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« CRS = SS » : différence entre les versions

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'''CRS = SS''', également orthographié '''CRS SS''', '''CRS-SS''', est un [[slogan]] employé en [[France]] lors de [[Manifestation|manifestations]] dans la 2ème moitié du [[XXe siècle|20ème siècle]]. Il compare les [[Répression politique|méthodes répressives]] des [[CRS (France)|CRS]] avec celles employées par les [[SS (nazisme)|SS]] [[Nazisme|nazis]]. Le slogan nait pendant la [[grève des mineurs de 1948]], mais a été popularisé pendant les [[évènements de mai 1968]], jusqu'à lui être fortement associé.
'''CRS = SS''', également orthographié '''CRS SS''', '''CRS-SS''', est un [[slogan]] employé en [[France]] lors de [[Manifestation|manifestations]] dans la 2ème moitié du [[XXe siècle|20ème siècle]]. Il compare les [[Répression politique|méthodes répressives]] des [[CRS (France)|CRS]] avec celles employées par les [[SS (nazisme)|SS]] [[Nazisme|nazis]]. Le slogan nait pendant la [[grève des mineurs de 1948]], mais a été popularisé pendant les [[évènements de mai 1968]], jusqu'à lui être fortement associé.


__SOMMAIRE__
== Historique ==
== Historique ==


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=== Début des années 1960 ===
=== Début des années 1960 ===
Le slogan se diffuse lors des manifestations et dans les milieux de contestation sociale. Il est notamment entendu en octobre 1961, lorsque des Algériens sont jetés à la Seine par des membres des forces de l’ordre et après le [[Répression au métro Charonne de la manifestation du 8 février 1962|massacre de Charonne]], en 1962<ref name="ssleprince" />.
Le slogan se diffuse lors des manifestations et dans les milieux de contestation sociale. Il est notamment entendu en octobre 1961, lorsque des [[Massacre du 17 octobre 1961|Algériens sont jetés à la Seine]] par des membres des forces de l’ordre et après le [[Répression au métro Charonne de la manifestation du 8 février 1962|massacre de Charonne]], en 1962<ref name="ssleprince" />.


=== Mai 1968 ===
=== Mai 1968 ===

Version du 5 mai 2023 à 05:46

CRS = SS, également orthographié CRS SS, CRS-SS, est un slogan employé en France lors de manifestations dans la 2ème moitié du 20ème siècle. Il compare les méthodes répressives des CRS avec celles employées par les SS nazis. Le slogan nait pendant la grève des mineurs de 1948, mais a été popularisé pendant les évènements de mai 1968, jusqu'à lui être fortement associé.

Historique

1944 : Création des CRS

Les Compagnies républicaines de sécurité ont été créées par un décret du 8 décembre 1944 à la suite de la dissolution des Groupes mobiles de réserve (GMR) qui furent créés en avril 1941 par le gouvernement de Vichy. Ce décret est confirmé par une ordonnance du 7 mars 1945 signée par le général de Gaulle.

1947 : une image encore positive des CRS

L'assimilation des CRS aux SS, si elle devient « constante en 1948 »[1], surtout en novembre, tranche avec la position des cadres communistes ou cégétistes beaucoup plus modérée en 1947, selon la synthèse détaillée de l'historien Philippe Roger[1].

En 1947, la polémique publique est inverse. Le PCF défend les CRS, en partie issus des milices patriotiques de la Résistance, tandis que le gouvernement voit dans les fraternisation entre grévistes et policiers, plus idéalisées que réelles selon les historiens, la preuve des visées insurrectionnelles du PCF.

Le slogan ne nait pas en 1947, comme parfois avancé[2]. Le slogan nait en novembre 1948, selon une enquête de France-Culture[3].

Les grèves des mineurs de 1948 (septembre à novembre)

Durcissement des méthodes répressives

Il faudra attendre les grèves de 1948 pour la « consécration pratique des CRS dans la gestion du maintien de l'ordre », confirmant leur« installation dans cette nouvelle spécialisation »[4]. Leur ténacité leur a permis de « garantir le rétablissement de l’ordre » mais un « ensemble de représentations des CRS s’est alors rapidement disséminé en 1948 », année qui marqué « très fortement tant la hiérarchie CRS que l’ensemble de la population », notamment le fameux slogan "CRS = SS"[4].

Les grèves des mineurs et le souvenir de 1941

C'est pendant cette grève que le slogan CRS = SS est né, pour dénoncer la dureté de la répression que les mineurs comparaient à celle qu'ils avaient subie lors de la grève de mai-juin 1941[5],[6],[7],[8].

Roger Pannequin, arrêté et torturé par la police française pendant la guerre, assimile totalement la police de Vichy et la police nationale d'après-guerre[9].

Le 21 octobre 1948, lors de la grande grève des mineurs, réprimée sur ordre du ministre socialiste Jules Moch qui envoie des blindés en Lorraine, deux mineurs de Firminy sont abattus par l'armée. C'est à ce moment que le slogan CRS-SS nait[10]. Le maire est suspendu en raison de ces évènements, révoqué puis réélu[11].

Octobre - novembre 1948 : la presse communiste fait le parallèle

Le 1er novembre, des blindés CRS ouvrent le feu à Liévin, blessant plusieurs grévistes[12],[1]La journaliste Simone Téry titre un billet "CRSS" dans l'édition du 5 novembre 1948 de Humanité[13],[3]'[14]. Elle y oppose le courage des mineurs et de leurs familles, à ceux que « dès le premier jour, la population a appelés les C.R.S.S. et, le second jour tout simplement les S.S. »

Jusque-là l'insulte visait seulement le ministre de l'intérieur Jules Moch[15], en réaction aux 5 mineurs morts de la seconde quinzaine d'octobre 1948, dont 2 à Firminy, un à Alès et 2 dans le Nord. Dès le 30 octobre 1948, l'hebdomadaire communiste France nouvelle avait écrit que « Comme au temps des pelotons d'exécution commandés par les Waffen SS [.] le massacreur J. Moch fait tirer ses CRS sur des poitrines françaises »[15], puis le 4 novembre 1948, dans un article en première page de L'Humanité intitulé « Jules Moch joue au nazi ! », le secrétaire de la Fédération du Sous-Sol CGT Henri Martel le qualifiait de « social-massacreur [.] aux mains tachées de sang des ouvriers »[15].

Une caricature de Jules Moch en première page de Clarté, le 14 novembre 1948 le présente comme « le chef des assassins S.S. ». Les 28 et 14 novembre 1948 dans ce journal, des textes anonymes comparent la grève à la situation sous l'occupation: « dans Bruay occupé ce n’est plus qu’arrestations et interdictions [et] aujourd’hui comme pendant les années terribles d’occupation les mêmes méthodes de brutalité sont employées contre nos camarades ». L'hebdomadaire Clarté, appartenant au PCF se vendait plutôt mal et fut fermé au début de l’année 1950.

Début des années 1960

Le slogan se diffuse lors des manifestations et dans les milieux de contestation sociale. Il est notamment entendu en octobre 1961, lorsque des Algériens sont jetés à la Seine par des membres des forces de l’ordre et après le massacre de Charonne, en 1962[3].

Mai 1968

Le slogan est scandé dès le 3 mai pendant les évènements de mai-juin 1968. Il se répand ensuite massivement et devient une référence du mouvement. Il est également affiché dans Paris, notamment par le biais de l'Atelier populaire, parmi d'autres slogans[16].

Beaucoup ont cru à tord que le slogan est né pendant ses évènements[3].

Références

  1. a b et c "Les grèves de 1947 et 1948 dans le Pas-de-Calais, déroulement, violence et maintien de l'ordre" par Philippe Roger, dans la Revue du Nord en 2011 [1].
  2. Jean-Marie Bretagne, « De quand date le slogan "CRS=SS" ? », sur Ça m'intéresse, (consulté le )
  3. a b c et d Chloé Leprince, « "CRS SS", l'histoire d'un slogan qui ne date pas de 1968 », sur France Culture, (consulté le )
  4. a et b MOREAU de BELLAING, Cédric, « Une matraque républicaine ? Genèse et pérennisation des compagnies républicaines de sécurité 1944-1955 », MOREAU de BELLAING, Cédric,‎ (lire en ligne)
  5. Par Le 1 novembre 2014 à 07h00, « La révolte du Pays noir », sur leparisien.fr, (consulté le )
  6. Fontaine et Vigna 2014, p. 29.
  7. Danielle Tartakowsky, Les manifestations de rue en France, 1918-1968, Publications de la Sorbonne, (ISBN 9782859443078, OCLC 651677252, lire en ligne)
  8. Vivens 2015, p. 40.
  9. Philippe Roger, « Les grèves de 1947 et 1948 dans le Pas-de-Calais, déroulement, violence et maintien de l'ordre », Revue du Nord, 2011/1 (no 389), p. 133-180.
  10. « La révolte du Pays noir », sur Le Parisien, (consulté le ).
  11. Jean-Louis Vivens, Conflit social ou affrontement politique ? La grève des mineurs en France en 1948 sous les angles de la solidarité ́et de la répression, mémoire de Master 2, 2015, p. 133-134.
  12. quotidien régional communiste Liberté le 3 novembre 1948.
  13. Humanité du 5 novembre 1948 de
  14. chosesasavoir, « Podcast Choses à Savoir Comment le slogan “CRS SS” est-il né ? », sur Choses à Savoir, (consulté le )
  15. a b et c C.B., « "Jules Moch, couvert d'insultes", Passerelles productions", Université de Bourgogne ».
  16. Chloé Leprince, « "Interdit d'interdire", "CRS SS"... l'histoire de l'Atelier populaire derrière les affiches de Mai 68 », sur France Culture, (consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes