=RomaTrE-Press| année=2017| mois=octobre| pages totales=305| isbn=978-88-948853-92| lire en ligne=https://romatrepress.uniroma3.it/wp-content/uploads/2019/12/Le-Mura-Aureliane-nella-storia-di-Roma-1.-Da-Aureliano-a-Onorio.pdf| plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Nic Fields|illustrateur=Peter Dennis|titre=The Walls of Rome|éditeur=[[Osprey Publishing]]|collection=Fortress|numéro dans collection=71|année=2008|pages totales=64|isbn=978-1-8460-3198-4|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=[[Aimé-Pierre Frutaz]]|titre=Le Piante di Roma|lieu=Rome|éditeur=Istituto di studi romani|année=1962|pages totales=358 et 670|format=3 volumes}}.
* {{Article|langue=it|auteur1=Ciriaco Giampaolo|auteur2=Gianni Lombardi|auteur3=Maurizio Mariottini|titre=Pietre e costruito della città di Roma: dall’antichità ai giorni nostri|périodique=Memorie Descrittive della Carta Geologica d’Italia|volume=LXXX|numéro=1|année=2008|pages=273-406|issn=0536-0242|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John Henry|nom1=Middleton|titre=The Remains of Ancient Rome|volume=1|éditeur=A. and C. Black|année=1892|pages totales=841|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=k35LLSdsA78C&printsec=frontcover|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=[[Antonio Nibby]]|illustrateur=[[William Gell]]|titre=Le mura di Roma|éditeur=Vincenzo Poggioli|année=1820|pages totales=396 et XXXI|plume=oui}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur=Albert Nijboer|titre=Fortifications in and around Rome, 950-300 BC|auteur ouvrage=[collectif]|titre ouvrage=Understanding Ancient Fortifications: Between Regionality & Connectivity|éditeur= Ariane Ballmer, Manuel Fernández-Götz et Dirk P. Mielke|année=2018|pages totales=192|isbn=978-1-7857-0748-3|passage=111-122|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Samuel Ball|nom1=Platner|lien auteur1=Samuel Ball Platner|auteur2=[[Thomas Ashby]]|titre=A topographical dictionary of Ancient Rome|éditeur=''[[Oxford University Press]]''|année=1929|pages totales=608|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=Mauro Quercioli|titre=Le mura e le porte di Roma|éditeur=Newton Compton|collection=Quest'Italia: collana di Storia, arte e folclore|numéro dans collection=32|année=1982|pages totales=396|isbn=978-8-8798-3243-4}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Malcolm Todd|titre=The Walls of Rome|éditeur=Paul Elek Ltd|année=1978|pages totales=91|isbn=978-0-8476-6037-7}}.
* {{Chapitre|langue=it|auteur=Rita Volpe|titre=Tra città e suburbio: il ruolo di limite delle Mura Serviane e Aureliane di Roma|auteur ouvrage=Rachele Dubbini (dir.)|titre ouvrage=I confini di Roma. Atti del convegno internazionale (Ferrara, 31 maggio-2 giugno 2018)|année=2019|éditeur=ETS|pages totales=271|isbn=978-8-8467-5512-4|passage=121-129|plume=oui}}

=== Articles connexes ===
* [[Roma quadrata]]
* [[Mur d'Aurélien]]
* [[Sac de Rome (390 av. J.-C.)]]

=== Liens externes ===
* {{KML}}
{{Liens}}
* [https://www.museodellemuraroma.it/ Site du musée des murs (Rome)].
* {{YouTube|langue=it|id=2SrGLvdxWI4|titre=Intorno alle Mura Serviane|chaîne=British School at Rome|date=11 avril 2022|consulté le=9 mars 2023}}

{{Palette|Portes du Mur Servien|Architecture militaire romaine|Murs de Rome}}
{{Portail|Rome antique|Histoire militaire|Archéologie|Rome}}
{{Article de qualité|oldid=205314614|date=23 juin 2023}}

[[Catégorie:Monument romain à Rome]]
[[Catégorie:Architecture militaire romaine en Italie]]
[[Catégorie:Rempart en Italie|Rome]]
[[Catégorie:Porte de ville à Rome|!Mur Servien]]
[[Catégorie:Localité fortifiée]]
[[Catégorie:Histoire militaire du VIe siècle av. J.-C.]]
[[Catégorie:Histoire militaire du IVe siècle av. J.-C.]]
[[Catégorie:Monument national en Italie]]
[[Catégorie:Mur de fortification]]