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« Histoire du Primorié » : différence entre les versions

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{{Infobox Événement historique
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| evt2-10 date = {{date|6 septembre 1689}}
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L'{{dfn|histoire du Primorié}} est l'histoire du territoire connu aujourd'hui en tant que [[Kraï du Primorié|'''sujet''' '''russe du kraï du Primorié''']] (constitué en 1938) mais aussi celle du territoire plus vaste incluant ce que les Russes appelaient « '''Mandchourie-Extérieure''' » à l'époque de l'[[Empire russe]].
L'{{terme défini|histoire du Primorié}} est celle du territoire connu aujourd'hui en tant que sujet russe du [[kraï du Primorié]] (constitué en 1938), au sud du [[kraï de Khabarovsk]], dans le [[district fédéral extrême-oriental]], mais aussi celle du territoire plus vaste incluant ce que les Russes appelaient « [[Mandchourie-Extérieure]] » à l'époque de l'[[Empire russe]].


== Synthèse ==
Le territoire du Primorié est habité depuis plus de {{Unité|32 000|ans}} par des tribus [[toungouses]]. Dès la préhistoire, de nombreuses cultures se trouvent dans la région, dont les plus importantes sont les [[Culture de Zaïssanovka|cultures de Zaïssanovka]] et [[Culture de Yankovski|de Yankovski]]. Par la suite, le territoire est conquis par de nombreux empires, en suivant les intrigues politiques et militaires se déroulant en [[Chine]] et en [[Corée]]. Il est ainsi pris par le royaume coréen [[Balhae]], où la région est nommée Shuiaibin, puis par les [[Khitans]] de la [[dynastie Liao]] avant d'être intégré à la [[Dynastie Jin (1115-1234)|dynastie Jin]]. En 1234, le Primorié est conquis par les [[Mongols]] et tombe sous la domination de la [[dynastie Yuan]]. Ils sont supplantés par la [[dynastie Ming]] à la fin du {{S-|XIV}}<abbr>, puis les [[Jürchen|Jürchens]] unifient la région pendant le début du {{S-|XVII}}. Enfin il fait partie des empires de la [[dynastie des Jin postérieurs]], puis de la [[dynastie Qing]], où la région est nommée Woji.</abbr>
=== Préhistoire ===
Le territoire du Primorié est habité depuis plus de {{Unité|32000|ans}} [[Avant l'ère commune|AEC]] par des tribus venues d'autres régions d'Asie. Dès la préhistoire, de nombreuses cultures se trouvent dans la région, dont les plus importantes sont les [[Culture de Zaïssanovka|cultures de Zaïssanovka]] et [[Culture de Yankovski|de Yankovski]].
=== Moyen-Âge ===
Par la suite, le territoire est conquis par de nombreux empires, au gré des intrigues politiques et militaires se déroulant en [[Chine]] et en [[Corée]]. Il est ainsi pris par le royaume coréen [[Balhae]], la région étant alors nommée Shuiaibin, puis par les [[Khitans]] de la [[dynastie Liao]] avant d'être intégré à la [[Dynastie Jin (1115-1234)|dynastie Jin]]. En 1234, le Primorié est conquis par les [[Mongols]] et tombe sous la domination de la [[dynastie Yuan]]. Ils sont supplantés par la [[dynastie Ming]] à la fin du {{s-|XIV}}, puis les [[Jürchen]]s unifient la région pendant le début du {{s-|XVII}}. Enfin il fait partie des empires de la [[dynastie des Jin postérieurs]], puis de la [[dynastie Qing]], sous laquelle la région est nommée Woji.


=== 1655 : Russie ===
Les [[Russes]] arrivent dans la région pour la première fois en 1655, ce qui marque la fin de la [[conquête de la Sibérie]] et en fait avec le [[Kamtchatka]] la dernière région explorée et annexée de l'actuelle [[Russie]]. Il s'engage alors une course à la conquête entre l'[[Dynastie Qing|empire Qing]] d'un côté et le [[tsarat de Russie]] de l'autre. En 1689, l'empire Qing officialise la possession du territoire lors du [[traité de Nertchinsk]]. La région est cartographiée au {{S-|xviii}} par plusieurs [[Français (peuple)|Français]], dont [[Jean-François de La Pérouse]], officier de marine et explorateur.
Les [[Russes]] arrivent dans la région pour la première fois en 1655, ce qui marque la fin de la [[conquête de la Sibérie]] et en fait avec le [[Kamtchatka]] la dernière région explorée et annexée de l'actuelle [[Russie]]. Il s'engage alors une course à la conquête entre l'[[Dynastie Qing|empire Qing]] d'un côté et le [[tsarat de Russie]] de l'autre. En 1689, l'empire Qing officialise la possession du territoire lors du [[traité de Nertchinsk]]. La région est cartographiée au {{s-|XVIII}} par plusieurs [[Français (peuple)|Français]], dont [[Jean-François de La Pérouse]], officier de marine et explorateur.


=== 1850c : convoitises occidentales ===
Au cours de la seconde moitié du {{S-|XIX}}, les Européens, dont les [[Grande-Bretagne|Britanniques]] et les [[France|Français]], commencent à s’intéresser à l'[[Extrême-Orient]] et en particulier à la [[Chine]]. L'empire Qing, en position de faiblesse, se voit dans l'obligation d'accepter de nombreux traités inégaux, et l'Empire russe y prend sa part. C'est ainsi qu'en 1858 puis en 1860, les Russes signent avec la Chine, respectivement, le [[traité d'Aïgoun]] et la [[Convention de Pékin]], qui permettent l'annexion de la [[Mandchourie-Extérieure]] puis du Primorié. Lors de la [[guerre civile russe]], le territoire devient un bastion des [[Armées blanches]] et il est contrôlé par les Japonais dans le cadre de l'[[Intervention en Sibérie|intervention alliée en Sibérie]]. L'éphémère [[gouvernement provisoire de Priamour]] constitue le dernier bastion blanc de cette guerre. En octobre 1922, il est envahi par l'[[Armée rouge]], avec la prise de [[Vladivostok]] le 25. En parallèle, les troupes blanches et alliées fuient vers la [[Corée pendant la colonisation japonaise|Corée japonaise]] et l'archipel nippon.
Au cours de la seconde moitié du {{s-|XIX}}, les Européens, dont les [[Empire britannique|Britanniques]] et les [[Empire colonial francais|Français]], commencent à s’intéresser à l'[[Extrême-Orient]] et en particulier à la [[Chine]]. L'empire Qing, en position de faiblesse, se voit dans l'obligation d'accepter de nombreux [[traités inégaux]], et l'Empire russe y prend sa part. C'est ainsi qu'en 1858 puis en 1860, les Russes signent avec la Chine, respectivement, le [[traité d'Aïgoun]] et la [[convention de Pékin]], qui permettent l'annexion de la [[Mandchourie-Extérieure]] puis du Primorié. Lors de la [[guerre civile russe]], le territoire devient un bastion des [[Armées blanches]] et il est contrôlé par les [[Empire du Japon|Japonais]] dans le cadre de l'[[Intervention en Sibérie|intervention alliée en Sibérie]]. L'éphémère [[gouvernement provisoire de Priamour]] constitue le dernier bastion blanc de cette guerre. En {{date|octobre 1922}}, il est envahi par l'[[Armée rouge]], avec la prise de [[Vladivostok]] le 25. En parallèle, les troupes blanches et alliées fuient vers la [[Corée pendant la colonisation japonaise|Corée japonaise]] et l'archipel nippon.


=== URSS ===
La période [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]] voit le développement économique et militaire de la région. Avec la [[Collectivisation en Union soviétique|collectivisation des terres]] dans les années 1930, de nombreuses personnes émigrent dans le Primorié qui possède de nombreuses terres agricoles inexploitées. Les travailleurs du [[goulag]] affluent également, chargés de construire les infrastructures de la région. En 1938, alors que la Chine est partiellement sous [[Seconde guerre sino-japonaise|domination japonaise]] et que les tensions sont au plus haut entre l'URSS et le Japon, la [[bataille du lac Khassan]] se solde par une victoire soviétique. En 1945, le Primorié devient l'une des bases de lancement de l'[[Offensive soviétique de Mandchourie|invasion de la Mandchourie par l'Armée rouge]] à la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]]. Le Primorié voit avec la [[perestroïka]] la fin des subventions puis la [[dislocation de l'URSS]] et subit une crise économique qui engendre elle-même un exode massif de sa population vers la [[Russie européenne]]. Mais cette tendance se ralentit au fil des années, bénéficiant d'un exode des populations de l'extrême-Nord vers le sud et les grandes villes, dont Vladivostok. En 2012, la ville accueille le sommet de l'[[Coopération économique pour l'Asie-Pacifique|APEC]], et bénéficie de grandes rénovations et constructions.
La période [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]] voit le développement économique et militaire de la région. Avec la [[Collectivisation en Union soviétique|collectivisation des terres]] dans les {{nobr|années 1930}}, de nombreuses personnes émigrent dans le Primorié qui possède de nombreuses terres agricoles inexploitées. Les travailleurs du [[goulag]] arrivent également en masse, chargés de construire les infrastructures de la région. En 1938, alors que la Chine est partiellement sous [[Seconde guerre sino-japonaise|domination japonaise]] et que les tensions sont au plus haut entre l'URSS et le Japon, la [[bataille du lac Khassan]] se solde par une victoire soviétique. En 1945, le Primorié devient l'une des bases de lancement de l'[[Offensive soviétique de Mandchourie|invasion de la Mandchourie par l'Armée rouge]] à la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]]. Le Primorié voit avec la [[perestroïka]] la fin des subventions puis la [[dislocation de l'URSS]] et subit une crise économique qui engendre elle-même un exode massif de sa population vers la [[Russie européenne]]. Mais cette tendance se ralentit au fil des années, en raison de l'exode des populations de l'extrême-Nord vers le sud et les grandes villes, dont Vladivostok. En 2012, la ville accueille le sommet de l'[[Coopération économique pour l'Asie-Pacifique|APEC]], et bénéficie de grandes rénovations et constructions.


== Préhistoire ==
== Préhistoire ==
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==== Arrivée des premiers hommes ====
==== Arrivée des premiers hommes ====
[[Fichier:Долина_реки_Партизанской._Вид_с_сопки_Брат.jpg|vignette|La vallée de la [[Partizanskaïa (fleuve)|Partizanskaïa]] ; Iekaterinovka se situe en arrière-plan.|alt=Photographie depuis une hauteur d'une vallée large et plate, avec deux bras d'une même rivière au centre, avec au fond des montagnes.]]
[[Fichier:Долина_реки_Партизанской._Вид_с_сопки_Брат.jpg|vignette|La vallée de la [[Partizanskaïa (fleuve)|Partizanskaïa]] ; Iekaterinovka se situe en arrière-plan.|alt=Photographie depuis une hauteur d'une vallée large et plate, avec deux bras d'une même rivière au centre, avec au fond des montagnes.]]
Le début du peuplement du Primorié a commencé il y a plus de 30 000 ans{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=15}}, lorsque des tribus venus d'autres régions d'Asie comme la Mandchourie sont venues s'installer près des côtes. Ils étaient des chasseurs de [[Mammouth|mammouths]] et des cueilleurs, avec un mode de vie nomade, et ils chassaient en groupe. Leur stratégie de chasse consistait à pousser l'animal jusqu'à une falaise, le faire tomber puis de l'achever avant de prendre la viande. La première colonie humaine a été retrouvée près du village d'Ossinovka ([[Raïon de Mikhaïlovka (kraï du Primorié)|raïon de Mikhaïlovka]]), peuplée possiblement d'il y a entre 40 000 et 35 000 ans [[Avant le présent|AP]]. Ossinovka est considéré par l'archéologue soviétique [[Alekseï Okladnikov]] comme le premier complexe du paléolithique supérieur au Primorié{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=16}}. Cependant, il est supposé que les rives de la [[Suifen]] furent peuplées bien avant, mais aucune trace ne le prouve<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />. Les études archéologiques ont prouvé de larges similitudes entre les sites archéologiques du Primorié et ceux des [[Îles Kouriles]], de [[Sakhaline]] et de la partie nord-est de l'île d'[[Hokkaidō]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=8}}.
Le peuplement du Primorié a commencé il y a plus de {{unité|30000 ans}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=15}}, lorsque des tribus venues d'autres régions d'Asie comme la Mandchourie se sont installées près des côtes. Ces premiers habitants étaient des chasseurs de [[mammouth]]s et des cueilleurs, avec un mode de vie nomade, et ils chassaient en groupe. Leur stratégie de chasse consistait à pousser l'animal jusqu'à une falaise, le faire tomber puis l'achever avant de prendre la viande. La plus ancienne implantation humaine connue a été retrouvée près du village d'Ossinovka ([[Raïon de Mikhaïlovka (kraï du Primorié)|raïon de Mikhaïlovka]]), peuplée possiblement il y a {{formatnum:40000}} à {{nombre|35000 ans}} [[Avant le présent|AP]]. Ossinovka est considéré par l'archéologue soviétique [[Alekseï Okladnikov]] comme le premier complexe du paléolithique supérieur au Primorié{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=16}}. Cependant, il est supposé que les rives de la [[Suifen]] furent peuplées bien avant, mais aucune trace ne le prouve<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />. Les études archéologiques ont prouvé de profondes similitudes entre les sites archéologiques du Primorié et ceux des [[Îles Kouriles]], de [[Sakhaline]] et de la partie nord-est de l'île d'[[Hokkaidō]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=8}}.


Le Primorié est alors occupé par de larges forêts de feuillus dans les zones basses, de forêts de [[Pin de Sibérie|pins de Sibérie]] sur les versants et une taïga de conifères en haute montagne. La partie la plus septentrionale du Primorié est prédominée par des forêts de pins, le climat de tout le territoire est assez clément, se rapprochant du [[Géographie de la Corée du Sud#Climat|climat actuel]] de la [[Corée]], et le niveau de la mer est supérieur d'environ 10 mètres par rapport au niveau actuel. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les premiers peuplements de la culture d'Ossinovka (du XXXVIII<sup>e</sup> s. au XXX<sup>e</sup> s. [[Avant l'ère commune|AEC]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Осиновская культура |traduction titre=Culture d'Osinovka |url=https://sites.google.com/site/civilizacium/home/arheologia/osinovskaa-kultura |site=sites.google.com |consulté le=2023-02-24}}</ref>). De cette culture a été retrouvé des outils comme des pierres polies avec aussi des haches<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />.
Le Primorié est alors occupé par de vastes forêts de feuillus dans les zones basses, de forêts de [[Pin de Sibérie|pins de Sibérie]] sur les versants et une taïga de conifères en haute montagne ; dans la partie la plus septentrionale prédominent des forêts de pins. Le climat de tout le territoire est assez clément, se rapprochant du [[Géographie de la Corée du Sud#Climat|climat actuel]] de la [[Corée]], et le niveau de la mer est supérieur d'environ {{nobr|10 mètres}} au niveau actuel. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les premiers peuplements de la culture d'Ossinovka (du {{s mini-|XXXVIII}} au {{s-|XXX}} [[Avant l'ère commune|AEC]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Осиновская культура |traduction titre=Culture d'Osinovka |url=https://sites.google.com/site/civilizacium/home/arheologia/osinovskaa-kultura |site=sites.google.com |consulté le=2023-02-24}}</ref>). De cette culture ont été retrouvés des outils comme des pierres polies et des haches<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />.


==== Apogée de la dernière période glaciaire ====
==== Apogée de la dernière période glaciaire ====
Mais lors de l'apogée de la [[dernière période glaciaire]], le niveau de mer a baissé d'environ 90 à 100 mètres par rapport au niveau actuel, et d'autres changements climatiques ont eu lieu dans la région. Des populations venant de Chine et de Corée se sont ainsi installées dans la région, tandis que d'autres ont migrés vers le nord. À cette époque, la majeure partie du territoire est recouverte par des forêts de bouleaux et d'autres feuillus. Les montages sont, elles, couvertes par de la toundra, avec quelques glaciers sur les plus hauts sommets. Dans la partie sud, des forêts de conifères subsistent tandis que les pourtours du Khanka sont couverts de marécages<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />. Les mammouths et autres animaux étaient chassés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=17}}. De cette période, l'on retrouve la seconde culture importante du Primorié, celle d'Oustinovka, datée au [[carbone 14]] de 18 170 (±150) ans à 10 780 (± 50) AP<ref name=":35" />, bien que des études plus récentes situent la fin de la culture vers 9000/8000 AP{{Sfn|Lyashchevskaya|Bazarova|Dorofeeva|Leipe|2022|p=74}}. En plus des contacts avec la Chine et la Corée, les peuples locaux ont aussi eux des contacts avec les cultures du bassin de l'[[Amour (fleuve)|Amour]], de [[Sakhaline]] et du [[Japon]], alors accessibles grâce au niveau de la mer plus bas<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref name=":35">{{Lien web |langue=ru |auteur=Gladychev S.A. |titre=Поздний палеолит Приморского региона после последнего оледенения |traduction titre=[[Paléolithique supérieur]] de la région du Primorié après la dernière glaciation |url=http://www.paeas.ru/Articleru/502 |série=Проблемы археологии, этнографии, антропологии
Mais lors de l'apogée de la [[dernière période glaciaire]], le niveau de mer a baissé d'environ 90 à {{nobr|100 mètres}} par rapport au niveau actuel, et d'autres changements climatiques ont eu lieu dans la région. Des populations venant de Chine et de Corée se sont ainsi installées dans la région, tandis que d'autres ont migré vers le nord. À cette époque, la majeure partie du territoire est recouverte par des forêts de bouleaux et d'autres feuillus. Les montagnes sont, elles, couvertes par de la toundra, avec quelques glaciers sur les plus hauts sommets. Dans la partie sud, des forêts de conifères subsistent tandis que les pourtours du Khanka sont couverts de marécages<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />. Les mammouths et autres animaux étaient chassés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=17}}. De cette période, l'on retrouve la seconde culture importante du Primorié, celle d'Oustinovka, datée au [[carbone 14]] de {{formatnum:18170}} (±150) ans à {{formatnum:10780}} (± 50) AP<ref name=":35" />, bien que des études plus récentes en situent la fin vers {{formatnum:9000}}/{{unité|8000|AP}}{{Sfn|Lyashchevskaya|Bazarova|Dorofeeva|Leipe|2022|p=74}}. Les peuples locaux ont des contacts avec la Chine et la Corée, mais aussi avec les cultures du bassin de l'[[Amour (fleuve)|Amour]], de [[Sakhaline]] et du [[Japon]], alors accessibles grâce au niveau de la mer plus bas<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref name=":35">{{Lien web |langue=ru |auteur=Gladychev S.A. |titre=Поздний палеолит Приморского региона после последнего оледенения |traduction titre=[[Paléolithique supérieur]] de la région du Primorié après la dernière glaciation |url=http://www.paeas.ru/Articleru/502 |série=Проблемы археологии, этнографии, антропологии Сибири и сопредельных территорий (ISSNː 2658-6193) / Tome XXVII |site=www.paeas.ru |année=2021 |doi=10.17746/2658-6193.2021.27.0099-0104 |consulté le=2023-02-20}}</ref>.
Сибири и сопредельных территорий (ISSNː 2658-6193) / Tome XXVII |site=www.paeas.ru |année=2021 |doi=10.17746/2658-6193.2021.27.0099-0104 |consulté le=2023-02-20}}</ref>.


==== Passage à l'Holocène ====
==== Passage à l'Holocène ====
Lors du passage du [[Pléistocène]] à l'[[Holocène]] (il y a 12 000 à 10 000 ans AP), le climat primorien était plus sec, et un peu plus froid, avant de se réchauffer d'environ 1 à 2°C par rapport au climat actuel il y a de cela 9 300 à 8 000 ans. À ce moment-là, les principaux peuplements sont situés dans les vallées fluviales ou sur leurs bords, dans de plus petites vallées. Des outils plus perfectionnés apparaissent, pour couper la viande et la transformer, ainsi que des outils d'[[ébéniste]] et pour les produits de la pêche. La chasse, la pêche dans les rivières et la cueillette sont encore les seuls moyens d'approvisionnement en nourriture. Concernant la pêche, des sites saisonniers apparaissent spécialement comme camp saisonnier de pêche. C'est lors de cette période que les [[Mammouth|mammouths]] et que d'autres grands animaux disparaissent, les populations se tournant alors vers les cerfs, sangliers, renards et autres petits animaux. Des arcs sont ainsi créés avec des flèches, la lance étant bien moins utile. La forêt permettait la cueillette de noix, champignons et d'autres plantes pour les populations<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=палеолит Уссурийского городского округа |traduction titre=Paléolithique dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk. |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-paleolit.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>.
Lors du passage du [[Pléistocène]] à l'[[Holocène]] (il y a {{unité|12000|à=10000|ans}} AP), le climat primorien était plus sec, et un peu plus froid, avant de se réchauffer d'environ 1 à {{tmp|2|°C}} par rapport au climat actuel il y a de cela {{unité|9300|à=8000|ans}}. À ce moment-là, les principaux peuplements sont situés dans les vallées fluviales ou sur leurs bords, dans de plus petites vallées. Des outils plus perfectionnés apparaissent, pour couper la viande et la transformer, ainsi que des outils d'[[ébéniste]] et pour les produits de la pêche. La chasse, la pêche dans les rivières et la cueillette sont encore les seuls moyens d'approvisionnement en nourriture. Concernant la pêche, des sites ont été occupés spécialement comme camps saisonniers de pêche. C'est lors de cette période que les [[mammouth]]s et d'autres grands animaux disparaissent, les populations se tournant alors vers les cerfs, sangliers, renards et autres petits animaux. Arcs et flèches remplacent la lance, bien moins utile. La forêt permettait la cueillette de noix, champignons et d'autres plantes pour les populations<ref name=":2" group="fegi" />{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=палеолит Уссурийского городского округа |traduction titre=Paléolithique dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk. |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-paleolit.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>.


Lors du début du réchauffement, il y a environ 9 300 ans, de nouvelles colonies apparaissent, souvent le long des rivières, mais aussi aux bords des lacs, transitionnant vers un mode sédentaire. Pour la première fois des [[Poterie|poteries]] sont faites dans la région. Dans le Primorié central, l'[[obsidienne]] est utilisée pour la première fois dans la fabrication d'outils en pierre au Primorié<ref group="fegi" name=":2">{{Lien web |langue=ru |auteur=Kononenko N.A. |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chef du laboratoire de l'âge de la pierre et du paléométal de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'[[Académie des sciences de Russie]]. |titre=Палеолит |traduction titre=Paléolithique |description=Paléolithique au Primorié |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/paleo.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref group="fegi" name="www.fegi.ru_pam">{{ lien web | langue=ru
Lors du début du réchauffement, il y a environ {{unité|9300|ans}}, de nouvelles colonies apparaissent, souvent le long des rivières, mais aussi aux bords des lacs, évoluant vers un mode sédentaire. Pour la première fois des [[poterie]]s sont faites dans la région. Dans le Primorié central, l'[[obsidienne]] est utilisée pour la première fois dans la fabrication d'outils en pierre au Primorié<ref group="fegi" name=":2">{{Lien web |langue=ru |auteur=Kononenko N.A. |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chef du laboratoire de l'âge de la pierre et du paléométal de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'[[Académie des sciences de Russie]]. |titre=Палеолит |traduction titre=Paléolithique |description=Paléolithique au Primorié |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/paleo.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref group="fegi" name="www.fegi.ru_pam">{{lien web | langue=ru
| auteur=NIKITIN Yury Gennadievich
| auteur=NIKITIN Yury Gennadievich
| responsabilité1=Chercheur du secteur de l'archéologie médiévale de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'[[Académie des sciences de Russie]].
| responsabilité1=Chercheur du secteur de l'archéologie médiévale de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'[[Académie des sciences de Russie]].
| titre=АРХЕОЛОГИЧЕСКИЕ ПАМЯТНИКИ
| titre=АРХЕОЛОГИЧЕСКИЕ ПАМЯТНИКИ
НА ТЕРРИТОРИИ ПРИМОРСКОГО КРАЯ
НА ТЕРРИТОРИИ ПРИМОРСКОГО КРАЯ
| traduction titre=Sites archéologiques du territoire du Primorié
| traduction titre=Sites archéologiques du territoire du Primorié
| url=http://www.fegi.ru/primorye/history/pam.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-20}}</ref>.
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==== Premières cultures néolithiques ====
==== Premières cultures néolithiques ====
[[Fichier:Primorsky_krai_Neolithic_cultures_fr.jpg|vignette|Aires approximatives de répartition des premières cultures néolithiques au Primorié. |alt=Carte du Primorié montrant les aires approximatives des cultures de l'époque. Au sud, il y a la culture de Boïsman; dans le centre-sud du Khanka à la mer du Japon la culture de Roudnaïa, et dans le centre-nord la culture de Vetka.]]
[[Fichier:Primorsky_krai_Neolithic_cultures_fr.jpg|vignette|Aires approximatives de répartition des premières cultures néolithiques au Primorié. |alt=Carte du Primorié montrant les aires approximatives des cultures de l'époque. Au sud, il y a la culture de Boïsman ; dans le centre-sud du Khanka à la mer du Japon la culture de Roudnaïa, et dans le centre-nord la culture de Vetka.]]
Entre 8 000 ans et 6 000 ans AP, le climat se réchauffe fortement, avec des hivers ayant une température moyenne de {{unité|10|°C}} par rapport à l'actuel et des étés {{unité|5|°C}} plus chauds qu'actuellement. Cela est croisé à une élévation du niveau de la mer de {{unité|3 mètres}} supérieure au niveau actuel. Ainsi, de nombreux lieux supposés datantpaléolithique se sont retrouvés sous les eaux, et les populations sont remontées vers les terres, provoquant des changements sociaux. Sur le littoral, des baies et lagunes se sont formées, propices à la pêche ainsi qu'au ramassage de coquillages et à la chasse d'animaux marins. C'est dans cet environnement que trois cultures néolithiques se sont développées en même temps au Primorié. L'une, celle de [[Culture de Boismanskaya|Boïsman]], est apparue sur le pourtour du golfe Pierre-le-Grand ; celle de Roudnaïa s'étendait du lac Khanka jusqu'à la côte orientale dans les parties sud et centre ; celle de Vetka, enfin, très peu connue et étudiée, s'est développée dans le centre et le centre nord, sur le versant occidental du Sikhote-Aline<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref name=":1" group="fegi" />{{,}}<ref name=":2" />.[[Fichier:Пещера_Чертовы_ворота.jpg|vignette|258x258px|Entrée de la grotte de la Porte du Diable.|alt=Photographie dans une forêt de l'entrée d'une grotte avec une ouverture assez large sur une paroi rocheuse.]]
Entre {{unité|8000|et=6000|ans}} AP, le climat se réchauffe fortement, avec des hivers ayant une température moyenne de 10 °C au-dessus des températures hivernales actuelles et des étés {{unité|5|°C}} plus chauds qu'actuellement. Ce réchauffement est associé à l'élévation de la mer de {{nobr|3 mètres}} au-dessus du niveau actuel. Ainsi, de nombreux lieux supposés dater du paléolithique se sont retrouvés sous les eaux, et les populations sont remontées vers les terres, provoquant des changements sociaux. Sur le littoral, des baies et lagunes se sont formées, propices à la pêche ainsi qu'au ramassage de coquillages et à la chasse d'animaux marins. C'est dans cet environnement que trois cultures néolithiques se sont développées en même temps au Primorié. L'une, celle de [[Culture de Boismanskaya|Boïsman]], est apparue sur le pourtour du golfe Pierre-le-Grand ; celle de Roudnaïa s'étendait du lac Khanka jusqu'à la côte orientale dans les parties sud et centre ; celle de Vetka, enfin, très peu connue et étudiée, s'est développée dans le centre et le centre nord, sur le versant occidental du Sikhote-Aline<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref name=":1" group="fegi" />{{,}}<ref name=":2" />.
La culture de Roudnaïa, a émergé au milieu du [[VIe millénaire av. J.-C.|VI<sup>e</sup> millénaire av. J.-C.]] (7 500 ans AP) sur un axe allant du lac Khanka jusqu'à la côte de la mer du Japon au niveau de [[Roudnaïa Pristan]] et du [[raïon de Lazo]]<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref name=":1" group="fegi" />{{,}}<ref name=":26">{{Lien web |langue=ru |auteur=V. I. Dyakov |titre=РУДНИНСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture de Roudnaïa |url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/3518205 |série=[[Grande Encyclopédie russe]] |site=old.bigenc.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>. Leur plus grande trace est la [[Grotte de Tchertovy Vorota|grotte de la Porte du Diable]]. Selon les études génétiques, les peuples de cette culture étaient proches génétiquement des [[Oultches]], des [[Oroqen]], des [[Hezhen]], tous des peuples locuteurs de [[langues toungouses]] de la région du fleuve l'[[Amour (fleuve)|Amour]] {{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=18}}. Cette culture s'est éteinte au [[Ve millénaire av. J.-C.|V<sup>e</sup> millénaire av. J.-C.]]<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref name=":1" group="fegi" />{{,}}<ref name=":26" />.


[[Fichier:Пещера_Чертовы_ворота.jpg|vignette|Entrée de la grotte de la Porte du Diable.|alt=Photographie dans une forêt de l'entrée d'une grotte avec une ouverture assez large sur une paroi rocheuse.]]
La seconde culture est celle [[Culture de Boïsman|de Boïsman]], apparue il y a 6 000 ans ([[IVe millénaire av. J.-C.|IV<sup>e</sup> millénaire av. J.-C.]]) dans le sud du Primorié pendant le [[néolithique moyen]]. Elle doit son nom à la baie de Boïsman ([[raïon de Khassan]]), où un de ses sites fut découvert pour la première fois. Elle se caractérise par de petits villages côtiers avec quelques habitations. Les habitants étaient des pêcheurs, pêchant à la fois dans les lagunes mais aussi en mer pendant la période estivale<ref group="fegi" name="www.fegi.ru_pam" />. Dans les sites de Boïsman I et II (au sud de [[Slavianka (kraï du Primorié)|Slavianka]]) se trouve des sépultures, les plus anciennes du Primorié, ainsi que des vestiges d'habitations. Les sépultures ont révélées que les populations se situaient génétiquement à mi-chemin entre celles de Mongolie et celles du Japon de la [[période Jōmon]]<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Chuan-Chao|nom1=Wang|prénom2=Hui-Yuan|nom2=Yeh|prénom3=Alexander N.|nom3=Popov|prénom4=Hu-Qin|nom4=Zhang|titre=The Genomic Formation of Human Populations in East Asia|périodique=BioRxiv|date=2020-03-25|doi=10.1101/2020.03.25.004606v1|lire en ligne=https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.03.25.004606v1|consulté le=2023-02-20|pages=2020.03.25.004606}}</ref>. Enfin, ces populations avaient domestiqués les chiens<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Robert J.|nom1=Losey|prénom2=Tatiana|nom2=Nomokonova|prénom3=Eric|nom3=Guiry|prénom4=Lacey S.|nom4=Fleming|titre=The evolution of dog diet and foraging: Insights from archaeological canids in Siberia|périodique=Science Advances|volume=8|numéro=29|date=2022-07-22|issn=2375-2548|doi=10.1126/sciadv.abo6493|lire en ligne=https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abo6493|consulté le=2023-02-20|pages=eabo6493}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Бойсманская культура |traduction titre=Culture de Boïsman |url=http://bsk.nios.ru/enciklodediya/boysmanskaya-kultura |site=bsk.nios.ru |date=197 |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref name=":2">{{Lien web |langue=ru |titre=неолит Уссурийского городского округа |traduction titre=Néolithique dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-neolit.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref group="fegi" name=":1">{{Lien web |langue=ru |auteur=VOSTRETSOV Yury Evgenievich |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chef. Laboratoire de paléoécologie humaine de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Неолит |traduction titre=Néolithique |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/neolit.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-20}}</ref>.

La culture de Roudnaïa a émergé au milieu du {{-mi-|VI}} ({{unité|7500|ans}} AP) sur un axe allant du lac Khanka jusqu'à la côte de la mer du Japon au niveau de [[Roudnaïa Pristan]] et du [[raïon de Lazo]]<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref name=":1" group="fegi" />{{,}}<ref name=":26">{{Lien web |langue=ru |auteur=V. I. Dyakov |titre=РУДНИНСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture de Roudnaïa |url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/3518205 |série=[[Grande Encyclopédie russe]] |site=old.bigenc.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>. Son site archéologique majeur est la [[Grotte de Tchertovy Vorota|grotte de la Porte du Diable]]. Selon les études génétiques, les peuples de cette culture étaient proches des [[Oultches]], des [[Oroqen]], des [[Hezhen]], tous des peuples locuteurs de [[langues toungouses]] de la région du fleuve [[Amour (fleuve)|Amour]] {{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=18}}. Cette culture s'est éteinte au {{-mi-|V}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref name=":1" group="fegi" />{{,}}<ref name=":26" />.

La seconde culture est celle [[Culture de Boïsman|de Boïsman]], apparue il y a {{unité|6000|ans}} ({{-mi-|IV}}) dans le sud du Primorié pendant le [[Néolithique moyen]]. Elle doit son nom à la baie de Boïsman ([[raïon de Khassan]]), où un de ses sites fut découvert. Elle se caractérise par de petits villages côtiers avec quelques habitations. Les habitants étaient des pêcheurs, pêchant à la fois dans les lagunes mais aussi en mer pendant la période estivale<ref group="fegi" name="www.fegi.ru_pam" />. Dans les sites de Boïsman {{I}} et {{II}} (au sud de [[Slavianka (kraï du Primorié)|Slavianka]]) se trouvent des sépultures, les plus anciennes du Primorié, ainsi que des vestiges d'habitations. Les sépultures ont révélé que les populations se situaient génétiquement à mi-chemin entre celles de Mongolie et celles du Japon de la [[période Jōmon]]<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Chuan-Chao|nom1=Wang|prénom2=Hui-Yuan|nom2=Yeh|prénom3=Alexander N.|nom3=Popov|prénom4=Hu-Qin|nom4=Zhang|titre=The Genomic Formation of Human Populations in East Asia|périodique=BioRxiv|date=2020-03-25|doi=10.1101/2020.03.25.004606v1|lire en ligne=https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.03.25.004606v1|consulté le=2023-02-20|pages=2020.03.25.004606}}</ref>. Enfin, ces populations avaient domestiqué les chiens<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Robert J.|nom1=Losey|prénom2=Tatiana|nom2=Nomokonova|prénom3=Eric|nom3=Guiry|prénom4=Lacey S.|nom4=Fleming|titre=The evolution of dog diet and foraging: Insights from archaeological canids in Siberia|périodique=Science Advances|volume=8|numéro=29|date=2022-07-22|issn=2375-2548|doi=10.1126/sciadv.abo6493|lire en ligne=https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abo6493|consulté le=2023-02-20|pages=eabo6493}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Бойсманская культура |traduction titre=Culture de Boïsman |url=http://bsk.nios.ru/enciklodediya/boysmanskaya-kultura |site=bsk.nios.ru |date=197 |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref name=":2">{{Lien web |langue=ru |titre=неолит Уссурийского городского округа |traduction titre=Néolithique dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-neolit.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref group="fegi" name=":1">{{Lien web |langue=ru |auteur=VOSTRETSOV Yury Evgenievich |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chef. Laboratoire de paléoécologie humaine de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Неолит |traduction titre=Néolithique |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/neolit.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-20}}</ref>.


==== Culture de Zaïssanovka ====
==== Culture de Zaïssanovka ====
{{Aide détaillée|Culture de Zaïssanovka}}
{{Aide détaillée|Culture de Zaïssanovka}}
[[Fichier:Zaysanovka_cultural_area_Primorsky_Krai_fr.jpg|vignette|Territoire approximatif de la culture de Zaïssanovka.|alt=Carte du kraï du Primorié, avec dans la partie inférieure l'étendue de la culture de Zaïssanovka. La culture s'étendait de la frontière à la Mandchourie à l'ouest à la mer du Japon au sud et à l'est et jusqu'au lac Khanka au nord.]]
[[Fichier:Zaysanovka_cultural_area_Primorsky_Krai_fr.jpg|vignette|Territoire approximatif de la culture de Zaïssanovka.|alt=Carte du kraï du Primorié, avec dans la partie inférieure l'étendue de la culture de Zaïssanovka. La culture s'étendait de la frontière à la Mandchourie à l'ouest à la mer du Japon au sud et à l'est, et jusqu'au lac Khanka au nord.]]
La [[culture de Zaïssanovka]] est la culture la plus importante du néolithique au Primorié, prenant place pendant le néolithique tardif. Elle s'étend du [[IIIe millénaire av. J.-C.|III<sup>e</sup> millénaire av. J.-C.]] jusqu'au [[Ier millénaire av. J.-C.|I<sup>er</sup> millénaire av. J.-C.]], sur un territoire allant du [[raïon de Terneï]] jusqu'aux territoires frontaliers actuels, en Chine et en Corée, occupant toute la moitié sud du Primorié. Elle a été nommée d'après le village de Zaïssanovka dans le sud du raïon de Khassan, où existe le site de Gladkaïa, le premier retrouvé de cette culture. Cette culture est née d'un refroidissement du climat dans la région, qui a bouleversé les cultures existantes, et les a fait fusionner en une seule. Cette origine multiple a permis aux Zaïssanovites (''зайсановцев'' en [[russe]]) de pouvoir vivre dans des espaces aussi variés que les littoraux, les forêts, les plaines et les montagnes. La culture de Zaïssanovka est associée dans la préhistoire du Primorié à une arrivée de populations maîtrisant l'agriculture, du nord de la Corée, population arrivant à cause de la dégradation de l'écosystème coréen. Enfin, elle est associée à un accroissement important du nombre de villages, et à l'agrandissement de leurs tailles, avec bien plus d'habitations<ref group="fegi" name=":1" />.
La [[culture de Zaïssanovka]] est la plus importante du néolithique au Primorié. Rattachée au néolithique tardif, elle s'étend du {{-mi-|III}} jusqu'au {{-mi-|I}}, sur un territoire allant du [[raïon de Terneï]] jusqu'aux territoires frontaliers actuels, en Chine et en Corée, occupant toute la moitié sud du Primorié. Elle a été nommée d'après le village de Zaïssanovka dans le sud du raïon de Khassan, où se trouve le site de Gladkaïa, le premier retrouvé de cette culture. Cette culture est favorisée par le refroidissement du climat dans la région, qui a bouleversé les cultures existantes, et les a fait fusionner en une seule. Cette origine multiple a permis aux Zaïssanovites (''зайсановцев'' en [[russe]]) de vivre dans des espaces aussi variés que les littoraux, les forêts, les plaines et les montagnes. La culture de Zaïssanovka est associée dans la préhistoire du Primorié à l’arrivée de populations maîtrisant l'agriculture, ayant quitté le nord de la Corée à cause de la dégradation de l'écosystème coréen. Enfin, elle est associée à l'accroissement important du nombre et de la taille de villages<ref group="fegi" name=":1" />.


La période la plus ancienne de cette culture date d'il y a environ 5000 ans, avec le site le plus ancien étant celui de Krounovka 1 ([[okroug urbain d'Oussouriïsk]])<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":9">{{Lien web |langue=ru |titre=Зайсановская культура неолита Приморья |traduction titre=Culture de Zaïssanovka du Primorié |url=http://www.bibliotekar.ru/3-1-75-neolit/149.htm |série=Новый каменный век. Археология СССР |site=www.bibliotekar.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref group="fegi" name=":8" />. La chasse était le principal moyen pour se nourrir, comme le confirmenetles nombreux outils de chasses et ossements d'animaux retrouvés<ref name=":10">{{Lien web |langue=ru |auteur=O. V. Dyakova |titre=ЗАЙСАНОВСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture de Zaïssanovka|url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/1985837 |site=[[Grande Encyclopédie russe]] |consulté le=2023-02-20}}</ref>. La pêche était une part essentielle de l'économie sur les côtes, ainsi que la cueillette, y compris des molusques sur les côtes<ref name=":9" />.[[Fichier:Новороссия,_Приморский_край.jpg|vignette|250x250px|Vallée de l'Artiomvka.|alt=Photographie d'une vallée large avec de la végétation et des clairières, avec une petite rivière au centre et des monts en arrière-plan. Une route passe à travers la vallée à droite.]]
Les signes les plus anciens de cette culture datent d'il y a environ {{nombre|5000 ans}}, le site le plus ancien étant celui de {{nobr|Kroounovka 1}} ([[okroug urbain d'Oussouriïsk]])<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":9">{{Lien web |langue=ru |titre=Зайсановская культура неолита Приморья |traduction titre=Culture de Zaïssanovka du Primorié |url=http://www.bibliotekar.ru/3-1-75-neolit/149.htm |série=Новый каменный век. Археология СССР |site=www.bibliotekar.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref group="fegi" name=":8" />. La chasse était la principal ressource alimentaire, comme le confirment les nombreux outils de chasse et ossements d'animaux retrouvés<ref name=":10">{{Lien web |langue=ru |auteur=O. V. Dyakova |titre=ЗАЙСАНОВСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture de Zaïssanovka|url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/1985837 |site=[[Grande Encyclopédie russe]] |consulté le=2023-02-20}}</ref>. La pêche jouait un rôle essentiel sur le littoral, ainsi que la cueillette, y compris des mollusques sur les côtes<ref name=":9" />.
Mais la grande révolution de cette culture est l'arrivée de l'[[agriculture]] dans le Primorié, pratiquée surtout dans la [[Géographie du Primorié#Plaine du Khanka|plaine du Khanka]] et celle de la Suifen. Cette révolution est associée à la [[domestication]], en particulier du chien, qui s'étend à l'ensemble de la région, et qui est utilisé comme viande. L'artisanat prend son essor, avec la fabrication plus poussée de vêtements à partir de peaux, mais aussi d'objets ornementaux ou de paniers pour la cueillette. Les maisons de cette époque sont en bois, avec une moitié est destinée aux humains, et l'autre destinée aux animaux et à l'artisanat<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":9" />.


[[Fichier:Новороссия,_Приморский_край.jpg|vignette|Vallée de l'Artiomvka.|alt=Photographie d'une vallée large avec de la végétation et des clairières, avec une petite rivière au centre et des monts en arrière-plan. Une route passe à travers la vallée à droite.]]
Sur les ornements des poteries, on a retrouvé des motifs similaires à ceux du [[Période Jōmon#Chronologie de la période Jōmon|Jōmon moyen]] et de la Corée, prouvant l'existence de liens avec ces territoires<ref name=":9" />. Le site de Sini Gaï, dans le [[Raïon de Tchernigovka (kraï du Primorié)|raïon de Tchernigovka]], a montré que cette culture avait un mode de vie sédentaire ancré, avec une organisation communautaire et un collectivisme quant aux terres{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=20}}.


Mais la grande révolution de cette culture est l'arrivée de l'[[agriculture]] dans le Primorié, pratiquée surtout dans la [[plaine du Khanka]] et celle de la Suifen. Cette révolution est associée à la [[domestication]], en particulier du chien, qui s'étend à l'ensemble de la région, l’animal étant élevé pour sa viande. L'artisanat prend son essor, avec la fabrication plus poussée de vêtements à partir de peaux, mais aussi d'objets ornementaux ou de paniers pour la cueillette. Les maisons de cette époque sont en bois, avec une moitié destinée à l'habitation, et l'autre aux animaux et à l'artisanat<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":9" />.
Le dernier stade de la culture de Zaïssanovka date d'il y a environ 4 000 à 3500 ans, soit entre le [[IIe millénaire av. J.-C.|II<sup>e</sup> millénaire av. J.-C.]] et le [[Ve siècle av. J.-C.]]. Les villages sont en plaine pour l'agriculture. Les populations cultivent le [[Mil (céréale)|mil]] apporté du nord de la Corée, et pratiquent massivement la pêche sur les côtes<ref name=":9" />. Mais, en général, alors qu'au début du néolithique, la pêche était la principale activité économique, à la fin c'est l'agriculture qui l'a supplantée{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=20}}.

Les ornements des poteries comprennent des motifs similaires à ceux du [[Période Jōmon#Chronologie de la période Jōmon|Jōmon moyen]] et de la Corée, ce qui prouve l'existence de liens avec ces territoires<ref name=":9" />. Le site de Sini Gaï, dans le [[Raïon de Tchernigovka (kraï du Primorié)|raïon de Tchernigovka]], a montré que cette culture avait un mode de vie sédentaire ancré, avec une organisation communautaire et des terres exploitées collectivement{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=20}}.

Le dernier stade de la culture de Zaïssanovka date d'il y a environ {{unité|4000|à=3500|ans}}, soit entre le {{-mi-|II}} et le {{-s-|V}} Les villages sont en plaine pour l'agriculture. Les populations cultivent le [[Mil (céréale)|mil]] apporté du nord de la Corée, et pratiquent massivement la pêche sur les côtes<ref name=":9" />. Mais, en général, alors qu'au début du néolithique, la pêche était la principale activité économique, à la fin c'est l'agriculture qui l'a supplantée{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=20}}.


=== Âge du bronze ===
=== Âge du bronze ===
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==== Situation générale ====
==== Situation générale ====
[[Fichier:Principales_cultures_âge_du_bronze_Primorié_fr.jpg|vignette|Carte approximative des principales cultures.|alt=Carte du kraï du Primorié, avec dans le centre-sud-est la culture de Sinégaï, celle Margartovka au sud le long du Golfe de Pierre-le-Grand. Dans l'est, le long de la mer du Japon, il y a la culture de Lidovka.]]
[[Fichier:Principales_cultures_âge_du_bronze_Primorié_fr.jpg|vignette|Carte approximative des principales cultures.|alt=Carte du kraï du Primorié, avec dans le centre-sud-est la culture de Sinégaï, celle Margartovka au sud le long du Golfe de Pierre-le-Grand. Dans l'est, le long de la mer du Japon, il y a la culture de Lidovka.]]
L'[[âge du bronze]] au Primorié aurait commencé vers le [[XVe siècle av. J.-C.]], pendant le IIe millénaire av. J.-C., se superposant avec la fin de la culture de Zaïssanovka. Il y a un doute quant au début de cet âge, avec d'une part l'analogie d'évolution entre la [[culture d'Andronovo]], en Sibérie méridionale, et le Primorié, ce qui ferait qu'elle aurait commencé entre la fin du IIIe millénaire et le début du II millénaire. Mais pour d'autres, elle aurait commencé vers la seconde moitié du IIe millénaire, se propageant depuis la Chine. Le principal problème est la faible quantité des éléments nécessaires à la fabrique du bronze dans la région. Ainsi, il faut soit se référer à d'autres évolutions pour savoir quand l'âge commence, soit regarder les quelques sites avec du bronze, soit regarder ce qui se passe en Corée et en Mandchourie. L'âge du bronze se divise en trois cultures principales que sont celles de Sinégaï (ou Sini Gaï), de Lidovka et de Margaritovka, sans compter les sites non attribués ou classés. La première s'est installées dans la plaine du Khanka, la deuxième couvrait la côte orientale du Primorié tandis que la dernière se situait autour du golfe de Pierre-le-Grand. Cet âge est marqué par le début de l'agriculture sur les zones côtières, principalement du mil. Il faut cependant noter que les principales cultures sont encore débattues, et pourraient être modifiées lors de nouvelles fouilles<ref name=":3" />.
L'[[âge du bronze]] au Primorié aurait commencé vers le {{-s-|XV}}, pendant le {{-mi-|II}}, se superposant avec la fin de la culture de Zaïssanovka. Il y a un doute quant au commencement de l'âge du bronze. Selon l'analogie faite avec la [[culture d'Andronovo]] (Sibérie méridionale), l'âge du bronze aurait commencé entre la fin du {{mi-|III}} et le début du {{mi-|II}}. Mais pour {{qui|d'autres}}, elle aurait commencé vers la seconde moitié du {{mi-|II}}, se propageant depuis la Chine. Le principal problème est la faiblesse de la ressource en métaux nécessaires à la fabrication du bronze dans la région. Ainsi, il faut soit se référer à d'autres évolutions pour savoir quand l'âge commence, soit regarder les quelques sites avec du bronze, soit regarder ce qui se passe en Corée et en Mandchourie. L'âge du bronze se divise en trois cultures principales que sont celles de Sinégaï (ou Sini Gaï), de Lidovka et de Margaritovka, sans compter les sites non attribués ou classés. La première s'est installée dans la plaine du Khanka, la deuxième couvrait la côte orientale du Primorié tandis que la dernière se situait autour du golfe de Pierre-le-Grand. Cet âge est marqué par le début de l'agriculture sur les zones côtières, principalement du [[Millet (graminée)|millet]]. Il faut cependant noter que la détermination des principales cultures est encore débattue, et pourrait être modifiée lors de nouvelles fouilles<ref name=":3" />.


L'époque de ces cultures est marquée par des contacts importants entre les populations du Primorié, mais aussi avec leurs voisins du nord, de Mandchourie et de Corée. à la façon dont les villages étaient construits et protégés, il est presque sûr que les contacts pouvaient être armés, avec soit des situations tendues soit des conflits. Il y a aussi eu lieu des syncrétisme sur la fin, particulièrement entre la culture de Samarga (extrême nord du littoral primorien et surtout dans le kraï de Khabarovsk voisin) et celle de Lidovka, et celle de Lidovka avec celle de [[Culture de Yankovskaya|Yankovski]], qui appartenait elle à l'âge du fer. La période connait une croissance démographique, passant de petits groupes de personnes à des villages se chiffrant parfois en milliers de personnes<ref name=":3">{{Lien web |langue=ru |titre=бронзовый век Уссурийского городского округа |traduction titre=L'âge du bronze dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk. |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-bronza.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>, voire des communautés stables de plusieurs dizaines de milliers de personnes. C'est enfin sous cette période que le développement de l'artisanat se produit{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=21}}.
L'époque de ces cultures est marquée par des contacts importants entre les populations du Primorié, mais aussi avec leurs voisins du nord, de Mandchourie et de Corée. Étant donné la façon dont les villages étaient construits et protégés, il est presque sûr que les contacts pouvaient être armés, avec soit des situations tendues soit des conflits<ref name=":3" />. Il y a aussi eu des syncrétismes sur la fin, particulièrement entre la culture de Samarga (extrême nord du littoral primorien et surtout dans le kraï de Khabarovsk voisin) et celle de Lidovka, et entre celle de Lidovka et celle de [[Culture de Yankovskaya|Yankovski]], qui appartenait à l'âge du fer. La période connait une croissance démographique, la population passant de petits groupes à des villages accueillant parfois des milliers de personnes<ref name=":3">{{Lien web |langue=ru |titre=бронзовый век Уссурийского городского округа |traduction titre=L'âge du bronze dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk. |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-bronza.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>, voire des communautés stables de plusieurs dizaines de milliers de personnes. C'est enfin à cette période que l'artisanat se développe{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=21}}.


==== Principales cultures ====
==== Principales cultures ====
{{Aide détaillée|Culture de Margaritovka|Culture de Sinégaï|Culture de Lidovka}}
{{Aide détaillée|Culture de Margaritovka|Culture de Sinégaï|Culture de Lidovka}}
La première culture est celle de Margaritovka (''littéralement'' « marguerite » en [[français]]), d'après le nom d'une rivière dans le [[raïon d'Olga]]. Cette culture a occupée la partie côtière méridionale du Sikhote-Aline, avec de nombreux villages de pêcheurs à l'embouchure des rivières, et elle s'est étalée du [[XVe siècle av. J.-C.]] jusqu'au [[Xe siècle av. J.-C.]]. Elle était controversée dans les années 1970 et 1980, car elle serait à ses débuts trop proche de la culture de Zaïssanovka mais, depuis, des éléments la justifiant ont été apportés, même si les limites temporelles ne sont pas claires. Les peuples de cette culture vivaient dans de grandes maisons, et possédaient de nombreux outils domestiques, sans compter ceux destinés aux activités extérieures. Leurs activités principales étaient la chasse (cerfs ou ours par exemple), la pêche ([[Saumon rose à bosse|saumon rose]], [[morue]], [[flet]], etc.) et l'artisanat (outils, céramiques)<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":11">{{Lien web |langue=ru |titre=Маргаритовская культура |traduction titre=Culture de Margaritovka |url=http://www.bibliotekar.ru/3-1-77-bronzoviy-vek/133.htm |série=Эпоха бронзы лесной полосы СССР |site=www.bibliotekar.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>.
La première culture est celle de Margaritovka (''littéralement'' « marguerite » en [[français]]), d'après le nom d'une rivière dans le [[raïon d'Olga]]. Cette culture a occupé la partie côtière méridionale du Sikhote-Aline, avec de nombreux villages de pêcheurs à l'embouchure des fleuves, et elle s'est étendue du {{s-|XV}} jusqu'au {{s-|X}}. Elle était controversée dans les {{nobr|années 1970}} et 1980, car elle serait à ses débuts trop proche de la culture de Zaïssanovka mais, depuis, de nouvelle données ont permis de mieux la caractériser, même si les limites temporelles ne sont pas claires. Les peuples de cette culture vivaient dans de grandes maisons, et possédaient de nombreux outils domestiques, sans compter ceux destinés aux activités extérieures. Leurs activités principales étaient la chasse (cerfs ou ours par exemple), la pêche ([[Saumon rose à bosse|saumon rose]], [[morue]], [[flet]], etc.) et l'artisanat (outils, céramiques)<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":11">{{Lien web |langue=ru |titre=Маргаритовская культура |traduction titre=Culture de Margaritovka |url=http://www.bibliotekar.ru/3-1-77-bronzoviy-vek/133.htm |série=Эпоха бронзы лесной полосы СССР |site=www.bibliotekar.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>.

[[Fichier:004_Уже_скоро..._-_panoramio.jpg|vignette|252x252px|Paysage de la plaine du Khanka.|alt=Photographie d'une plaine plate avec des champs au premier plan, des bois en second plan, et avec un ciel nuageux.]]
[[Fichier:004_Уже_скоро..._-_panoramio.jpg|vignette|Paysage de la plaine du Khanka.|alt=Photographie d'une plaine plate avec des champs au premier plan, des bois en second plan, et avec un ciel nuageux.]]
La seconde culture est celle de Sinégaï, nommé d'après le village de Sini Gaï dans le [[Raïon de Tchernigovka (kraï du Primorié)|raïon de Tchernigovka]]. Elle s'étale sur la première moitié du {{Ier}} millénaire av. J.-C., apparaissant à la fin du {{IIe}} millénaire ou au début du {{Ier}} millénaire dans la plaine du Khanka. Elle est caractérisée par des villages en terrasses sur des collines, avec de grandes habitations, de nombreuses armes et des villages fortifiées avec des remparts et fossés, prouvant que des actions militaires ont pu avoir lieu dans la région à cette époque. Les Sinégaïs étaient engagés dans l'agriculture, avec des moulins à grains<ref>{{Lien web |langue=ru |auteur=V.I. Dyakov |titre=СИНЕГАЙСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture Sinégaï |url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/3664199 |site=[[Grande Encyclopédie russe]] |consulté le=2023-02-20}}</ref>, dans l'agriculture des porcs et de bovins. Ils avaient des rites envers les animaux et possédaient pour la première fois dans la région un calendrier lunaire, trouvé à Sinégaï, sûrement importé via les échanges avec la Chine. Enfin, on sait que le cochon était vénéré, comme l'atteste une sépulture d'un cochon allongé sur le dos à Sinégaï{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=21}}, mais aussi des pendentifs à son effigie. Il est possible que blaireau et le cerf, dont des sépultures ont été retrouvées,aient été eux aussi vénérés<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":12" />{{,}}<ref name=":13">{{Lien web |titre=Синий Гай, Синегайская культура. Памятники и культуры бронзового века южной части Дальнего Востока |traduction titre=Sini Gaï, culture Sinegai. Monuments et cultures de l'âge du bronze dans la partie sud de l'Extrême-Orient |url=http://www.bibliotekar.ru/3-1-77-bronzoviy-vek/132.htm |série=Эпоха бронзы лесной полосы СССР |site=www.bibliotekar.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>.[[Fichier:Вид_на_озеро_"Зеркальное"_со_стороны_бухты.jpg|vignette|Une vallée fluviale de la côte orientale.|alt=Photographie d'une vallée très verte prise de côté, avec des montagnes en fond.]]

La culture de Lidovka est la dernière culture majeure de l'âge du bronze au Primorié : elle se situe sur une étroite bande de terre allant du village actuel de [[Terneï]] à celui actuel d'Olga, en couvrant plusieurs vallées de fleuves côtiers. Son nom vient du site le plus exploré dont le nom vient de la rivière Lidovka. Elle s'étale du [[Xe siècle av. J.-C.]] jusqu'au [[Ve siècle av. J.-C.]], donc postérieure à la culture de Margaritovka mais contemporaine de celle de Sinégaï. Elle prospère surtout au [[VIIe siècle av. J.-C.]] et au [[VIe siècle av. J.-C.]]. Elle est dans la transition entre l'âge du bronze et le futur [[âge du fer]]. L'économie était basée sur la chasse, la cueillette, la pêche de par sa position géographique, avec des filets, et surtout de l'agriculture, principalement de mil. De l'agriculture, on a retrouvé des [[houes]]s, pilons, couteaux et des restes de céréales mais cependant aucune trace d'élevage<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":12">{{Lien web |langue=ru |auteur=S. V. Alkin |titre=ЛИДОВСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture de Lidovka |url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/2173801 |site=[[Grande Encyclopédie russe]] |consulté le=2023-02-20}}</ref>.
La seconde culture est celle de Sinégaï, nommée d'après le village de Sini Gaï dans le [[Raïon de Tchernigovka (kraï du Primorié)|raïon de Tchernigovka]]. Elle s'étend sur la première moitié du {{-mi-|I}}, apparaissant à la fin du {{mi-|II}} ou au début du {{mi-|I}} dans la plaine du Khanka. Elle est caractérisée par des villages en terrasses sur des collines, avec de grandes habitations, de nombreuses armes et des villages fortifiés avec des remparts et fossés, ce qui suggère que des actions militaires ont pu s'y dérouler. Les Sinégaïs étaient agriculteurs et utilisaient des moulins à grains<ref>{{Lien web |langue=ru |auteur=V.I. Dyakov |titre=СИНЕГАЙСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture Sinégaï |url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/3664199 |site=[[Grande Encyclopédie russe]] |consulté le=2023-02-20}}</ref>, élevaient des porcs et des bovins. Ils avaient des rites à l'égard des animaux et possédaient pour la première fois dans la région un calendrier lunaire, trouvé à Sinégaï, sûrement importé grâce aux échanges avec la Chine. Enfin, on sait que le cochon était vénéré, comme l'attestent la sépulture d'un cochon allongé sur le dos à Sinégaï{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=21}}, mais aussi des pendentifs à son effigie. Il est possible que blaireau et le cerf, dont des sépultures ont été retrouvées, aient été eux aussi vénérés<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":12" />{{,}}<ref name=":13">{{Lien web |titre=Синий Гай, Синегайская культура. Памятники и культуры бронзового века южной части Дальнего Востока |traduction titre=Sini Gaï, culture Sinegai. Monuments et cultures de l'âge du bronze dans la partie sud de l'Extrême-Orient |url=http://www.bibliotekar.ru/3-1-77-bronzoviy-vek/132.htm |série=Эпоха бронзы лесной полосы СССР |site=www.bibliotekar.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>.

[[Fichier:Вид_на_озеро_"Зеркальное"_со_стороны_бухты.jpg|vignette|Une vallée fluviale de la côte orientale.|alt=Photographie d'une vallée très verte prise de côté, avec des montagnes en fond.]]

La culture de Lidovka est la dernière culture majeure de l'âge du bronze au Primorié : elle se situe sur une étroite bande de terre entre les villages actuels de [[Terneï]] et d'Olga, en couvrant plusieurs vallées de fleuves côtiers. Son nom vient du site le plus exploré près de la rivière Lidovka. S'étendant du {{-s-|X}} au {{-s-|V}}, elle est postérieure à la culture de Margaritovka mais contemporaine de celle de Sinégaï. Elle prospère surtout au {{-s-|VII}} et au {{-s-|VI}} Elle est dans la transition entre l'âge du bronze et l'[[âge du fer]]. L'économie reposait sur la chasse, la cueillette, la pêche de par sa position géographique, avec des filets, et surtout l'agriculture, principalement du millet. De l'agriculture, on a retrouvé des [[houe]]s, pilons, couteaux et des restes de céréales mais aucune trace d'élevage<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":12">{{Lien web |langue=ru |auteur=S. V. Alkin |titre=ЛИДОВСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture de Lidovka |url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/2173801 |site=[[Grande Encyclopédie russe]] |consulté le=2023-02-20}}</ref>.


=== Âge du fer ===
=== Âge du fer ===


==== Avant l'ère commune ====
==== Avant l'ère commune ====
L'âge du fer au Primorié a commencé quelque part entre le [[XIe siècle av. J.-C.]] et le [[IXe siècle av. J.-C.]], et s'est propagée ensuite aux reste du territoire sur les siècles suivants, cohabitants sur le début avec des peuples de cultures de l'âge du bronze, dont celle de Lidovak. Le début de cet âge du fer coïncide avec une réchauffement du climat, un peu plus chaud que l'actuel. Les cultures de Yankovski et de Krounovka étaient en contacts avec les tribus [[scythes]], comme le confirme des flèches scythes trouvées dans le site de Krounovka 1. La culture de Krounovka a aussi était en contact avec les [[Xiongnu]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Культура и контакты древнего населения округа |traduction titre=Culture et contacts des anciennes populations de l'okroug |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-pervobytcontakt.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-21}}</ref>.[[Fichier:Primorsky_krai_Yankvskaya_culture_(iron_age)_fr.jpg|vignette|Culture de Yankovski et sa variante continentale.|alt=Carte du kraï du Primorié, avec en rose dans la partie inférieure l'étendue de la culture de Yankovski, et en rouge dans la même partie mais un peu plus haut la variante continentale de la culture.]][[Fichier:Image-History_of_Korea-500_BC.png|vignette|288x288px|La Corée en 500 AEC, avec le sud du Primorié en haut à droite, sans état notable.|alt=Carte de la péninsule coréenne et de ses alentours. L'on voit sur le territoire des actuels Liadong et Corée du Nord le Gojosen, entourés de tribus, dont les Sushen au nord-est.]]La [[Culture de Yankovskaya|culture de Yankovsi]] apparait au {{S-|XI}}, av. J.-C., et se serait terminée vers le [[IIe siècle av. J.-C.]], même s'il est possible qu'elle aurait pu subsisté jusqu'au tout début de notre [[Ère commune|ère]]. Elle se divise en trois étapes l'une jusqu'au {{S-|IV}} av. J.-C., où les [[Amas coquillier|amas coquilliers]] ne sont pas exploités, puis jusqu'au {{S-|III}}, associé à une baisse du niveau de la mer et à l'exploitation ainsi de ces amas, et enfin, celle du {{Sp-|III|au|II}} av. J.-C., qui correspond à une baisse du niveau de la mer (-1 m par rapport à aujourd'hui) a dégradé l'économie, les populations migrant alors vers les terres fertiles, signant la fin de la culture. Plusieurs chercheurs associent cette population au peuple [[Yilou (peuple)|Yilou]]<ref name=":4" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=VOSTRETSOV Yury Evgenievich |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chef du laboratoire de paléoécologie humaine de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Железный век |traduction titre=L'âge du fer |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/metal.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref name=":14">{{Lien web |langue=ru |titre=ранний железный век |traduction titre=Premier âge du fer |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-rzhv1.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>. La culture avait une variante dite « continentale », très similaire dans le mode de vie et au niveau sociétal, et avec des objets de l'artisanat semblables, mais différent dans le domaine économique, cette variante ayant son économie axée sur l'agriculture et l'élevage, et non pas sur la mer. Il y a des similitudes dans les objets découverts avec ceux d'autres cultures du bassin de l'Amour, de la Transbaïkalie, des steppes d'Asie centrale et de la Corée<ref name=":4" group="fegi" />{{,}}<ref name=":14" />.<gallery mode="packed" caption="Objets de la culture de Yankovski ([[Musée Arseniev]]) :">
L'âge du fer au Primorié a commencé quelque part entre le {{-s-|XI}} et le {{-s-|IX}}, et s'est propagé ensuite au reste du territoire au cours des siècles suivants, coexistant au début avec des peuples de cultures de l'âge du bronze, dont celle de Lidovak. Le début de cet âge du fer coïncide avec le réchauffement du climat qui est un peu plus chaud que l'actuel. Les cultures de Yankovski et de Kroounovka étaient en contact avec les tribus [[scythes]], comme le confirment des flèches scythes trouvées sur le site de Kroounovka 1. La culture de Kroounovka a aussi été en contact avec les [[Xiongnu]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Культура и контакты древнего населения округа |traduction titre=Culture et contacts des anciennes populations de l'okroug |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-pervobytcontakt.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-21}}</ref>.
[[Fichier:Primorsky_krai_Yankvskaya_culture_(iron_age)_fr.jpg|vignette|Culture de Yankovski et sa variante continentale.|alt=Carte du kraï du Primorié, avec en rose dans la partie inférieure l'étendue de la culture de Yankovski, et en rouge dans la même partie mais un peu plus haut la variante continentale de la culture.]]
[[Fichier:Image-History_of_Korea-500_BC.png|vignette|La Corée en 500 AEC, avec le sud du Primorié en haut à droite, sans état notable.|alt=Carte de la péninsule coréenne et de ses alentours. L'on voit sur le territoire des actuels Liadong et Corée du Nord le Gojosen, entourés de tribus, dont les Sushen au nord-est.]]
La [[culture de Yankovski]] apparait au {{-s-|XI}} et se serait terminée vers le {{-s-|II}}, même s'il est possible qu'elle aurait pu subsister jusqu'au tout début de notre [[Ère commune|ère]]. Elle se divise en trois périodes : l'une jusqu'au {{-s-|IV}}, où les [[amas coquillier]]s ne sont pas exploités, puis une deuxième jusqu'au {{s-|III}}, associée à la baisse du niveau de la mer et à l'exploitation de ces amas, et, enfin, celle du {{-sp-|III|au|II}}, qui correspond à une nouvelle baisse du niveau de la mer (-1 mètre par rapport à aujourd'hui), marquée par la dégradation de l'économie, les populations migrant alors vers les terres fertiles, ce qui met fin à la culture. Plusieurs chercheurs associent cette population au peuple [[Yilou (peuple)|Yilou]]<ref name=":4" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=VOSTRETSOV Yury Evgenievich |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chef du laboratoire de paléoécologie humaine de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Железный век |traduction titre=L'âge du fer |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/metal.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-20}}</ref>{{,}}<ref name=":14">{{Lien web |langue=ru |titre=ранний железный век |traduction titre=Premier âge du fer |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-rzhv1.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-20}}</ref>. La culture avait une variante dite « continentale », très similaire dans le mode de vie et sur le plan sociétal, et avec des objets de l'artisanat semblables, mais différant dans le domaine économique, cette variante étant axée sur l'agriculture et l'élevage, et non pas sur la mer. Il y a des similitudes dans les objets découverts avec ceux d'autres cultures du bassin de l'Amour, de la Transbaïkalie, des steppes d'Asie centrale et de la Corée<ref name=":4" group="fegi" />{{,}}<ref name=":14" />.
<gallery mode="packed" caption="Objets de la culture de Yankovski ([[musée Arseniev]]) :">
Fichier:Янковская культура 1.jpg|alt=Des poteries (en haut), des pierres polies (en bas à gauche) et des os (en bas) exposés dans un musée avec des indications en russe pour chaque objet. |Objets de la [[culture de Yankovski]].
Fichier:Янковская культура 1.jpg|alt=Des poteries (en haut), des pierres polies (en bas à gauche) et des os (en bas) exposés dans un musée avec des indications en russe pour chaque objet. |Objets de la [[culture de Yankovski]].
Fichier:Янковская культура 2.jpg|alt=Des poteries noires et brunes ressemblant à des bols et vases, avec des indications en russe. |Poteries de la culture de Yankovski.
Fichier:Янковская культура 2.jpg|alt=Des poteries noires et brunes ressemblant à des bols et vases, avec des indications en russe. |Poteries de la culture de Yankovski.
Fichier:Янковская культура 3.jpg|lien=|alt=Pierres exposées dans un musée avec des indications russes, montrant au travers de 7 pierres les différents stades entre une pierre brut et une pierre polie.|Pierres taillées de la culture.
Fichier:Янковская культура 3.jpg|lien=|alt=Pierres exposées dans un musée avec des indications russes, montrant au travers de 7 pierres les différents stades entre une pierre brute et une pierre polie.|Pierres taillées de la culture.
</gallery>
</gallery>La [[culture de Krounovka]] est la deuxième culture majeure de l'époque. Il est généralement admis qu'elle a existé entre {{Date|-700}} et {{Date|100|apJC=oui}}{{Sfn|Popov|Zhushchikhovskaya|Nikitin|2020|p=16}} (voir un peu plus, jusqu'au IIIe siècle<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />), et elle aurait comme origine soit les anciens de la culture de Sini Gaï ou la culture de Yankoski. Elle s'étale dans les environs du lac Khanka au début, avant de se déplacer vers les bassins de la Suifen et de l'Artiomovka, où elle atteint son apogée. Cette culture était connue des Chinois et des Coréens<ref name=":4" group="fegi" />{{,}}<ref name=":15">{{Lien web |langue=ru |titre=ранний железный век Уссурийского городского округа |traduction titre=Premier âge du fer dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-rzhv2.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":16">{{Lien web |langue=ru |titre=Кроуновская культура |traduction titre=Culture de Krounovka |url=https://web.archive.org/web/20180908175203/http://biofile.ru/geo/14926.html |site=web.archive.org |date=2018-09-08 |consulté le=2023-02-21}}</ref>. C'est la première culture qui possède un système sociétal important, avec la normalisation du sédentarisme, de la métallurgie, et l'apparition des ''[[Kang (poêle)|kangs]],'' des mariages, pour créer des liens économiques entre les tribus''{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=24}}.''[[Fichier:Korea_(200_BC).png|vignette|La péninsule coréenne en 200 AEC.|alt=Carte de la péninsule coréenne et de ses alentours. L'on voit au nord de la péninsule le territoire de Bruyeo, dans le nord celui de Gojoseon et au sud Jin, avec aussi plusieurs petits royaumes.]]

La [[culture de Kroounovka]] est la deuxième culture majeure de l'époque. Il est généralement admis qu'elle a existé entre {{Date|-700}} et {{Date|100|apJC=oui}}{{Sfn|Popov|Zhushchikhovskaya|Nikitin|2020|p=16}} (voire un peu plus, jusqu'au {{s-|III}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />), et elle aurait comme origine soit la culture de Sini Gaï, soit celle de Yankoski. Elle se déploie dans les environs du [[lac Khanka]] au début, avant de se déplacer vers les bassins de la Suifen et de l'Artiomovka, où elle atteint son apogée. Cette culture était connue des Chinois et des Coréens<ref name=":4" group="fegi" />{{,}}<ref name=":15">{{Lien web |langue=ru |titre=ранний железный век Уссурийского городского округа |traduction titre=Premier âge du fer dans l'okroug urbain d'Oussouriïsk |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-rzhv2.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":16">{{Lien web |langue=ru |titre=Кроуновская культура |traduction titre=Culture de Kroounovka |url=https://web.archive.org/web/20180908175203/http://biofile.ru/geo/14926.html |site=web.archive.org |date=2018-09-08 |consulté le=2023-02-21}}</ref>. C'est la première culture qui possède un système sociétal important, avec la normalisation du sédentarisme, de la métallurgie, et l'apparition des ''[[Kang (poêle)|kangs]],'' des mariages, pour créer des liens économiques entre les tribus{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=24}}.

==== Entrée dans l'ère commune, fin de l'âge du fer ====
==== Entrée dans l'ère commune, fin de l'âge du fer ====
[[Fichier:Korea_(200_BC).png|vignette|La péninsule coréenne en 200 {{av JC}}|alt=Carte de la péninsule coréenne et de ses alentours. L'on voit au nord de la péninsule le territoire de Bruyeo, dans le nord celui de Gojoseon et au sud Jin, avec aussi plusieurs petits royaumes.]]
Vers le {{s|III}}, la culture de Krounovka disparaît, et les habitants étaient alors les Yilous. La culture de Poltsé, naît dans le bassin de l'Amour à la fin du {{-s|VII}}, se déplace dans la région entre le {{-s|III}} et le début du {{s|I}}. Les raisons du déplacement sont probablement la présence de tribus mongoles belliqueuses dans leur région, comme les [[Xianbei]], une croissance démographique importante et un changement climatique. Tandis que la culture ne change pas dans les bassins de l'[[Oussouri]] et de l'[[Arsenievka]] et le littoral du golfe de Pierre-le-Grand, ceux de la culture qui se déplacent le long de la côte orientale donnent naissance à la culture d'Olga. La culture d'Olga s'étend sur tout le littoral sud et est du Primorié<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Ольгинская культура |traduction titre=Culture d'Olga |url=https://studexpo.net/115266/istoriya/olginskaya_kultura |site=Studexpo |consulté le=2023-02-21}}</ref>. Le Primorié s'arme à cette époque, avec la construction aussi de forteresses, comme à Boulokcha (mont Plemiannik<ref group="note">''гора Племянник'' en russe</ref>). L'économie connaît un essor, avec la construction de chemins, des secteurs metallurgiques, agricoles (meilleurs outils de [[Labour|labourage]]) et artisanaux plus importants. Des échanges ont lieu avec la [[Période des Trois Royaumes de Corée|Corée]] et le [[Période Yayoi|Japon]]. Sur le plan social, l'essor économique fait apparaître des inégalités, avec des classes sociales<ref>{{Lien web |langue=ru-RU |auteur=Derevianko A.P., Medvedev V.E. |titre=К проблеме преобразования культур позднейшей фазы древности на юге Приморья (по материалам исследований поселения Булочка) |traduction titre=Sur le problème de la transformation des cultures de la phase ultérieure de l'Antiquité dans le sud de Primorye (basé sur la recherche de la colonie de Boulotchka) |url=https://archaeology.nsc.ru/izdatelstvo/jr-aeae-ru/08-35-3/annot-02/ |site=INSTITUTION BUDGÉTAIRE DE L'ÉTAT FÉDÉRAL DES SCIENCES

INSTITUT D'ARCHÉOLOGIE ET D'ETHNOGRAPHIE
BRANCHE SIBÉRIENNE DE L'ACADÉMIE RUSSE DES SCIENCES |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":4" group="fegi" />{{,}}<ref name=":27">{{Lien web |langue=ru |titre=развитый железный век |traduction titre=Âge de fer postérieur |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-razvzhv.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":28">{{Lien web |langue=ru |auteur=Nesterov S.P., Sobolev A.E. |titre=Культурный тип ваньяньхэ на северо-востоке Китая |traduction titre=Culture de type Wanyanhe dans le nord-est de la Chine |url=http://paeas.ru/Articleen/430 |série=АРХЕОЛОГИЯ КАМЕННОГО ВЕКА ПАЛЕОЭКОЛОГИЯ / Tome XXVI |site=paeas.ru |date=2020 |doi=10.17746/2658-6193.2020.26.556-564 |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":29">{{Lien web |langue=ru |auteur=S. V. Alkin |titre=ПОЛЬЦЕВСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture de Poltsé |url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/3177525 |site=[[Grande Encyclopédie russe]] |date=2019-05-24 |consulté le=2023-02-21}}</ref>.
Vers le {{s|III}}, la culture de Kroounovka disparaît, et les habitants étaient alors les Yilous. La culture de Poltsé naît dans le bassin de l'Amour à la fin du {{-s|VII}}, se déplace dans la région entre le {{-s|III}} et le début du {{s|I}}. Les raisons du déplacement sont probablement la présence de tribus mongoles belliqueuses dans la région, comme les [[Xianbei]], la croissance démographique importante et le changement climatique. Tandis que la culture ne change pas dans les bassins de l'[[Oussouri]] et de l'[[Arsenievka]] et le littoral du golfe de Pierre-le-Grand, ses populations qui se déplacent le long de la côte orientale donnent naissance à la culture d'Olga. La culture d'Olga s'étend sur tout le littoral sud et est du Primorié<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Ольгинская культура |traduction titre=Culture d'Olga |url=https://studexpo.net/115266/istoriya/olginskaya_kultura |site=Studexpo |consulté le=2023-02-21}}</ref>. Le Primorié s'arme à cette époque, avec la construction aussi de forteresses, comme à Boulokcha (mont Plemiannik<ref group="note">''гора Племянник'' en russe</ref>). L'économie connaît un essor, avec la construction de chemins, des activités métallurgiques, agricoles (meilleurs outils de [[labour]]age) et artisanales plus importantes. Des échanges ont lieu avec la [[Période des Trois Royaumes de Corée|Corée]] et le [[Période Yayoi|Japon]]. Sur le plan social, l'essor économique fait apparaître des inégalités, avec des classes sociales<ref>{{Lien web |langue=ru-RU |auteur=A.P. Derevianko, V.E. Medvedev |titre=К проблеме преобразования культур позднейшей фазы древности на юге Приморья (по материалам исследований поселения Булочка) |traduction titre=Sur le problème de la transformation des cultures de la phase ultérieure de l'Antiquité dans le sud de Primorye (basé sur la recherche de la colonie de Boulotchka) |url=https://archaeology.nsc.ru/izdatelstvo/jr-aeae-ru/08-35-3/annot-02/ |site=Institution budgétaire de l'État fédéral des sciences - Institut d'archéologie et d'ethnographie, branche sibérienne de l'Académi russe des sciences |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":4" group="fegi" />{{,}}<ref name=":27">{{Lien web |langue=ru |titre=развитый железный век |traduction titre=Âge de fer postérieur |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-razvzhv.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":28">{{Lien web |langue=ru |auteur=S.P. Nesterov, A.E. Sobolev |titre=Культурный тип ваньяньхэ на северо-востоке Китая |traduction titre=Culture de type Wanyanhe dans le nord-est de la Chine |url=http://paeas.ru/Articleen/430 |série=АРХЕОЛОГИЯ КАМЕННОГО ВЕКА ПАЛЕОЭКОЛОГИЯ / Tome XXVI |site=paeas.ru |date=2020 |doi=10.17746/2658-6193.2020.26.556-564 |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":29">{{Lien web |langue=ru |auteur=S. V. Alkin |titre=ПОЛЬЦЕВСКАЯ КУЛЬТУРА |traduction titre=Culture de Poltsé |url=https://old.bigenc.ru/archeology/text/3177525 |site=[[Grande Encyclopédie russe]] |date=2019-05-24 |consulté le=2023-02-21}}</ref>.


La culture de Poltsé disparaît vers le {{S-|IV}}, et celle d'Olga entre les {{Sp-|IV|et|VI|s}}<ref name=":28" />{{,}}<ref name=":29" />. D'après les chroniques chinoises, les Yilous qui composaient la culture de Poltsé rendaient hommage au royaume de [[Puyŏ]], même si Puyŏ ne contrôlait pas le territoire. Les nouvelles technologies, l'apparition de hiérarchies généralisées et d'inégalités sociales ont créé des conditions favorables à l'apparition d'un État dans le Primorié. Cependant, une dernière culture doit encore arriver avant la création d'un pays sur ces terres, et ainsi entériner l'âge du fer<ref name=":4" group="fegi" />{{,}}<ref name=":27" />. [[Fichier:Сенькина_шапка.JPG|vignette|Mont Senkina Chapka.|alt=Photographie d'une colline entièrement verte, avec en bas des maisons au premier plan.]]
La culture de Poltsé disparaît vers le {{s-|IV}}, et celle d'Olga entre les {{Sp-|IV|et|VI|s}}<ref name=":28" />{{,}}<ref name=":29" />. D'après les chroniques chinoises, les Yilous qui composaient la culture de Poltsé faisaient allégeance au royaume de [[Puyŏ]], même si celui-ci ne contrôlait pas leur territoire. Les nouvelles technologies, l'apparition de hiérarchies généralisées et d'inégalités sociales ont créé des conditions favorables à l'apparition d'un État dans le Primorié. Cependant, une dernière culture doit encore arriver avant la création d'un pays sur ces terres, et ainsi entériner l'âge du fer<ref name=":4" group="fegi" />{{,}}<ref name=":27" />. [[Fichier:Сенькина_шапка.JPG|vignette|Mont Senkina Chapka.|alt=Photographie d'une colline entièrement verte, avec en bas des maisons au premier plan.]]


== Moyen-âge ==
== Moyen Âge ==
{{Article détaillé|Moyen Âge du Primorié}}
{{Article détaillé|Moyen Âge du Primorié}}
{{Frise EM du Primorié}}
{{Frise EM du Primorié}}
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=== Premiers empires ===
=== Premiers empires ===
==== Peuple Mohe ====
==== Peuple Mohe ====
{{Article détaillé|Mohe}}[[Fichier:Река_Уссури_у_посёлка_Горные_Ключи_фото1.JPG|gauche|vignette|La rivière Oussouri.|alt=Photographie depuis une colline d'une rivière assez large dans une plaine plate recouverte de forêts.]]
{{Article détaillé|Mohe}}[[Fichier:Река_Уссури_у_посёлка_Горные_Ключи_фото1.JPG|gauche|vignette|233x233px|La rivière Oussouri.|alt=Photographie depuis une colline d'une rivière assez large dans une plaine plate recouverte de forêts.]]Les [[Mohe]] ({{Chinois|c=靺鞨}}) sont un peuple [[Toungouses|toungouse]], mentionnés dès les {{Sp-|IV|et|V}} par les chroniques chinoises. Descendant possiblement des Yilous et des Sushens, leur origine reste néanmoins controversée. Ils avaient une hiérarchie sociale, avec des nobles, des anciens{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=26}}, des esclaves. En contact avec les pays autours, ils pouvaient organiser des raids sur leur voisins. La transition entre un mode de vie tribal et un État est alors en cours. L'agriculture{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=14}} et l'élevage étaient extensifs{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=26}}. Selon les chroniques chinoises, il y avait plusieurs dizaines de tribus au [[VIIe siècle]], dont sept{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}} célèbres et influentes ; les sumo, les gudo, les anchegu, les baishan, les haoshi, les heishui et les fune, chacune ne s'immiscant pas dans les affaires des autres , mais s'unissant en cas d'ennemi extérieur<ref name=":11" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=KRADIN Nikolai Nikolaevich |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chercheur principal du secteur de l'archéologie médiévale de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Мохэ |traduction titre=Mohe |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/moexi.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-21}}</ref>. Parmi ces tribus, il y avait les heishui mohe vivant dans les bassins du [[Sungari]], de l'Oussouri et de l'[[Amour]]. Il y avait aussi les Khaoshi Mohe, une tribu moins célèbre, qui vivait sur la côte orientale et une partie du golfe de Pierre-le-Grand<ref group="note">Les autres six célèbres tribus sont toutes situées en Mandchourie.</ref>. Les localités Mohe étaient situées à la confluence de rivières, avaient des structures défensives sous la forme de remparts et de fossés sur deux ou trois rangées{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=14}}.


Les [[Mohe]] ({{Chinois|c=靺鞨}}) sont un peuple [[Toungouses|toungouse]], mentionnés dès les {{Sp-|IV|et|V}}s par les chroniques chinoises. Descendant possiblement des Yilous et des Sushens, leur origine reste néanmoins controversée. Ils avaient une hiérarchie sociale, avec des nobles, des anciens{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=26}}, des esclaves. En contact avec les pays alentour, ils pouvaient organiser des raids sur leurs voisins. La transition entre un mode de vie tribal et un État est alors en cours. L'agriculture{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=14}} et l'élevage étaient extensifs{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=26}}. Selon les chroniques chinoises, il y avait plusieurs dizaines de tribus au {{s-|VII}}, dont sept{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}} célèbres et influentes ; les Sumo, les Gudo, les Anchegu, les Baishan, les Haoshi, les Heishui et les Fune, chacune ne s’immisçant pas dans les affaires des autres, mais s'unissant en cas d'ennemi extérieur<ref name=":11" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=KRADIN Nikolai Nikolaevich |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chercheur principal du secteur de l'archéologie médiévale de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Мохэ |traduction titre=Mohe |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/moexi.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-21}}</ref>. Parmi ces tribus, il y avait les Heishui Mohe vivant dans les bassins du [[Sungari]], de l'Oussouri et de l'[[Amour]]. Il y avait aussi les Khaoshi Mohe, une tribu moins célèbre, qui vivait sur la côte orientale et une partie du golfe de Pierre-le-Grand<ref group="note">Les autres six célèbres tribus sont toutes situées en Mandchourie.</ref>. Les localités Mohe étaient situées à la confluence de rivières, avaient des structures défensives sous la forme de remparts et de fossés sur deux ou trois rangées{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=14}}.
Certains clans étaient vassaux de Koguryo, et en 598, lors de la première des [[guerres Koguryo-Sui]], les Mohe viennent en aide aux Coréens<ref name=":11" group="fegi" />. En 641, les Mohe s'allient aux Coréens et aux [[Xueyantuo|Seyanto]], et la [[guerre Koguryo–Tang]] éclate en 645. Mais lorsque cette guerre se solde en 668 par l'échec des Mohe et de leurs alliés Koguryo, les population s'exilent vers la Mandchourie et le Primorié contrôlés par les Mohe. De nombreuses tribus doivent en punition devenir vassaux de la Chine et doivent se dispererser, d'autres sont faites priosonnières, mis à part les sumo mohe qui restent unis<ref name=":11" group="fegi" />.


Lorsque en 691, alors que la Chine connaît des troubles politiques, des [[Khitans]] se rebellent contre [[Wu Zetian]], et de nombreuses populations du [[Liaoning]] fuient sur les anciennes terres de Koguryo<ref name=":11" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=5}}, dont de nombreux Mohe qui avaient passé plus de 30 ans en captivité en Chine<ref name=":02">{{Article|langue=ru|auteur1=Kyucheol Han|responsabilité1=Professeur, Département d'histoire, Université Kyungsung|titre=[잃어버린 발해사를 찾아] <3> 대조영·이해고의 숙명 '천문령 전투'|périodique=busanilbo|date=20 janvier 2007|lire en ligne=https://archive.ph/20130118135102/http://www.busanilbo.com/news2000/html/2007/0120/060020070120.1020162103.html#selection-955.19-955.30}}</ref>{{,}}<ref name=":110">{{Lien web |langue=ko |titre=[잃어버린 발해사를 찾아] 대조영·이해고의 숙명 '천문령 전투' |url=https://www.busan.com/view/busan/view.php?code=20070120000159 |site=부산일보 |consulté le=2023-11-19}}</ref>{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}}. La Chine offre aux leaders des fuyards [[Dae Jungsang]] (Qiqi Zhongxiang) et à [[Geolsa Biu]] (Qisi Biyu) des titres de Duc, mais les deux refusent. La [[bataille de Tianmenling]] a alors lieu en 698 dans le [[Jilin]] entre les Mohe et Coréens d'une part, et une armée chinoise d'autre part menée par le général [[Li Kaigu]]. [[Daejoyeong]], d'origine Mohe{{Sfn|Charles|2015|p=24}} et fils de Jungsang, ce dernier étant mort, vainc les Chinois et se proclama roi de Jin{{Sfn|Petchenkina|2005|p=41}}, Jin étant le premier nom du royaume [[Balhae]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Племена мохэ и их следы в округе |traduction titre=Les tribus Mohe et leurs traces dans l'okroug |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-mohe.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":11" group="fegi" />.
Certains clans étaient vassaux de Koguryo, et en 598, lors de la première des [[guerres Koguryo-Sui]], les Mohe viennent en aide aux Coréens<ref name=":11" group="fegi" />. En 641, les Mohe s'allient aux Coréens et aux [[Xueyantuo|Seyanto]], et la [[guerre Koguryo–Tang]] éclate en 645. Mais lorsque cette guerre se solde en 668 par l'échec des Mohe et de leurs alliés Koguryo, les populations s'exilent vers la Mandchourie et le Primorié contrôlés par les Mohe. De nombreuses tribus doivent en punition devenir vassales de la Chine et se disperser, d'autres sont faites prisonnières, mis à part les Sumo Mohe qui restent unis<ref name=":11" group="fegi" />.
Lorsque la Chine connaît des troubles politiques en 691, des [[Khitans]] se rebellent contre [[Wu Zetian]], et de nombreuses populations du [[Liaoning]] fuient sur les anciennes terres de Koguryo<ref name=":11" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=5}}, dont de nombreux Mohe qui avaient passé plus de {{nobr|30 ans}} en captivité en Chine<ref name=":02">{{Article|langue=ru|auteur1=Kyucheol Han|responsabilité1=Professeur, Département d'histoire, Université Kyungsung|titre=[잃어버린 발해사를 찾아] <3> 대조영·이해고의 숙명 '천문령 전투'|périodique=busanilbo|date=20 janvier 2007|lire en ligne=https://archive.ph/20130118135102/http://www.busanilbo.com/news2000/html/2007/0120/060020070120.1020162103.html#selection-955.19-955.30}}</ref>{{,}}<ref name=":110">{{Lien web |langue=ko |titre=[잃어버린 발해사를 찾아] 대조영·이해고의 숙명 '천문령 전투' |url=https://www.busan.com/view/busan/view.php?code=20070120000159 |site=부산일보 |consulté le=2023-11-19}}</ref>{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}}. La Chine offre aux leaders des fuyards [[Dae Jungsang]] (Qiqi Zhongxiang) et à [[Geolsa Biu]] (Qisi Biyu) des titres de duc, mais les deux refusent. La [[bataille de Tianmenling]] a alors lieu en 698 dans le [[Jilin]] entre les Mohe et Coréens d'une part, et une armée chinoise d'autre part, menée par le général [[Li Kaigu]]. [[Daejoyeong]], d'origine Mohe{{Sfn|Charles|2015|p=24}} et fils de Jungsang, ce dernier étant mort, vainc les Chinois et se proclame roi de Jin{{Sfn|Petchenkina|2005|p=41}}, Jin étant le premier nom du royaume [[Balhae]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Племена мохэ и их следы в округе |traduction titre=Les tribus Mohe et leurs traces dans l'okroug |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-mohe.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-21}}</ref>{{,}}<ref name=":11" group="fegi" />.


==== Balhae ====
==== Balhae ====
{{Article détaillé|Balhae}}Jin, renommé Balhae en 713 lorsque le royaume accepte de devenir vassal de la Chine, scellant alors une alliance{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=5}}, s'établit sur le nord de la Corée, certaines parties du Jilin et le sud-ouest du Primorié{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}}{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=41}}. Les sumo mohe étant une composante directe du royaume, et Balhae conquit par la suite de nombreuses régions Mohe. De nombreuses batailles ont lieues pour la conquête du territoire, jusqu'à la moitié du {{S-|VIII}}. Balhae construisit de petits forts et des forteresses pour défendre les lieux<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=«Бохай подчинял себе Приморье не всегда мирным способом» |traduction titre=«Balhae a subjugué le Primorié pas toujours de manière pacifique » |url=http://primgazeta.ru/news/bohaj-podchinyal-sebe-primor-e-ne-vsegda-mirnym-sposobom-23-08-2019-02-05-24 |site=primgazeta.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>. En 726 commence le principal obstacle de la conquête, les Heishuie mohe qui voulaient garder leur indépendance{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=49}}. Ils s'allient à la Chine, mais en 728, le Japon apporte son soutien à Balhae. La guerre éclate en 732, et se solde en 735 par la victoire de Balhae. L'annexion des terres des Heishuis Mohe des bassins de l'Oussouri et du Sungari a lieu, mais pas de l'Amour. Balhae est à cette époque ''de facto'' totalement indépendant, même s'il est ''de jure'' toujours vassal de la Chine. Les annexions et conquêtes continue sous le roi [[Mun (roi de Balhae)|Da Qinmao]] (737 - 793), le Primorié devenant totalement subjugué Balhae<ref>{{Lien web |langue=ru |auteur=IVLIEV Alexander Lvovich |responsabilité1=Chercheur principal, candidat en sciences historiques, chef. Secteur d'archéologie médiévale de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Государство Бохай (698-926 гг.) |traduction titre=Royaume Bohai (698 - 926) |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/bohai.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-22}}</ref>.[[Fichier:Balhae_Kingdom.png|gauche|vignette|L'Empire Balhae en 800, avec ses régions et chefs-lieux.|alt=Carte des actuels nord de la péninsule coréenne et du Primorié montrant les divisions administratives de Balhae, avec des pointillés pour séparer les régions (au nombre de 15) et des points noirs pour les villes faisant office de capitales régionales.]]
{{Article détaillé|Balhae}} Jin, renommé Balhae en 713 lorsque le royaume accepte de devenir vassal de la Chine, scellant alors une alliance{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=5}}, s'établit sur le nord de la Corée, certaines parties du Jilin et le sud-ouest du Primorié{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}}{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=41}}. Les Sumo Mohe sont une composante directe du royaume, et Balhae conquit par la suite de nombreuses régions Mohe. De nombreuses batailles ont lieu pour la conquête du territoire, jusqu'à la moitié du {{s-|VIII}}. Balhae construisit de petits forts et des forteresses pour défendre les lieux<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=«Бохай подчинял себе Приморье не всегда мирным способом» |traduction titre=« Balhae a subjugué le Primorié pas toujours de manière pacifique » |url=http://primgazeta.ru/news/bohaj-podchinyal-sebe-primor-e-ne-vsegda-mirnym-sposobom-23-08-2019-02-05-24 |site=primgazeta.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>. En 726 commence le principal obstacle de la conquête, les Heishuie Mohe qui voulaient garder leur indépendance{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=49}}. Ils s'allient à la Chine, mais en 728, le Japon apporte son soutien à Balhae. La guerre éclate en 732, et se solde en 735 par la victoire de Balhae. L'annexion des terres des Heishuis Mohe des bassins de l'Oussouri et du Sungari a lieu, mais pas de l'Amour. Balhae est à cette époque ''de facto'' totalement indépendant, même s'il est ''de jure'' toujours vassal de la Chine. Les annexions et conquêtes continuent sous le roi [[Mun (roi de Balhae)|Da Qinmao]] (737 - 793), le Primorié devenant totalement subjugué Balhae<ref>{{Lien web |langue=ru |auteur=IVLIEV Alexander Lvovich |responsabilité1=Chercheur principal, candidat en sciences historiques, chef. Secteur d'archéologie médiévale de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Государство Бохай (698-926 гг.) |traduction titre=Royaume Bohai (698 - 926) |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/bohai.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-22}}</ref>.[[Fichier:Balhae_Kingdom.png|gauche|vignette|L'Empire Balhae en 800, avec ses régions et chefs-lieux.|alt=Carte des actuels nord de la péninsule coréenne et du Primorié montrant les divisions administratives de Balhae, avec des pointillés pour séparer les régions (au nombre de 15) et des points noirs pour les villes faisant office de capitales régionales.]]
[[Fichier:Northeast_Asia_at_900_Khitan_Bohai_border-fr.svg|vignette|Frontières en 900 avec le royaume Balhae et les Khitans.|alt=Carte présentant les forces en présence dans la péninsule coréenne en 900, et des alentours, avec à gauche la dynastie Tang, au nord-ouest les Khitans, et aussi l'archipel nippon.]]Balhae est divisé en 15 région, dont 5 partiellement ou totalement sur le territoire actuel du Primorié. Il y a la région de Longyuan, avec comme capitale Dongjin, dans le nord de la Corée et l'actuel raïon de Khassan : la région du Shuiabin{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}}, avec comme capitale [[Yanzhou (Balhae)|Yanzhou]]<ref group="note">aussi nommé Huazhou ou Suibing</ref>, l'ancienne [[Oussouriïsk]], qui s'étalait sur la plaine du Khanka et de la Suifen. Le nom de Shuiabin était par ailleurs l'ancien nom du fleuve Suifen{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}}. À l'est (vers [[Nakhodka]]) se trouve la région de Dingli, avec comme capitale Dingzhou (vers [[Partizansk]]). Au nord, il y a [[Anzhou]] qui gère la région d'Anbian, s'étalant sur le littoral oriental du Primorié. Enfin, dans le cours de l'Oussouri, se trouve la région d'Anyuan, gouvernée à Ningzhou<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=43}}. Un total de {{Unité|200|villes et villages}} du Balhae sont connus au Primorié{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=36}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=35}}, ainsi que quelques autres lieux religieux comme la [[grotte de Possiet]]<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />. Plusieurs temples bouddhistes se trouvaient dans la région{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=36}}. Balhae était un état puissant, à la pointe sur les connaissances scientifiques, et avec une population très alphabétisée. L'agriculture jouait un rôle important, dont au Primorié avec ses terres fertiles, où le riz, le soja et de nombreux arbres fruitiers étaient désormais cultivés. La religion s'est propagée, avec le [[bouddhisme]] chez les nobles, et le [[nestorianisme]] et [[chamanisme]] dans le reste de la population{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=53}}{{,}}<ref name=":5">{{Lien web |langue=ru |titre=История |traduction titre=Histoire |url=https://lazovskymo.gosuslugi.ru/o-munitsipalnom-obrazovanii/istoriya/ |site=Site officiel du raïon municipal de Lazo du kraï du Primorié |consulté le=2023-02-22}}</ref>{{,}}<ref name=":6">{{Lien web |langue=ru |titre=История Бохая |traduction titre=Histoire de l'État de Balhae |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-bohaihist.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>.
[[Fichier:Northeast_Asia_at_900_Khitan_Bohai_border-fr.svg|vignette|Frontières en 900 avec le royaume Balhae et les Khitans.|alt=Carte présentant les forces en présence dans la péninsule coréenne en 900, et des alentours, avec à gauche la dynastie Tang, au nord-ouest les Khitans, et aussi l'archipel nippon.]] Balhae est divisé en {{nobr|15 régions}}, dont cinq partiellement ou totalement sur le territoire actuel du Primorié. Il y a la région de Longyuan, avec comme capitale Dongjin, dans le nord de la Corée et l'actuel raïon de Khassan ; la région du Shuiabin{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}}, avec comme capitale [[Yanzhou (Balhae)|Yanzhou]]<ref group="note">aussi nommé Huazhou ou Suibing</ref>, l'ancienne [[Oussouriïsk]], qui s'étalait sur la plaine du Khanka et de la Suifen. Le nom de Shuiabin était par ailleurs l'ancien nom du fleuve Suifen{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=27}}. À l'est (vers [[Nakhodka]]) se trouve la région de Dingli, avec comme capitale Dingzhou (vers [[Partizansk]]). Au nord, il y a [[Anzhou]] qui gère la région d'Anbian, s'étalant sur le littoral oriental du Primorié. Enfin, dans le cours de l'Oussouri, se trouve la région d'Anyuan, gouvernée à Ningzhou<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=43}}. Un total de {{nobr|200 villes}} et villages du Balhae sont connus au Primorié{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=36}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=35}}, ainsi que quelques autres lieux religieux comme la [[grotte de Possiet]]<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />. Plusieurs temples bouddhistes se trouvaient dans la région{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=36}}. Balhae était un État puissant, à la pointe sur les connaissances scientifiques, et avec une population très alphabétisée. L'agriculture jouait un rôle important, dont au Primorié avec ses terres fertiles, où le riz, le soja et de nombreux arbres fruitiers étaient désormais cultivés. La religion s'est propagée, avec le [[bouddhisme]] chez les nobles, et le [[nestorianisme]] et [[chamanisme]] dans le reste de la population{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=53}}{{,}}<ref name=":5">{{Lien web |langue=ru |titre=История |traduction titre=Histoire |url=https://lazovskymo.gosuslugi.ru/o-munitsipalnom-obrazovanii/istoriya/ |site=Site officiel du raïon municipal de Lazo du kraï du Primorié |consulté le=2023-02-22}}</ref>{{,}}<ref name=":6">{{Lien web |langue=ru |titre=История Бохая |traduction titre=Histoire de l'État de Balhae |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-bohaihist.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>.


En [[907]], Balhae rentre entre guerre contre les [[Khitans]], ces derniers venant de fonder la [[dynastie Liao]]{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=52}}. Les Khitans, peuple de Mongolie et de Mandchourie, était jusque-là vassal de Balhae. Avec la guerre, Balhae perdit peu à peu des territoirss, et en [[925]], le [[Silla (Corée)|Silla]] s'allie avec les Khitans, et l'année suivante, la capitale [[Sanggyeong]] est assiégé, mettant fin aux Balhae{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=36}}{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=53}}{{,}}<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}{{Sfn|Charles|2015|p=25}}.
En 907, Balhae entre en guerre contre les [[Khitans]], ces derniers venant de fonder la [[dynastie Liao]]{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=52}}. Les Khitans, peuple de Mongolie et de Mandchourie, étaient jusque-là vassaux de Balhae. Avec la guerre, Balhae perdit peu à peu des territoires, et en 925, le [[Silla (Corée)|Silla]] s'allie avec les Khitans ; l'année suivante, la capitale [[Sanggyeong]] est assiégée, mettant fin aux Balhae{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=36}}{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=53}}{{,}}<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}{{Sfn|Charles|2015|p=25}}.


=== Sous la domination chinoise ===
=== Sous la domination chinoise ===
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{{Article détaillé|Dynastie Liao}}
{{Article détaillé|Dynastie Liao}}


===== Au {{S-|X}} =====
===== Au {{s-|X}} =====
[[Fichier:Map_of_The_east_barbarian_6.png|vignette|Carte du Dongdan en bleu clair, englobant le Primorié.|alt=Carte de la péninsule coréenne et d'une partie de la Mandchourie montrant l'étendue sur l'actuel kraï du Primorié du royaume de Dongdan.]]
[[Fichier:Map_of_The_east_barbarian_6.png|vignette|Carte du Dongdan en bleu clair, englobant le Primorié.|alt=Carte de la péninsule coréenne et d'une partie de la Mandchourie montrant l'étendue sur l'actuel kraï du Primorié du royaume de Dongdan.]]
Lorsque Balhae est vaincu en 926, la [[dynastie Liao]] met en place le [[Royaume Dongdan|royaume de Dongdan]], un [[État fantoche]] dirigé par [[Yelü Bei]], le fils de l'empereur Liao. Mais très vite, le fils est contraint de fuire tandis après que son frère [[Yelü Deguang]] soit devenu empereur Liao. Bei, sous les conseils de l'empereur [[Mingzong]], il fuit chez les [[Tang postérieurs]]. Le Royaume de Dongdan continue d'exister sur le papier pendant un temps, avant d'être incoporé en 936 (ou 982 selon le point de vue)<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":25">{{Lien web |langue=ru |titre=Бохайцы после гибели Бохая |traduction titre=Balhae après la fin du royaume Balhae |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-bohaipost.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>.
Lorsque Balhae est vaincu en 926, la [[dynastie Liao]] met en place le [[Royaume Dongdan|royaume de Dongdan]], un [[État fantoche]] dirigé par [[Yelü Bei]], le fils de l'empereur Liao. Mais très vite, le fils est contraint de fuir après que son frère [[Yelü Deguang]] est devenu empereur Liao. Bei, sur les conseils de l'empereur [[Mingzong]], fuit chez les [[Tang postérieurs]]. Le royaume de Dongdan continue d'exister sur le papier pendant un temps, avant d'être incorporé en 936 (ou 982 selon le point de vue)<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":25">{{Lien web |langue=ru |titre=Бохайцы после гибели Бохая |traduction titre=Balhae après la fin du royaume Balhae |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-bohaipost.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>.

{{Article détaillé|Royaume de Dongdan}}
{{Article détaillé|Royaume de Dongdan}}
[[Fichier:Anonymous-The_King_of_Dongdan_Goes_Forth.jpg|centré|vignette|800x800px|''Le Roi de Dongdan va de l'avant'' (東丹王出行圖), rouleau, couleurs claires sur soie. 146,8 × {{unité|77.3|cm}}. [[Musée national du Palais]], [[Taipei]]. Attribué à [[Li Zanhua]] (李贊華 909–946), mais il s'agit peut-être d'un artiste plus tardif.|alt=Rouleau peint chinois montrant des hommes à cheval se diriger vers la droite du rouleau. Il y a 6 hommes et 7 chevaux, le chevaux le plus à gauche ne portant personne.]]De nombreux Bohais n'acceptent pas la défaite, et des soulèvements éclatent à travers le royaume. Le premier d'ampleur éclate en 929 lorsque des membres de l'ancienne famille royale proclament le royaume de Balhae postérieurs, mais la révolte est matée, puis une autre en 934{{Sfn|Charles|2015|p=25}}. La dynastie Liao déplace les populations de Balhae pour les désunir, en 938, des rébelles fondent le royaume de Ding'an, la région subitt les effets de l'[[Éruption du mont Paektu en 946|éruption du mont Paektu]] en 946, avec des déplacements massifs de population, qui désunissent encore plus des troupes Balhae. L'empereur Khitan ordonne dans un décret que les habitants de Balhae viennent vivre dans la dynastie Liao, et la région perd alors environ les deux tiers de ses habitants{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=36}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=37}}. Le territoire se dépeuple, devenant une périphérie reculée. Les fonctionnaires sont pris par Balhae pour éviter une nouvelle rébellion. Une révolte des Balhae éclate en [[975]], en vainc. En 982, Dongdan est annexé, et les Balhae cherchent alors à nouer une alliance avec les [[Jürchen|Jürchens]], les descendants des Mohe dont des heishui mohe. En 983, Ding'an est conquis en partie par la dynastie Liao, mis à part les zones montagneuses où les rebelles se réfugient. En 985, les Khitans mettent fin totalement à Ding'an. Les survivants arrivent à faire une alliance avec les Jürchens et surtout les Chinois de la [[dynastie Song]]. Liao en sort victorieux, et une nouvelle expédition en [[988]]-[[989]] des Liao incendie, pille les villages et tuent les habitatnts. Une dernière expédition en 990 affirme le pouvoir Liao<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":25" />.
[[Fichier:Anonymous-The_King_of_Dongdan_Goes_Forth.jpg|centré|vignette|upright=3.0|''Le Roi de Dongdan va de l'avant'' (東丹王出行圖), rouleau, couleurs claires sur soie. {{dunité|146,8|77.3|cm}}. [[Musée national du Palais]], [[Taipei]]. Attribué à [[Li Zanhua]] (李贊華 909–946), mais il s'agit peut-être d'un artiste plus tardif.|alt=Rouleau peint chinois montrant des hommes à cheval se diriger vers la droite du rouleau. Il y a 6 hommes et 7 chevaux, le cheval le plus à gauche ne portant personne.]]


De nombreux Bohais n'acceptent pas la défaite, et des soulèvements éclatent à travers le royaume. Le premier d'ampleur éclate en 929 lorsque des membres de l'ancienne famille royale proclament le royaume de Balhae postérieur, mais la révolte est matée, puis une autre en 934{{Sfn|Charles|2015|p=25}}. La dynastie Liao déplace les populations de Balhae pour les désunir, en 938, des rebelles fondent le royaume de Ding'an, la région subitt les effets de l'[[Éruption du mont Paektu en 946|éruption du mont Paektu]] en 946, avec des déplacements massifs de population, qui désunissent encore plus des troupes balhae. L'empereur Khitan ordonne dans un décret que les habitants de Balhae viennent vivre dans la dynastie Liao, et la région perd alors environ les deux tiers de ses habitants{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=36}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=37}}. Le territoire se dépeuple, devenant une périphérie reculée. Les fonctionnaires sont pris par Balhae pour éviter une nouvelle rébellion. Une révolte des Balhae éclate en [[975]], en vain. En 982, Dongdan est annexé, et les Balhae cherchent alors à nouer une alliance avec les [[Jürchen]]s, les descendants des Mohe dont des Heishui mohe. En 983, Ding'an est conquis en partie par la dynastie Liao, mis à part les zones montagneuses où les rebelles se réfugient. En 985, les Khitans mettent fin totalement à Ding'an. Les survivants arrivent à faire une alliance avec les Jürchens et surtout les Chinois de la [[dynastie Song]]. Liao en sort victorieux, et une nouvelle expédition en [[988]]-[[989]] des Liao incendie, pille les villages et tue les habitants. Une dernière expédition en 990 affirme le pouvoir Liao<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":25" />.
Les [[Jürchen|Jürchens]] deviennent alors le principal peuple vivant sur les terres du Primorié, des descendants possibles des Heishui mohe{{Sfn|Kradin|2020|p=5}}. Le nom des Jürchens apparaissait dans les chroniques khitanes, mais jamais celui des Heishui mohe. Ce changement de nom s'est passé au cours du {{S-|IX}}, et au {{S-|XI}}, le nom d'Heishui a disparu. De plus, les Jürchens seraient aussi, dans une moindre mesure; composés de Balhae, et d'autres peuples de la région. Sinon en 991, une alliance de tribus vivant dans le sud du Primorié et nord de la Corée se soulève, composée de 30 tribus, mais ils sont écrasés par les Khitans<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":25" />.

Les [[Jürchen]]s deviennent alors le principal peuple vivant sur les terres du Primorié, des descendants possibles des Heishui mohe{{Sfn|Kradin|2020|p=5}}. Le nom des Jürchens apparaissait dans les chroniques khitanes, mais jamais celui des Heishui mohe. Ce changement de nom est intervenu au cours du {{s-|IX}}, et au {{s-|XI}}, le nom d'Heishui a disparu. De plus, les Jürchens seraient aussi, dans une moindre mesure, composés de Balhae et d'autres peuples de la région. Sinon en 991, une alliance de tribus vivant dans le sud du Primorié et nord de la Corée se soulève, composée de {{nobr|30 tribus}}, mais elles sont écrasées par les Khitans<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":25" />.


===== Révoltes au Primorié aux {{Sp-|XI|-|XII|s}} =====
===== Révoltes au Primorié aux {{Sp-|XI|-|XII|s}} =====
[[Fichier:Вид_с_вулкана_Барановский.jpg|vignette|234x234px|Vallée de la Suifen depuis le [[volcan Baranovski]].|alt=Photographie d'une rivière dans une méandre causée par un relief, avec des nuages gris dans le ciel.]]Les Jürchens vivant au Primorié sont principalement des rebelles à cette époque. Un clan y vivant, le clan Wanyan, cherche à unifier les tribus, et le clan possède un chef dit le « wanyan ». Le clan cherche à unifier la région, mais les autres tribus s'y opposent<ref name=":7">{{Lien web |langue=ru |titre=Суйфун в конце 11 - начале 12 вв. |traduction titre=Événements sur le Suifen à la fin du XIe - début du XIIe siècle. |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-ranzhvoina.html |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>. Le clan wanyan, qui cherche à imposer des lois et impôts, conquiert avec le wanyan Shilu (完颜石鲁) entre 1010 et 1021 les tribus Suifen et Yelan<ref group="note">Les tribus Yelan vivaient dans les bassins de l'[[Arsenievka]] et de la [[Partizanskaïa (fleuve)|Partizanskaïa]] principalement</ref>. C'est en grande partie la désunion de ces tribus qui a permis de les conquérir{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=56}}{{,}}<ref name=":7" />. Son fils, le wanyan [[Wugunai]] (完颜乌骨迺), est plus laxiste envers les tribus{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=56}}, mais le prochain Wanyan, Helibo (完颜劾里钵), est plus ferme, provoquant un soulèvement des tribus de la côte, qui est finalement maté par la tribu Yelan<ref name=":7" />. Le wanyan Yingge (完颜盈歌 ; règne de 1094-1103{{Sfn|Marsone|2022|p=474}}), osa placer des chefs de d'autres tribus que les Wanyan aux tribus{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=56}}. Mais un qu'il avait nommé, Haigean, chef de tribu Wazhun, se soulève, qonquérant la Suifen, le Tumen, et une partie de plaine du Khanka<ref group="note">La partie au sud du lac Khanka.</ref>. Haigean devint maître de la région agricole du Primorié, et conquiert deux places fortes héritées de Balhae<ref name=":7" />.
[[Fichier:Вид_с_вулкана_Барановский.jpg|vignette|Vallée de la Suifen depuis le [[volcan Baranovski]].|alt=Photographie d'une rivière dans un méandre causé par un relief, avec des nuages gris dans le ciel.]] Les Jürchens vivant au Primorié sont principalement des rebelles à cette époque. Un clan y vivant, le clan Wanyan, cherche à unifier les tribus, et le clan possède un chef dit le « wanyan ». Le clan cherche à unifier la région, mais les autres tribus s'y opposent<ref name=":7">{{Lien web |langue=ru |titre=Суйфун в конце 11 - начале 12 вв. |traduction titre=Événements sur le Suifen à la fin du {{XIe}} - début du {{XIIe}} siècle. |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-ranzhvoina.html |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>. Le clan wanyan, qui cherche à imposer des lois et impôts, conquiert avec le wanyan Shilu (完颜石鲁) entre 1010 et 1021 les tribus Suifen et Yelan<ref group="note">Les tribus Yelan vivaient dans les bassins de l'[[Arsenievka]] et de la [[Partizanskaïa (fleuve)|Partizanskaïa]] principalement</ref>. C'est en grande partie la désunion de ces tribus qui a permis de les conquérir{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=56}}{{,}}<ref name=":7" />. Son fils, le wanyan [[Wugunai]] (完颜乌骨迺), est plus laxiste envers les tribus{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=56}}, mais le wanyan suivant, Helibo (完颜劾里钵), est plus ferme, provoquant un soulèvement des tribus de la côte, qui est finalement maté par la tribu Yelan<ref name=":7" />. Le wanyan Yingge (完颜盈歌 ; règne de 1094-1103{{Sfn|Marsone|2022|p=474}}), osa placer des chefs d'autres tribus que les Wanyan aux tribus{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=56}}. Mais un qu'il avait nommé, Haigean, chef de tribu Wazhun, se soulève, conquérant la Suifen, le Tumen, et une partie de plaine du Khanka<ref group="note">La partie au sud du lac Khanka.</ref>. Haigean devint maître de la région agricole du Primorié, et conquiert deux places fortes héritées de Balhae<ref name=":7" />.


Yingge envoya le chef Nagenne pour mater Haigean, mais Nagenne se soulève lui aussi pour son propre profit. Nagenne réprime les différentes tribus (sauf Haigean, trop fort), tribus qui se plaignent auprès de Yingge. Ainsi, lorsque les plaintes arrivent, la région est tenue par deux chefs rebelles, qui ont fait alors une union tribale, à un pouvoir déjà rebelle à la dynastie Liao<ref name=":7" />. Yingge envoie deux chefs militaires, Vasai et Yeha pour « examiner les plaintes ». Après plusieurs batailles, Nagenne fut tué, et Vasai conquit les terres des tribus de la Suifen. Le clan Wanyan est désormais maître sur ces terres, provoquant néanmoins toujours un mécontentement des tribus Suifen<ref name=":7" />.[[Fichier:History_of_Korea-1108.png|vignette|267x267px|Carte de la Corée en 1108, avec les localisations confirmées des forts, dont un se situe dans le raïon de Khassan. On voit la frontière provoquée par l'arrivée des rebelles.|alt=Carte de la péninsule coréenne en 1109 montrant les localisations confirmées des forts de Goryeo. Les forts sont dans l'actuel nord de la Corée du Nord, ainsi que pour un dans l'actuel raïon de Khassan. Les frontières sont montrées entre Goryeo et les Jürchens.]]Les tribus Suifen, voulant toujours une indépendance, créent une union tribale avec les Yelan et les Heshile. L'alliance, nommée coalition Asu d'après le nom du chef des Heshile, veut à la fois battre les Wazhun et les Wanyan, et réussie à fédérer {{Unité|35|tribus}}, dont {{Unité|14|tribus}} de la Suifen. Le général Wanyan [[Jin Taizu|Aduga]], malgré le renforcement de la coalition, profite des divisions internes de la coalition et d'une erreur stratégie de Dong'en<ref group="note">ou Dunen ou Dong Neng</ref> (un des commandants de la coalition, par ailleurs le fils de Nagenne mais pas dans le même camp) qui s'attaqua à un chef mineur au lieu d'aller aider Luke, un autre général, chef de la tribu Wugulun. Les forces de la coalition sont détruites, et en 1102, Asu, le chef, s'enfuit dans les terres contrôlées par la dynastie Liao, pour tenter de créer à nouveau un soulèvement chez les Yelan et Suifen, mais sans succès<ref name=":7" />.
Yingge envoya le chef Nagenne pour mater Haigean, mais Nagenne se soulève lui aussi pour son propre profit. Nagenne réprime les différentes tribus (sauf Haigean, trop fort), tribus qui se plaignent auprès de Yingge. Ainsi, lorsque les plaintes arrivent, la région est tenue par deux chefs rebelles, qui ont fait alors une union tribale, à un pouvoir déjà rebelle à la dynastie Liao<ref name=":7" />. Yingge envoie deux chefs militaires, Vasai et Yeha pour « examiner les plaintes ». Après plusieurs batailles, Nagenne fut tué, et Vasai conquit les terres des tribus de la Suifen. Le clan Wanyan est désormais maître sur ces terres, provoquant néanmoins toujours un mécontentement des tribus Suifen<ref name=":7" />.


[[Fichier:History_of_Korea-1108.png|vignette|Carte de la Corée en 1108, avec les localisations confirmées des forts, dont un se situe dans le raïon de Khassan. On voit la frontière provoquée par l'arrivée des rebelles.|alt=Carte de la péninsule coréenne en 1109 montrant les localisations confirmées des forts de Goryeo. Les forts sont dans l'actuel nord de la Corée du Nord, ainsi que pour un dans l'actuel raïon de Khassan. Les frontières sont montrées entre Goryeo et les Jürchens.]]
Asu et les nombreux rebelles se réfugièrent dans le nord du royaume [[Goryeo]]. Goryeo était mécontent de ces arrivants, et engagea un dialogue avec les Wanyan pour qu'ils soient repris, mais vu que les Wanyan ne répondirent pas, ils lancèrent une guerre contre les Wanyan, mais Goryeo perdit, tandis qu'Asu ne se mêla pas du conflit. Wuyashu (完顏烏雅束), wanyan de 1103 à 1113{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=57}}, tenta de résoudre le conflit avec la coalition par voie diplomatique, sans succès, et les batailles coninuèrent<ref name=":7" />. En 1107, profitant du chaos, Goryeo envoya {{Unité|170 000|hommes}} dans le nord de la Corée et dans le sud du Primorié{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=58}} pour conquérir le territoire. Les Jürchens, de la coalition ou des Wanyan, perdirent, et la Corée construisit des forts. En 1109, la plupart des Jürchens se rassemblèrent , craignant une attaque des Khitans à cause de leur affaiblisssement, et lancèrent une attaque contre Goryeo et les Suifen et Yelan{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=58}}{{,}}<ref name=":7" />. Les Mohe encore un peu existant rejoignirent les Jürchens, ce qui permit aux Jürchens de défaire Goryeo, Goryeo réclamant finalement la paix. Le Primorié fut retourné aux Jürchens, une ligne de démarcation apparut entre Jürchens et Coréens, et les Yelan, Suifen et d'autreschefs de tribus se rangèrent du côté des Wanyan suite à la victoire contre Goryeo{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=59}}{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=58}}.

Les tribus Suifen, voulant toujours une indépendance, créent une union tribale avec les Yelan et les Heshile. L'alliance, nommée coalition Asu d'après le nom du chef des Heshile, veut à la fois battre les Wazhun et les Wanyan, et réussit à fédérer {{nobr|35 tribus}}, dont {{nobr|14 tribus}} de la Suifen. Le général Wanyan [[Jin Taizu|Aduga]], malgré le renforcement de la coalition, profite des divisions internes de la coalition et d'une erreur stratégique de Dong'en<ref group="note">ou Dunen ou Dong Neng</ref> (un des commandants de la coalition, par ailleurs le fils de Nagenne mais pas dans le même camp) qui s'attaqua à un chef mineur au lieu d'aller aider Luke, un autre général, chef de la tribu Wugulun. Les forces de la coalition sont détruites, et en 1102, Asu, le chef, s'enfuit dans les terres contrôlées par la dynastie Liao, pour tenter de créer à nouveau un soulèvement chez les Yelan et Suifen, mais sans succès<ref name=":7" />.

Asu et les nombreux rebelles se réfugièrent dans le nord du royaume [[Goryeo]]. Goryeo était mécontent de ces arrivants, et engagea un dialogue avec les Wanyan pour qu'ils soient repris, mais vu que les Wanyan ne répondirent pas, ils lancèrent une guerre contre les Wanyan, mais Goryeo perdit, tandis qu'Asu ne se mêla pas du conflit. Wuyashu (完顏烏雅束), wanyan de 1103 à 1113{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=57}}, tenta de résoudre le conflit avec la coalition par voie diplomatique, sans succès, et les batailles coninuèrent<ref name=":7" />. En 1107, profitant du chaos, Goryeo envoya {{Unité|170000|hommes}} dans le nord de la Corée et dans le sud du Primorié{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=58}} pour conquérir le territoire. Les Jürchens, de la coalition ou des Wanyan, perdirent, et la Corée construisit des forts. En 1109, la plupart des Jürchens se rassemblèrent, craignant une attaque des Khitans à cause de leur affaiblissement, et lancèrent une attaque contre Goryeo et les Suifen et Yelan{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=58}}{{,}}<ref name=":7" />. Les Mohe encore un peu existant rejoignirent les Jürchens, ce qui permit à ceux-ci de défaire Goryeo, qui réclama finalement la paix. Le Primorié fut retourné aux Jürchens, une ligne de démarcation apparut entre Jürchens et Coréens, et les Yelan, Suifen et d'autres chefs de tribus se rangèrent du côté des Wanyan à la suite de la victoire contre Goryeo{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=59}}{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=58}}.


==== Dynastie Jin ====
==== Dynastie Jin ====
{{Article détaillé|Dynastie Jin (1115-1234)}}[[Fichier:Ussuriysk-Stone-Tortoise-3815.jpg|vignette|222x222px|Un [[Bìxì|dragon-tortue]] provenant de la tombe d'Esykuy, actuellement situé dans le parc central de la ville d'[[Oussouriisk|Oussouriïsk]].|alt=Photographie d'un dragon-tortue (bixi) de face, avec derrière des anciens murs avec des motifs indéterminés.]]
{{Article détaillé|Dynastie Jin (1115-1234)}}[[Fichier:Ussuriysk-Stone-Tortoise-3815.jpg|vignette|Un [[Bìxì|dragon-tortue]] provenant de la tombe d'Esykuy, actuellement situé dans le parc central de la ville d'[[Oussouriisk|Oussouriïsk]].|alt=Photographie d'un dragon-tortue (bixi) de face, avec derrière des anciens murs avec des motifs indéterminés.]]

Une fois l'unification par le clan [[Wanyan]] des tribus Jürchens lors de la guerre contre Goryeo, [[Jin Taizu|Aguda]], un chef Jürchen, désobéit en 1112 à l'empereur Liao (il refuse de venir à une danse){{Sfn|Kradin|2020|p=5}}. En septembre 1114, [[Nong'an|Ningjiangzhou]] est capturée par Aguda, le chef du clan Wanyan, rentrant alors en révolte. Il se proclame en janvier suivant empereur, fondant la [[Dynastie Jin (1115-1234)|dynastie Jin]]<ref name=":5" group="fegi" />{{,}}<ref name=":7" />{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=3}}{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=60}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=38}}. De 1115 à 1121, la [[dynastie Song]] voit dans la dynastie Jin son allié naturel face à la dynastie Liao, et scellent l'« Alliance conclue en mer », qui est rompue en 1125 quand les Jin se rendent compte de la faiblesse des Song. La dynastie Jin règne désormais sur le nord de la Chine et le Primorié<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=История ранних чжурчжэней |traduction titre=Origine et histoire des premiers Jürchens |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-zhurran.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>, et parallèlement, Aduga (désormais Jin Taizu) propose en 1115 à Asu de revenir dans ses terres. Pour Jin Taizu, cela éviterait que pendant qu'il attaque les Khitans, les tribus Suifen et Yelan décident d'à nouveau se rebeller<ref name=":5" group="fegi" />{{,}}<ref name=":7" />.
Une fois l'unification par le clan [[Wanyan]] des tribus Jürchens lors de la guerre contre Goryeo, [[Jin Taizu|Aguda]], un chef Jürchen, désobéit en 1112 à l'empereur Liao (il refuse de venir à une danse){{Sfn|Kradin|2020|p=5}}. En septembre 1114, [[Nong'an|Ningjiangzhou]] est capturée par Aguda, le chef du clan Wanyan, rentrant alors en révolte. Il se proclame en janvier suivant empereur, fondant la [[Dynastie Jin (1115-1234)|dynastie Jin]]<ref name=":5" group="fegi" />{{,}}<ref name=":7" />{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=3}}{{,}}{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=60}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=38}}. De 1115 à 1121, la [[dynastie Song]] voit dans la dynastie Jin son allié naturel face à la dynastie Liao, et scelle l'« Alliance conclue en mer », qui est rompue en 1125 quand les Jin se rendent compte de la faiblesse des Song. La dynastie Jin règne désormais sur le nord de la Chine et le Primorié<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=История ранних чжурчжэней |traduction titre=Origine et histoire des premiers Jürchens |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-zhurran.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>, et parallèlement, Aduga (désormais Jin Taizu) propose en 1115 à Asu de revenir dans ses terres. Pour Jin Taizu, cela éviterait que pendant qu'il attaque les Khitans, les tribus Suifen et Yelan décident d'à nouveau se rebeller<ref name=":5" group="fegi" />{{,}}<ref name=":7" />.


En 1222, Esykuy (aussi connu sous les noms de Yesykui, Digunai, Wanyan Zhong{{Sfn|Kradin|2020|p=11}}), chef militaire, déplace son quartier militaire à [[Oussouriïsk|Xuiping]]{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=111}}, puis en 1224, accompagné de mille soldats, dirigent des opérations dans la région pour prévenir et mater les rébellions, tandis que Jin Taizu place des troupes au Primorié. Esykuy a installé son quartier général à [[Suibing]]<ref group="note">Les différents noms sont Xuping, Suiping, Suibing, Suibin, tous venant de Shuiabin, le nom sous l'époque de Balhae de la région.</ref>, ou plus précisément en périphérie, car il ne voulait pas expulser des habitants, ce qui aurait pu recréer une révolte. Ce quartier général devient une petite ville, sur une colline, nommée en chinois Xuping<ref name=":33">{{Lien web |langue=ru |titre=История |traduction titre=Histoire |url=https://www.adm-ussuriisk.ru/ob_okruge/Istoriya/ |site=Site officiel de l'administration de l'okroug urbain d'Oussouriïsk |consulté le=2023-12-01}}</ref>, et le chef-lieu de la province éponyme, avec Esykuy comme chef de la province<ref name=":5" group="fegi" />{{,}}<ref name=":7" />. Jusqu'à sa mort, il s'efforça de reconstruire et de fortifier les anciennes forteresses de Balhae : Syupin (colonie du sud de l'Oussouri), Chite-Syupin (colonie occidentale de l'Oussouri), Krasnoïarovskoïe (vallée d'Or) et Nikolaïevskoïe sur le fleuve [[Partizanskaïa (fleuve)|Suchan]]{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=112}}. En 1148, lorsqu'Esykuy meurt, il faut attendre 1193 pour qu'un mausolée lui soit érigé. Pendant sa gouvernance, il a renforcé le pouvoir central sur quasi tout le Primorié<ref group="fegi" name=":5">{{Lien web |titre=Границы империи Цзинь на территории Приморья |traduction titre=Les frontières de la dynastie Jin au Primorié |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/jin_map.htm |site=Site de l'Institut géologique d'Extrême-Orient (Far East Geological Institute) de la branche d'Extrême-Orient de l'Académie des Sciences de Russie |consulté le=2023-02-22}}</ref>, et a fait fleurir l'économie locale. Pendant le reste de la dynastie, le Primorié a été calme, devenant une région périphérique lointaine<ref name=":7" />.
En 1122, Esykuy (aussi connu sous les noms de Yesykui, Digunai, Wanyan Zhong{{Sfn|Kradin|2020|p=11}}), chef militaire, déplace son quartier militaire à [[Oussouriïsk|Xuiping]]{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=111}}, puis en 1124, accompagné de mille soldats, dirige des opérations dans la région pour prévenir et mater les rébellions, tandis que Jin Taizu place des troupes au Primorié. Esykuy a installé son quartier général à [[Suibing]]<ref group="note">Les différents noms sont Xuping, Suiping, Suibing, Suibin, tous venant de Shuiabin, le nom sous l'époque de Balhae de la région.</ref>, ou plus précisément en périphérie, car il ne voulait pas expulser des habitants, ce qui aurait pu recréer une révolte. Ce quartier général devient une petite ville, sur une colline, nommée en chinois Xuping<ref name=":33">{{Lien web |langue=ru |titre=История |traduction titre=Histoire |url=https://www.adm-ussuriisk.ru/ob_okruge/Istoriya/ |site=Site officiel de l'administration de l'okroug urbain d'Oussouriïsk |consulté le=2023-12-01}}</ref>, et le chef-lieu de la province éponyme, avec Esykuy comme chef de la province<ref name=":5" group="fegi" />{{,}}<ref name=":7" />. Jusqu'à sa mort, il s'efforça de reconstruire et de fortifier les anciennes forteresses de Balhae : Syupin (colonie du sud de l'Oussouri), Chite-Syupin (colonie occidentale de l'Oussouri), Krasnoïarovskoïe (vallée d'Or) et Nikolaïevskoïe sur le fleuve [[Partizanskaïa (fleuve)|Suchan]]{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=112}}. Esykuy meurt en 1148, il faut attendre 1193 pour qu'un mausolée lui soit érigé. Pendant sa gouvernance, il a renforcé le pouvoir central sur quasi tout le Primorié<ref group="fegi" name=":5">{{Lien web |titre=Границы империи Цзинь на территории Приморья |traduction titre=Les frontières de la dynastie Jin au Primorié |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/jin_map.htm |site=Site de l'Institut géologique d'Extrême-Orient (Far East Geological Institute) de la branche d'Extrême-Orient de l'Académie des Sciences de Russie |consulté le=2023-02-22}}</ref>, et a fait fleurir l'économie locale. Pendant le reste de la dynastie, le Primorié a été calme, devenant une région périphérique lointaine<ref name=":7" />.


Sous la dynastie Jin, les Jürchens pratiquaient l'élevage du bétail et des chevaux (la chasse n'étant pas importante économiquement{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=41}}), des poteries de haut niveau avec une production industrielle pour un large marché. Il y avait de la production de bois et de cuir{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=41}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=42}}, mais aussi d'obus. Bien qu'existant déjà auparavant, les [[Kang (poêle)|kang]], un système de chauffage, devient omniprésent, subsistera chez les peuples autochtones d'Extrême-Orient jusqu'au début du {{S-|XX}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=42}}. Le développement des arts décoratifs et des beaux-arts est attesté au Primorié et plus largement chez les Jürchens par des statuettes en bronze{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=42}}. Le bouddhisme se répand au Primorié et chez les Jürchens. Sur le site de Nikolaïevskoïe, les restes d'un monastère bouddhiste ont été retrouvés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=44}}.
Sous la dynastie Jin, les Jürchens pratiquaient l'élevage du bétail et des chevaux (la chasse n'étant pas importante économiquement{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=41}}), des poteries de haut niveau avec une production industrielle pour un large marché. Il y avait de la production de bois et de cuir{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=41}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=42}}, mais aussi d'obus. Bien qu'existant déjà auparavant, les [[Kang (poêle)|kang]], un système de chauffage, devient omniprésent, subsistera chez les peuples autochtones d'Extrême-Orient jusqu'au début du {{s-|XX}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=42}}. Le développement des arts décoratifs et des beaux-arts est attesté au Primorié et plus largement chez les Jürchens par des statuettes en bronze{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=42}}. Le bouddhisme se répand au Primorié et chez les Jürchens. Sur le site de Nikolaïevskoïe, les restes d'un monastère bouddhiste ont été retrouvés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=44}}.


L'actuel Primorié était couvert par certaines régions (districts/circuits) de la dynastie Jin : Helan ; Huilgai ; Xuipin et Yelan{{Sfn|Kradin|2020|p=7}}.
L'actuel Primorié était couvert par certaines régions (districts/circuits) de la dynastie Jin : Helan ; Huilgai ; Xuipin et Yelan{{Sfn|Kradin|2020|p=7}}.
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==== Xia orientaux ====
==== Xia orientaux ====
{{Article connexe|Xia orientaux}}
{{Article connexe|Xia orientaux}}
En 1210, une ambassade Jin arrive à la Cour de [[Gengis Khan]], pour annoncer l'accession au trône de [[Jin Weishaowang]] et exiger des Mongols qu'ils se soumettent et deviennent un [[État vassal]] de la dynastie Jin. Les Mongols ne l'entendent pas ainsi, et l'année suivante, ils lancent l'[[invasion mongole de la dynastie Jin]]. La dynastie perd petit à petit ses territoires, et en 1212, ils prennent [[Mukden]], une des capitales de l'Empire<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jack|nom1=Weatherford|lien auteur1=Jack Weatherford|titre="2 : Tale of Three Rivers", Genghis Khan and the Making of the Modern World|lieu=New York|éditeur=[[Random House]]/Three Rivers Press|année=2004|pages totales=354|passage=84|isbn=0-609-80964-4}}</ref>.
En 1210, une ambassade Jin arrive à la cour de [[Gengis Khan]], pour annoncer l'accession au trône de [[Jin Weishaowang]] et exiger des Mongols qu'ils se soumettent et deviennent un [[État vassal]] de la dynastie Jin. Les Mongols ne l'entendent pas ainsi, et l'année suivante, ils lancent l'[[invasion mongole de la dynastie Jin]]. La dynastie perd petit à petit ses territoires, et en 1212, ils prennent [[Mukden]], une des capitales de l'Empire<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jack|nom1=Weatherford|lien auteur1=Jack Weatherford|titre="2 : Tale of Three Rivers", Genghis Khan and the Making of the Modern World|lieu=New York|éditeur=[[Random House]]/Three Rivers Press|année=2004|pages totales=354|passage=84|isbn=0-609-80964-4}}</ref>.


[[Fichier:Púxiān_Wànnú.jpg|vignette|231x231px|Illustration de Puxian Wannu.|alt=Dessin de portrait d'un homme chinois barbu regardant vers la gauche, habillé d'une robe souple jaune et ayant un chapeau de général.]]
[[Fichier:Púxiān_Wànnú.jpg|vignette|Illustration de Puxian Wannu.|alt=Dessin de portrait d'un homme chinois barbu regardant vers la gauche, habillé d'une robe souple jaune et ayant un chapeau de général.]]


En 1215, [[Puxian Wannu]], un des généraux de l'empereur, profitant de la perte de confiance des généraux envers l'empereur Jin, se rebelle{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=92}}. Il fonde dans les terres les plus orientales de l'Empire (Primorié et des parties du Heilongjiang et Jilin), le royaume des Jin orientaux (aussi nommé Dongzhen){{Sfn|Kradin|2020|p=12}}. La capitale de l'État sécessionniste est [[Liaoyang]]. Mais lors d'une campagne, cette année-là, les Mongols capturent la capitale de la dynastie Jin, et ainsi des proches de Wannu. Wannu marche alors avec une armée de {{Unité|100 000|hommes}}<ref group="note">Sans compter leurs familles</ref> vers Kaiyuan<ref group="note">La capitale orientale de cet empire, située dans l'okroug urbain moderne d'Oussouriïsk, non loin de cette ville-ci</ref>{{,}}{{Sfn|Kradin|2020|p=12}}, où il proclame le royaume des [[Xia orientaux]]. Afin d'éviter une conquête par les Mongols, il se déclare vassal à Gengis Khan et il lui envoie son fils. Mais il fait aussi une alliance avec les [[Goryeo|Coréens]], lorsque les Khitans les [[Invasions mongoles de la Corée|envahissent]]. Mais les Khitans sont des alliés des Mongols, ce qui laisse présager le pire<ref name=":23">{{Lien web |langue=ru |titre=Государство Восточное Ся |traduction titre=État des Xia orientaux |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-dunxia.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>{{,}}<ref name=":24" />{{,}}<ref name=":12" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=IVLIEV Alexander Lvovich |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chercheur principal, chef. Secteur des États médiévaux de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche Extrême-Orient de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Восточное Ся |traduction titre=Xia Orientaux |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/sia.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-22}}</ref>. En parallèle, les Xia orientaux concluent des relations diplomatiques et commerciales avec Goryeo, tout en maintenant des relations pacifiques avec les Mongols. Wannu décide aussi de mater des révoltes de Khitans rebelles dans les terres mongoles<ref name=":12" group="fegi" />.
En 1215, [[Puxian Wannu]], un des généraux de l'empereur, profitant de la perte de confiance des généraux envers l'empereur Jin, se rebelle{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=92}}. Il fonde dans les terres les plus orientales de l'Empire (Primorié et des parties du Heilongjiang et Jilin), le royaume des Jin orientaux (aussi nommé Dongzhen){{Sfn|Kradin|2020|p=12}}. La capitale de l'État sécessionniste est [[Liaoyang]]. Mais lors d'une campagne, cette année-là, les Mongols prennent la capitale de la dynastie Jin, et ainsi des proches de Wannu. Wannu marche alors avec une armée de {{Unité|100000|hommes}}<ref group="note">Sans compter leurs familles</ref> vers Kaiyuan<ref group="note">La capitale orientale de cet empire, située dans l'okroug urbain moderne d'Oussouriïsk, non loin de cette ville-ci</ref>{{,}}{{Sfn|Kradin|2020|p=12}}, où il proclame le royaume des [[Xia orientaux]]. Afin d'éviter une conquête par les Mongols, il se déclare vassal de Gengis Khan et il lui envoie son fils. Mais il fait aussi une alliance avec les [[Goryeo|Coréens]], lorsque les Khitans les [[Invasions mongoles de la Corée|envahissent]]. Mais les Khitans sont des alliés des Mongols, ce qui laisse présager le pire<ref name=":23">{{Lien web |langue=ru |titre=Государство Восточное Ся |traduction titre=État des Xia orientaux |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-dunxia.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>{{,}}<ref name=":24" />{{,}}<ref name=":12" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=IVLIEV Alexander Lvovich |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chercheur principal, chef. Secteur des États médiévaux de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche Extrême-Orient de l'Académie des sciences de Russie. |titre=Восточное Ся |traduction titre=Xia Orientaux |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/sia.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-22}}</ref>. En parallèle, les Xia orientaux concluent des relations diplomatiques et commerciales avec Goryeo, tout en maintenant des relations pacifiques avec les Mongols. Wannu décide aussi de mater des révoltes de Khitans rebelles dans les terres mongoles<ref name=":12" group="fegi" />.


En 1230, les Mongols lance une conquête du pays, car excédés par les Xia orientaux et en particulier par Ningyasu, l'empereur depuis 1224 qui lance des raids contre les Mongol Avec l'aide de Goryeo qui les autorisent à passer sur leur territoire, les troupes mongoles atteignent en 1233 Kaiyuan et [[Yanji]], les capitales de l'Empire, les assiégeannt et les prenant. À Yanji, la capitale méridionale, Puxian Wannuet Ningyasu sont capturés{{Sfn|Kradin|2020|p=12}}. Tous les membres de la famille royale sont capturés lors de ces prises. En 1235, quelques Jürchens tenant des forteresses résistent toujours dans le Primorié, avant de finir par être maté par les Mongols<ref name=":23" />{{,}}<ref name=":24">{{Lien web |langue=ru |titre=История чжурчжэней |traduction titre=Histoire des Jürchens |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-zhurhist.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>{{,}}<ref name=":12" group="fegi" />.
En 1230, les Mongols lancent une conquête du pays, excédés par les Xia orientaux et en particulier par Ningyasu, l'empereur depuis 1224 qui lance des raids contre les Mongols. Avec l'aide de Goryeo qui les autorise à passer sur leur territoire, les troupes mongoles atteignent en 1233 Kaiyuan et [[Yanji]], les capitales de l'Empire, les assiégeant et les prenant. À Yanji, la capitale méridionale, Puxian Wannu et Ningyasu sont capturés{{Sfn|Kradin|2020|p=12}}. Tous les membres de la famille royale sont capturés lors de ces prises. En 1235, quelques Jürchens tenant des forteresses résistent toujours dans le Primorié, avant de finir par être matés par les Mongols<ref name=":23" />{{,}}<ref name=":24">{{Lien web |langue=ru |titre=История чжурчжэней |traduction titre=Histoire des Jürchens |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-zhurhist.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-22}}</ref>{{,}}<ref name=":12" group="fegi" />.


Le pays de courte durée a permis l'arrivée de nombreux Jürchens au Primorié, qui ont transmis de nombreuses techniques aux Jürchens locaux. Le territoire est devenu à cette épqoue fotifié{{Sfn|Kradin|2020|p=12}}, avec une quarantiane de forteresses{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=4}}{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />. Mais lorsque les Xia orientaux s'effondrèrent, la désolation devint la norme dans la région, les villages et forteresses souvent laissés à l'abandon, les animaux d'élevage libérés dans la nature<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":12" group="fegi" />{{,}}<ref name=":23" />. De nombreux Jürchens se réfugièrent dans la taïga, rompant tout contact avec l'extérieur{{Sfn|Petchenkina|2005|p=46}}.
L'occupation de courte durée a permis l'arrivée de nombreux Jürchens au Primorié, qui ont transmis de nombreuses techniques aux Jürchens locaux. Le territoire est devenu à cette époque fortifié{{Sfn|Kradin|2020|p=12}}, avec une quarantaine de forteresses{{Sfn|Ievmeniev|2014|p=4}}{{,}}<ref name="www.fegi.ru_pam" group="fegi" />. Mais lorsque les Xia orientaux s'effondrèrent, la désolation devint la norme dans la région, les villages et forteresses souvent laissés à l'abandon, les animaux d'élevage libérés dans la nature<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":12" group="fegi" />{{,}}<ref name=":23" />. De nombreux Jürchens se réfugièrent dans la taïga, rompant tout contact avec l'extérieur{{Sfn|Petchenkina|2005|p=46}}.


=== Le Primorié au sein d'États mongols ===
=== Le Primorié au sein d'États mongols ===
{{Article détaillé|Mandchourie sous le contrôle de la dynastie Yuan}}
{{Article détaillé|Mandchourie sous le contrôle de la dynastie Yuan}}
[[Fichier:Yuan_Provinces.png|vignette|Provinces de la [[dynastie Yuan]] en 1330.|alt=Carte de la Chine et de ses environs montrant les différentes provinces de la dynastie Yuan (en 1330).]]
[[Fichier:Yuan_Provinces.png|vignette|Provinces de la [[dynastie Yuan]] en 1330.|alt=Carte de la Chine et de ses environs montrant les différentes provinces de la dynastie Yuan (en 1330).]]
L'[[Empire mongol]] s'installa ainsi sur ces terres, et rattacha l'endroit à la région de Liaoyang. Dès 1235, l'Empire installe une garnison à Yanji et une autre à Kaiyuan. Un soulèvement eut lieu en 1245, vite maté. Les Jürchens récalcitrants tentèrent pendant encore environ {{Unité|40|ans}} de chasser les Mongols, en vainc<ref name=":8">{{Lien web |langue=ru |titre=Приморье в XIII - середине XVII вв. |traduction titre=Le Primorié du XIIIe au XVIIe siècles |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-pozdsrednevek.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-23}}</ref>.
L'[[Empire mongol]] s'installa ainsi sur ces terres, et rattacha l'endroit à la région de Liaoyang. Dès 1235, l'Empire installe une garnison à Yanji et une autre à Kaiyuan. Un soulèvement eut lieu en 1245, vite maté. Les Jürchens récalcitrants tentèrent pendant encore environ {{nobr|40 ans}} de chasser les Mongols, en vain<ref name=":8">{{Lien web |langue=ru |titre=Приморье в XIII - середине XVII вв. |traduction titre=Le Primorié du {{sp-|XIII|au|XVII}} |url=http://rezerv.narod.ru/history/ussur-pozdsrednevek.htm |site=rezerv.narod.ru |consulté le=2023-02-23}}</ref>.


En 1261, [[Kubilai Khan]] créa dix administrations dans la nouvellement créée région de Kaiyuan, dans le but de pacifier la région. Mais en mai 1263, la région et ses administrations sont abolies. En mars 1266, la région de Kaiyuan est recréée, puis en 1271, Kubilai Khan fonde la [[dynastie Yuan]]. La région est impactée en novembre 1280, lorsque {{Unité|3000|soldats}} venant de la région furent recrutés pour participer à la [[Invasions mongoles du Japon#L'invasion de 1281|deuxième invasion mongole du Japon]]. Puis en mars 1286, la région de Kaiyuan fut à nouveau dissoute<ref name=":8" />.
En 1261, [[Kubilai Khan]] créa dix administrations dans la nouvellement créée région de Kaiyuan, dans le but de pacifier la région. Mais en mai 1263, la région et ses administrations sont abolies. En mars 1266, la région de Kaiyuan est recréée, puis en 1271, Kubilai Khan fonde la [[dynastie Yuan]]. La région est affectée en novembre 1280, lorsque {{Unité|3000|soldats}} venant de la région furent recrutés pour participer à la [[Invasions mongoles du Japon#L'invasion de 1281|deuxième invasion mongole du Japon]]. Puis en mars 1286, la région de Kaiyuan fut à nouveau dissoute<ref name=":8" />.


La zone est devenue une région isolée, très peu peuplée, et presque sans civilisation. La dynastie Yuan provoqua une fuite des cerveaux, et recruta de nombreux soldats dans la région pour les envoyer autre part. Les Jürchens récalcitrants se sont regroupés dans de petites communautés. Les Mongols laissèrent les communautés désigner leurs chefs de communauté, profitant ainsi d'une certaine autonomie, sorte de compromis pour éviter une rébellion<ref name=":8" />. En 1368, la [[dynastie Ming]] ds'impose en Chine face à la dynastie Yuan, mais pas en Mandchourie, où les Ming mènent, en 1387, une [[Campagne de la Dynastie Ming contre l'Uriankhai|campagne militaire]] en Mandchourie, qui permet la prise de [[Mandchourie sous le contrôle de la dynastie Ming|contrôle de la dynastie Ming]] sur la Mandchourie, y compris le Primorié actuel<ref name=":8" />.
La zone est devenue une région isolée, très peu peuplée, et presque sans civilisation. La dynastie Yuan provoqua une fuite des cerveaux, et recruta de nombreux soldats dans la région pour les envoyer autre part. Les Jürchens récalcitrants se sont regroupés dans de petites communautés. Les Mongols laissèrent les communautés désigner leurs chefs de communauté, profitant ainsi d'une certaine autonomie, sorte de compromis pour éviter une rébellion<ref name=":8" />. En 1368, la [[dynastie Ming]] ds'impose en Chine face à la dynastie Yuan, mais pas en Mandchourie, où les Ming mènent, en 1387, une [[Campagne de la Dynastie Ming contre l'Uriankhai|campagne militaire]] en Mandchourie, qui permet la prise de [[Mandchourie sous le contrôle de la dynastie Ming|contrôle de la dynastie Ming]] sur la Mandchourie, y compris le Primorié actuel<ref name=":8" />.
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==== Unification des Jürchens au Primorié ====
==== Unification des Jürchens au Primorié ====
{{Article détaillé|Unification des Jürchens}}
{{Article détaillé|Unification des Jürchens}}
{{Voir aussi|Nurhachi|Jin postérieurs (1616-1636)}}[[Fichier:清_佚名_《清太祖天命皇帝朝服像》.jpg|vignette|270x270px|Portrait officiel de [[Nurhachi]].|alt=Portrait entier d'un homme chinois de face assis sur un trône. Il est habillé dans un vêtement jaune ample, avec un couvre-chef rouge. Le tout est sur fond jaune.]]
{{Article connexe|Nurhachi|Jin postérieurs (1616-1636)}}
[[Fichier:清 佚名 《清太祖天命皇帝朝服像》.jpg|vignette|Portrait officiel de [[Nurhachi]].|alt=Portrait entier d'un homme chinois de face assis sur un trône. Il est habillé dans un vêtement jaune ample, avec un couvre-chef rouge. Le tout est sur fond jaune.]]

[[Nurhachi]], le chef de la tribu Mandchukuo, commença en 1582 à [[Unification des Jürchens|unir les Jürchens]]. Les réussites s'enchaînent en Mandchourie, en unifiant peu à peu les Jürchens, mais le Primorié, lieu des tribus sauvages est plus compliqué. En 1593, neuf tribus, surtout Haixi, se liguent contre lui, mais il brise l'alliance. Fort de cette victoire, il commence à s'intéresser aux tribus sauvages, qu'il souhaite désormais conquérir<ref name=":8" />.
[[Nurhachi]], le chef de la tribu Mandchukuo, commença en 1582 à [[Unification des Jürchens|unir les Jürchens]]. Les réussites s'enchaînent en Mandchourie, en unifiant peu à peu les Jürchens, mais le Primorié, lieu des tribus sauvages est plus compliqué. En 1593, neuf tribus, surtout Haixi, se liguent contre lui, mais il brise l'alliance. Fort de cette victoire, il commence à s'intéresser aux tribus sauvages, qu'il souhaite désormais conquérir<ref name=":8" />.


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Puis en 1610, le général mandchou Eidu arrive dans la vallée de la Suifen avec un détachement d'un millier de soldats, et il invite à l'endroit du village actuel de Razdolnaïa (territoire de la tribu Voji/Woji), à rejoindre [[Nurhachi]]. Cette tribu vivait dans le sud du Primorié, de la Suifen jusqu'au fleuve Partizanskaïa. Ils refusèrent, et le général conquit militairement la région, capturant plus de {{Unité|10000|personnes}} rien que dans le district de Yelan (ou Ye Yelan, ou Yalan ; le bassin du fleuve Partizanskaïa)<ref name=":8" />{{,}}{{Sfn|Diakova|2015|p=621}}.
Puis en 1610, le général mandchou Eidu arrive dans la vallée de la Suifen avec un détachement d'un millier de soldats, et il invite à l'endroit du village actuel de Razdolnaïa (territoire de la tribu Voji/Woji), à rejoindre [[Nurhachi]]. Cette tribu vivait dans le sud du Primorié, de la Suifen jusqu'au fleuve Partizanskaïa. Ils refusèrent, et le général conquit militairement la région, capturant plus de {{Unité|10000|personnes}} rien que dans le district de Yelan (ou Ye Yelan, ou Yalan ; le bassin du fleuve Partizanskaïa)<ref name=":8" />{{,}}{{Sfn|Diakova|2015|p=621}}.


Pendant l'année 1614, {{Unité|200|familles}} ayant déposés les armes et {{Unité|1000|autres}} captives sont emmenées en Mandchourie depuis les districts de Yalan (rivière Suchan) et de Xilin (la rive orientale de la [[baie de l'Oussouri]]){{Sfn|Diakova|2015|p=621}}. En 1615, les [[Huit Bannières]] ont mené une campagne contre les tribus du Primorié, tuant {{Unité|800|personnes}}, capturant {{Unité|10000|personnes}} réparties en 500 familles. Enfin 1616, Nurhachi proclame la dynastie des [[Dynastie des Jin postérieurs|Jin postérieurs]] après avoir unifié les Jürchens, et deux ans plus tard, il se lance dans la [[Transition des Ming aux Qing|guerre contre la dynastie Ming]]<ref name=":8" />. Le {{Date|8 février 1635}}, les troupes d'Ubahai et de Jingurdai se sont opposées aux tribus Warka, ont attaqué la région de Nimanya (la rivière Iman), capturant plus de {{Unité|1000|personnes}}{{Sfn|Diakova|2015|p=622}}.
Pendant l'année 1614, {{nobr|200 familles}} ayant déposés les armes et {{Unité|1000|autres}} captives sont emmenées en Mandchourie depuis les districts de Yalan (rivière Suchan) et de Xilin (la rive orientale de la [[baie de l'Oussouri]]){{Sfn|Diakova|2015|p=621}}. En 1615, les [[Huit Bannières]] ont mené une campagne contre les tribus du Primorié, tuant {{nobr|800 personnes}}, capturant {{Unité|10000|personnes}} réparties en 500 familles. Enfin 1616, Nurhachi proclame la dynastie des [[Dynastie des Jin postérieurs|Jin postérieurs]] après avoir unifié les Jürchens, et deux ans plus tard, il se lance dans la [[Transition des Ming aux Qing|guerre contre la dynastie Ming]]<ref name=":8" />. Le {{Date|8 février 1635}}, les troupes d'Ubahai et de Jingurdai se sont opposées aux tribus Warka, ont attaqué la région de Nimanya (la rivière Iman), capturant plus de {{Unité|1000|personnes}}{{Sfn|Diakova|2015|p=622}}.


Le {{Date|15 novembre 1635|julien=oui}}, les troupes Manchoues attaquent le sud du Primorié, afin de conquérir une bonne fois pour toutes l'endroit, avec 4 colonnes de soldats qui s'occupèrent de différents endroits. Le premier, sous le commandement d'Ubahai, s'installa à Eheikulun et Eleyuso ; le second, sous le commandement de Dojili, s'est déplacé vers Yalan (aujourd'hui la rivière Partizanskaïa), Lilin et Hue (rivières modernes [[Daubi-He]] et Suchan) ; le troisième, dirigé par Zhafuni, se dirigeait vers Akuli et Niman (aujourd'hui les rivières Vaku et Iman) ; le quatrième, sous le commandement d'Ushit, se rendit à Noley et Avan. Les autochtones capturés étaient constitués en cinq compagnies spéciales (''nyuru''), dont deux comprenaient des habitants du bassin fluvial de la Suifen et en trois les autochtones du bassin de l'Iman{{Sfn|Diakova|2015|p=622}}.
Le {{Date|15 novembre 1635|julien=oui}}, les troupes Manchoues attaquent le sud du Primorié, afin de conquérir une bonne fois pour toutes l'endroit, avec 4 colonnes de soldats qui s'occupèrent de différents endroits. Le premier, sous le commandement d'Ubahai, s'installa à Eheikulun et Eleyuso ; le second, sous le commandement de Dojili, s'est déplacé vers Yalan (aujourd'hui la rivière Partizanskaïa), Lilin et Hue (rivières modernes [[Daubi-He]] et Suchan) ; le troisième, dirigé par Zhafuni, se dirigeait vers Akuli et Niman (aujourd'hui les rivières Vaku et Iman) ; le quatrième, sous le commandement d'Ushit, se rendit à Noley et Avan. Les autochtones capturés étaient constitués en cinq compagnies spéciales (''nyuru''), dont deux comprenaient des habitants du bassin fluvial de la Suifen et en trois les autochtones du bassin de l'Iman{{Sfn|Diakova|2015|p=622}}.
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==== Le Primorié dans les sources chinoises ====
==== Le Primorié dans les sources chinoises ====
Dans la « Description historique et géographique de la dynastie Daiqing », l'on apprend que le Primorié s'appelait à cette époque « '''Woji''' », et qu'il était habité par les Donghai-Wojibu, ce qui signifie « tribus forestières de la mer Orientale ». Sur la rive sud de la rivière Xise<ref group="note">Aujourd'hui Djiguitovka, et jusqu'en 1971 - Yodzi-He. Elle se jette près de [[Plastoun (kraï du Primorié)|Plastoun]].</ref>, selon la « Carte de la province de Jilin », se trouvait des camps de la tribu Kya-ka-la. Cette tribu de langue toungouse s'étalait de l'actuelle Vladivostok à la rivière Xise en général. Le chercheur japonais Sei Wada a contesté cette situation, la plaçant en général dans le cours supérieur de la rivière Iman. Selon ce dernier, cette tribu s'agissait des actuels [[Orotches]] et [[Oudihés]] du Sikhote-Aline, qualifiés autrefois sous la dynastie Yuan de « Jürchens sauvages ». Il y avait aussi selon des sources chinoises et russes la tribu Varka de langue toungouse, s'étalant du bassin fluvial du [[Tumen (fleuve)|Tumen]] au cours supérieur de l'Oussouri, et peuplant le littoral y compris les îles{{Sfn|Diakova|2015|p=620}}.
Dans la « Description historique et géographique de la dynastie Daiqing », l'on apprend que le Primorié s'appelait à cette époque « Woji », et qu'il était habité par les Donghai-Wojibu, ce qui signifie « tribus forestières de la mer Orientale ». Sur la rive sud de la rivière Xise<ref group="note">Aujourd'hui Djiguitovka, et jusqu'en 1971 - Yodzi-He. Elle se jette près de [[Plastoun (kraï du Primorié)|Plastoun]].</ref>, selon la « Carte de la province de Jilin », se trouvait des camps de la tribu Kya-ka-la. Cette tribu de langue toungouse s'étalait de l'actuelle Vladivostok à la rivière Xise en général. Le chercheur japonais Sei Wada a contesté cette situation, la plaçant en général dans le cours supérieur de la rivière Iman. Selon ce dernier, cette tribu s'agissait des actuels [[Orotches]] et [[Oudihés]] du Sikhote-Aline, qualifiés autrefois sous la dynastie Yuan de « Jürchens sauvages ». Il y avait aussi selon des sources chinoises et russes la tribu Varka de langue toungouse, s'étalant du bassin fluvial du [[Tumen (fleuve)|Tumen]] au cours supérieur de l'Oussouri, et peuplant le littoral y compris les îles{{Sfn|Diakova|2015|p=620}}.


Toutes les études actuelles s'accordent à dire que depuis l'invasion mongole du {{S-|XIII}} se trouvait sur les versants ouest et est du [[Sikhote-Aline]]{{Sfn|Diakova|2015|p=620}} deux grandes associations ethniques (ou unions tribales) parlant le [[toungouse]], les Woji et les Varka (Warka), qui sont les ancêtres des [[Hezhen|Nanaïs]], Oudihés et Orotches{{Sfn|Diakova|2015|p=621}}. Il y avait aussi, mis à part les Toungouses-Mandchous, d'autres peuples, avec des [[Nivkhes]] et des [[Aïnous (ethnie du Japon et de Russie)|Aïnous]]{{Sfn|Diakova|2015|p=621}}.
Toutes les études actuelles s'accordent à dire que depuis l'invasion mongole du {{s-|XIII}} se trouvait sur les versants ouest et est du [[Sikhote-Aline]]{{Sfn|Diakova|2015|p=620}} deux grandes associations ethniques (ou unions tribales) parlant le [[toungouse]], les Woji et les Varka (Warka), qui sont les ancêtres des [[Hezhen|Nanaïs]], Oudihés et Orotches{{Sfn|Diakova|2015|p=621}}. Il y avait aussi, mis à part les Toungouses-Mandchous, d'autres peuples, avec des [[Nivkhes]] et des [[Aïnous (ethnie du Japon et de Russie)|Aïnous]]{{Sfn|Diakova|2015|p=621}}.


==== La « période sombre » causée par Kangxi et la Dynastie Qing ====
==== La « période sombre » causée par Kangxi et la Dynastie Qing ====
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==== Explorations russes et européennes ====
==== Explorations russes et européennes ====
[[Fichier:La-Perouse-Chart-of-Discoveries.jpg|vignette|309x309px|Carte des découvertes de la Pérouse, avec la côte du Primorié.|alt=Carte géographique du littoral du Japon, de la péninsule coréenne, de la Chine et des côtes de la mer d'Okhotsk jusqu'au Kamtchatka.]]Alors que le Primorié est sous domination Ming puis Qing, la [[Conquête russe de la Sibérie|conquête de la Sibérie]] par le [[tsarat de Russie]] commence (dans un [[Conquête du Khanat de Sibir|premier temps Sibir]]) dès 1581{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=51}}. En 1636, [[Dmitri Iepifanovitch Kopylov]] part de [[Iakoutsk]], fondée en 1632{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=55}}, et atteint en mai 1638 la mer d'Okhotsk{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=56}}, où Okhotsk est fondée en 1647 par [[Ivan Moskvitine]]{{Sfn|Petchenkina|2005|p=48}}. Ce dernier apprend par les [[Nivkhes]] l'existence du fleuve Amour, mais ne tente pas d'exploration<ref group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=CHERNAVSKAYA Valentina Nikolaevna |responsabilité1=Candidate en sciences historiques, chercheuse principale du Département des problèmes de l'histoire de l'Extrême-Orient de la période pré-octobre, Institut d'histoire, d'archéologie des peuples d'Extrême-Orient, Branche extrême-orientale de l'Académie russe des Sciences. |titre=Первый выход русских к Тихому Океану |sous-titre=Premières explorations russes vers le Pacifique |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/geograph.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. [[Vassili Poïarkov]] explore l'Amour entre 1643 et 1646, et ses descriptions détaillés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=57}} qu'il rapporte à Iakoutsk entraînent de nouvelles expéditions, dont une qui atteint le lac Beloïe, lac aujourd'hui connu sous le nom de [[lac Khanka]] (premiers russes au Primorié){{Sfn|Petchenkina|2005|p=48}}. Suite aux [[Conflit frontalier sino-russe|conflits frontaliers sino-russes]], où les Qing sortent vainqueurs les Chinois gardent la région de l'Amour et le Primorié, les Russes étant repoussés{{Sfn|Petchenkina|2005|p=49}}{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=72}}{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=73}}.
[[Fichier:La-Perouse-Chart-of-Discoveries.jpg|vignette|upright=1.3|Carte des découvertes de la Pérouse, avec la côte du Primorié.|alt=Carte géographique du littoral du Japon, de la péninsule coréenne, de la Chine et des côtes de la mer d'Okhotsk jusqu'au Kamtchatka.]]
Alors que le Primorié est sous domination Ming puis Qing, la [[Conquête russe de la Sibérie|conquête de la Sibérie]] par le [[tsarat de Russie]] commence (dans un [[Conquête du Khanat de Sibir|premier temps Sibir]]) dès 1581{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=51}}. En 1636, [[Dmitri Iepifanovitch Kopylov]] part de [[Iakoutsk]], fondée en 1632{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=55}}, et atteint en mai 1638 la mer d'Okhotsk{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=56}}, où Okhotsk est fondée en 1647 par [[Ivan Moskvitine]]{{Sfn|Petchenkina|2005|p=48}}. Ce dernier apprend par les [[Nivkhes]] l'existence du fleuve Amour, mais ne tente pas d'exploration<ref group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=CHERNAVSKAYA Valentina Nikolaevna |responsabilité1=Candidate en sciences historiques, chercheuse principale du Département des problèmes de l'histoire de l'Extrême-Orient de la période pré-octobre, Institut d'histoire, d'archéologie des peuples d'Extrême-Orient, Branche extrême-orientale de l'Académie russe des Sciences. |titre=Первый выход русских к Тихому Океану |sous-titre=Premières explorations russes vers le Pacifique |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/geograph.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. [[Vassili Poïarkov]] explore l'Amour entre 1643 et 1646, et ses descriptions détaillés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=57}} qu'il rapporte à Iakoutsk entraînent de nouvelles expéditions, dont une qui atteint le lac Beloïe, lac aujourd'hui connu sous le nom de [[lac Khanka]] (premiers russes au Primorié){{Sfn|Petchenkina|2005|p=48}}. À la suite des [[Conflit frontalier sino-russe|conflits frontaliers sino-russes]], où les Qing sortent vainqueurs les Chinois gardent la région de l'Amour et le Primorié, les Russes étant repoussés{{Sfn|Petchenkina|2005|p=49}}{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=72}}{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=73}}.


En 1787, [[Jean-François de La Pérouse]], lors de son [[Expédition de La Pérouse|expédition autour du monde]], cartographie l'[[Extrême-Orient]], dont le Primorié. Le 23 juin, il mouille dans une baie qu'il nomme la baie de Ternay, du nom de son mentor [[Charles-Henri-Louis d'Arsac de Ternay]]. Cette baie est aujourd'hui celle de [[Terneï]], avec le village homonyme. Entre 1793 et 1796, [[William Robert Broughton]], un Anglais, répète l'expédition de La Pérouse<ref group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=CHERNAVSKAYA Valentina Nikolaevna |responsabilité1=Candidate en sciences historiques, chercheuse principale au Département des problèmes de l'histoire extrême-orientale de la période pré-octobre de l'Institut d'histoire, archéologie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie russe de Les sciences. |titre=Из истории великих русских географических открытий |traduction titre=De l'histoire des grandes découvertes géographiques russes |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/geogr1.htm#1.%20%D0%9F%D0%BE%D1%87%D0%B5%D0%BC%D1%83%20%D0%BD%D1%83%D0%B6%D0%BD%D0%BE%20%D0%B1%D1%8B%D0%BB%D0%BE%20%D0%B5%D1%89%D0%B5%20%D1%80%D0%B0%D0%B7%20%D0%BE%D1%82%D0%BA%D1%80%D1%8B%D0%B2%D0%B0%D1%82%D1%8C |site=fegi.ru |date=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>.
En 1787, [[Jean-François de La Pérouse]], lors de son [[Expédition de La Pérouse|expédition autour du monde]], cartographie l'[[Extrême-Orient]], dont le Primorié. Le 23 juin, il mouille dans une baie qu'il nomme la baie de Ternay, du nom de son mentor [[Charles-Henri-Louis d'Arsac de Ternay]]. Cette baie est aujourd'hui celle de [[Terneï]], avec le village homonyme. Entre 1793 et 1796, [[William Robert Broughton]], un Anglais, répète l'expédition de La Pérouse<ref group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=CHERNAVSKAYA Valentina Nikolaevna |responsabilité1=Candidate en sciences historiques, chercheuse principale au Département des problèmes de l'histoire extrême-orientale de la période pré-octobre de l'Institut d'histoire, archéologie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie russe de Les sciences. |titre=Из истории великих русских географических открытий |traduction titre=De l'histoire des grandes découvertes géographiques russes |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/geogr1.htm#1.%20%D0%9F%D0%BE%D1%87%D0%B5%D0%BC%D1%83%20%D0%BD%D1%83%D0%B6%D0%BD%D0%BE%20%D0%B1%D1%8B%D0%BB%D0%BE%20%D0%B5%D1%89%D0%B5%20%D1%80%D0%B0%D0%B7%20%D0%BE%D1%82%D0%BA%D1%80%D1%8B%D0%B2%D0%B0%D1%82%D1%8C |site=fegi.ru |date=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>.
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=== L'arrivée de l'empire Russe au Primorié (période pré-révolutionnaire) ===
=== L'arrivée de l'empire Russe au Primorié (période pré-révolutionnaire) ===
{{Calendrier julien|section=oui|pays=Russie}}
{{Calendrier julien|section=oui|pays=Russie}}
{{Voir aussi|Oblast de Primorié}}
{{Article connexe|Oblast de Primorié}}


==== Annexion du Primorié et colonisation ====
==== Annexion du Primorié et colonisation ====
[[Fichier:MANCHURIA-U.S.S.R_BOUNDARY_Ct002999.jpg|vignette|265x265px|Frontières sino-russes de 1858 à 1860|alt=Carte du nord de la Mandchourie, avec en orange les zones acquises par l'Empire russe en 1858 (monts Stanovoï à l'Amour), et en rouge celles acquises en 1860 (le Primorié).]]
[[Fichier:MANCHURIA-U.S.S.R_BOUNDARY_Ct002999.jpg|vignette|upright=1.3|Frontières sino-russes de 1858 à 1860|alt=Carte du nord de la Mandchourie, avec en orange les zones acquises par l'Empire russe en 1858 (monts Stanovoï à l'Amour), et en rouge celles acquises en 1860 (le Primorié).]]

La colonisation du Primorié par les [[cosaques de Sibérie]] commença pendant les [[années 1850]], avec la fondation en 1850 de [[Nikolaïevsk-sur-l'Amour]], premier village russe du sud de l'Extrême-Orient, aujourd'hui situé dans le kraï de Khabarovsk<ref name=":6" group="fegi" />.
La colonisation du Primorié par les [[cosaques de Sibérie]] commença pendant les [[années 1850]], avec la fondation en 1850 de [[Nikolaïevsk-sur-l'Amour]], premier village russe du sud de l'Extrême-Orient, aujourd'hui situé dans le kraï de Khabarovsk<ref name=":6" group="fegi" />.


En 1856, l'[[oblast de Primorié]] est fondé, avec comme capitale Nikolaïevsk. Le 16 mai 1858, la [[dynastie Qing]] et l'[[Empire russe]] signent le [[traité d'Aïgoun]], un traité inégal qui confère à la Russie toutes les terres situées au nord du fleuve [[Amour (fleuve)|Amour]]{{Sfn|Petchenkina|2005|p=51}}. Ces nouvelles régions sont intégrées à l'oblast de Primorié, et le 31 mai, le village de Khabarovsk est fondé, alors qu'il est situé sur la rive sud du fleuve Amour. Au cours de l'année 1859, des postes militaires sont établis au Primorié ; un à Touri Rog sur une rive du lac Khanka et un autre dans la [[Baie d'Olga (kraï du Primorié)|baie d'Olga]]{{Sfn|Petchenkina|2005|p=95}}. La même année, l'expédition de [[Nikolaï Mouraviov-Amourski]], qui explora la côte nord-ouest de la mer du Japon, détermine le lieu pour la fondation de Vladivostok{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=115}}. En 1860, des soldats établirent d'autres postes, à Razdolnoïe et à Ouglovoïe, ainsi que le 20 juin 1860, le poste militaire de Vladivostok sur la [[Zolotoï Rog|Corne d'Or]]{{Sfn|Petchenkina|2005|p=51}}{{,}}<ref name=":6" group="fegi" />, à but purement stratégique{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=96}}.
En 1856, l'[[oblast de Primorié]] est fondé, avec comme capitale Nikolaïevsk. Le 16 mai 1858, la [[dynastie Qing]] et l'[[Empire russe]] signent le [[traité d'Aïgoun]], un traité inégal qui [[Annexion de la rive gauche de l'Amour|confère à la Russie toutes les terres]] situées au nord du fleuve [[Amour (fleuve)|Amour]]{{Sfn|Petchenkina|2005|p=51}}. Ces nouvelles régions sont intégrées à l'oblast de Primorié, et le 31 mai, le village de [[Khabarovsk]] est fondé, alors qu'il est situé sur la rive sud du fleuve Amour. Au cours de l'année 1859, des postes militaires sont établis au Primorié ; un à Touri Rog sur une rive du lac Khanka et un autre dans la [[Baie d'Olga (kraï du Primorié)|baie d'Olga]]{{Sfn|Petchenkina|2005|p=95}}. La même année, l'expédition de [[Nikolaï Mouraviov-Amourski]], qui explora la côte nord-ouest de la mer du Japon, détermine le lieu pour la fondation de Vladivostok{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=115}}. En 1860, des soldats établirent d'autres postes, à Razdolnoïe et à Ouglovoïe, ainsi que le 20 juin 1860, le poste militaire de Vladivostok sur la [[Zolotoï Rog|Corne d'Or]]{{Sfn|Petchenkina|2005|p=51}}{{,}}<ref name=":6" group="fegi" />, à but purement stratégique{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=96}}.


Le 2 novembre 1860, la [[convention de Pékin]] est signée, un autre [[traité inégal]]<ref name=":0">{{Article|langue=fr|titre=Vladivostok ou Haishenwai ?|périodique=[[Courrier international]]|date=25 novembre 2009|lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/article/2009/11/26/vladivostok-ou-haishenwai}}</ref> qui permet l'annexion de toute la Mandchourie-Extérieure, et donc des terres du Primorié{{Sfn|Petchenkina|2005|p=51}}. Cependant, la population chinoise est autorisée à rester sur ces terres<ref name=":0" />. Les cosaques, plus particulièrement [[Cosaques du fleuve Amour|ceux de l'Amour]], sont chargés de développer la région et de la protéger. Ils créent ainsi les premiers villages de la région dès 1859 avec Verkhné-Mikhaïlovka (aujourd'hui Mikhaïlovka) et d'autres<ref name=":6" group="fegi" />. Ainsi entre 1855 et 1862, {{Unité|29|villages}} russes sont fondés dans la région de la rivière Oussouri{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=95}}. En 1866, le village de [[Oussouriïsk|Nikolskoïe]] est fondé par des paysans migrants des gouvernements d'Astrakhan et de Voronej, sur, sans que cela se sache alors, le site d'une ancienne ville médiévale (Shuiabin/Xuping)<ref name=":33" />.
Le 2 novembre 1860, la [[convention de Pékin]] est signée, un autre [[traité inégal]]<ref name=":0">{{Article|langue=fr|titre=Vladivostok ou Haishenwai ?|périodique=[[Courrier international]]|date=25 novembre 2009|lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/article/2009/11/26/vladivostok-ou-haishenwai}}</ref> qui permet l'[[Annexion de la rive gauche de l'Amour|annexion de toute la Mandchourie-Extérieure]], et donc des terres du Primorié{{Sfn|Petchenkina|2005|p=51}}. Cependant, la population chinoise est autorisée à rester sur ces terres<ref name=":0" />. Les cosaques, plus particulièrement [[Cosaques du fleuve Amour|ceux de l'Amour]], sont chargés de développer la région et de la protéger. Ils créent ainsi les premiers villages de la région dès 1859 avec Verkhné-Mikhaïlovka (aujourd'hui [[Mikhaïlovka (raïon de Mikhaïlovka, kraï du Primorié)|Mikhaïlovka]]) et d'autres<ref name=":6" group="fegi" />. Ainsi entre 1855 et 1862, {{nobr|29 villages}} russes sont fondés dans la région de la rivière Oussouri{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=95}}. En 1866, le village de [[Oussouriïsk|Nikolskoïe]] est fondé par des paysans migrants des gouvernements d'Astrakhan et de Voronej, sur, sans que cela se sache alors, le site d'une ancienne ville médiévale (Shuiabin/Xuping)<ref name=":33" />.


En 1868 eut lieu la [[guerre des Manzs]], née à cause d'un flou juridique, généré par le [[traité d'Aïgoun]] qui avait fait que les « Manzs », c'est-à-dire les populations chinoises vivant désormais en territoire russe conservaient leur citoyenneté chinoise et étaient donc sous le contrôle de l'administration chinoise, même s'ils vivaient dans l'Empire russe. Profitant de ce flou, des clans de bandits chinois, les [[Honghuzi]], commencèrent à s'infiltrer dans la région pour attaquer les Russes. Les batailles et fusillades eurent lieu principalement entre avril et juillet 1868, même s'il y eut des combats après<ref>{{Ouvrage|langue=ru|auteur1=Robert Kondratenko|titre=Манзовская война.|sous-titre=Дальний восток. 1868 г.|traduction titre=Guerre des Manzs. Extrême Orient. 1868|lieu=Moscou|éditeur=Ostrov|année=2004|isbn=5-94500-025-6|lire en ligne=https://readli.net/manzovskaya-voyna-dalniy-vostok-1868-g/|consulté le=20 novembre 2023}}</ref>.
En 1868 eut lieu la [[guerre des Manzs]], née à cause d'un flou juridique, généré par le [[traité d'Aïgoun]] qui avait fait que les « Manzs », c'est-à-dire les populations chinoises vivant désormais en territoire russe conservaient leur citoyenneté chinoise et étaient donc sous le contrôle de l'administration chinoise, même s'ils vivaient dans l'Empire russe. Profitant de ce flou, des clans de bandits chinois, les [[Honghuzi]], commencèrent à s'infiltrer dans la région pour attaquer les Russes. Les batailles et fusillades eurent lieu principalement entre avril et juillet 1868, même s'il y eut des combats après<ref>{{Ouvrage|langue=ru|auteur1=Robert Kondratenko|titre=Манзовская война.|sous-titre=Дальний восток. 1868 г.|traduction titre=Guerre des Manzs. Extrême Orient. 1868|lieu=Moscou|éditeur=Ostrov|année=2004|isbn=5-94500-025-6|lire en ligne=https://readli.net/manzovskaya-voyna-dalniy-vostok-1868-g/|consulté le=20 novembre 2023}}</ref>.
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==== Une migration importante venue d'Europe (1860-1900) ====
==== Une migration importante venue d'Europe (1860-1900) ====
[[Fichier:Деревня Астрахановка близ о. Ханка.jpg|vignette|Moulin à Astrakhanovka près du lac Khanka dans les années 1870, Vladimir Lanine.|alt=Photographie en noir et blanc d'une plaine avec un moulin en bois à 6 ailes sur la gauche.]]
[[Fichier:Деревня Астрахановка близ о. Ханка.jpg|vignette|Moulin à Astrakhanovka près du lac Khanka dans les années 1870, Vladimir Lanine.|alt=Photographie en noir et blanc d'une plaine avec un moulin en bois à 6 ailes sur la gauche.]]
Après l'[[Abolition du servage de 1861|abolition du servage en Russie]] début 1860, le 26 mars 1861, le gouvernement déclare ouverte la colonisation des régions de l'Amour et du Primorié, pour les « ''paysans qui n'ont pas de terre et des gens entreprenants de toute classe qui souhaitent se déplacer à leurs propres frais'' ». Ces paysans doivent cependant payer leurs arriérés pour émigrer, c'est-à-dire la somme qu'ils doivent à leurs anciens propriétaires{{Sfn|Petchenkina|2005|p=52}}. Pour attirer, le gouvernement fournit une parcelle gratuite à chaque famille d'une communauté (s'il y au moins {{Unité|15|familles}} dans la communauté venante) jusqu'à {{Unité|100|acres}} de superficie, sans aucune taxe ou impôt pendant {{Unité|20|ans}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=52}}. Ils sont aussi affranchi s'ils viennent de la conscription pendant 10 ans, tandis que le commerce n'était pas taxé, contribuant ainsi à un afflux de paysans{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=97}}. Avec quelques modifications mineures, ces règles s'appliquèrent jusqu'en 1900. L'année suivante du décret, le village de Vetka est fondé, sous le nom de Foudine, dans le [[Raïon d'Olga|raïon actuel d'Olga]]<ref name=":6" group="fegi" />. Entre 1861 et 1881, environ {{Unité|51,8|%}} des migrants s'installant au Primorié venaient des [[Gouvernement (Empire russe)|gouvernements]] [[Gouvernement d'Astrakhan|d'Astrakhan]], [[Gouvernement de Voronej|de Voronej]] et [[Gouvernement de Viatka|de Viatka]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=98}}.
Après l'[[Abolition du servage de 1861|abolition du servage en Russie]] début 1860, le 26 mars 1861, le gouvernement déclare ouverte la colonisation des régions de l'Amour et du Primorié, pour les « ''paysans qui n'ont pas de terre et des gens entreprenants de toute classe qui souhaitent se déplacer à leurs propres frais'' ». Ces paysans doivent cependant payer leurs arriérés pour émigrer, c'est-à-dire la somme qu'ils doivent à leurs anciens propriétaires{{Sfn|Petchenkina|2005|p=52}}. Pour attirer, le gouvernement fournit une parcelle gratuite à chaque famille d'une communauté (s'il y au moins {{nobr|15 familles}} dans la communauté venante) jusqu'à {{nobr|100 acres}} de superficie, sans aucune taxe ou impôt pendant {{nobr|20 ans}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=52}}. Ils sont aussi affranchi s'ils viennent de la conscription pendant 10 ans, tandis que le commerce n'était pas taxé, contribuant ainsi à un afflux de paysans{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=97}}. Avec quelques modifications mineures, ces règles s'appliquèrent jusqu'en 1900. L'année suivante du décret, le village de Vetka est fondé, sous le nom de Foudine, dans le [[Raïon d'Olga|raïon actuel d'Olga]]<ref name=":6" group="fegi" />. Entre 1861 et 1881, environ 51,8 % des migrants s'installant au Primorié venaient des [[Gouvernement (Empire russe)|gouvernements]] [[Gouvernement d'Astrakhan|d'Astrakhan]], [[Gouvernement de Voronej|de Voronej]] et [[Gouvernement de Viatka|de Viatka]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=98}}.


En 1862, il y avait déjà {{Unité|14 000|cosaques}} qui s'étaient installés sur les rives de l'Amour et de l'[[Oussouri]], avec déjà 29 villages fondés dans le bassin de l'Oussouri. En 1863, Voronejskaïa est fondé à l'endroit du poste militaire de Touri Rog, et en 1864, Vladimiro-Aleksandrovskoïe. En 1866, [[Oussouriïsk]], alors nommé Nikolskoïe, est fondé près de la Suifen, tout comme Astrakhanka et Razdolnoïe. Pour ce faire, les arrivants ont utilisé 3 modes de transports différents selon les périodes. De 1861 à 1881, le transport terrestre fut le principal moyen d'arriver, puis le transport maritime de 1881 à 1901, et ferroviaire de 1902 à 1917. Dès 1881, la ligne maritime entre [[Odessa]] et Vladivostok est ouverte, en bateau à vapeur, avec 2 mois de voyage{{Sfn|Petchenkina|2005|p=99}}. En 1879, alors que la plaine commence à être bien peuplée, les cosaques se dirigent de plus en plus vers le littoral de la région. L'année suivante, Vladivostok devient la capitale de l'oblast de Primorié<ref name=":6" group="fegi" />, et obtient le [[Droit de Magdebourg|statut de ville]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=96}}.
En 1862, il y avait déjà {{Unité|14000|cosaques}} qui s'étaient installés sur les rives de l'Amour et de l'[[Oussouri]], avec déjà 29 villages fondés dans le bassin de l'Oussouri. En 1863, Voronejskaïa est fondé à l'endroit du poste militaire de Touri Rog, et en 1864, [[Vladimiro-Aleksandrovskoïe]]. En 1866, [[Oussouriïsk]], alors nommé Nikolskoïe, est fondé près de la Suifen, tout comme Astrakhanka et Razdolnoïe. Pour ce faire, les arrivants ont utilisé 3 modes de transports différents selon les périodes. De 1861 à 1881, le transport terrestre fut le principal moyen d'arriver, puis le transport maritime de 1881 à 1901, et ferroviaire de 1902 à 1917. Dès 1881, la ligne maritime entre [[Odessa]] et Vladivostok est ouverte, en bateau à vapeur, avec 2 mois de voyage{{Sfn|Petchenkina|2005|p=99}}. En 1879, alors que la plaine commence à être bien peuplée, les cosaques se dirigent de plus en plus vers le littoral de la région. L'année suivante, Vladivostok devient la capitale de l'oblast de Primorié<ref name=":6" group="fegi" />, et obtient le [[Droit de Magdebourg|statut de ville]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=96}}.


<gallery mode="packed" caption="Le Primorié des années 1870 par Vladimir Lanine :">
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===== Une économie florissante =====
===== Une économie florissante =====
[[Fichier:KA-Holzhaus1876.jpg|vignette|Premier magasin Kunst & Albert, 1876, Vladivostok.|alt=Photographie en noir et blanc d'une maison avec un étage qui fait flotter le pavillon de l'Empire russe. La maison, en bois, est sur le bord d'une rue assez large, et au fond se distingue une montagne.]]
[[Fichier:KA-Holzhaus1876.jpg|vignette|Premier magasin Kunst & Albert, 1876, Vladivostok.|alt=Photographie en noir et blanc d'une maison avec un étage qui fait flotter le pavillon de l'Empire russe. La maison, en bois, est sur le bord d'une rue assez large, et au fond se distingue une montagne.]]
De ce fait, l'économie se développe au Primorié en même temps que l'arrivée de colons, que ce soit le secteur minier, forestier, manufacturier ou autre. En 1867, de l'or est découvert à [[Askold (île)|Askold]] (au sud de Fokino), et une mine est alors créée. En général, la région de Nakhodka est celle avec le plus de mines, surtout du charbon, du fer, de l'argent et du plomb. Pour l'industrie, elle se développe près des centres urbains, avec en 1864 la création des chantiers navals à Vladivostok. Le secteur privé se développe à partir de 1870 et, en 1890, il y a plus de 200 entreprises privées dans la région d'Oussouriïsk et de Vladivostok, générant {{Unité|314 000|roubles}} de richesse. L'électricité arrive au Primorié dans les années 1890. En 1901, dans la région d'Oussouriïsk, près de {{Unité|1000|entreprises}} privées existent déjà, avec un produit brut de plus de {{Unité|5|millions de roubles}}<ref name=":6" group="fegi" />.
De ce fait, l'économie se développe au Primorié en même temps que l'arrivée de colons, que ce soit le secteur minier, forestier, manufacturier ou autre. En 1867, de l'or est découvert à [[Askold (île)|Askold]] (au sud de [[Fokino (kraï du Primorié)|Fokino]]), et une mine est alors créée. En général, la région de Nakhodka est celle avec le plus de mines, surtout du charbon, du fer, de l'argent et du plomb. Pour l'industrie, elle se développe près des centres urbains, avec en 1864 la création des chantiers navals à Vladivostok. Le secteur privé se développe à partir de 1870 et, en 1890, il y a plus de 200 entreprises privées dans la région d'Oussouriïsk et de Vladivostok, générant {{Unité|314 000|roubles}} de richesse. L'électricité arrive au Primorié dans les années 1890. En 1901, dans la région d'Oussouriïsk, près de {{Unité|1000|entreprises}} privées existent déjà, avec un produit brut de plus de {{Unité|5|millions de roubles}}<ref name=":6" group="fegi" />.


L'exploitation des richesses est en plein essor. Dès les années 1860, les gisements de charbon se développent dans les régions méridionales ([[baie de Possiet]], Soutchan), ainsi que la recherche d'or{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=108}}. Des industries voient le jour : pêche industrielle de poisson et de fruits de mer, mais aussi des [[Pêche à la baleine|entreprises baleinières]] russes et étrangères. Il y a des tannerie, des usines de distillation, et en 1900, on compte déjà 395 moulins dans le Primorié. À Vladivostok, les chantiers navals d'Extrême-Orient (Dalzavod) voient le jour{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=109}}. De grandes entreprises s'installent au Primorié (comme Churin Trading House 110 et K, Amur Fleet Partnership, Amur Gold Mining Partnership, Trading House of Kunst and Albers, etc.), tandis que les petites entreprises appartiennent en grande majorité à des Chinois et Coréens{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=110}}.
L'exploitation des richesses est en plein essor. Dès les années 1860, les gisements de charbon se développent dans les régions méridionales ([[baie de Possiet]], Soutchan), ainsi que la recherche d'or{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=108}}. Des industries voient le jour : pêche industrielle de poisson et de fruits de mer, mais aussi des [[Pêche à la baleine|entreprises baleinières]] russes et étrangères. Il y a des tannerie, des usines de distillation, et en 1900, on compte déjà 395 moulins dans le Primorié. À Vladivostok, les chantiers navals d'Extrême-Orient (Dalzavod) voient le jour{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=109}}. De grandes entreprises s'installent au Primorié (comme Churin Trading House 110 et K, Amur Fleet Partnership, Amur Gold Mining Partnership, Trading House of Kunst and Albers, etc.), tandis que les petites entreprises appartiennent en grande majorité à des Chinois et Coréens{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=110}}.


===== De nouvelles voies de communication =====
===== De nouvelles voies de communication =====
[[Fichier:Building_of_Railway_near_Ussuri_(1895).jpg|vignette|Construction du transsibérien près d'Oussouriïsk en 1895|alt=Photographie de travailleurs parlant avec des officiers de l'armée russe dans une forêt au sol enneigé lors de la construction d'un chemin de fer.]]Les premiers chemins (routes) de terre en Extrême-Orient apparaissent à cette époque, le premier étant celui entre Kamen-Rybolov et Razdolnoïe en passant par le village de [[Oussouriïsk|Nikolskoïe]]. Ensuite, un itinéraire est créé entre Nikolskoïe et Anoutchino, puis entre Razdolnoïe et Possiet{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=110}}. La navigation fluviale connaît un essor sur la rivière Oussouri jusqu'à l'arrivée du train. C'est en 1854 que le premier bateau à vapeur sur l'Amour et ses affluents est mis en service, et peu après, la flottille cosaque Amour-Oussouri est créée, flottille sans équivalent dans l'histoire de la Russie. Cette dernière avait son siège, avec ses bateaux, à [[Dalneretchensk|Iman]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=111}}.
[[Fichier:Building_of_Railway_near_Ussuri_(1895).jpg|vignette|Construction du transsibérien près d'Oussouriïsk en 1895|alt=Photographie de travailleurs parlant avec des officiers de l'armée russe dans une forêt au sol enneigé lors de la construction d'un chemin de fer.]]Les premiers chemins (routes) de terre en Extrême-Orient apparaissent à cette époque, le premier étant celui entre [[Kamen-Rybolov]] et Razdolnoïe en passant par le village de [[Oussouriïsk|Nikolskoïe]]. Ensuite, un itinéraire est créé entre Nikolskoïe et Anoutchino, puis entre Razdolnoïe et Possiet{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=110}}. La navigation fluviale connaît un essor sur la rivière Oussouri jusqu'à l'arrivée du train. C'est en 1854 que le premier bateau à vapeur sur l'Amour et ses affluents est mis en service, et peu après, la flottille cosaque Amour-Oussouri est créée, flottille sans équivalent dans l'histoire de la Russie. Cette dernière avait son siège, avec ses bateaux, à [[Dalneretchensk|Iman]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=111}}.


En 1889, les [[cosaques de l'Oussouri]] sont créés, dans le but de participer à la construction du [[transsibérien]], décrétée en 1891 par [[Alexandre III (empereur de Russie)|Alexandre III]], la ligne devant relier Moscou à Vladivostok{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=101}}. La construction du transsibérien a permis de stimuler l'activité économique régionale, et l'ouverture a permis une croissance du commerce et des flux migratoires et de capitaux. Le {{Date|2 novembre 1893|julien=oui}}, la ligne est ouverte entre Vladivostok et Oussouriïsk. Elle est ouverte entièrement, c'est-à-dire jusqu'à [[Khabarovsk]], en 1897{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=54}}. Par ailleurs entre 1897 et 1903 est construit le [[chemin de fer de l'Est chinois]] à travers la Mandchourie, pour relier plus rapidement la [[Transbaïkalie]] au Primorié<ref name=":6" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=54}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=102}}.
En 1889, les [[cosaques de l'Oussouri]] sont créés, dans le but de participer à la construction du [[transsibérien]], décrétée en 1891 par [[Alexandre III (empereur de Russie)|Alexandre III]], la ligne devant relier Moscou à Vladivostok{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=101}}. La construction du transsibérien a permis de stimuler l'activité économique régionale, et l'ouverture a permis une croissance du commerce et des flux migratoires et de capitaux. Le {{Date|2 novembre 1893|julien=oui}}, la ligne est ouverte entre Vladivostok et Oussouriïsk. Elle est ouverte entièrement, c'est-à-dire jusqu'à [[Khabarovsk]], en 1897{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=54}}. Par ailleurs entre 1897 et 1903 est construit le [[chemin de fer de l'Est chinois]] à travers la Mandchourie, pour relier plus rapidement la [[Transbaïkalie]] au Primorié<ref name=":6" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=54}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=102}}.


===== Un accroissement démographique toujours plus important =====
===== Un accroissement démographique toujours plus important =====
Ainsi, entre 1861 et 1900, {{unité|69 927|personnes}} sont arrivés au Primorié, dont {{unité|60 263|paysans}}, soit {{Unité|87,2|%}} ; {{unité|7831|cosaques}} ({{Unité|11,2|%}}) et {{unité|1832|personnes}} appartenant à d'autres catégories, soit {{Unité|2,6|%}}. Les personnes sont surtout arrivées à partir de 1883, avec {{unité|56 000|personnes}} de 1881 à 1901, dont {{unité|55 000|}} par la mer, avec un trajet de {{Unité|2|à=3|mois}}, en passant par [[Canal de Suez|Suez]] et [[Détroit de Malacca|Malacca]] Les colons venaient surtout d'[[Ukraine]], comptant pour {{Unité|77|%}} du total, principalement des oblasts de [[Oblast de Tchernihiv|Tchernihiv]], de [[Oblast de Kiev|Kiev]] et de [[Oblast de Poltava|Poltava]]. Il y avait aussi un certain nombre de [[biélorusses]] et de paysans des régions du sud de la Russie ([[Gouvernement d'Astrakhan|Astrakhan]], [[Gouvernement de Voronej|Voronej]]) mais aussi de [[Gouvernement de Viatka|Viatka]], [[Gouvernement de Tambov|Tambov]] ou en Sibérie [[Gouvernement d'Irkoutsk|Irkoutsk]]. Le {{Date|22 juin 1900|julien=oui}}, de nouvelles règles sont établies au Primorié et dans l'Amour, avec désormais 15 acres pour les nouveaux colons au lieu de 100<ref name=":6" group="fegi" />. Une autre force de colonisation vint de ceux condamnés par le régime tsariste à l'exil et aux travaux forcés en Sibérie. En 1900, {{Unité|4|mille personnes}}, soit {{Unité|1,4|%}} de la population de la région, étaient des exilés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=100}}.
Ainsi, entre 1861 et 1900, {{unité|69927|personnes}} sont arrivés au Primorié, dont {{unité|60263|paysans}}, soit 87,2 % ; {{unité|7831|cosaques}} (11,2 %) et {{unité|1832|personnes}} appartenant à d'autres catégories, soit 2,6 %. Les personnes sont surtout arrivées à partir de 1883, avec {{unité|56000|personnes}} de 1881 à 1901, dont {{formatnum:55000}} par la mer, avec un trajet de {{Unité|2|à=3|mois}}, en passant par [[Canal de Suez|Suez]] et [[Détroit de Malacca|Malacca]] Les colons venaient surtout d'[[Ukraine]], comptant pour 77 % du total, principalement des oblasts de [[Oblast de Tchernihiv|Tchernihiv]], de [[Oblast de Kiev|Kiev]] et de [[Oblast de Poltava|Poltava]]. Il y avait aussi un certain nombre de [[biélorusses]] et de paysans des régions du sud de la Russie ([[Gouvernement d'Astrakhan|Astrakhan]], [[Gouvernement de Voronej|Voronej]]) mais aussi de [[Gouvernement de Viatka|Viatka]], [[Gouvernement de Tambov|Tambov]] ou en Sibérie [[Gouvernement d'Irkoutsk|Irkoutsk]]. Le {{Date|22 juin 1900|julien=oui}}, de nouvelles règles sont établies au Primorié et dans l'Amour, avec désormais 15 acres pour les nouveaux colons au lieu de 100<ref name=":6" group="fegi" />. Une autre force de colonisation vint de ceux condamnés par le régime tsariste à l'exil et aux travaux forcés en Sibérie. En 1900, {{Unité|4|mille personnes}}, soit 1,4 % de la population de la région, étaient des exilés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=100}}.


Avec le consentement des autorités russes, des Coréens, les [[Koryo-saram]], et des Chinois s'installent au Primorié, car ces deux groupes subissaient la famine, les inondations et l'exploitation croissante des seigneurs féodaux de leurs pays respectifs (et pour la Corée les crimes de l'[[Occupation japonaise de la Corée|occupation japonaise]]). Ils se font embauchés dans le bâtiment ou dans les mines, et s'installent particulièrement dans le sud sur le littoral ou au bord des rivières{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=114}}.
Avec le consentement des autorités russes, des Coréens, les [[Koryo-saram]], et des Chinois s'installent au Primorié, car ces deux groupes subissaient la famine, les inondations et l'exploitation croissante des seigneurs féodaux de leurs pays respectifs (et pour la Corée les crimes de l'[[Occupation japonaise de la Corée|occupation japonaise]]). Ils se font embauchés dans le bâtiment ou dans les mines, et s'installent particulièrement dans le sud sur le littoral ou au bord des rivières{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=114}}.


==== Des expéditions aux confins du Primorié ====
==== Des expéditions aux confins du Primorié ====
[[Fichier:Арсеньев_В._К._и_Дерсу_Узала.jpg|vignette|[[Vladimir Arseniev]] et {{lien|lang=ru|trad=Дерсу Узала|fr=Dersou Ouzala (explorateur)|texte=Dersou Ouzala}} en mission d'exploration (photo de 1906). Son récit d'exploration avec son ami [[Nanaïs|Gold]] lui permet d'écrire [[Dersou Ouzala (livre)|Dersou Ouzala]] par la suite.|alt=Photographie de deux hommes du début du 20e siècle, avec deux gros sacs pleins d'affaires. Lui de gauche est russe, Vladimir Arseniev, lui au centre-droit est Golde, Dersou Ouzala. Ils sont dans un champ, avec des maisons de village en bois en arrière-plan.]]Même si annexée, la région n'est pas bien connue, suscitant alors l'exploration. Rien qu'entre 1850 et 1869, {{Unité|63|expéditions}} se déroulent dans la région<ref>{{Article|langue=ru|prénom1=Yaroslav A.|nom1=Barbenko|titre=Каталог поисково-исследовательских мероприятий на территории юга Приморской области в 1850–1910 гг. [Catalogue of explorative and research activities on the territory of the south of the Primorsky region in 1850-1910]|périodique=[[Université fédérale d'Extrême-Orient]]|date=TO1P|lire en ligne=https://www.academia.edu/36587841/%D0%9A%D0%B0%D1%82%D0%B0%D0%BB%D0%BE%D0%B3_%D0%BF%D0%BE%D0%B8%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B2%D0%BE_%D0%B8%D1%81%D1%81%D0%BB%D0%B5%D0%B4%D0%BE%D0%B2%D0%B0%D1%82%D0%B5%D0%BB%D1%8C%D1%81%D0%BA%D0%B8%D1%85_%D0%BC%D0%B5%D1%80%D0%BE%D0%BF%D1%80%D0%B8%D1%8F%D1%82%D0%B8%D0%B9_%D0%BD%D0%B0_%D1%82%D0%B5%D1%80%D1%80%D0%B8%D1%82%D0%BE%D1%80%D0%B8%D0%B8_%D1%8E%D0%B3%D0%B0_%D0%9F%D1%80%D0%B8%D0%BC%D0%BE%D1%80%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B9_%D0%BE%D0%B1%D0%BB%D0%B0%D1%81%D1%82%D0%B8_%D0%B2_1850_1910_%D0%B3%D0%B3_Catalogue_of_explorative_and_research_activities_on_the_territory_of_the_south_of_the_Primorsky_region_in_1850_1910_|consulté le=2023-12-01}}</ref>. Entre 1867 et 1869, [[Nikolaï Prjevalski]], naturaliste d'origine [[Pologne|polonaise]] qui fut officier de l'[[armée impériale russe]], géographe et explorateur de l'[[Asie centrale]], explore la [[Kraï de l'Oussouri|région de l'Oussouri]]. Il écrit ensuite un livre sur sa géographie, sa flore et sa faune, son climat, son histoire et son ethnographie à cette région{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=116}}. Parmi les autres grands explorateurs de l'époque qui font leurs recherches, il y a [[Constantin Stepanovitch Staritsky]] entre 1868 et 1870 et [[Stepan Makarov]], officier de marine et un [[océanographe]] [[Russie|russe]], qui fit le tour du monde à bord de sa [[Corvette (navire)|corvette]] ''Vitiaz'', en explorant entre autres les côtes de la région{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=117}}.
[[Fichier:Арсеньев_В._К._и_Дерсу_Узала.jpg|vignette|[[Vladimir Arseniev]] et {{lien|lang=ru|trad=Дерсу Узала|fr=Dersou Ouzala (explorateur)|texte=Dersou Ouzala}} en mission d'exploration (photo de 1906). Son récit d'exploration avec son ami [[Nanaïs|Gold]] lui permet d'écrire [[Dersou Ouzala (livre)|Dersou Ouzala]] par la suite.|alt=Photographie de deux hommes du début du {{s-|XX}}, avec deux gros sacs pleins d'affaires. Lui de gauche est russe, Vladimir Arseniev, lui au centre-droit est Golde, Dersou Ouzala. Ils sont dans un champ, avec des maisons de village en bois en arrière-plan.]]Même si annexée, la région n'est pas bien connue, suscitant alors l'exploration. Rien qu'entre 1850 et 1869, {{nobr|63 expéditions}} se déroulent dans la région<ref>{{Article|langue=ru|prénom1=Yaroslav A.|nom1=Barbenko|titre=Каталог поисково-исследовательских мероприятий на территории юга Приморской области в 1850–1910 гг. [Catalogue of explorative and research activities on the territory of the south of the Primorsky region in 1850-1910]|périodique=[[Université fédérale d'Extrême-Orient]]|date=TO1P|lire en ligne=https://www.academia.edu/36587841/%D0%9A%D0%B0%D1%82%D0%B0%D0%BB%D0%BE%D0%B3_%D0%BF%D0%BE%D0%B8%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B2%D0%BE_%D0%B8%D1%81%D1%81%D0%BB%D0%B5%D0%B4%D0%BE%D0%B2%D0%B0%D1%82%D0%B5%D0%BB%D1%8C%D1%81%D0%BA%D0%B8%D1%85_%D0%BC%D0%B5%D1%80%D0%BE%D0%BF%D1%80%D0%B8%D1%8F%D1%82%D0%B8%D0%B9_%D0%BD%D0%B0_%D1%82%D0%B5%D1%80%D1%80%D0%B8%D1%82%D0%BE%D1%80%D0%B8%D0%B8_%D1%8E%D0%B3%D0%B0_%D0%9F%D1%80%D0%B8%D0%BC%D0%BE%D1%80%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B9_%D0%BE%D0%B1%D0%BB%D0%B0%D1%81%D1%82%D0%B8_%D0%B2_1850_1910_%D0%B3%D0%B3_Catalogue_of_explorative_and_research_activities_on_the_territory_of_the_south_of_the_Primorsky_region_in_1850_1910_|consulté le=2023-12-01}}</ref>. Entre 1867 et 1869, [[Nikolaï Prjevalski]], naturaliste d'origine [[Pologne|polonaise]] qui fut officier de l'[[armée impériale russe]], géographe et explorateur de l'[[Asie centrale]], explore la [[Kraï de l'Oussouri|région de l'Oussouri]]. Il écrit ensuite un livre sur sa géographie, sa flore et sa faune, son climat, son histoire et son ethnographie à cette région{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=116}}. Parmi les autres grands explorateurs de l'époque qui font leurs recherches, il y a [[Constantin Stepanovitch Staritsky]] entre 1868 et 1870 et [[Stepan Makarov]], officier de marine et un [[océanographe]] [[Russie|russe]], qui fit le tour du monde à bord de sa [[Corvette (navire)|corvette]] ''Vitiaz'', en explorant entre autres les côtes de la région{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=117}}.


En 1884, la Société pour l'étude de la région de l'Amour est créée à Vladivostok, avec comme premier président Theodor Friedrichowitsch Busse, qui rassembla pendant une large collection. Ses recherches ont été très significatives quant au développement de l'ethnographie, de l'archéologie, de la [[philologie]] au Primorié. En 1890, le premier centre d'histoire locale d'Extrême-Orient (futur musée Arseniev), est créé à Vladivostok, et le jardin de la société botanique de Vladivostok est créé en 1900{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=119}}.
En 1884, la Société pour l'étude de la région de l'Amour est créée à Vladivostok, avec comme premier président Theodor Friedrichowitsch Busse, qui rassembla pendant une large collection. Ses recherches ont été très significatives quant au développement de l'ethnographie, de l'archéologie, de la [[philologie]] au Primorié. En 1890, le premier centre d'histoire locale d'Extrême-Orient (futur musée Arseniev), est créé à Vladivostok, et le jardin de la société botanique de Vladivostok est créé en 1900{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=119}}.


L'explorateur le plus connu du Primorié est sans aucun doute [[Vladimir Arseniev]], dont sa renommée est telle que le musée d'histoire de la région s'appelle le [[musée Arseniev]] (tout comme des rues, statues, etc.). Officier-topographe de l'armée russe, il arrive en Extrême-Orient en 1900, où il y passera trente ans (il meurt à Vladivostok en 1930). À pied et en bateau, il a parcouru des dizaines de milliers de kilomètres le long des zones inexplorées de l'Amour et de Sakhaline, du Kamtchatka et surtout la région de l'Oussouri. Ses données collectées et ses descriptions d'histoire naturelle et ethnographiques sont certainement les plus riches alors existantes. Il écrivit plus de {{Unité|50|ouvrages scientifiques}}, préparés de nombreux rapports entre autres{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=118}}. Lors de l'une de ses nombreuses expéditions, le {{Date|3 août 1906|julien=oui}}, il rencontre Dersou Ouzala, un [[Peuple autochtone|autochtone]] [[Oussouri|oussourien]] de la tribu [[Hezhen|Nanaï]] (qu'on appelait, il y a peu, « [[Hezhen|Golde]] »), avec qui il se lie d'amitié, Dersou Ouzala devenant son guide<ref group="fegi">{{Article|langue=ru|prénom1=Alexandrovitch Khissamoutdinov|nom1=Amir|titre=ПО УССУРИЙСКОМУ КРАЮ С ДЕРСУ УЗАЛА|traduction titre=Dans le kraï de l'Oussouri et Dersou Ouzala|périodique=Institut géologique d'Extrême-Orient|date=2001|lire en ligne=http://www.fegi.ru/primorye/science/khisam/arsen4.htm}}</ref>. Parmi ses livres, le plus connu est [[Dersou Ouzala (livre)|''Dersou Ouzala'']], adapté entre autres au cinéma avec ''[[Dersou Ouzala (film, 1975)|Dersou Ouzala]]'' en 1976, film russo-japonais réalisé par [[Akira Kurosawa]]. Le film remporte l'[[Oscars du cinéma|Oscar]] 1976 du [[Oscar du meilleur film en langue étrangère|meilleur film étranger]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Dersu Uzala (1975) - Akira Kurosawa|url=https://www.allmovie.com/movie/dersu-uzala-vm1082147|site=allmovie.com|consulté le=2023-11-27}}</ref>.
L'explorateur le plus connu du Primorié est sans aucun doute [[Vladimir Arseniev]], dont sa renommée est telle que le musée d'histoire de la région s'appelle le [[musée Arseniev]] (tout comme des rues, statues, etc.). Officier-topographe de l'armée russe, il arrive en Extrême-Orient en 1900, où il y passera trente ans (il meurt à Vladivostok en 1930). À pied et en bateau, il a parcouru des dizaines de milliers de kilomètres le long des zones inexplorées de l'Amour et de Sakhaline, du Kamtchatka et surtout la région de l'Oussouri. Ses données collectées et ses descriptions d'histoire naturelle et ethnographiques sont certainement les plus riches alors existantes. Il écrivit plus de {{Unité|50|ouvrages scientifiques}}, préparés de nombreux rapports entre autres{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=118}}. Lors de l'une de ses nombreuses expéditions, le {{Date|3 août 1906|julien=oui}}, il rencontre Dersou Ouzala, un [[Peuple autochtone|autochtone]] [[oussouri]]en de la tribu [[Hezhen|Nanaï]] (qu'on appelait, il y a peu, « [[Hezhen|Golde]] »), avec qui il se lie d'amitié, Dersou Ouzala devenant son guide<ref group="fegi">{{Article|langue=ru|prénom1=Alexandrovitch Khissamoutdinov|nom1=Amir|titre=ПО УССУРИЙСКОМУ КРАЮ С ДЕРСУ УЗАЛА|traduction titre=Dans le kraï de l'Oussouri et Dersou Ouzala|périodique=Institut géologique d'Extrême-Orient|date=2001|lire en ligne=http://www.fegi.ru/primorye/science/khisam/arsen4.htm}}</ref>. Parmi ses livres, le plus connu est [[Dersou Ouzala (livre)|''Dersou Ouzala'']], adapté entre autres au cinéma avec ''[[Dersou Ouzala (film, 1975)|Dersou Ouzala]]'' en 1976, film russo-japonais réalisé par [[Akira Kurosawa]]. Le film remporte l'[[Oscars du cinéma|Oscar]] 1976 du [[Oscar du meilleur film en langue étrangère|meilleur film étranger]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Dersu Uzala (1975) - Akira Kurosawa|url=https://www.allmovie.com/movie/dersu-uzala-vm1082147|site=allmovie.com|consulté le=2023-11-27}}</ref>.


Le {{Date|21 octobre 1899|julien=oui}}, le premier établissement d'enseignement supérieur a été ouvert à Vladivostok et plus largement en Extrême-Orient : l'institut Oriental, étudiant les pays voisins de Chine, Tibet, Mandchourie, Corée et Japon. L'institut contribua à développer les liens entre la Russie et les pays de l'Orient, et avait l'une des meilleures bibliothèques sur le sujet{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=120}}. Cet établissement est l'ancêtre de l'actuelle [[université fédérale d'Extrême-Orient]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=History |traduction titre=Histoire |url=https://www.dvfu.ru/en/about/history/ |site=Site officiel de l'université fédérale d'Extrême-Orient |consulté le=2023-12-01}}</ref>.
Le {{Date|21 octobre 1899|julien=oui}}, le premier établissement d'enseignement supérieur a été ouvert à Vladivostok et plus largement en Extrême-Orient : l'institut Oriental, étudiant les pays voisins de Chine, Tibet, Mandchourie, Corée et Japon. L'institut contribua à développer les liens entre la Russie et les pays de l'Orient, et avait l'une des meilleures bibliothèques sur le sujet{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=120}}. Cet établissement est l'ancêtre de l'actuelle [[université fédérale d'Extrême-Orient]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=History |traduction titre=Histoire |url=https://www.dvfu.ru/en/about/history/ |site=Site officiel de l'université fédérale d'Extrême-Orient |consulté le=2023-12-01}}</ref>.


==== L'essor économique du Primorié malgré les guerres (1900-1917) ====
==== L'essor économique du Primorié malgré les guerres (1900-1917) ====
[[Fichier:B21 XXXVI.JPG|vignette|Une batterie de la forteresse de Vladivostok, construite entre 1899 et 1903.|alt=Photographie de batteries en béton sur une hauteur.]]
[[Fichier:B21 XXXVI.JPG|vignette|gauche|Une batterie de la [[forteresse de Vladivostok]], construite entre 1899 et 1903.|alt=Photographie de batteries en béton sur une hauteur.]]
[[Fichier:Map_of_Primorsk_Oblast,_1913.png|vignette|321x321px|Oblast du Primorié en 1913.|alt=Carte de l'oblast de Primorié en Extrême-Orient russe.]]
[[Fichier:Map_of_Primorsk_Oblast,_1913.png|vignette|upright=1.3|Oblast du Primorié en 1913.|alt=Carte de l'oblast de Primorié en Extrême-Orient russe.]]

La première décennie du {{XXe siècle}} fut marquée par une crise économique, alors que l'Empire connaît une [[Guerre russo-japonaise|défaite face aux Japonais]] et une [[Révolution russe de 1905|révolution]] ; en 1906, le nombre d'entreprises avait stagné par rapport à 1901 et la production avait chuté de plus d'un tiers. En particulier, le secteur de la pêche est impacté le plus durement, de nombreux bateaux sont confisqué par les Japonais tandis que les pêcheurs japonais prennent le droit de pêcher au Primorié, mettant une concurrence forte sur les pêcheurs russes<ref name=":6" group="fegi" />.
La première décennie du {{s-|XX}} fut marquée par une crise économique, alors que l'Empire connaît une [[Guerre russo-japonaise|défaite face aux Japonais]] et une [[Révolution russe de 1905|révolution]] ; en 1906, le nombre d'entreprises avait stagné par rapport à 1901 et la production avait chuté de plus d'un tiers. En particulier, le secteur de la pêche est affecté le plus durement, de nombreux bateaux sont confisqués par les Japonais tandis que les pêcheurs japonais prennent le droit de pêcher au Primorié, mettant une concurrence forte sur les pêcheurs russes<ref name=":6" group="fegi" />.


===== La guerre russo-japonaise et ses impacts =====
===== La guerre russo-japonaise et ses impacts =====
La [[guerre russo-japonaise]] entre 1904 et 1905 a un impact significatif sur le Primorié. Juste avant la guerre, à l'été 1903, un grand nombre de bateaux partirent de Vladivostok pour Port Arthur{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=131}}. Pendant la guerre, la région sert de base arrière, et au printemps 1904, la ville de Vladivostok est bombardée pendant 45 minutes par des navires des guerre nippons{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=135}}. Une fois la défaite actée face aux Japonais, de nombreux Russes vivant en Mandchourie, à [[Lüshunkou|Port Arthur]] ou encore à Sakhaline viennent se réfugier dans la région{{Sfn|Petchenkina|2005|p=59}}.
La [[guerre russo-japonaise]] entre 1904 et 1905 a un impact significatif sur le Primorié. Juste avant la guerre, à l'été 1903, un grand nombre de bateaux partirent de Vladivostok pour [[Port-Arthur]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=131}}. Pendant la guerre, la région sert de base arrière, et au printemps 1904, la ville de Vladivostok est bombardée pendant 45 minutes par des navires de guerre nippons{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=135}}. Une fois la défaite actée face aux Japonais, de nombreux Russes vivant en Mandchourie, à Port-Arthur ou encore à Sakhaline viennent se réfugier dans la région{{Sfn|Petchenkina|2005|p=59}}.


===== La révolution russe de 1905 au Primorié et ses suites =====
===== La révolution russe de 1905 au Primorié et ses suites =====
La [[révolution russe de 1905]] impacte aussi la région<ref name=":6" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=60}}. La signature le {{date|17|10|1905|julien=oui}} par l'empereur [[Nicolas II de Russie]] sous l'influence de [[Serge Witte]] du ''[[Manifeste d'octobre]]'' est relayé par les journaux du Primorié à partir du 21 octobre et le même jour, la première manifestation de Vladivostok a lieu. Le 26 octobre, lors d'une manifestation organisée par la Société des lectures folkloriques, environ {{unité|3000|personnes}} participent, dont des soldats et marins. Le mécontentement croit au sein de l'armée à Vladivostok et, les 30 et 31 octobre, les troubles militaires à Vladivostok se soldent par des [[Pogroms en Russie|pogroms]] de masse et des incendies au cours desquels plus de {{unité|180|personnes}} sont blessées et tuées, tandis que les pertes se chiffrent de {{Unité|8|à=10|millions de roubles impériaux}}. Le 12 novembre, le « soulèvement de Port Arthur » éclate à Vladivostok, mené par les participants à la [[bataille de Port-Arthur]] revenus de captivité au Japon, où les manifestants submergent les officiers. Mais dans les jours qui suivent, le soulèvement est réprimé{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=141}}. En décembre 1905, par signe de solidarité, les ouvriers des postes et télégraphes et les employés de Khabarovsk font grève, interrompant les transmissions pendant plusieurs jours entre les deux extrémités du pays{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=141}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=118}}.
La [[révolution russe de 1905]] affecte aussi la région<ref name=":6" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=60}}. La signature le {{date|17|10|1905|julien=oui}} par l'empereur [[Nicolas II de Russie]] sous l'influence de [[Serge Witte]] du ''[[Manifeste d'octobre]]'' est relayé par les journaux du Primorié à partir du 21 octobre et le même jour, la première manifestation de Vladivostok a lieu. Le 26 octobre, lors d'une manifestation organisée par la Société des lectures folkloriques, environ {{unité|3000|personnes}} participent, dont des soldats et marins. Le mécontentement croit au sein de l'armée à Vladivostok et, les 30 et 31 octobre, les troubles militaires à Vladivostok se soldent par des [[Pogroms en Russie|pogroms]] de masse et des incendies au cours desquels plus de {{nobr|180 personnes}} sont blessées et tuées, tandis que les pertes se chiffrent de {{Unité|8|à=10|millions de roubles impériaux}}. Le 12 novembre, le « soulèvement de Port Arthur » éclate à Vladivostok, mené par les participants à la [[bataille de Port-Arthur]] revenus de captivité au Japon, où les manifestants submergent les officiers. Mais dans les jours qui suivent, le soulèvement est réprimé{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=141}}. En décembre 1905, par signe de solidarité, les ouvriers des postes et télégraphes et les employés de Khabarovsk font grève, interrompant les transmissions pendant plusieurs jours entre les deux extrémités du pays{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=141}}{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=118}}.


À la fin de l'année 1905, la révolution atteint son apogée, avec la création des premiers syndicats sur le chemin de fer de l'Oussouri et dans le port de Vladivostok. Des [[Soviet|''soviets'']] (<abbr>litt.</abbr> « conseil ») apparaissent aussi comme organe du pouvoir révolutionnaire. C'est ainsi que le {{Date|12 décembre 1905|julien=oui}}, un rassemblement de milliers de soldats et de marins a eu lieu à Vladivostok, où fut élu le « Comité exécutif des rangs inférieurs de la garnison de Vladivostok », composé de {{Unité|12|personnes}}, qui était essentiellement le Conseil des députés des soldats. Au cours du même mois, une charte de l'union paysanne de la région du sud de l'Oussouri est votée lors du congrès paysan de [[Nikolsk-Oussouriïsk]]. D'autres rassemblements ont lieu dans les villages [[Cosaques de l'Oussouri|cosaques]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=142}}.
À la fin de l'année 1905, la révolution atteint son apogée, avec la création des premiers syndicats sur le chemin de fer de l'Oussouri et dans le port de Vladivostok. Des [[Soviet|''soviets'']] ({{litt.}} « conseil ») apparaissent aussi comme organe du pouvoir révolutionnaire. C'est ainsi que le {{Date|12 décembre 1905|julien=oui}}, un rassemblement de milliers de soldats et de marins a eu lieu à Vladivostok, où fut élu le « Comité exécutif des rangs inférieurs de la garnison de Vladivostok », composé de {{nobr|12 personnes}}, qui était essentiellement le Conseil des députés des soldats. Au cours du même mois, une charte de l'union paysanne de la région du sud de l'Oussouri est votée lors du congrès paysan de [[Nikolsk-Oussouriïsk]]. D'autres rassemblements ont lieu dans les villages [[Cosaques de l'Oussouri|cosaques]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=142}}.


Le 10 janvier 1906, à l'anniversaire du [[Dimanche rouge|Dimanche sanglant]]<ref group="note">à cause du décalage horaire, bien que le Dimanche sanglant se soit tenu le {{date|9|janvier|1905|julien=oui}}, il était déjà le 10 au Primorié.</ref>, une manifestation a lieu. Elle est réprimée par ordre du commandant de la ville [[Andreï Selivanov]], avec des tirs de mitrailleuses qui ont été ouverts sur les manifestants. Il y avait environ {{unité|90|personnes}} tuées et blessées des suites de la répression. En réponse à la répression, un soulèvement a éclaté dans la ville, et les autorités ont été paralysé, submergées par les manifestants. Le 16 janvier, les funérailles des victimes ont eu lieu devant une foule immense, tandis que la ville était aux mains des insurgés. Mais dans la nuit du 23 janvier, les troupes cosaque du général [[Pavel Michtchenko]] sont entrées dans Vladivostok, et les insurgés ont été désarmés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=142}}.
Le 10 janvier 1906, à l'anniversaire du [[Dimanche rouge|Dimanche sanglant]]<ref group="note">à cause du décalage horaire, bien que le Dimanche sanglant se soit tenu le {{date|9|janvier|1905|julien=oui}}, il était déjà le 10 au Primorié.</ref>, une manifestation a lieu. Elle est réprimée par ordre du commandant de la ville [[Andreï Selivanov]], avec des tirs de mitrailleuses qui ont été ouverts sur les manifestants. Il y avait environ {{nobr|90 personnes}} tuées et blessées des suites de la répression. En réponse à la répression, un soulèvement a éclaté dans la ville, et les autorités ont été paralysé, submergées par les manifestants. Le 16 janvier, les funérailles des victimes ont eu lieu devant une foule immense, tandis que la ville était aux mains des insurgés. Mais dans la nuit du 23 janvier, les troupes cosaque du général [[Pavel Michtchenko]] sont entrées dans Vladivostok, et les insurgés ont été désarmés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=142}}.


En 1906 et en 1907, les forces antigouvernementales étaient menées au Primorié par les partis de gauche, avec le [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie|parti ouvrier social-démocrate]] (POSDR), les [[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|socialistes révolutionnaires]] (SR) mais aussi les anarchistes. Au début de 1907, le POSDR de Vladivostok s'est considérablement renforcé, avec la création d'une imprimerie clandestine et la création de liens avec les cellules de Khabarovsk et de Nikolsk-Oussouriïsk. En avril à Vladivostok, à un congrès du SR, l'Union d'Extrême-Orient du parti socialiste-révolutionnaire est créé. Mais après le [[coup de force du 3 juin 1907]], la répression des organisations révolutionnaires a lieu{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=142}}. Le {{Date|11 juillet 1907|julien=oui}}, des membres de l'armée de Vladivostok appartenant aux sociaux-démocrates sont arrêtés et leur chef est exécuté<ref>{{Article|langue=ru|titre=Городской трамвай заложен во Владивостоке 104 года назад|traduction titre=Le tramway urbain de Vladivostok a été ouvert il y a 104 ans.|périodique=primamedia|date=11 juillet 2023|lire en ligne=https://primamedia.ru/news/215754/}}</ref>. La censure est mise en place à travers le pays, tout comme la répression des syndicats et partis politiques{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=143}}.
En 1906 et en 1907, les forces antigouvernementales étaient menées au Primorié par les partis de gauche, avec le [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie|parti ouvrier social-démocrate]] (POSDR), les [[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|socialistes révolutionnaires]] (SR) mais aussi les anarchistes. Au début de 1907, le POSDR de Vladivostok s'est considérablement renforcé, avec la création d'une imprimerie clandestine et la création de liens avec les cellules de Khabarovsk et de Nikolsk-Oussouriïsk. En avril à Vladivostok, à un congrès du SR, l'Union d'Extrême-Orient du parti socialiste-révolutionnaire est créé. Mais après le [[coup de force du 3 juin 1907]], la répression des organisations révolutionnaires a lieu{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=142}}. Le {{Date|11 juillet 1907|julien=oui}}, des membres de l'armée de Vladivostok appartenant aux sociaux-démocrates sont arrêtés et leur chef est exécuté<ref>{{Article|langue=ru|titre=Городской трамвай заложен во Владивостоке 104 года назад|traduction titre=Le tramway urbain de Vladivostok a été ouvert il y a 104 ans.|périodique=primamedia|date=11 juillet 2023|lire en ligne=https://primamedia.ru/news/215754/}}</ref>. La censure est mise en place à travers le pays, tout comme la répression des syndicats et partis politiques{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=143}}.


Dans les années qui suivent, malgré la censure et les répressions{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=143}}, la vie politique s'installe dans la région, avec des conférences, organisations marchandes, syndicats, grèves et autres. Des affrontements ont lieu régulièrement entre la police et les militants, ainsi que des grèves, avec {{Unité|523|mouvements sociaux}} dans l'oblast de Primorié rien que pour l'année 1913, dont {{Unité|187}} rien qu'à Vladivostok. En réponse à ces mouvements, le {{Date|1er septembre 1913|julien=oui}}, l'inspection des usines de l'oblast est introduite{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=144}}.
Dans les années qui suivent, malgré la censure et les répressions{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=143}}, la vie politique s'installe dans la région, avec des conférences, organisations marchandes, syndicats, grèves et autres. Des affrontements ont lieu régulièrement entre la police et les militants, ainsi que des grèves, avec {{Unité|523|mouvements sociaux}} dans l'oblast de Primorié rien que pour l'année 1913, dont 187 rien qu'à Vladivostok. En réponse à ces mouvements, le {{Date|1er septembre 1913|julien=oui}}, l'inspection des usines de l'oblast est introduite{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=144}}.


===== Un regain économique et une facilité de venir s'installer au Primorié =====
===== Un regain économique et une facilité de venir s'installer au Primorié =====
[[Fichier:No-nb_bldsa_3f245.jpg|gauche|vignette|185x185px|Vladivostok en 1916.|alt=Photographie depuis la mer d'une ville installée entrer mer et montagnes.]]
[[Fichier:No-nb_bldsa_3f245.jpg|gauche|vignette|Vladivostok en 1916.|alt=Photographie depuis la mer d'une ville installée entrer mer et montagnes.]]
L'économie sort de la crise en 1908, lorsque les investissements de l'État commencent, surtout dans les transports et dans le secteur militaire, couplé à des flux migratoires. Ainsis en 1913, le PIB régional s'élevait à {{unité|13,6|millions}} de roubles, et en 1914, le PIB a quasi doublé ; avec {{unité|25|millions}} de roubles de production<ref group="note">Secteur public non inclus</ref>. {{unité|16|millions}} de roubles venaient du secteur agricole, {{unité|3,5|millions}} du secteur minier, et {{unité|1,2|million}} de l'imprimerie. De plus, les entreprises publiques étaient souvent très productives, dont la plus grande Dalzavod ; les chantiers navals de Vladivostok générant à eux seuls {{unité|3|millions}} de roubles. La mécanisation de la région a commencé, et le secteur minier croit, passant de {{unité|7,8|millions}} de [[Livre (unité de masse)|livres]] de charbon en 1905 à plus de {{unité|36|millions}} de livres en 1916. Juste avant la guerre civile, le PIB était de {{unité|36|millions}} de roubles, dont {{unité|24|millions}} pour l'agriculture et l'industrie combinées et {{unité|11|millions}} pour le secteur minier<ref name=":6" group="fegi" />.


L'économie sort de la crise en 1908, lorsque les investissements de l'État commencent, surtout dans les transports et dans le secteur militaire, couplés à des flux migratoires. Ainsi en 1913, le PIB régional s'élevait à {{unité|13,6|millions}} de roubles, et en 1914, le PIB a quasiment doublé, avec {{nobr|25 millions}} de roubles de production<ref group="note">Secteur public non inclus</ref> : {{nobr|16 millions}} de roubles venaient du secteur agricole, {{unité|3,5|millions}} du secteur minier, et {{unité|1,2|million}} de l'imprimerie. De plus, les entreprises publiques étaient souvent très productives, dont la plus grande, Dalzavod ; les chantiers navals de Vladivostok généraient à eux seuls {{nobr|3 millions}} de roubles. La mécanisation de la région avait commencé, et le secteur minier croissait, passant de {{unité|7,8|millions}} de [[Livre (unité de masse)|livres]] de charbon en 1905 à plus de {{nobr|36 millions}} de livres en 1916. Juste avant la guerre civile, le PIB était de {{nobr|36 millions}} de roubles, dont {{nobr|24 millions}} pour l'agriculture et l'industrie combinées et {{nobr|11 millions}} pour le secteur minier<ref name=":6" group="fegi" />.
Contrairement à la [[Russie européenne]], les paysans étaient dans la région de grands propriétaires fonciers, possédant en moyenne au Primorié plus de {{unité|60|acres}} de terres, contre seulement {{unité|11|à=12}} en Europe{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2005|p=104}}. Il faut aussi noter que la population était bien plus urbanisée, représentant {{unité|20,1|%}} des habitants du Primorié en 1896, et en 1913, {{unité|28|%}}, alors que la moyenne en Russie était respectivement de {{unité|13,4|%}} et {{unité|17,9|%}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=104}}. La démographie était très masculine, avec que {{unité|28,4|%}} de femmes selon le recensement de 1897, et {{unité|38,9|%}} en 1914. Progressivement, les populations asiatiques — Chinois et Coréens — ont diminuées, passant de {{unité|26,4|%}} en 1897 à {{unité|17|%}} en 1913{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=105}}.


Contrairement à la [[Russie européenne]], les paysans étaient dans la région de grands propriétaires fonciers. En moyenne au Primorié, chaque famille avait {{nobr|24 hectares}} de terres, contre seulement {{Unité|1|à=2|hectares}} en Russie européeene{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2005|p=104}}. De plus, la population était bien plus urbanisée, représentant 20,1 % des habitants du Primorié en 1896, et en 1913, 28 %, alors que la moyenne en Russie était respectivement de 13,4 % et 17,9 %{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=104}}. La population était très masculine, avec seulement 28,4 % de femmes selon le recensement de 1897, et 38,9 % en 1914. Progressivement, les populations asiatiques — Chinois et Coréens — ont diminué, passant de 26,4 % en 1897 à 17 % en 1913{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=105}}.
[[Piotr Stolypine]], [[Chefs du gouvernement russe|Premier ministre]] de l'empereur [[Nicolas II de Russie]], encouragea la colonisation du Primorié. Sa réforme agraire de 1906 favorise l'afflux de paysans vers l'Extrême-Orient, et en 1909, il crée le Comité pour la réinstallation en Extrême-Orient et développe de plus le « Programme 105 ». Ce programme offre divers avantages aux colons : le droit de se déplacer aux frais de l'État, un pécule de {{unité|100|à=200|roubles}} selon la zone de réinstallation, des travaux préalables d'aménagement du territoire, et la création d'écoles, postes médicaux dans les villages ainsi que des routes. Malgré la bureaucratie, le programme est couronné de succès : entre 1900 et 1916, plus de {{Unité|200 000|personnes}} sont arrivées dans l'[[oblast de Primorié]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=105}}.


[[Piotr Stolypine]], [[Chefs du gouvernement russe|Premier ministre]] de l'empereur [[Nicolas II de Russie]], encouragea la colonisation du Primorié. Sa réforme agraire de 1906 favorise l'afflux de paysans vers l'Extrême-Orient, et en 1909, il crée le Comité pour la réinstallation en Extrême-Orient et développe de plus le « Programme 105 ». Ce programme offre divers avantages aux colons : le droit de se déplacer aux frais de l'État, un pécule de {{unité|100|à=200|roubles}} selon la zone de réinstallation, des travaux préalables d'aménagement du territoire, et la création d'écoles, de postes médicaux dans les villages ainsi que des routes. Malgré la bureaucratie, le programme est couronné de succès : entre 1900 et 1916, plus de {{Unité|200000|personnes}} sont arrivées dans l'[[oblast de Primorié]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=105}}.
Le transport maritime connaît à cette époque une forte hausse. Le port de Vladivostok devient en 1915 l'un des cinq plus grands ports russes, et le premier d'Extrême-Orient. Il accueille des centaines de navires marchands, dont des étrangers. C'est à cette époque que la ville obtient un caractère international, avec une douzaine de consulats et un grand nombre de missions commerciales étrangères{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=111}}. Une grande partie de cette affluence est due à la [[Première Guerre mondiale]], avec le [[Russie dans la Première Guerre mondiale#Le goulet d'étranglement des transports|blocus des ports russes européens]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=144}}.


Le transport maritime connaît à cette époque une forte hausse. Le port de Vladivostok devient en 1915 l'un des cinq plus grands ports russes, et le premier d'Extrême-Orient. Il accueille des centaines de navires marchands, dont des étrangers. C'est à cette époque que la ville obtient un caractère international, avec une douzaine de consulats et un grand nombre de missions commerciales étrangères{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=111}}. Une grande partie de cette affluence est due à la [[Première Guerre mondiale]], avec le [[Russie dans la Première Guerre mondiale#Le goulet d’étranglement des transports|blocus des ports russes européens]]{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=144}}.
Le {{1er}} janvier 1910, le Kamtchatka et l'île de Sakhaline sont séparés de l'oblast de Primorié, en conformité avec la loi du 17 juin 1909<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Дальний Восток 1 января. Из состава Приморской области выделены Сахалинская и Камчатская - PrimaMedia |traduction titre=Extrême-Orient 1er janvier. Les régions de Sakhaline et du Kamtchatka ont été séparées de l'oblast du Primorié |url=https://primamedia.ru/news/1424255/ |site=primamedia.ru |date=1-01-2023 |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Le 4 octobre 1916, avec l'inauguration du [[pont de Khabarovsk]], le [[Transsibérien]] est fini, et la région est reliée par train à la Russie européenne<ref name=":6" group="fegi" />.


Le {{date-|1er janvier 1910}}, le Kamtchatka et l'île de Sakhaline sont séparés de l'oblast de Primorié, en conformité avec la loi du {{Date|17 juin 1909}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Дальний Восток 1 января. Из состава Приморской области выделены Сахалинская и Камчатская - PrimaMedia |traduction titre=Extrême-Orient 1er janvier. Les régions de Sakhaline et du Kamtchatka ont été séparées de l'oblast du Primorié |url=https://primamedia.ru/news/1424255/ |site=primamedia.ru |date=1-01-2023 |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Le {{date|4 octobre 1916}}, avec l'inauguration du [[pont de Khabarovsk]], le [[Transsibérien]] est fini, et la région est reliée par train à la Russie européenne<ref name=":6" group="fegi" />.
Entre 1861 et 1917, il y eut en tout {{unité|245 476|paysans}} qui sont arrivés au Primorié, créant {{unité|342|villages}}, souvent agricoles. L'agriculture a ainsi connu en essor fulgurant, avec de nombreuses cultures céréalières, de grands verges (poires, raisins, groseilles) et d'importants élevages. Pour la première fois, le système de [[rotation culturale]], et les machines sont apparues dans la région. À la veille de la guerre civile en 1917, le Primorié était peuplé de {{unité|307 332|personnes}}, réparties en {{unité|53 078|ménages}}, et parmi la population, il y avait {{unité|42033|cosaques}}. Il y avait plus de {{unité|185 000|têtes de bovins}}, {{unité|181|mille}} de porcs et {{unité|100|mille}} têtes de chevaux. {{unité|235 912|personnes}} travaillaient dans l'agriculture, près de {{unité|300|moulins}} sont apparus dans la région<ref group="fegi" name=":6">{{Lien web |langue=ru |prénom=OSIPOV Yu.N. |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chercheur principal du Département des problèmes de l'histoire extrême-orientale de la période pré-octobre, Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de la Académie russe des sciences. |prénom2=GALLYAMOVA Lyudmila Ivanovna |responsabilité2=Docteure en sciences historiques, chercheuse principal, cheffe du Département des problèmes de l'histoire extrême-orientale de la période pré-octobre de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie russe des sciences. |titre=Освоение Приморья (XIX - XX) |traduction titre=Développement du Primorié (XIXe - XXe s.) |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/industry.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>.

Entre 1861 et 1917, {{unité|245476|paysans}} sont arrivés au Primorié, créant {{nobr|342 villages}}, souvent agricoles. L'agriculture a ainsi connu en essor fulgurant, avec de nombreuses cultures céréalières, de grands vergers (poires, raisins, groseilles) et d'importants élevages. Pour la première fois, la technique de [[rotation culturale]], et les machines sont apparues dans la région. À la veille de la guerre civile en 1917, le Primorié était peuplé de {{unité|307332|personnes}}, réparties en {{unité|53078|ménages}}, et parmi la population, il y avait {{unité|42033|cosaques}}. Il y avait plus de {{unité|185000|têtes de bovins}}, {{formatnum:181000}} porcs et {{formatnum:100000}} chevaux ; {{unité|235912|personnes}} travaillaient dans l'agriculture, près de {{nobr|300 moulins}} tournaient dans la région<ref group="fegi" name=":6">{{Lien web |langue=ru |prénom=Yu. N. Osipov |responsabilité1=Candidat en sciences historiques, chercheur principal du Département des problèmes de l'histoire extrême-orientale de la période pré-octobre, Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de la Académie russe des sciences. |prénom2=Lyudmila Ivanovna Gallyamova |responsabilité2=Docteure en sciences historiques, chercheuse principal, cheffe du Département des problèmes de l'histoire extrême-orientale de la période pré-octobre de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie russe des sciences. |titre=Освоение Приморья (XIX - XX) |traduction titre=Développement du Primorié ({{XIXe}} - {{XXe}} s.) |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/industry.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>.


=== Révolutions et guerre civile russe ===
=== Révolutions et guerre civile russe ===
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==== De février à octobre 1917 ====
==== De février à octobre 1917 ====
{{Calendrier julien|section=oui|pays=Russie}}La nouvelle de l'abdication de [[Nicolas II]], suivant la [[révolution de Février]], est connue au Primorié que le lendemain de la révolution{{Sfn|Petchenkina|2005|p=60}}. Les organisations socialistes se rangent du côté du [[soviet de Petrograd]], bien que le nouveau commissaire de l'oblast soit nommé par le nouveau [[Gouvernement provisoire (Russie)|gouvernement provisoire]]. Un soviet est élu le 4 mars à Vladivostok, puis dans les jours suivants à Soutchan, Nikolsk-Oussouriïsk et à Anoutchino{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=146}}. Les cosaques de l'Oussouri élisent un comité exécutif<ref name=":3" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=Employés de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie |titre=От февраля к октябрю |traduction titre=De février à octobre |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/rev2.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. Les partis politiques émergent au Primorié, principalement les deux de gauches ; le parti socialiste-révolutionnaire et le [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (le dernier composé des [[bolcheviks]] et des [[mencheviks]]. En septembre, le POSDR compte {{Unité|5000|militants}} en Extrême-Orient, principalement concentrés au Primorié, dont {{Unité|2000|bolcheviks}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=147}}. Le comité régional des soviets est est formé en mai à Vlladivostok<ref name=":3" group="fegi" />.[[Fichier:ManifestaciónProsoviéticaEnVladivostok--throughrussianre00willuoft.jpg|vignette|252x252px|Manifestation pro-soviétique en 1917 à Vladivostok.|alt=Photographies depuis l'étage d'une maison d'une rue pleine de manifestants, entourée de bâtiments en bois.]]À Vladivostok les syndicats ont le vent en poupe, avec plus de {{Unité|36 000|travailleurs}} syndiqués en juin 1917. Les partis de gauche, via le soviet, ont essayé d'augmenter leur influence dans l'armée, qui compte plus de {{Unité|40 000|soldats}} et {{Unité|6000|marins}} au Primorié. Dès l'été, l'influence des bolcheviks s'accroît fortement, avec des comités bolcheviks à travers la région. Le 2 septembre à Vladivostok , une journée de travail de 8 heures est instaurée dans les entreprises étatiques{{Sfn|Petchenkina|2005|p=60}}, et 6 heures pour les ouvriers<ref name=":3" group="fegi" />. Des [[Garde rouge (Russie)|gardes rouges]] se forment au cours de septembre sous la direction des bolchéviks, comme à Vladivostok, [[Dalneretchensk|Iman]] et Nikolsk-Oussouriïsk. Après la fin de l'[[affaire Kornilov]] en septembre, le comité régional des soviets, sous les ordres du gouvernement provisoire, ordonne la dissolution de tous les comités exécutifs unis où plusieurs partis sont réunis. Mais le comité exécutif uni du Soviet de Vladivostok reste au pouvoir grâce à la coopération des branches locales des partis. Mais dans l'ensemble, la région devient de plus en plus bolchévique, comme dans les soviets de Nikolsk-Oussouriïsk ou de [[Partizansk|Soutchan]]<ref name=":3" group="fegi" />.
{{Calendrier julien|section=oui|pays=Russie}}La nouvelle de l'abdication de [[Nicolas II]], suivant la [[révolution de Février]], n'est connue au Primorié que le lendemain de la révolution{{Sfn|Petchenkina|2005|p=60}}. Les organisations socialistes se rangent au côté du [[soviet de Petrograd]], bien que le nouveau commissaire de l'oblast soit nommé par le nouveau [[Gouvernement provisoire (Russie)|gouvernement provisoire]]. Un soviet est élu le 4 mars à Vladivostok, puis dans les jours suivants à Soutchan, Nikolsk-Oussouriïsk et à Anoutchino{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=146}}. Les cosaques de l'Oussouri élisent un comité exécutif<ref name=":3" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=Employés de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie |titre=От февраля к октябрю |traduction titre=De février à octobre |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/rev2.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. Les partis politiques émergent au Primorié, principalement les deux de gauches ; le parti socialiste-révolutionnaire et le [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (le dernier composé des [[bolcheviks]] et des [[mencheviks]]. En septembre, le POSDR compte {{Unité|5000|militants}} en Extrême-Orient, principalement concentrés au Primorié, dont {{Unité|2000|bolcheviks}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=147}}. Le comité régional des soviets est formé en mai à Vladivostok<ref name=":3" group="fegi" />.
[[Fichier:ManifestaciónProsoviéticaEnVladivostok--throughrussianre00willuoft.jpg|vignette|Manifestation pro-soviétique en 1917 à Vladivostok.|alt=Photographies depuis l'étage d'une maison d'une rue pleine de manifestants, entourée de bâtiments en bois.]]
À Vladivostok les syndicats ont le vent en poupe, avec plus de {{Unité|36000|travailleurs}} syndiqués en juin 1917. Les partis de gauche, via le soviet, ont essayé d'augmenter leur influence dans l'armée, qui compte plus de {{Unité|40000|soldats}} et {{Unité|6000|marins}} au Primorié. Dès l'été, l'influence des bolcheviks s'accroît fortement, avec des comités bolcheviks à travers la région. Le 2 septembre à Vladivostok, la journée de travail de 8 heures est instaurée dans les entreprises étatiques{{Sfn|Petchenkina|2005|p=60}}, et de 6 heures pour les ouvriers<ref name=":3" group="fegi" />. Des [[Garde rouge (Russie)|gardes rouges]] se forment au cours de septembre sous la direction des bolchéviks, comme à Vladivostok, [[Dalneretchensk|Iman]] et Nikolsk-Oussouriïsk. Après la fin de l'[[affaire Kornilov]] en septembre, le comité régional des soviets, sous les ordres du gouvernement provisoire, ordonne la dissolution de tous les comités exécutifs unis où plusieurs partis sont réunis. Mais le comité exécutif uni du Soviet de Vladivostok reste au pouvoir grâce à la coopération des branches locales des partis. Mais dans l'ensemble, la région devient de plus en plus bolchévique, comme dans les soviets de Nikolsk-Oussouriïsk ou de [[Partizansk|Soutchan]]<ref name=":3" group="fegi" />.


==== La nouvelle de la prise du pouvoir par les bolcheviks ====
==== La nouvelle de la prise du pouvoir par les bolcheviks ====
{{Calendrier grégorien|section=oui}}La nouvelle de la [[révolution d'Octobre]] arrive le 8 novembre (26 octobre dans le calendrier julien) au Primorié, soit le lendemain, via des télégrammes{{Sfn|Petchenkina|2005|p=60}}. L'information est dans un premier temps gardée secrète par le commissaire régional du gouvernement provisoire, avant que le Soviet de Vladivostok informe de manière biasée le 10 novembre 1917<ref name=":RO" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=Employés de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie |titre=Октябрьская революция. Первые советы в Приморье |traduction titre=Révolution d'octobre. Premiers soviétiques au Primorié |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/rev3.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. Ce n'est que lors du retour durant le mois des délégués du Primorié au [[deuxième congrès panrusse des Soviets]] que l'information est totalement révélée, dont les décrets de Lénine (sur la [[Décret sur la paix|paix]], la [[Décret sur la terre|terre]], les [[Décret sur les nationalités|nationalités]] et le [[Décret sur le contrôle ouvrier|contrôle ouvrier]]) et de la création du [[Conseil des commissaires du peuple (URSS)|Sovnarcom]]. Toujours ce mois-ci, des zemstvo et des gouvernements locaux se forment à travers le Primorié. Ces conseils municipaux étaient élus au suffrage universel direct<ref name=":RO" group="fegi" />. Un conseil régional est apparu au Primorié en décmbre, tandis que Krasnochtchekov,{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=149}} un bolchevik, proclame le pouvoir soviétique au Primorié, ne reconaissant pas les zemtsvos, et souhaitant à la place faire élire des comités exécutifs. Les zemstvo et gouvernements municipaux, déjà pas satisfaits des politiques économiques, ont cherché à récupérer du pouvoir, et ils étaient soutenus par les corps consulaires présents à Vladivostok des [[Alliés de la Première Guerre mondiale|puissances alliées]], hostiles aux bolchéviks<ref name=":RO" group="fegi" />. Les bolcheviks mirent en place des contrôles dans les usines, et donnèrent des terres aux paysans, tout en recrutant pour l'[[Armée rouge]]. Les relations devenaient de plus en plus tendues au Primorié, et surtout concernant les cosaques. Les cosaques de l'Oussouri voulaient une grande autonomie, ce qui signifiait une indépendance vis-à-vis des soviets<ref name=":RO" group="fegi" />.
{{Calendrier grégorien|section=oui}}La nouvelle de la [[révolution d'Octobre]] arrive le 8 novembre (26 octobre dans le calendrier julien) au Primorié, soit le lendemain, via des télégrammes{{Sfn|Petchenkina|2005|p=60}}. L'information est dans un premier temps gardée secrète par le commissaire régional du gouvernement provisoire, avant que le Soviet de Vladivostok ne la révèle de manière biaisée le 10 novembre 1917<ref name=":RO" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=Employés de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie |titre=Октябрьская революция. Первые советы в Приморье |traduction titre=Révolution d'octobre. Premiers soviétiques au Primorié |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/rev3.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. Ce n'est que lors du retour durant le mois des délégués du Primorié au [[deuxième congrès panrusse des Soviets]] que l'information est publiée ainsi que les décrets de Lénine sur la [[Décret sur la paix|paix]], la [[Décret sur la terre|terre]], les [[Décret sur les nationalités|nationalités]] et le [[Décret sur le contrôle ouvrier|contrôle ouvrier]]. C'est à ce moment qu'est créé le [[Conseil des commissaires du peuple (URSS)|conseil des commissaires du peuple]]. Ce même mois, des zemstvo et des gouvernements locaux se forment à travers le Primorié. Ces conseils municipaux étaient élus au suffrage universel direct<ref name=":RO" group="fegi" />. Un conseil régional est apparu au Primorié en décembre, tandis que Krasnochtchekov,{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=149}} un bolchevik, proclame le pouvoir soviétique au Primorié, ne reconaissant pas les zemtsvos, et souhaitant à la place faire élire des comités exécutifs. Les zemstvo et gouvernements municipaux, déjà pas satisfaits des politiques économiques, ont cherché à reprendre le pouvoir, et ils étaient soutenus par les corps consulaires présents à Vladivostok des [[Alliés de la Première Guerre mondiale|puissances alliées]], hostiles aux bolchéviks<ref name=":RO" group="fegi" />. Les bolcheviks mirent en place des contrôles dans les usines, et donnèrent des terres aux paysans, tout en recrutant pour l'[[Armée rouge]]. Les relations devenaient de plus en plus tendues au Primorié, et surtout concernant les cosaques. Les cosaques de l'Oussouri voulaient une grande autonomie, ce qui signifiait leur indépendance vis-à-vis des soviets<ref name=":RO" group="fegi" />.


==== Implication de puissances étrangères et de forces blanches ====
==== Implication de puissances étrangères et de forces blanches ====
En décembre 1917, les [[Alliés de la Première Guerre mondiale|puissances alliées]] s'accordent sur une intervention dans différentes zones en Russie. janvier 1918, deux croiseurs japonais et anglo-américain rentrent dans le port de Vladivostok{{Sfn|Petchenkina|2005|p=61}}. En parallèle, le {{IVe|Cercle militaire}} <ref group="note">Un cercle militaire est la plus haute instance des cosaques</ref> élit [[Ivan Pavlovitch Kalmykov|Ivan Kalmykov]] comme [[ataman]], qui entame des contacts, pour un soutien financier, avec la France, le Royaume-Uni et le Japon. Ce dernier, qui veut une indépendance vis--à-vis des bolcheviks{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=150}}, forme des détachelments sur les emprises du [[chemin de fer de l'Est chinois]]. Mais il est remplacé en mars par un partisan soviétique{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=151}}. Dans les campagnes, des conseils de paysans et cosaques pro-soviétiques se formèrent<ref name=":RO" group="fegi" />. Dans les alentours du chemin de fer de l'Est chinois, [[Dimitri Leonidovitch Khorvat|Dimitri Khorvat]], [[Grigori Semenov]] et Kalmykov forment des détachements<ref name=":RO" group="fegi" />.
En décembre 1917, les [[Alliés de la Première Guerre mondiale|puissances alliées]] s'accordent sur une intervention dans différentes zones en Russie. En janvier 1918, deux croiseurs japonais et anglo-américain entrent dans le port de Vladivostok{{Sfn|Petchenkina|2005|p=61}}. En parallèle, le {{IVe|Cercle militaire}}<ref group="note">Un cercle militaire est la plus haute instance des cosaques</ref> élit [[Ivan Pavlovitch Kalmykov|Ivan Kalmykov]] comme [[ataman]], qui entame des contacts, pour un soutien financier, avec la France, le Royaume-Uni et le Japon. Ce dernier, qui veut l'indépendance vis—à-vis des bolcheviks{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=150}}, forme des détachements sur les emprises du [[chemin de fer de l'Est chinois]]. Mais il est remplacé en mars par un partisan soviétique{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=151}}. Dans les campagnes, des conseils de paysans et cosaques pro-soviétiques se formèrent<ref name=":RO" group="fegi" />. Dans les alentours du chemin de fer de l'Est chinois, [[Dimitri Leonidovitch Khorvat|Dimitri Khorvat]], [[Grigori Semenov]] et Kalmykov forment des détachements<ref name=":RO" group="fegi" />.


Le {{Date|4 avril 1918}}, suivant l'assassinat de deux citoyens japonais à Vladivostok, les deux jours suivants, des navires japonais et anglais ont débarqué dans la ville, avec plus de 15 000 troupes, fficiellement pour protéger leurs nationaux respectifs. Lénine met en garde le Soviet de Vladivostok de la possibilité d'une intervention alliée, leur demandant de se préparer et d'évacuer le plus important. Cependant, fin avril, les troupes sont rappelées sur les navires, mais cet évènement n'était qu'une répitition pour une futur intervenion. Le premier détachement des légions tchécoslovaques partant de la Russie arrive à Vladivostok le {{Date|26 avril 1918}}, faisant que ces légions contrôlent désormais tout le transsibérien{{Sfn|House|Curzon|2019|p=55}}, et en mai, [[Légions tchécoslovaques|légion tchécoslovaque]] se [[Révolte de la Légion tchécoslovaque|révolte]] en Sibérie le long du transsibérien<ref name=":RO" group="fegi" />.
Le {{Date|4 avril 1918}}, au prétexte de l'assassinat de deux citoyens japonais à Vladivostok, et pendant les deux jours suivants, des navires japonais et britanniques font débarquer plus de 15000 hommes dans la ville, officiellement pour protéger leurs nationaux respectifs. Lénine met en garde le Soviet de Vladivostok de la possibilité d'une intervention alliée, lui demandant de se préparer et d'évacuer le plus important. Cependant, fin avril, les troupes sont rappelées sur les navires, mais cet évènement n'était qu'une répétition pour une futur intervention. Le premier détachement des légions tchécoslovaques partant de la Russie arrive à Vladivostok le {{Date|26 avril 1918}}, ce qui leur donne le contrôle de tout le transsibérien{{Sfn|House|Curzon|2019|p=55}}. En mai, une [[Légions tchécoslovaques|légion tchécoslovaque]] se [[Révolte de la Légion tchécoslovaque|révolte]] en Sibérie le long du transsibérien<ref name=":RO" group="fegi" />.


==== Prise par les Armées blanches et intervention alliée ====
==== Prise par les Armées blanches et intervention alliée ====
[[Fichier:Siberia-_Civil_War_and_Western_Intervention_1918-1920_Q61674.jpg|vignette|243x243px|''Siberia- Civil War and Western Intervention 1918-1920.'' Commandants alliés de l'Intervention en Sibérie, avec au premier plan [[William S. Graves]] (3e) et [[Gaston Renondeau]] en arrière-plan (6e). Vladivostok, 1918.|alt=Photographie des commandants et chefs d'état-major de la mission militaire alliée en Sibérie, Vladivostock. Sur la première rangée, de gauche à droite : le major-général Saburo Inagaki (armée japonaise), le colonel Louis Geissier (armée belge), le major-général William Sidney Graves (armée américaine), le général Kikuzo Otani (armée japonaise), le lieutenant-général Mitsue Yuhi (armée japonaise) ), le général de brigade Yuyousi (armée japonaise), le lieutenant-colonel Fillippi, comte de Baldissero (armée italienne). Sur la rangée du milieu, de gauche à droite : le professeur M. Maruyama (Japon), le général de brigade JN Blair (armée britannique), le colonel HH Pattison (armée américaine), le colonel Fucking (armée japonaise), le major Ou (armée japonaise), le colonel M. Le Magnen (armée belge), lieutenant-colonel OP Robinson (armée américaine), major C. Majora, major général M. Nakajima (armée japonaise). Sur la rangée arrière, de gauche à droite : Capitaine T. Watanabe (Armée japonaise), Capitaine RJ Hoffman (Armée américaine), Major S. Hasebe (Armée japonaise), Capitaine G. Bazzani (Armée italienne), Lieutenant-colonel B. Vuchterle, Major Gaston Renondeau (armée française), major J. Broz, capitaine FB Rives (armée américaine).]]
[[Fichier:Siberia-_Civil_War_and_Western_Intervention_1918-1920_Q61674.jpg|vignette|''Siberia- Civil War and Western Intervention 1918-1920.'' Commandants alliés de l'Intervention en Sibérie, avec au premier plan [[William S. Graves]] ({{3e}}) et [[Gaston Renondeau]] en arrière-plan (6e). Vladivostok, 1918.|alt=Photographie des commandants et chefs d'état-major de la mission militaire alliée en Sibérie, Vladivostock. Sur la première rangée, de gauche à droite : le major-général Saburo Inagaki (armée japonaise), le colonel Louis Geissier (armée belge), le major-général William Sidney Graves (armée américaine), le général Kikuzo Otani (armée japonaise), le lieutenant-général Mitsue Yuhi (armée japonaise), le général de brigade Yuyousi (armée japonaise), le lieutenant-colonel Fillippi, comte de Baldissero (armée italienne). Sur la rangée du milieu, de gauche à droite : le professeur M. Maruyama (Japon), le général de brigade JN Blair (armée britannique), le colonel HH Pattison (armée américaine), le colonel Fucking (armée japonaise), le major Ou (armée japonaise), le colonel M. Le Magnen (armée belge), lieutenant-colonel OP Robinson (armée américaine), major C. Majora, major général M. Nakajima (armée japonaise). Sur la rangée arrière, de gauche à droite : capitaine T. Watanabe (armée japonaise), capitaine RJ Hoffman (armée américaine), major S. Hasebe (armée japonaise), capitaine G. Bazzani (armée italienne), lieutenant-colonel B. Vuchterle, major Gaston Renondeau (armée française), major J. Broz, capitaine FB Rives (armée américaine).]]


Le [[Gouvernement provisoire Sibérien autonome (Derber)|gouvernement provisoire Sibérien autonome]], organise un coup d'État à Vladivostok le {{Date|29 juin 1918}}, avec l'aide de [[Mikhail Dieterichs|Mikhaïl Dieterechs]] et de {{Unité|10000|légionnaires}} des légions tchécoslovaques{{Sfn|House|Curzon|2019|p=56}}. Il arrête le comité exécutif du Soviet de Vladivostok{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=158}}. Et le lendemain, le GPSA laisse sa place au [[gouvernement provisoire de la Sibérie autonome]], gouvernement encore plus fidèle aux Armées Blanches<ref name=":RO" group="fegi" />. Des combats ont lieu à [[Volno-Nadejdinskoïe]] et à Nikolsk-Oussouriïsk<ref name=":RO" group="fegi" />, qui est prise le {{Date|8 juillet 1918}} aux mains des bolcheviks par les Blancs. Le 16, [[Dalneretchensk|Iman]] est prise{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=158}}. Mais le {{1er août}} à [[Kabarga (Kraï du Primorié)|Kaoul]], l'Armée rouge lance une offensive, qui fait replier les Blancs à à 40 km au sud<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Liste des monuments du raïon de Lessozavodsk |url=https://web.archive.org/web/20131220210922/http://primamedia.ru/memory/participants/322 |site=web.archive.org |date=2013-12-20 |consulté le=2023-02-24}}</ref>.
Le [[Gouvernement provisoire Sibérien autonome (Derber)|gouvernement provisoire Sibérien autonome]] organise un coup d'État à Vladivostok le {{Date|29 juin 1918}}, avec l'aide de [[Mikhail Dieterichs|Mikhaïl Dieterechs]] et de {{Unité|10000|légionnaires}} des légions tchécoslovaques{{Sfn|House|Curzon|2019|p=56}}. Il arrête le comité exécutif du Soviet de Vladivostok{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=158}}. Le lendemain, le GPSA laisse sa place au [[gouvernement provisoire de la Sibérie autonome]], gouvernement encore plus fidèle aux Armées Blanches<ref name=":RO" group="fegi" />. Des combats ont lieu à [[Volno-Nadejdinskoïe]] et à Nikolsk-Oussouriïsk<ref name=":RO" group="fegi" />, qui est prise le {{Date|8 juillet 1918}} aux bolcheviks par les Blancs. Le 16, [[Dalneretchensk|Iman]] est prise{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=158}}. Mais le {{1er août}} à [[Kabarga (Kraï du Primorié)|Kaoul]], l'Armée rouge lance une offensive, qui repousse les Blancs à 40 km au sud<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Liste des monuments du raïon de Lessozavodsk |url=https://web.archive.org/web/20131220210922/http://primamedia.ru/memory/participants/322 |site=web.archive.org |date=2013-12-20 |consulté le=2023-02-24}}</ref>.


Le {{1er août}}, l'[[Intervention en Sibérie|intervention alliée en Sibérie]] débute, avec le débarquement de troupes [[Bataillon colonial sibérien|françaises]], japonaises, anglaises, canadiennes, italiennes et américaines, principalement à Vladivostok. Les Bolcheviks ordonnant d'abandonner la région le 4 septembre face à l'avancée des blancs et des alliés. Une résistance clandestine commence alors<ref name=":RO" group="fegi" />, avec en août un comité clandestin de bolcheviks à Vladivostok qui devient début 1919 le Comité régional d'Extrême-Orient du [[RKP (b)]]<ref name=":8" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=Employés de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie |titre=Приморье при Колчаковской власти |traduction titre=Le Primorié sous l'autorité de Koltchak |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/rev4.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. De l'autre côté, le 3 novembre, le gouvernement provisoire laisse sa place au [[Gouvernement provisoire panrusse|directoire]], dirigée par l'[[amiral Koltchak]] à partir du {{Date|18 novembre 1918}}. Le gouvernement de Koltchak , y compris au Primorié, était mauvais, avec l'envolée des prix, un rouble déprécié et une crise économique important. La répression envers les bolcheviks faisant la guérilla a continué, avec des arrestations et exécutions<ref name=":8" group="fegi" />.
Le {{1er août}}, l'[[Intervention en Sibérie|intervention alliée en Sibérie]] débute, avec le débarquement de troupes [[Bataillon colonial sibérien|françaises]], japonaises, anglaises, canadiennes, italiennes et américaines, principalement à Vladivostok. Les Bolcheviks ordonnant d'abandonner la région le 4 septembre face à l'avancée des Blancs et des alliés. Une résistance clandestine commence alors<ref name=":RO" group="fegi" />, avec en août un comité clandestin de bolcheviks à Vladivostok qui devient début 1919 le Comité régional d'Extrême-Orient du [[RKP (b)]]<ref name=":8" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=Employés de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie |titre=Приморье при Колчаковской власти |traduction titre=Le Primorié sous l'autorité de Koltchak |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/rev4.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. De l'autre côté, le 3 novembre, le gouvernement provisoire laisse sa place au [[Gouvernement provisoire panrusse|directoire]], dirigée par l'[[amiral Koltchak]] à partir du {{Date|18 novembre 1918}}. Le gouvernement de Koltchak, y compris au Primorié, ne parvient pas à empêcher l'envolée des prix, la dépréciation du rouble et la crise économique. La répression envers les bolcheviks faisant la guérilla a continué, avec des arrestations et exécutions<ref name=":8" group="fegi" />.


Néanmoins, ouvriers, syndicats et sympathisants des bolcheviks étaient autorisés mais surveillés. Des grèves eurent lieu au printemps 1919, puis des grèves générales en juillet-août, réprimées dans le sang. Le gouvernement de Koltchak donna des terres des cosaques aux paysans, mais restait impopulaire à cause des troupes japonaises, mal vues à cause de leurs excès (éxécutions, vols, etc.). Ils n'avaient aucun respect envers Koltchak, faisant plutôt leur propre loi<ref name=":8" group="fegi" />.
Ouvriers, syndicats et sympathisants des bolcheviks étaient surveillés. Des grèves eurent lieu au printemps 1919, puis des grèves générales en juillet-août, réprimées dans le sang. Le gouvernement de Koltchak donna des terres des cosaques aux paysans, mais restait impopulaire à cause des troupes japonaises, mal vues en raison de leurs excès (exécutions, vols, etc.). Les Japonais ne faisaient pas cas du gouvernement Koltchak, et agissaient comme des troupes d'occupation<ref name=":8" group="fegi" />.


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Fichier:The_Illustration_of_the_Siberian_War,_No._1,_The_landing_of_the_Japanese_army_(LOC_ppmsca.08211).jpg|lien=|alt=Lithographie japonaise de propagande en couleurs représentant des troupes de l'Empire japonais débarquer dans une ville russe, avec des bateaux de guerre dans la baie, et des citoyens et enfants russes agitant des drapeaux nippons à l'arrivée des soldats.|Lithographie japonaise de propagande du débarquement de troupes à Vladivostok.
Fichier:The_Illustration_of_the_Siberian_War,_No._1,_The_landing_of_the_Japanese_army_(LOC_ppmsca.08211).jpg|lien=|alt=Lithographie japonaise de propagande en couleurs représentant des troupes de l'Empire japonais débarquer dans une ville russe, avec des bateaux de guerre dans la baie, et des citoyens et enfants russes agitant des drapeaux nippons à l'arrivée des soldats.|Lithographie japonaise de propagande du débarquement de troupes à Vladivostok.
Fichier:Wladiwostok_Parade_1918.jpg|lien=|alt=Photographie d'un défilé militaire avec des troupes, passant devant un bâtiment pavoisé des drapeaux (de gauche à droite) états-unien, français, anglais, et de l'Empire japonais.|Troupes alliées (américaines, françaises, britanniques et japonaises) lors d'une parade à [[Vladivostok]] en 1918.
Fichier:Wladiwostok_Parade_1918.jpg|lien=|alt=Photographie d'un défilé militaire avec des troupes, passant devant un bâtiment pavoisé des drapeaux (de gauche à droite) américain, français, anglais, et de l'Empire japonais.|Troupes alliées (américaines, françaises, britanniques et japonaises) lors d'une parade à [[Vladivostok]] en 1918.
Fichier:American_soldiers_from_the_31st_Infantry_marching_near_Vladivostok_Russia_April_27_1919.jpg|Soldats américains près de Vladivostok le 27 avril 1919.|alt=Soldats américains marchant sur un chemin de gravier près de Vladivostok, dans un paysage entouré de monts, avec un soldat tenant le drapeau américain.
Fichier:American_soldiers_from_the_31st_Infantry_marching_near_Vladivostok_Russia_April_27_1919.jpg|Soldats américains près de Vladivostok le 27 avril 1919.|alt=Soldats américains marchant sur un chemin de gravier près de Vladivostok, dans un paysage entouré de monts, avec un soldat tenant le drapeau américain.
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==== Le renversement progressif de la balance vers les rouges ====


<mapframe latitude="44.871443" longitude="134.626465" zoom="2" width="200" height="100" text="Principaux lieux de résistance communistes face à Koltchak">{
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Le mouvement partisan au Primorié s'intensifie dès décembre 1918, à cause de la mobilisation des jeunes dans l'armée de Koltchak. Au printemps, des réseaux étaient déjà actifs dans de nombreux lieux du Primorié, avec plus de {{unité|3000|personnes}} dans les rangs, surtout des bolchéviques<ref name=":8" group="fegi" />. [[Sergueï Georgiyevitch Lazo]], [[Moïsseï Goubelman]] et A.P. Anioutine ont été envoyés coordonner les réseaux de partisans en avril 1919, et des grèves ont lieu en mai et juillet 1919 pour exiger le retrait des Américains et Japonais{{Sfn|Petchenkina|2005|p=162}}, tandis que Lazo renforce dans la vallée de la Soutchan les mouvements partisans en juin<ref name=":8" group="fegi" />. Face aux actions de résistance de plus en plus importants{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=161}}, Koltchak mobilise plus de {{Unité|6000|hommes}} pour réprimer les détachements partisans en {{Date|juillet 1919}} au Primorié<ref name=":8" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=61}}.
==== Le renversement progressif de la balance vers les rouges ====
Le mouvement partisan au Primorié s'intensifie dès décembre 1918, à cause de la mobilisation des jeunes dans l'armée de Koltchak. Au printemps, des réseaux étaient déjà actifs dans de nombreux lieux du Primorié, avec plus de {{unité|3000|personnes}} dans les rangs, surtout des bolchéviques<ref name=":8" group="fegi" />. [[Sergueï Georgiyevitch Lazo]], [[Moïsseï Goubelman]] et A.P. Anioutine ont été envoyé coordonner les réseaux de partisans en avril 1919, et des grèves en mai et juillet 1919 réclament le retrait des américains et japonnais{{Sfn|Petchenkina|2005|p=162}}, tandis que Lazo renforce dans la vallée de la Soutchan les mouvements partisans en juin<ref name=":8" group="fegi" />. Face aux actions de résistance de plus en plus importants{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=161}}, Koltchak mobilise plus de {{Unité|6000|forces}} pour réprimer les détachements partisans en {{Date|juillet 1919}} au Primorié<ref name=":8" group="fegi" />{{,}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=61}}.


Les bolcheviks, face aux défaites en Sibérie de l'armée de Koltchak ([[grande marche de glace de Sibérie]]), et le retrait des alliés au cours de 1920, entame le processus de création d'un État tampon, démocratique et bourgeois entre la RSFSR et le Japon<ref name=":8" group="fegi" />{{,}}<ref name=":1">{{Lien web |langue=ru |titre=Весёлая республика: как появилась ДВР и почему так быстро ее ликвидировали - PrimaMedia |traduction titre=République joyeuse : comment la FER est apparue et pourquoi elle a été dissoute si rapidement |url=https://primamedia.ru/news/1396904/ |site=primamedia.ru |date=20-11-2022 |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Les forces alliées, comprenant la défaite certaine des Blancs en Sibérie, commencent à partir. Le [[département d'État des États-Unis]], certes virulemment anti-bolchéviks, s'étaient rendu compte que les Blancs étaient une cause perdue. Le {{Date|31 décembre 1919}}, le major général [[William S. Graves]] ordonna aux soldats américains de se réunir dans les quartiers généraux, et le {{Date|5 janvier 1920}}, il reçut les ordres de Washington de commencer l'évacuation{{Sfn|House|Curzon|2019|p=75}}. Les premières unités américaines se retirèrent début janvier, et malgré les grèves et les sabotages des rails sur le Transsibérien, les derniers hommes avec [[William S. Graves|Graves]] partirent le {{Date|1er avril 1920}}. En même temps, les Britanniques, les Tchèques et les français se retirent. En juin 1920, les derniers tchécoslovaques embarquent à Vladivostok vers les ports européens{{Sfn|House|Curzon|2019|p=76}}.
Les bolcheviks, à la suite des défaites en Sibérie de l'armée de Koltchak ([[grande marche de glace de Sibérie]]) et du retrait des alliés au cours de 1920, entament le processus de création d'un État tampon, démocratique et bourgeois entre la RSFSR et le Japon<ref name=":8" group="fegi" />{{,}}<ref name=":1">{{Lien web |langue=ru |titre=Весёлая республика: как появилась ДВР и почему так быстро ее ликвидировали - PrimaMedia |traduction titre=République joyeuse : comment la {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}} est apparue et pourquoi elle a été dissoute si rapidement |url=https://primamedia.ru/news/1396904/ |site=primamedia.ru |date=20-11-2022 |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Les forces alliées, ne pouvant empêcher la défaite certaine des Blancs en Sibérie, commencent à partir. Le [[département d'État des États-Unis]], certes violemment anti-bolchéviks, s'était rendu compte que les Blancs étaient une cause perdue. Le {{Date|31 décembre 1919}}, le major-général [[William S. Graves]] ordonna aux soldats américains de se rassembler dans leurs quartiers, et le {{Date|5 janvier 1920}}, il reçut l'ordre de Washington de commencer l'évacuation{{Sfn|House|Curzon|2019|p=75}}. Les premières unités américaines se retirèrent début janvier, et malgré les grèves et les sabotages des voies du Transsibérien, les derniers hommes et [[William S. Graves|Graves]] partirent le {{Date|1er avril 1920}}. En même temps, les Britanniques, les Tchèques et les Français se retirent. En juin 1920, les derniers Tchécoslovaques embarquent à Vladivostok vers les ports européens{{Sfn|House|Curzon|2019|p=76}}.


==== Main mise des communistes au Primorié ====
==== Main mise des communistes au Primorié ====
[[Fichier:SGLazo1912.jpg|vignette|[[Sergueï Lazo]] est sans doute l'un des principaux révolutionnaires du Primorié. Le [[raïon de Lazo]] est d'ailleurs nommé en son honneur.|alt=Photographie en légère contre-plongée en noir et blanc d'un homme regardant vers le centre droit.]]
[[Fichier:SGLazo1912.jpg|vignette|[[Sergueï Lazo]] est sans doute l'un des principaux révolutionnaires du Primorié. Le [[raïon de Lazo]] est d'ailleurs nommé en son honneur.|alt=Photographie en légère contre-plongée en noir et blanc d'un homme regardant vers le centre droit. ]]Le gouvernement de Koltchak est renversé à Nikolsk-Oussouriïsk le {{Date|26 janvier 1920}}, puis par un coup d'État à Vladivostok le {{Date|1er février 1920}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=162}}. Sergueï Lazo et ses camadares se sont donner mission de soviétiser la région, même si le bureau sibérien du [[RKP (b)]] (Sibburo) voulait une république démocratrique bourgeoise dans la région<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":8" group="fegi" />. Après de nombreux débats, ce projet de république est approuvée, sous la pression de Lénine qui ne voulait pas que les Japonais soient provoqués, alors Lazo, [[Vsevolod Mikhaïlovitch Sibirtsev|Sibirtsev]] et d'autres sous-estimaient cette menace<ref name=":1" />. En parallèle, l'[[incident de Nikolaïevsk]] choque les Japonais, ces derniers se méfiant de plus en plus des bolcheviks. Il force les bolcheviks à ne stationner aucun troupe de l'Armée rouge dans les villes du Primorié, ainsi qu'une ligne de démarcartion entre les Japonais et la future république<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":4">{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 1. Установление Советской власти на Дальнем Востоке. Образование Дальневосточной республики (ДВР). Правительство Земской Управы во Владивостоке и его политика. Судьба остатков Белых войск в Приморье. |traduction titre=Chapitre 1. L'établissement du pouvoir soviétique en Extrême-Orient. Formation de la République d'Extrême-Orient (FER). Le gouvernement de l'administration Zemstvo à Vladivostok et sa politique. Le sort des restes des troupes blanches au Primorié. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl1.html |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Les Japonais organisent un coup dans la nuit du 4 au {{Date|5 avril 1920}} dans les grandes villes du Primorié et Priamourié{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=163}}, cherchant à passer le pouvoir à d'autres factions, mais qui refusent. Nombre sont arrêtés et exécutés. Lazo, [[Alexeï Nikolaïevitch Loutski|Loutski]] et Sibirtsev sont arrêtés, emmenés à la gare de Mouriavov-Amourski, et tués, avant que leurs corps soient brûlés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=163}}. Environ {{Unité|7000|soldats et civils}} sont tués lors des affrontements<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":111" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=Employés de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie |titre=Приморье и Дальневосточная республика. Освобождение от интервентов и белых |traduction titre=Primorié et la république d'Extrême-Orient. Libération des envahisseurs et

Le gouvernement de Koltchak est renversé à Nikolsk-Oussouriïsk le {{Date|26 janvier 1920}}, puis par un coup d'État à Vladivostok le {{Date|1er février 1920}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=162}}. Sergueï Lazo et ses camadares se sont donné mission de soviétiser la région, même si le bureau sibérien du [[RKP (b)]] (Sibburo) voulait une république démocratrique bourgeoise<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":8" group="fegi" />. Après de nombreux débats, ce projet de république est approuvé, sous la pression de Lénine qui ne voulait pas que les Japonais soient provoqués, alors que Lazo, [[Vsevolod Mikhaïlovitch Sibirtsev|Sibirtsev]] et d'autres sous-estimaient cette menace<ref name=":1" />. En parallèle, l'[[incident de Nikolaïevsk]] heurte les Japonais qui se méfient de plus en plus des bolcheviks. Il contraint les bolcheviks à ne stationner aucune troupe de l'Armée rouge dans les villes du Primorié, ainsi qu'à laisser une ligne de démarcartion entre les Japonais et la future république<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":4">{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 1. Установление Советской власти на Дальнем Востоке. Образование Дальневосточной республики (ДВР). Правительство Земской Управы во Владивостоке и его политика. Судьба остатков Белых войск в Приморье. |traduction titre=Chapitre 1. L'établissement du pouvoir soviétique en Extrême-Orient. Formation de la république d'Extrême-Orient ({{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}}). Le gouvernement de l'administration Zemstvo à Vladivostok et sa politique. Le sort des restes des troupes blanches au Primorié. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl1.html |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Les Japonais organisent un coup d'État dans la nuit du 4 au {{Date|5 avril 1920}} dans les grandes villes du Primorié et Priamourié{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=163}}, cherchant à passer le pouvoir à d'autres factions, qui refusent. Il y a de nombreuses arrestations et exécutions. Lazo, [[Alexeï Nikolaïevitch Loutski|Loutski]] et Sibirtsev sont arrêtés, emmenés à la gare de Mouriavov-Amourski, et tués, puis leurs corps sont brûlés{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=163}}. Environ {{Unité|7000|soldats et civils}} sont tués lors des affrontements<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":111" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=Employés de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie |titre=Приморье и Дальневосточная республика. Освобождение от интервентов и белых |traduction titre=Primorié et la république d'Extrême-Orient. Libération des envahisseurs et
des blancs |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/rev5.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>.
des blancs |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/rev5.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>.


Le {{Date|6 avril 1920}} à [[Verkhnéoudinsk]], la [[république d'Extrême-Orient]] (FER) est proclamée pour avoir un [[État tampon]] entre les rouges et les Japonais<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":111" group="fegi" />. Le {{Date|17 juillet 1920}}, il est décidé lors de l'[[accord de Gongota]] (FER et Japonais) d'un retrait progressif des Japonais de l'Extrême-Orient. Avec le retrait, le [[Mouvement blanc en Transbaïkalie|s blancs de Transbaïkalie]] s'enfuient vers le Primorié<ref name=":1" />. Mais en automne 1920, il conservent leur occupation du Primorié et de la ville de Nikolaïevsk<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":4" />. La FER a cependant un pouvoir civil au Primorié, avec une direction dirigée par [[Vassili Grigorievitch Antonov]], un bolchévik<ref name=":1" />. Des élections ont lieu pour élire l'[[Assemblée constituante d'Extrême-Orient]] en début janvier 1921, où les bolcheviks sortent vainqueurs{{Sfn|Petchenkina|2005|p=62}}. Elle adopta une constitution en avril, il est dit que, le pays est multipartie, avec une économie libérale, l'égalité entre les citoyens, tous en garantissant les libertés fondamentales et la propriété privé<ref name=":1" />. Mais en pratique, elle est un État fantoche et autocratique, dirigé par les bolchéviks. Cela la rend impopulaire, avec de nombreuses associations non-socialisites en essor<ref name=":22">{{Lien web |langue=ru |auteur=Dmitri Okounev |titre=Белогвардейский реванш: как каппелевцы захватили власть в Приморье |traduction titre=Vengeance de la Garde Blanche : comment les Kappelites ont pris le pouvoir au Primorié |url=https://www.gazeta.ru/science/2021/05/25_a_13607078.shtml |site=[[Gazeta.ru]] |date=26 mai 2021 |consulté le=2023-02-25}}</ref>{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=164}}{{,}}<ref name=":1" />.
Le {{Date|6 avril 1920}} à [[Verkhnéoudinsk]], la [[république d'Extrême-Orient]] ({{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}}) est proclamée pour former un [[État tampon]] entre les rouges et les Japonais<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":111" group="fegi" />. Le {{Date|17 juillet 1920}}, il est décidé lors de l'[[accord de Gongota]] ({{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}} et Japonais) d'un retrait progressif des Japonais de l'Extrême-Orient. Avec le retrait, les [[Mouvement blanc en Transbaïkalie|Blancs de Transbaïkalie]] s'enfuient vers le Primorié<ref name=":1" />. Mais en automne 1920, il se maintiennent au Primorié et dans la ville de Nikolaïevsk<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":4" />. La {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}} a cependant un pouvoir civil au Primorié, avec une direction dirigée par [[Vassili Grigorievitch Antonov]], un bolchévik<ref name=":1" />. Des élections ont lieu pour élire l'[[Assemblée constituante d'Extrême-Orient]] en début janvier 1921, où les bolcheviks sortent vainqueurs{{Sfn|Petchenkina|2005|p=62}}. Elle adopta une constitution en avril, selon laquelle le pays est multipartiste, sont garanties l'égalité entre les citoyens, les libertés fondamentales et la propriété privé, et l'économie est libérale<ref name=":1" />. Mais en pratique, il s'agit d'un État fantoche et autocratique, dirigé par les bolchéviks. Cela le rend impopulaire, et suscite de nombreux mouvements non-socialistes<ref name=":22">{{Lien web |langue=ru |auteur=Dmitri Okounev |titre=Белогвардейский реванш: как каппелевцы захватили власть в Приморье |traduction titre=Vengeance de la Garde Blanche : comment les Kappelites ont pris le pouvoir au Primorié |url=https://www.gazeta.ru/science/2021/05/25_a_13607078.shtml |site=[[Gazeta.ru]] |date=26 mai 2021 |consulté le=2023-02-25}}</ref>{{,}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=164}}{{,}}<ref name=":1" />.


Sinon dès mars 1921, les Armées Blanches s'organisent à Harbin pour préparer un coup. Ils en tentent un le {{Date|31 mars 1921}}, qui échoue. Mais les Armées Blanches arrivent à récupérer les armes des légions tchécoslovaques<ref name=":22" />{{,}}<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":4" />. Le {{Date|23 mai}} [[Vladimir Kappel|Kappel]] et ses soldats prennent Nikolsk-Oussouriïsk<ref name=":1" />{{,}}<ref>{{Article|langue=ru|prénom1=Guennady|nom1=Oboukhov|titre=История. Судьба генерала Смолина: триллер длиною в жизнь|traduction titre=Histoire. Le sort du général Smoline : un thriller qui durera toute une vie|périodique=Journal Oussouri « Kommunar »|date=17 janvier 2019|lire en ligne=https://kommunar.info/obshchestvo/istoriya/1875-sudba-generala-smolina-triller-dlinoyu-v-zhizn.html}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru-ru |titre=(1921.05), Май 1921 года (192105) |url=https://www.great-country.ru/articles/sssr/revoljucija/days-civil-war/192105.html |site=Великая Страна СССР |consulté le=2023-11-24}}</ref>.
Dès mars 1921, les Armées Blanches s'organisent à Harbin pour préparer un coup d'État. Ils en tentent un le {{Date|31 mars 1921}}, qui échoue. Mais les Armées Blanches arrivent à récupérer les armes des légions tchécoslovaques<ref name=":22" />{{,}}<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":4" />. Le {{Date|23 mai}} [[Vladimir Kappel|Kappel]] et ses soldats prennent Nikolsk-Oussouriïsk<ref name=":1" />{{,}}<ref>{{Article|langue=ru|prénom1=Guennady|nom1=Oboukhov|titre=История. Судьба генерала Смолина: триллер длиною в жизнь|traduction titre=Histoire. Le sort du général Smoline : un thriller qui durera toute une vie|périodique=Journal Oussouri « Kommunar »|date=17 janvier 2019|lire en ligne=https://kommunar.info/obshchestvo/istoriya/1875-sudba-generala-smolina-triller-dlinoyu-v-zhizn.html}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru-ru |titre=(1921.05), Май 1921 года (192105) |url=https://www.great-country.ru/articles/sssr/revoljucija/days-civil-war/192105.html |site=Великая Страна СССР |consulté le=2023-11-24}}</ref>.


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Fichier:Bolchevik_meeting_in_Verkhneudinsk_in_april_1920.jpg|Conseil proclamant la FER à Verkhnéoudinsk.|alt=Photographie en noir et blanc d'une réunion, avec au centre un bureau sur lequel sont assis derrières de nombreuses personnes. Les murs ont des inscriptions en russes.
Fichier:Bolchevik_meeting_in_Verkhneudinsk_in_april_1920.jpg|Conseil proclamant la {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}} à Verkhnéoudinsk.|alt=Photographie en noir et blanc d'une réunion, avec au centre un bureau sur lequel sont assis derrières de nombreuses personnes. Les murs ont des inscriptions en russes.
Fichier:Meeting_in_1920_in_Gongota_(Zabaykalsky_krai).jpg|Rencontre en {{Date|avril 1920}} entre des Japonais et des représentants de la FER à Gongota ([[kraï de Transbaïkalie]]).|alt=Photographie en noir et blanc à côté d'un bâtiment en bois d'hommes japonais et russes posant pour une photo officielle.
Fichier:Meeting_in_1920_in_Gongota_(Zabaykalsky_krai).jpg|Rencontre en {{Date|avril 1920}} entre des Japonais et des représentants de la {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}} à Gongota ([[kraï de Transbaïkalie]]).|alt=Photographie en noir et blanc à côté d'un bâtiment en bois d'hommes japonais et russes posant pour une photo officielle.
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==== Gouvernement provisoire du Priamour sous les Merkoulov ====
==== Gouvernement provisoire du Priamour sous les Merkoulov ====
[[Fichier:Provisional_Priamurskoe_government.jpg|vignette|262x262px|De gauche à droite : le ministre des Affaires étrangères [[Nikolaï Merkoulov|ND Merkoulov]], l'[[Georgui Karlovitch Stark|amiral GK Stark]] et [[Spiridon Merkoulov|SD Merkoulov]], président du [[Gouvernement provisoire de Priamour|gouvernement provisoire du Priamour]].|alt=Photographie en noir et blanc de face de trois hommes ne regardant pas la caméra (sauf celui de droite), avec un à gauche, un au centre et un à droite.]]
[[Fichier:Provisional_Priamurskoe_government.jpg|vignette|De gauche à droite : le ministre des Affaires étrangères [[Nikolaï Merkoulov|ND Merkoulov]], l'[[Georgui Karlovitch Stark|amiral GK Stark]] et [[Spiridon Merkoulov|SD Merkoulov]], président du [[Gouvernement provisoire de Priamour|gouvernement provisoire du Priamour]].|alt=Photographie en noir et blanc de face de trois hommes ne regardant pas la caméra (sauf celui de droite), avec un à gauche, un au centre et un à droite.]]
[[Fichier:Provisional_Priamurye_Government_Map.png|gauche|vignette|Carte du Priamour fin décembre 1921 à son extension maximale.|alt=Carte en vert de la zone contrôlée par le Priamour.]]
[[Fichier:Provisional_Priamurye_Government_Map.png|gauche|vignette|222x222px|Carte du Priamour fin décembre 1921 à son extension maximale.|alt=Carte en vert de la zone contrôlée par le Priamour.]]Le [[coup d'État de la Garde blanche au Primorié]], le {{Date|26 mai 1921}} à Vladivostok{{Sfn|Petchenkina|2005|p=63}}{{,}}<ref name=":111" group="fegi" />, permet la formation du [[gouvernement provisoire de Priamour]], avec à sa tête [[Spiridon Dionissevitch Merkoulov|Spiridon Dionissevitch Merkoulo]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 2. Переворот 26 мая 1921 года во Владивостоке. Образование Временного Приамурского Правительства. Отношения между различными частями Белой армии. Образование Войск Временного Приамурского Правительства. Политика Правительства Меркуловых в 1921 году. |traduction titre=Chapitre 2. Le coup d'État du 26 mai 1921 à Vladivostok. Formation du gouvernement provisoire de l'Amour. Relations entre les différentes parties de l'Armée blanche. Formation des troupes du gouvernement provisoire du Priamour. Politique du gouvernement Merkoulov en 1921. |url=https://zem-rat.narod.ru/gl2.html |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-11-24}}</ref>. Après douze jours de combats, les communistes sont chassés du Primorié<ref name=":22" />. Le gouvernement blanc crée une armée, nommée ''Belopovstanskaïa'' (BPA), comptant {{Unité|15 000|soldats}}, avec le général de Koltchak [[Grigori Verjbitski]] à leurs têtes. Les cosaques du [[mouvement blanc en Transbaïkalie]] et ceux de Vladimir Kappel furent incorporés à l'Armée<ref name=":22" />. Pour se distinguer de la FER, il se présenta comme démocratrique et avec des libertés économiques. L'indépendance judiciaire fut rétabliue, mais l'indépendance de la presse restreinte. Mais le gouvernement était dépendant sur les Japonais pour sa survie financière<ref name=":22" />.


Le [[coup d'État de la Garde blanche au Primorié|coup d'État de la Garde blanche]], le {{Date|26 mai 1921}} à Vladivostok{{Sfn|Petchenkina|2005|p=63}}{{,}}<ref name=":111" group="fegi" />, permet la formation du [[gouvernement provisoire de Priamour]], avec à sa tête [[Spiridon Dionissevitch Merkoulov|Spiridon Dionissevitch Merkoulo]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 2. Переворот 26 мая 1921 года во Владивостоке. Образование Временного Приамурского Правительства. Отношения между различными частями Белой армии. Образование Войск Временного Приамурского Правительства. Политика Правительства Меркуловых в 1921 году. |traduction titre=Chapitre 2. Le coup d'État du 26 mai 1921 à Vladivostok. Formation du gouvernement provisoire de l'Amour. Relations entre les différentes parties de l'Armée blanche. Formation des troupes du gouvernement provisoire du Priamour. Politique du gouvernement Merkoulov en 1921. |url=https://zem-rat.narod.ru/gl2.html |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-11-24}}</ref>. Après douze jours de combats, les communistes sont chassés du Primorié<ref name=":22" />. Le gouvernement blanc crée une armée, nommée ''Belopovstanskaïa'' ({{abréviation|BPA|Armée du gouvernement provisioire de Priamour}}), comptant {{Unité|15000|soldats}}, avec le général de Koltchak [[Grigori Verjbitski]] à leur tête. Les cosaques du [[mouvement blanc en Transbaïkalie]] et ceux de Vladimir Kappel furent incorporés à l'Armée<ref name=":22" />. Pour se distinguer de la {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}}, il se présenta comme démocratique et libéral. L'indépendance judiciaire fut rétablie, mais l'indépendance de la presse restreinte. Mais le gouvernement était dépendant des Japonais pour sa survie financière<ref name=":22" />.
La [[campagne de Khabarovsk]] fut lancée en novembre 1921 par le Priamour{{Sfn|Petchenkina|2005|p=63}}. Le {{Date|22 décembre 1921}}, Khabarovsk fut prise{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=168}}, soit plus de {{Unité|600|kilomètres}} en moins de deux mois, et la BPA pousse ensuite de l'autre côté du fleuve Amour<ref name=":22" />{{,}}<ref name=":111" group="fegi" />. Mais la désorganisation est totale, manque de ravitaillement, de vêtements, Khabarovsk es abandonnée sans combat le {{Date|14 février}} pour la NRA (l'armée de la FER){{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=168}}, le 27, [[Bikine]] est contrôlée par la NRA<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 4. Хабаровский поход. Наступление "Белоповстанцев". Взятие Хабаровска. |traduction titre=Chapitre 4. Campagne de Khabarovsk. L'offensive des Belopovstans. Prise de [[Khabarovsk]]. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl4.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>{{,}}<ref name=":22" />, puis c'est a tour d'Iman le {{Date|18 mars}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=168}}. La débandade fait émerger des confluts entre le gouvernement et le commandement de la BPA, les seconds considérant les premiers comme ayant consulté des « personnes irresponsables ». En parallèle, des négociations commencent entre la RSFSR et le Japon sur une évacuation complète du Primorié. Au printemps 1922, à cause de ce possible départ, le moral est au plus bas, la situation est désespérée, et une révolte est de plus en plus probable<ref name=":22" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 6. Брожение в Армии весной 1922 года. Всеобщее недовольство Правительством Меркуловых. |traduction titre=Chapitre 6. Fermentation dans l'armée au printemps 1922. Insatisfaction générale à l'égard du gouvernement Merkoulov. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl6.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>.

La [[campagne de Khabarovsk]] est lancée en novembre 1921 par le Priamour{{Sfn|Petchenkina|2005|p=63}}. Le {{Date|22 décembre 1921}}, Khabarovsk est prise{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=168}}, soit une avancée de plus de {{nobr|600 kilomètres}} en moins de deux mois, et la {{abréviation|BPA|Armée du gouvernement provisioire de Priamour}} pousse ensuite de l'autre côté du fleuve Amour<ref name=":22" />{{,}}<ref name=":111" group="fegi" />. Mais la désorganisation est totale, manque de ravitaillement, de vêtements, Khabarovsk est abandonnée sans combat le {{Date|14 février}} par la {{abréviation|NRA|Armée populaire de la république d'Extrême-Orient}} (l'armée de la {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}}){{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=168}}, le 27, [[Bikine]] est contrôlée par la {{abréviation|NRA|Armée populaire de la république d'Extrême-Orient}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 4. Хабаровский поход. Наступление "Белоповстанцев". Взятие Хабаровска. |traduction titre=Chapitre 4. Campagne de Khabarovsk. L'offensive des Belopovstans. Prise de [[Khabarovsk]]. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl4.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>{{,}}<ref name=":22" />, puis c'est au tour d'Iman le {{Date|18 mars}}{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=168}}. La débandade fait émerger des conflits entre le gouvernement et le commandement de la {{abréviation|BPA|Armée du gouvernement provisioire de Priamour}}. Le commandement de la {{abréviation|BPA|Armée du gouvernement provisioire de Priamour}} considère en effet que le premier a eu recours à des conseils de « personnes irresponsables ». En parallèle, des négociations commencent entre la RSFSR et le Japon sur une évacuation complète du Primorié. Au printemps 1922, à cause de ce possible départ, le moral est au plus bas, la situation est désespérée, et une révolte est de plus en plus probable<ref name=":22" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 6. Брожение в Армии весной 1922 года. Всеобщее недовольство Правительством Меркуловых. |traduction titre=Chapitre 6. {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}}mentation dans l'armée au printemps 1922. Insatisfaction générale à l'égard du gouvernement Merkoulov. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl6.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>.


==== Gouvernement provisoire du Priamour sous la dictature de Dieterichs ====
==== Gouvernement provisoire du Priamour sous la dictature de Dieterichs ====
[[Fichier:MK-Diterikhs-01.jpg|gauche|vignette|191x191px|Portrait de Dieterichs.|alt=Portrait en couleur d'un général militaire russe de face qui regarde vers la gauche.]]
[[Fichier:MK-Diterikhs-01.jpg|gauche|vignette|Portrait de Dieterichs.|alt=Portrait en couleur d'un général militaire russe de face qui regarde vers la gauche.]]
[[Fichier:Baron_Katō_Tomosaburō.jpg|vignette|Katō Tomosaburō, qui décida de la fin du retrait.|alt=Photographie en noir et blanc de face d'un homme japonais regardant la caméra.]]
[[Fichier:Baron_Katō_Tomosaburō.jpg|vignette|204x204px|Katō Tomosaburō, qui décida de la fin du retrait.|alt=Photographie en noir et blanc de face d'un homme japonais regardant la caméra.]]La contestation provoque un coup par le général [[Mikhail Dieterichs]], qui arrête les frères Merkoulov le {{Date|31 mai 1922}} après que ces derniers aient dissouts l'Assemblée du peuple, ce qui servit de motif pour Dieterichs. L'Assemblée appela à l'aide les militaires<ref name=":17">{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 7. " Нарсобровский недововрот ". Приглашение генерала М.К. Дитерихса. Созыв Земского Собора. Отстранение Меркуловых. |traduction titre=Chapitre 7 Le général M.K. Diterichs. Convocation du Zemsky Sobor. Enlèvement des Merkulov. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl7.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>, et le {{Date|1er juin 1922}}, l'Assemblée renverse le gouvernement. Mais Dieterichs laisse pour transition l'ancien gouvernement, y compris les Merkoulov, pour avoir des alliés, et ce jusqu'à la tenue d'un [[zemski sobor]] que les cosaques avaeint proposés à la début juin<ref name=":17" />. En juillet eut lieu des élections pour élire les représentants au zemski sobor, tout le monde étant éligible sauf pour les communistes et socialistes<ref name=":17" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 7. " Нарсобровский недововрот ". Приглашение генерала М.К. Дитерихса. Созыв Земского Собора. Отстранение Меркуловых. |traduction titre=Chapitre 7 Le général M.K. Diterichs. Convocation du Zemsky Sobor. Déposition des Merkulov. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl7.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Il s'ouvrit le {{Date|23 juillet 1922}}, et fut clôturé le {{Date|10 août}}. Dès le 8 août, Dieterichs devient gouverneur<ref name=":18">{{Lien web |titre=Земская Рать - Приамурский Земский Край |url=https://zem-rat.narod.ru/gl8.html |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-11-24}}</ref> tandis que le pays devient une dictature militaire, s'appuyant sur l'[[Église orthodoxe russe]] pour sa légitimité. La BPA est renommée en « Zemskaïa Rat »<ref name=":18" />, et les communistes et socialistes sont expulsés du territoire<ref name=":17" />. Dieterichs essaye de convaincre les industriels d'aider le pays, mais rien ne se passa. Les Japonais, sous le gouvernement de [[Katō Tomosaburō]], se retira de Spassk début septembre, tandis que la NRA avançait. Dieterichs perdait de plus en plus de territoire<ref name=":19">{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 9. Меры, предпринятые Правителем М.К. Дитерихсом. Организация Приамурского Земского Края. Его широкая программа по обустройству Россси. Настроения Армии. Отношение населения. |traduction titre=Chapitre 9 Deiterichs. Organisation du territoire de l'Amour Zemsky. Son vaste programme pour le développement de Rossi. Sentiment de l'armée. L'attitude de la population. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl9.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>.

Le général [[Mikhail Dieterichs]], arrête les frères Merkoulov le {{Date|31 mai 1922}} après que ces derniers ont dissous l'Assemblée du peuple, ce qui servit de motif pour Dieterichs. L'Assemblée appela à l'aide les militaires<ref name=":17">{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 7. " Нарсобровский недововрот ". Приглашение генерала М.К. Дитерихса. Созыв Земского Собора. Отстранение Меркуловых. |traduction titre=Chapitre 7 Le général M.K. Diterichs. Convocation du Zemsky Sobor. Enlèvement des Merkulov. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl7.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>, et le {{Date|1er juin 1922}}, elle renverse le gouvernement. Mais Dieterichs maintient l'ancien gouvernement, y compris les Merkoulov, pour avoir des alliés, et ce jusqu'à la tenue d'un [[zemski sobor]] que les cosaques avaient proposé début juin<ref name=":17" />. En juillet eurent lieu des élections pour choisir les représentants au zemski sobor, tout le monde étant éligible sauf les communistes et socialistes<ref name=":17" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 7. " Нарсобровский недововрот ". Приглашение генерала М.К. Дитерихса. Созыв Земского Собора. Отстранение Меркуловых. |traduction titre=Chapitre 7 Le général M.K. Diterichs. Convocation du Zemsky Sobor. Déposition des Merkulov. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl7.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Le zemski sobor s'ouvrit le {{Date|23 juillet 1922}}, et fut clôturé le {{Date|10 août}}. Dès le 8 août, Dieterichs devient gouverneur<ref name=":18">{{Lien web |titre=Земская Рать - Приамурский Земский Край |url=https://zem-rat.narod.ru/gl8.html |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-11-24}}</ref> tandis que le pays devient une dictature militaire, s'appuyant sur l'[[Église orthodoxe russe]] pour sa légitimité. La {{abréviation|BPA|Armée du gouvernement provisioire de Priamour}} est renommée en « Zemskaïa Rat »<ref name=":18" />, et les communistes et socialistes sont expulsés du territoire<ref name=":17" />. Dieterichs essaie en vain de convaincre les industriels de l'aider. Les Japonais, sous le gouvernement de [[Katō Tomosaburō]], se retirent de Spassk début septembre, tandis que la {{abréviation|NRA|Armée populaire de la république d'Extrême-Orient}} avance et que Dieterichs perd de plus en plus de territoire<ref name=":19">{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 9. Меры, предпринятые Правителем М.К. Дитерихсом. Организация Приамурского Земского Края. Его широкая программа по обустройству Россси. Настроения Армии. Отношение населения. |traduction titre=Chapitre 9 Deiterichs. Organisation du territoire de l'Amour Zemsky. Son vaste programme pour le développement de Rossi. Sentiment de l'armée. L'attitude de la population. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl9.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>.


Le {{Date|2 septembre 1922}}, il lance une offensive en direction de Khabarovsk, et après quelques villages repris ainsi que Spassk<ref name=":20">{{Lien web |langue=ru |titre=Приморская операция |traduction titre=Opération du Primorié |url=http://www.hrono.ru/sobyt/1900sob/1922primor.php |site=hrono.ru |consulté le=2023-02-24}}</ref>{{,}}<ref name=":19" />, la NRA lance l'[[Opération du Primorié|opératrion du Primorié]] dès le {{Date|4 octobre}}. Le 8 et le {{Date|9 octobre}}, la bataille de Spassk-Dalni eut lieu, la NRA gagne, permettant de se diriger vers le sud du Primorié<ref>{{Lien web |titre=Земская Рать - Приамурский Земский Край |url=https://zem-rat.narod.ru/gl11.html |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-11-24}}</ref>{{,}}<ref name=":20" />. En fin de la journée du {{Date|15 octobre}}, l'Armée rouge arriva à Nikolsk-Oussouriïsk{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=169}}, ainsi que dans le [[Raïon de Pogranitchny|raïon de Grodekovo]]. Le {{Date|19 octobre}}, la {{Ire|division transbaïkale}} atteignit la périphérie de Vladivostok, ville encore occupée par les Japonais. C'est alors qu'une grève générale eut lieu à partir du {{Date|21 octobre 1922}} à Vladivostok pour que la NRA prenne la ville<ref name=":20" />.
Le {{Date|2 septembre 1922}}, il lance une offensive en direction de Khabarovsk, et après quelques villages repris ainsi que Spassk<ref name=":20">{{Lien web |langue=ru |titre=Приморская операция |traduction titre=Opération du Primorié |url=http://www.hrono.ru/sobyt/1900sob/1922primor.php |site=hrono.ru |consulté le=2023-02-24}}</ref>{{,}}<ref name=":19" />, la {{abréviation|NRA|Armée populaire de la république d'Extrême-Orient}} lance l'[[Opération du Primorié]] le {{Date|4 octobre}}. Le 8 et le {{Date|9 octobre}}, la bataille de Spassk-Dalni est remportée par la {{abréviation|NRA|Armée populaire de la république d'Extrême-Orient}} qui peut alors se diriger vers le sud<ref>{{Lien web |titre=Земская Рать - Приамурский Земский Край |url=https://zem-rat.narod.ru/gl11.html |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-11-24}}</ref>{{,}}<ref name=":20" />. En fin de journée le {{Date|15 octobre}}, l'Armée rouge arrive à Nikolsk-Oussouriïsk{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=169}}, ainsi que dans le [[Raïon de Pogranitchny|raïon de Grodekovo]]. Le {{Date|19 octobre}}, la {{Ire|division transbaïkale}} atteint la périphérie de Vladivostok, ville encore occupée par les Japonais. Une grève générale commence le {{Date|21 octobre 1922}} à Vladivostok pour soutenir la {{abréviation|NRA|Armée populaire de la république d'Extrême-Orient}}<ref name=":20" />.


Suite à la bataille de Spassk , il était évident que la région serait prise. Dès l'été, une fuite vers [[Petropavlovsk-Kamtchatski|Petropavlovsk-du-Kamtchatka]] était envisagée pour crééer un État indépendant au Kamtchatka, sous protectorat japonais. Le 16 octobre, l'[[Georgui Karlovitch Stark|amiral Stark]] demanda à Dieterichs l'approbatrion du plan à Dieterichs, qui lui répondit de faire ce qu'il voulait avec la flotille sibérienne. Ce jour-là, l'évacuation des restes des armées blanches commença, transportant aussi le gouvernement et les civiles vers le port alors [[Corée japonaise|japonais]] de [[Wonsan]]. Le plan vers le Kamtchatka avait coulé<ref>{{Lien web |langue=ru |auteur=Alexandre Shirokorad |titre=И на Тихом океане… |traduction titre=Et dans le Pacifique… |url=http://nvo.ng.ru/history/2020-06-05/14_1095_kamchatka.html |site=nvo.ng.ru |date=6/05/2020 |consulté le=2023-01-28}}</ref>.
À la suite de la bataille de Spassk, il était évident que la région serait prise. Dès l'été, le repli vers [[Petropavlovsk-Kamtchatski|Petropavlovsk-du-Kamtchatka]] est envisagé pour crééer un État indépendant au Kamtchatka, sous protectorat japonais. Le 16 octobre, l'[[Georgui Karlovitch Stark|amiral Stark]] demande l'approbation de ce plan à Dieterichs, qui lui répond de faire ce qu'il veut avec la flottille sibérienne. L'évacuation des restes des armées blanches commence avec celle du gouvernement et de civils vers le port alors [[Corée japonaise|japonais]] de [[Wonsan]]. Le projet de repli au Kamtchatka a vécu<ref>{{Lien web |langue=ru |auteur=Alexandre Shirokorad |titre=И на Тихом океане… |traduction titre=Et dans le Pacifique… |url=http://nvo.ng.ru/history/2020-06-05/14_1095_kamchatka.html |site=nvo.ng.ru |date=6/05/2020 |consulté le=2023-01-28}}</ref>.
[[Fichier:Demonstration_in_Vladivostok_on_november_14th,_1922.jpg|vignette|Manifestation pro-communiste le 14 à Vladivostok pour l'adhésion devant l'Assemblée populaire.|alt=Photographie den noir et blanc d'une rue pleine de manifestants agitants des drapeaux communistes devant un bâtiment pavoisé d'un drapeau communiste et avec l'étoile rouge où se trouve la faucille et le marteau dessus.]]
[[Fichier:Demonstration_in_Vladivostok_on_november_14th,_1922.jpg|vignette|Manifestation pro-communiste le 14 à Vladivostok pour l'adhésion devant l'Assemblée populaire.|alt=Photographie den noir et blanc d'une rue pleine de manifestants agitants des drapeaux communistes devant un bâtiment pavoisé d'un drapeau communiste et avec l'étoile rouge où se trouve la faucille et le marteau dessus.]]
Le {{Date|24 octobre}}, les Japonais et le gouvernement de la FER signent à la halte de Sedanka un accord qui prévoit le retrait des troupes japonaises au plus tard le {{Date|25 octobre 1922}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=63}} à {{Unité|16|heures}}. À {{Unité|16|heures}}, le {{Date|25 octobre}}, l'Armée rouge pénètre dans lVladivostok sans combat, la dernière grande poche des Armées blanches est tombée<ref name=":20" />. La chute ne reçut qu'une attention pour la RSFSR, les pays européens jugeant la zone comme peu importante<ref name=":21">{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 13. Роль Приамурского Земского Собора в истории России. Оценка его историками прошлыми и нынешними. Продолжатели дела М.К. Дитерихса и Приамурского Земского Собора. |traduction titre=Chapitre 13. Le rôle de du Zemski sobor de l'Amour dans l'histoire de la Russie. Évaluation de celui-ci par les historiens d'hier et d'aujourd'hui. Les successeurs de M.K. Diterichs et du zemski sobor de l'Amour. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl13.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Le 8 et le {{Date|9 novembre}}, de grandes manifestations sont organisées par les bolchéviks pour l'adhésion de la FER dans la RSFSR, et le {{Date|14 novembre}}, l'Assemblée populaire de laFER adopte une résolution demande l'adhésion. Le {{Date|15 novembre}}, le comité exécutif central panrusse accepte la demande<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Дальний Восток 15 ноября. Ликвидация Дальневосточной республики и присоединение ее к РСФСР - PrimaMedia |traduction titre=Extrême-Orient 15 novembre. Liquidation de la [[République d'Extrême-Orient]] et son adhésion à la [[RSFSR]] |url=https://primamedia.ru/news/1395987/ |site=primamedia.ru |date=15-11-1922 |consulté le=2023-02-25}}</ref>{{,}}<ref name=":111" group="fegi" />. Le {{Date|20 novembre}}, Lénine déclara ; « ''Vladivostok est loin, mais c'est une ville à nous'' »<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Родились слова: Владивосток далеко, но ведь это город-то нашенский - PrimaMedia |traduction titre=Les mots sont nés: "Vladivostok est loin, mais c'est une ville à nous" |url=https://primamedia.ru/news/316414/ |site=primamedia.ru |date=20-11-2013 |consulté le=2023-02-25}}</ref>.
Le {{Date|24 octobre}}, les Japonais et le gouvernement de la {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}} signent à la halte de Sedanka un accord qui prévoit le retrait des troupes japonaises au plus tard le {{Date|25 octobre 1922}}{{Sfn|Petchenkina|2005|p=63}} à {{nobr|16 heures}}. À {{nobr|16 heures}}, le {{Date|25 octobre}}, l'Armée rouge pénètre dans Vladivostok sans combat, la dernière grande poche des Armées blanches est tombée<ref name=":20" />. La chute ne fut saluée que par la RSFSR, les pays européens jugeant la zone comme peu importante<ref name=":21">{{Lien web |langue=ru |titre=Глава 13. Роль Приамурского Земского Собора в истории России. Оценка его историками прошлыми и нынешними. Продолжатели дела М.К. Дитерихса и Приамурского Земского Собора. |traduction titre=Chapitre 13. Le rôle du Zemski sobor de l'Amour dans l'histoire de la Russie. Évaluation de celui-ci par les historiens d'hier et d'aujourd'hui. Les successeurs de M.K. Diterichs et du zemski sobor de l'Amour. |url=http://zem-rat.narod.ru/gl13.html |série=Zemskaïa Rat - [[Gouvernement provisoire de Priamour]] |site=zem-rat.narod.ru |consulté le=2023-02-25}}</ref>. Le 8 et le {{Date|9 novembre}}, de grandes manifestations sont organisées par les bolchéviks pour l'intégration de la {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}} dans la RSFSR, et le {{Date|14 novembre}}, l'Assemblée populaire de la {{abréviation|FER|République d'Extrême-Orient}} adopte une résolution dans ce but. Le {{Date|15 novembre}}, le comité exécutif central panrusse accepte la demande<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Дальний Восток 15 ноября. Ликвидация Дальневосточной республики и присоединение ее к РСФСР - PrimaMedia |traduction titre=Extrême-Orient 15 novembre. Liquidation de la [[république d'Extrême-Orient]] et son adhésion à la [[RSFSR]] |url=https://primamedia.ru/news/1395987/ |site=primamedia.ru |date=15-11-1922 |consulté le=2023-02-25}}</ref>{{,}}<ref name=":111" group="fegi" />. Le {{Date|20 novembre}}, Lénine déclara ; « ''Vladivostok est loin, mais c'est une ville à nous'' »<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Родились слова: Владивосток далеко, но ведь это город-то нашенский - PrimaMedia |traduction titre=Les mots sont nés: "Vladivostok est loin, mais c'est une ville à nous" |url=https://primamedia.ru/news/316414/ |site=primamedia.ru |date=20-11-2013 |consulté le=2023-02-25}}</ref>.


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Fichier:1922._Владивосток._Последний_парад_Белой_Гвардии.ogv|vignette|Dernier défilé de soldats blancs à Vladivostok en 1922.
Fichier:1922._Владивосток._Последний_парад_Белой_Гвардии.ogv|Dernier défilé de soldats blancs à Vladivostok en 1922.
Fichier:Marching_soldiers_in_Vladivostok.jpg|238x238px|Soldats marchant à Vladivostok le 25.|alt=Photographie en noir et blancs de soldats de l'Armée rouge défilant alignés, tenant chacun un fusil, avec derrière eux un bâtiment en bois.
Fichier:Marching_soldiers_in_Vladivostok.jpg|Soldats marchant à Vladivostok le 25.|alt=Photographie en noir et blancs de soldats de l'Armée rouge défilant alignés, tenant chacun un fusil, avec derrière eux un bâtiment en bois.
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==== Années 1920 et 1930 ====
==== Années 1920 et 1930 ====
===== Incorporation à la Russie soviétique =====
===== Incorporation à la Russie soviétique =====
Le {{Date|15 novembre 1922}}, la [[république d'Extrême-Orient]] est dissoute et incorporée à la [[république socialiste fédérative soviétique de Russie]]. Le Primorié est alors intégré à l'[[oblast d'Extrême-Orient]], qui a [[Tchita]] comme capitale. L'oblast, comprenant aussi le kraï actuel de Khabarovsk, dispose de plusieurs comtés, dont celle du Primorié. Cette province était divisée en {{Unité|5|okrougs}} : celui de Vladivostok, de Nikolsk-Oussouriïsk, de Spassk, de Nikolaïevsk et de Khabarovsk<ref group="note">Les deux derniers comtés font partie du kraï actuel de Khabarovsk.</ref>{{,}}<ref name=":9" group="fegi" />.
Le {{Date|15 novembre 1922}}, la [[république d'Extrême-Orient]] est dissoute et incorporée à la [[république socialiste fédérative soviétique de Russie]]. Le Primorié est alors intégré à l'[[oblast d'Extrême-Orient]], qui a [[Tchita]] comme capitale. L'oblast, comprenant aussi le kraï actuel de Khabarovsk, dispose de plusieurs comtés, dont celle du Primorié. Cette province était divisée en cinq okrougs : celui de Vladivostok, de Nikolsk-Oussouriïsk, de Spassk, de Nikolaïevsk et de Khabarovsk<ref group="note">Les deux derniers comtés font partie du kraï actuel de Khabarovsk.</ref>{{,}}<ref name=":9" group="fegi" />.


===== Une démographie et une économie changeantes, sous influence extérieure =====
===== Une démographie et une économie changeantes, sous influence extérieure =====
Pendant les années 1920, de nombreux dissidents se sont exilés en [[Mandchourie]] voisine, en fondant des colonies de Russes. En effet, la frontière était très poreuse avec la Chine et la Corée, permettant banditisme et autres trafics. La [[Guépéou]] s'est saisie du problème et a fait en sorte de surveiller la frontière pour arrêter ce banditisme croissant. La contrebande représentait en 1925 {{unité|12|%}} de toutes les marchandises du Primorié, dont {{unité|29|%}} d'alcool. Mais la porosité a aussi permis dans les années 1920 l'installation de nombreux Coréens fuyant la [[Corée japonaise|domination japonaise]], surtout dans le sud du Primorié. Dans le [[raïon de Possiet]], {{unité|90|%}} de la population était coréenne. Il y avait aussi des chinois, venant faire des travaux saisonniers<ref name=":9" group="fegi" />.
Pendant les années 1920, de nombreux dissidents se sont exilés en [[Mandchourie]] voisine, en fondant des colonies de Russes. En effet, la frontière était très poreuse avec la Chine et la Corée, {{passage non neutre|permettant banditisme et autres trafics. La [[Guépéou]] s'est saisie du problème et a fait en sorte de surveiller la frontière pour arrêter ce banditisme croissant}}. La contrebande représentait en 1925 12 % de toutes les marchandises du Primorié, dont 29 % d'alcool. Mais la porosité a aussi permis dans les années 1920 l'installation de nombreux Coréens fuyant la [[Corée japonaise|domination japonaise]], surtout dans le sud du Primorié. Dans le [[raïon de Possiet]], 90 % de la population était coréenne. Il y avait aussi des Chinois, venant faire des travaux saisonniers<ref name=":9" group="fegi" />.

[[Fichier:Korean_Partisans_at_Primorskaya_Oblast.jpg|vignette|Partisans coréens dans le Primorié|alt=Photographie en noir et blanc d'une vingtaine de soldats coréens alignés en deux rangées.]]

En 1926, la population était peuplée d'environ {{unité|630000|habitants}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Recensement de la population de toute l'Union de '''1926'''. Population des territoires, ASSR, provinces et raïons de la RSFSR selon l'état matrimonial, le sexe et l'âge |url=http://www.demoscope.ru/weekly/ssp/rus_mar_26.php |site=demoscope.ru |consulté le=24 octobre 2022}}</ref>, représentant alors 44 % de la population de l'Extrême-Orient. La région était aussi le cœur industriel du Primorié (52 % de la production totale), avec de nombreuses usines d'abord privées, mais pour certaines nationalisées en 1923 et 1924. Mais dans l'ensemble, Moscou a laissé le secteur privé plus longtemps tranquille dans la région, car c'était une des rares régions de Russie où la guerre civile n'avait pas été synonyme de destruction. Les capitaux privés étrangers jouaient un rôle central, et 66 % des commerces étaient d'ailleurs possédés par des étrangers, la grande majorité par des Chinois. Des sociétés mixes furent créées, ainsi que des concessions, surtout dans le domaine minier. Dans les années 1920 près de 58 % des entreprises étaient détenues par le privé<ref name=":9" group="fegi" />.


[[Fichier:Дальне-Восточный_край_1938.png|vignette|Kraï d'Extrême-Orient en 1938.|alt=Carte des subdivisions du kraï d'Extrême-Orient.]]
[[Fichier:Korean_Partisans_at_Primorskaya_Oblast.jpg|vignette|215x215px|Partisans coréens dans le Primorié|alt=Photographie en noir et blanc d'une vingtaine de soldats coréens alignés en deux rangées.]]


En 1926, la population était peuplée d'environ {{unité|630000|habitants}}<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Recensement de la population de toute l'Union de '''1926'''. Population des territoires, ASSR, provinces et raïons de la RSFSR selon l'état matrimonial, le sexe et l'âge |url=http://www.demoscope.ru/weekly/ssp/rus_mar_26.php |site=demoscope.ru |consulté le=24 octobre 2022}}</ref>, représentant alors {{unité|44|%}} de la population de l'Extrême-Orient. La région était aussi le cœur industriel du Primorié ({{unité|52|%}} de la production totale), avec de nombreuses usines d'abord privées, mais pour certaines nationalisées en 1923 et 1924. Mais dans l'ensemble, Moscou a laissé le secteur privé plus longtemps tranquille dans la région, car c'était une des rares régions de Russie où la guerre civile n'avait pas été synonyme de destruction. Les capitaux privés étrangers jouaient un rôle central, et {{unité|66|%}} des commerces étaient d'ailleurs possédés par des étrangers, la grande majorité par des Chinois. Des sociétés mixes furent créées, ainsi que des concessions, surtout dans le domaine minier. Il y avait pendant les années 1920 près de {{unité|58|%}} des entreprises détenues par le privé<ref name=":9" group="fegi" />.[[Fichier:Дальне-Восточный_край_1938.png|vignette|352x352px|Kraï d'Extrême-Orient en 1938.|alt=Carte des subdivisions du kraï d'Extrême-Orient.]]Le {{Date|4 janvier 1926}}, l'oblast d'Extrême-Orient est dissous, et le [[kraï d'Extrême-Orient]] le remplace alors. Le {{Date|20 octobre 1932}}, l'oblast de Primorié est créé, toujours inclus dans le kraï d'Extrême-Orient<ref name=":9" group="fegi" />. En 1929 a lieu un [[Conflit sino-soviétique (1929)|conflit sino-soviétique]] en Mandchourie voisine, dans lequel l'Armée rouge gagne<ref name=":9" group="fegi" />.
Le {{Date|4 janvier 1926}}, l'oblast d'Extrême-Orient est dissous, et le [[kraï d'Extrême-Orient]] le remplace alors. Le {{Date|20 octobre 1932}}, l'oblast de Primorié est créé, toujours inclus dans le kraï d'Extrême-Orient<ref name=":9" group="fegi" />. En 1929 a lieu un [[Conflit sino-soviétique (1929)|conflit sino-soviétique]] en Mandchourie voisine, remporté par l'Armée rouge gagne<ref name=":9" group="fegi" />.


===== Politiques staliniennes au Primorié =====
===== Politiques staliniennes au Primorié =====
Au début des années 1930, avec la fin de la [[nouvelle politique économique]], la nationalisation s'étend à toutes les entreprises ; les capitaux privés et/ou étrangers sont chassés, et les concessions fortement réduites. L'État prend la place du privé via les subventions, que ce soit pour des secteurs comme les transports, le minier, la sylviculture, les chantiers navals ou bien la pêche. Pour ce faire, des soldats de l'Armée rouge avec leurs familles furent réinstallés en Extrême-Orient<ref name=":9" group="fegi" />.
Au début des années 1930, avec la fin de la [[nouvelle politique économique]], la nationalisation s'étend à toutes les entreprises ; les capitaux privés et/ou étrangers sont presque interdits, et les concessions fortement réduites. L'État prend la place du privé via les subventions, dans des secteurs comme les transports, les mines, la sylviculture, les chantiers navals ou bien la pêche. Pour ce faire, des soldats de l'Armée rouge avec leurs familles sont installés en Extrême-Orient<ref name=":9" group="fegi" />.


Mais les autorités ont aussi utilisé les travaux forcés avec les [[Goulag|goulags]], comme le [[Dallag]], à Artiom ou encore [[Vladperpunkt]], ce dernier un camp de transit à Vladivostok. Il y avait {{unité|70000|prisonniers}} au Primorié en 1937. En 1937, de nombreuses expulsions ont eu lieu, environ {{nombre|200000|personnes}}, surtout coréennes et chinoises. Par ailleurs les [[Grandes Purges|purges]], {{unité|9000|personnes}} furent tuées au Primorié<ref name=":9" group="fegi" />.
Mais les autorités ont aussi utilisé les travaux forcés avec les [[goulag]]s, comme le [[Dallag]], à Artiom ou encore [[Vladperpunkt]], ce dernier étant un camp de transit à Vladivostok. Il y avait {{unité|70000|prisonniers}} au Primorié en 1937. En 1937, de nombreuses expulsions ont eu lieu, environ {{nombre|200000|personnes}}, surtout coréennes et chinoises. Par ailleurs les [[Grandes Purges]] ont fait {{unité|9000|victimes}} au Primorié<ref name=":9" group="fegi" />.


===== Naissance du kraï du Primorié =====
===== Naissance du kraï du Primorié =====
Le {{Date|20 octobre 1938}}, par décret du [[præsidium du Soviet suprême]], le kraï d'Extrême-Orient est dissout et son territoire est divisé en plusieurs zones, dont le [[kraï du Primorié]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Указ Президиума ВС СССР от 20.10.1938 о разделении Дальневосточного края на Приморский и Хабаровский края |traduction titre=Décret du [[Présidium du Soviet suprême]] de l'[[URSS]] du 20 octobre 1938 "sur la division du territoire d'Extrême-Orient en kraï du Primorié et de Khabarovsk" |url=https://ru.wikisource.org/wiki/Указ Президиума ВС СССР от 20.10.1938 о разделении Дальневосточного края на Приморский и Хабаровский края |site=[[Wikisource]]}}</ref>. En 1939, la population s'élevait à {{unité|906 805|habitants}}, avec une population urbaine plus importante que la population rurale. Cela fit d'elle une des premières régions de Russie qui avait parmi les plus fortes proportions urbaines<ref name=":9" group="fegi" />.
Le {{Date|20 octobre 1938}}, par décret du [[præsidium du Soviet suprême]], le kraï d'Extrême-Orient est dissout et son territoire est divisé en plusieurs zones, dont le [[kraï du Primorié]]<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Указ Президиума ВС СССР от 20.10.1938 о разделении Дальневосточного края на Приморский и Хабаровский края |traduction titre=Décret du [[Présidium du Soviet suprême]] de l'[[URSS]] du 20 octobre 1938 "sur la division du territoire d'Extrême-Orient en kraï du Primorié et de Khabarovsk" |url=https://ru.wikisource.org/wiki/Указ Президиума ВС СССР от 20.10.1938 о разделении Дальневосточного края на Приморский и Хабаровский края |site=[[Wikisource]]}}</ref>. En 1939, la population s'élevait à {{unité|906805|habitants}}, avec une population urbaine plus importante que la population rurale. Cela fit d'elle une des premières régions de Russie qui avait parmi les plus fortes proportions urbaines<ref name=":9" group="fegi" />.


==== Collectivisation des terres ====
==== Collectivisation des terres ====
===== Caractéristiques du Primorié avant la collectivisation =====
===== Caractéristiques du Primorié avant la collectivisation =====
Tout comme dans le reste de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]], le Primorié connaît en 1923 la [[crise des ciseaux]] puis entre 1927 et 1928 une crise de la distribution agricole et céréalière, entraînant l'abandon par [[Joseph Staline]] de la [[nouvelle politique économique]]. Il lance ainsi en 1929 la [[Collectivisation en Union soviétique|collectivisation]] des terres, et le Primorié n'échappe pas à la règle<ref name=":7" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=PROSKURINA Lyudmila Ivanovna |responsabilité1=Candidate en sciences historiques, chercheuse principale au Département d'histoire de la société soviétique en Extrême-Orient. 1922 - années 50. Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, FEB RAS, chercheur sur l'histoire agraire de l'Extrême-Orient russe dans les années 20-30 du XXe siècle, y compris la collectivisation. |titre=КОЛЛЕКТИВИЗАЦИЯ И СЕЛЬСКОХОЗЯЙСТВЕННОЕ ПРОИЗВОДСТВО в ПРИМОРЬЕ в 30-е годы |traduction titre=Collectivisation et production agricole au Primorié dans les années 1930. |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/koll.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-23}}</ref>.
Tout comme dans le reste de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]], le Primorié connaît en 1923 la [[crise des ciseaux]] puis entre 1927 et 1928 une crise de la distribution agricole et céréalière, entraînant l'abandon par [[Joseph Staline]] de la [[nouvelle politique économique]]. Il lance ainsi en 1929 la [[Collectivisation en Union soviétique|collectivisation]] des terres, et le Primorié n'échappe pas à la règle<ref name=":7" group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=PROSKURINA Lyudmila Ivanovna |responsabilité1=Candidate en sciences historiques, chercheuse principale au Département d'histoire de la société soviétique en Extrême-Orient. 1922 - années 50. Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient, FEB RAS, chercheur sur l'histoire agraire de l'Extrême-Orient russe dans les années 20-30 du {{XXe}} siècle, y compris la collectivisation. |titre=КОЛЛЕКТИВИЗАЦИЯ И СЕЛЬСКОХОЗЯЙСТВЕННОЕ ПРОИЗВОДСТВО в ПРИМОРЬЕ в 30-е годы |traduction titre=Collectivisation et production agricole au Primorié dans les années 1930. |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/koll.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-23}}</ref>.


Juste avant la collectivisation, le Primorié se caractérise par une part importante de ménages aisés, souvent des familles d'agriculteurs. Les populations coréennes et les anciens cosaques possèdent le plus de terres, et ils sont souvent en contact avec les blancs vivant en Mandchourie, de l'autre côté de la frontière. Ces populations étaient des koulaks, ennemi pour Staline. Profitant de la dépossession, le pouvoir profita aussi pour enlever les terres aux petits exploitants, y compris les pauvres<ref name=":7" group="fegi" />.
Juste avant la collectivisation, le Primorié se caractérise par une part importante de ménages aisés, souvent des familles d'agriculteurs. Les populations coréennes et les anciens cosaques possèdent le plus de terres, et ils sont souvent en contact avec les blancs vivant en Mandchourie, de l'autre côté de la frontière. Ces populations étaient des koulaks, ennemi pour Staline. Profitant de la dépossession, le pouvoir profita aussi pour enlever les terres aux petits exploitants, y compris les pauvres<ref name=":7" group="fegi" />.
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===== Début de la collectivisation et premières conséquences =====
===== Début de la collectivisation et premières conséquences =====
[[Fichier:Успели 2 - panoramio.jpg|vignette|Champ dans le raïon de Tchernigovka.|alt=Photographie d'un champ avec des bottes de foin et des collines au fond.]]
[[Fichier:Успели 2 - panoramio.jpg|vignette|Champ dans le raïon de Tchernigovka.|alt=Photographie d'un champ avec des bottes de foin et des collines au fond.]]
La collectivisation a commencé en janvier, avec en premier la ville de Vladivostok et les raïons de Mikhaïlovka, de Tchernigovka et de Grodekovo<ref group="note">Aujourd'hui le raïon d'Anoutchino</ref>. Dans ces endroits, {{unité|47|%}} des exploitations étaient tenues par les [[Koulak|koulaks]], les plus hautes proportions du Primorié. En février, le [[raïon de Chkotovo]] a rejoint le mouvement, et en février, déjà {{unité|70|%}} des terres furent collectivisées dans le raïon de Grodekovo. À travers la région, sur les mois de janvier, février et mars, le niveau de collectivisation a augmenté de {{Unité|8,8|à=45|%}}, avec début avril {{unité|40|%}} des exploitations moyennes tenues par les kolkhozes<ref name=":7" group="fegi" />. Au Primorié, il y avait en moyenne {{unité|10|à=15|%}} de la population qui était concernée par cette dépossession, dans certains {{Unité|25|à=30|%}}. À Novonejino (raïon de Chkotovo), {{unité|23,5|%}} de la population était concernée, et ce fut pire dans les régions de la plaine du Khanka. Dans le raïon de Spassk, {{unité|378|fermes}} furent saisies, et ces dépossessions, couplées à des arrestations, entraînèrent un exode massif. {{unité|60|%}} des Coréens vivant dans les raïon de Chkotovo partirent, tout comme {{unité|45|%}} dans le raïon de Tchernigovka. Des soulèvements paysans ont eu lieu, avec des paysans se réfugiant dans les collines pour lutter de manière armée. En février 1930, il y avait déjà {{unité|12|groupes}} insurrectionnels, regroupant {{unité|1300|personnes}} dans le territoire d'Extrême-Orient<ref group="note">Territoire regroupant surtout le Primorié et le kraï de Khabarovsk mais aussi dans une bien moindre mesure l'oblast de Magadan, le Kamtchatka, le nord de Sakhaline et la Tchoukotka</ref>. Face à cette résistance, qui pourrait détruire l'agriculture régional, les autorités annulent certaines de leurs décisions ; {{unité|46|%}} ({{unité|993}} sur {{unité|214}}8) des fermes du raïon de Grodekovo sortent du système des kolkhozes, et dans le raïon de Mikhaïlovka, sur {{unité|43|rrecours}} déposés, {{unité|365}} sont acceptés. Ainsi, entre le 1er avril et 1er juillet 1930 au Primorié, le nombre de fermes collectivisées passe de {{unité|45|à=23|%}} <ref name=":7" group="fegi" />.
La collectivisation a commencé en janvier, avec en premier la ville de Vladivostok et les raïons de Mikhaïlovka, de Tchernigovka et de Grodekovo<ref group="note">Aujourd'hui le raïon d'Anoutchino</ref>. Dans ces endroits, 47 % des exploitations étaient tenues par les [[koulak]]s, les plus hautes proportions du Primorié. En février, le [[raïon de Chkotovo]] a rejoint le mouvement, et en février, déjà 70 % des terres furent collectivisées dans le raïon de Grodekovo. À travers la région, sur les mois de janvier, février et mars, le niveau de collectivisation a augmenté de 8,8 à 45 %, avec début avril 40 % des exploitations moyennes tenues par les kolkhozes<ref name=":7" group="fegi" />. Au Primorié, il y avait en moyenne 10 à 15 % de la population qui était concernée par cette dépossession, dans certains 25 à 30 %. À Novonejino (raïon de Chkotovo), 23,5 % de la population était concernée, et ce fut pire dans les régions de la plaine du Khanka. Dans le raïon de Spassk, {{nobr|378 fermes}} furent saisies, et ces dépossessions, couplées à des arrestations, entraînèrent un exode massif. 60 % des Coréens vivant dans les raïon de Chkotovo partirent, tout comme 45 % dans le raïon de Tchernigovka. Des soulèvements paysans ont eu lieu, avec des paysans se réfugiant dans les collines pour lutter de manière armée. En février 1930, il y avait déjà {{nobr|12 groupes}} insurrectionnels, regroupant {{unité|1300|personnes}} dans le territoire d'Extrême-Orient<ref group="note">Territoire regroupant surtout le Primorié et le kraï de Khabarovsk mais aussi dans une bien moindre mesure l'oblast de Magadan, le Kamtchatka, le nord de Sakhaline et la Tchoukotka</ref>. Face à cette résistance, qui pourrait détruire l'agriculture régional, les autorités annulent certaines de leurs décisions ; 46 % (993 sur {{formatnum:2148}}) des fermes du raïon de Grodekovo sortent du système des kolkhozes, et dans le raïon de Mikhaïlovka, sur {{nobr|43 rrecours}} déposés, 365 sont acceptés. Ainsi, entre le 1er avril et 1er juillet 1930 au Primorié, le nombre de fermes collectivisées passe de 45 à 23 %<ref name=":7" group="fegi" />.


Mais les autorités n'ont pas dit leur dernier mot, et en automne 1930, une nouvelle phase de collectivisation commence. Les autorités sont désormais soutenues par les pauvres, les militants et les ouvriers agricoles, voulant la collectivisation contre les koulaks. Parallèlement à ça, les autorités créent des fermes collectives pour réinstaller les soldats de l'Armée rouge avec leurs familles. Ainsi, {{unité|6|kolkhozes}}de l'Armée rouge voient le jour au printemps 1930 dans le raïon de Vladivostok, et en 1932, {{unité|42|fermes}} de ce type existent dans le territoire d'Extrême-Orient<ref name=":7" group="fegi" />. La collectivisation entraîne une baisse de la production agricole, à laquelle s'ajoute des inondations de grandes ampleurs en 1932, ruinant les cultures, et provoquant des [[Famines soviétiques de 1931-1933|famines]]. Cependant, la collectivisation continue, et en 1933, il y a {{unité|619|fermes}} collectives au Primorié, ainsi que {{unité|23|stations de machines agricoles}} et {{unité|30}} [[Sovkhoze|sovkhozes]]. {{unité|56|%}} des exploitations et {{unité|80|%}} des terres agricoles ont alors été déjà collectivisées. Pour augmenter le rendement, les autorités décidèrent d'impliquer l'Armée rouge via des corps de métiers pour aides les fermes<ref name=":7" group="fegi" />.
Mais les autorités n'ont pas dit leur dernier mot, et en automne 1930, une nouvelle phase de collectivisation commence. Les autorités sont désormais soutenues par les pauvres, les militants et les ouvriers agricoles, voulant la collectivisation contre les koulaks. Parallèlement à ça, les autorités créent des fermes collectives pour réinstaller les soldats de l'Armée rouge avec leurs familles. Ainsi, {{nobr|6 kolkhozes}}de l'Armée rouge voient le jour au printemps 1930 dans le raïon de Vladivostok, et en 1932, {{nobr|42 fermes}} de ce type existent dans le territoire d'Extrême-Orient<ref name=":7" group="fegi" />. La collectivisation entraîne une baisse de la production agricole, à laquelle s'ajoute des inondations de grandes ampleurs en 1932, ruinant les cultures, et provoquant des [[Famines soviétiques de 1931-1933|famines]]. Cependant, la collectivisation continue, et en 1933, il y a {{nobr|619 fermes}} collectives au Primorié, ainsi que {{unité|23|stations de machines agricoles}} et 30 [[sovkhoze]]s. 56 % des exploitations et 80 % des terres agricoles ont alors été déjà collectivisées. Pour augmenter le rendement, les autorités décidèrent d'impliquer l'Armée rouge via des corps de métiers pour aides les fermes<ref name=":7" group="fegi" />.


===== Les répressions, déportations et purges : impact sur le Primorié =====
===== Les répressions, déportations et purges : impact sur le Primorié =====
La collectivisation a aussi connu des purges dès le début des années 1930, avec l'aide de l'[[OGPU]]. De mars à mai 1933, {{unité|265|fermes}} collectives furent concernées par ces purges au Primorié, avec {{unité|1262|personnes}} passées au crible fin. {{unité|210}} furent démis de leur fonction, {{unité|80|jugés}}, {{unité|147|expulsés}} des fermes et {{unité|1|sanctionnés}}. Mais ces chiffres concernent que les directeurs et autres supérieurs hiérarchiques. Pour le premier semestre de 1933, {{unité|400000|personnes}} furent réprimées, voire plus, par l'OGPU, la police ou d'autres instances judiciaires. Sur toute l'année, {{unité|15|%}} des directeurs des kolkhozes furent démis de leurs fonctions<ref name=":7" group="fegi" />. Entre 1933 et 1934, les autorités purgent aussi les koulaks du Primorié, principalement des populations cosaques. Par exemple, {{unité|16|%}} de la population du raïon de Grodekovo est expulsée, tout comme {{unité|33|%}} du village de Salskoïe ([[raïon d'Iman]]). En conséquence, la population rurale au Primorié chute ; divisée par {{unité|2,5}} dans le raïon de Grodekovo<ref name=":7" group="fegi" />.
La collectivisation a aussi connu des purges dès le début des années 1930, avec l'aide de l'[[OGPU]]. De mars à mai 1933, {{unité|1262|personnes}} et {{nobr|265 fermes}} collectives furent concernées, 210 personnes furent démises de leurs fonctions, {{nobr|80 jugées}}, {{nobr|147 expulsées}} des fermes et une personne réprimandée. Mais ces chiffres ne concernent que les directeurs et autres cadres. Dans le premier semestre de 1933, {{unité|400000|personnes}} firent l'objet de la répression de l'OGPU, de la police ou d'autres instances judiciaires. Sur toute l'année, 15 % des directeurs des kolkhozes furent démis de leurs fonctions<ref name=":7" group="fegi" />. Entre 1933 et 1934, les autorités purgent aussi les koulaks du Primorié, principalement des populations cosaques. Par exemple, 16 % de la population du raïon de Grodekovo est expulsée, tout comme 33 % de la population du village de Salskoïe ([[raïon d'Iman]]). En conséquence, la population rurale au Primorié chute ; elle est divisée par 2,5 dans le raïon de Grodekovo<ref name=":7" group="fegi" />.

En automne 1937, {{unité|180000|Coréens}}, pour la grande majorité des agriculteurs, ainsi que d'autres populations, sont arrêtés et déportés vers l'Asie centrale, dont le Kazakhstan. Entre 1937 et 1939, près d'un cinquième de la population régionale est expulsé, auquel s'ajoutent les {{unité|9000|personnes}} fusillées d'août 1937 à novembre 1938 seulement. Avec les [[purges staliniennes]], la moitié des directeurs des MTS sont écartés de leurs responsabilités, et certains sont envoyés aux [[goulag]]s. La collectivisation a détruit le système préexistant, en ruinant et réprimant les [[koulak]]s et en altérant le mode de vie et de fonctionnement des villages<ref name=":7" group="fegi" />.


Mais les répressions continuent malgré l'achèvement. Ainsi en automne 1937, {{unité|180 000|Coréens}}, pour la grande majorité des agriculteurs, avec aussi d'autres populations, sont arrêtés et déportés vers l'Asie centrale, dont le Kazakhstan. Entre 1937 et 1939, près d'un cinquième de la population régionale est expulsé, auquel s'ajoute les {{unité|9000|personnes}} fusillées d'août 1937 à novembre 1938 seulement. Avec les [[purges staliniennes]], la moitié des directeurs des MTS sont écartés de leur responsabilité, et certains sont envoyés aux [[Goulag|goulags]]. La collectivisation a détruit le système préexistant, en ruinant et réprimant les [[Koulak|koulaks]] et en altérant le mode de vie et de fonctionnement des villages<ref name=":7" group="fegi" />.
{{Article connexe|Koryo-saram}}
{{Article connexe|Koryo-saram}}


===== Achèvement de la collectivisation au Primorié =====
===== Achèvement de la collectivisation au Primorié =====
La collectivisation au Primorié s'achève à la fin du [[Planification en URSS|deuxième plan quinquennal]], en 1938. C'est alors que {{unité|99,5|%}} des superficies cultivées et {{unité|93|%}} des exploitations ont été réunies en [[Kolkhoze|fermes collectives]]. En 1941, le Primorié comptait {{unité|502|fermes}} collectives, {{unité|45|fermes}} d'autres types de ferme d'État ainsi que {{unité|45|station de machines et de tracteurs}}, possédant plus de {{unité|5000|véhicules agricoles}}. Contrairement aux autres régions, il y avait deux fois plus de véhicules agricoles au Primorié par hectare, car les machines étaient quasi inexistantes avant la collectivisation des terres<ref name=":7" group="fegi" />.
La collectivisation au Primorié s'achève à la fin du [[Planification en URSS|deuxième plan quinquennal]], en 1938. C'est alors que 99,5 % des superficies cultivées et 93 % des exploitations ont été réunies en [[Kolkhoze|fermes collectives]]. En 1941, le Primorié comptait {{nobr|502 fermes}} collectives, {{nobr|45 fermes}} d'autres types de ferme d'État ainsi que {{unité|45|station de machines et de tracteurs}}, possédant plus de {{unité|5000|véhicules agricoles}}. Contrairement aux autres régions, il y avait deux fois plus de véhicules agricoles au Primorié par hectare, car les machines étaient quasi inexistantes avant la collectivisation des terres<ref name=":7" group="fegi" />.


Pour toutes ces nouvelles fermes, l'État a encouragé l'immigration vers cette région, avec {{unité|34 500|fermiers}} s'étant installés sur la période 1939 - 1941 seulement. Il y avait en tout {{unité|128,8 |mille personnes}} travaillant dans les kolkhozes en 1941. Il y avait désormais {{unité|322 000|hectares}} de terres agricoles, avec des céréales, légumes, pommes de terres ou betteraves désormais cultivés. L'élevage reste faible, principalement axé sur le secteur bovin pour la viande et le lait<ref name=":7" group="fegi" />.
Pour toutes ces nouvelles fermes, l'État a encouragé l'immigration vers cette région, avec {{unité|34 500|fermiers}} s'étant installés sur la période 1939 - 1941 seulement. Il y avait en tout {{unité|128,8 |mille personnes}} travaillant dans les kolkhozes en 1941. Il y avait désormais {{unité|322 000|hectares}} de terres agricoles, avec des céréales, légumes, pommes de terres ou betteraves désormais cultivés. L'élevage reste faible, principalement axé sur le secteur bovin pour la viande et le lait<ref name=":7" group="fegi" />.


==== Seconde Guerre mondiale ====
==== Seconde Guerre mondiale ====
[[Fichier:Battle_of_Lake_Khasan-Soviet_aerial_bombardment_against_Zaozernaya_Hill.jpg|vignette|201x201px|Explosion pendant la bataille du lac Khassan.|alt=Photographie en noir et blanc d'une explosion sur la rive d'une baie vue depuis l'autre côté de la même baie.]]
[[Fichier:Battle_of_Lake_Khasan-Soviet_aerial_bombardment_against_Zaozernaya_Hill.jpg|vignette|Explosion pendant la bataille du lac Khassan.|alt=Photographie en noir et blanc d'une explosion sur la rive d'une baie vue depuis l'autre côté de la même baie.]]

Le {{date|29|juillet|1938}}, alors que la [[seconde guerre sino-japonaise]] fait rage avec la [[Mandchoukouo|Mandchourie]], placée sous la [[Mandchoukouo|dépendance du Japon]], un conflit commença entre la Russie soviétique et le Japon ; la [[bataille du lac Khassan]] au [[lac Khassan]]{{Sfn|Karpov|2018|p=62}}. Il y eut plus de {{nombre|1500|morts}} des deux côtés, et les Soviétiques en sont sortis vainqueurs. La bataille se termina le {{date|11|août|1938}}{{Sfn|Karpov|2018|p=193}}. Cela a entraîné une militarisation de la frontière, dans une région où la [[Flotte du Pacifique (Russie)|flotte du pacifique]] est stationnée<ref name=":9" group="fegi" />.
Le {{date|29|juillet|1938}}, alors que la [[seconde guerre sino-japonaise]] fait rage avec la [[Mandchoukouo|Mandchourie]], placée sous la [[Mandchoukouo|dépendance du Japon]], un conflit commença entre la Russie soviétique et le Japon ; la [[bataille du lac Khassan]] au [[lac Khassan]]{{Sfn|Karpov|2018|p=62}}. Il y eut plus de {{nombre|1500|morts}} des deux côtés, et les Soviétiques en sont sortis vainqueurs. La bataille se termina le {{date|11|août|1938}}{{Sfn|Karpov|2018|p=193}}. Cela a entraîné une militarisation de la frontière, dans une région où la [[Flotte du Pacifique (Russie)|flotte du pacifique]] est stationnée<ref name=":9" group="fegi" />.


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[[Fichier:Погрузка_угля._Восточный_порт.jpg|vignette|Une partie du port de Vostochny.|alt=Photographie aérienne d'une jetée d'un port marchand moderne, avec deux cargos à quai de chaque côté de la jetée. La mer est bleu clair, le ciel bleu, et il y a des montagnes en fond.]]
[[Fichier:Погрузка_угля._Восточный_порт.jpg|vignette|Une partie du port de Vostochny.|alt=Photographie aérienne d'une jetée d'un port marchand moderne, avec deux cargos à quai de chaque côté de la jetée. La mer est bleu clair, le ciel bleu, et il y a des montagnes en fond.]]


Dans les années 1950, la construction rapide de logements a commencé au Primorié, coïncidant avec une explosion démographique. Lorsque [[Nikita Khrouchtchev]], premier secrétaire du [[Parti communiste de l'Union soviétique]], visita le Primorié en 1953, il ordonna que [[Vladivostok]] devienne « une meilleure ville que San Francisco ». Les autorités, via la planification, créèrent de nouveaux secteurs économiques ; l'ameublement, la chimie, la [[lutherie]] ou la porcelaine. Pour l'agriculture, elle était insuffisante aux besoins de la région, et les importations depuis d'autres régions étaient nécessaires<ref name=":9" group="fegi" />. Au début des années 1970, le Primorié était l'une des régions les plus ouvertes de l'Extrême-Orient russe, exportant ses produits dans plus de {{Unité|50|pays}}<ref name=":32" />.
Dans les années 1950, la construction rapide de logements a commencé au Primorié, coïncidant avec une explosion démographique. Lorsque [[Nikita Khrouchtchev]], premier secrétaire du [[Parti communiste de l'Union soviétique]], visita le Primorié en 1953, il ordonna que [[Vladivostok]] devienne « une meilleure ville que San Francisco ». Les autorités, via la planification, créèrent de nouveaux secteurs économiques ; l'ameublement, la chimie, la [[lutherie]] ou la porcelaine. Pour l'agriculture, elle était insuffisante aux besoins de la région, et les importations depuis d'autres régions étaient nécessaires<ref name=":9" group="fegi" />. Au début des années 1970, le Primorié était l'une des régions les plus ouvertes de l'Extrême-Orient russe, exportant ses produits dans plus de {{nobr|50 pays}}<ref name=":32" />.


En 1969 eut lieu le [[Conflit frontalier sino-soviétique de 1969|conflit frontalier sino-soviétique]] au sujet de l'[[île Damanski|île Zhenbao/Damanski]], qui se solda par une victoire soviétique. Puis en 1970 est créée la branche extrême-orientale de l'[[Académie des sciences de l'URSS]] (aujourd'hui de Russie)<ref name="old.pgpb.ru">{{Lien web |langue=ru |titre=История и современное состояние Приморского края |traduction titre=Histoire et état actuel du kraï du Primorié |url=http://old.pgpb.ru/cd/terra/kray/prim05.htm |site=old.pgpb.ru |consulté le=2023-02-24}}</ref>. En novembre 1974 eut lieu le [[sommet de Vladivostok sur le contrôle des armements]] entre [[Gerald Ford]] et [[Léonid Brejnev]]<ref name="travels">{{Lien web |titre=Travels of President Gerald R. Ford |url=https://history.state.gov/departmenthistory/travels/president/ford-gerald-r |série=[[Office of the Historian]] |éditeur=[[United States Department of State]] |consulté le=15 February 2013}}</ref>{{,}}<ref name="fordlibrary">{{Lien web |titre=The Vladivostok Summit Meeting on Arms Control November 23-24, 1974 |url=http://www.fordlibrarymuseum.gov/library/exhibits/vladivostok/vladivostok.asp |série=The Gerald R. Ford Presidential Digital Library |éditeur=[[Gerald R. Ford Presidential Library]] |consulté le=25 January 2013}}</ref>, en préparation à la création d'un accord [[SALT 2]]<ref group="fegi" name=":9">{{Lien web |langue=ru |titre=Приморский край в советский период |traduction titre=La région du Primorié à l'époque soviétique |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/soviet.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. Par ailleurs, le {{Date|21 octobre 1981}}, après une collision avec un navire, le sous-marin S-178 coule dans le golfe de Pierre-le-Grand, faisant perdre la vie à {{Unité|32|personnes}}<ref>{{Article|langue=ru|titre=В Приморье День поминовения подводной лодки С-178|traduction titre=Au Primorié, jour du souvenir du sous-marin S-178|périodique=primamedia|date=21 octobre 2018|lire en ligne=https://primamedia.ru/news/83482/}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=ru|titre=В Приморье почтили память экипажа подлодки С-178, погибшего 40 лет назад|traduction titre=Au Primorié, ils ont honoré la mémoire de l'équipage du sous-marin S-178 décédé il y a 40 ans|périodique=[[RIA Novosti]]|date=21 octobre 2021|lire en ligne=https://ria.ru/20211021/pamyat-1755510247.html}}</ref>.
En 1969 eut lieu le [[Conflit frontalier sino-soviétique de 1969|conflit frontalier sino-soviétique]] au sujet de l'[[île Damanski|île Zhenbao/Damanski]], qui se solda par une victoire soviétique. Puis en 1970 est créée la branche extrême-orientale de l'[[Académie des sciences de l'URSS]] (aujourd'hui de Russie)<ref name="old.pgpb.ru">{{Lien web |langue=ru |titre=История и современное состояние Приморского края |traduction titre=Histoire et état actuel du kraï du Primorié |url=http://old.pgpb.ru/cd/terra/kray/prim05.htm |site=old.pgpb.ru |consulté le=2023-02-24}}</ref>. En novembre 1974 eut lieu le [[sommet de Vladivostok sur le contrôle des armements]] entre [[Gerald Ford]] et [[Léonid Brejnev]]<ref name="travels">{{Lien web |titre=Travels of President Gerald R. Ford |url=https://history.state.gov/departmenthistory/travels/president/ford-gerald-r |série=[[Office of the Historian]] |éditeur=[[United States Department of State]] |consulté le=15 February 2013}}</ref>{{,}}<ref name="fordlibrary">{{Lien web |titre=The Vladivostok Summit Meeting on Arms Control November 23-24, 1974 |url=http://www.fordlibrarymuseum.gov/library/exhibits/vladivostok/vladivostok.asp |série=The Gerald R. Ford Presidential Digital Library |éditeur=[[Gerald R. Ford Presidential Library]] |consulté le=25 January 2013}}</ref>, en préparation à la création d'un accord [[SALT 2]]<ref group="fegi" name=":9">{{Lien web |langue=ru |titre=Приморский край в советский период |traduction titre=La région du Primorié à l'époque soviétique |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/soviet.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>. Par ailleurs, le {{Date|21 octobre 1981}}, après une collision avec un navire, le sous-marin S-178 coule dans le golfe de Pierre-le-Grand, faisant perdre la vie à {{nobr|32 personnes}}<ref>{{Article|langue=ru|titre=В Приморье День поминовения подводной лодки С-178|traduction titre=Au Primorié, jour du souvenir du sous-marin S-178|périodique=primamedia|date=21 octobre 2018|lire en ligne=https://primamedia.ru/news/83482/}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=ru|titre=В Приморье почтили память экипажа подлодки С-178, погибшего 40 лет назад|traduction titre=Au Primorié, ils ont honoré la mémoire de l'équipage du sous-marin S-178 décédé il y a 40 ans|périodique=[[RIA Novosti]]|date=21 octobre 2021|lire en ligne=https://ria.ru/20211021/pamyat-1755510247.html}}</ref>.


Il y eut d'importantes migrations pendant cette période depuis la Sibérie et la Russie européenne, faisant passer la population de {{Unité|1 381 018|habitants}} en 1959<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Recensement de la population de toute l'Union de 1959 - La population réelle des villes et autres agglomérations, districts, centres régionaux et grandes agglomérations rurales au 15 janvier '''1959 '''dans les républiques, territoires et régions de la RSFSR |url=http://www.demoscope.ru/weekly/ssp/rus59_reg1.php |site=demoscope.ru |consulté le=24 octobre 2022}}</ref> à {{Unité|2 258 391|habitants}} en 1989<ref name=":34" />. Les centres urbains en profitèrent le plus, avec des développements importants dans les principales villes de l'oblast<ref name=":9" group="fegi" />.
Il y eut d'importantes migrations pendant cette période depuis la Sibérie et la Russie européenne, faisant passer la population de {{Unité|1 381 018|habitants}} en 1959<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Recensement de la population de toute l'Union de 1959 - La population réelle des villes et autres agglomérations, districts, centres régionaux et grandes agglomérations rurales au 15 janvier '''1959 '''dans les républiques, territoires et régions de la RSFSR |url=http://www.demoscope.ru/weekly/ssp/rus59_reg1.php |site=demoscope.ru |consulté le=24 octobre 2022}}</ref> à {{Unité|2 258 391|habitants}} en 1989<ref name=":34" />. Les centres urbains en profitèrent le plus, avec des développements importants dans les principales villes de l'oblast<ref name=":9" group="fegi" />.
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=== Après l'éclatement de l'Union soviétique (1991-) ===
=== Après l'éclatement de l'Union soviétique (1991-) ===
==== L'ouverture aux étrangers ====
==== L'ouverture aux étrangers ====
Avec l'ouverture entraînée par la [[perestroïka]], le Primorié a connu un accroissement des échanges avec ses voisins frontaliers. Entre 1990 et 1996, le nombre de partenaires commerciaux étrangers de la région est passée de {{unité|17|à=84}}. De plus, {{unité|3000|entreprises}} au Primorié étaient transnationales en 1993, contre {{unité|350}} en 1993. En 1994, plus de {{unité|600|entreprises}} étaient des [[Coentreprise|coentreprises]], souvent avec la Chine ({{unité|271}}), le Japon ({{unité|52}}) et les États-Unis ({{unité|39}}). Dès 1995, la région est leader en Russie en termes du taux d'entreprises privatisées{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=221}}. En 1996, les entreprises étrangères généraient déjà plus de {{unité|1 000|milliards}} de [[Rouble russe|roubles]] de production, avec plus de {{unité|10 000|emplois}}. Les importations ont elles aussi changées, passant de moins de {{Unité|25|%}} venant de l'étranger à plus de {{Unité|56|%}} en 1994<ref group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=LARIN Victor Lavrentievich |responsabilité1=Docteur en sciences historiques, professeur, directeur de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient |titre=Приморье в структуре международных связей России |traduction titre=Primorye dans la structure des relations internationales de la Russie |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/mezd2.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>.
Avec l'ouverture entraînée par la [[perestroïka]], le Primorié a connu un accroissement des échanges avec ses voisins frontaliers. Entre 1990 et 1996, le nombre de partenaires commerciaux étrangers de la région est passée de 17 à 84. De plus, {{unité|3000|entreprises}} au Primorié étaient transnationales en 1993, contre 350 en 1993. En 1994, plus de {{nobr|600 entreprises}} étaient des [[coentreprise]]s, souvent avec la Chine (271), le Japon (52) et les États-Unis (39). Dès 1995, la région est leader en Russie en termes du taux d'entreprises privatisées{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=221}}. En 1996, les entreprises étrangères généraient déjà plus de {{unité|1 000|milliards}} de [[Rouble russe|roubles]] de production, avec plus de {{unité|10000|emplois}}. Les importations ont elles aussi changées, passant de moins de 25 % venant de l'étranger à plus de 56 % en 1994<ref group="fegi">{{Lien web |langue=ru |auteur=LARIN Victor Lavrentievich |responsabilité1=Docteur en sciences historiques, professeur, directeur de l'Institut d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie des peuples d'Extrême-Orient |titre=Приморье в структуре международных связей России |traduction titre=Primorye dans la structure des relations internationales de la Russie |url=http://www.fegi.ru/primorye/history/mezd2.htm |site=Institut géologique d'Extrême-Orient |consulté le=2023-02-24}}</ref>.


Les liens ne sont pas seulement économiques, mais aussi culturels. En particulier, l'[[université fédérale d'Extrême-Orient]] à Vladivostok a renforcé ses liens avec les universités d'Asie-Pacifique au cours des années 1990{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=223}}. À la fin des années 1990, elle avait déjà une soixantaine de contrats avec des universités du Japon, de Chine, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Taiwan, de Corée du Sud, entre autres{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=224}}. Par ailleurs en 1992, la ville de Vladivostok fut ouverte, alors qu'elle était une [[ville fermée]] auparavant à cause de son importance militaire<ref>{{Article|langue=fr|titre=Repères Vladivostok, la capitale du Primorié Kraï|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|date=7 novembre 1995|lire en ligne=https://www.liberation.fr/planete/1995/11/07/vladivostok-la-capitale-du-primorie-krai_150351/}}</ref>{{,}}<ref name=":9" group="fegi" />.
Les liens ne sont pas seulement économiques, mais aussi culturels. En particulier, l'[[université fédérale d'Extrême-Orient]] à Vladivostok a renforcé ses liens avec les universités d'Asie-Pacifique au cours des années 1990{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=223}}. À la fin des années 1990, elle avait déjà une soixantaine de contrats avec des universités du Japon, de Chine, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Taiwan, de Corée du Sud, entre autres{{Sfn|Plokhikh|Kovaleva|2002|p=224}}. Par ailleurs en 1992, la ville de Vladivostok fut ouverte, alors qu'elle était une [[ville fermée]] auparavant à cause de son importance militaire<ref>{{Article|langue=fr|titre=Repères Vladivostok, la capitale du Primorié Kraï|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|date=7 novembre 1995|lire en ligne=https://www.liberation.fr/planete/1995/11/07/vladivostok-la-capitale-du-primorie-krai_150351/}}</ref>{{,}}<ref name=":9" group="fegi" />.
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==== Le {{S-|XXI}} ====
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[[Fichier:Vladivostok_city_urban_agglomeration.jpg|vignette|Carte du schéma d'urbanisme de l'agglomération de Vladivostok|alt=Carte d'un schéma d'urbanisme de Vladivostok et de ses alentours montrant les différents usages de terrains, y compris les zones habitées, les zones protégées et les voies de communication. La carte a une légende à droite en russe.]]Vladivostok a accueilli le sommet de l'[[Coopération économique pour l'Asie-Pacifique|APEC]] en 2012, ce qui a permis et nécessité la construction de nombreuses infrastructures dans l'agglomération de Vladivostok, dont un nouveau terminal pour son aéroport ; les [[Pont de la baie de l'Amour|ponts de la baie de l'Amour]], [[Pont de la Corne d'Or|de la Corne d'Or]] et [[Pont de l'île Rousski|de l'île Rousski]] ainsi que l'autoroute [[Péninsule De Vries|De Vries]] - Patrokl - [[Île Rousski]] qui contourne Vladivostok<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Главная {{!}} Официальный сайт саммита АТЭС-2012 |traduction titre=Archive du site de l'APEC 2012 |url=https://web.archive.org/web/20100204014819/http://apec.primorsky.ru/ |site=web.archive.org |date=2010-02-04 |consulté le=2023-02-24}}</ref>. Le pont de l'île Rousski était au moment de son inauguration le [[pont à haubans]] ayant la plus longue portée au monde avec {{Unité|1104|m}} entre ses deux pylônes<ref name="ref_rusmost">{{Lien web |langue=ru |titre=Мост на остров Русский // Описание&проекта |url=http://www.rusmost.ru/about/}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Russky Island Bridge - Verdict Traffic |url=https://www.roadtraffic-technology.com/projects/russky-island-bridge/ |site=roadtraffic-technology.com |consulté le=2023-12-01}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Vladivostok se dote du plus grand pont à haubans au monde|périodique=[[Le Point]]|date=27 juin 2012|lire en ligne=https://www.lepoint.fr/culture/vladivostok-se-dote-du-plus-grand-pont-a-haubans-au-monde-27-06-2012-1478314_3.php}}</ref>. En 2015, le [[Port franc de Vladivostok|port de Vladivostok]] est devenu un port franc pour attirer des investisseurs et augmenter le commerce<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=От железного века до «Золотого моста»: из истории освоения Приморского края |traduction titre=De l'âge du fer au "[[Pont de la Corne d'Or|Golden Bridge]]": l'histoire du développement du kraï du Primorié |url=https://vlad.mk.ru/social/2022/10/20/ot-zheleznogo-veka-do-zolotogo-mosta-iz-istorii-osvoeniya-primorskogo-kraya.html |site=vlad.mk.ru |consulté le=2023-02-24}}</ref>.
[[Fichier:Vladivostok_city_urban_agglomeration.jpg|vignette|upright=1.3|Carte du schéma d'urbanisme de l'agglomération de Vladivostok|alt=Carte d'un schéma d'urbanisme de Vladivostok et de ses alentours montrant les différents usages de terrains, y compris les zones habitées, les zones protégées et les voies de communication. La carte a une légende à droite en russe.]]
Vladivostok a accueilli le sommet de l'[[Coopération économique pour l'Asie-Pacifique|APEC]] en 2012, ce qui a permis et nécessité la construction de nombreuses infrastructures dans l'agglomération de Vladivostok, dont un nouveau terminal pour son aéroport ; les [[Pont de la baie de l'Amour|ponts de la baie de l'Amour]], [[Pont de la Corne d'Or|de la Corne d'Or]] et [[Pont de l'île Rousski|de l'île Rousski]] ainsi que l'autoroute [[Péninsule De Vries|De Vries]] - Patrokl - [[Île Rousski]] qui contourne Vladivostok<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Главная {{!}} Официальный сайт саммита АТЭС-2012 |traduction titre=Archive du site de l'APEC 2012 |url=https://web.archive.org/web/20100204014819/http://apec.primorsky.ru/ |site=web.archive.org |date=2010-02-04 |consulté le=2023-02-24}}</ref>. Le pont de l'île Rousski était au moment de son inauguration le [[pont à haubans]] ayant la plus longue portée au monde avec {{Unité|1104|m}} entre ses deux pylônes<ref name="ref_rusmost">{{Lien web |langue=ru |titre=Мост на остров Русский // Описание&проекта |url=http://www.rusmost.ru/about/}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Russky Island Bridge - Verdict Traffic |url=https://www.roadtraffic-technology.com/projects/russky-island-bridge/ |site=roadtraffic-technology.com |consulté le=2023-12-01}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Vladivostok se dote du plus grand pont à haubans au monde|périodique=[[Le Point]]|date=27 juin 2012|lire en ligne=https://www.lepoint.fr/culture/vladivostok-se-dote-du-plus-grand-pont-a-haubans-au-monde-27-06-2012-1478314_3.php}}</ref>. En 2015, le [[Port franc de Vladivostok|port de Vladivostok]] est devenu un port franc pour attirer des investisseurs et augmenter le commerce<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=От железного века до «Золотого моста»: из истории освоения Приморского края |traduction titre=De l'âge du fer au "[[Pont de la Corne d'Or|Golden Bridge]]": l'histoire du développement du kraï du Primorié |url=https://vlad.mk.ru/social/2022/10/20/ot-zheleznogo-veka-do-zolotogo-mosta-iz-istorii-osvoeniya-primorskogo-kraya.html |site=vlad.mk.ru |consulté le=2023-02-24}}</ref>.


<gallery mode="packed" heights="100" caption="Nouvelles infrastructures construites pour l'APEC 2012">
<gallery mode="packed" heights="100" caption="Nouvelles infrastructures construites pour l'APEC 2012">
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Le Primorié est confronté au début du {{S-|XXI}} à un déclin important, tant au niveau démographique qu'au niveau économique<ref name=":30" />. Entre [[Recensement soviétique de 1989|1989]] et [[Recensement de 2020-2021 en Russie|2021]], la région a perdu plus de {{Unité|413000|personnes}}<ref name=":34">{{Lien web |langue=ru |titre=Recensement de la population de toute l'Union de 1989 Population de l'URSS, de la RSFSR et de ses unités territoriales par sexe |url=http://www.demoscope.ru/weekly/ssp/rus89_reg3.php |site=demoscope.ru |consulté le=24 octobre 2022}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=ru-Latn|auteur1=[[Rosstat]]|titre=''Tableau 5. Population de la Russie, districts fédéraux,sujets de la fédération de Russie, okrougs urbains, okrougs municipaux, raïons municipaux, communes urbaines et rurales, établissements urbains, établissements ruraux de 3 000 habitants ou plus. Résultats du [[Recensement de 2020-2021 en Russie|recensement panrusse de la population 2021]]|lieu=Moscou|éditeur=|année=|isbn=|lire en ligne=https://rosstat.gov.ru/storage/mediabank/tab-5_VPN-2020.xlsx|format électronique=xlsx}}</ref>, même si ce n'est pas aussi important démographiquement parlant que dans d'autres sujets extrême-orientaux, comme l'[[oblast de Magadan]]. Ces départs massifs freinent le développement économique ; l'on estimait en 2017 qu'un actif sur cinq dans les villes de la région était au chômage. Parmi les causes de ce départ, le coût de la vie très cher. En effet, les prix sont en moyenne (2017) {{Unité|30|à=50|%}} plus chers qu'en Russie européenne, tandis que Vladivostok fait partie des cinq villes les plus onéreuses du pays<ref name=":30" />.
Le Primorié doit faire face au début du {{S-|XXI}} à un déclin important, tant sur le plan démographique que sur le plan économique<ref name=":30" />. Entre [[Recensement soviétique de 1989|1989]] et [[Recensement de 2020-2021 en Russie|2021]], la région a perdu plus de {{Unité|413000|personnes}}<ref name=":34">{{Lien web |langue=ru |titre=Recensement de la population de toute l'Union de 1989 Population de l'URSS, de la RSFSR et de ses unités territoriales par sexe |url=http://www.demoscope.ru/weekly/ssp/rus89_reg3.php |site=demoscope.ru |consulté le=24 octobre 2022}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=ru-Latn|auteur1=[[Rosstat]]|titre=''Tableau 5. Population de la Russie, districts fédéraux,sujets de la fédération de Russie, okrougs urbains, okrougs municipaux, raïons municipaux, communes urbaines et rurales, établissements urbains, établissements ruraux de 3 000 habitants ou plus. Résultats du [[Recensement de 2020-2021 en Russie|recensement panrusse de la population 2021]]|lieu=Moscou|éditeur=|année=|isbn=|lire en ligne=https://rosstat.gov.ru/storage/mediabank/tab-5_VPN-2020.xlsx|format électronique=xlsx}}</ref>, même si ce n'est pas aussi important démographiquement parlant que dans d'autres sujets extrême-orientaux, comme l'[[oblast de Magadan]]. Ces départs massifs freinent le développement économique ; l'on estimait en 2017 qu'un actif sur cinq dans les villes de la région était au chômage. Parmi les causes de ce départ, le coût de la vie très cher. En effet, les prix sont en moyenne (2017) 30 à 50 % plus chers qu'en Russie européenne, tandis que Vladivostok fait partie des cinq villes les plus onéreuses du pays<ref name=":30" />.


Les autorités misent, pour redonner de l'essor au kraï, à développer les industries minières, et surtout à transformer la région en un hub logistique. En 2018, les ports du kraï voyaient passer {{Unité|200|millions de tonnes de fret}}, soit un quart du fret russe. Les ports plus importants étaient ceux de [[Port de Vostotchny|Vostotchny]] ({{Unité|77,7|millions de tonnes}} en 2021<ref name=":31">{{Lien web |langue=en |nom=Portnews |titre=Throughput of Russian seaports in 2021 climbed by 1.7% (detalization) |url=https://en.portnews.ru/news/324070/ |site=Portnews |date=2022-01-18 |consulté le=2023-11-23}}</ref>), de [[Port franc de Vladivostok|Vladivostok]] ({{Unité|29.6|millions de tonnes}} en 2021<ref name=":31" />) et de [[Port de Nakhodka|Nakhodka]] ({{Unité|26.8|millions de tonnes}} en 2021<ref name=":31" />). La pêche est aussi un secteur-clé pour la région, même si le gouvernement régional se heurte aux pressions étrangères en matière de quotas de pêche. Plus largement, le Primorié reste confrontée à la [[Corée du Sud]] et ses atouts. Mais d'autres secteurs profitent justement de cette proximité, comme le [[Tourisme dans le kraï du Primorié|tourisme]], avec un quintuplement du nombre de touristes, principalement chinois, entre 2013 et 2017. Enfin, le Primorié reçoit de nombreuses subventions de Moscou, que ce soit pour la construction et la rénovation de routes, de gazoducs, d'institutions culturelles ou de zones touristiques<ref name=":30" />.
Les autorités misent, pour redonner de l'essor au kraï, à développer les industries minières, et surtout à transformer la région en un hub logistique. En 2018, les ports du kraï voyaient passer {{Unité|200|millions de tonnes de fret}}, soit un quart du fret russe. Les ports plus importants étaient ceux de [[Port de Vostotchny|Vostotchny]] ({{Unité|77,7|millions de tonnes}} en 2021<ref name=":31">{{Lien web |langue=en |nom=Portnews |titre=Throughput of Russian seaports in 2021 climbed by 1.7% (detalization) |url=https://en.portnews.ru/news/324070/ |site=Portnews |date=2022-01-18 |consulté le=2023-11-23}}</ref>), de [[Port franc de Vladivostok|Vladivostok]] ({{Unité|29.6|millions de tonnes}} en 2021<ref name=":31" />) et de [[Port de Nakhodka|Nakhodka]] ({{Unité|26.8|millions de tonnes}} en 2021<ref name=":31" />). La pêche est aussi un secteur-clé pour la région, même si le gouvernement régional se heurte aux pressions étrangères en matière de quotas de pêche. Plus largement, le Primorié reste confrontée à la [[Corée du Sud]] et ses atouts. Mais d'autres secteurs profitent justement de cette proximité, comme le [[Tourisme dans le kraï du Primorié|tourisme]], avec un quintuplement du nombre de touristes, principalement chinois, entre 2013 et 2017. Enfin, le Primorié reçoit de nombreuses subventions de Moscou, que ce soit pour la construction et la rénovation de routes, de gazoducs, d'institutions culturelles ou de zones touristiques<ref name=":30" />.
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[[Fichier:Amur and Timur 003.jpg|alt=Photographie d'un bouc noir à gauche jouxtant un tigre de Sibérie à droite, les deux vivant en cohabitation.|vignette|Amour (le tigre) et Timour (le bouc) : deux animaux qui ont développé une amitié<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le torchon brûle entre le tigre et le bouc russes |url=https://www.20minutes.fr/insolite/1776051-20160129-amour-timour-tigre-bouc-amis-separes |site=20minutes.fr |date=2016-01-29 |consulté le=2023-12-01}}</ref>.]]
[[Fichier:Amur and Timur 003.jpg|alt=Photographie d'un bouc noir à gauche jouxtant un tigre de Sibérie à droite, les deux vivant en cohabitation.|vignette|Amour (le tigre) et Timour (le bouc) : deux animaux qui ont développé une amitié<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le torchon brûle entre le tigre et le bouc russes |url=https://www.20minutes.fr/insolite/1776051-20160129-amour-timour-tigre-bouc-amis-separes |site=20minutes.fr |date=2016-01-29 |consulté le=2023-12-01}}</ref>.]]


Outre l'économie, le Primorié se doit de protéger une nature rare. La région abrite deux tiers des {{Unité|600}} [[Tigre de l'Amour|tigres de l'Amour]] qui vivent en Russie, alors qu'il n'y avait que {{Unité|30|individus}} au début du {{S-|XX}}. Mais les tigres subissent la déforestation, réduisant leur habitat, et l'expansion constante du réseau routier permet, elle, de multiplier et de faciliter les occasions de [[braconnage]]. En 2021, l'on estimait que les braconniers avaient accès à environ {{Unité|52|%}} de la taïga, l'habitat des tigres. Les tigres tués sont ensuite transférés par la [[contrebande]] en Chine voisine. Vladimir Poutine a apporté son soutien à la protection et à la réintroduction des tigres<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Dina Fine Maron|titre=Braconnage : les tigres de l'Amour sont désormais chassés de nuit|périodique=[[National Geographic]]|date=26 janvier 2022|lire en ligne=https://www.nationalgeographic.fr/animaux/braconnage-les-tigres-de-lamour-sont-desormais-chasses-de-nuit|consulté le=1er décembre 2023}}</ref>.
Outre l'économie, le Primorié se doit de protéger une nature rare. La région abrite deux tiers des 600 [[Tigre de l'Amour|tigres de l'Amour]] qui vivent en Russie, alors qu'il n'y avait que {{nobr|30 individus}} au début du {{s-|XX}}. Mais les tigres subissent la déforestation, réduisant leur habitat, et l'expansion constante du réseau routier permet, elle, de multiplier et de faciliter les occasions de [[braconnage]]. En 2021, l'on estimait que les braconniers avaient accès à environ 52 % de la taïga, l'habitat des tigres. Les tigres tués sont ensuite transférés par la [[contrebande]] en Chine voisine. Vladimir Poutine a apporté son soutien à la protection et à la réintroduction des tigres<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Dina Fine Maron|titre=Braconnage : les tigres de l'Amour sont désormais chassés de nuit|périodique=[[National Geographic]]|date=26 janvier 2022|lire en ligne=https://www.nationalgeographic.fr/animaux/braconnage-les-tigres-de-lamour-sont-desormais-chasses-de-nuit|consulté le=1er décembre 2023}}</ref>.


Avec l'[[invasion de l'Ukraine par la Russie]] et les [[Sanctions contre la Russie|sanctions]], le pays et ses régions ont dû trouver d'autres marchés. Ainsi, malgré la guerre, le volume de marchandises a augmenté de {{Unité|70|%}} entre le [[Heilongjiang]] et le kraï du Primorié au {{1er}} semestre de 2022, selon les douanes chinoises, par rapport à 2021<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Hugo von Essen|titre=Russia-China economic relations since the full-scale invasion of Ukraine|périodique=Swedish National China Centre (Stockholm Centre for Eastern European Studies)|numéro=2|date=5 juillet 2023|consulté le=1er décembre 2023}}</ref>. Mais les sanctions se font aussi sentir dans la région, en particulier dans le transport. Le projet d'autoroute de Vladivostok à Nakhodka ne sera ainsi pas réalisé entièrement, seul le tronçon jusqu'à Bolchoï Kamen sera réalisé, le reste ayant été annulé à cause du manque de fonds<ref>{{Article|langue=ru|prénom1=Marina|nom1=Aronova|titre="Деньги на снаряды, а не на дороги". Из-за войны новую трассу Владивосток – Находка решили "отменить"|traduction titre="De l'argent pour les obus, pas pour les routes." À cause de la guerre, ils ont décidé d'"annuler" la nouvelle autoroute Vladivostok-Nakhodka.|périodique=[[RFE/RL]]|date=27 mai 2022|lire en ligne=https://www.sibreal.org/a/iz-za-voyny-novuyu-trassu-vladivostok-nahodka-reshili-otmenit-/31867511.html}}</ref>. Par ailleurs, beaucoup de zones du nord du Primorié sont difficiles d'accès, et sont reliées par les avions, mais avec les sanctions, les avions ne peuvent plus se faire réparer. En conséquence, début 2023, le trafic intérieur aérien avait déjà été réduit de moitié<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Extrême-Orient russe: en raison des sanctions, moins de vols à l'intérieur du Primorié |url=https://www.rfi.fr/fr/europe/20230112-extr%C3%AAme-orient-russe-en-raison-des-sanctions-moins-de-vols-%C3%A0-l-int%C3%A9rieur-du-primori%C3%A9 |site=RFI |date=2023-01-12 |consulté le=2023-12-01}}</ref>.
Avec l'[[invasion de l'Ukraine par la Russie]] et les [[Sanctions contre la Russie|sanctions]], le pays et ses régions ont dû trouver d'autres marchés. Ainsi, malgré la guerre, le volume de marchandises a augmenté de 70 % entre le [[Heilongjiang]] et le kraï du Primorié au {{1er}} semestre de 2022, selon les douanes chinoises, par rapport à 2021<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Hugo von Essen|titre=Russia-China economic relations since the full-scale invasion of Ukraine|périodique=Swedish National China Centre (Stockholm Centre for Eastern European Studies)|numéro=2|date=5 juillet 2023|consulté le=1er décembre 2023}}</ref>. Mais les sanctions se font aussi sentir dans la région, en particulier dans le transport. Le projet d'autoroute de Vladivostok à Nakhodka ne sera ainsi pas réalisé entièrement, seul le tronçon jusqu'à Bolchoï Kamen sera réalisé, le reste ayant été annulé à cause du manque de fonds<ref>{{Article|langue=ru|prénom1=Marina|nom1=Aronova|titre="Деньги на снаряды, а не на дороги". Из-за войны новую трассу Владивосток – Находка решили "отменить"|traduction titre="De l'argent pour les obus, pas pour les routes." À cause de la guerre, ils ont décidé d'"annuler" la nouvelle autoroute Vladivostok-Nakhodka.|périodique=[[RFE/RL]]|date=27 mai 2022|lire en ligne=https://www.sibreal.org/a/iz-za-voyny-novuyu-trassu-vladivostok-nahodka-reshili-otmenit-/31867511.html}}</ref>. Par ailleurs, beaucoup de zones du nord du Primorié sont difficiles d'accès, et sont reliées par les avions, mais avec les sanctions, les avions ne peuvent plus se faire réparer. En conséquence, début 2023, le trafic intérieur aérien avait déjà été réduit de moitié<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Extrême-Orient russe: en raison des sanctions, moins de vols à l'intérieur du Primorié |url=https://www.rfi.fr/fr/europe/20230112-extr%C3%AAme-orient-russe-en-raison-des-sanctions-moins-de-vols-%C3%A0-l-int%C3%A9rieur-du-primori%C3%A9 |site=RFI |date=2023-01-12 |consulté le=2023-12-01}}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=S.V.|nom1=Plokhikh|prénom2=Z.A|nom2=Kovaleva|titre=История Дальнего Востока России|traduction titre=Histoire de l'Extrême-Orient russe|lieu=Vladivostok|éditeur=Maison d'édition de l'[[Université fédérale d'Extrême-Orient]]|année=2002|pages totales=241|isbn=|lire en ligne=https://studfile.net/preview/3543255/#3543255|consulté le=23 novembre 2023|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=S.V.|nom1=Plokhikh|prénom2=Z.A|nom2=Kovaleva|titre=История Дальнего Востока России|traduction titre=Histoire de l'Extrême-Orient russe|lieu=Vladivostok|éditeur=Maison d'édition de l'[[Université fédérale d'Extrême-Orient]]|année=2002|pages totales=241|isbn=|lire en ligne=https://studfile.net/preview/3543255/#3543255|consulté le=23 novembre 2023|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=V.A.|nom1=Petchenkina|titre=Краеведение. Приморский край.|traduction titre=Histoire locale. Kraï du Primorié.|lieu=Vladivostok|éditeur=Maison d'édition de l'[[Université fédérale d'Extrême-Orient]]|année=2005|pages totales=113|isbn=|lire en ligne=https://vdocuments.mx/-57ade2621a28abbe3a979f4e.html?page=4|consulté le=23 novembre 2023}}
* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=V.A.|nom1=Petchenkina|titre=Краеведение. Приморский край.|traduction titre=Histoire locale. Kraï du Primorié.|lieu=Vladivostok|éditeur=Maison d'édition de l'[[Université fédérale d'Extrême-Orient]]|année=2005|pages totales=113|isbn=|lire en ligne=https://vdocuments.mx/-57ade2621a28abbe3a979f4e.html?page=4|consulté le=23 novembre 2023}}
* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=Olga Iourievna|nom1=Strelova|responsabilité1=Docteure en sciences pédagogiques;|prénom2=Marina Ibragimovna|nom2=Romanova|responsabilité2=Candidate en sciences historiques|titre=История Дальнего Востока России в древности и Средневековье|traduction titre=Histoire de l'Extrême-Orient de la Russie dans l'Antiquité et le Moyen Âge|lieu=Moscou|éditeur=«Русское слово»|nature ouvrage=Manuel pour les élèves de la 5e à la 6e année|année=2020|pages totales=128|isbn=|lire en ligne=https://web.archive.org/web/20230225221107/https://pnu.edu.ru/media/filer_public/d3/79/d3791491-1de0-4818-8cbd-a10911e36e1e/______.pdf|format électronique=pdf|consulté le=22 février 2023}}
* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=Olga Iourievna|nom1=Strelova|responsabilité1=Docteure en sciences pédagogiques;|prénom2=Marina Ibragimovna|nom2=Romanova|responsabilité2=Candidate en sciences historiques|titre=История Дальнего Востока России в древности и Средневековье|traduction titre=Histoire de l'Extrême-Orient de la Russie dans l'Antiquité et le Moyen Âge|lieu=Moscou|éditeur=«Русское слово»|nature ouvrage=Manuel pour les élèves de la {{5e}} à la {{6e}} année|année=2020|pages totales=128|isbn=|lire en ligne=https://web.archive.org/web/20230225221107/https://pnu.edu.ru/media/filer_public/d3/79/d3791491-1de0-4818-8cbd-a10911e36e1e/______.pdf|format électronique=pdf|consulté le=22 février 2023}}


; Ouvrages et articles centrés sur une période
; Ouvrages et articles centrés sur une période
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bradley T.|nom1=Lepper|et al.=oui|titre=CURRENT RESEARCH IN THE PLEISTOCENE|volume=17|lieu=Corvallis, Oregon|éditeur=Center for the Study of the First Americans (Oregon State University)|année=2000|issn=8755-898X|lire en ligne=https://liberalarts.tamu.edu/csfa/wp-content/uploads/sites/14/2023/07/CRP-17-2000.pdf|consulté le=2 décembre 2023}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bradley T.|nom1=Lepper|et al.=oui|titre=CURRENT RESEARCH IN THE PLEISTOCENE|volume=17|lieu=Corvallis, Oregon|éditeur=Center for the Study of the First Americans (Oregon State University)|année=2000|issn=8755-898X|lire en ligne=https://liberalarts.tamu.edu/csfa/wp-content/uploads/sites/14/2023/07/CRP-17-2000.pdf|consulté le=2 décembre 2023}}
* {{Article|langue=en|auteur1=Alexander N. Popov|prénom2=Irina S.|nom2=Zhushchikhovskaya|prénom3=Yuri G.|nom3=Nikitin|titre=Paleometal Epoch in the Primorye (south of the Far East of Russia)|périodique=World Archaeology|numéro=51(5)|pages=1-26|date=4 mars 2020|issn=0043-8243|doi=10.1080/00438243.2019.1722737|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/339707215_Paleometal_Epoch_in_the_Primorye_south_of_the_Far_East_of_Russia}}
* {{Article|langue=en|auteur1=Alexander N. Popov|prénom2=Irina S.|nom2=Zhushchikhovskaya|prénom3=Yuri G.|nom3=Nikitin|titre=Paleometal Epoch in the Primorye (south of the Far East of Russia)|périodique=World Archaeology|numéro=51(5)|pages=1-26|date=4 mars 2020|issn=0043-8243|doi=10.1080/00438243.2019.1722737|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/339707215_Paleometal_Epoch_in_the_Primorye_south_of_the_Far_East_of_Russia}}
* {{Article|langue=ru|prénom1=Ольга Vassilievna|nom1=Diakova|titre=Население Приморья России в XVI-XVII вв|traduction titre=Population du Primorié Russe aux XVIe-XVIIe siècles|périodique=Общество и государство в Китае|volume=45|numéro=2|pages=619–624|date=2015|lire en ligne=https://cyberleninka.ru/article/n/naselenie-primorya-rossii-v-xvi-xvii-vv|consulté le=2023-11-25}}
* {{Article|langue=ru|prénom1=Ольга Vassilievna|nom1=Diakova|titre=Население Приморья России в XVI-XVII вв|traduction titre=Population du Primorié Russe aux {{sp-|XVI|-|XVII|s}}|périodique=Общество и государство в Китае|volume=45|numéro=2|pages=619–624|date=2015|lire en ligne=https://cyberleninka.ru/article/n/naselenie-primorya-rossii-v-xvi-xvii-vv|consulté le=2023-11-25}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Albert Rhys Williams]]|titre=Through The Russian Revolution|lieu=New York|éditeur=Boni and Liveright|année=1921|pages totales=382|isbn=9781357360399|lire en ligne=https://archive.org/details/throughrussianre00willuoft/page/226/mode/2up}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Albert Rhys Williams]]|titre=Through The Russian Revolution|lieu=New York|éditeur=Boni and Liveright|année=1921|pages totales=382|isbn=9781357360399|lire en ligne=https://archive.org/details/throughrussianre00willuoft/page/226/mode/2up}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John M.|nom1=House|prénom2=Daniel P.|nom2=Curzon|titre=THE RUSSIAN EXPEDITIONS 1917–1920|lieu=Washington, D.C.|éditeur=[[United States Army Center of Military History]]|année=2019|isbn=|lire en ligne=https://history.army.mil/html/books/077/77-10/CMH_Pub_77-10.pdf|consulté le=1er décembre 2023|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John M.|nom1=House|prénom2=Daniel P.|nom2=Curzon|titre=THE RUSSIAN EXPEDITIONS 1917–1920|lieu=Washington, D.C.|éditeur=[[United States Army Center of Military History]]|année=2019|isbn=|lire en ligne=https://history.army.mil/html/books/077/77-10/CMH_Pub_77-10.pdf|consulté le=1er décembre 2023|plume=oui}}
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* {{Article|langue=en|prénom1=Marina S.|nom1=Lyashchevskaya|prénom2=Valentina B.|nom2=Bazarova|prénom3=Nataliya A.|nom3=Dorofeeva|prénom4=Christian|nom4=Leipe|titre=Late Pleistocene–Holocene environmental and cultural changes in Primorye, southern Russian Far East: A review|périodique=Quaternary International|série=Holocene Environments, Human Subsistence and Adaptation in Northern and Eastern Eurasia|volume=623|pages=68–82|date=2022-06-20|issn=1040-6182|doi=10.1016/j.quaint.2022.02.010|lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1040618222000246|consulté le=2023-12-13}}
* {{Article|langue=en|prénom1=Marina S.|nom1=Lyashchevskaya|prénom2=Valentina B.|nom2=Bazarova|prénom3=Nataliya A.|nom3=Dorofeeva|prénom4=Christian|nom4=Leipe|titre=Late Pleistocene–Holocene environmental and cultural changes in Primorye, southern Russian Far East: A review|périodique=Quaternary International|série=Holocene Environments, Human Subsistence and Adaptation in Northern and Eastern Eurasia|volume=623|pages=68–82|date=2022-06-20|issn=1040-6182|doi=10.1016/j.quaint.2022.02.010|lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1040618222000246|consulté le=2023-12-13}}
; Ouvrages et articles centrés sur une thématique
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* {{Article|langue=ru|prénom1=I.A.|nom1=Sergoucheva|titre=Раннее земледелие в Приморье|traduction titre=Début de l'agriculture au Primorié|périodique=Вестник Дальневосточного отделения Российской академии наук|numéro=3|pages=116–120|date=2007|issn=0869-7698|lire en ligne=https://cyberleninka.ru/article/n/rannee-zemledelie-v-primorie|consulté le=2023-12-01}}
* {{Article|langue=ru|prénom1=I.A.|nom1=Sergoucheva|titre=Раннее земледелие в Приморье|traduction titre=Début de l'agriculture au Primorié|périodique=Вестник Дальневосточного отделения Российской академии наук|numéro=3|pages=116–120|date=2007|issn=0869-7698|lire en ligne=https://cyberleninka.ru/article/n/rannee-zemledelie-v-primorie|consulté le=2023-12-01}}
* {{Article|langue=ru|prénom1=Anna Alexandrovna|nom1=Borourouïeva|titre=Новые средневековые материалы из окрестноcтей с. Сергеевка (Партизанский район Приморского края)|traduction titre=Nouveaux matériaux médiévaux provenant des environs du village de Sergueïevka (raïon de Partizansk du kraï du Primorie)|périodique=Мультидисциплинарные исследования в археологии|numéro=2|pages=165–178|date=2021|issn=2658-3550|lire en ligne=https://cyberleninka.ru/article/n/novye-srednevekovye-materialy-iz-okrestnoctey-s-sergeevka-partizanskiy-rayon-primorskogo-kraya|consulté le=2023-12-01}}
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=== Articles connexes ===
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; Articles concernant le kraï
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[[Catégorie:Kraï du Primorié]]
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Histoire du Primorié
Photographie en contre-plongée depuis une rive d'un pont à haubans enjambant une baie urbanisée, au moment de l'heure dorée.
Pont de la Corne d'Or, ouvert en 2012.

Lieu Drapeau du kraï du Primorié Kraï du Primorié
Préhistoire
40 000 AP Paléolithique supérieur
-7300 Néolithique
-1100 Culture de Yankovski
Du Moyen Âge à l'annexion russe
IVe siècle Peuple Mohe
698 - 926 Balhae
926 - 1115 Dynastie Liao
1115 - 1215 Dynastie Jin
1215 - 1233/1235 Xia orientaux
1387 - 1616 Dynastie Ming
1583 - 1619 Unification des Jürchens
1616 - 1644 Dynastie des Jin postérieurs
1652 - 1689 Conflits frontaliers sino-russes
Traité de Nertchinsk
Époque contemporaine
Annexion par la convention de Pékin
1917 Début de la guerre civile russe
Début de l'intervention en Sibérie
Création de la république d'Extrême-Orient
Coup d'État de la Garde blanche au Primorié
- Gouvernement provisoire de Priamour
Prise de Vladivostok par l'Armée rouge
Création de l'oblast d'Extrême-Orient
Création du kraï d'Extrême-Orient
Création du kraï du Primorié
1991 Dislocation de l'URSS

L'histoire du Primorié est celle du territoire connu aujourd'hui en tant que sujet russe du kraï du Primorié (constitué en 1938), au sud du kraï de Khabarovsk, dans le district fédéral extrême-oriental, mais aussi celle du territoire plus vaste incluant ce que les Russes appelaient « Mandchourie-Extérieure » à l'époque de l'Empire russe.

Préhistoire

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Le territoire du Primorié est habité depuis plus de 32 000 ans AEC par des tribus venues d'autres régions d'Asie. Dès la préhistoire, de nombreuses cultures se trouvent dans la région, dont les plus importantes sont les cultures de Zaïssanovka et de Yankovski.

Par la suite, le territoire est conquis par de nombreux empires, au gré des intrigues politiques et militaires se déroulant en Chine et en Corée. Il est ainsi pris par le royaume coréen Balhae, la région étant alors nommée Shuiaibin, puis par les Khitans de la dynastie Liao avant d'être intégré à la dynastie Jin. En 1234, le Primorié est conquis par les Mongols et tombe sous la domination de la dynastie Yuan. Ils sont supplantés par la dynastie Ming à la fin du XIVe siècle, puis les Jürchens unifient la région pendant le début du XVIIe siècle. Enfin il fait partie des empires de la dynastie des Jin postérieurs, puis de la dynastie Qing, sous laquelle la région est nommée Woji.

1655 : Russie

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Les Russes arrivent dans la région pour la première fois en 1655, ce qui marque la fin de la conquête de la Sibérie et en fait avec le Kamtchatka la dernière région explorée et annexée de l'actuelle Russie. Il s'engage alors une course à la conquête entre l'empire Qing d'un côté et le tsarat de Russie de l'autre. En 1689, l'empire Qing officialise la possession du territoire lors du traité de Nertchinsk. La région est cartographiée au XVIIIe siècle par plusieurs Français, dont Jean-François de La Pérouse, officier de marine et explorateur.

1850c : convoitises occidentales

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Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les Européens, dont les Britanniques et les Français, commencent à s’intéresser à l'Extrême-Orient et en particulier à la Chine. L'empire Qing, en position de faiblesse, se voit dans l'obligation d'accepter de nombreux traités inégaux, et l'Empire russe y prend sa part. C'est ainsi qu'en 1858 puis en 1860, les Russes signent avec la Chine, respectivement, le traité d'Aïgoun et la convention de Pékin, qui permettent l'annexion de la Mandchourie-Extérieure puis du Primorié. Lors de la guerre civile russe, le territoire devient un bastion des Armées blanches et il est contrôlé par les Japonais dans le cadre de l'intervention alliée en Sibérie. L'éphémère gouvernement provisoire de Priamour constitue le dernier bastion blanc de cette guerre. En , il est envahi par l'Armée rouge, avec la prise de Vladivostok le 25. En parallèle, les troupes blanches et alliées fuient vers la Corée japonaise et l'archipel nippon.

La période soviétique voit le développement économique et militaire de la région. Avec la collectivisation des terres dans les années 1930, de nombreuses personnes émigrent dans le Primorié qui possède de nombreuses terres agricoles inexploitées. Les travailleurs du goulag arrivent également en masse, chargés de construire les infrastructures de la région. En 1938, alors que la Chine est partiellement sous domination japonaise et que les tensions sont au plus haut entre l'URSS et le Japon, la bataille du lac Khassan se solde par une victoire soviétique. En 1945, le Primorié devient l'une des bases de lancement de l'invasion de la Mandchourie par l'Armée rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Primorié voit avec la perestroïka la fin des subventions puis la dislocation de l'URSS et subit une crise économique qui engendre elle-même un exode massif de sa population vers la Russie européenne. Mais cette tendance se ralentit au fil des années, en raison de l'exode des populations de l'extrême-Nord vers le sud et les grandes villes, dont Vladivostok. En 2012, la ville accueille le sommet de l'APEC, et bénéficie de grandes rénovations et constructions.

Préhistoire

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Culture de KrounovkaCulture de KrounovkaCulture de YankovskiCulture de YankovskiCulture de LidovkaCulture de LidovkaCulture de MargaritovkaCulture de MargaritovkaCulture de RoudnaïaCulture de RoudnaïaCulture de Sini GaïCulture de Sini GaïCulture de ZaïssanovkaCulture de ZaïssanovkaCulture de BoismanCulture de BoismanÂge du ferÂge du bronzeNéolithiquePaléolithique

Paléolithique

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Arrivée des premiers hommes

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Photographie depuis une hauteur d'une vallée large et plate, avec deux bras d'une même rivière au centre, avec au fond des montagnes.
La vallée de la Partizanskaïa ; Iekaterinovka se situe en arrière-plan.

Le peuplement du Primorié a commencé il y a plus de 30 000 ans[1], lorsque des tribus venues d'autres régions d'Asie comme la Mandchourie se sont installées près des côtes. Ces premiers habitants étaient des chasseurs de mammouths et des cueilleurs, avec un mode de vie nomade, et ils chassaient en groupe. Leur stratégie de chasse consistait à pousser l'animal jusqu'à une falaise, le faire tomber puis l'achever avant de prendre la viande. La plus ancienne implantation humaine connue a été retrouvée près du village d'Ossinovka (raïon de Mikhaïlovka), peuplée possiblement il y a 40 000 à 35 000 ans AP. Ossinovka est considéré par l'archéologue soviétique Alekseï Okladnikov comme le premier complexe du paléolithique supérieur au Primorié[2]. Cependant, il est supposé que les rives de la Suifen furent peuplées bien avant, mais aucune trace ne le prouve[fegi 1],[fegi 2]. Les études archéologiques ont prouvé de profondes similitudes entre les sites archéologiques du Primorié et ceux des Îles Kouriles, de Sakhaline et de la partie nord-est de l'île d'Hokkaidō[3].

Le Primorié est alors occupé par de vastes forêts de feuillus dans les zones basses, de forêts de pins de Sibérie sur les versants et une taïga de conifères en haute montagne ; dans la partie la plus septentrionale prédominent des forêts de pins. Le climat de tout le territoire est assez clément, se rapprochant du climat actuel de la Corée, et le niveau de la mer est supérieur d'environ 10 mètres au niveau actuel. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les premiers peuplements de la culture d'Ossinovka (du XXXVIIIe au XXXe siècle AEC[4]). De cette culture ont été retrouvés des outils comme des pierres polies et des haches[fegi 1],[fegi 2].

Apogée de la dernière période glaciaire

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Mais lors de l'apogée de la dernière période glaciaire, le niveau de mer a baissé d'environ 90 à 100 mètres par rapport au niveau actuel, et d'autres changements climatiques ont eu lieu dans la région. Des populations venant de Chine et de Corée se sont ainsi installées dans la région, tandis que d'autres ont migré vers le nord. À cette époque, la majeure partie du territoire est recouverte par des forêts de bouleaux et d'autres feuillus. Les montagnes sont, elles, couvertes par de la toundra, avec quelques glaciers sur les plus hauts sommets. Dans la partie sud, des forêts de conifères subsistent tandis que les pourtours du Khanka sont couverts de marécages[fegi 1],[fegi 2]. Les mammouths et autres animaux étaient chassés[5]. De cette période, l'on retrouve la seconde culture importante du Primorié, celle d'Oustinovka, datée au carbone 14 de 18 170 (±150) ans à 10 780 (± 50) AP[6], bien que des études plus récentes en situent la fin vers 9 000/8 000 AP[7]. Les peuples locaux ont des contacts avec la Chine et la Corée, mais aussi avec les cultures du bassin de l'Amour, de Sakhaline et du Japon, alors accessibles grâce au niveau de la mer plus bas[fegi 1],[fegi 2],[6].

Passage à l'Holocène

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Lors du passage du Pléistocène à l'Holocène (il y a 12 000 à 10 000 ans AP), le climat primorien était plus sec, et un peu plus froid, avant de se réchauffer d'environ 1 à °C par rapport au climat actuel il y a de cela 9 300 à 8 000 ans. À ce moment-là, les principaux peuplements sont situés dans les vallées fluviales ou sur leurs bords, dans de plus petites vallées. Des outils plus perfectionnés apparaissent, pour couper la viande et la transformer, ainsi que des outils d'ébéniste et pour les produits de la pêche. La chasse, la pêche dans les rivières et la cueillette sont encore les seuls moyens d'approvisionnement en nourriture. Concernant la pêche, des sites ont été occupés spécialement comme camps saisonniers de pêche. C'est lors de cette période que les mammouths et d'autres grands animaux disparaissent, les populations se tournant alors vers les cerfs, sangliers, renards et autres petits animaux. Arcs et flèches remplacent la lance, bien moins utile. La forêt permettait la cueillette de noix, champignons et d'autres plantes pour les populations[fegi 1],[fegi 2],[8].

Lors du début du réchauffement, il y a environ 9 300 ans, de nouvelles colonies apparaissent, souvent le long des rivières, mais aussi aux bords des lacs, évoluant vers un mode sédentaire. Pour la première fois des poteries sont faites dans la région. Dans le Primorié central, l'obsidienne est utilisée pour la première fois dans la fabrication d'outils en pierre au Primorié[fegi 1],[fegi 2].

Néolithique

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Premières cultures néolithiques

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Carte du Primorié montrant les aires approximatives des cultures de l'époque. Au sud, il y a la culture de Boïsman ; dans le centre-sud du Khanka à la mer du Japon la culture de Roudnaïa, et dans le centre-nord la culture de Vetka.
Aires approximatives de répartition des premières cultures néolithiques au Primorié.

Entre 8 000 et 6 000 ans AP, le climat se réchauffe fortement, avec des hivers ayant une température moyenne de 10 °C au-dessus des températures hivernales actuelles et des étés 5 °C plus chauds qu'actuellement. Ce réchauffement est associé à l'élévation de la mer de 3 mètres au-dessus du niveau actuel. Ainsi, de nombreux lieux supposés dater du paléolithique se sont retrouvés sous les eaux, et les populations sont remontées vers les terres, provoquant des changements sociaux. Sur le littoral, des baies et lagunes se sont formées, propices à la pêche ainsi qu'au ramassage de coquillages et à la chasse d'animaux marins. C'est dans cet environnement que trois cultures néolithiques se sont développées en même temps au Primorié. L'une, celle de Boïsman, est apparue sur le pourtour du golfe Pierre-le-Grand ; celle de Roudnaïa s'étendait du lac Khanka jusqu'à la côte orientale dans les parties sud et centre ; celle de Vetka, enfin, très peu connue et étudiée, s'est développée dans le centre et le centre nord, sur le versant occidental du Sikhote-Aline[fegi 2],[fegi 3],[9].

Photographie dans une forêt de l'entrée d'une grotte avec une ouverture assez large sur une paroi rocheuse.
Entrée de la grotte de la Porte du Diable.

La culture de Roudnaïa a émergé au milieu du VIe millénaire av. J.-C. (7 500 ans AP) sur un axe allant du lac Khanka jusqu'à la côte de la mer du Japon au niveau de Roudnaïa Pristan et du raïon de Lazo[fegi 2],[fegi 3],[10]. Son site archéologique majeur est la grotte de la Porte du Diable. Selon les études génétiques, les peuples de cette culture étaient proches des Oultches, des Oroqen, des Hezhen, tous des peuples locuteurs de langues toungouses de la région du fleuve Amour [11]. Cette culture s'est éteinte au Ve millénaire av. J.-C.[fegi 2],[fegi 3],[10].

La seconde culture est celle de Boïsman, apparue il y a 6 000 ans (IVe millénaire av. J.-C.) dans le sud du Primorié pendant le Néolithique moyen. Elle doit son nom à la baie de Boïsman (raïon de Khassan), où un de ses sites fut découvert. Elle se caractérise par de petits villages côtiers avec quelques habitations. Les habitants étaient des pêcheurs, pêchant à la fois dans les lagunes mais aussi en mer pendant la période estivale[fegi 2]. Dans les sites de Boïsman I et II (au sud de Slavianka) se trouvent des sépultures, les plus anciennes du Primorié, ainsi que des vestiges d'habitations. Les sépultures ont révélé que les populations se situaient génétiquement à mi-chemin entre celles de Mongolie et celles du Japon de la période Jōmon[12]. Enfin, ces populations avaient domestiqué les chiens[13],[14],[9],[fegi 3].

Culture de Zaïssanovka

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Carte du kraï du Primorié, avec dans la partie inférieure l'étendue de la culture de Zaïssanovka. La culture s'étendait de la frontière à la Mandchourie à l'ouest à la mer du Japon au sud et à l'est, et jusqu'au lac Khanka au nord.
Territoire approximatif de la culture de Zaïssanovka.

La culture de Zaïssanovka est la plus importante du néolithique au Primorié. Rattachée au néolithique tardif, elle s'étend du IIIe millénaire av. J.-C. jusqu'au Ier millénaire av. J.-C., sur un territoire allant du raïon de Terneï jusqu'aux territoires frontaliers actuels, en Chine et en Corée, occupant toute la moitié sud du Primorié. Elle a été nommée d'après le village de Zaïssanovka dans le sud du raïon de Khassan, où se trouve le site de Gladkaïa, le premier retrouvé de cette culture. Cette culture est favorisée par le refroidissement du climat dans la région, qui a bouleversé les cultures existantes, et les a fait fusionner en une seule. Cette origine multiple a permis aux Zaïssanovites (зайсановцев en russe) de vivre dans des espaces aussi variés que les littoraux, les forêts, les plaines et les montagnes. La culture de Zaïssanovka est associée dans la préhistoire du Primorié à l’arrivée de populations maîtrisant l'agriculture, ayant quitté le nord de la Corée à cause de la dégradation de l'écosystème coréen. Enfin, elle est associée à l'accroissement important du nombre et de la taille de villages[fegi 3].

Les signes les plus anciens de cette culture datent d'il y a environ 5 000 ans, le site le plus ancien étant celui de Kroounovka 1 (okroug urbain d'Oussouriïsk)[9],[15],[fegi 4]. La chasse était la principal ressource alimentaire, comme le confirment les nombreux outils de chasse et ossements d'animaux retrouvés[16]. La pêche jouait un rôle essentiel sur le littoral, ainsi que la cueillette, y compris des mollusques sur les côtes[15].

Photographie d'une vallée large avec de la végétation et des clairières, avec une petite rivière au centre et des monts en arrière-plan. Une route passe à travers la vallée à droite.
Vallée de l'Artiomvka.

Mais la grande révolution de cette culture est l'arrivée de l'agriculture dans le Primorié, pratiquée surtout dans la plaine du Khanka et celle de la Suifen. Cette révolution est associée à la domestication, en particulier du chien, qui s'étend à l'ensemble de la région, l’animal étant élevé pour sa viande. L'artisanat prend son essor, avec la fabrication plus poussée de vêtements à partir de peaux, mais aussi d'objets ornementaux ou de paniers pour la cueillette. Les maisons de cette époque sont en bois, avec une moitié destinée à l'habitation, et l'autre aux animaux et à l'artisanat[9],[15].

Les ornements des poteries comprennent des motifs similaires à ceux du Jōmon moyen et de la Corée, ce qui prouve l'existence de liens avec ces territoires[15]. Le site de Sini Gaï, dans le raïon de Tchernigovka, a montré que cette culture avait un mode de vie sédentaire ancré, avec une organisation communautaire et des terres exploitées collectivement[17].

Le dernier stade de la culture de Zaïssanovka date d'il y a environ 4 000 à 3 500 ans, soit entre le IIe millénaire av. J.-C. et le Ve siècle av. J.-C. Les villages sont en plaine pour l'agriculture. Les populations cultivent le mil apporté du nord de la Corée, et pratiquent massivement la pêche sur les côtes[15]. Mais, en général, alors qu'au début du néolithique, la pêche était la principale activité économique, à la fin c'est l'agriculture qui l'a supplantée[17].

Âge du bronze

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Situation générale

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Carte du kraï du Primorié, avec dans le centre-sud-est la culture de Sinégaï, celle Margartovka au sud le long du Golfe de Pierre-le-Grand. Dans l'est, le long de la mer du Japon, il y a la culture de Lidovka.
Carte approximative des principales cultures.

L'âge du bronze au Primorié aurait commencé vers le XVe siècle av. J.-C., pendant le IIe millénaire av. J.-C., se superposant avec la fin de la culture de Zaïssanovka. Il y a un doute quant au commencement de l'âge du bronze. Selon l'analogie faite avec la culture d'Andronovo (Sibérie méridionale), l'âge du bronze aurait commencé entre la fin du IIIe millénaire et le début du IIe millénaire. Mais pour d'autres[Qui ?], elle aurait commencé vers la seconde moitié du IIe millénaire, se propageant depuis la Chine. Le principal problème est la faiblesse de la ressource en métaux nécessaires à la fabrication du bronze dans la région. Ainsi, il faut soit se référer à d'autres évolutions pour savoir quand l'âge commence, soit regarder les quelques sites avec du bronze, soit regarder ce qui se passe en Corée et en Mandchourie. L'âge du bronze se divise en trois cultures principales que sont celles de Sinégaï (ou Sini Gaï), de Lidovka et de Margaritovka, sans compter les sites non attribués ou classés. La première s'est installée dans la plaine du Khanka, la deuxième couvrait la côte orientale du Primorié tandis que la dernière se situait autour du golfe de Pierre-le-Grand. Cet âge est marqué par le début de l'agriculture sur les zones côtières, principalement du millet. Il faut cependant noter que la détermination des principales cultures est encore débattue, et pourrait être modifiée lors de nouvelles fouilles[18].

L'époque de ces cultures est marquée par des contacts importants entre les populations du Primorié, mais aussi avec leurs voisins du nord, de Mandchourie et de Corée. Étant donné la façon dont les villages étaient construits et protégés, il est presque sûr que les contacts pouvaient être armés, avec soit des situations tendues soit des conflits[18]. Il y a aussi eu des syncrétismes sur la fin, particulièrement entre la culture de Samarga (extrême nord du littoral primorien et surtout dans le kraï de Khabarovsk voisin) et celle de Lidovka, et entre celle de Lidovka et celle de Yankovski, qui appartenait à l'âge du fer. La période connait une croissance démographique, la population passant de petits groupes à des villages accueillant parfois des milliers de personnes[18], voire des communautés stables de plusieurs dizaines de milliers de personnes. C'est enfin à cette période que l'artisanat se développe[19].

Principales cultures

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La première culture est celle de Margaritovka (littéralement « marguerite » en français), d'après le nom d'une rivière dans le raïon d'Olga. Cette culture a occupé la partie côtière méridionale du Sikhote-Aline, avec de nombreux villages de pêcheurs à l'embouchure des fleuves, et elle s'est étendue du XVe siècle jusqu'au Xe siècle. Elle était controversée dans les années 1970 et 1980, car elle serait à ses débuts trop proche de la culture de Zaïssanovka mais, depuis, de nouvelle données ont permis de mieux la caractériser, même si les limites temporelles ne sont pas claires. Les peuples de cette culture vivaient dans de grandes maisons, et possédaient de nombreux outils domestiques, sans compter ceux destinés aux activités extérieures. Leurs activités principales étaient la chasse (cerfs ou ours par exemple), la pêche (saumon rose, morue, flet, etc.) et l'artisanat (outils, céramiques)[18],[20].

Photographie d'une plaine plate avec des champs au premier plan, des bois en second plan, et avec un ciel nuageux.
Paysage de la plaine du Khanka.

La seconde culture est celle de Sinégaï, nommée d'après le village de Sini Gaï dans le raïon de Tchernigovka. Elle s'étend sur la première moitié du Ier millénaire av. J.-C., apparaissant à la fin du IIe millénaire ou au début du Ier millénaire dans la plaine du Khanka. Elle est caractérisée par des villages en terrasses sur des collines, avec de grandes habitations, de nombreuses armes et des villages fortifiés avec des remparts et fossés, ce qui suggère que des actions militaires ont pu s'y dérouler. Les Sinégaïs étaient agriculteurs et utilisaient des moulins à grains[21], élevaient des porcs et des bovins. Ils avaient des rites à l'égard des animaux et possédaient pour la première fois dans la région un calendrier lunaire, trouvé à Sinégaï, sûrement importé grâce aux échanges avec la Chine. Enfin, on sait que le cochon était vénéré, comme l'attestent la sépulture d'un cochon allongé sur le dos à Sinégaï[19], mais aussi des pendentifs à son effigie. Il est possible que blaireau et le cerf, dont des sépultures ont été retrouvées, aient été eux aussi vénérés[18],[22],[23].

Photographie d'une vallée très verte prise de côté, avec des montagnes en fond.
Une vallée fluviale de la côte orientale.

La culture de Lidovka est la dernière culture majeure de l'âge du bronze au Primorié : elle se situe sur une étroite bande de terre entre les villages actuels de Terneï et d'Olga, en couvrant plusieurs vallées de fleuves côtiers. Son nom vient du site le plus exploré près de la rivière Lidovka. S'étendant du Xe siècle av. J.-C. au Ve siècle av. J.-C., elle est postérieure à la culture de Margaritovka mais contemporaine de celle de Sinégaï. Elle prospère surtout au VIIe siècle av. J.-C. et au VIe siècle av. J.-C. Elle est dans la transition entre l'âge du bronze et l'âge du fer. L'économie reposait sur la chasse, la cueillette, la pêche de par sa position géographique, avec des filets, et surtout l'agriculture, principalement du millet. De l'agriculture, on a retrouvé des houes, pilons, couteaux et des restes de céréales mais aucune trace d'élevage[18],[22].

Âge du fer

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Avant l'ère commune

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L'âge du fer au Primorié a commencé quelque part entre le XIe siècle av. J.-C. et le IXe siècle av. J.-C., et s'est propagé ensuite au reste du territoire au cours des siècles suivants, coexistant au début avec des peuples de cultures de l'âge du bronze, dont celle de Lidovak. Le début de cet âge du fer coïncide avec le réchauffement du climat qui est un peu plus chaud que l'actuel. Les cultures de Yankovski et de Kroounovka étaient en contact avec les tribus scythes, comme le confirment des flèches scythes trouvées sur le site de Kroounovka 1. La culture de Kroounovka a aussi été en contact avec les Xiongnu[24].

Carte du kraï du Primorié, avec en rose dans la partie inférieure l'étendue de la culture de Yankovski, et en rouge dans la même partie mais un peu plus haut la variante continentale de la culture.
Culture de Yankovski et sa variante continentale.
Carte de la péninsule coréenne et de ses alentours. L'on voit sur le territoire des actuels Liadong et Corée du Nord le Gojosen, entourés de tribus, dont les Sushen au nord-est.
La Corée en 500 AEC, avec le sud du Primorié en haut à droite, sans état notable.

La culture de Yankovski apparait au XIe siècle av. J.-C. et se serait terminée vers le IIe siècle av. J.-C., même s'il est possible qu'elle aurait pu subsister jusqu'au tout début de notre ère. Elle se divise en trois périodes : l'une jusqu'au IVe siècle av. J.-C., où les amas coquilliers ne sont pas exploités, puis une deuxième jusqu'au IIIe siècle, associée à la baisse du niveau de la mer et à l'exploitation de ces amas, et, enfin, celle du IIIe au IIe siècle av. J.-C., qui correspond à une nouvelle baisse du niveau de la mer (-1 mètre par rapport à aujourd'hui), marquée par la dégradation de l'économie, les populations migrant alors vers les terres fertiles, ce qui met fin à la culture. Plusieurs chercheurs associent cette population au peuple Yilou[fegi 5],[25]. La culture avait une variante dite « continentale », très similaire dans le mode de vie et sur le plan sociétal, et avec des objets de l'artisanat semblables, mais différant dans le domaine économique, cette variante étant axée sur l'agriculture et l'élevage, et non pas sur la mer. Il y a des similitudes dans les objets découverts avec ceux d'autres cultures du bassin de l'Amour, de la Transbaïkalie, des steppes d'Asie centrale et de la Corée[fegi 5],[25].

La culture de Kroounovka est la deuxième culture majeure de l'époque. Il est généralement admis qu'elle a existé entre et [26] (voire un peu plus, jusqu'au IIIe siècle[fegi 2]), et elle aurait comme origine soit la culture de Sini Gaï, soit celle de Yankoski. Elle se déploie dans les environs du lac Khanka au début, avant de se déplacer vers les bassins de la Suifen et de l'Artiomovka, où elle atteint son apogée. Cette culture était connue des Chinois et des Coréens[fegi 5],[27],[28]. C'est la première culture qui possède un système sociétal important, avec la normalisation du sédentarisme, de la métallurgie, et l'apparition des kangs, des mariages, pour créer des liens économiques entre les tribus[29].

Entrée dans l'ère commune, fin de l'âge du fer

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Carte de la péninsule coréenne et de ses alentours. L'on voit au nord de la péninsule le territoire de Bruyeo, dans le nord celui de Gojoseon et au sud Jin, avec aussi plusieurs petits royaumes.
La péninsule coréenne en 200 av. J.-C.

Vers le IIIe siècle, la culture de Kroounovka disparaît, et les habitants étaient alors les Yilous. La culture de Poltsé naît dans le bassin de l'Amour à la fin du VIIe siècle av. J.-C., se déplace dans la région entre le IIIe siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle. Les raisons du déplacement sont probablement la présence de tribus mongoles belliqueuses dans la région, comme les Xianbei, la croissance démographique importante et le changement climatique. Tandis que la culture ne change pas dans les bassins de l'Oussouri et de l'Arsenievka et le littoral du golfe de Pierre-le-Grand, ses populations qui se déplacent le long de la côte orientale donnent naissance à la culture d'Olga. La culture d'Olga s'étend sur tout le littoral sud et est du Primorié[fegi 2],[30]. Le Primorié s'arme à cette époque, avec la construction aussi de forteresses, comme à Boulokcha (mont Plemiannik[note 1]). L'économie connaît un essor, avec la construction de chemins, des activités métallurgiques, agricoles (meilleurs outils de labourage) et artisanales plus importantes. Des échanges ont lieu avec la Corée et le Japon. Sur le plan social, l'essor économique fait apparaître des inégalités, avec des classes sociales[31],[fegi 5],[32],[33],[34].

La culture de Poltsé disparaît vers le IVe siècle, et celle d'Olga entre les IVe et VIe siècles[33],[34]. D'après les chroniques chinoises, les Yilous qui composaient la culture de Poltsé faisaient allégeance au royaume de Puyŏ, même si celui-ci ne contrôlait pas leur territoire. Les nouvelles technologies, l'apparition de hiérarchies généralisées et d'inégalités sociales ont créé des conditions favorables à l'apparition d'un État dans le Primorié. Cependant, une dernière culture doit encore arriver avant la création d'un pays sur ces terres, et ainsi entériner l'âge du fer[fegi 5],[32].

Photographie d'une colline entièrement verte, avec en bas des maisons au premier plan.
Mont Senkina Chapka.
Conflit frontalier sino-russeConflit frontalier sino-russeConflit frontalier sino-russeUnification des JürchensUnification des JürchensRévolte des Turbans rougesRévolte des Turbans rougesDynastie QingDynastie des Jin postérieursDynastie des Jin postérieursDynastie MingDynastie Yuan du NordDynastie Yuan du NordDynastie YuanÉpoque contemporaineÉpoque moderneMoyen Âge

Premiers empires

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Peuple Mohe

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Photographie depuis une colline d'une rivière assez large dans une plaine plate recouverte de forêts.
La rivière Oussouri.

Les Mohe (chinois : 靺鞨) sont un peuple toungouse, mentionnés dès les IVe et Ve siècles par les chroniques chinoises. Descendant possiblement des Yilous et des Sushens, leur origine reste néanmoins controversée. Ils avaient une hiérarchie sociale, avec des nobles, des anciens[35], des esclaves. En contact avec les pays alentour, ils pouvaient organiser des raids sur leurs voisins. La transition entre un mode de vie tribal et un État est alors en cours. L'agriculture[36] et l'élevage étaient extensifs[35]. Selon les chroniques chinoises, il y avait plusieurs dizaines de tribus au VIIe siècle, dont sept[37] célèbres et influentes ; les Sumo, les Gudo, les Anchegu, les Baishan, les Haoshi, les Heishui et les Fune, chacune ne s’immisçant pas dans les affaires des autres, mais s'unissant en cas d'ennemi extérieur[fegi 6]. Parmi ces tribus, il y avait les Heishui Mohe vivant dans les bassins du Sungari, de l'Oussouri et de l'Amour. Il y avait aussi les Khaoshi Mohe, une tribu moins célèbre, qui vivait sur la côte orientale et une partie du golfe de Pierre-le-Grand[note 2]. Les localités Mohe étaient situées à la confluence de rivières, avaient des structures défensives sous la forme de remparts et de fossés sur deux ou trois rangées[36].

Certains clans étaient vassaux de Koguryo, et en 598, lors de la première des guerres Koguryo-Sui, les Mohe viennent en aide aux Coréens[fegi 6]. En 641, les Mohe s'allient aux Coréens et aux Seyanto, et la guerre Koguryo–Tang éclate en 645. Mais lorsque cette guerre se solde en 668 par l'échec des Mohe et de leurs alliés Koguryo, les populations s'exilent vers la Mandchourie et le Primorié contrôlés par les Mohe. De nombreuses tribus doivent en punition devenir vassales de la Chine et se disperser, d'autres sont faites prisonnières, mis à part les Sumo Mohe qui restent unis[fegi 6].

Lorsque la Chine connaît des troubles politiques en 691, des Khitans se rebellent contre Wu Zetian, et de nombreuses populations du Liaoning fuient sur les anciennes terres de Koguryo[fegi 6],[38], dont de nombreux Mohe qui avaient passé plus de 30 ans en captivité en Chine[39],[40],[37]. La Chine offre aux leaders des fuyards Dae Jungsang (Qiqi Zhongxiang) et à Geolsa Biu (Qisi Biyu) des titres de duc, mais les deux refusent. La bataille de Tianmenling a alors lieu en 698 dans le Jilin entre les Mohe et Coréens d'une part, et une armée chinoise d'autre part, menée par le général Li Kaigu. Daejoyeong, d'origine Mohe[41] et fils de Jungsang, ce dernier étant mort, vainc les Chinois et se proclame roi de Jin[42], Jin étant le premier nom du royaume Balhae[43],[fegi 6].

Jin, renommé Balhae en 713 lorsque le royaume accepte de devenir vassal de la Chine, scellant alors une alliance[38], s'établit sur le nord de la Corée, certaines parties du Jilin et le sud-ouest du Primorié[37],[42]. Les Sumo Mohe sont une composante directe du royaume, et Balhae conquit par la suite de nombreuses régions Mohe. De nombreuses batailles ont lieu pour la conquête du territoire, jusqu'à la moitié du VIIIe siècle. Balhae construisit de petits forts et des forteresses pour défendre les lieux[44]. En 726 commence le principal obstacle de la conquête, les Heishuie Mohe qui voulaient garder leur indépendance[45]. Ils s'allient à la Chine, mais en 728, le Japon apporte son soutien à Balhae. La guerre éclate en 732, et se solde en 735 par la victoire de Balhae. L'annexion des terres des Heishuis Mohe des bassins de l'Oussouri et du Sungari a lieu, mais pas de l'Amour. Balhae est à cette époque de facto totalement indépendant, même s'il est de jure toujours vassal de la Chine. Les annexions et conquêtes continuent sous le roi Da Qinmao (737 - 793), le Primorié devenant totalement subjugué Balhae[46].

Carte des actuels nord de la péninsule coréenne et du Primorié montrant les divisions administratives de Balhae, avec des pointillés pour séparer les régions (au nombre de 15) et des points noirs pour les villes faisant office de capitales régionales.
L'Empire Balhae en 800, avec ses régions et chefs-lieux.
Carte présentant les forces en présence dans la péninsule coréenne en 900, et des alentours, avec à gauche la dynastie Tang, au nord-ouest les Khitans, et aussi l'archipel nippon.
Frontières en 900 avec le royaume Balhae et les Khitans.

Balhae est divisé en 15 régions, dont cinq partiellement ou totalement sur le territoire actuel du Primorié. Il y a la région de Longyuan, avec comme capitale Dongjin, dans le nord de la Corée et l'actuel raïon de Khassan ; la région du Shuiabin[37], avec comme capitale Yanzhou[note 3], l'ancienne Oussouriïsk, qui s'étalait sur la plaine du Khanka et de la Suifen. Le nom de Shuiabin était par ailleurs l'ancien nom du fleuve Suifen[37]. À l'est (vers Nakhodka) se trouve la région de Dingli, avec comme capitale Dingzhou (vers Partizansk). Au nord, il y a Anzhou qui gère la région d'Anbian, s'étalant sur le littoral oriental du Primorié. Enfin, dans le cours de l'Oussouri, se trouve la région d'Anyuan, gouvernée à Ningzhou[fegi 2],[47]. Un total de 200 villes et villages du Balhae sont connus au Primorié[48],[49], ainsi que quelques autres lieux religieux comme la grotte de Possiet[fegi 2]. Plusieurs temples bouddhistes se trouvaient dans la région[48]. Balhae était un État puissant, à la pointe sur les connaissances scientifiques, et avec une population très alphabétisée. L'agriculture jouait un rôle important, dont au Primorié avec ses terres fertiles, où le riz, le soja et de nombreux arbres fruitiers étaient désormais cultivés. La religion s'est propagée, avec le bouddhisme chez les nobles, et le nestorianisme et chamanisme dans le reste de la population[50],[51],[52].

En 907, Balhae entre en guerre contre les Khitans, ces derniers venant de fonder la dynastie Liao[53]. Les Khitans, peuple de Mongolie et de Mandchourie, étaient jusque-là vassaux de Balhae. Avec la guerre, Balhae perdit peu à peu des territoires, et en 925, le Silla s'allie avec les Khitans ; l'année suivante, la capitale Sanggyeong est assiégée, mettant fin aux Balhae[48],[50],[51],[52],[54].

Sous la domination chinoise

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Dynastie Liao

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Au Xe siècle
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Carte de la péninsule coréenne et d'une partie de la Mandchourie montrant l'étendue sur l'actuel kraï du Primorié du royaume de Dongdan.
Carte du Dongdan en bleu clair, englobant le Primorié.

Lorsque Balhae est vaincu en 926, la dynastie Liao met en place le royaume de Dongdan, un État fantoche dirigé par Yelü Bei, le fils de l'empereur Liao. Mais très vite, le fils est contraint de fuir après que son frère Yelü Deguang est devenu empereur Liao. Bei, sur les conseils de l'empereur Mingzong, fuit chez les Tang postérieurs. Le royaume de Dongdan continue d'exister sur le papier pendant un temps, avant d'être incorporé en 936 (ou 982 selon le point de vue)[51],[52],[55].

Rouleau peint chinois montrant des hommes à cheval se diriger vers la droite du rouleau. Il y a 6 hommes et 7 chevaux, le cheval le plus à gauche ne portant personne.
Le Roi de Dongdan va de l'avant (東丹王出行圖), rouleau, couleurs claires sur soie. 146,8 × 77,3 cm. Musée national du Palais, Taipei. Attribué à Li Zanhua (李贊華 909–946), mais il s'agit peut-être d'un artiste plus tardif.

De nombreux Bohais n'acceptent pas la défaite, et des soulèvements éclatent à travers le royaume. Le premier d'ampleur éclate en 929 lorsque des membres de l'ancienne famille royale proclament le royaume de Balhae postérieur, mais la révolte est matée, puis une autre en 934[54]. La dynastie Liao déplace les populations de Balhae pour les désunir, en 938, des rebelles fondent le royaume de Ding'an, la région subitt les effets de l'éruption du mont Paektu en 946, avec des déplacements massifs de population, qui désunissent encore plus des troupes balhae. L'empereur Khitan ordonne dans un décret que les habitants de Balhae viennent vivre dans la dynastie Liao, et la région perd alors environ les deux tiers de ses habitants[48],[56]. Le territoire se dépeuple, devenant une périphérie reculée. Les fonctionnaires sont pris par Balhae pour éviter une nouvelle rébellion. Une révolte des Balhae éclate en 975, en vain. En 982, Dongdan est annexé, et les Balhae cherchent alors à nouer une alliance avec les Jürchens, les descendants des Mohe dont des Heishui mohe. En 983, Ding'an est conquis en partie par la dynastie Liao, mis à part les zones montagneuses où les rebelles se réfugient. En 985, les Khitans mettent fin totalement à Ding'an. Les survivants arrivent à faire une alliance avec les Jürchens et surtout les Chinois de la dynastie Song. Liao en sort victorieux, et une nouvelle expédition en 988-989 des Liao incendie, pille les villages et tue les habitants. Une dernière expédition en 990 affirme le pouvoir Liao[51],[52],[55].

Les Jürchens deviennent alors le principal peuple vivant sur les terres du Primorié, des descendants possibles des Heishui mohe[57]. Le nom des Jürchens apparaissait dans les chroniques khitanes, mais jamais celui des Heishui mohe. Ce changement de nom est intervenu au cours du IXe siècle, et au XIe siècle, le nom d'Heishui a disparu. De plus, les Jürchens seraient aussi, dans une moindre mesure, composés de Balhae et d'autres peuples de la région. Sinon en 991, une alliance de tribus vivant dans le sud du Primorié et nord de la Corée se soulève, composée de 30 tribus, mais elles sont écrasées par les Khitans[51],[52],[55].

Révoltes au Primorié aux XIe – XIIe siècles
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Photographie d'une rivière dans un méandre causé par un relief, avec des nuages gris dans le ciel.
Vallée de la Suifen depuis le volcan Baranovski.

Les Jürchens vivant au Primorié sont principalement des rebelles à cette époque. Un clan y vivant, le clan Wanyan, cherche à unifier les tribus, et le clan possède un chef dit le « wanyan ». Le clan cherche à unifier la région, mais les autres tribus s'y opposent[58]. Le clan wanyan, qui cherche à imposer des lois et impôts, conquiert avec le wanyan Shilu (完颜石鲁) entre 1010 et 1021 les tribus Suifen et Yelan[note 4]. C'est en grande partie la désunion de ces tribus qui a permis de les conquérir[59],[58]. Son fils, le wanyan Wugunai (完颜乌骨迺), est plus laxiste envers les tribus[59], mais le wanyan suivant, Helibo (完颜劾里钵), est plus ferme, provoquant un soulèvement des tribus de la côte, qui est finalement maté par la tribu Yelan[58]. Le wanyan Yingge (完颜盈歌 ; règne de 1094-1103[60]), osa placer des chefs d'autres tribus que les Wanyan aux tribus[59]. Mais un qu'il avait nommé, Haigean, chef de tribu Wazhun, se soulève, conquérant la Suifen, le Tumen, et une partie de plaine du Khanka[note 5]. Haigean devint maître de la région agricole du Primorié, et conquiert deux places fortes héritées de Balhae[58].

Yingge envoya le chef Nagenne pour mater Haigean, mais Nagenne se soulève lui aussi pour son propre profit. Nagenne réprime les différentes tribus (sauf Haigean, trop fort), tribus qui se plaignent auprès de Yingge. Ainsi, lorsque les plaintes arrivent, la région est tenue par deux chefs rebelles, qui ont fait alors une union tribale, à un pouvoir déjà rebelle à la dynastie Liao[58]. Yingge envoie deux chefs militaires, Vasai et Yeha pour « examiner les plaintes ». Après plusieurs batailles, Nagenne fut tué, et Vasai conquit les terres des tribus de la Suifen. Le clan Wanyan est désormais maître sur ces terres, provoquant néanmoins toujours un mécontentement des tribus Suifen[58].

Carte de la péninsule coréenne en 1109 montrant les localisations confirmées des forts de Goryeo. Les forts sont dans l'actuel nord de la Corée du Nord, ainsi que pour un dans l'actuel raïon de Khassan. Les frontières sont montrées entre Goryeo et les Jürchens.
Carte de la Corée en 1108, avec les localisations confirmées des forts, dont un se situe dans le raïon de Khassan. On voit la frontière provoquée par l'arrivée des rebelles.

Les tribus Suifen, voulant toujours une indépendance, créent une union tribale avec les Yelan et les Heshile. L'alliance, nommée coalition Asu d'après le nom du chef des Heshile, veut à la fois battre les Wazhun et les Wanyan, et réussit à fédérer 35 tribus, dont 14 tribus de la Suifen. Le général Wanyan Aduga, malgré le renforcement de la coalition, profite des divisions internes de la coalition et d'une erreur stratégique de Dong'en[note 6] (un des commandants de la coalition, par ailleurs le fils de Nagenne mais pas dans le même camp) qui s'attaqua à un chef mineur au lieu d'aller aider Luke, un autre général, chef de la tribu Wugulun. Les forces de la coalition sont détruites, et en 1102, Asu, le chef, s'enfuit dans les terres contrôlées par la dynastie Liao, pour tenter de créer à nouveau un soulèvement chez les Yelan et Suifen, mais sans succès[58].

Asu et les nombreux rebelles se réfugièrent dans le nord du royaume Goryeo. Goryeo était mécontent de ces arrivants, et engagea un dialogue avec les Wanyan pour qu'ils soient repris, mais vu que les Wanyan ne répondirent pas, ils lancèrent une guerre contre les Wanyan, mais Goryeo perdit, tandis qu'Asu ne se mêla pas du conflit. Wuyashu (完顏烏雅束), wanyan de 1103 à 1113[61], tenta de résoudre le conflit avec la coalition par voie diplomatique, sans succès, et les batailles coninuèrent[58]. En 1107, profitant du chaos, Goryeo envoya 170 000 hommes dans le nord de la Corée et dans le sud du Primorié[62] pour conquérir le territoire. Les Jürchens, de la coalition ou des Wanyan, perdirent, et la Corée construisit des forts. En 1109, la plupart des Jürchens se rassemblèrent, craignant une attaque des Khitans à cause de leur affaiblissement, et lancèrent une attaque contre Goryeo et les Suifen et Yelan[62],[58]. Les Mohe encore un peu existant rejoignirent les Jürchens, ce qui permit à ceux-ci de défaire Goryeo, qui réclama finalement la paix. Le Primorié fut retourné aux Jürchens, une ligne de démarcation apparut entre Jürchens et Coréens, et les Yelan, Suifen et d'autres chefs de tribus se rangèrent du côté des Wanyan à la suite de la victoire contre Goryeo[63],[62].

Dynastie Jin

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Photographie d'un dragon-tortue (bixi) de face, avec derrière des anciens murs avec des motifs indéterminés.
Un dragon-tortue provenant de la tombe d'Esykuy, actuellement situé dans le parc central de la ville d'Oussouriïsk.

Une fois l'unification par le clan Wanyan des tribus Jürchens lors de la guerre contre Goryeo, Aguda, un chef Jürchen, désobéit en 1112 à l'empereur Liao (il refuse de venir à une danse)[57]. En septembre 1114, Ningjiangzhou est capturée par Aguda, le chef du clan Wanyan, rentrant alors en révolte. Il se proclame en janvier suivant empereur, fondant la dynastie Jin[fegi 7],[58],[64],[65],[66]. De 1115 à 1121, la dynastie Song voit dans la dynastie Jin son allié naturel face à la dynastie Liao, et scelle l'« Alliance conclue en mer », qui est rompue en 1125 quand les Jin se rendent compte de la faiblesse des Song. La dynastie Jin règne désormais sur le nord de la Chine et le Primorié[67], et parallèlement, Aduga (désormais Jin Taizu) propose en 1115 à Asu de revenir dans ses terres. Pour Jin Taizu, cela éviterait que pendant qu'il attaque les Khitans, les tribus Suifen et Yelan décident d'à nouveau se rebeller[fegi 7],[58].

En 1122, Esykuy (aussi connu sous les noms de Yesykui, Digunai, Wanyan Zhong[68]), chef militaire, déplace son quartier militaire à Xuiping[69], puis en 1124, accompagné de mille soldats, dirige des opérations dans la région pour prévenir et mater les rébellions, tandis que Jin Taizu place des troupes au Primorié. Esykuy a installé son quartier général à Suibing[note 7], ou plus précisément en périphérie, car il ne voulait pas expulser des habitants, ce qui aurait pu recréer une révolte. Ce quartier général devient une petite ville, sur une colline, nommée en chinois Xuping[70], et le chef-lieu de la province éponyme, avec Esykuy comme chef de la province[fegi 7],[58]. Jusqu'à sa mort, il s'efforça de reconstruire et de fortifier les anciennes forteresses de Balhae : Syupin (colonie du sud de l'Oussouri), Chite-Syupin (colonie occidentale de l'Oussouri), Krasnoïarovskoïe (vallée d'Or) et Nikolaïevskoïe sur le fleuve Suchan[71]. Esykuy meurt en 1148, il faut attendre 1193 pour qu'un mausolée lui soit érigé. Pendant sa gouvernance, il a renforcé le pouvoir central sur quasi tout le Primorié[fegi 7], et a fait fleurir l'économie locale. Pendant le reste de la dynastie, le Primorié a été calme, devenant une région périphérique lointaine[58].

Sous la dynastie Jin, les Jürchens pratiquaient l'élevage du bétail et des chevaux (la chasse n'étant pas importante économiquement[72]), des poteries de haut niveau avec une production industrielle pour un large marché. Il y avait de la production de bois et de cuir[72],[73], mais aussi d'obus. Bien qu'existant déjà auparavant, les kang, un système de chauffage, devient omniprésent, subsistera chez les peuples autochtones d'Extrême-Orient jusqu'au début du XXe siècle[73]. Le développement des arts décoratifs et des beaux-arts est attesté au Primorié et plus largement chez les Jürchens par des statuettes en bronze[73]. Le bouddhisme se répand au Primorié et chez les Jürchens. Sur le site de Nikolaïevskoïe, les restes d'un monastère bouddhiste ont été retrouvés[74].

L'actuel Primorié était couvert par certaines régions (districts/circuits) de la dynastie Jin : Helan ; Huilgai ; Xuipin et Yelan[75].

Xia orientaux

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En 1210, une ambassade Jin arrive à la cour de Gengis Khan, pour annoncer l'accession au trône de Jin Weishaowang et exiger des Mongols qu'ils se soumettent et deviennent un État vassal de la dynastie Jin. Les Mongols ne l'entendent pas ainsi, et l'année suivante, ils lancent l'invasion mongole de la dynastie Jin. La dynastie perd petit à petit ses territoires, et en 1212, ils prennent Mukden, une des capitales de l'Empire[76].

Dessin de portrait d'un homme chinois barbu regardant vers la gauche, habillé d'une robe souple jaune et ayant un chapeau de général.
Illustration de Puxian Wannu.

En 1215, Puxian Wannu, un des généraux de l'empereur, profitant de la perte de confiance des généraux envers l'empereur Jin, se rebelle[77]. Il fonde dans les terres les plus orientales de l'Empire (Primorié et des parties du Heilongjiang et Jilin), le royaume des Jin orientaux (aussi nommé Dongzhen)[78]. La capitale de l'État sécessionniste est Liaoyang. Mais lors d'une campagne, cette année-là, les Mongols prennent la capitale de la dynastie Jin, et ainsi des proches de Wannu. Wannu marche alors avec une armée de 100 000 hommes[note 8] vers Kaiyuan[note 9],[78], où il proclame le royaume des Xia orientaux. Afin d'éviter une conquête par les Mongols, il se déclare vassal de Gengis Khan et il lui envoie son fils. Mais il fait aussi une alliance avec les Coréens, lorsque les Khitans les envahissent. Mais les Khitans sont des alliés des Mongols, ce qui laisse présager le pire[79],[80],[fegi 8]. En parallèle, les Xia orientaux concluent des relations diplomatiques et commerciales avec Goryeo, tout en maintenant des relations pacifiques avec les Mongols. Wannu décide aussi de mater des révoltes de Khitans rebelles dans les terres mongoles[fegi 8].

En 1230, les Mongols lancent une conquête du pays, excédés par les Xia orientaux et en particulier par Ningyasu, l'empereur depuis 1224 qui lance des raids contre les Mongols. Avec l'aide de Goryeo qui les autorise à passer sur leur territoire, les troupes mongoles atteignent en 1233 Kaiyuan et Yanji, les capitales de l'Empire, les assiégeant et les prenant. À Yanji, la capitale méridionale, Puxian Wannu et Ningyasu sont capturés[78]. Tous les membres de la famille royale sont capturés lors de ces prises. En 1235, quelques Jürchens tenant des forteresses résistent toujours dans le Primorié, avant de finir par être matés par les Mongols[79],[80],[fegi 8].

L'occupation de courte durée a permis l'arrivée de nombreux Jürchens au Primorié, qui ont transmis de nombreuses techniques aux Jürchens locaux. Le territoire est devenu à cette époque fortifié[78], avec une quarantaine de forteresses[81],[fegi 2]. Mais lorsque les Xia orientaux s'effondrèrent, la désolation devint la norme dans la région, les villages et forteresses souvent laissés à l'abandon, les animaux d'élevage libérés dans la nature[51],[fegi 8],[79]. De nombreux Jürchens se réfugièrent dans la taïga, rompant tout contact avec l'extérieur[82].

Le Primorié au sein d'États mongols

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Carte de la Chine et de ses environs montrant les différentes provinces de la dynastie Yuan (en 1330).
Provinces de la dynastie Yuan en 1330.

L'Empire mongol s'installa ainsi sur ces terres, et rattacha l'endroit à la région de Liaoyang. Dès 1235, l'Empire installe une garnison à Yanji et une autre à Kaiyuan. Un soulèvement eut lieu en 1245, vite maté. Les Jürchens récalcitrants tentèrent pendant encore environ 40 ans de chasser les Mongols, en vain[83].

En 1261, Kubilai Khan créa dix administrations dans la nouvellement créée région de Kaiyuan, dans le but de pacifier la région. Mais en mai 1263, la région et ses administrations sont abolies. En mars 1266, la région de Kaiyuan est recréée, puis en 1271, Kubilai Khan fonde la dynastie Yuan. La région est affectée en novembre 1280, lorsque 3 000 soldats venant de la région furent recrutés pour participer à la deuxième invasion mongole du Japon. Puis en mars 1286, la région de Kaiyuan fut à nouveau dissoute[83].

La zone est devenue une région isolée, très peu peuplée, et presque sans civilisation. La dynastie Yuan provoqua une fuite des cerveaux, et recruta de nombreux soldats dans la région pour les envoyer autre part. Les Jürchens récalcitrants se sont regroupés dans de petites communautés. Les Mongols laissèrent les communautés désigner leurs chefs de communauté, profitant ainsi d'une certaine autonomie, sorte de compromis pour éviter une rébellion[83]. En 1368, la dynastie Ming ds'impose en Chine face à la dynastie Yuan, mais pas en Mandchourie, où les Ming mènent, en 1387, une campagne militaire en Mandchourie, qui permet la prise de contrôle de la dynastie Ming sur la Mandchourie, y compris le Primorié actuel[83].

Sous la dynastie Ming

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Une multitude de tribus

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Carte de la Chine et de ses environs montrant les différentes provinces de la dynastie Yuan.
Provinces de la dynastie Ming en 1409

Après la chute de cet État mongol, les nombreux petits clans et tribus, assez faibles, dispersés à travers la région cherchent à s'unir entre elles. D'autres cherchent la protection de la Chine ou de la Corée, qui souhaitent ces derniers soumettre les derniers Jürchens. Ces locaux étaient alors semi-nomades, faisaient de l'agriculture et du commerce, et les batailles entre tribus étaient fréquentes. Les chefs de nombreuses tribus ont envoyé des ambassades auprès de la dynastie Ming, ce qui a permis de garantir une paix avec les Chinois[83].

Entre 1404 et 1434, la dynastie Ming cherche à étendre son influence. En 1409, elle crée la commission militaire régionale de Nurgan, chargée de la Mandchouie. Elle cherche à propager le bouddhisme tandis que les chefs de tribus Jürchens ont été nommés membres de la commission pour s'assurer de leurs loyautés.Même si une commission existait, la région était assez indépendante, le pouvoir n'ayant aucun intérêt à imposer un pouvoir fort[83]. En 1491, la forteresse de Ts Zaoshan[note 10] fut attaquée par la tribu Jürchen « Nimache », capturant hommes et bétails. Ils furent pourchassés par des troupes chinoises, et le chef de la tribu fut tué quelques jours plus tard[83].

Les Ming ont classé les Jürchens en trois groupes : les Jürchens Jianzhou, les Jürchens Haixi et les Jürchens Haidong (ou « sauvages »). Les Jianzhou correspondent à trois tribus : les Odoli, Huligai et Tuowen. Les Haixi sont contrôlés par l'alliance Hūlun, une confédération tribale composée des Ula, Hada, Hoifa et Yehe. On sait peu de choses sur les Jürchens « sauvages », mis à part que parmi eux il y avait les tribus Donghai, Warka, Woji et Khurkha[83].

Unification des Jürchens au Primorié

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Portrait entier d'un homme chinois de face assis sur un trône. Il est habillé dans un vêtement jaune ample, avec un couvre-chef rouge. Le tout est sur fond jaune.
Portrait officiel de Nurhachi.

Nurhachi, le chef de la tribu Mandchukuo, commença en 1582 à unir les Jürchens. Les réussites s'enchaînent en Mandchourie, en unifiant peu à peu les Jürchens, mais le Primorié, lieu des tribus sauvages est plus compliqué. En 1593, neuf tribus, surtout Haixi, se liguent contre lui, mais il brise l'alliance. Fort de cette victoire, il commence à s'intéresser aux tribus sauvages, qu'il souhaite désormais conquérir[83].

En 1607, sur ordre de Nurhachi, le prince Bayala, le commandant de haut rang Eidu et l'adjudant Khurhan s'opposèrent avec un millier d'hommes aux tribus Woji. Deux ans plus tard en 1609, un détachement d'un millier de soldats dirigé par Khurhan envahi le district de Hue[note 11]. Le détachement captura 2 000 familles dans la région qui furent amenées en Mandchourie[83],[84].

Puis en 1610, le général mandchou Eidu arrive dans la vallée de la Suifen avec un détachement d'un millier de soldats, et il invite à l'endroit du village actuel de Razdolnaïa (territoire de la tribu Voji/Woji), à rejoindre Nurhachi. Cette tribu vivait dans le sud du Primorié, de la Suifen jusqu'au fleuve Partizanskaïa. Ils refusèrent, et le général conquit militairement la région, capturant plus de 10 000 personnes rien que dans le district de Yelan (ou Ye Yelan, ou Yalan ; le bassin du fleuve Partizanskaïa)[83],[84].

Pendant l'année 1614, 200 familles ayant déposés les armes et 1 000 autres captives sont emmenées en Mandchourie depuis les districts de Yalan (rivière Suchan) et de Xilin (la rive orientale de la baie de l'Oussouri)[84]. En 1615, les Huit Bannières ont mené une campagne contre les tribus du Primorié, tuant 800 personnes, capturant 10 000 personnes réparties en 500 familles. Enfin 1616, Nurhachi proclame la dynastie des Jin postérieurs après avoir unifié les Jürchens, et deux ans plus tard, il se lance dans la guerre contre la dynastie Ming[83]. Le , les troupes d'Ubahai et de Jingurdai se sont opposées aux tribus Warka, ont attaqué la région de Nimanya (la rivière Iman), capturant plus de 1 000 personnes[85].

Le 15 novembre 1635 ( dans le calendrier grégorien), les troupes Manchoues attaquent le sud du Primorié, afin de conquérir une bonne fois pour toutes l'endroit, avec 4 colonnes de soldats qui s'occupèrent de différents endroits. Le premier, sous le commandement d'Ubahai, s'installa à Eheikulun et Eleyuso ; le second, sous le commandement de Dojili, s'est déplacé vers Yalan (aujourd'hui la rivière Partizanskaïa), Lilin et Hue (rivières modernes Daubi-He et Suchan) ; le troisième, dirigé par Zhafuni, se dirigeait vers Akuli et Niman (aujourd'hui les rivières Vaku et Iman) ; le quatrième, sous le commandement d'Ushit, se rendit à Noley et Avan. Les autochtones capturés étaient constitués en cinq compagnies spéciales (nyuru), dont deux comprenaient des habitants du bassin fluvial de la Suifen et en trois les autochtones du bassin de l'Iman[85].

Dynastie Qing

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En 1644, Pékin est prise par les Mandchous, et la désormais dynastie Qing règne sur la Chine, dont la Mandchourie. Pendant le début du règne de Kangxi, il encourage l'installation en Mandchourie ou dans la citoyenneté des tribus du Primorié. Pour ce faire, il crée des prix avec des distinctions pour ceux arrivant à en faire rentrer que ce soit de manière pacifique ou militaire. Cela entraîne de nombreuses campagnes mandchoues dans la région, et les Jürchens demandent alors l'arrêt des combats. En effet, les villes sont attaquées, et les Jürchens fuient dans la taïga ou dans la montagne. L'agriculture est abandonnée, tout comme l'artisanat, et la chasse, cueillette et pêche redeviennent au goût du jour[83].

De plus, avec l'arrivée dans le Haut-Amour (oblast actuel de l'Amour et Transbaïkalie) de cosaques de Sibérie, des populations indigènes de la zone migrent vers le Primorié[83].

Le Primorié dans les sources chinoises

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Dans la « Description historique et géographique de la dynastie Daiqing », l'on apprend que le Primorié s'appelait à cette époque « Woji », et qu'il était habité par les Donghai-Wojibu, ce qui signifie « tribus forestières de la mer Orientale ». Sur la rive sud de la rivière Xise[note 12], selon la « Carte de la province de Jilin », se trouvait des camps de la tribu Kya-ka-la. Cette tribu de langue toungouse s'étalait de l'actuelle Vladivostok à la rivière Xise en général. Le chercheur japonais Sei Wada a contesté cette situation, la plaçant en général dans le cours supérieur de la rivière Iman. Selon ce dernier, cette tribu s'agissait des actuels Orotches et Oudihés du Sikhote-Aline, qualifiés autrefois sous la dynastie Yuan de « Jürchens sauvages ». Il y avait aussi selon des sources chinoises et russes la tribu Varka de langue toungouse, s'étalant du bassin fluvial du Tumen au cours supérieur de l'Oussouri, et peuplant le littoral y compris les îles[86].

Toutes les études actuelles s'accordent à dire que depuis l'invasion mongole du XIIIe siècle se trouvait sur les versants ouest et est du Sikhote-Aline[86] deux grandes associations ethniques (ou unions tribales) parlant le toungouse, les Woji et les Varka (Warka), qui sont les ancêtres des Nanaïs, Oudihés et Orotches[84]. Il y avait aussi, mis à part les Toungouses-Mandchous, d'autres peuples, avec des Nivkhes et des Aïnous[84].

La « période sombre » causée par Kangxi et la Dynastie Qing

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Néanmoins, c'est l'empereur Kangxi (1662-1722) qui eut la plus grande activité contre les tribus du Primorié. Il mit en place des récompenses pour l'organisation de campagnes militaires afin d'inciter ses généraux. Dans un livre impérial, il est rapporté que « Au cours des premières années du règne de l'empereur Kangxi, selon le rapport le plus soumis, il était permis de décerner des récompenses aux participants aux campagnes visant à « amener à la citoyenneté » les nouveaux Mandchous dans l'ordre suivant : pour 100 familles attirées, une distinction du premier degré ; pour 80 familles, une distinction militaire du deuxième degré ; pour 60 familles, une distinction militaire du troisième degré ; pour 40 familles, une distinction militaire du quatrième degré et pour 20 familles, une distinction militaire du cinquième degré »[85].

Ces actions ont inévitablement forcé les tribus Toungouses et Mandchoues à se déplacer vers des endroits plus inaccessibles, particulièrement le nord du Primorié et la région du fleuve Amour. Ces déplacements étaient devenus une réponse traditionnelle de ces tribus lors de menaces extérieures. Ce trait se retrouve d'ailleurs chez les Nanaïs encore aujourd'hui, car même s'ils sont sédentaires, ils n'ont pas eu un seul lien de résidence. La distance n'est pas un problème pour les tribus, pouvant faire des trajets de l'Oussouri à l'Arsenievka, et de l'Arsenievka à l'Amour, en abandonnant à chaque fois sa fanza[85],[87].

C'est ainsi que commence la « période sombre » au Primorié des XVIe – XVIIe siècles. Le Primorié n'étaient certes pas vide, avec la population toungouse-mandchoue assez importante (tribus Woji et Warka), mais qui étaient souvent chassés de leurs terres[87].

Découpage administratif sous la dynastie Qing

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Sur le plan administratif, le Primorié d'aujourd'hui était réparti entre les districts (comtés) de Helinlu, Yalanlu, Suifenlu, Huelu et Nimachalu de la dynastie Qing[87]. Le district de Helinlu comprenait la côte orientale de la baie de l'Oussouri, y compris l'actuel raïon de Chkotovo, depuis la rivière Maihe jusqu'à la baie de Vostok. Ensuite, les bassins des rivières Suchan et Suzuhe, depuis les contreforts sud de la crête du Sikhote-Aline jusqu'à la mer, formaient le district de Yalanlu. Le district de Suifenlu était lui situé dans le bassin de la Suifen et le territoire adjacent. Le district de Huelu était situé dans le bassin des rivières Daubi-He et Ulakhe, et le district de Nimachalu couvrait la rivière Iman et ses environs[84].

Explorations russes et européennes

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Carte géographique du littoral du Japon, de la péninsule coréenne, de la Chine et des côtes de la mer d'Okhotsk jusqu'au Kamtchatka.
Carte des découvertes de la Pérouse, avec la côte du Primorié.

Alors que le Primorié est sous domination Ming puis Qing, la conquête de la Sibérie par le tsarat de Russie commence (dans un premier temps Sibir) dès 1581[88]. En 1636, Dmitri Iepifanovitch Kopylov part de Iakoutsk, fondée en 1632[89], et atteint en mai 1638 la mer d'Okhotsk[90], où Okhotsk est fondée en 1647 par Ivan Moskvitine[91]. Ce dernier apprend par les Nivkhes l'existence du fleuve Amour, mais ne tente pas d'exploration[fegi 9]. Vassili Poïarkov explore l'Amour entre 1643 et 1646, et ses descriptions détaillés[92] qu'il rapporte à Iakoutsk entraînent de nouvelles expéditions, dont une qui atteint le lac Beloïe, lac aujourd'hui connu sous le nom de lac Khanka (premiers russes au Primorié)[91]. À la suite des conflits frontaliers sino-russes, où les Qing sortent vainqueurs les Chinois gardent la région de l'Amour et le Primorié, les Russes étant repoussés[93],[94],[95].

En 1787, Jean-François de La Pérouse, lors de son expédition autour du monde, cartographie l'Extrême-Orient, dont le Primorié. Le 23 juin, il mouille dans une baie qu'il nomme la baie de Ternay, du nom de son mentor Charles-Henri-Louis d'Arsac de Ternay. Cette baie est aujourd'hui celle de Terneï, avec le village homonyme. Entre 1793 et 1796, William Robert Broughton, un Anglais, répète l'expédition de La Pérouse[fegi 10].

Époque russe

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Dislocation de l'URSSkraï du PrimoriéCollectivisation des terresGuerre russo-japonaiseGuerre russo-japonaiseTranssibérienGuerre civile russeGuerre civile russeConvention de PékinConvention de PékinTraité d'AïgounTraité d'AïgounFédération de RussieURSSEmpire russeDynastie QingÉpoque contemporaine

L'arrivée de l'empire Russe au Primorié (période pré-révolutionnaire)

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Annexion du Primorié et colonisation

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Carte du nord de la Mandchourie, avec en orange les zones acquises par l'Empire russe en 1858 (monts Stanovoï à l'Amour), et en rouge celles acquises en 1860 (le Primorié).
Frontières sino-russes de 1858 à 1860

La colonisation du Primorié par les cosaques de Sibérie commença pendant les années 1850, avec la fondation en 1850 de Nikolaïevsk-sur-l'Amour, premier village russe du sud de l'Extrême-Orient, aujourd'hui situé dans le kraï de Khabarovsk[fegi 11].

En 1856, l'oblast de Primorié est fondé, avec comme capitale Nikolaïevsk. Le 16 mai 1858, la dynastie Qing et l'Empire russe signent le traité d'Aïgoun, un traité inégal qui confère à la Russie toutes les terres situées au nord du fleuve Amour[96]. Ces nouvelles régions sont intégrées à l'oblast de Primorié, et le 31 mai, le village de Khabarovsk est fondé, alors qu'il est situé sur la rive sud du fleuve Amour. Au cours de l'année 1859, des postes militaires sont établis au Primorié ; un à Touri Rog sur une rive du lac Khanka et un autre dans la baie d'Olga[97]. La même année, l'expédition de Nikolaï Mouraviov-Amourski, qui explora la côte nord-ouest de la mer du Japon, détermine le lieu pour la fondation de Vladivostok[98]. En 1860, des soldats établirent d'autres postes, à Razdolnoïe et à Ouglovoïe, ainsi que le 20 juin 1860, le poste militaire de Vladivostok sur la Corne d'Or[96],[fegi 11], à but purement stratégique[99].

Le 2 novembre 1860, la convention de Pékin est signée, un autre traité inégal[100] qui permet l'annexion de toute la Mandchourie-Extérieure, et donc des terres du Primorié[96]. Cependant, la population chinoise est autorisée à rester sur ces terres[100]. Les cosaques, plus particulièrement ceux de l'Amour, sont chargés de développer la région et de la protéger. Ils créent ainsi les premiers villages de la région dès 1859 avec Verkhné-Mikhaïlovka (aujourd'hui Mikhaïlovka) et d'autres[fegi 11]. Ainsi entre 1855 et 1862, 29 villages russes sont fondés dans la région de la rivière Oussouri[101]. En 1866, le village de Nikolskoïe est fondé par des paysans migrants des gouvernements d'Astrakhan et de Voronej, sur, sans que cela se sache alors, le site d'une ancienne ville médiévale (Shuiabin/Xuping)[70].

En 1868 eut lieu la guerre des Manzs, née à cause d'un flou juridique, généré par le traité d'Aïgoun qui avait fait que les « Manzs », c'est-à-dire les populations chinoises vivant désormais en territoire russe conservaient leur citoyenneté chinoise et étaient donc sous le contrôle de l'administration chinoise, même s'ils vivaient dans l'Empire russe. Profitant de ce flou, des clans de bandits chinois, les Honghuzi, commencèrent à s'infiltrer dans la région pour attaquer les Russes. Les batailles et fusillades eurent lieu principalement entre avril et juillet 1868, même s'il y eut des combats après[102].

Une migration importante venue d'Europe (1860-1900)

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Photographie en noir et blanc d'une plaine avec un moulin en bois à 6 ailes sur la gauche.
Moulin à Astrakhanovka près du lac Khanka dans les années 1870, Vladimir Lanine.

Après l'abolition du servage en Russie début 1860, le 26 mars 1861, le gouvernement déclare ouverte la colonisation des régions de l'Amour et du Primorié, pour les « paysans qui n'ont pas de terre et des gens entreprenants de toute classe qui souhaitent se déplacer à leurs propres frais ». Ces paysans doivent cependant payer leurs arriérés pour émigrer, c'est-à-dire la somme qu'ils doivent à leurs anciens propriétaires[103]. Pour attirer, le gouvernement fournit une parcelle gratuite à chaque famille d'une communauté (s'il y au moins 15 familles dans la communauté venante) jusqu'à 100 acres de superficie, sans aucune taxe ou impôt pendant 20 ans[103]. Ils sont aussi affranchi s'ils viennent de la conscription pendant 10 ans, tandis que le commerce n'était pas taxé, contribuant ainsi à un afflux de paysans[104]. Avec quelques modifications mineures, ces règles s'appliquèrent jusqu'en 1900. L'année suivante du décret, le village de Vetka est fondé, sous le nom de Foudine, dans le raïon actuel d'Olga[fegi 11]. Entre 1861 et 1881, environ 51,8 % des migrants s'installant au Primorié venaient des gouvernements d'Astrakhan, de Voronej et de Viatka[105].

En 1862, il y avait déjà 14 000 cosaques qui s'étaient installés sur les rives de l'Amour et de l'Oussouri, avec déjà 29 villages fondés dans le bassin de l'Oussouri. En 1863, Voronejskaïa est fondé à l'endroit du poste militaire de Touri Rog, et en 1864, Vladimiro-Aleksandrovskoïe. En 1866, Oussouriïsk, alors nommé Nikolskoïe, est fondé près de la Suifen, tout comme Astrakhanka et Razdolnoïe. Pour ce faire, les arrivants ont utilisé 3 modes de transports différents selon les périodes. De 1861 à 1881, le transport terrestre fut le principal moyen d'arriver, puis le transport maritime de 1881 à 1901, et ferroviaire de 1902 à 1917. Dès 1881, la ligne maritime entre Odessa et Vladivostok est ouverte, en bateau à vapeur, avec 2 mois de voyage[106]. En 1879, alors que la plaine commence à être bien peuplée, les cosaques se dirigent de plus en plus vers le littoral de la région. L'année suivante, Vladivostok devient la capitale de l'oblast de Primorié[fegi 11], et obtient le statut de ville[99].

Une économie florissante
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Photographie en noir et blanc d'une maison avec un étage qui fait flotter le pavillon de l'Empire russe. La maison, en bois, est sur le bord d'une rue assez large, et au fond se distingue une montagne.
Premier magasin Kunst & Albert, 1876, Vladivostok.

De ce fait, l'économie se développe au Primorié en même temps que l'arrivée de colons, que ce soit le secteur minier, forestier, manufacturier ou autre. En 1867, de l'or est découvert à Askold (au sud de Fokino), et une mine est alors créée. En général, la région de Nakhodka est celle avec le plus de mines, surtout du charbon, du fer, de l'argent et du plomb. Pour l'industrie, elle se développe près des centres urbains, avec en 1864 la création des chantiers navals à Vladivostok. Le secteur privé se développe à partir de 1870 et, en 1890, il y a plus de 200 entreprises privées dans la région d'Oussouriïsk et de Vladivostok, générant 314 000 roubles de richesse. L'électricité arrive au Primorié dans les années 1890. En 1901, dans la région d'Oussouriïsk, près de 1 000 entreprises privées existent déjà, avec un produit brut de plus de 5 millions de roubles[fegi 11].

L'exploitation des richesses est en plein essor. Dès les années 1860, les gisements de charbon se développent dans les régions méridionales (baie de Possiet, Soutchan), ainsi que la recherche d'or[107]. Des industries voient le jour : pêche industrielle de poisson et de fruits de mer, mais aussi des entreprises baleinières russes et étrangères. Il y a des tannerie, des usines de distillation, et en 1900, on compte déjà 395 moulins dans le Primorié. À Vladivostok, les chantiers navals d'Extrême-Orient (Dalzavod) voient le jour[108]. De grandes entreprises s'installent au Primorié (comme Churin Trading House 110 et K, Amur Fleet Partnership, Amur Gold Mining Partnership, Trading House of Kunst and Albers, etc.), tandis que les petites entreprises appartiennent en grande majorité à des Chinois et Coréens[109].

De nouvelles voies de communication
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Photographie de travailleurs parlant avec des officiers de l'armée russe dans une forêt au sol enneigé lors de la construction d'un chemin de fer.
Construction du transsibérien près d'Oussouriïsk en 1895

Les premiers chemins (routes) de terre en Extrême-Orient apparaissent à cette époque, le premier étant celui entre Kamen-Rybolov et Razdolnoïe en passant par le village de Nikolskoïe. Ensuite, un itinéraire est créé entre Nikolskoïe et Anoutchino, puis entre Razdolnoïe et Possiet[109]. La navigation fluviale connaît un essor sur la rivière Oussouri jusqu'à l'arrivée du train. C'est en 1854 que le premier bateau à vapeur sur l'Amour et ses affluents est mis en service, et peu après, la flottille cosaque Amour-Oussouri est créée, flottille sans équivalent dans l'histoire de la Russie. Cette dernière avait son siège, avec ses bateaux, à Iman[110].

En 1889, les cosaques de l'Oussouri sont créés, dans le but de participer à la construction du transsibérien, décrétée en 1891 par Alexandre III, la ligne devant relier Moscou à Vladivostok[111]. La construction du transsibérien a permis de stimuler l'activité économique régionale, et l'ouverture a permis une croissance du commerce et des flux migratoires et de capitaux. Le 2 novembre 1893 ( dans le calendrier grégorien), la ligne est ouverte entre Vladivostok et Oussouriïsk. Elle est ouverte entièrement, c'est-à-dire jusqu'à Khabarovsk, en 1897[112]. Par ailleurs entre 1897 et 1903 est construit le chemin de fer de l'Est chinois à travers la Mandchourie, pour relier plus rapidement la Transbaïkalie au Primorié[fegi 11],[112],[113].

Un accroissement démographique toujours plus important
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Ainsi, entre 1861 et 1900, 69 927 personnes sont arrivés au Primorié, dont 60 263 paysans, soit 87,2 % ; 7 831 cosaques (11,2 %) et 1 832 personnes appartenant à d'autres catégories, soit 2,6 %. Les personnes sont surtout arrivées à partir de 1883, avec 56 000 personnes de 1881 à 1901, dont 55 000 par la mer, avec un trajet de 2 à 3 mois, en passant par Suez et Malacca Les colons venaient surtout d'Ukraine, comptant pour 77 % du total, principalement des oblasts de Tchernihiv, de Kiev et de Poltava. Il y avait aussi un certain nombre de biélorusses et de paysans des régions du sud de la Russie (Astrakhan, Voronej) mais aussi de Viatka, Tambov ou en Sibérie Irkoutsk. Le 22 juin 1900 ( dans le calendrier grégorien), de nouvelles règles sont établies au Primorié et dans l'Amour, avec désormais 15 acres pour les nouveaux colons au lieu de 100[fegi 11]. Une autre force de colonisation vint de ceux condamnés par le régime tsariste à l'exil et aux travaux forcés en Sibérie. En 1900, 4 mille personnes, soit 1,4 % de la population de la région, étaient des exilés[114].

Avec le consentement des autorités russes, des Coréens, les Koryo-saram, et des Chinois s'installent au Primorié, car ces deux groupes subissaient la famine, les inondations et l'exploitation croissante des seigneurs féodaux de leurs pays respectifs (et pour la Corée les crimes de l'occupation japonaise). Ils se font embauchés dans le bâtiment ou dans les mines, et s'installent particulièrement dans le sud sur le littoral ou au bord des rivières[115].

Des expéditions aux confins du Primorié

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Photographie de deux hommes du début du XXe siècle, avec deux gros sacs pleins d'affaires. Lui de gauche est russe, Vladimir Arseniev, lui au centre-droit est Golde, Dersou Ouzala. Ils sont dans un champ, avec des maisons de village en bois en arrière-plan.
Vladimir Arseniev et Dersou Ouzala (ru) en mission d'exploration (photo de 1906). Son récit d'exploration avec son ami Gold lui permet d'écrire Dersou Ouzala par la suite.

Même si annexée, la région n'est pas bien connue, suscitant alors l'exploration. Rien qu'entre 1850 et 1869, 63 expéditions se déroulent dans la région[116]. Entre 1867 et 1869, Nikolaï Prjevalski, naturaliste d'origine polonaise qui fut officier de l'armée impériale russe, géographe et explorateur de l'Asie centrale, explore la région de l'Oussouri. Il écrit ensuite un livre sur sa géographie, sa flore et sa faune, son climat, son histoire et son ethnographie à cette région[117]. Parmi les autres grands explorateurs de l'époque qui font leurs recherches, il y a Constantin Stepanovitch Staritsky entre 1868 et 1870 et Stepan Makarov, officier de marine et un océanographe russe, qui fit le tour du monde à bord de sa corvette Vitiaz, en explorant entre autres les côtes de la région[118].

En 1884, la Société pour l'étude de la région de l'Amour est créée à Vladivostok, avec comme premier président Theodor Friedrichowitsch Busse, qui rassembla pendant une large collection. Ses recherches ont été très significatives quant au développement de l'ethnographie, de l'archéologie, de la philologie au Primorié. En 1890, le premier centre d'histoire locale d'Extrême-Orient (futur musée Arseniev), est créé à Vladivostok, et le jardin de la société botanique de Vladivostok est créé en 1900[119].

L'explorateur le plus connu du Primorié est sans aucun doute Vladimir Arseniev, dont sa renommée est telle que le musée d'histoire de la région s'appelle le musée Arseniev (tout comme des rues, statues, etc.). Officier-topographe de l'armée russe, il arrive en Extrême-Orient en 1900, où il y passera trente ans (il meurt à Vladivostok en 1930). À pied et en bateau, il a parcouru des dizaines de milliers de kilomètres le long des zones inexplorées de l'Amour et de Sakhaline, du Kamtchatka et surtout la région de l'Oussouri. Ses données collectées et ses descriptions d'histoire naturelle et ethnographiques sont certainement les plus riches alors existantes. Il écrivit plus de 50 ouvrages scientifiques, préparés de nombreux rapports entre autres[120]. Lors de l'une de ses nombreuses expéditions, le 3 août 1906 ( dans le calendrier grégorien), il rencontre Dersou Ouzala, un autochtone oussourien de la tribu Nanaï (qu'on appelait, il y a peu, « Golde »), avec qui il se lie d'amitié, Dersou Ouzala devenant son guide[fegi 12]. Parmi ses livres, le plus connu est Dersou Ouzala, adapté entre autres au cinéma avec Dersou Ouzala en 1976, film russo-japonais réalisé par Akira Kurosawa. Le film remporte l'Oscar 1976 du meilleur film étranger[121].

Le 21 octobre 1899 ( dans le calendrier grégorien), le premier établissement d'enseignement supérieur a été ouvert à Vladivostok et plus largement en Extrême-Orient : l'institut Oriental, étudiant les pays voisins de Chine, Tibet, Mandchourie, Corée et Japon. L'institut contribua à développer les liens entre la Russie et les pays de l'Orient, et avait l'une des meilleures bibliothèques sur le sujet[122]. Cet établissement est l'ancêtre de l'actuelle université fédérale d'Extrême-Orient[123].

L'essor économique du Primorié malgré les guerres (1900-1917)

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Photographie de batteries en béton sur une hauteur.
Une batterie de la forteresse de Vladivostok, construite entre 1899 et 1903.
Carte de l'oblast de Primorié en Extrême-Orient russe.
Oblast du Primorié en 1913.

La première décennie du XXe siècle fut marquée par une crise économique, alors que l'Empire connaît une défaite face aux Japonais et une révolution ; en 1906, le nombre d'entreprises avait stagné par rapport à 1901 et la production avait chuté de plus d'un tiers. En particulier, le secteur de la pêche est affecté le plus durement, de nombreux bateaux sont confisqués par les Japonais tandis que les pêcheurs japonais prennent le droit de pêcher au Primorié, mettant une concurrence forte sur les pêcheurs russes[fegi 11].

La guerre russo-japonaise et ses impacts
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La guerre russo-japonaise entre 1904 et 1905 a un impact significatif sur le Primorié. Juste avant la guerre, à l'été 1903, un grand nombre de bateaux partirent de Vladivostok pour Port-Arthur[124]. Pendant la guerre, la région sert de base arrière, et au printemps 1904, la ville de Vladivostok est bombardée pendant 45 minutes par des navires de guerre nippons[125]. Une fois la défaite actée face aux Japonais, de nombreux Russes vivant en Mandchourie, à Port-Arthur ou encore à Sakhaline viennent se réfugier dans la région[126].

La révolution russe de 1905 au Primorié et ses suites
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La révolution russe de 1905 affecte aussi la région[fegi 11],[127]. La signature le 17 octobre 1905 ( dans le calendrier grégorien) par l'empereur Nicolas II de Russie sous l'influence de Serge Witte du Manifeste d'octobre est relayé par les journaux du Primorié à partir du 21 octobre et le même jour, la première manifestation de Vladivostok a lieu. Le 26 octobre, lors d'une manifestation organisée par la Société des lectures folkloriques, environ 3 000 personnes participent, dont des soldats et marins. Le mécontentement croit au sein de l'armée à Vladivostok et, les 30 et 31 octobre, les troubles militaires à Vladivostok se soldent par des pogroms de masse et des incendies au cours desquels plus de 180 personnes sont blessées et tuées, tandis que les pertes se chiffrent de 8 à 10 millions de roubles impériaux. Le 12 novembre, le « soulèvement de Port Arthur » éclate à Vladivostok, mené par les participants à la bataille de Port-Arthur revenus de captivité au Japon, où les manifestants submergent les officiers. Mais dans les jours qui suivent, le soulèvement est réprimé[128]. En décembre 1905, par signe de solidarité, les ouvriers des postes et télégraphes et les employés de Khabarovsk font grève, interrompant les transmissions pendant plusieurs jours entre les deux extrémités du pays[128],[120].

À la fin de l'année 1905, la révolution atteint son apogée, avec la création des premiers syndicats sur le chemin de fer de l'Oussouri et dans le port de Vladivostok. Des soviets (litt. « conseil ») apparaissent aussi comme organe du pouvoir révolutionnaire. C'est ainsi que le 12 décembre 1905 ( dans le calendrier grégorien), un rassemblement de milliers de soldats et de marins a eu lieu à Vladivostok, où fut élu le « Comité exécutif des rangs inférieurs de la garnison de Vladivostok », composé de 12 personnes, qui était essentiellement le Conseil des députés des soldats. Au cours du même mois, une charte de l'union paysanne de la région du sud de l'Oussouri est votée lors du congrès paysan de Nikolsk-Oussouriïsk. D'autres rassemblements ont lieu dans les villages cosaques[129].

Le 10 janvier 1906, à l'anniversaire du Dimanche sanglant[note 13], une manifestation a lieu. Elle est réprimée par ordre du commandant de la ville Andreï Selivanov, avec des tirs de mitrailleuses qui ont été ouverts sur les manifestants. Il y avait environ 90 personnes tuées et blessées des suites de la répression. En réponse à la répression, un soulèvement a éclaté dans la ville, et les autorités ont été paralysé, submergées par les manifestants. Le 16 janvier, les funérailles des victimes ont eu lieu devant une foule immense, tandis que la ville était aux mains des insurgés. Mais dans la nuit du 23 janvier, les troupes cosaque du général Pavel Michtchenko sont entrées dans Vladivostok, et les insurgés ont été désarmés[129].

En 1906 et en 1907, les forces antigouvernementales étaient menées au Primorié par les partis de gauche, avec le parti ouvrier social-démocrate (POSDR), les socialistes révolutionnaires (SR) mais aussi les anarchistes. Au début de 1907, le POSDR de Vladivostok s'est considérablement renforcé, avec la création d'une imprimerie clandestine et la création de liens avec les cellules de Khabarovsk et de Nikolsk-Oussouriïsk. En avril à Vladivostok, à un congrès du SR, l'Union d'Extrême-Orient du parti socialiste-révolutionnaire est créé. Mais après le coup de force du 3 juin 1907, la répression des organisations révolutionnaires a lieu[129]. Le 11 juillet 1907 ( dans le calendrier grégorien), des membres de l'armée de Vladivostok appartenant aux sociaux-démocrates sont arrêtés et leur chef est exécuté[130]. La censure est mise en place à travers le pays, tout comme la répression des syndicats et partis politiques[131].

Dans les années qui suivent, malgré la censure et les répressions[131], la vie politique s'installe dans la région, avec des conférences, organisations marchandes, syndicats, grèves et autres. Des affrontements ont lieu régulièrement entre la police et les militants, ainsi que des grèves, avec 523 mouvements sociaux dans l'oblast de Primorié rien que pour l'année 1913, dont 187 rien qu'à Vladivostok. En réponse à ces mouvements, le 1er septembre 1913 ( dans le calendrier grégorien), l'inspection des usines de l'oblast est introduite[132].

Un regain économique et une facilité de venir s'installer au Primorié
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Photographie depuis la mer d'une ville installée entrer mer et montagnes.
Vladivostok en 1916.

L'économie sort de la crise en 1908, lorsque les investissements de l'État commencent, surtout dans les transports et dans le secteur militaire, couplés à des flux migratoires. Ainsi en 1913, le PIB régional s'élevait à 13,6 millions de roubles, et en 1914, le PIB a quasiment doublé, avec 25 millions de roubles de production[note 14] : 16 millions de roubles venaient du secteur agricole, 3,5 millions du secteur minier, et 1,2 million de l'imprimerie. De plus, les entreprises publiques étaient souvent très productives, dont la plus grande, Dalzavod ; les chantiers navals de Vladivostok généraient à eux seuls 3 millions de roubles. La mécanisation de la région avait commencé, et le secteur minier croissait, passant de 7,8 millions de livres de charbon en 1905 à plus de 36 millions de livres en 1916. Juste avant la guerre civile, le PIB était de 36 millions de roubles, dont 24 millions pour l'agriculture et l'industrie combinées et 11 millions pour le secteur minier[fegi 11].

Contrairement à la Russie européenne, les paysans étaient dans la région de grands propriétaires fonciers. En moyenne au Primorié, chaque famille avait 24 hectares de terres, contre seulement 1 à 2 hectares en Russie européeene[133]. De plus, la population était bien plus urbanisée, représentant 20,1 % des habitants du Primorié en 1896, et en 1913, 28 %, alors que la moyenne en Russie était respectivement de 13,4 % et 17,9 %[134]. La population était très masculine, avec seulement 28,4 % de femmes selon le recensement de 1897, et 38,9 % en 1914. Progressivement, les populations asiatiques — Chinois et Coréens — ont diminué, passant de 26,4 % en 1897 à 17 % en 1913[135].

Piotr Stolypine, Premier ministre de l'empereur Nicolas II de Russie, encouragea la colonisation du Primorié. Sa réforme agraire de 1906 favorise l'afflux de paysans vers l'Extrême-Orient, et en 1909, il crée le Comité pour la réinstallation en Extrême-Orient et développe de plus le « Programme 105 ». Ce programme offre divers avantages aux colons : le droit de se déplacer aux frais de l'État, un pécule de 100 à 200 roubles selon la zone de réinstallation, des travaux préalables d'aménagement du territoire, et la création d'écoles, de postes médicaux dans les villages ainsi que des routes. Malgré la bureaucratie, le programme est couronné de succès : entre 1900 et 1916, plus de 200 000 personnes sont arrivées dans l'oblast de Primorié[135].

Le transport maritime connaît à cette époque une forte hausse. Le port de Vladivostok devient en 1915 l'un des cinq plus grands ports russes, et le premier d'Extrême-Orient. Il accueille des centaines de navires marchands, dont des étrangers. C'est à cette époque que la ville obtient un caractère international, avec une douzaine de consulats et un grand nombre de missions commerciales étrangères[110]. Une grande partie de cette affluence est due à la Première Guerre mondiale, avec le blocus des ports russes européens[132].

Le , le Kamtchatka et l'île de Sakhaline sont séparés de l'oblast de Primorié, en conformité avec la loi du [136]. Le , avec l'inauguration du pont de Khabarovsk, le Transsibérien est fini, et la région est reliée par train à la Russie européenne[fegi 11].

Entre 1861 et 1917, 245 476 paysans sont arrivés au Primorié, créant 342 villages, souvent agricoles. L'agriculture a ainsi connu en essor fulgurant, avec de nombreuses cultures céréalières, de grands vergers (poires, raisins, groseilles) et d'importants élevages. Pour la première fois, la technique de rotation culturale, et les machines sont apparues dans la région. À la veille de la guerre civile en 1917, le Primorié était peuplé de 307 332 personnes, réparties en 53 078 ménages, et parmi la population, il y avait 42 033 cosaques. Il y avait plus de 185 000 têtes de bovins, 181 000 porcs et 100 000 chevaux ; 235 912 personnes travaillaient dans l'agriculture, près de 300 moulins tournaient dans la région[fegi 11].

Révolutions et guerre civile russe

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De février à octobre 1917

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La nouvelle de l'abdication de Nicolas II, suivant la révolution de Février, n'est connue au Primorié que le lendemain de la révolution[127]. Les organisations socialistes se rangent au côté du soviet de Petrograd, bien que le nouveau commissaire de l'oblast soit nommé par le nouveau gouvernement provisoire. Un soviet est élu le 4 mars à Vladivostok, puis dans les jours suivants à Soutchan, Nikolsk-Oussouriïsk et à Anoutchino[137]. Les cosaques de l'Oussouri élisent un comité exécutif[fegi 13]. Les partis politiques émergent au Primorié, principalement les deux de gauches ; le parti socialiste-révolutionnaire et le Parti ouvrier social-démocrate de Russie (le dernier composé des bolcheviks et des mencheviks. En septembre, le POSDR compte 5 000 militants en Extrême-Orient, principalement concentrés au Primorié, dont 2 000 bolcheviks[138]. Le comité régional des soviets est formé en mai à Vladivostok[fegi 13].

Photographies depuis l'étage d'une maison d'une rue pleine de manifestants, entourée de bâtiments en bois.
Manifestation pro-soviétique en 1917 à Vladivostok.

À Vladivostok les syndicats ont le vent en poupe, avec plus de 36 000 travailleurs syndiqués en juin 1917. Les partis de gauche, via le soviet, ont essayé d'augmenter leur influence dans l'armée, qui compte plus de 40 000 soldats et 6 000 marins au Primorié. Dès l'été, l'influence des bolcheviks s'accroît fortement, avec des comités bolcheviks à travers la région. Le 2 septembre à Vladivostok, la journée de travail de 8 heures est instaurée dans les entreprises étatiques[127], et de 6 heures pour les ouvriers[fegi 13]. Des gardes rouges se forment au cours de septembre sous la direction des bolchéviks, comme à Vladivostok, Iman et Nikolsk-Oussouriïsk. Après la fin de l'affaire Kornilov en septembre, le comité régional des soviets, sous les ordres du gouvernement provisoire, ordonne la dissolution de tous les comités exécutifs unis où plusieurs partis sont réunis. Mais le comité exécutif uni du Soviet de Vladivostok reste au pouvoir grâce à la coopération des branches locales des partis. Mais dans l'ensemble, la région devient de plus en plus bolchévique, comme dans les soviets de Nikolsk-Oussouriïsk ou de Soutchan[fegi 13].

La nouvelle de la prise du pouvoir par les bolcheviks

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La nouvelle de la révolution d'Octobre arrive le 8 novembre (26 octobre dans le calendrier julien) au Primorié, soit le lendemain, via des télégrammes[127]. L'information est dans un premier temps gardée secrète par le commissaire régional du gouvernement provisoire, avant que le Soviet de Vladivostok ne la révèle de manière biaisée le 10 novembre 1917[fegi 14]. Ce n'est que lors du retour durant le mois des délégués du Primorié au deuxième congrès panrusse des Soviets que l'information est publiée ainsi que les décrets de Lénine sur la paix, la terre, les nationalités et le contrôle ouvrier. C'est à ce moment qu'est créé le conseil des commissaires du peuple. Ce même mois, des zemstvo et des gouvernements locaux se forment à travers le Primorié. Ces conseils municipaux étaient élus au suffrage universel direct[fegi 14]. Un conseil régional est apparu au Primorié en décembre, tandis que Krasnochtchekov,[139] un bolchevik, proclame le pouvoir soviétique au Primorié, ne reconaissant pas les zemtsvos, et souhaitant à la place faire élire des comités exécutifs. Les zemstvo et gouvernements municipaux, déjà pas satisfaits des politiques économiques, ont cherché à reprendre le pouvoir, et ils étaient soutenus par les corps consulaires présents à Vladivostok des puissances alliées, hostiles aux bolchéviks[fegi 14]. Les bolcheviks mirent en place des contrôles dans les usines, et donnèrent des terres aux paysans, tout en recrutant pour l'Armée rouge. Les relations devenaient de plus en plus tendues au Primorié, et surtout concernant les cosaques. Les cosaques de l'Oussouri voulaient une grande autonomie, ce qui signifiait leur indépendance vis-à-vis des soviets[fegi 14].

Implication de puissances étrangères et de forces blanches

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En décembre 1917, les puissances alliées s'accordent sur une intervention dans différentes zones en Russie. En janvier 1918, deux croiseurs japonais et anglo-américain entrent dans le port de Vladivostok[140]. En parallèle, le IVe Cercle militaire[note 15] élit Ivan Kalmykov comme ataman, qui entame des contacts, pour un soutien financier, avec la France, le Royaume-Uni et le Japon. Ce dernier, qui veut l'indépendance vis—à-vis des bolcheviks[141], forme des détachements sur les emprises du chemin de fer de l'Est chinois. Mais il est remplacé en mars par un partisan soviétique[142]. Dans les campagnes, des conseils de paysans et cosaques pro-soviétiques se formèrent[fegi 14]. Dans les alentours du chemin de fer de l'Est chinois, Dimitri Khorvat, Grigori Semenov et Kalmykov forment des détachements[fegi 14].

Le , au prétexte de l'assassinat de deux citoyens japonais à Vladivostok, et pendant les deux jours suivants, des navires japonais et britanniques font débarquer plus de 15000 hommes dans la ville, officiellement pour protéger leurs nationaux respectifs. Lénine met en garde le Soviet de Vladivostok de la possibilité d'une intervention alliée, lui demandant de se préparer et d'évacuer le plus important. Cependant, fin avril, les troupes sont rappelées sur les navires, mais cet évènement n'était qu'une répétition pour une futur intervention. Le premier détachement des légions tchécoslovaques partant de la Russie arrive à Vladivostok le , ce qui leur donne le contrôle de tout le transsibérien[143]. En mai, une légion tchécoslovaque se révolte en Sibérie le long du transsibérien[fegi 14].

Prise par les Armées blanches et intervention alliée

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Photographie des commandants et chefs d'état-major de la mission militaire alliée en Sibérie, Vladivostock. Sur la première rangée, de gauche à droite : le major-général Saburo Inagaki (armée japonaise), le colonel Louis Geissier (armée belge), le major-général William Sidney Graves (armée américaine), le général Kikuzo Otani (armée japonaise), le lieutenant-général Mitsue Yuhi (armée japonaise), le général de brigade Yuyousi (armée japonaise), le lieutenant-colonel Fillippi, comte de Baldissero (armée italienne). Sur la rangée du milieu, de gauche à droite : le professeur M. Maruyama (Japon), le général de brigade JN Blair (armée britannique), le colonel HH Pattison (armée américaine), le colonel Fucking (armée japonaise), le major Ou (armée japonaise), le colonel M. Le Magnen (armée belge), lieutenant-colonel OP Robinson (armée américaine), major C. Majora, major général M. Nakajima (armée japonaise). Sur la rangée arrière, de gauche à droite : capitaine T. Watanabe (armée japonaise), capitaine RJ Hoffman (armée américaine), major S. Hasebe (armée japonaise), capitaine G. Bazzani (armée italienne), lieutenant-colonel B. Vuchterle, major Gaston Renondeau (armée française), major J. Broz, capitaine FB Rives (armée américaine).
Siberia- Civil War and Western Intervention 1918-1920. Commandants alliés de l'Intervention en Sibérie, avec au premier plan William S. Graves (3e) et Gaston Renondeau en arrière-plan (6e). Vladivostok, 1918.

Le gouvernement provisoire Sibérien autonome organise un coup d'État à Vladivostok le , avec l'aide de Mikhaïl Dieterechs et de 10 000 légionnaires des légions tchécoslovaques[144]. Il arrête le comité exécutif du Soviet de Vladivostok[145]. Le lendemain, le GPSA laisse sa place au gouvernement provisoire de la Sibérie autonome, gouvernement encore plus fidèle aux Armées Blanches[fegi 14]. Des combats ont lieu à Volno-Nadejdinskoïe et à Nikolsk-Oussouriïsk[fegi 14], qui est prise le aux bolcheviks par les Blancs. Le 16, Iman est prise[145]. Mais le 1er août à Kaoul, l'Armée rouge lance une offensive, qui repousse les Blancs à 40 km au sud[146].

Le 1er août, l'intervention alliée en Sibérie débute, avec le débarquement de troupes françaises, japonaises, anglaises, canadiennes, italiennes et américaines, principalement à Vladivostok. Les Bolcheviks ordonnant d'abandonner la région le 4 septembre face à l'avancée des Blancs et des alliés. Une résistance clandestine commence alors[fegi 14], avec en août un comité clandestin de bolcheviks à Vladivostok qui devient début 1919 le Comité régional d'Extrême-Orient du RKP (b)[fegi 4]. De l'autre côté, le 3 novembre, le gouvernement provisoire laisse sa place au directoire, dirigée par l'amiral Koltchak à partir du . Le gouvernement de Koltchak, y compris au Primorié, ne parvient pas à empêcher l'envolée des prix, la dépréciation du rouble et la crise économique. La répression envers les bolcheviks faisant la guérilla a continué, avec des arrestations et exécutions[fegi 4].

Ouvriers, syndicats et sympathisants des bolcheviks étaient surveillés. Des grèves eurent lieu au printemps 1919, puis des grèves générales en juillet-août, réprimées dans le sang. Le gouvernement de Koltchak donna des terres des cosaques aux paysans, mais restait impopulaire à cause des troupes japonaises, mal vues en raison de leurs excès (exécutions, vols, etc.). Les Japonais ne faisaient pas cas du gouvernement Koltchak, et agissaient comme des troupes d'occupation[fegi 4].

Le renversement progressif de la balance vers les rouges

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Carte
Principaux lieux de résistance communistes face à Koltchak

Le mouvement partisan au Primorié s'intensifie dès décembre 1918, à cause de la mobilisation des jeunes dans l'armée de Koltchak. Au printemps, des réseaux étaient déjà actifs dans de nombreux lieux du Primorié, avec plus de 3 000 personnes dans les rangs, surtout des bolchéviques[fegi 4]. Sergueï Georgiyevitch Lazo, Moïsseï Goubelman et A.P. Anioutine ont été envoyés coordonner les réseaux de partisans en avril 1919, et des grèves ont lieu en mai et juillet 1919 pour exiger le retrait des Américains et Japonais[147], tandis que Lazo renforce dans la vallée de la Soutchan les mouvements partisans en juin[fegi 4]. Face aux actions de résistance de plus en plus importants[148], Koltchak mobilise plus de 6 000 hommes pour réprimer les détachements partisans en au Primorié[fegi 4],[140].

Les bolcheviks, à la suite des défaites en Sibérie de l'armée de Koltchak (grande marche de glace de Sibérie) et du retrait des alliés au cours de 1920, entament le processus de création d'un État tampon, démocratique et bourgeois entre la RSFSR et le Japon[fegi 4],[149]. Les forces alliées, ne pouvant empêcher la défaite certaine des Blancs en Sibérie, commencent à partir. Le département d'État des États-Unis, certes violemment anti-bolchéviks, s'était rendu compte que les Blancs étaient une cause perdue. Le , le major-général William S. Graves ordonna aux soldats américains de se rassembler dans leurs quartiers, et le , il reçut l'ordre de Washington de commencer l'évacuation[150]. Les premières unités américaines se retirèrent début janvier, et malgré les grèves et les sabotages des voies du Transsibérien, les derniers hommes et Graves partirent le . En même temps, les Britanniques, les Tchèques et les Français se retirent. En juin 1920, les derniers Tchécoslovaques embarquent à Vladivostok vers les ports européens[151].

Main mise des communistes au Primorié

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Photographie en légère contre-plongée en noir et blanc d'un homme regardant vers le centre droit.
Sergueï Lazo est sans doute l'un des principaux révolutionnaires du Primorié. Le raïon de Lazo est d'ailleurs nommé en son honneur.

Le gouvernement de Koltchak est renversé à Nikolsk-Oussouriïsk le , puis par un coup d'État à Vladivostok le [152]. Sergueï Lazo et ses camadares se sont donné mission de soviétiser la région, même si le bureau sibérien du RKP (b) (Sibburo) voulait une république démocratrique bourgeoise[149],[fegi 4]. Après de nombreux débats, ce projet de république est approuvé, sous la pression de Lénine qui ne voulait pas que les Japonais soient provoqués, alors que Lazo, Sibirtsev et d'autres sous-estimaient cette menace[149]. En parallèle, l'incident de Nikolaïevsk heurte les Japonais qui se méfient de plus en plus des bolcheviks. Il contraint les bolcheviks à ne stationner aucune troupe de l'Armée rouge dans les villes du Primorié, ainsi qu'à laisser une ligne de démarcartion entre les Japonais et la future république[149],[153]. Les Japonais organisent un coup d'État dans la nuit du 4 au dans les grandes villes du Primorié et Priamourié[154], cherchant à passer le pouvoir à d'autres factions, qui refusent. Il y a de nombreuses arrestations et exécutions. Lazo, Loutski et Sibirtsev sont arrêtés, emmenés à la gare de Mouriavov-Amourski, et tués, puis leurs corps sont brûlés[154]. Environ 7 000 soldats et civils sont tués lors des affrontements[149],[fegi 15].

Le à Verkhnéoudinsk, la république d'Extrême-Orient (FER) est proclamée pour former un État tampon entre les rouges et les Japonais[149],[fegi 15]. Le , il est décidé lors de l'accord de Gongota (FER et Japonais) d'un retrait progressif des Japonais de l'Extrême-Orient. Avec le retrait, les Blancs de Transbaïkalie s'enfuient vers le Primorié[149]. Mais en automne 1920, il se maintiennent au Primorié et dans la ville de Nikolaïevsk[149],[153]. La FER a cependant un pouvoir civil au Primorié, avec une direction dirigée par Vassili Grigorievitch Antonov, un bolchévik[149]. Des élections ont lieu pour élire l'Assemblée constituante d'Extrême-Orient en début janvier 1921, où les bolcheviks sortent vainqueurs[155]. Elle adopta une constitution en avril, selon laquelle le pays est multipartiste, sont garanties l'égalité entre les citoyens, les libertés fondamentales et la propriété privé, et l'économie est libérale[149]. Mais en pratique, il s'agit d'un État fantoche et autocratique, dirigé par les bolchéviks. Cela le rend impopulaire, et suscite de nombreux mouvements non-socialistes[156],[157],[149].

Dès mars 1921, les Armées Blanches s'organisent à Harbin pour préparer un coup d'État. Ils en tentent un le , qui échoue. Mais les Armées Blanches arrivent à récupérer les armes des légions tchécoslovaques[156],[149],[153]. Le Kappel et ses soldats prennent Nikolsk-Oussouriïsk[149],[158],[159].

Gouvernement provisoire du Priamour sous les Merkoulov

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Photographie en noir et blanc de face de trois hommes ne regardant pas la caméra (sauf celui de droite), avec un à gauche, un au centre et un à droite.
De gauche à droite : le ministre des Affaires étrangères ND Merkoulov, l'amiral GK Stark et SD Merkoulov, président du gouvernement provisoire du Priamour.
Carte en vert de la zone contrôlée par le Priamour.
Carte du Priamour fin décembre 1921 à son extension maximale.

Le coup d'État de la Garde blanche, le à Vladivostok[160],[fegi 15], permet la formation du gouvernement provisoire de Priamour, avec à sa tête Spiridon Dionissevitch Merkoulo[161]. Après douze jours de combats, les communistes sont chassés du Primorié[156]. Le gouvernement blanc crée une armée, nommée Belopovstanskaïa (BPA), comptant 15 000 soldats, avec le général de Koltchak Grigori Verjbitski à leur tête. Les cosaques du mouvement blanc en Transbaïkalie et ceux de Vladimir Kappel furent incorporés à l'Armée[156]. Pour se distinguer de la FER, il se présenta comme démocratique et libéral. L'indépendance judiciaire fut rétablie, mais l'indépendance de la presse restreinte. Mais le gouvernement était dépendant des Japonais pour sa survie financière[156].

La campagne de Khabarovsk est lancée en novembre 1921 par le Priamour[160]. Le , Khabarovsk est prise[162], soit une avancée de plus de 600 kilomètres en moins de deux mois, et la BPA pousse ensuite de l'autre côté du fleuve Amour[156],[fegi 15]. Mais la désorganisation est totale, manque de ravitaillement, de vêtements, Khabarovsk est abandonnée sans combat le par la NRA (l'armée de la FER)[162], le 27, Bikine est contrôlée par la NRA[163],[156], puis c'est au tour d'Iman le [162]. La débandade fait émerger des conflits entre le gouvernement et le commandement de la BPA. Le commandement de la BPA considère en effet que le premier a eu recours à des conseils de « personnes irresponsables ». En parallèle, des négociations commencent entre la RSFSR et le Japon sur une évacuation complète du Primorié. Au printemps 1922, à cause de ce possible départ, le moral est au plus bas, la situation est désespérée, et une révolte est de plus en plus probable[156],[164].

Gouvernement provisoire du Priamour sous la dictature de Dieterichs

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Portrait en couleur d'un général militaire russe de face qui regarde vers la gauche.
Portrait de Dieterichs.
Photographie en noir et blanc de face d'un homme japonais regardant la caméra.
Katō Tomosaburō, qui décida de la fin du retrait.

Le général Mikhail Dieterichs, arrête les frères Merkoulov le après que ces derniers ont dissous l'Assemblée du peuple, ce qui servit de motif pour Dieterichs. L'Assemblée appela à l'aide les militaires[165], et le , elle renverse le gouvernement. Mais Dieterichs maintient l'ancien gouvernement, y compris les Merkoulov, pour avoir des alliés, et ce jusqu'à la tenue d'un zemski sobor que les cosaques avaient proposé début juin[165]. En juillet eurent lieu des élections pour choisir les représentants au zemski sobor, tout le monde étant éligible sauf les communistes et socialistes[165],[166]. Le zemski sobor s'ouvrit le , et fut clôturé le . Dès le 8 août, Dieterichs devient gouverneur[167] tandis que le pays devient une dictature militaire, s'appuyant sur l'Église orthodoxe russe pour sa légitimité. La BPA est renommée en « Zemskaïa Rat »[167], et les communistes et socialistes sont expulsés du territoire[165]. Dieterichs essaie en vain de convaincre les industriels de l'aider. Les Japonais, sous le gouvernement de Katō Tomosaburō, se retirent de Spassk début septembre, tandis que la NRA avance et que Dieterichs perd de plus en plus de territoire[168].

Le , il lance une offensive en direction de Khabarovsk, et après quelques villages repris ainsi que Spassk[169],[168], la NRA lance l'Opération du Primorié le . Le 8 et le , la bataille de Spassk-Dalni est remportée par la NRA qui peut alors se diriger vers le sud[170],[169]. En fin de journée le , l'Armée rouge arrive à Nikolsk-Oussouriïsk[171], ainsi que dans le raïon de Grodekovo. Le , la Ire division transbaïkale atteint la périphérie de Vladivostok, ville encore occupée par les Japonais. Une grève générale commence le à Vladivostok pour soutenir la NRA[169].

À la suite de la bataille de Spassk, il était évident que la région serait prise. Dès l'été, le repli vers Petropavlovsk-du-Kamtchatka est envisagé pour crééer un État indépendant au Kamtchatka, sous protectorat japonais. Le 16 octobre, l'amiral Stark demande l'approbation de ce plan à Dieterichs, qui lui répond de faire ce qu'il veut avec la flottille sibérienne. L'évacuation des restes des armées blanches commence avec celle du gouvernement et de civils vers le port alors japonais de Wonsan. Le projet de repli au Kamtchatka a vécu[172].

Photographie den noir et blanc d'une rue pleine de manifestants agitants des drapeaux communistes devant un bâtiment pavoisé d'un drapeau communiste et avec l'étoile rouge où se trouve la faucille et le marteau dessus.
Manifestation pro-communiste le 14 à Vladivostok pour l'adhésion devant l'Assemblée populaire.

Le , les Japonais et le gouvernement de la FER signent à la halte de Sedanka un accord qui prévoit le retrait des troupes japonaises au plus tard le [160] à 16 heures. À 16 heures, le , l'Armée rouge pénètre dans Vladivostok sans combat, la dernière grande poche des Armées blanches est tombée[169]. La chute ne fut saluée que par la RSFSR, les pays européens jugeant la zone comme peu importante[173]. Le 8 et le , de grandes manifestations sont organisées par les bolchéviks pour l'intégration de la FER dans la RSFSR, et le , l'Assemblée populaire de la FER adopte une résolution dans ce but. Le , le comité exécutif central panrusse accepte la demande[174],[fegi 15]. Le , Lénine déclara ; « Vladivostok est loin, mais c'est une ville à nous »[175].

Période soviétique

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Années 1920 et 1930

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Incorporation à la Russie soviétique
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Le , la république d'Extrême-Orient est dissoute et incorporée à la république socialiste fédérative soviétique de Russie. Le Primorié est alors intégré à l'oblast d'Extrême-Orient, qui a Tchita comme capitale. L'oblast, comprenant aussi le kraï actuel de Khabarovsk, dispose de plusieurs comtés, dont celle du Primorié. Cette province était divisée en cinq okrougs : celui de Vladivostok, de Nikolsk-Oussouriïsk, de Spassk, de Nikolaïevsk et de Khabarovsk[note 16],[fegi 16].

Une démographie et une économie changeantes, sous influence extérieure
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Pendant les années 1920, de nombreux dissidents se sont exilés en Mandchourie voisine, en fondant des colonies de Russes. En effet, la frontière était très poreuse avec la Chine et la Corée, permettant banditisme et autres trafics. La Guépéou s'est saisie du problème et a fait en sorte de surveiller la frontière pour arrêter ce banditisme croissant[non neutre]. La contrebande représentait en 1925 12 % de toutes les marchandises du Primorié, dont 29 % d'alcool. Mais la porosité a aussi permis dans les années 1920 l'installation de nombreux Coréens fuyant la domination japonaise, surtout dans le sud du Primorié. Dans le raïon de Possiet, 90 % de la population était coréenne. Il y avait aussi des Chinois, venant faire des travaux saisonniers[fegi 16].

Photographie en noir et blanc d'une vingtaine de soldats coréens alignés en deux rangées.
Partisans coréens dans le Primorié

En 1926, la population était peuplée d'environ 630 000 habitants[176], représentant alors 44 % de la population de l'Extrême-Orient. La région était aussi le cœur industriel du Primorié (52 % de la production totale), avec de nombreuses usines d'abord privées, mais pour certaines nationalisées en 1923 et 1924. Mais dans l'ensemble, Moscou a laissé le secteur privé plus longtemps tranquille dans la région, car c'était une des rares régions de Russie où la guerre civile n'avait pas été synonyme de destruction. Les capitaux privés étrangers jouaient un rôle central, et 66 % des commerces étaient d'ailleurs possédés par des étrangers, la grande majorité par des Chinois. Des sociétés mixes furent créées, ainsi que des concessions, surtout dans le domaine minier. Dans les années 1920 près de 58 % des entreprises étaient détenues par le privé[fegi 16].

Carte des subdivisions du kraï d'Extrême-Orient.
Kraï d'Extrême-Orient en 1938.

Le , l'oblast d'Extrême-Orient est dissous, et le kraï d'Extrême-Orient le remplace alors. Le , l'oblast de Primorié est créé, toujours inclus dans le kraï d'Extrême-Orient[fegi 16]. En 1929 a lieu un conflit sino-soviétique en Mandchourie voisine, remporté par l'Armée rouge gagne[fegi 16].

Politiques staliniennes au Primorié
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Au début des années 1930, avec la fin de la nouvelle politique économique, la nationalisation s'étend à toutes les entreprises ; les capitaux privés et/ou étrangers sont presque interdits, et les concessions fortement réduites. L'État prend la place du privé via les subventions, dans des secteurs comme les transports, les mines, la sylviculture, les chantiers navals ou bien la pêche. Pour ce faire, des soldats de l'Armée rouge avec leurs familles sont installés en Extrême-Orient[fegi 16].

Mais les autorités ont aussi utilisé les travaux forcés avec les goulags, comme le Dallag, à Artiom ou encore Vladperpunkt, ce dernier étant un camp de transit à Vladivostok. Il y avait 70 000 prisonniers au Primorié en 1937. En 1937, de nombreuses expulsions ont eu lieu, environ 200 000 personnes, surtout coréennes et chinoises. Par ailleurs les Grandes Purges ont fait 9 000 victimes au Primorié[fegi 16].

Naissance du kraï du Primorié
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Le , par décret du præsidium du Soviet suprême, le kraï d'Extrême-Orient est dissout et son territoire est divisé en plusieurs zones, dont le kraï du Primorié[177]. En 1939, la population s'élevait à 906 805 habitants, avec une population urbaine plus importante que la population rurale. Cela fit d'elle une des premières régions de Russie qui avait parmi les plus fortes proportions urbaines[fegi 16].

Collectivisation des terres

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Caractéristiques du Primorié avant la collectivisation
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Tout comme dans le reste de l'Union soviétique, le Primorié connaît en 1923 la crise des ciseaux puis entre 1927 et 1928 une crise de la distribution agricole et céréalière, entraînant l'abandon par Joseph Staline de la nouvelle politique économique. Il lance ainsi en 1929 la collectivisation des terres, et le Primorié n'échappe pas à la règle[fegi 17].

Juste avant la collectivisation, le Primorié se caractérise par une part importante de ménages aisés, souvent des familles d'agriculteurs. Les populations coréennes et les anciens cosaques possèdent le plus de terres, et ils sont souvent en contact avec les blancs vivant en Mandchourie, de l'autre côté de la frontière. Ces populations étaient des koulaks, ennemi pour Staline. Profitant de la dépossession, le pouvoir profita aussi pour enlever les terres aux petits exploitants, y compris les pauvres[fegi 17].

Début de la collectivisation et premières conséquences
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Photographie d'un champ avec des bottes de foin et des collines au fond.
Champ dans le raïon de Tchernigovka.

La collectivisation a commencé en janvier, avec en premier la ville de Vladivostok et les raïons de Mikhaïlovka, de Tchernigovka et de Grodekovo[note 17]. Dans ces endroits, 47 % des exploitations étaient tenues par les koulaks, les plus hautes proportions du Primorié. En février, le raïon de Chkotovo a rejoint le mouvement, et en février, déjà 70 % des terres furent collectivisées dans le raïon de Grodekovo. À travers la région, sur les mois de janvier, février et mars, le niveau de collectivisation a augmenté de 8,8 à 45 %, avec début avril 40 % des exploitations moyennes tenues par les kolkhozes[fegi 17]. Au Primorié, il y avait en moyenne 10 à 15 % de la population qui était concernée par cette dépossession, dans certains 25 à 30 %. À Novonejino (raïon de Chkotovo), 23,5 % de la population était concernée, et ce fut pire dans les régions de la plaine du Khanka. Dans le raïon de Spassk, 378 fermes furent saisies, et ces dépossessions, couplées à des arrestations, entraînèrent un exode massif. 60 % des Coréens vivant dans les raïon de Chkotovo partirent, tout comme 45 % dans le raïon de Tchernigovka. Des soulèvements paysans ont eu lieu, avec des paysans se réfugiant dans les collines pour lutter de manière armée. En février 1930, il y avait déjà 12 groupes insurrectionnels, regroupant 1 300 personnes dans le territoire d'Extrême-Orient[note 18]. Face à cette résistance, qui pourrait détruire l'agriculture régional, les autorités annulent certaines de leurs décisions ; 46 % (993 sur 2 148) des fermes du raïon de Grodekovo sortent du système des kolkhozes, et dans le raïon de Mikhaïlovka, sur 43 rrecours déposés, 365 sont acceptés. Ainsi, entre le 1er avril et 1er juillet 1930 au Primorié, le nombre de fermes collectivisées passe de 45 à 23 %[fegi 17].

Mais les autorités n'ont pas dit leur dernier mot, et en automne 1930, une nouvelle phase de collectivisation commence. Les autorités sont désormais soutenues par les pauvres, les militants et les ouvriers agricoles, voulant la collectivisation contre les koulaks. Parallèlement à ça, les autorités créent des fermes collectives pour réinstaller les soldats de l'Armée rouge avec leurs familles. Ainsi, 6 kolkhozesde l'Armée rouge voient le jour au printemps 1930 dans le raïon de Vladivostok, et en 1932, 42 fermes de ce type existent dans le territoire d'Extrême-Orient[fegi 17]. La collectivisation entraîne une baisse de la production agricole, à laquelle s'ajoute des inondations de grandes ampleurs en 1932, ruinant les cultures, et provoquant des famines. Cependant, la collectivisation continue, et en 1933, il y a 619 fermes collectives au Primorié, ainsi que 23 stations de machines agricoles et 30 sovkhozes. 56 % des exploitations et 80 % des terres agricoles ont alors été déjà collectivisées. Pour augmenter le rendement, les autorités décidèrent d'impliquer l'Armée rouge via des corps de métiers pour aides les fermes[fegi 17].

Les répressions, déportations et purges : impact sur le Primorié
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La collectivisation a aussi connu des purges dès le début des années 1930, avec l'aide de l'OGPU. De mars à mai 1933, 1 262 personnes et 265 fermes collectives furent concernées, 210 personnes furent démises de leurs fonctions, 80 jugées, 147 expulsées des fermes et une personne réprimandée. Mais ces chiffres ne concernent que les directeurs et autres cadres. Dans le premier semestre de 1933, 400 000 personnes firent l'objet de la répression de l'OGPU, de la police ou d'autres instances judiciaires. Sur toute l'année, 15 % des directeurs des kolkhozes furent démis de leurs fonctions[fegi 17]. Entre 1933 et 1934, les autorités purgent aussi les koulaks du Primorié, principalement des populations cosaques. Par exemple, 16 % de la population du raïon de Grodekovo est expulsée, tout comme 33 % de la population du village de Salskoïe (raïon d'Iman). En conséquence, la population rurale au Primorié chute ; elle est divisée par 2,5 dans le raïon de Grodekovo[fegi 17].

En automne 1937, 180 000 Coréens, pour la grande majorité des agriculteurs, ainsi que d'autres populations, sont arrêtés et déportés vers l'Asie centrale, dont le Kazakhstan. Entre 1937 et 1939, près d'un cinquième de la population régionale est expulsé, auquel s'ajoutent les 9 000 personnes fusillées d'août 1937 à novembre 1938 seulement. Avec les purges staliniennes, la moitié des directeurs des MTS sont écartés de leurs responsabilités, et certains sont envoyés aux goulags. La collectivisation a détruit le système préexistant, en ruinant et réprimant les koulaks et en altérant le mode de vie et de fonctionnement des villages[fegi 17].

Achèvement de la collectivisation au Primorié
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La collectivisation au Primorié s'achève à la fin du deuxième plan quinquennal, en 1938. C'est alors que 99,5 % des superficies cultivées et 93 % des exploitations ont été réunies en fermes collectives. En 1941, le Primorié comptait 502 fermes collectives, 45 fermes d'autres types de ferme d'État ainsi que 45 station de machines et de tracteurs, possédant plus de 5 000 véhicules agricoles. Contrairement aux autres régions, il y avait deux fois plus de véhicules agricoles au Primorié par hectare, car les machines étaient quasi inexistantes avant la collectivisation des terres[fegi 17].

Pour toutes ces nouvelles fermes, l'État a encouragé l'immigration vers cette région, avec 34 500 fermiers s'étant installés sur la période 1939 - 1941 seulement. Il y avait en tout 128,8 mille personnes travaillant dans les kolkhozes en 1941. Il y avait désormais 322 000 hectares de terres agricoles, avec des céréales, légumes, pommes de terres ou betteraves désormais cultivés. L'élevage reste faible, principalement axé sur le secteur bovin pour la viande et le lait[fegi 17].

Seconde Guerre mondiale

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Photographie en noir et blanc d'une explosion sur la rive d'une baie vue depuis l'autre côté de la même baie.
Explosion pendant la bataille du lac Khassan.

Le , alors que la seconde guerre sino-japonaise fait rage avec la Mandchourie, placée sous la dépendance du Japon, un conflit commença entre la Russie soviétique et le Japon ; la bataille du lac Khassan au lac Khassan[178]. Il y eut plus de 1 500 morts des deux côtés, et les Soviétiques en sont sortis vainqueurs. La bataille se termina le [179]. Cela a entraîné une militarisation de la frontière, dans une région où la flotte du pacifique est stationnée[fegi 16].

La région resta à l'arrière des combats, mais la production industrielle fut accélérée avec l'effort de guerre, dans le but d'alimenter le front. Le port de Vladivostok fut pendant la guerre le principal port soviétique, ceux d'Europe étant bloqués par les nazis[fegi 16]. L'Extrême-Orient et le Primorié voient la loi martiale levée le , permettant la reprise économique[180].

De 1945 à 1991, essor économique

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Lorsque la Seconde Guerre mondiale s'achève, l'économie du Primorié reprend son développement en tant que la région industrielle et agricole de l'Extrême-Orient. Apparurent dans le territoire des mines de charbons, de nombreuses usines ou encore des centrales électriques[181]. Dans le domaine du transport, le port de Vladivostok fut rénové et dans les années 1970 et 1980, le port de Nakhodka fut construit, aujourd'hui l'un des plus importants de Russie, et le port de Vostotchny apparut lui aussi près de Nakhodka[fegi 16]. Le , par décret du présidium du soviet suprême, le raïon de Sovetskaïa Gavan est transféré au kraï de Khabarovsk[182].

Photographie aérienne d'une jetée d'un port marchand moderne, avec deux cargos à quai de chaque côté de la jetée. La mer est bleu clair, le ciel bleu, et il y a des montagnes en fond.
Une partie du port de Vostochny.

Dans les années 1950, la construction rapide de logements a commencé au Primorié, coïncidant avec une explosion démographique. Lorsque Nikita Khrouchtchev, premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique, visita le Primorié en 1953, il ordonna que Vladivostok devienne « une meilleure ville que San Francisco ». Les autorités, via la planification, créèrent de nouveaux secteurs économiques ; l'ameublement, la chimie, la lutherie ou la porcelaine. Pour l'agriculture, elle était insuffisante aux besoins de la région, et les importations depuis d'autres régions étaient nécessaires[fegi 16]. Au début des années 1970, le Primorié était l'une des régions les plus ouvertes de l'Extrême-Orient russe, exportant ses produits dans plus de 50 pays[181].

En 1969 eut lieu le conflit frontalier sino-soviétique au sujet de l'île Zhenbao/Damanski, qui se solda par une victoire soviétique. Puis en 1970 est créée la branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de l'URSS (aujourd'hui de Russie)[183]. En novembre 1974 eut lieu le sommet de Vladivostok sur le contrôle des armements entre Gerald Ford et Léonid Brejnev[184],[185], en préparation à la création d'un accord SALT 2[fegi 16]. Par ailleurs, le , après une collision avec un navire, le sous-marin S-178 coule dans le golfe de Pierre-le-Grand, faisant perdre la vie à 32 personnes[186],[187].

Il y eut d'importantes migrations pendant cette période depuis la Sibérie et la Russie européenne, faisant passer la population de 1 381 018 habitants en 1959[188] à 2 258 391 habitants en 1989[189]. Les centres urbains en profitèrent le plus, avec des développements importants dans les principales villes de l'oblast[fegi 16].

Après l'éclatement de l'Union soviétique (1991-)

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L'ouverture aux étrangers

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Avec l'ouverture entraînée par la perestroïka, le Primorié a connu un accroissement des échanges avec ses voisins frontaliers. Entre 1990 et 1996, le nombre de partenaires commerciaux étrangers de la région est passée de 17 à 84. De plus, 3 000 entreprises au Primorié étaient transnationales en 1993, contre 350 en 1993. En 1994, plus de 600 entreprises étaient des coentreprises, souvent avec la Chine (271), le Japon (52) et les États-Unis (39). Dès 1995, la région est leader en Russie en termes du taux d'entreprises privatisées[190]. En 1996, les entreprises étrangères généraient déjà plus de 1 000 milliards de roubles de production, avec plus de 10 000 emplois. Les importations ont elles aussi changées, passant de moins de 25 % venant de l'étranger à plus de 56 % en 1994[fegi 18].

Les liens ne sont pas seulement économiques, mais aussi culturels. En particulier, l'université fédérale d'Extrême-Orient à Vladivostok a renforcé ses liens avec les universités d'Asie-Pacifique au cours des années 1990[191]. À la fin des années 1990, elle avait déjà une soixantaine de contrats avec des universités du Japon, de Chine, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Taiwan, de Corée du Sud, entre autres[192]. Par ailleurs en 1992, la ville de Vladivostok fut ouverte, alors qu'elle était une ville fermée auparavant à cause de son importance militaire[193],[fegi 16].

Création d'institutions politiques régionales

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En octobre 1994, dans le cadre de la démocratisation et de la constitution russe de 1993, l'Assemblée Législative du kraï du Primorié est élue. Et l'année suivante, en décembre, le premier gouverneur du kraï est élu, Vladimir Kouznetsov[190]. Toujours en 1995, le Primorié a adopté son drapeau, ses armoiries, et a institué le 25 octobre comme la journée du Primorié[183].

Le XXIe siècle

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Carte d'un schéma d'urbanisme de Vladivostok et de ses alentours montrant les différents usages de terrains, y compris les zones habitées, les zones protégées et les voies de communication. La carte a une légende à droite en russe.
Carte du schéma d'urbanisme de l'agglomération de Vladivostok

Vladivostok a accueilli le sommet de l'APEC en 2012, ce qui a permis et nécessité la construction de nombreuses infrastructures dans l'agglomération de Vladivostok, dont un nouveau terminal pour son aéroport ; les ponts de la baie de l'Amour, de la Corne d'Or et de l'île Rousski ainsi que l'autoroute De Vries - Patrokl - Île Rousski qui contourne Vladivostok[194]. Le pont de l'île Rousski était au moment de son inauguration le pont à haubans ayant la plus longue portée au monde avec 1 104 m entre ses deux pylônes[195],[196],[197]. En 2015, le port de Vladivostok est devenu un port franc pour attirer des investisseurs et augmenter le commerce[198].

Le Primorié doit faire face au début du XXIe siècle à un déclin important, tant sur le plan démographique que sur le plan économique[199]. Entre 1989 et 2021, la région a perdu plus de 413 000 personnes[189],[200], même si ce n'est pas aussi important démographiquement parlant que dans d'autres sujets extrême-orientaux, comme l'oblast de Magadan. Ces départs massifs freinent le développement économique ; l'on estimait en 2017 qu'un actif sur cinq dans les villes de la région était au chômage. Parmi les causes de ce départ, le coût de la vie très cher. En effet, les prix sont en moyenne (2017) 30 à 50 % plus chers qu'en Russie européenne, tandis que Vladivostok fait partie des cinq villes les plus onéreuses du pays[199].

Les autorités misent, pour redonner de l'essor au kraï, à développer les industries minières, et surtout à transformer la région en un hub logistique. En 2018, les ports du kraï voyaient passer 200 millions de tonnes de fret, soit un quart du fret russe. Les ports plus importants étaient ceux de Vostotchny (77,7 millions de tonnes en 2021[201]), de Vladivostok (29,6 millions de tonnes en 2021[201]) et de Nakhodka (26,8 millions de tonnes en 2021[201]). La pêche est aussi un secteur-clé pour la région, même si le gouvernement régional se heurte aux pressions étrangères en matière de quotas de pêche. Plus largement, le Primorié reste confrontée à la Corée du Sud et ses atouts. Mais d'autres secteurs profitent justement de cette proximité, comme le tourisme, avec un quintuplement du nombre de touristes, principalement chinois, entre 2013 et 2017. Enfin, le Primorié reçoit de nombreuses subventions de Moscou, que ce soit pour la construction et la rénovation de routes, de gazoducs, d'institutions culturelles ou de zones touristiques[199].

En décembre 2018, le gouverneur du kraï a persuadé le président Vladimir Poutine de transférer la capitale du District fédéral extrême-oriental de Khabarovsk à Vladivostok. Les deux villes, qui ont environ la même population, sont devenues des éternelles rivales pour le statut de plus grande ville de l'Extrême-Orient russe. Le transfert ouvre pour Vladivostok et plus largement la région l'arrivée de nombreux emplois administratifs et ainsi un meilleur développement économique, au dépit de la ville sur l'Amour[199].

Photographie d'un bouc noir à gauche jouxtant un tigre de Sibérie à droite, les deux vivant en cohabitation.
Amour (le tigre) et Timour (le bouc) : deux animaux qui ont développé une amitié[202].

Outre l'économie, le Primorié se doit de protéger une nature rare. La région abrite deux tiers des 600 tigres de l'Amour qui vivent en Russie, alors qu'il n'y avait que 30 individus au début du XXe siècle. Mais les tigres subissent la déforestation, réduisant leur habitat, et l'expansion constante du réseau routier permet, elle, de multiplier et de faciliter les occasions de braconnage. En 2021, l'on estimait que les braconniers avaient accès à environ 52 % de la taïga, l'habitat des tigres. Les tigres tués sont ensuite transférés par la contrebande en Chine voisine. Vladimir Poutine a apporté son soutien à la protection et à la réintroduction des tigres[203].

Avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie et les sanctions, le pays et ses régions ont dû trouver d'autres marchés. Ainsi, malgré la guerre, le volume de marchandises a augmenté de 70 % entre le Heilongjiang et le kraï du Primorié au 1er semestre de 2022, selon les douanes chinoises, par rapport à 2021[204]. Mais les sanctions se font aussi sentir dans la région, en particulier dans le transport. Le projet d'autoroute de Vladivostok à Nakhodka ne sera ainsi pas réalisé entièrement, seul le tronçon jusqu'à Bolchoï Kamen sera réalisé, le reste ayant été annulé à cause du manque de fonds[205]. Par ailleurs, beaucoup de zones du nord du Primorié sont difficiles d'accès, et sont reliées par les avions, mais avec les sanctions, les avions ne peuvent plus se faire réparer. En conséquence, début 2023, le trafic intérieur aérien avait déjà été réduit de moitié[206].

Notes et références

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Notes

  1. гора Племянник en russe
  2. Les autres six célèbres tribus sont toutes situées en Mandchourie.
  3. aussi nommé Huazhou ou Suibing
  4. Les tribus Yelan vivaient dans les bassins de l'Arsenievka et de la Partizanskaïa principalement
  5. La partie au sud du lac Khanka.
  6. ou Dunen ou Dong Neng
  7. Les différents noms sont Xuping, Suiping, Suibing, Suibin, tous venant de Shuiabin, le nom sous l'époque de Balhae de la région.
  8. Sans compter leurs familles
  9. La capitale orientale de cet empire, située dans l'okroug urbain moderne d'Oussouriïsk, non loin de cette ville-ci
  10. Près de la ville actuelle de Khassan
  11. Bassin de la rivière Daubihe (Arsenievka)
  12. Aujourd'hui Djiguitovka, et jusqu'en 1971 - Yodzi-He. Elle se jette près de Plastoun.
  13. à cause du décalage horaire, bien que le Dimanche sanglant se soit tenu le 9 janvier 1905 ( dans le calendrier grégorien), il était déjà le 10 au Primorié.
  14. Secteur public non inclus
  15. Un cercle militaire est la plus haute instance des cosaques
  16. Les deux derniers comtés font partie du kraï actuel de Khabarovsk.
  17. Aujourd'hui le raïon d'Anoutchino
  18. Territoire regroupant surtout le Primorié et le kraï de Khabarovsk mais aussi dans une bien moindre mesure l'oblast de Magadan, le Kamtchatka, le nord de Sakhaline et la Tchoukotka

Références de l'Institut géologique d'Extrême-Orient

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Pour approfondir

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Bibliographie et sources

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  • Florent Charles, La question coréenne et le problème de la réunification, Université Nice-Sophia-Antipolis, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes

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Articles concernant le kraï
Articles concernant des périodes historiques
Articles généraux

Liens externes

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