Aller au contenu

« La Collectionneuse (film, 1967) » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Jack Demol (discuter | contributions)
m Renommage de la catégorie Catégorie:Film de la nouvelle vague en Catégorie:Film de la Nouvelle Vague : Conventions typographiques sur Wikipédia : WP:TYPO#MAJ
Balises : CatRename Révocation manuelle
L'engoulevent (discuter | contributions)
Aucun résumé des modifications
Ligne 63 : Ligne 63 :
* [[Patrice de Bailliencourt]] : un copain dans l'automobile
* [[Patrice de Bailliencourt]] : un copain dans l'automobile
* [[Alfred de Graaf]] : un touriste perdu
* [[Alfred de Graaf]] : un touriste perdu

== Production ==
Rohmer a réalisé le film sans budget et dans le désordre en attendant que [[Jean-Louis Trintignant]] soit disponible pour tourner ''[[Ma nuit chez Maud]]'', et cette structure a peut-être inspiré les techniques et les principes auxquels lui et son chef opérateur [[Néstor Almendros]] reviendront dans ses films ultérieurs : répétitions approfondies avec les acteurs suivies de très peu de prises ; recours à la lumière naturelle dans la mesure du possible, même pour les scènes de nuit ; longs plans fluides pour établir la personnalité des personnages et leur relation les uns avec les autres dans un espace spécifique<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.criterion.com/boxsets/417-six-moral-tales|titre=Six Moral Tales|site=criterion.com}}</ref>. Dans son autobiographie ''Un homme à la caméra'', Almendros admet que « le film devait avoir un aspect "naturel", que nous le voulions ou non, parce que nous n'avions que cinq lampes à photoflood ». Ils ont utilisé si peu de pellicule que « dans les laboratoires, ils pensaient qu'il s'agissait des [[Rushes (cinéma)|épreuves]] d'un court métrage »<ref>{{Ouvrage|préface=François Truffaut|titre=Un homme à la caméra|éditeur=[[Hatier]]|collection=Cinq continents|année=1980|pages totales=191|isbn=978-2218025877}}</ref>.

{{citation bloc|Nous n'avions pas d'argent. Nous n'avions pas grand-chose. Il y avait l'argent de la vente à la télévision des deux premiers ''Contes moraux'', et cela a suffi pour payer le film, louer une maison à Saint-Tropez (en juin, quand les loyers ne sont pas très chers) et engager un cuisinier. Les acteurs et les techniciens avaient accepté une participation aux bénéfices. Je me suis astreint à ne tourner un plan qu'une seule fois.|Jean-Luc Rohmer<ref>Ruy Nogueira, ''Entretien avec Éric Rohmer'', 'Filmcritica' no. 218, septembre-octobre 1971</ref>}}

Les moyens très limités sont fonctionnels à une exposition claire et sans fioritures, dans le style classique de Rohmer qui fait toujours prévaloir le dialogue (ici écrit avec la collaboration des trois protagonistes eux-mêmes) et la construction de situations sentimentales.

Le personnage de Sam est présenté sous le nom de Seymour Hertzberg, mais il représentait en fait Eugene Archer, un ancien critique de cinéma du ''[[The New York Times|New York Times]]''. Néstor Almendros apparaît également dans le film.


== Récompenses ==
== Récompenses ==

Version du 21 février 2024 à 04:45

La Collectionneuse

Réalisation Éric Rohmer
Scénario Éric Rohmer
Acteurs principaux
Sociétés de production Les Films du Losange
Rome-Paris Films
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
Durée 90 minutes
Sortie 1967

Série Six contes moraux

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

La Collectionneuse est un film français réalisé par Éric Rohmer. C'est le quatrième des Six contes moraux mais il a été réalisé avant le troisième (Ma nuit chez Maud). Sorti en 1967, il a obtenu la même année l'Ours d'argent au Festival international du film de Berlin.

Synopsis

Saint-Tropez, été 1967. Deux jeunes hommes se retirent un mois – sans leurs compagnes – dans la propriété prêtée par un ami commun, isolée en bord de mer.

Une inconnue, invitée également, finit par occuper l'essentiel de leurs pensées, les troublant autant par sa beauté que par son indépendance et sortant en ville chaque soir avec un nouvel inconnu.

Chacun cherche à la dominer à sa manière, sous un détachement feint, par des jugements prétentieux et définitifs sur la vanité de son attitude...

Fiche technique

Distribution

Production

Rohmer a réalisé le film sans budget et dans le désordre en attendant que Jean-Louis Trintignant soit disponible pour tourner Ma nuit chez Maud, et cette structure a peut-être inspiré les techniques et les principes auxquels lui et son chef opérateur Néstor Almendros reviendront dans ses films ultérieurs : répétitions approfondies avec les acteurs suivies de très peu de prises ; recours à la lumière naturelle dans la mesure du possible, même pour les scènes de nuit ; longs plans fluides pour établir la personnalité des personnages et leur relation les uns avec les autres dans un espace spécifique[2]. Dans son autobiographie Un homme à la caméra, Almendros admet que « le film devait avoir un aspect "naturel", que nous le voulions ou non, parce que nous n'avions que cinq lampes à photoflood ». Ils ont utilisé si peu de pellicule que « dans les laboratoires, ils pensaient qu'il s'agissait des épreuves d'un court métrage »[3].

« Nous n'avions pas d'argent. Nous n'avions pas grand-chose. Il y avait l'argent de la vente à la télévision des deux premiers Contes moraux, et cela a suffi pour payer le film, louer une maison à Saint-Tropez (en juin, quand les loyers ne sont pas très chers) et engager un cuisinier. Les acteurs et les techniciens avaient accepté une participation aux bénéfices. Je me suis astreint à ne tourner un plan qu'une seule fois. »

— Jean-Luc Rohmer[4]

Les moyens très limités sont fonctionnels à une exposition claire et sans fioritures, dans le style classique de Rohmer qui fait toujours prévaloir le dialogue (ici écrit avec la collaboration des trois protagonistes eux-mêmes) et la construction de situations sentimentales.

Le personnage de Sam est présenté sous le nom de Seymour Hertzberg, mais il représentait en fait Eugene Archer, un ancien critique de cinéma du New York Times. Néstor Almendros apparaît également dans le film.

Récompenses

Autour du film

  • Ce film raconte la cohabitation dans une villa provençale de deux garçons et une fille. Rohmer aborde ici nombre des thèmes récurrents dans ses films : le désir, la fidélité, l'amitié entre les sexes. Il se caractérise par l'utilisation très forte de la voix off du narrateur. La voix off d'Adrien dit d'ailleurs : « S'ouvrit alors une ère d'hostilité franche qui fut celle peut-être où nos talents respectifs, le sien non moins que les nôtres, trouvèrent à s'exercer. ». Rohmer reconnaît s'être inspiré de Paul Gégauff, scénariste de Claude Chabrol et dandy réputé, pour concevoir son film[réf. souhaitée].
  • Le titre du film vient du comportement de Haydée ; Adrien dit d'elle (37 min 25 s) : « J'ai trouvé la définition de Haydée, c'est une collectionneuse. Haydée, si tu couches à droite et à gauche comme ça sans préméditation, tu es l'échelon le plus bas de l'espèce, l'exécrable ingénue. Maintenant si tu collectionnes d'une façon suivie avec obstination, bref si c'est un complot, les choses changent du tout au tout. »
  • L'idée de collection est contre l'idée de pureté ; le film évoque ainsi l'incomplétude du désir. L'idée de collection est un lien qui unit les deux personnages principaux car le travail d'Adrien est justement de vendre à ses collectionneurs. Il sera d'ailleurs demandé à Adrien s'il fait partie de la collection d'Haydée.
  • L'évolution des mœurs de la fin des années 60 se retrouve dans les rapports des personnages. Daniel dissimule un certain manque de maturité sous un discours misogyne et paternaliste traditionnel. Adrien intellectualise son oisiveté et ses contradictions. De son côté, Haydée s'épanouit avec simplicité dans une liberté sexuelle qui aujourd'hui pourrait paraître banale, mais qui à l'époque avait fait classer le film comme "Interdit aux moins de 18 ans".
  • La villa provençale est le Mas de Chastelas, située à Gassin sur la presqu'île de Saint-Tropez. Il s'agit d'une ancienne magnanerie, devenue la demeure de l'ancien propriétaire du Château de Bertaud[6],[7],[8].
  • Le directeur photo, Nestor Almendros, crée des plans tout en simplicité : le soleil inondant les rochers et l'eau transparente de la côte d'Azur, la pénombre indolente des chênes liège et des pins (il obtiendra douze ans plus l'Oscar de la meilleure photographie pour Les Moissons du ciel de Terrence Malick).
  • Les dialogues ont été conçus par Eric Rohmer et les trois acteurs principaux (Patrick Bauchau, Haydée Politoff et Daniel Pommereulle). Haydée Politoff et Daniel Pommereulle jouent sous leur propre prénom.

Notes et références

  1. Éric Rohmer: A Biography, Antoine de Baecque et Noel Herpe, Columbia University Press, 2016 (ISBN 978-0231175586).
  2. (en) « Six Moral Tales », sur criterion.com
  3. Un homme à la caméra (préf. François Truffaut), Hatier, coll. « Cinq continents », , 191 p. (ISBN 978-2218025877)
  4. Ruy Nogueira, Entretien avec Éric Rohmer, 'Filmcritica' no. 218, septembre-octobre 1971
  5. Palmarès de la Berlinale 1967.
  6. « Hôtel Le Mas de Chastelas », sur gassin.eu (consulté le )
  7. Magali Magnan, Le Domaine de Bertaud
  8. Michel GOUJON, La recluse : Le mystère Brigitte Bardot, Place des éditeurs, , 386 p. (ISBN 978-2-259-27826-3, lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Duvigneau, « La Collectionneuse », Téléciné no 134, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 47, (ISSN 0049-3287)

Liens externes