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« Affaire Lucien-Gilles de Vallière » : différence entre les versions

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== Procès et condamnation ==
== Procès et condamnation ==
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Vallière et Me Canet-Fischer forment un [[Pourvoi en cassation en droit français|pourvoi en cassation]].
Vallière et Me Canet-Fischer forment un [[Pourvoi en cassation en droit français|pourvoi en cassation]].


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=== Vie en prison ===
=== Vie en prison ===

Version du 25 juillet 2024 à 23:24

Lucien-Gilles de Vallière
Criminel
Image illustrative de l’article Affaire Lucien-Gilles de Vallière
Information
Nom de naissance Lucien-Gilles de Vallière
Naissance (57 ans)
Hésingue, (Haut-Rhin)
Nationalité Française
Surnom Le « monstre d'Annemasse »
L'« assassin aux cordelettes »
Le « pervers d'Annemasse »
Condamnation (réduit par cassation, le )
Sentence Réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans
Actions criminelles assassinat, tentative de meurtre, tentative de viol aggravé, agressions sexuelles, menaces de mort, séquestration
Victimes 1 + 10 blessées
Période -
Pays Drapeau de la France France
Drapeau de la Suisse Suisse
Régions Auvergne-Rhône-Alpes, Canton de Genève
Ville Annemasse, Genève
Arrestation

Lucien-Gilles de Vallière, né le à Hésingue[1],[2], est un criminel français, auteur de l'assassinat de Sophie Bouvier, 10 ans, le , à Annemasse. Il est également l'auteur de dix attaques, perpétrées à Annemasse et Genève, entre 1985 et 1991.

Confondu par la police en mars 1991, Vallière fut surnommé « Le monstre d'Annemasse » par la presse, puis « L'assassin aux cordelettes » par des documentaires judiciaires[3],[4].

Vallière est condamné, le , à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans. Il a formé un pourvoi en cassation, qui a été reçu par la Chambre criminelle, en octobre 1994, sous le motif que le période de sûreté de 30 ans ne pouvait s'appliquer pour les crimes antérieur à la Décision n° 86-215 DC du 3 septembre 1986. Celle-ci a donc a été réduite à 22 ans, par le biais de la cassation sans renvoi[5],[6],[7].

Il purge toujours sa peine à cette date[8],[9],[10].

Biographie

Lucien-Gilles de Vallière est né le à Hésingue[1],[2]. Son père est un professeur de mathématiques brillant, mais « froid de caractère », tandis que sa mère le couve. Il est fils unique.

En 1976, à l'âge de 9 ans, il est violé par un inconnu, qui l'entraîne dans une cave le force à lui pratiquer une fellation. Vallière est traumatisé par l'agression ainsi que l’indifférence de ses parents, vis-à-vis des faits, et commence à se brosser les dents excessivement[2],[11],[12],[13].

Il déménage à Annemasse, en 1979, après la séparation de ses parents, en décidant de rejoindre sa mère. C'est à cette période qu'il commence à se grimer en fille, puis à se bâillonner lui-même. Ce fantasme, réitéré par dégoût de femme, lui poursuit plusieurs années durant[2],[11],[12],[13],[14].

En 1984, sa mère tombe sur ses habits féminins et décide de les jeter. N'ayant plus de repères, Vallière décide de reproduire son « scénario » sur des fillettes[2],[11],[12],[13],[14].

Il obtient son baccalauréat, en juillet 1986, puis part à Genève pour commencer des études de chimie. Il abandonne cette formation, en 1987, et retourne vivre chez sa mère pour se consacrer à des Études d'informatique, qu'il exercera jusqu'à son arrestation, en 1991[2],[11],[13].

Affaire

Début de l'enquête

Le , vers 16h30, Vallière s'introduit chez Sophie Bouvier, 10 ans, alors que celle-ci est seule dans son appartement d'Annemasse. Il l'emmène dans le lit de ses parents puis la déshabille. Après lui avoir fait des attouchements, Vallière remarque une baignoire. Il fait couler un bain et plonge la tête de Sophie dans l'eau, qui meurt noyée. Dans le même temps, la mère de Sophie, qui est à son travail, tente d’appeler sa fille, mais s'inquiète de ne pas la joindre. Vers 17h, Guillaume Bouvier, le frère de la fillette, et son ami, Jérôme, âgés de 13 ans, rentrent de l'école. Surpris de voir la porte fermée à clé, Guillaume ouvre l'appartement avec sa propre clé. Ils croisent Vallière, qui leur demande si Sophie est rentrée. Le jeune homme quitte l'appartement, lorsque le téléphone retentit de nouveau. Guillaume décroche et tombe sur sa mère, inquiète de ne pas avoir de nouvelles de Sophie. Après que Guillaume lui ait demandé qui est le jeune homme qui se trouvait chez eux, la mère quitte son travail et se précipite dans l'appartement familial. Pendant ce temps, Guillaume et Jérôme cherchent Sophie et la retrouvent bâillonnée et noyée dans la baignoire. Les deux adolescents la libèrent de ses liens et appellent les urgences, mais la réanimation est un échec : Sophie est morte noyée, à l'âge de 10 ans[3],[4],[2],[11],[12],[13].

Guillaume et Jérôme dressent un portrait-robot de l'assassin de Sophie. Une enquête pour assassinat et abus sexuel sur mineure de moins de 15 ans est ouverte le lendemain. La presse, chargée de l'affaire, donne le surnom du « monstre d'Annemasse ». Le portrait-robot est diffusé et débouche sur des centaines de dénonciations[11].

Début , Jean-Luc Clouard, jeune journaliste, est placé en garde à vue concernant les faits. Il reconnaît être allé à Annemasse le jour du crime, dans le cadre de ses déplacements professionnels, mais nie avoir tué Sophie. Après plusieurs heures d'interrogatoires, il est finalement mis hors cause et relâché, après que son emploi du temps ait été corroboré[2],[11],[12].

Mi-, un homme ressemblant au portrait-robot est pris en flagrant délit, alors qu'il épiait devant l'école où était scolarisée Sophie. Placé en garde à vue, il s'effondre après avoir appris d'être suspecté pour assassinat et abus sexuel sur mineure de moins de 15 ans. Il avoue sa présence à l'école de Sophie car il dit être tombé amoureux d'une mère d'élève. Concernant le crime, il affirme avoir travaillé dans la banque qui l'emploie au moment des faits. Son alibi et vérifié puis confirmé par les enquêteurs, qui le libèrent[11],[12],[13].

Rapprochement avec d'autres affaires

Les enquêteurs, chargés de l'assassinat de Sophie, font un rapprochement avec deux attaques antérieures commises dans des immeubles d'Annemasse :

  • Angélique, 8 ans, rentre à pied de l'école, le , lorsqu'elle est attirée par son assaillant, dans le sous sol de son immeuble. Arrivés en bas, l'assaillant l'attache à l'aide d'une cordelette. Elle profite du fait qu'il tourne le dos pour courir vers l'ascenseur. La cordelette lui attachant le cou se coince et bloque l’ascenseur. Angélique s'en sort indemne, après avoir échappé à une pendaison, et l'assaillant s’enfuit[2],[11],[12],[13].
  • Stéphanie, 12 ans, rentre des cours, le , lorsqu'elle est entraînée dans le sous-sol de son immeuble. Son assaillant tente de l’étouffer et menace de la tuer si elle refuse de se taire. La fillette se mettant à crier, l'assaillant se met à l'étrangler. Stéphanie feint d'être morte et s’évanouit. À son réveil quelques minutes plus tard, son assaillant a pris la fuite. Après avoir déposé plainte, Stéphanie dresse un portrait-robot, mais l'enquête n'avance pas. En , le portrait-robot de l'assassin de Sophie est montré à Stéphanie, qui l’identifie comme son agresseur[2],[11],[12],[13],[15].

Attaques postérieures

Trois années passent avant que le « monstre d'Annemasse » ne commette de nouvelles attaques :

  • Sylvie, 15 ans, rentre des cours, au après-midi de janvier 1989, lorsqu'elle est attaquée par derrière à l'entrée de son appartement. Son assaillant tente de la violer, mais l'adolescente se débat. Dans la lutte, une vase se brise, faisant ainsi fuit l'assaillant. Du chloroforme est retrouvé sur la scène de crime, mais celui-ci ne permet pas de remonter à l'acheteur[2],[11],[12],[13].
  • Nathalie, 21 ans, rentre d'une soirée en discothèque, dans la nuit du 19 au , lorsqu'elle est attaquée par derrière, près d'un pont d'Annemasse. Son assaillant tente de la violer, mais décide de s'abstenir lorsque la jeune femme décide d'être consentante. Souffrant d'un léger retard mental, Nathalie s'était perdue dans les rues d'Annemasse. Elle dira aux policiers que son agresseur portait un sac à dos[2],[11],[12],[13].

Arrestation et incarcération

Dans la nuit du 24 au , vers 3h du matin, les policiers sont appelés pour un cambriolage. Après être descendus dans une rue d'Annemasse, ces derniers croisent Vallière, qui prend la fuite en les voyant. Vallière est rattrapé et interpellé après quelques mètres de course poursuite. Son sac à dos est fouillé et donne découverte à du sparadrap, des cordelettes et une bombe lacrymogène. Questionné sur sa présence dans la rue à cette heure-ci, Vallière déclare être à la recherche des personnes l'ayant agressé quelques temps auparavant. Convaincus que l'attirail du suspect est celui des crimes, les gendarmes perquisitionnent l'appartement de sa mère. Dans sa chambre, sont découverts plusieurs articles de presse du « monstre d'Annemasse », ainsi que 4 200 clichés de jeunes femmes que Vallière prenait depuis sa chambre. De retour au commissariat, les gendarmes affirment à Vallière avoir assez d'éléments contre lui. Après lui avoir demandé s'il était l'auteur de l'assassinat de Sophie, Vallière répond être le coupable et reconnaît les cinq attaques dont les policiers le soupçonnent. Dans la foulée de ses aveux, il reconnaît avoir commis six autres attaques, commises à Annemasse et à Genève, entre la fin des années 1980 et janvier 1991[2],[11],[12],[13],[14].

Le , Vallière, 23 ans, est inculpé pour assassinat, tentative de meurtre, tentative de viol aggravé, agressions sexuelles, menaces de mort et séquestration puis placé en détention provisoire, à la Maison d'arrêt de Grenoble-Varces[2],[11],[12],[13],[14].

L'arrestation de l'étudiant suscite l'incompréhension chez ses proches : sa mère et ses deux anciennes petites-amies sont consternées. L'avocate qu'il choisit, Me Jane Canet-Fischer, est également surprise de voir un tueur à travers ce « garçon au visage d'ange ». Son père, quant à lui, reste indifférent à l'arrestation et déclare Me Canet-Fischer, couper tout lien avec lui[2].

« Je ne veux plus jamais entendre parler de mon fils. D'ailleurs, ce n'est plus mon fils. Il a déshonoré mon nom. »

— M. de Vallière

La défense de Vallière s'appuie sur le fait que ses passages à acte son liés à un dédoublement de la personnalité, qui suscite une irresponsabilité pénale et une impossibilité à être jugé. Les experts psychiatres réfutent toutefois cette argument, estimant que la préparation des faits et l'attitude de Vallière ne faisait lieu d'aucune abolition du discernement[2],[11],[12].

En , Vallière est condamné à 7 ans de prison pour trois des agressions sexuelles aggravées[2],[11],[12],[13].

Procès et condamnation

Jugement en première instance

Le , s'ouvre son deuxième procès, pour l'assassinat de Sophie Bouvier, la tentative de meurtre de Stéphanie et la tentative de viol de Nathalie. Il est alors âgé de de 26 ans[2],[13],[14].

À son entrée dans la cour, le physique de Vallière surprend par sa maigreur : il mesure 1,83 m pour 60 kg. Lorsque Guillaume lui demande pour quelle raison il a noyé Sophie, l'accusé répond que l'eau est un fantasme. Avoir avoir expliqué avoir fait couler de l'eau froide, pour noyer la fillette, Vallière modifie sa version, en disant avoir fait couler de l'eau tiède, pour faire attention à ses derniers instants. Au moment du procès, les débats contre les assassins et violeurs d'enfants sont au plus haut, après les arrestations successives de Michel Sydor et Patrick Tissier, déjà condamnés pour meurtre(s) par le passé. Il est également évoqué la future mise en application de la perpétuité incompressible en France pour ce genre de criminels. Lors des réquisitions, l'avocat général requiert la peine maximale encourue pour Vallière : réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans. L'avocate de l'accusé, Maître Jane Canet-Fischer, demande des circonstances atténuantes, en raison du viol subi dans son enfance et de l'indifférence de ses parents à l'agression[2],[11],[12],[13],[14].

Le , Vallière est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans[2],[11],[12],[13],[14].

Recours en cassation

Vallière et Me Canet-Fischer forment un pourvoi en cassation.

La Cour de cassation annule le verdict, le , sous le motif que le période de sûreté de 30 ans ne peut s'appliquer pour les crimes antérieurs à la Décision n° 86-215 DC du 3 septembre 1986. La Chambre criminelle réduit la période de sûreté à 22 ans, celle-ci étant la peine maximale prévue lors de la commission des faits. Vallière ne sera cependant pas rejugé pour ces faits, la Cour estimant seule la peine à réduire : on parle alors de cassation sans renvoi[5],[6],[7].

Mme Bouvier et Stéphanie contestent cette décision mais, le , les oppositions sont déclarées irrecevables par la Cour de cassation[16],[17].

Vie en prison

Libérable depuis 2013, Vallière est toujours incarcéré à cette date et purge sa peine au Centre de détention de Melun[8],[9],[10].

Expertise psychiatrique

Le Dr Jean-Bernard Lemmel, l'un des psychiatres chargés de l'évaluer déclare dans une interview au Dauphiné libéré : « Sans être délirant ni hallucinatoire, il révélait une perversion de structure profonde, c’est d’ailleurs le seul homme que j’ai rencontré que j’ai qualifié de pervers incurable, un trouble de la personnalité assez fort qui est difficile à soigner ». Les expertises le qualifièrent de « pervers incurable »[11].

Bibliographie

Dans son livre Dans le ventre du loup, Héloïse Guay de Bellissen revient sur le meurtre de Sophie Bouvier[3],[4].

Références

  1. a et b « Au sommaire de Le Dauphiné Libéré - 09 juillet 2022 », sur ePresse.fr, (consulté le )
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t « Au bout de l'enquête », sur RTBF Auvio (consulté le )
  3. a b et c Jacques Pradel, « Le monstre d'Annemasse », RTL,‎ (lire en ligne)
  4. a b et c Sabine Pellission, « Littérature : le roman d’une enfance brisée », Le Dauphiné libéré,‎ (lire en ligne)
  5. a et b Cour de Cassation, Chambre criminelle, du 12 octobre 1994, 94-80.057, Inédit (lire en ligne)
  6. a et b « Décision n° 86-215 DC du 3 septembre 1986 | Conseil constitutionnel », sur www.conseil-constitutionnel.fr (consulté le )
  7. a et b Décision 86-215 DC - 03 septembre 1986 - Loi relative à la lutte contre la criminalité et la délinquance - Conformité, (lire en ligne)
  8. a et b « Haute-Savoie. 30 ans après, le “monstre d’Annemasse” fait toujours peur », sur www.ledauphine.com (consulté le )
  9. a et b « PressReader.com - Digital Newspaper & Magazine Subscriptions », sur www.pressreader.com (consulté le )
  10. a et b « Le monstre d’Annemasse, un « pervers incurable et dangereux » », sur Le Messager, (consulté le )
  11. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Marie Deghetto, « Faites entrer l'accusé : Gilles de Vallière, l'assassin aux cordelettes », Terrafemina,‎ (lire en ligne)
  12. a b c d e f g h i j k l m n o et p « Gilles De Vallière, l'assassin aux cordelettes », sur calameo.com (consulté le )
  13. a b c d e f g h i j k l m n o et p « Gilles de Vallière, le « pervers » d’Annemasse - L'intégrale », sur Europe 1, (consulté le )
  14. a b c d e f et g « Aux assises de Haute-Savoie Un homme de vingt-six ans est condamné à la prison à perpétuité pour des agressions à caractère sexuel », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Vincent Bouvet-Gerbettaz, « La libération des meurtriers et violeurs d'enfants en question », Le Dauphiné libéré,‎ (lire en ligne)
  16. Cour de Cassation, Chambre criminelle, du 29 mars 1995, 94-85.327, Publié au bulletin (lire en ligne)
  17. France, Cour de cassation, Chambre criminelle, 29 mars 1995, 94-85327, (lire en ligne)

Documentaires télévisés

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