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« Maurice Genevoix » : différence entre les versions

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{{En-tête label|BA|année=2008}}
{{Infobox Écrivain
| nom = Maurice Genevoix
{{voir homonymes|Genevoix}}
{{Infobox Biographie2
| image = [[Image:MG Portrait au trait.jpg|250px]]
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| naissance = [[1890 en littérature|1890]] à [[Decize]]
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| sujet = [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]], [[Val de Loire]]
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| œuvres principales = ''[[Jeux de glaces (Genevoix)|Jeux de glaces]]''<br>''Ceux de 14''<br>''[[Raboliot]]''<br>''[[la Dernière Harde]]''<br>''Rroû''<br>''Bestiaires''<br>''Trente mille jours''
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'''Maurice Genevoix''', né le {{date de naissance|29|novembre|1890}} à [[Decize]] ([[France]]) et mort le {{date de mort|8|septembre|1980}} à [[Xàbia]] ([[Espagne]]), est un [[écrivain]] et [[poète]] français, membre de l'[[Académie française]].
'''Maurice Genevoix''' ([[29 novembre]] [[1890]]-[[8 septembre]] [[1980]]) est un [[romancier]]-[[poète]] [[France|français]], héritier du [[réalisme]]. L’ensemble de son œuvre témoigne des relations d’accord entre les hommes, entre l’Homme et la Nature<ref>Gaston Pouillot (1998). ''Châteauneuf sur Loire, jadis et naguère''. Maury Imprimeur, p. 108.</ref>, mais aussi entre l'Homme et la Mort<ref>Francine Danin (1990). Maurice Genevoix, romancier de la mort ? ''Journal de la Sologne'', p. 8-11.</ref>. Son écriture est servie par une mémoire vive, le souci d'exactitude, et le sens poétique. [[École normale supérieure (rue d'Ulm)|Normalien]] lettré, il admire tout autant l’éloquence des artisans ou des paysans. D’une grande vitalité<ref>Michel Déon (1980). ''Discours prononcé à l'occasion de la mort de M. Maurice Genevoix''. Séance du jeudi 25 septembre 1980.</ref> malgré ses blessures reçues lors de la [[Première Guerre mondiale]] près du village des [[Les Éparges|Éparges]], en avril [[1915]], et animé de la volonté de témoigner, il écrit jusqu’à ses derniers jours. Son œuvre, portée par le souci de perpétuer ce qu'il a tenu pour mémorable, produit d'une grande longévité littéraire<ref>Jean-Luc Wauthier (1979). Maurice Genevoix : une rose pour l'hiver. ''Extrait de la Revue Générale'', n°11, novembre 1979, p. 14.</ref>, rassemble 56 ouvrages.


L’ensemble de son œuvre témoigne des relations d’accord entre les Hommes, entre l’Homme et la nature, mais aussi entre l'Homme et la mort. Alors qu'il est héritier du [[Réalisme (littérature)|réalisme]], son écriture est servie par une mémoire vive, le souci d'exactitude et le sens poétique. [[École normale supérieure (Paris)|Normalien]], il admire tout autant l’éloquence des artisans ou des paysans. D’une grande vitalité malgré ses blessures reçues au combat lors de la [[Première Guerre mondiale]], et animé de la volonté de témoigner, il écrit jusqu’à ses derniers jours. Son œuvre, portée par le souci de perpétuer ce qu'il a tenu pour mémorable, produit d'une grande longévité littéraire, rassemble cinquante-six ouvrages.
==Biographie==
=== Son enfance ===


Il est surtout connu pour ses livres [[Régionalisme (littérature)|régionalistes]] inspirés par la [[Sologne]] et le [[Val de Loire]], comme son roman ''[[Raboliot]]'' ([[prix Goncourt]] 1925). Il a cependant dépassé le simple [[Littérature de terroir française|roman du terroir]] par son sobre talent poétique qui, associé à sa profonde connaissance de la nature, a donné des romans-poèmes admirés, comme ''[[La Dernière Harde]]'' (1938) ou ''[[La Forêt perdue]]'' (1967).
Descendant d'un aïeul genevois catholique ayant fui la [[Genève]] [[calviniste]] vers 1550-1560 pour rejoindre la [[Creuse (département)|Creuse]]<ref>Sylvie Genevoix (2004). Avant-propos de famille. ''Val de Loire, terre des hommes''. Éditions Christian Pirot</ref>, et dont le nom prend alors un -x, Maurice Genevoix est issu d'une famille de médecins et pharmaciens par sa lignée paternelle. Son père Gabriel Genevoix rencontre Camille Balichon à [[Châteauneuf-sur-Loire]]. Il naît le [[29 novembre]] [[1890]] à [[Decize]], dans la [[Nièvre]], à 35 km en amont de [[Nevers]]<ref>Hélène Carrère d'Encausse (2001). ''Inauguration de l'auditorium Maurice Genevoix à Orléans''. Discours prononcé le 4 mars 2001.</ref>.
[[Image:Maurice Genevoix 126.jpg|thumb|upright=0.7|Une partie conservée du magasin de Châteauneuf]]
Un an plus tard, ses parents migrent à Châteauneuf-sur-Loire pour reprendre une affaire familiale, un « magasin » réunissant une épicerie et une mercerie<ref>Gaston Pouillot (1998). ''op. cit.'' p. 69.</ref>. Il puisera de cette période la plupart des souvenirs évoqués dans ''Trente mille jours'' et ''Au cadran de mon clocher''. Il tiendra pour un privilège d'avoir passé son enfance dans une bourgade rurale d'avant 1914. Son frère René, qui deviendra médecin, naît en 1893.


Son œuvre est également marquée par le traumatisme de la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]] (1914-1918), particulièrement dans ''[[Ceux de 14]]'', recueil de récits de guerre rassemblés en 1949, considéré comme l'un des plus grands témoignages sur ce conflit. Il s'est aussi penché plus largement et plus intimement sur sa vie en écrivant une [[autobiographie]], ''Trente mille jours'', publiée en 1980.
Sa mère meurt le 14 mars 1903 d'une attaque d'[[éclampsie]], alors qu'il n'a que douze ans. De cette perte, il gardera une éternelle déchirure<ref>Anne Patzerkovsky (1991). Images pour un Genevoix sans murs : les pérégrinations du romancier hors de France. In : ''Maurice Genevoix 1890-1980.'' Bibliothèque historique de la Ville de Paris.</ref> qui transparaîtra dans plusieurs romans, comme ''Fatou Cissé'' ou ''Un Jour''. Le veuvage de son père le laisse esseulé. Il trouve cependant un réconfort sur les bords de la Loire où il passe son temps libre ou il puisera l'inspiration de ses futurs écrits (''Rémi des rauches'', ''la Boîte à pêche'', ''Agnès, la Loire et les garçons'').


Sur décision du [[président de la République française]] [[Emmanuel Macron]], le cercueil de Maurice Genevoix entre au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] le {{date-|11|novembre|2020}}.
=== Ses études ===


== Biographie ==
Reçu premier du canton au certificat d’études, il entre interne au [[lycée Pothier]] à [[Orléans]]<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''Itinéraire d'un homme libre, Maurice Genevoix (1890-1980).'' Hôtel de ville, Saint-Denis de l’Hôtel. p. 5.</ref>. Il découvre alors « l’encasernement, la discipline, les sinistres et interminables promenades surveillées<ref>Jacques de Bourbon Busset (1982). ''Discours de réception de M. Jacques de Bourbon Busset''. Discours prononcé dans la séance publique le jeudi 28 janvier 1982. Paris, Palais de l’Institut.</ref>. » Il retracera cette période de sa vie dans ''l’Aventure est en nous''. Puis il entre pensionnaire au [[lycée Lakanal]] à [[Sceaux (Hauts-de-Seine)|Sceaux]], où il est khagneux durant trois années (1908-1911). Il est admis à l’[[École normale supérieure (rue d'Ulm)|École normale supérieure]] de la [[rue d'Ulm]]. Il effectue une des deux années de service militaire, comme le permettait alors le statut particulier des jeunes Français admis aux grandes écoles. Il est affecté à Bordeaux, au 144{{e}} Régiment d’infanterie. Il entre ensuite à l’École normale supérieure et, deux ans plus tard, présente son diplôme de fin d'études supérieures sur « le réalisme dans les romans de [[Guy de Maupassant|Maupassant]] ». C’est à cette période qu’il envisage une carrière littéraire<ref>Jacques Jaubert (1979). Maurice Genevoix s'explique. ''Lire Magazine'', juin 1979. p. 26.</ref>. Mais ce seront les encouragements de Paul Dupuy l’incitant à écrire son témoignage de guerre qui l’emporteront sur l’orientation du jeune Genevoix<ref>Jean-Jacques Becker. Du témoignage à l’histoire. Préface à ''Ceux de 14''. Éditions Omnibus, 2000</ref>.
=== Enfance ===
Descendant d'un ancêtre genevois catholique ayant fui la [[Genève]] [[calviniste]] vers 1550-1560 pour rejoindre la [[Creuse (département)|Creuse]]<ref>Sylvie Genevoix (2004), avant-propos de famille, ''Val de Loire terre des hommes'', Saint-Cyr-sur-Loire, éd. Christian Pirot.</ref> – et dont le patronyme prend alors un ''x'' final –, Maurice Genevoix est issu d'une famille de médecins et de pharmaciens par sa lignée paternelle.


Son père, Gabriel Genevoix, rencontre en 1889 Camille Balichon, fille d'un épicier en gros, à [[Châteauneuf-sur-Loire]]. Maurice, naît en 1890 à [[Decize]], dans la [[Nièvre (département)|Nièvre]], à {{unité|35|km}} en amont de [[Nevers]]<ref name="Hélène Carrère d 2001">Hélène Carrère d'Encausse (2001), ''Inauguration de l'auditorium Maurice-Genevoix à Orléans'', discours prononcé le 4 mars 2001.</ref>.
Il est alors cacique de sa promotion. Il lui reste à accomplir une dernière année d’études universitaires pour se présenter à l’agrégation et aborder une carrière universitaire. Il pense alors à se faire nommer comme lecteur dans une université étrangère pour connaître des formes de cultures originales, mais également de disposer de temps pour écrire<ref>Christian Melchior-Bonnet (1961). Maurice Genevoix. ''Livres de France - Revue littéraire mensuelle.'' 12{{e}} année, n° 2, p. 2.</ref>.


Un an plus tard, ses parents migrent à [[Châteauneuf-sur-Loire]] pour reprendre une affaire familiale, un « magasin » réunissant une épicerie et une mercerie{{sfn|Pouillot|1998|p=69|loc=|id=}}. Il puisera de cette période la plupart des souvenirs évoqués dans ''Trente mille jours'' et ''Au cadran de mon clocher''. Il tiendra pour un privilège d'avoir passé son enfance dans une bourgade rurale d'avant 1914. Son frère René naît en 1893.
=== La guerre ===


Alors qu'il n'a que {{nombre|12|ans}}, sa mère meurt, le {{date-|14 mars 1903}}, d'une attaque d'[[éclampsie]]. De cette perte il gardera une éternelle déchirure<ref>Anne Patzerkovsky (1991),« Images pour un Genevoix sans murs : les pérégrinations du romancier hors de France », ''Maurice Genevoix 1890-1980'', éd. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.</ref> qui transparaîtra dans plusieurs romans, comme ''Fatou Cissé'' ou ''Un jour''. Le veuvage de son père le laisse esseulé. Il trouve cependant un réconfort sur les bords de la Loire où il passe son temps libre et où il puisera l'inspiration de ses futurs écrits (''Remi des Rauches'', ''La Boîte à pêche'', ''La Loire, Agnès et les garçons'').
Il est mobilisé lors de la [[Première Guerre mondiale]], le 2 août [[1914]], et sert comme sous-lieutenant dans le 106{{e}} Régiment d'infanterie<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit.''p. 10</ref>. Sa division, la 12{{e}} D.I., appartient à la III{{e}} armée commandée par le [[Pierre Xavier Emmanuel Ruffey|général Ruffey]]. Il participe à la [[bataille de la Marne]] et à la marche sur Verdun. Le 17 février 1915, la 12{{e}} division est envoyée à l'assaut pour reprendre le village des [[Les Éparges|Éparges]]. Pendant plusieurs mois, le commandement français tente de tenir les positions conquises.


=== Études ===
C'est tout à la fin de cette bataille que Maurice Genevoix est très grièvement blessé de trois balles le {{date|25|avril|1915}} sur la colline des [[Les Éparges|Éparges]]. Son meilleur ami dans cette guerre, un Saint-Cyrien, le lieutenant Porchon, avait été tué quelques jours plus tôt<ref>Jean-Jacques Becker. Du témoignage à l'histoire. Préface à ''Ceux de 14''. Éditions Omnibus, 2000</ref>. La lettre du docteur Lagarrigue<ref>Claudine Boulouque (1990). ''op.cit.'' p. 30.</ref>, adressée à Maurice Genevoix le 2 mai 1915, témoigne de la gravité de ses blessures<ref>Lettre du docteur Lagarrigue : « Je suis navré de vous savoir si grièvement touché. Mon pauvre vieux, c'est avec une émotion profonde que je vous ai vu, accablé de fatigue et j'oserais dire de « gloire », sur cette poussette incommode qui vous amenait à Morilly. Je n'ai pensé qu'à vous expédier au plus vite à [[Verdun (Meuse)|Verdun]], car votre pâleur m'inquiétait beaucoup. Je suis navré certes, mais rassuré maintenant ; je craignais le pire, et l'absence de nouvelles m'impressionnait péniblement. »</ref>. Il est soigné sept mois durant, conduit d'un hôpital à l'autre : [[Verdun (Meuse)|Verdun]], [[Vittel]], [[Dijon]], puis [[Bourges]]. Il doit peut-être en partie sa survie à sa remarquable condition physique. Les blessures reçues au bras et au flanc gauche le marquèrent pour le restant de sa vie<ref>Michel Déon (1980). ''op. cit''.</ref> ? Il est réformé à 70 % d'invalidité et perd l'usage de la main gauche.
[[Fichier:Plaque Maurice Genevoix college Bailly.JPG|vignette|redresse|gauche|Plaque rappelant les études de Maurice Genevoix au lycée Pothier, à Orléans.]]
Déclaré deuxième du canton au certificat d’études (il est reçu premier ''ex aequo'' au vu des résultats, mais est déclaré deuxième par le jury qui, voulant le départager de Benoist, pose des questions aux deux ''ex aequo'', jusqu'à ce que l'un d'eux, et ce fut Genevoix, ne puisse répondre à une question, celle de dire quelle rivière séparait la France et l'Espagne<ref>{{Ouvrage|titre=Trente mille jours|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=1980|passage=70|isbn=}}.</ref>), il entre interne au [[lycée Pothier]] à [[Orléans]]<ref>{{Ouvrage |langue= |auteur1= |titre=Itinéraire d'un homme libre, Maurice Genevoix (1890-1980) |sous-titre= |lieu=Saint-Denis-de-l’Hôtel, |éditeur=Association Maurice Genevoix |collection= |année=1998 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.5 |isbn= |lire en ligne= |id=association}}.</ref>. Il découvre alors « l’encasernement, la discipline, les sinistres et interminables promenades surveillées<ref name=bourbon1982>Jacques de Bourbon Busset, ''Discours de réception de M. Jacques de Bourbon Busset'', discours prononcé dans la séance publique le jeudi 28 janvier 1982, Paris, Palais de l’Institut.</ref> ». Il retracera cette période de sa vie dans ''L'aventure est en nous''. Puis il entre pensionnaire au [[lycée Lakanal]] à [[Sceaux (Hauts-de-Seine)|Sceaux]], près de Paris, où il est khâgneux durant trois années (1908-1911). Il est admis à l’[[École normale supérieure (Paris)|École normale supérieure]] de la [[rue d'Ulm]]. Il effectue une des deux années de service militaire, comme le permettait alors le statut particulier des jeunes Français admis aux grandes écoles. Il est affecté à Bordeaux, au [[144e régiment d'infanterie|{{144e}} régiment d’infanterie]]. Il entre ensuite à l’École normale supérieure et, deux ans plus tard, présente son diplôme de fin d'études supérieures sur « le réalisme dans les romans de [[Guy de Maupassant|Maupassant]] ». C’est à cette période qu’il envisage une carrière littéraire<ref>{{Article |langue= |prénom1=Jacques |nom1=Jaubert |titre= Maurice Genevoix s'explique|périodique=Lire Magazine |volume= |numéro= |date=juin 1979 |pages=p.26 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>. Mais ce sont les encouragements de [[Paul Dupuy (ENS)|Paul Dupuy]] l’incitant à écrire son témoignage de guerre qui l’emportent sur l’orientation du jeune Genevoix<ref>Jean-Jacques Becker, « Du témoignage à l’histoire », préface à ''Ceux de 14'', Paris, éd. Omnibus, 2000.</ref>.


Il est alors [[:wikt:cacique|cacique]] de sa promotion. Il lui reste à accomplir une dernière année d’études universitaires pour se présenter à l’agrégation et aborder une carrière universitaire. Il pense alors à se faire nommer comme lecteur dans une université étrangère pour connaître des formes de cultures originales, mais également afin de disposer de temps pour écrire<ref name=melchior2>{{Article |langue= |prénom1=Christian|nom1= Melchior-Bonnet |titre=Maurice Genevoix |périodique=Livres de France - Revue littéraire mensuelle |volume=12 |numéro=2 |date=1961 |pages=p.2 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}.</ref>.
Il retourne alors à Paris où il assure un service bénévole à la Father's Children Association, logeant à l'École normale. Le nouveau directeur de l'école, Gustave Lanson, lui propose de reprendre ses études afin de présenter l'agrégation. Maurice Genevoix refuse afin d'entreprendre la rédaction de son témoignage de guerre.


=== La rencontre des Vernelles ===
=== Grande Guerre ===
[[Fichier:MauriceGenevoix-1915.png|vignette|redresse=1.2|gauche|Maurice Genevoix en 1915, en uniforme pour la [[première guerre mondiale|Première Guerre mondiale]].]]
[[Élève officier de réserve|Officier de réserve]] depuis qu'il a effectué son [[Service militaire en France|service militaire]], il est mobilisé lors de la [[Première Guerre mondiale]], le {{date-|2|août|1914}}, et sert comme sous-lieutenant au [[106e régiment d'infanterie|{{106e|régiment}} d’infanterie]], dans la {{8e|compagnie}} jusqu'en {{date-|octobre 1914}}, puis dans la {{7e|compagnie}} à partir de {{date-|novembre 1914}}{{sfn|Association Maurice Genevoix|1998|p=10|loc=|id=association}} . Sa division, la [[12e division d'infanterie (France)|{{12e}} DI]], appartient à la [[3e armée (France)|{{3e|armée}}]] commandée par le [[Pierre Xavier Emmanuel Ruffey|général Ruffey]], qui est remplacé par le général [[Maurice Sarrail|Sarrail]] le {{date-|30 août 1914}}. Il participe à la [[bataille de la Marne (1914)|bataille de la Marne]] et à la marche sur [[Verdun]].


Le {{date-|17|février|1915}}, la {{24e|brigade}} d'infanterie ({{106e}} et {{132e}} RI) est chargée de reprendre la crête des [[Les Éparges|Éparges]]. Du [[17 février]] au {{date|9|avril|1915}} de [[Bataille des Éparges|violents combats]] se succèdent jusqu'à la prise définitive de la majeure partie de la crête par les troupes françaises. Les combats se poursuivront sans que les Allemands puissent reprendre la crête. Auguste Finet, soldat dans la section commandée par Genevoix, indique dans ses mémoires que sur les 52 hommes de la section ayant pris part à cette attaque, seulement six dont Genevoix demeurent {{citation|indemnes}}<ref>''Ceux de 14 : un témoignage, des hommes'', dossier établi par Florent Deludet dans {{Ouvrage |langue=fr |auteur=Maurice Genevoix |préface=[[Michel Bernard (écrivain, 1958)|Michel Bernard]] |titre=Ceux de 14 |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2013 |pages totales=953 |passage=869 |isbn=978-2-08-130985-2}}.</ref>.
[[Image:Les Vernelles Maurice Genevoix 086.jpg|thumb|left|upright=0.7|Maurice Genevoix avait cherché une maison sur les bords de la Loire : il n'en trouva pas à Chateauneuf-sur-Loire et « vala » ainsi jusqu'aux Vernelles, à Saint-Denis de l'Hôtel]]
Gravement atteint de la [[Grippe de 1918|grippe espagnole en 1919]], il retourne chez son père dans le [[Val de Loire]], retrouvant le village de son enfance<ref>Michel Déon (1982). ''op. cit''.</ref>. Après avoir été écrivain de guerre, il entreprend la peinture du pays de Loire<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit''. p. 13.</ref>. En 1927, tirant parti du [[prix Goncourt]] décerné pour ''[[Raboliot]]'' ([[1925 en littérature|1925]]), il rachète une vieille masure au bord de la Loire à [[Saint-Denis-de-l'Hôtel]], au hameau des Vernelles : une « vieille maison, rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets<ref>Mairie de Paris (1991). Les Vernelles. In : op. cit. p. 93-94.</ref>. » Il y passe un premier été avec le chat Rroû, période dont il tirera un roman du même nom. Après la mort de son père en juillet 1928, il s'y installe en 1929, pour un premier séjour de vingt ans. C'est dans cette maison, dans un bureau donnant sur la Loire, qu'il écrira la plupart de ses livres.


Son meilleur ami dans cette guerre, un [[École spéciale militaire de Saint-Cyr|saint-cyrien]], le lieutenant [[Robert Porchon]] (1894-1915<ref>[http://www.saint-cyr.org/flipbooks/Memorial/PLE/POR_FM_0015_PLE.jpg Fiche du lieutenant Porchon] sur le site La Saint-Cyrienne.</ref>), tombe au champ d'honneur le {{date|20|février|1915}}<ref>Jean-Jacques Becker, « Du témoignage à l'histoire », préface à ''Ceux de 14'', Paris, éd. Omnibus, 2000.</ref>.
En 1937, il épouse Yvonne Montrosier, originaire d'un village proche de [[Saint-Affrique]], qui mourra l'année suivante<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit''. p. 19.</ref>. De juin 1940 à début 1943, il quitte les Vernelles, en zone occupée, pour s'installer en [[Aveyron (département)|Aveyron]], chez ses beaux-parents. Il y écrit ''Sanglar'' (rebaptisé plus tard ''La Motte rouge''), un épisode romanesque des guerres de religion, dont l'épigraphe d'un moine de Millau évoque à mi-mot l'Occupation : « c'était un temps fort calamiteux et misérable ». Il se marie en 1943 avec Suzanne Viales, mère de Françoise, puis rejoint les Vernelles, qu'il retrouve saccagées<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit''. p. 20.</ref>. En 1944 naît sa fille, Sylvie.


Maurice Genevoix est muté à la fin du mois de février 1915 à la {{5e|compagnie}} du {{106e}} RI dont il prend le commandement<ref>''Ceux de 14 : un témoignage, des hommes'', dossier établi par Florent Deludet dans {{Ouvrage |langue=fr |auteur=Maurice Genevoix |préface=[[Michel Bernard (écrivain, 1958)|Michel Bernard]] |titre=Ceux de 14 |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2013 |pages totales=953 |passage=872-873 |isbn=978-2-08-130985-2}}.</ref>. Il est promu lieutenant le {{date-|20|mars|1915}}<ref>JMO du {{106e}} RI.</ref>. Le {{date-|25 avril 1915}}, Genevoix est grièvement blessé dans des combats à [[Rupt-en-Woëvre]] près de la colline des [[Les Éparges|Éparges]]<ref>{{Lien web|nom1=|titre=Fraternité et déchirement, Genevoix et le 106e R. I., par Gérard Canini, Agrégé de l’Université|url=https://ceuxde14.wordpress.com/2013/12/18/fraternite-et-dechirement-genevoix-et-le-106e-r-i-par-gerard-canini-agrege-de-luniversite/|site=Je me souviens de Ceux de 14|date=2013-12-18|consulté le=2017-02-20}}.</ref>.
=== L’Académie française ===


{{Citation bloc|Je suis tombé un genou à terre. Dur et sec, un choc a heurté mon bras gauche. Il saigne à flots saccadés. Je voudrais me lever, je ne peux pas. Mon bras tressaute au choc d'une deuxième balle et saigne par un trou. Mon genou pèse sur le sol comme si mon corps était en plomb. Ma tête s'incline et sous mes yeux un lambeau d’étoffe saute au choc mat d'une troisième balle. Je vois sur ma poitrine un profond sillon de chair rouge<ref>Maurice Genevoix, ''Les Éparges'', Paris, éd. [[Groupe Flammarion|Flammarion]], 1923, {{p.|684}}.</ref>.}}
Il est élu sans concurrent à l’[[Académie française]] le 24 octobre 1946, le même jour qu’[[Étienne Gilson]], puis reçu le {{date|13|novembre|1947|en littérature}} par [[André Chaumeix]] au fauteuil de [[Joseph de Pesquidoux]]. Il s’était porté candidat plus tôt la même année au fauteuil de [[Louis Gillet]] mais s'était retiré devant [[Paul Claudel]]. Quatre ans plus tard, il s’installe à Paris, ville qu’il apprend à aimer, dans un appartement de l’[[Institut de France|Institut]], quai Conti.


La lettre du docteur Lagarrigue<ref>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Claudine |nom1=Boulouque |titre= Maurice Genevoix et le métier d'écrivain 1890-1980. Catalogue de l'exposition à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, 12 décembre 1990 - 9 février 1991|sous-titre= |lieu=Paris |éditeur=Direction des Affaires Culturelles |collection= |année= 1990|volume= |tome= |pages totales= |passage=p.30 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref> adressée à Maurice Genevoix le {{date|2|mai|1915}} témoigne de la gravité de ses blessures : {{citation bloc|Je suis navré de vous savoir si grièvement touché. Mon pauvre vieux, c'est avec une émotion profonde que je vous ai vu, accablé de fatigue et j'oserais dire de “gloire”, sur cette poussette incommode qui vous amenait à [[Mouilly]]. Je n'ai pensé qu'à vous expédier au plus vite à [[Verdun]], car votre pâleur m'inquiétait beaucoup. Je suis navré certes, mais rassuré maintenant ; je craignais le pire, et l'absence de nouvelles m'impressionnait péniblement.}}
Il devient secrétaire perpétuel de l’Académie française en octobre 1958, succédant à [[Georges Lecomte]]. De 1958 à 1963, il rédige personnellement le discours d'attribution à chaque lauréat des grands prix de littérature, du roman, de poésie, ou d’histoire (prix Gobert). Sous son impulsion, l’Académie française affirme sa présence et sa compétence au sein du Haut Comité de la langue française, créé en 1966, et du [[Conseil international de la langue française]].


Il est soigné sept mois durant, conduit d'un hôpital à l'autre : [[Verdun]], [[Vittel]], [[Dijon]], puis [[Bourges]]. Il doit peut-être en partie sa survie à sa remarquable condition physique. Les blessures reçues au bras et au flanc gauche le marquèrent pour le restant de sa vie<ref name=deon1980>Michel Déon. Discours prononcé à l'occasion de la mort de M. Maurice Genevoix. Séance du jeudi 25 septembre 1980.</ref>. Il est réformé à 70 % d'invalidité et perd l'usage de la main gauche.
Il démissionne du poste de secrétaire général de l’Académie en janvier 1974, ce qu’aucun secrétaire perpétuel n'avait plus fait avant lui depuis [[François-Juste-Marie Raynouard|Raynouard]] en [[1826]]<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit''. p. 26.</ref>. À quatre-vingt-trois ans, il pense en effet qu’il a encore d'autres livres à écrire, devant pour cela se démettre de ses fonctions<ref>Hélène Carrère d’Encausse (2001). Inauguration de l'auditorium Maurice Genevoix à Orléans. Discours prononcé le 4 mars 2001.</ref>. D’aucuns verront dans cette démission l’expression de son goût pour la liberté<ref>Jacques de Bourbon Busset (1982). ''op. cit''.</ref>.


Il retourne alors à Paris où il assure un service bénévole à la Father's Children Association, logeant à l'École normale. Le nouveau directeur de l'école, [[Gustave Lanson]], lui propose de reprendre ses études afin de se présenter à l'agrégation. Maurice Genevoix refuse afin d'entreprendre la rédaction de son témoignage de guerre.
=== La retraite aux Vernelles ===


=== Rencontre des Vernelles ===
Maurice Genevoix quitte alors Paris pour retrouver les Vernelles, qu'il considère comme son port d'attache. Devenu octogénaire, il écrit régulièrement et publie ''[[Un Jour]]'' (1976), puis ''Lorelei'' (1978) et ''Trente mille jours'' (1980). À l'âge de 89 ans, il nourrit encore un projet de roman, traitant du passage de l'enfance à l'adolescence, avec l'intention de mettre en épigraphe une citation de [[Victor Hugo]] : « l'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges<ref>Jacques Jaubert (1979). ''op. cit.'' p. 33.</ref> ». Il conserve jusqu'à sa mort ses facultés intellectuelles<ref>Hélène Carrère d'Encausse (2001). ''Inauguration de l'auditorium Maurice Genevoix à Orléans''. Discours prononcé le 4 mars 2001</ref>.
[[Fichier:Maurice Genevoix 094.jpg|vignette|left|Clocher de Châteauneuf-sur-Loire : l'idée d'un cycle de romans réalistes centré sur un village de la Loire débouche sur ''Remi des Rauches'', puis ''Raboliot'', mais n'est pas poursuivie.]]
[[Fichier:Les Vernelles Maurice Genevoix 086.jpg|vignette|Maurice Genevoix avait cherché une maison sur les bords de la Loire : il n'en trouva pas à Chateauneuf-sur-Loire et « vala » ainsi jusqu'aux Vernelles, à Saint-Denis-de-l'Hôtel.]]
Gravement atteint de la [[Grippe de 1918|grippe espagnole en 1919]], il retourne chez son père dans le [[Val de Loire]], retrouvant le village de son enfance<ref name=deon1982>Michel Déon. Réponse de Michel Déon au discours de M. Jacques de Bourbon Busset. Discours prononcé dans la séance publique le 28 janvier 1982. Paris, Palais de l'Institut.</ref>. Après avoir été écrivain de guerre, il entreprend la peinture du pays de Loire{{sfn|Association Maurice Genevoix|1998|p=13|loc=|id=association}} .


En 1927, tirant parti du [[prix Goncourt]] décerné pour ''[[Raboliot]]'' ([[1925 en littérature|1925]]), il rachète une vieille masure au bord de la Loire à [[Saint-Denis-de-l'Hôtel]], au hameau des Vernelles, {{citation|une vieille maison, rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets<ref>Mairie de Paris (1991), « Les Vernelles » , ''{{opcit}}'', {{p.|93-94}}.</ref>}}. Il y passe un premier été avec le chat Rroû, période dont il tirera un roman du même nom. Après la mort de son père en {{date-|juillet 1928}}, il s'y installe en 1929, pour un premier séjour qui durera vingt ans. C'est dans cette maison, dans un bureau donnant sur la Loire, qu'il écrira la plupart de ses livres.
Il succombe d'une crise cardiaque le {{date|8|septembre|1980|en littérature}}, alors qu'il est en vacances dans sa maison d'Alsudia-Cansades, près de [[Jávea]] (province d'[[Alicante]]) en Espagne. Sur sa table d'écrivain, il laisse inachevé son projet de roman<ref>Jean Dérens (1990). Préface. ''Maurice Genevoix 1890-1980''. Bibliothèque historique de la ville de Paris, p. 7.</ref> intitulé ''Vent de mars'', de même qu'un autre projet, ''Nouvelles espagnoles''<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit''. p. 29.</ref>.


Pendant les années 1930, il est souvent calomnié par des nationalistes français, dont des [[Croix-de-Feu]], des [[Cagoule (Osarn)|cagoulards]], ou des [[Fédération nationale des Camelots du roi|Camelots du roi]], qui lui reprochent le fait que pendant la Première Guerre mondiale, il n'a été soldat que d'août 1914 à avril 1915, soit moins d'un an. Il fut profondément meurtri par ces attaques, du fait qu'il avait été grièvement blessé en avril 1915, et en était resté marqué dans sa chair. À la même époque, après la sortie du film ''[[Les Croix de bois (film)|Les Croix de bois]]'', le comédien [[Charles Vanel]] sera lui aussi victime des nationalistes, car il ne fut militaire mobilisé que deux mois, en 1914, avant de souffrir de troubles psychiques et psychologiques, menant à sa réforme.
==L'œuvre==


Le {{date-|25 août 1937}}, Maurice Genevoix épouse Yvonne Louise Montrosier (1908-1938), médecin originaire de [[Saint-Victor-et-Melvieu]], près de [[Saint-Affrique]], qui meurt l'année suivante{{sfn|Association Maurice Genevoix|1998|p=19|loc=|id=association}} . En {{date-|septembre 1939}}, il apprend que la France et la Grande-Bretagne ont déclaré la guerre à l’Allemagne alors qu'il est en voyage au Canada. De {{date-|juin 1940}} à début 1943, il quitte les Vernelles, en zone occupée, pour s'installer en [[Aveyron (département)|Aveyron]], chez ses beaux-parents. Il y écrit ''Sanglar'' (rebaptisé plus tard ''La Motte rouge''), un épisode romanesque des guerres de Religion, dont l'épigraphe d'un moine de Millau évoque à mi-mot l'Occupation : « C'était un temps fort calamiteux et misérable. » Il épouse le {{date-|27 février 1943}} Suzanne Neyrolles (1911-2012)<ref>Mentions marginales de ses deux mariages sur son acte de naissance, AD 58 en ligne, Decize, 2Mi EC 172, vue 252/320, acte 107.</ref>, veuve, déjà mère d'une fille prénommée Françoise, puis rejoint les Vernelles, qu'il retrouve saccagées{{sfn|Association Maurice Genevoix|1998|p=20|loc=|id=association}} . En 1944 naît sa fille, [[Sylvie Genevoix|Sylvie]].
L'ensemble de l'œuvre de Maurice Genevoix procède du témoignage de ce qu'il tient pour mémorable : la vie dans une bourgade de province au bord de la Loire à la fin du {{s-|XIX|e}}, les premiers mois de la Grande Guerre, les scènes de la nature et de la chasse en Sologne ou au Canada, le quotidien des hommes dans les colonies françaises. Ses livres sont plus souvent des récits que des fictions. Il est généralement présenté comme un écrivain sensible<ref>Christian Melchior-Bonnet (1961). ''op. cit.'' p. 2. ; Michel Déon (1980). ''op. cit''.</ref> animé du désir de perpétuer<ref>Jean-Luc Wauthier (1979). ''op. cit.'' p. 16.</ref>. Il fait appel à sa mémoire sensorielle peu commune, mais chaque ouvrage est précédé d'une minutieuse recherche documentaire<ref>Christian Melchior-Bonnet (1961). ''op. cit.'' p. 2 ; Jean-Paul Grossin (1990). A bâtons rompus avec Francine Danin. ''Journal de la Sologne''. p. 12-16.</ref>.


=== Les livres de guerre ===
=== Académie française ===
Il est élu sans concurrent à l’[[Académie française]] le {{date-|24|octobre|1946}}<ref>{{Lien web|titre=Maurice GENEVOIX {{!}} Académie française|url=http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/maurice-genevoix|site=www.academie-francaise.fr|consulté le=2016-11-19}}.</ref>, le même jour qu’[[Étienne Gilson]], puis reçu le {{date|13|novembre|1947|en littérature}} par [[André Chaumeix]] au fauteuil de [[Joseph de Pesquidoux]]. Il s’était porté candidat plus tôt la même année au fauteuil de [[Louis Gillet]], mais s'était retiré devant [[Paul Claudel]]. Quatre ans plus tard, il s’installe à Paris, ville qu’il apprend à aimer, dans un appartement de l’[[Institut de France|Institut]], quai Conti.


Il devient [[Liste des secrétaires perpétuels de l'Académie française|secrétaire perpétuel de l’Académie française]] en {{date||octobre|1958}}, succédant à [[Georges Lecomte]]. De 1958 à 1963, il rédige personnellement le discours d'attribution à chaque lauréat des grands prix de littérature, du roman, de poésie ou d’histoire ([[Grand prix Gobert]]). Sous son impulsion, l’Académie française affirme sa présence et sa compétence au sein du Haut Comité de la langue française, créé en 1966, et du [[Conseil international de la langue française]]. Sous son autorité ont été créées les commissions ministérielles de terminologie qui proposaient des équivalents aux termes anglais proliférant dans les vocabulaires scientifiques et techniques. Les propositions étaient soumises à l'Académie des sciences et à l'Académie française avant d'être officialisées par arrêté ministériel (le premier arrêté ministériel date de 1972<ref>Monique Feyry, rapporteur du Haut Comité de la langue française de 1968 à 1973.</ref>).
L'œuvre de Maurice Genevoix doit à sa formation initiale d'écrivain de guerre. Il trouvera son registre dès le premier livre<ref>Michel Déon (1982). ''op. cit''.</ref>. Par la suite, il gardera le même souci d'exactitude et de précision dans l'évocation des instants gardés en mémoire. Il se révèle persuadé que toute exagération ne peut qu'affaiblir l'effet de la réalité, et n'aspire qu'à rester un témoin fidèle et scrupuleux<ref>Norton Cru. ''Témoins''.</ref>. Ses lectures l'y avaient préparé : à l'école de [[Maupassant]], comme à celle de [[Stendhal]] et de [[Tolstoï]], Maurice Genevoix avait appris la simplicité de la narration<ref>Paul Souday. Article publié en 1916, dans ''Le Temps''</ref>.


Il démissionne du poste de secrétaire perpétuel de l’Académie en {{date-|janvier 1974}}, ce qu’aucun secrétaire perpétuel n'avait plus fait avant lui depuis [[Georges Duhamel|Duhamel]] en [[1946 en France|1946]]{{sfn|Association Maurice Genevoix|1998|p=26|loc=|id=association}} . À {{nombre|83|ans}}, il pense en effet qu’il a encore d'autres livres à écrire, et doit pour ce faire se démettre de ses fonctions<ref>Hélène Carrère d’Encausse (2001), ''Inauguration de l'auditorium Maurice-Genevoix à Orléans'', discours prononcé le 4 mars 2001.</ref>. D’aucuns verront dans cette démission l’expression de son goût pour la liberté<ref name=bourbon1982/>.
En décembre 1915, ses carnets de guerre rassemblent quelques notes griffonnées (ordres de bataille, instructions diverses, liste des secteurs, dates). Les quatre premiers chapitres de ''Sous Verdun'' sont esquissés sur le front, dans les intervalles de repos. Le reste tient à l'exercice de la mémoire. Ces notes de guerre s'achèvent en effet très tôt, le 6 septembre 1914<ref>Maurice Genevoix (1960). ''Jeux de glaces''. ''op. cit.''p. 336.</ref>. Maurice Genevoix regrettait que l'on eût souvent donné une importance exagérée à ces carnets. Les lettres de 1915 qu'il écrivit, depuis le front, au secrétaire général de l'École normale supérieure, Paul Dupuy, sont davantage documentées. [[Ernest Lavisse]], directeur de l'école, avait chargé Paul Dupuy de conserver tout une correspondance des élèves envoyés au front, qui devait servir de documents pour rédiger plus tard une histoire de la guerre. Cette correspondance semble avoir depuis été égarée<ref>Claudine Boulouque (1990). ''op. cit.'' p. 34.</ref>. Quelques mois plus tard, au terme du séjour hospitalier de Genevoix, Dupuy devient l'intercesseur auprès des [[Hachette Littératures|éditions Hachette]], en la personne de Guillaume Bréton, qui remet alors à l'ancien normalien un contrat pour un livre qu'il rédigera en quelques semaines. Entre-temps, Dupuy n'aura cessé d'exhorter Genevoix d'écrire, alors même que celui-ci n'avait pas encore quitté l'hôpital de Dijon, l'encourageant à reprendre jour par jour tous ses souvenirs. Ainsi écrit-il le 16 juin 1915 : « C'est votre pouvoir à vous de charger de sens les moindres mots ou les gestes les plus simples. » Puis le 20 juin 1915, se faisant plus pressant : « J'aurais un grand chagrin si tout ce qu'il y a d'art en toi demeure en l'état de puissance latente et ne se réalise pas dans la plus riche des matières<ref>Claudine Boulouque (1990). ''op. cit.'' p. 34.</ref>. »


=== Retraite aux Vernelles ===
C'est le désir de témoigner qui le décide à écrire<ref>Jacques Jaubert (1979). ''op. cit''. p. 26.</ref>. Son récit, parfois interprété comme une thérapie par l'écriture<ref>Albine Novarino (2000). ''op. cit.'' p. 4.</ref>, est servi par une mémoire sensorielle peu commune. Son témoignage de soldat, relaté dans cinq volumes écrits entre 1916 et 1923, tous parus chez [[Flammarion]], et rassemblés par la suite sous le titre ''Ceux de 14'', est un document précieux sur la vie des poilus<ref>Claude Lafaye (1990). Maurice Genevoix et l'Histoire. ''Passerelle Lettres et Arts'', 10-11.</ref>. La censure s'est attardée sur les deux premiers récits qui, la guerre n'étant pas encore achevée, montrait trop la réalité des combats et, plus encore, relatait parfois des paniques. Les coupes furent de ce fait nombreuses (plus de 269 pages lors de la première édition<ref>Jean-Jacques Becker. Du témoignage à l'histoire. Préface à ''Ceux de 14''. Éditions Omnibus, 2000</ref>). Ces écrits sont considérés comme l'une des plus grandes œuvres de guerre<ref>Michel Déon (1980). ''op. cit''. ; Hervé Bazin (1969). Portrait d'un enchanteur. ''Les Nouvelles Littéraires'' 13 mars 1969 ; Jacques de Bourbon Busset (1982). ''op. cit''.</ref>.
[[Fichier:Tombe Maurice Genevoix, Cimetière de Passy, Paris.jpg|vignette|Tombe de Maurice Genevoix au [[cimetière de Passy]], à [[Paris]].]]
[[Fichier:Tomb of Maurice Genevoix in Panthéon, August 2023.jpg|vignette|Tombe de Maurice Genevoix au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] (crypte numéro 13).]]


Maurice Genevoix quitte alors Paris pour retrouver les Vernelles qu'il considère comme son port d'attache. Devenu octogénaire, il écrit régulièrement et publie ''[[Un jour]]'' (1976), puis ''Lorelei'' (1978) et ''Trente mille jours'' (1980). À l'âge de {{nombre|89|ans}}, il nourrit encore un projet de roman, traitant du passage de l'enfance à l'adolescence, avec l'intention de mettre en épigraphe une citation de [[Victor Hugo]] : {{citation|L'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges{{sfn|Jaubert|1979|p=33|loc=|id=}}.}} Il conserve jusqu'à sa mort ses facultés intellectuelles<ref name="Hélène Carrère d 2001"/> ; il est même, pendant les dix dernières années de sa vie et jusqu'à sa mort, de 1970 à 1980, président de la [[Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle et du Jardin des plantes|Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle]]<ref name="Bulletin-Cent-Ans">Yves Laissus, « Cent ans d'histoire », ''1907-2007 - Les Amis du Muséum'', spécial centenaire, septembre 2007, supplément de la publication trimestrielle ''[[Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle et du Jardin des plantes|Les Amis du Muséum national d'histoire naturelle]]'', n° 230, juin 2007 {{ISSN|1161-9104}}.</ref>. Il a aussi présidé [[Défense de la langue française]] entre 1960 et 1980 <ref>{{lien web |titre=DLF |url=http://www.langue-francaise.org/Editorial_revue_258.php |site=langue-francaise.org |consulté le=30-10-2023}}.</ref>.
=== Les livres régionalistes ===


Maurice Genevoix était favorable à la langue internationale [[espéranto]], comme en témoigne cette réponse à [[Pierre Delaire]] dans une émission radiodiffusée de la RTF du 18 février 1954, en jugeant notamment que {{citation|l'espéranto est en mesure d'exprimer les nuances les plus subtiles de la pensée et du sentiment (...) et [qu']il ne peut pas porter ombrage aux fidèles des langues nationales<ref>[http://www.ipernity.com/doc/32119/49551842 Voir sur ipernity.com.]</ref>}}.
[[Image:Maurice Genevoix 094.jpg|thumb|upright=0.7|Clocher de Châteauneuf-sur-Loire : l'idée d'un cycle de romans réalistes centré sur un village de la Loire a débouché sur ''Rémi des Rauches'', puis ''Raboliot'', mais n'a pas été poursuivie]][[Image:JT-Photo - toue Remi des Rauches.jpg|thumb|left|Toue ''Rémi des Rauches'', construite pour le centenaire de la naissance de Maurice Genevoix]]


Il meurt d'une [[Infarctus du myocarde|crise cardiaque]] le {{date-|8|septembre|1980}}, alors qu'il est en vacances dans sa maison d'''Alsudia-Cansades'', près de [[Xàbia]] (province d'[[Alicante]]) en Espagne. Sur sa table d'écrivain, il laisse inachevé son projet de roman<ref>[[Jean Dérens]] (1990), préface à ''Maurice Genevoix 1890-1980'', éd. Bibliothèque historique de la Ville de Paris, {{p.|7}}.</ref> intitulé ''Vent de mars'', de même qu'un autre projet, ''Nouvelles espagnoles''{{sfn|Association Maurice Genevoix|1998|p=29|loc=|id=association}} . Il fut enterré au [[cimetière de Passy]] ({{12e}} division) à [[Paris]].
Une seconde période démarre avec ''Rémi des Rauches''<ref>Jean-Paul Grossin (1990). À bâtons rompus avec Francine Danin. ''Journal de la Sologne'', p. 12-16.</ref>, roman publié en [[1922 en littérature|1922]], qui vaut à son auteur une bourse Blumenthal. Le roman est une transposition littéraire de la guerre, la crue de la Loire évoquant la boue des Eparges, la nostalgie du village aimé, et le souvenir des camarades tués<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit''. p. 13.</ref>. Cette période féconde est couronnée par ''[[Raboliot]]'' qui obtient le [[prix Goncourt]] en [[1925 en littérature|1925]]. ''Raboliot'' est un roman sur la [[Sologne]] où un anti-héros braconnier défend sa condition d'homme libre. Le soir même du prix, il reprend le train pour Châteauneuf, mettant comme son héros cette liberté au-dessus de tout<ref>Jacques de Bourbon Busset (1982). ''op. cit.''</ref>. L'écrivain ne donnera pas suite à ce qui était alors, comme il s'en expliquera dans la préface à sa biographie ''Au cadran de mon clocher'', les premiers volumes d'un cycle consacré au peuple de la Loire. Sa curiosité, tout autant qu'un constant besoin de poésie<ref>André Dulière (1959). Maurice Genevoix, poète de la Forêt. In : ''Rencontres avec la Gloire''. Imprimerie Duculot-Roulin.</ref>, auront raison de ce projet. Maurice Genevoix a été souvent qualifié d’écrivain régionaliste pour avoir souvent célébré le [[Val de Loire]], étiquette qu'il n'aimait guère. Ses livres rapportant ses voyages à l'étranger, ses écrits de guerre, de même que les thèmes universels qu'il aborde, témoignent cependant d'une dimension beaucoup plus large l'ensemble de son œuvre<ref>Maurice Druon dira au contraire que l'œuvre de Genevoix est une « réponse à tout ». Source : Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit''. p. 1.</ref>.


Le {{date-|11 novembre 2020}}, sur décision du président [[Emmanuel Macron]] et après un report d'un an, ses cendres sont transférées au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]]<ref>{{lien web|titre=Décret du 24 juillet 2019 autorisant le transfert des cendres de Maurice Genevoix au Panthéon|éditeur=legifrance.gouv.fr|année=|isbn=|lire en ligne=https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000038822004&dateTexte=&categorieLien=id|consulté le=2019-07-26}}.</ref>.
=== Les livres du voyageur ===


== Œuvre ==
Maurice Genevoix voulait enseigner à l'étranger. Contraint par ses blessures de choisir une autre orientation, il conserve cependant le gout du voyage. Il visite les grandes villes d'Afrique du Nord en 1934, puis parcourt le [[Canada]] durant quelques mois en 1939, de la [[Gaspésie]] aux [[Montagnes Rocheuses|Rocheuses]]<ref>Léonce Peillard (1957). Maurice Genevoix. ''Les écrivains contemporains''. N° 29., p. 5.</ref>. De sa rencontre avec deux trappeurs « alliant une bonhommie et une morosité agressive<ref>Anne Patzerkovsky (1991). Images pour un Genevoix sans murs : les pérégrinations du romancier hors de France. ''Maurice Genevoix 1890-1980.'' Bibliothèque historique de la Ville de Paris.</ref> », il tire un roman, ''La Framboise et Bellehumeur''. Puis il visite l'Afrique, précisément le [[Sénégal]], la [[Guinée]], le [[Soudan]] (1947) et le [[Niger]]<ref>Association Maurice Genevoix (1998). ''op. cit''. p. 20.</ref>, quelques années plus tard (1954). De son voyage en Guinée naît ''Fatou Cisse'', un roman sur la condition des femmes en Afrique Noire<ref>Léonce Peillard (1957). ''op. cit''. p. 5.</ref>. Il part également en [[Suède]] en 1945, et au [[Mexique]] en 1960. Mais il reste avant tout séduit par ce [[Canada]] sauvage qui le ramène à ses propres fondements : la forêt, le fleuve, mais aussi les bêtes libres<ref>André Dulière (1959). Maurice Genevoix, poète de la Forêt. Rencontres avec la Gloire. Imprimerie Duculot-Roulin.</</ref>.
L'ensemble de l'œuvre de Maurice Genevoix procède du témoignage de ce qu'il tient pour mémorable : la vie dans une bourgade au bord de la Loire à la fin du {{s-|XIX|e}}, les premiers mois de la Grande Guerre, les scènes de la nature et de la chasse en Sologne ou au Canada, le quotidien des hommes dans les colonies françaises. Ses livres sont plus souvent des récits que des fictions. Il est généralement présenté comme un écrivain sensible<ref name=melchior2/>{{,}}<ref name=deon1980/> animé du désir de perpétuer{{sfn|Wauthier|1979|p=16|loc=|id=}} . Il fait appel à sa mémoire sensorielle peu commune, mais chaque ouvrage est précédé d'une minutieuse recherche documentaire<ref name=melchior2/>{{,}}<ref name=grossin1990>{{Article |langue=|prénom1=Jean-Paul |nom1=Grossin |auteur1=Jean-Paul Grossin |titre= À bâtons rompus avec Francine Danin|périodique=Journal de la Sologne |volume= |numéro= |date= 1990|pages=p.12-16 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>.


=== Les romans-poèmes ===
=== Récits de guerre ===
[[Fichier:MG Portrait au trait.jpg|vignette|redresse|gauche|Portrait réalisé par Anne Tassin (photo Jacque Tassin).]]


L'œuvre de Genevoix doit à sa formation initiale d'écrivain de guerre. Il trouvera son registre dès le premier livre<ref name=deon1982/>. Par la suite, il gardera le même souci d'exactitude et de précision dans l'évocation des instants gardés en mémoire. Il se révèle persuadé que toute exagération ne peut qu'affaiblir l'effet de la réalité, et n'aspire qu'à rester un témoin fidèle et scrupuleux<ref>[[Jean Norton Cru]]. ''Témoins''.</ref>. Ses lectures l'y avaient préparé : à l'école de [[Maupassant]], comme à celle de [[Stendhal]] et de [[Tolstoï]], Maurice Genevoix avait appris la simplicité de la narration<ref>Paul Souday. Article publié en 1916, dans ''Le Temps''</ref>.
Les romans-poèmes (''Forêt voisine, [[la Dernière Harde]], [[la Forêt perdue]]'') que Maurice Genevoix écrit aux Vernelles sont des œuvres où il manifeste son talent poétique<ref>Roger Secrétain (1977). Maurice Genevoix et les secrets de la nature. ''Ceux qui ont éclairé nos chemins''. p. 153.</ref>. [[Image:Maurice Genevoix 072.jpg|thumb|right|La Loire coule dans l'œuvre entière de Maurice genevoix]]
Dans une interview relative à ''[[la Forêt perdue]]''<ref>Maurice Genevoix (1971). ''[[La Forêt perdue]]''. Bibliothèque du Club de la Femme, éditions Rombaldi, 1971.</ref>, il reconnaît que cette poésie convole avec la magie. Certains critiques considèrent ces romans-poèmes, qui accordent une grande part à la description de la vie animale et à la chasse, comme des romans spécialisés<ref>Jean-Paul Grossin (1990). A bâtons rompus avec Francine Danin. ''Journal de la Sologne'', p. 12-16.</ref>. ''[[La Dernière Harde]]'', pourtant dénué de péripéties mais touchant, comme ''[[la Forêt perdue]]'', à une certaine grandeur épique, est considéré par certains écrivains comme le meilleur roman de Maurice Genevoix<ref>Maurice Schumann (1987). ''Discours de Maurice Schumann, Membre de l'Académie Française, le 6 avril 1987, à Châteauneuf-sur-Loire.'' ; Roger Secrétain (1977). Maurice Genevoix et les secrets de la nature. ''Ceux qui ont éclairé nos chemins''. p. 149. ; André Dulière, 1959. Maurice Genevoix, poète de la Forêt. ''Rencontres avec la Gloire''. Imprimerie Duculot-Roulin ; Christian Melchior-Bonnet (1961). ''op. cit.'' p. 5.</ref>.


En {{date-|décembre 1915}}, ses carnets de guerre rassemblent quelques notes griffonnées (ordres de bataille, instructions diverses, liste des secteurs, dates). Les quatre premiers chapitres de ''Sous Verdun'' sont esquissés sur le front, dans les intervalles de repos. Le reste tient à l'exercice de la mémoire. Ces notes de guerre s'achèvent en effet très tôt, le {{date-|6 septembre 1914}}{{sfn|Genevoix|1961|p=336|loc=|id=jeux61}} . Maurice Genevoix regrettait que l'on eût souvent donné une importance exagérée à ces carnets. Les lettres de 1915 qu'il écrivit, du front, au secrétaire général de l'École normale supérieure, [[Paul Dupuy (ENS)|Paul Dupuy]], sont davantage documentées. [[Ernest Lavisse]], directeur de l'école, avait chargé [[Paul Dupuy (ENS)|Paul Dupuy]] de conserver toute une correspondance des élèves envoyés au front, qui devait servir de documents pour rédiger plus tard une histoire de la guerre. Cette correspondance semble avoir depuis été égarée{{sfn|Boulouque|1990|p=34|loc=|id=}} . Quelques mois plus tard, au terme du séjour hospitalier de Genevoix, Dupuy devient l'intercesseur auprès des [[Hachette Littératures|éditions Hachette]], en la personne de Guillaume Bréton, qui remet alors à l'ancien normalien un contrat pour un livre qu'il rédigera en quelques semaines. Entre-temps, Dupuy n'aura cessé d'exhorter Genevoix d'écrire, alors même que celui-ci n'avait pas encore quitté l'hôpital de Dijon, l'encourageant à reprendre jour par jour tous ses souvenirs. Ainsi écrit-il le {{date-|16 juin 1915}} : « C'est votre pouvoir à vous de charger de sens les moindres mots ou les gestes les plus simples. » Puis le {{date-|20 juin 1915}}, se faisant plus pressant : « J'aurais un grand chagrin si tout ce qu'il y a d'art en toi demeure en l'état de puissance latente et ne se réalise pas dans la plus riche des matières{{sfn|Boulouque|1990|p=34|loc=|id=}} . »
Le songe n'est jamais loin dans cette partie de l'œuvre<ref>Jean-Luc Wauthier (1979). ''op. cit.'' p. 13.</ref>. « L'histoire que voici, je l'ai rêvée à partir d'un mot », prévient-il en préface de ''[[la Forêt perdue]]''. Les décors aquatiques de la Loire<ref>À propos de la Loire. Dialogue radiophonique entre Maurice Bedel et Maurice Genevoix. ''Les Cahiers de Radio-Paris'' (1936), p. 532.</ref>, présents dans plusieurs autres romans, invitent au rêve.


C'est le désir de témoigner qui le décide à écrire{{sfn|Jaubert|1979|p=26|loc=|id=}}. Son récit, parfois interprété comme une thérapie par l'écriture<ref>{{Ouvrage |langue= |prénom1= Albine |nom1=Novarino |titre=Le choix du versant du soleil : préface à Trente mille jours |sous-titre= |lieu= |éditeur=Omnibus |collection= |année=2000 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.4 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>, est servi par une mémoire sensorielle peu commune. Son témoignage de soldat, relaté dans cinq volumes écrits entre 1916 et 1923, tous parus chez [[groupe Flammarion|Flammarion]], et rassemblés par la suite sous le titre ''Ceux de 14'', est un document précieux sur la vie des poilus<ref>Claude Lafaye (1990). Maurice Genevoix et l'Histoire. ''Passerelle Lettres et Arts'', 10-11.</ref>. La censure s'est attardée sur les deux premiers récits qui, la guerre n'étant pas encore achevée, montrait trop la réalité des combats et, plus encore, relatait parfois des paniques. Les coupes furent de ce fait nombreuses (plus de 269 pages lors de la première édition<ref>Jean-Jacques Becker. Du témoignage à l'histoire. Préface à ''Ceux de 14''. [[Éditions Omnibus]], 2000</ref>). Ces écrits sont considérés comme l'une des plus grandes œuvres de guerre<ref name=deon1980/>{{,}}<ref name=bazin> {{Article |langue= |auteur1=Hervé Bazin |titre=Portrait d'un enchanteur |périodique=Les Nouvelles Littéraires |volume= |numéro= |date=13 mars 1969 |pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}.</ref>{{,}}<ref name=bourbon1982/>. L'un des premiers, [[Jean Norton Cru]], ancien combattant et professeur aux Etats-Unis, après avoir analysé tous les livres parus sur la Grande Guerre entre 1915 et 1928 en appliquant « à la littérature sur la guerre […] les méthodes de la critique universitaire »<ref>Michel Bernard, ''Pour Genevoix'', Paris, La Table Ronde, 2011, p. 98.</ref>, reconnaît comme « une sorte de miracle »<ref>Michel Bernard, ''Pour Genevoix'', Paris, La Table Ronde, 2011, p. 101.</ref> la vérité du récit de guerre et le talent de Genevoix dans les cinq livres qui constitueront ''Ceux de 14''.
Maurice Genevoix fera partie des premiers comités de la [[Société des poètes et artistes de France]] à la fin des [[années 1950]] et au début des [[années 1960]].


Dans la longue présentation de douze pages (préface et postface) qu'il donne en 1959 à ''Vie et mort des Français, 1914-1918, simple histoire de la Grande Guerre'', ouvrage co-rédigé par [[André Ducasse]], [[Jacques Meyer (homme de lettres)|Jacques Meyer]] et Gabriel Perreux (tous trois Normaliens et anciens combattants de la Grande Guerre), Maurice Genevoix - qui estime tout particulièrement les livres d'histoire de guerre « honnêtes, scrupuleux, généreux, et riches d'une expérience de témoins […], saisis au cœur de l'événement et mûris à sa brûlure »<ref>Cf. Maurice Genevoix, postface à ''Vie et mort des Français 1914-1918'', ''simple histoire de la Grande Guerre'', par [[André Ducasse]], [[Jacques Meyer (homme de lettres)|Jacques Meyer]] et Gabriel Perreux, Hachette, Paris 1959, p. 489.</ref> - cite la phrase suivante tirée du récit ''La guerre, mon vieux..''. de Jacques Meyer<ref>Jacques Meyer, ''La guerre, mon vieux..''., éd. Les Etincelles, Paris 1930, exorde, p. 2, pénultième paragraphe (réédition Albin Michel, Paris 1931).</ref> : « La guerre, mon vieux, tu sais bien ce que c'était. Mais quand nous serons morts, qui donc l'aura jamais su? »<ref>Cf. Maurice Genevoix, préface à ''Vie et mort des Français 1914-1918'', ''simple histoire de la Grande Guerre'', par [[André Ducasse]], [[Jacques Meyer (homme de lettres)|Jacques Meyer]] et [[Gabriel Perreux]], Hachette, Paris 1959, p. 10.</ref>.
==Les thèmes==
=== L'enfance ===
[[Image:Maurice Genevoix 116.jpg|thumb|left|upright=0.7|Le ''Chastaing'', l'un des sites privilégiés de son enfance]]
Maurice Genevoix est marqué par son enfance où il puise son inspiration<ref>Gaston Pouillot (1998). ''op. cit.'' p. 108.</ref> : « Il suffit que j'y songe encore pour retrouver une très lointaine ivresse : de joie de vivre, d'augmentation de l'être, de capiteux et éternel printemps. Et comment me tromper à ce délicieux vertige ? C'est l'enfance<ref>Maurice Genevoix (1960). ''Jeux de glaces''. ''op. cit.'' p. 811.</ref> ! ». C'est de l'enfance qu'il se réclame<ref>Maurice Genevoix (1960). ''Jeux de glaces''. ''op. cit.'' p. 812.</ref>, la comparant à une plaque hypersensible<ref>Jacques Jaubert (1979). ''op. cit''. p. 33.</ref>.


=== Livres régionalistes ===
Rares sont ses romans qui ne font pas directement référence à sa propre enfance. ''Rémi des Rauches'' (1922) puis ''la Boîte à pêche'' (1926), remettent à jour des souvenirs d'enfance parsemés de lieux-dits où il aimait pêcher, comme ''la Ronce'', ''le Chastaing'' ou ''l'Herbe Verte''. ''[[Les Compagnons de l'Aubépin]]'' (1938) rapporte le séjour au bord de l'eau d'un groupe de jeunes garçons « dépositaires du chevaleresque<ref>Roger Secrétain (1977). Maurice Genevoix et les secrets de la nature. ''Ceux qui ont éclairé nos chemins''. p. 148</ref>. » Dans ''L'Aventure est en nous'', se retrouve, sous les traits de François Montserrat, le lycéen Genevoix, vif et frondeur. Mais c'est aussi dans les derniers écrits (''Trente Mille jours'', ''Jeux de glaces'') que se révèle le plus fidèlement son enfance. L'amitié qu'il accorde à ses proches, est présente d'un bout à l'autre de son œuvre, du Porchon de ''Sous Verdun'' (1916) au d'Aubel de ''[[Un Jour]]'' (1976)<ref>Jean-Luc Wauthier (1979). ''op. cit.'' p. 21.</ref>.
[[Image:JT-Photo - toue Remi des Rauches.jpg|thumb|[[Toue cabanée|Toue]] ''Remi des Rauches'', construite pour le centenaire de la naissance de Maurice Genevoix.]]
Une seconde période démarre avec ''Remi des Rauches''<ref name=grossin1990/> , roman publié en [[1922 en littérature|1922]], qui vaut à son auteur un [[prix Blumenthal]]. Le roman est une transposition littéraire de la guerre, la crue de la Loire évoquant la boue des Eparges, la nostalgie du village aimé, et le souvenir des camarades tués{{sfn|Association Maurice Genevoix|1998|p=13|loc=|id=association}} .


Cette période féconde est couronnée par ''[[Raboliot]]'' qui obtient le [[prix Goncourt]] en [[1925 en littérature|1925]]. ''Raboliot'' est un roman sur la [[Sologne]] où un anti-héros braconnier défend sa condition d'homme libre. Le soir même du prix, il reprend le train pour Châteauneuf, mettant comme son héros cette liberté au-dessus de tout<ref name=bourbon1982/>. L'écrivain ne donnera pas suite à ce qui était alors, comme il s'en expliquera dans la préface à sa biographie ''Au cadran de mon clocher'', les premiers volumes d'un cycle consacré au peuple de la Loire. Sa curiosité, tout autant qu'un constant besoin de poésie<ref name=duliere1959>{{Chapitre |langue= |auteur1=André Dulière |titre chapitre= Maurice Genevoix, poète de la Forêt|auteurs ouvrage= |titre ouvrage= Rencontres avec la Gloire|lieu= |éditeur= Imprimerie Duculot-Roulin|année=1959 |isbn= |lire en ligne= |passage= }}. </ref>, auront raison de ce projet. Maurice Genevoix a été souvent qualifié d’écrivain régionaliste pour avoir souvent célébré le [[Val de Loire]], étiquette qu'il n'aimait guère. Ses livres rapportant ses voyages à l'étranger, ses écrits de guerre, de même que les thèmes universels qu'il aborde, témoignent cependant d'une dimension beaucoup plus large de l'ensemble de son œuvre<ref>Maurice Druon dira au contraire que l'œuvre de Genevoix est une « réponse à tout ». Source : {{Harvsp|Association Maurice Genevoix|1998|p=1|loc=|id=association}} .</ref>.
=== La mort ===


=== Livres de voyages ===
A l'âge de quatre ans, durant l'hiver 1894, il échappe de peu à la mort alors qu'il contracte le [[Diphtérie|croup]]. La mort continuera de hanter l'ensemble de son œuvre<ref>Francine Danin (1990). Maurice Genevoix, romancier de la mort ? ''Journal de la Sologne''. p. 8-11.</ref>. À neuf ans, il voit pour la première fois « couler le sang<ref>''Maurice Genevoix (1972). ''La Mort de près''. Ed. Omnibus, 2000. p. 1016.</ref> », le sentant refroidir et se figer autour de sa jambe brisée qu'il s'agit de guérir dans l'échaudoir d'un boucher. « Une médication de Bantou », lâchera-t-il l'année précédant sa mort<ref>Jacques Jaubert (1979). ''op. cit''. p. 33.</ref>. À douze ans, la perte de sa mère le confronte à la réalités de la mort.
Maurice Genevoix voulait enseigner à l'étranger. Contraint par ses blessures de choisir une autre orientation, il conserve cependant le goût du voyage. Il visite les grandes villes d'Afrique du Nord en 1934, puis parcourt le [[Canada]] durant quelques mois en 1939, de la [[Gaspésie]] aux [[Montagnes Rocheuses|Rocheuses]]<ref name=peillard5>{{Ouvrage |langue= |auteur1=Léonce Peillard |titre=Maurice Genevoix |sous-titre= |lieu= |éditeur= |collection=Les écrivains contemporains|numéro dans collection=29 |année=1957 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.5 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>. De sa rencontre avec deux trappeurs « alliant une bonhommie et une morosité agressive<ref name="ref-8">Anne Patzerkovsky (1991). Images pour un Genevoix sans murs : les pérégrinations du romancier hors de France. ''Maurice Genevoix 1890-1980.'' Bibliothèque historique de la Ville de Paris.</ref> », il tire un roman, ''La Framboise et Bellehumeur''. Puis il visite l'Afrique, précisément le [[Sénégal]], la [[Guinée]], le [[Soudan]] (1947) et le [[Niger]]{{sfn|Association Maurice Genevoix|1998|p=20|loc=|id=association}} , quelques années plus tard (1954). De son voyage en Guinée naît ''Fatou Cisse'', un roman sur la condition des femmes en Afrique Noire<ref name=peillard5/>. Il part également en [[Suède]] en 1945, et au [[Mexique]] en 1960. Mais il reste avant tout séduit par ce [[Canada]] sauvage qui le ramène à ses propres fondements : la forêt, le fleuve, mais aussi les bêtes libres<ref name=duliere1959/>.


=== Romans-poèmes ===
Mais c'est au front qu'il la côtoie sous sa forme la plus effroyable. Il y fera l'expérience de ce « vide glacial<ref>Maurice Schumann (1987). ''op. cit''.</ref> » que laisse à ses côtés le compagnon fauché dans sa course, et qui ne cessera jamais de le poursuivre. Un épisode qu'il remettra notamment en scène dans ''[[la Dernière Harde]]'' où le Cerf rouge, fuyant avec sa mère sous les balles des chasseurs, sent à son tour contre lui ce même « vide glacial, extraordinairement profond, qui le suivait dans son élan<ref>Maurice Genevoix (1938). ''La Dernière Harde''. chapitre II.</ref>. Il publie en [[1972 en littérature|1972]] un essai sur ce thème, ''[[La Mort de près]]'', s'agissant d'une mort dont il s'attache à dépeindre la fréquentation quotidienne au cours de la guerre. Là encore, il se pose en simple témoin<ref>Que l'on n'attende pas de moi des méditations sur la mort que je laisse au gré de chacun, pas davantage de révélations aux frontières d'un passage sans retour, rien d'autre qu'une narration, un récit scrupuleux des faits qui m'ont conduit à frôler cette frontière jusqu'au seuil de l'inconnu, et peut-être un peu au-delà. »</ref>.
[[Image:Maurice Genevoix 072.jpg|thumb|La Loire coule dans l'œuvre entière de Maurice Genevoix.]]
Les romans-poèmes (''Forêt voisine, [[la Dernière Harde]], [[la Forêt perdue]]'') que Maurice Genevoix écrit aux Vernelles sont des œuvres où il manifeste son talent poétique<ref>{{Chapitre |langue= |prénom1=Roger |nom1=Secrétain |titre chapitre=Maurice Genevoix et les secrets de la nature |auteurs ouvrage= |titre ouvrage=Ceux qui ont éclairé nos chemins|lieu= |éditeur=|année= 1977 |isbn= |lire en ligne= |passage= p.153}}. </ref>.


Dans une interview relative à ''[[la Forêt perdue]]''<ref>Maurice Genevoix (1971). ''[[La Forêt perdue]]''. Bibliothèque du Club de la Femme, éditions Rombaldi, 1971.</ref>, il reconnaît que cette poésie convole avec la magie. Certains critiques considèrent ces romans-poèmes, qui accordent une grande part à la description de la vie animale et à la chasse, comme des romans spécialisés<ref name=grossin1990/> . ''[[La Dernière Harde]]'', pourtant dénué de péripéties mais touchant, comme ''[[la Forêt perdue]]'', à une certaine grandeur épique, est considéré par certains écrivains comme le meilleur roman de Maurice Genevoix<ref name=schumann1987>Maurice Schumann (1987), ''Discours de Maurice Schumann, Membre de l'Académie française, le 6 avril 1987, à Châteauneuf-sur-Loire.''</ref>{{,}}{{sfn|Secrétain|1977|p=149|loc=|id=}}{{,}}<ref name=duliere1959/>{{,}}{{sfn|Melchior-Bonnet|1961|p=5|loc=|id=}} .
=== La nature ===


Le songe n'est jamais loin dans cette partie de l'œuvre{{sfn|Wauthier|1979|p=13|loc=|id=}} . « L'histoire que voici, je l'ai rêvée à partir d'un mot », prévient-il en préface de ''[[La Forêt perdue]]''. Les décors aquatiques de la Loire<ref>À propos de la Loire. Dialogue radiophonique entre Maurice Bedel et Maurice Genevoix. ''Les Cahiers de Radio-Paris'' (1936), {{p.|532}}.</ref>, présents dans plusieurs autres romans, invitent au rêve.
[[Image:Bercé.jpg‎|thumb|left|La forêt chez Maurice Genevoix : une source inépuisable de poésie]]
[[Image:Le procès de Renart.jpg|thumb|Le procès de Renart (enluminure du XVIe siècle)]]


Maurice Genevoix fera partie des premiers comités de la [[Société des poètes et artistes de France]] à la fin des [[années 1950]] et au début des [[années 1960]].
Tous les romans de Maurice Genevoix sont un hymne à la vie<ref>Jean-Paul Grossin (1990). A bâtons rompus avec Francine Danin. ''Journal de la Sologne'', p. 12-16.</ref> où il évoque notamment une complicité à la vie animale<ref>Joseph Kessel (1972). Maurice Genevoix entre Seine et Loire. ''Des Hommes.'' Gallimard.</ref>. Qualifié parfois de naturaliste lyrique<ref>Hervé Bazin (1969). Portrait d'un enchanteur. ''Les Nouvelles Littéraires'' 13 mars 1969.</ref>, il évite cependant l'excès de style, la profusion de sentiment, et s'en tient à la poésie des harmonies présentes dans la nature<ref>Joseph Kessel (1972). ''op. cit''.</ref>. Son travail est lié à son aptitude à capter et exprimer les sensations du fond de l'être, y compris dans sa nature la plus proche de l'animal<ref>Gilbert Sigaux (1970). Préface de ''Raboliot''. Cercle du Bibliophile. p. 14.</ref>, et à se mettre parfois à la place, par des procédés littéraires relevant de l'[[anthropomorphisme]], d'un autre vivant, d'un cerf ou d'un chat<ref>Jacques Jaubert (1979). ''op. cit''. p. 27.</ref>.


== Thèmes ==
La complicité avec l'animal trouve son apogée dans le ''[[Le Roman de Renard (Genevoix)|Le Roman de Renard]]'', dont le héros se bat également pour une soif de liberté, et dont l'écriture évoque ''[[La Dernière Harde]]''<ref>Roger Secrétain (1977). ''op. cit.'' p. 150.</ref>. Genevoix s'affirme alors avec [[Louis Pergaud]] comme l'un des meilleurs écrivains animaliers<ref>Hervé Bazin (1969). Portrait d'un enchanteur. ''Les Nouvelles Littéraires.'' 13 mars 1969.</ref>.
=== L'enfance ===
[[Fichier:Maurice Genevoix 116.jpg|vignette|left|Le ''Chastaing'', l'un des sites privilégiés de l'enfance de l'écrivain.]]
Maurice Genevoix est marqué par son enfance où il puise son inspiration{{sfn|Pouillot|1998|p=108|loc=|id=}} : {{citation bloc|Il suffit que j'y songe encore pour retrouver une très lointaine ivresse : de joie de vivre, d'augmentation de l'être, de capiteux et éternel printemps. Et comment me tromper à ce délicieux vertige ? C'est l'enfance{{sfn|Genevoix|1961|p=811|loc=|id=jeux61}} !}}


C'est de l'enfance qu'il se réclame{{sfn|Genevoix|1961|p=812|loc=|id=jeux61}} , la comparant à une plaque hypersensible{{sfn|Jaubert|1979|p=33|loc=|id=}}.
Bien que ses romans s'y réfèrent, il se défend d'aimer la chasse<ref>Maurice Genevoix (1971). ''Le Roman de Renard.'' Interview en préface de l'ouvrage aux éditions Rombaldi, 1971.</ref>. La guerre lui en a ôté le goût, qu'il reconnaît avoir eu auparavant<ref>Jacques Jaubert (1979). ''op. cit''. p. 27.</ref>. Il y retrouve son propre goût de la quête, très présent dans ''[[Raboliot]]'', mais il réprime ce qui s'apparente à la tuerie, qu'incarne le Grenou de ''[[La Dernière Harde]]''.


Rares sont ses romans qui ne font pas directement référence à sa propre enfance. ''Remi des Rauches'' (1922) puis ''la Boîte à pêche'' (1926), remettent à jour des souvenirs d'enfance parsemés de lieux-dits où il aimait pêcher, comme ''la Ronce'', ''le Chastaing'' ou ''l'Herbe Verte''. ''[[Les Compagnons de l'Aubépin]]'' (1938) rapporte le séjour au bord de l'eau d'un groupe de jeunes garçons « dépositaires du chevaleresque{{sfn|Secrétain|1977|p=148|loc=|id=}} ».
=== La mémoire ===


Dans ''L'Aventure est en nous'', se retrouve, sous les traits de François Montserrat, le lycéen Genevoix, vif et frondeur. Mais c'est aussi dans les derniers écrits (''Trente Mille jours'', ''Jeux de glaces'') que se révèle le plus fidèlement son enfance. L'amitié qu'il accorde à ses proches, est présente d'un bout à l'autre de son œuvre, du Porchon de ''Sous Verdun'' (1916) au d'Aubel de ''[[Un Jour]]'' (1976){{sfn|Wauthier|1979|p=21|loc=|id=}} .
Maurice Genevoix reste pour une bonne part de son œuvre le chantre de la mémoire. Les mots qu'ils emploie montrent son travail de mémorisation puis de témoignage, tel le titre donné à l'un de ses ''Bestiaires'', qualifié de ''Bestiaire sans oubli''<ref>Jean-Luc Wauthier (1979). ''op. cit.'' p. 16.</ref>. Il conservera des traces de son enfance, notamment ses cahiers scolaires, et gardera les travaux de création de ses romans. L'homme est à ses yeux « comptable de ce qu'il est en mesure de transmettre »<ref>Maurice Genevoix (1972). ''La Mort de près''. ''op. cit.'' p. 1013.</ref>. Cette mémoire lui est un instrument d'investigation qu'il met au service de ses camarades de guerre, mais également afin de perpétuer les scènes de son enfance.


=== La mort ===
==Les influences littéraires==
À l'âge de quatre ans, durant l'hiver 1894, il échappe de peu à la mort alors qu'il contracte le [[Diphtérie|croup]]. La mort continuera de hanter l'ensemble de son œuvre<ref>{{Article |langue= |auteur1=Francine Danin |titre=Maurice Genevoix, romancier de la mort ? |périodique=Journal de la Sologne |volume= |numéro= |date=1990 |pages=p.8-11 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>. À neuf ans, il voit pour la première fois « couler le sang<ref>''Maurice Genevoix (1972). La Mort de près''. [[Éditions Omnibus]], 2000. {{p.|1016}}.</ref> », le sentant refroidir et se figer autour de sa jambe brisée qu'il s'agit de guérir dans l'échaudoir d'un boucher. « Une médication de Bantou », lâchera-t-il l'année précédant sa mort{{sfn|Jaubert|1979|p=33|loc=|id=}}. À douze ans, la perte de sa mère le confronte à la réalité de la mort.
=== Lectures d'enfance et d'adolescence===


Mais c'est au Front qu'il la côtoie sous sa forme la plus effroyable. Il y fera l'expérience de ce « vide glacial<ref name=schumann1987/> » que laisse à ses côtés le compagnon fauché dans sa course, et qui ne cessera jamais de le poursuivre. Un épisode qu'il remettra notamment en scène dans ''[[la Dernière Harde]]'' où le Cerf rouge, fuyant avec sa mère sous les balles des chasseurs, sent à son tour contre lui ce même « vide glacial, extraordinairement profond, qui le suivait dans son élan »<ref>Maurice Genevoix (1938). ''La Dernière Harde''. chapitre II.</ref>. Il publie en [[1972 en littérature|1972]] un essai sur ce thème, ''[[La Mort de près]]'', s'agissant d'une mort dont il s'attache à dépeindre la fréquentation quotidienne au cours de la guerre. Là encore, il se pose en simple témoin<ref>Que l'on n'attende pas de moi des méditations sur la mort que je laisse au gré de chacun, pas davantage de révélations aux frontières d'un passage sans retour, rien d'autre qu'une narration, un récit scrupuleux des faits qui m'ont conduit à frôler cette frontière jusqu'au seuil de l'inconnu, et peut-être un peu au-delà. »</ref>.
Il s'avoue marqué par ''l'Enfant des bois'', d'Élie Berthet, qui l'invitera à de premières rêveries, puis par ''[[Le Livre de la jungle]]'' de [[Rudyard Kipling|Kipling]] dont il restera marqué<ref>Jean-Paul Grossin (1990). ''op. cit.'' p. 12-16.</ref> et qui, bien plus tard, l'invitera au voyage<ref>Anne Patzerkovsky (1991). Images pour un Genevoix sans murs : les pérégrinations du romancier hors de France. ''Maurice Genevoix 1890-1980.'' Bibliothèque historique de la Ville de Paris.</ref>. Adolescent, le besoin d'écrire se manifeste sous la forme de premiers poèmes. Il découvre [[Daudet]], puis [[Honoré de Balzac|Balzac]]<ref>André Dulière (1959). ''op. cit''.</ref>. Il découvre également [[Stendhal]], [[Tolstoï]]<ref>Genevoix n'ignore pas que Tolstoï a également côtoyé la guerre, ayant servi dans l'armée du Caucase et s'y étant battu.</ref> et [[Flaubert]]. Maurice Genevoix admire sa capacité à s'investir dans ses propres personnages. Devenu Normalien, il étudie Maupassant, qu'il apprécie pour la simplicité de son écriture, son honnêteté et son naturel{{Référence nécessaire}}. Mais si l'on retrouve l'ombre de Maupassant chez Genevoix, c'est sous un jour « moins amer, plus humain<ref>Christian Melchior-Bonnet (1961). ''op. cit.'' p. 2.</ref> ».


=== La nature ===
Au lycée Potier d'Orléans, il a pour professeur de lettres [[Émile Moselly]] (Émile Chenin de son vrai nom), auteur de ''Jean des Brebis'', qui reçut le prix Goncourt en 1907. Celui-ci adressera à l'auteur frais émoulu de ''Sous Verdun'' une lettre émouvante datée du 28 mai 1916<ref>Cette lettre est présentée au Musée Maurice Genevoix</ref> : « Je désirerais savoir si l'auteur de ''Sous Verdun'' et le petit Genevoix, l'élève intelligent et vif que j'ai eu comme élève à Orléans, ne sont qu'une seule et même personne. Dans ce cas, permettez-moi d'embrasser tendrement et fortement le lieutenant Genevoix pour l'âme vaillante qu'il me révèle. Permettez-moi surtout de dire au Normalien Genevoix, qu'il est déjà un grand artiste, de la race des beaux écrivains, et que son maître un jour sera très fier de lui. »
[[Fichier:ProcesDeRenart-BNF.jpg|vignette|''Le Procès de Renart'' (enluminure du {{s-|XVI|e}}), attribué à Maître de Thomas de Maubeuge, fonds de la BNF.]]
Tous les romans de Maurice Genevoix sont un hymne à la vie<ref name=grossin1990/> où il évoque notamment une complicité à la vie animale<ref name=kessel1972>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Joseph |nom1=Kessel |lien auteur1=Joseph Kessel|titre=Maurice Genevoix entre Seine et Loire |sous-titre= |lieu= |éditeur=Gallimard|collection=Des Hommes |année= 1972|volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>. Qualifié parfois de naturaliste lyrique<ref name=bazin/>, il évite cependant l'excès de style, la profusion de sentiment, et s'en tient à la poésie des harmonies présentes dans la nature<ref name=kessel1972/>. Son travail est lié à son aptitude à capter et exprimer les sensations du fond de l'être, y compris dans sa nature la plus proche de l'animal<ref>Gilbert Sigaux (1970), préface de ''Raboliot'', Cercle du Bibliophile, {{p.|14}}.</ref>, et à se mettre parfois à la place, par des procédés littéraires relevant de l'[[anthropomorphisme]], d'un autre vivant, d'un cerf ou d'un chat{{sfn|Jaubert|1979|p=27|loc=|id=}}.


La complicité avec l'animal trouve son apogée dans ''[[Le Roman de Renard (Genevoix)|Le Roman de Renard]]'', dont le héros se bat également pour une soif de liberté, et dont l'écriture évoque ''[[La Dernière Harde]]''{{sfn|Secrétain|1977|p=150|loc=|id=}} . Genevoix s'affirme alors avec [[Louis Pergaud]] comme l'un des meilleurs écrivains animaliers<ref name=bazin/>.
=== Lectures universitaires ===


Bien que ses romans s'y réfèrent il se défend d'aimer la chasse<ref>Maurice Genevoix (1971), ''Le Roman de Renard'', interview en préface de l'ouvrage aux éditions Rombaldi (1971).</ref>. La guerre lui en a ôté le goût, qu'il reconnaît avoir eu auparavant{{sfn|Jaubert|1979|p=27|loc=|id=}}. Il y retrouve son propre goût de la quête, très présent dans ''[[Raboliot]]'', mais il réprime ce qui s'apparente à la tuerie, qu'incarne le Grenou de ''[[La Dernière Harde]]''.
Conscient des limites de son art, il évite les controverses littéraires<ref>Joseph Kessel (1972). ''op. cit''.</ref>. Il se tient en retrait de la psychanalyse et raille volontiers les critiques qui croient déceler chez lui les clés de l'écriture de certains de ses romans.


{{citation bloc|L'attention qu'il porte à l'ensemble de la chaîne du vivant va faire du "vieux" Genevoix le chantre de l'[[écologie]] dès le début des années 70<ref>[https://www.franceculture.fr/emissions/toute-une-vie/maurice-genevoix-1890-1980-un-regard-a-toute-epreuve « Maurice Genevoix (1890-1980), un regard à toute épreuve »], France Culture, {{date-|7|11|2020}}.</ref>.}}
Il conduit son existence d'Académicien en dehors des chapelles littéraires<ref>Christian Melchior-Bonnet (1961). ''op. cit.'' p. 2.</ref> », peu sensible aux thèses générales<ref>Michel Déon (1980). ''op. cit''.</ref> ». Dans ''[[Un Jour]]'', Genevoix cite [[Henry David Thoreau|Thoreau]] : « Nous savons plus que nous n'assimilons<ref>Maurice Genevoix (1976). ''Un Jour''. Ed. Seuil, 1976. p. 81.</ref> ».


=== La mémoire ===
==Place de l'écrivain dans la littérature du {{s|XX}}==
Genevoix reste pour une bonne part de son œuvre le chantre de la mémoire. Les mots qu'il emploie montrent son travail de mémorisation puis de témoignage, tel le titre donné à l'un de ses ''Bestiaires'', qualifié de ''Bestiaire sans oubli''{{sfn|Wauthier|1979|p=16|loc=|id=}} . Il conservera des traces de son enfance, notamment ses cahiers scolaires, et gardera les travaux de création de ses romans. L'homme est à ses yeux « comptable de ce qu'il est en mesure de transmettre »<ref>Maurice Genevoix (1972). ''La Mort de près'', {{opcit}}, {{p.|1013}}.</ref>. Cette mémoire lui est un instrument d'investigation qu'il met au service de ses camarades de guerre, mais également afin de perpétuer les scènes de son enfance.
=== Maurice Genevoix et les écrivains de terroir===


== Influences littéraires ==
Le terroir constitue dans l’entre deux-guerres un axe narratif essentiel. Les écrivains qui s’y consacrent visent l’universalité des relations de l’homme à la nature, recherchant par d’autres voies une réponse aux questions sur la condition humaine<ref>Lourdes Carriero-Lopez (1992). La métaphore spatiale du terroir dans le roman français d’entre-deux-guerres. Etude de Raboliot de Maurice Genevoix et de Malicroix d’Henri Bosco. Revista de Filologia Francesca. Editorial Complutense. Madrid, p. 141.</ref>. La description de la nature y présente des valeurs poétiques spécifiques, qui guident certaines œuvres de [[Charles Ferdinand Ramuz]], [[Henri Pourrat]], [[Jean Giono]], [[Henri Bosco]] et Maurice Genevoix. Ces écrivains, qualifiés de « régionalistes », ou « de terroir », renouvellent ainsi la tradition du roman rustique inaugurée par [[George Sand]]. Ils manifestent une adhésion à l’ordre naturel du monde face à une civilisation moderne, sorte de rousseauisme commun à ces écrivains de terroir. Descripteurs des scènes naturelles, ils s’identifient chacun à un peintre : Ramuz à [[Cézanne]], Bosco à [[Van Gogh]], et Genevoix à [[Maurice Vlaminck]]. Ce réalisme optique sera développé par la suite par le nouveau roman. Mais les romans des écrivains de terroir sont aussi parfois de véritables études de mœurs. Chez Genevoix, la description de Raboliot, braconnier solognot, en constitue un exemple.
=== Lectures d'enfance et d'adolescence ===
Il s'avoue marqué par ''L'Enfant des bois'', d'Élie Berthet, qui l'invitera à de premières rêveries, puis par ''[[Le Livre de la jungle]]'' de [[Rudyard Kipling|Kipling]] dont il restera marqué<ref name=grossin1990/> et qui, bien plus tard, l'invitera au voyage<ref name="ref-8"/>. Adolescent, le besoin d'écrire se manifeste sous la forme de premiers poèmes. Il découvre [[Alphonse Daudet|Daudet]], puis [[Honoré de Balzac|Balzac]]<ref name=duliere1959/>.


Il découvre également [[Stendhal]], [[Tolstoï]]<ref>Genevoix n'ignore pas que Tolstoï a également côtoyé la guerre, ayant servi dans l'armée du Caucase et s'y étant battu.</ref> et [[Flaubert]]. Maurice Genevoix admire sa capacité à s'investir dans ses propres personnages. Devenu Normalien, il étudie Maupassant, qu'il apprécie pour la simplicité de son écriture, son honnêteté et son naturel<ref>{{Lien web |titre=Réponse au discours de réception de Maurice Genevoix {{!}} Académie française |url=https://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-de-maurice-genevoix |site=www.academie-francaise.fr |consulté le=2022-03-14}}</ref>. Mais si l'on retrouve l'ombre de Maupassant chez Genevoix, c'est sous un jour « moins amer, plus humain<ref name=melchior2/> ».
Chez Genevoix, le réalisme disparaît parfois sous des réseaux de correspondances et de symboles, telles que l’exigeaient leur considération romantique<ref>Lourdes Carriero-Lopez (1992). ''op. cit.'' p. 143.</ref>. Le symbole, ou le signe, comme s’en exprimera Maurice Genevoix dans ''[[Un Jour]]'', reste un moyen privilégié de relation entre l’homme et l’univers. Avec ces autres écrivains, Maurice Genevoix abolit parfois le temps. Plusieurs de ses romans, comme ''[[La Forêt perdue]]'', sont présentés comme relevant tout simplement de temps anciens. D’autres scènes, tel le mouvement en avant du Cerf Rouge de ''[[la Dernière Harde]]'', consentant à sa propre mise à mort, sont propices à l’effacement du temps.


Au lycée Pothier d'Orléans, il a pour professeur de lettres [[Émile Moselly]] (Émile Chenin de son vrai nom), auteur de ''Jean des Brebis'', qui reçut le prix Goncourt en 1907. Celui-ci adressera à l'auteur frais émoulu de ''Sous Verdun'' une lettre émouvante datée du {{date-|28 mai 1916}}<ref>Cette lettre est présentée au Musée Maurice-Genevoix</ref> : « Je désirerais savoir si l'auteur de ''Sous Verdun'' et le petit Genevoix, l'élève intelligent et vif que j'ai eu comme élève à Orléans, ne sont qu'une seule et même personne. Dans ce cas, permettez-moi d'embrasser tendrement et fortement le lieutenant Genevoix pour l'âme vaillante qu'il me révèle. Permettez-moi surtout de dire au Normalien Genevoix, qu'il est déjà un grand artiste, de la race des beaux écrivains, et que son maître un jour sera très fier de lui. »
===Maurice Genevoix parmi les autres écrivains de guerre===


=== Lectures universitaires ===
À la remise de la bourse Blumenthal pour Rémi des Rauches, [[André Gide]] précisera à Genevoix que ses écrits de guerre ne relevaient pas à ses yeux de la création littéraire<ref>Maurice Genevoix (1980). Trente mille jours. ''op. cit''. p. 217.</ref>. En retour, la littérature apparaissait incompatible avec la vérité historique. Or, ''[[Ceux de 14]]'' inaugure l’association de la vérité documentaire et d’une technique littéraire qui autorise l’expression d’un point de vue scrupuleusement objectif<ref>Emmanuel de Tournemire (sans date). Le problème du témoignage. Mémorial de Verdun.</ref>. La plupart des témoignages de la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]] ont fait passer leur témoignage du niveau de la sphère intime à celui de la sphère publique. Les quelques 300 ouvrages publiés à Paris et analysés par Jean-Norton Cru<ref>Jean-Norton Cru (1927). op. cit.</ref>, qui épingle [[Roland Dorgelès]] (''[[les Croix de bois]]'') comme [[Henri Barbusse]] (''[[Le Feu]]''), relèvent souvent de cette veine. Jean-Norton contribuera à porter Genevoix au pinacle des écrivains de guerre, d’où naîtront notamment les « classes Genevoix », mises en œuvre en 1998 et 1999. Il s'agissait pour les élèves d’appréhender la Grande Guerre à travers ''[[Ceux de 14]]'', non seulement en confrontant les points de vue historique et littéraire lors d’une étude en classe, mais encore en se rendant sur la crête des [[Les Éparges|Éparges]]. ''[[Ceux de 14]]'' est souvent mise en vis-à-vis de ''Orages d’acier'', le journal de guerre d’[[Ernst Jünger]] publié en [[Allemagne]] en [[1921 en littérature|1921]].
Conscient des limites de son art, il évite les controverses littéraires<ref name=kessel1972/>. Il se tient en retrait de la psychanalyse et raille volontiers les critiques qui croient déceler chez lui les clés de l'écriture de certains de ses romans.


Il conduit son existence d'académicien en dehors des chapelles littéraires<ref name=melchior2/>, peu sensible aux thèses générales<ref name=deon1980/>. Dans ''[[Un Jour]]'', Genevoix cite Ralph Emerson : « Nous savons plus que nous n'assimilons{{sfn|Genevoix|1976|p=81|loc=|id=jour76}} ».
==Le style==


== Style ==
La volonté de témoigner accompagne les récits de Maurice Genevoix, où il relate les faits d'histoire dans leur exactitude objective, mais également dans ses romans-poèmes, où il s'attache à dépeindre les sentiments qui l'unissent à la nature. Il cède volontiers aux élans de la poésie, qu'il juge la mieux apte à faire apparaître les choses dans leur réalité première. Écrire, c'est à ses yeux livrer à autrui ce que l'on croit avoir en soi de plus précieux et de plus rare. Ainsi est-il conscient de sa singularité, de sa façon propre de percevoir et de sentir. Il revendique le don de création et raille les écrivains cédant aux tentations de la virtuosité. Il s'attache à voir les choses dans la fraîcheur de leur création<ref>Joseph Kessel (1972). ''op. cit''.</ref>. Il fut il est vrai, dès sa plus tendre enfance, initié par les « simples ». Ainsi dira-t-il de Daguet, un valet piqueux, qui deviendra La Futaie dans ''[[la Dernière Harde]]'', puis La Brisée dans ''[[la Forêt perdue]]'', qu'il lui a appris « à lire sur la feuille morte, dans la coulée de glaise, sur la grève du ru forestier ». Il en conservera à jamais le sens des signes<ref>Jean-Luc Wauthier (1979). ''op. cit.'' p. 19.</ref>, qu'il relève partout au cours de ses promenades<ref>Maurice Genevoix (1976). ''Un Jour''. ''op. cit.'' p. 75.</ref>.
La volonté de témoigner accompagne les récits de Maurice Genevoix, où il relate les faits d'histoire dans leur exactitude objective, mais également dans ses romans-poèmes, où il s'attache à dépeindre les sentiments qui l'unissent à la nature{{sfn|Pouillot|1998|p=108|loc=|id=}} . Il cède volontiers aux élans de la poésie, qu'il juge la mieux apte à faire apparaître les choses dans leur réalité première. Écrire, c'est à ses yeux livrer à autrui ce que l'on croit avoir en soi de plus précieux et de plus rare. Ainsi est-il conscient de sa singularité, de sa façon propre de percevoir et de sentir. Il revendique le don de création et raille les écrivains cédant aux tentations de la virtuosité. Il s'attache à voir les choses dans la fraîcheur de leur création<ref name=kessel1972/>. Il fut il est vrai, dès sa plus tendre enfance, initié par les « simples ». Ainsi dira-t-il de Daguet, un valet piqueux, qui deviendra La Futaie dans ''[[La Dernière Harde]]'', puis La Brisée dans ''[[La Forêt perdue]]'', qu'il lui a appris « à lire sur la feuille morte, dans la coulée de glaise, sur la grève du ru forestier ». Il en conservera à jamais le sens des signes{{sfn|Wauthier|1979|p=19|loc=|id=}} , qu'il relève partout au cours de ses promenades{{sfn|Genevoix|1976|p=75|loc=|id=jour76}} .


Le mot est sûr et simple<ref>Michel Déon (1982). ''op. cit''.</ref>. Ses manuscrits sont peu raturés. « Mais cela ne prouve qu'une chose, précise-t-il : c'est que je ne fixe la phrase, noir sur blanc, qu'après l'avoir élaborée mentalement, orientée, affermie, retouchée. Les ratures, les corrections, ne sont guère qu'une dernière toilette : comme on lime ou polit les bavures, après la fonte<ref>Maurice Genevoix (1938). Interview en préface de ''La Dernière Harde'', Bibliothèque du Club de la Femme, Éditions Rombaldi, 1967</ref>. » Un lyrisme pudique<ref>Michel Déon (1980). ''op. cit''.</ref>, dominé et serein<ref>Gilbert Sigaux, 1970. Préface de ''Raboliot''. Cercle du Bibliophile. p. 15.</ref>, anime continuement le texte. La richesse du vocabulaire, qui intègre volontiers des termes régionaux ou de l'ancien Français, contribue à renforcer son écriture. Maurice Genevoix a la passion des mots exacts<ref>Michel Déon (1980). ''op. cit''.</ref>. On lui reprochera pourtant parfois une virtuosité sémantique, un excès verbal qu'il reconnaitra lui-même dans certains de ses romans, notamment à propos des dernières pages de ''Sanglar''<ref>Jacques Jaubert (1979). ''op. cit''. p. 22.</ref>. C'est cependant par la précision du vocabulaire, qui permet de témoigner sans trahir, que Genevoix entend assurer le rôle de témoin qu'il s'est assigné. Au reste, il se garde d'en abuser. Il lui eût été aisé, dans ses romans du Moyen-Âge (''[[Le Roman de Renard (Genevoix)|Le Roman de Renard]]'' et ''[[La Forêt perdue]]'') d'y recourir, mais il a préféré l'exactitude de la narration.
Le mot est sûr et simple<ref name=deon1982/>. Ses manuscrits sont peu raturés. « Mais cela ne prouve qu'une chose, précise-t-il : c'est que je ne fixe la phrase, noir sur blanc, qu'après l'avoir élaborée mentalement, orientée, affermie, retouchée. Les ratures, les corrections, ne sont guère qu'une dernière toilette : comme on lime ou polit les bavures, après la fonte<ref>Maurice Genevoix (1938). Interview en préface de ''La Dernière Harde'', Bibliothèque du Club de la Femme, Éditions Rombaldi, 1967</ref>. » Un lyrisme pudique<ref name=deon1980/>, dominé et serein<ref>Gilbert Sigaux, 1970. Préface de ''Raboliot''. Cercle du Bibliophile. {{p.|15}}.</ref>, anime continuement le texte. La richesse du vocabulaire, qui intègre volontiers des termes régionaux ou de l'ancien français, contribue à renforcer son écriture. Maurice Genevoix a la passion des mots exacts<ref name=deon1980/>. On lui reprochera pourtant parfois une virtuosité sémantique, un excès verbal qu'il reconnaîtra lui-même dans certains de ses romans, notamment à propos des dernières pages de ''Sanglar''{{sfn|Jaubert|1979|p=22|loc=|id=}}. C'est cependant par la précision du vocabulaire, qui permet de témoigner sans trahir, que Genevoix entend assurer le rôle de témoin qu'il s'est assigné. Au reste, il se garde d'en abuser. Il lui eût été aisé, dans ses romans du Moyen Âge (''[[Le Roman de Renard (Genevoix)|Le Roman de Renard]]'' et ''La Forêt perdue'') d'y recourir, mais il a préféré l'exactitude de la narration.


== Place dans la littérature du {{s-|XX|e}} ==
==Musée Maurice Genevoix==
=== Maurice Genevoix et les « écrivains de terroir » ===
Le terroir constitue dans l’entre-deux-guerres un axe narratif essentiel. Les écrivains qui s’y consacrent visent l’universalité des relations de l’homme à la nature, recherchant par d’autres voies une réponse aux questions sur la condition humaine<ref>{{Article |langue= |prénom1=Lourdes |nom1=Carriero-Lopez |titre=La métaphore spatiale du terroir dans le roman français d’entre-deux-guerres. Étude de Raboliot de Maurice Genevoix et de Malicroix d’Henri Bosco |périodique= Revista de Filologia Francesca|volume= |numéro= |date=1992 |pages=p.141 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>. La description de la nature y présente des valeurs poétiques spécifiques, qui guident certaines œuvres de [[Charles-Ferdinand Ramuz]], [[Henri Pourrat]], [[Jean Giono]], [[Henri Bosco]] et Maurice Genevoix.


Ces écrivains qualifiés de « régionalistes », ou « de terroir », renouvellent ainsi la tradition du [[Roman paysan|roman rustique]] inaugurée par [[George Sand]]. Ils manifestent une adhésion à l’ordre naturel du monde face à une civilisation moderne, sorte de rousseauisme commun à ces écrivains de terroir. Descripteurs des scènes naturelles, ils s’identifient chacun à un peintre : Ramuz à [[Cézanne]], Bosco à [[Van Gogh]], et Genevoix à [[Maurice de Vlaminck]]. Ce réalisme optique sera développé par la suite par le nouveau roman. Mais les romans des écrivains de terroir sont aussi parfois de véritables études de mœurs. Chez Genevoix, la description de Raboliot, braconnier solognot, en constitue un exemple.
[[Image:Musée Maurice Genevoix 037.jpg|thumb|upright=0.7|Maison Maurice Genevoix, près de l'église de Saint-Denis de l'Hôtel]]
[[Image:JT-Photo - Maison Maurice Genevoix 034-2.jpg|thumb|left|Enseigne de la Maison Maurice Genevoix]][[Image:Promenade Maurice Genevoix.jpg|thumb|left|upright=0.7|Promenade Maurice Genevoix, le long du Chastaing]]


Chez Genevoix, le réalisme disparaît parfois sous des réseaux de correspondances et de symboles, telles que l’exigeaient leur considération romantique{{sfn|Carriero-Lopez|1992|p=143|loc=|id=}}. Le symbole, ou le signe, comme s’en exprimera Maurice Genevoix dans ''[[Un Jour]]'', reste un moyen privilégié de relation entre l’homme et l’univers. Avec ces autres écrivains, Maurice Genevoix abolit parfois le temps.
Son domicile de [[Saint-Denis-de-l'Hôtel]], les Vernelles, reste une demeure familiale à l'écart du village. Sur la place de l'église (Place du Cloître), une vieille maison vigneronne a été transformée en musée. L'entrée en est libre et assurée les samedi, dimanche et jours fériés, de 10 h à 12 h, et de 14 h à 18 h.


Plusieurs de ses romans, comme ''[[La Forêt perdue]]'', sont présentés comme relevant tout simplement de temps anciens. D’autres scènes, tel le mouvement en avant du Cerf Rouge de ''[[La Dernière Harde]]'', consentant à sa propre mise à mort, sont propices à l’effacement du temps.
Une exposition permanente sur l'écrivain s'appuie sur la présentation de panneaux thématiques abondamment illustrés et nommés comme suit, dans l'ordre d'une visite en sept étapes : (1) l'Enfance, (2) la Guerre, (3) l'Écrivain, (4) Les Vernelles, (5) le Val de Loire et la Sologne, (6) l'Académicien français, et (7) un Univers enchanté. Des expositions temporaires sont présentées au premier étage. Une extension de la salle d'exposition est prévue.


=== Maurice Genevoix parmi les « écrivains de guerre » ===
À Saint-Denis-de-l'Hôtel, une promenade dite ''Promenade Maurice Genevoix'' a été aménagée le long du Chastaing en mémoire de l'écrivain.
À la remise du [[prix Blumenthal]] pour ''Remi des Rauches'', Genevoix raconte qu'[[André Gide]] lui précisa que la « littérature de guerre » ne relevait pas à ses yeux de la création littéraire, mais que son roman l'avait « rassuré »<ref>Maurice Genevoix (1980), ''Trente mille jours'', {{opcit}} {{p.|217}}.</ref>. En retour, la littérature apparaissait incompatible avec la vérité historique. Or, ''[[Ceux de 14]]'' inaugure l’association de la vérité documentaire et d’une technique littéraire qui autorise l’expression d’un point de vue scrupuleusement objectif<ref>Emmanuel de Tournemire (sans date), « Le problème du témoignage », Mémorial de Verdun.</ref>.


La plupart des témoins de la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]] ont fait passer leur témoignage du niveau de la sphère intime à celui de la sphère publique. Les quelque 300 ouvrages publiés à Paris et analysés par [[Jean Norton Cru]]<ref>Jean-Norton Cru (1927), {{opcit}}</ref>, qui épingle [[Roland Dorgelès]] (''[[les Croix de bois]]'') comme [[Henri Barbusse]] (''[[Le Feu (Henri Barbusse)|Le Feu]]'') pour leur recherche de sensationnel selon [[Michel Bernard (écrivain, 1958)|Michel Bernard]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur=Maurice Genevoix |préface=[[Michel Bernard (écrivain, 1958)|Michel Bernard]] |titre=Ceux de 14 |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2013 |pages totales=953 |passage=20-21 |isbn=978-2-08-130985-2}}.</ref>, relèvent souvent de cette veine. [[Jean Norton Cru]], dans son ouvrage ''Témoins'', a dit de Maurice Genevoix qu'il occupe le premier rang des écrivains de guerre et lui a attribué une valeur de témoignage de combattant lui valant de figurer dans la catégorie n° I, c'est-à-dire celle qualifiée d'excellente par Norton Cru<ref>Jean Norton Cru, ''Témoins'', éd. Les Etincelles, 1929 - cf. pp. 194-217 et 923-924 de la réédition abrégée, Agone, Marseille, 2022.</ref>. Cela contribuera à porter Genevoix au pinacle des écrivains de guerre, d’où naîtront notamment les « classes Genevoix », mises en œuvre en 1998 et 1999. Il s'agissait pour les élèves d’appréhender la Grande Guerre à travers ''[[Ceux de 14]]'', non seulement en confrontant les points de vue historique et littéraire lors d’une étude en classe, mais encore en se rendant sur la crête des [[Les Éparges|Éparges]].
==Adaptations cinématographiques ou télévisées==


''Ceux de 14'' est souvent mis en vis-à-vis d'''Orages d’acier'', le journal de guerre d’[[Ernst Jünger]] publié en [[Allemagne]] en [[1921 en littérature|1921]]. Son gendre [[Bernard Maris]] s'en fait l'écho, relatant ses échanges avec son épouse [[Sylvie Genevoix]], fille de l'écrivain, dans ''L'Homme dans la guerre. Maurice Genevoix face à Ernst Jünger<ref>[https://www.franceinter.fr/emission-3d-le-journal-en-direct-de-blois-pour-les-rendez-vous-de-lhistoire-les-nouvelles-formes-de- Écouter sur ''franceinter.fr''.]</ref>''.
Plusieurs romans de Maurice Genevoix ont été portés au grand ou au petit écran.


== Liste des œuvres ==
* ''Raboliot'' (1945), de [[Jacques Daroy]], avec Julien Bertaud dans le rôle du braconnier, Blanchette Brunoy et Lise Delamare.
=== Romans et récits ===
* ''Raboliot'' (1972), film télévisé de Jean-Marie Coldefy, avec [[Pierre Rousseau]] dans le rôle principal, Christian Bouillette et [[François Dyrek]].
Les œuvres de Maurice Genevoix ont été éditées chez [[groupe Flammarion|Flammarion]], Le Livre contemporain, [[Plon]], [[Éditions du Seuil|Le Seuil]], [[Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset]], Les Étincelles, [[Éditions Gallimard|Gallimard]], Bibliothèque des Arts et Gautier-Languereau.
{{colonnes|taille=28|1=
* ''Sous Verdun, août-{{date-|octobre 1914}}'' ({{coll|Mémoires et récits de guerre}}, Flammarion, 1916)
* ''Nuits de guerre (Hauts de Meuse)'' (Flammarion, 1917)
* ''Au seuil des guitounes'' (Flammarion, 1918)
* ''Jeanne Robelin'' (Flammarion, 1920)
* ''La Boue'' (Flammarion, 1921)
* ''Remi des Rauches'' (Garnier-Flammarion, 1922 ; Flammarion, 1993)
* ''Les Éparges''<ref>Les cinq volumes de ces récits de guerre ont été réédités sous le titre ''Ceux de 14'' Flammarion en 1950 avec cette dédicace : {{citation bloc|À mes camarades du 106, en fidélité, à la mémoire des morts et au passé des survivants.}}</ref> (Flammarion, 1923)
* ''La Joie'' (Flammarion, 1924)
* ''Euthymos, vainqueur olympique'' ([[Groupe Flammarion|Plon]], 1924 ; nouvelle version sous le titre ''[[Vaincre à Olympie]]'', Paris, Le Livre contemporain, 1960 ; Stock, 1977 ; Le Rocher, 2004)
* ''[[Raboliot]]'' (Grasset, 1925, couverture illustrée par [[André Deslignères]] ; Le Livre de poche {{n°|692}} ; une réédition illustrée de bois de [[Louis-Joseph Soulas]] a paru aux Editions Fenis, 1928) {{commentaire|[[Prix Goncourt]] 1925.}}
* ''La Boîte à pêche'' (Grasset, 1926 ; réédition munie d'[[eaux-fortes]] de [[Gaston Barret]] aux éditions Vialetay, 1957 ; Les Cahiers Rouges, 1983)
* ''Les Mains vides'' (Grasset-Seuil, 1928 ; réédition illustrée par [[Constant Le Breton]], J. Ferenczi & fils, 1931 ; Le Seuil, 1987 ; Points Roman n° R622)
* ''Cyrille'' (Flammarion, 1929) ; réédité sous le titre ''La Maison du Mesnil'' (Le Seuil, 1982 ; Points Roman n° R451)
* ''L'Assassin'' (Plon, 1930 ; Le Rocher, 1999)
* ''Forêt voisine'', avec eaux-fortes (Paris, Société de Saint-Eloy, 1931 ; Flammarion, 1933 ; réédition avec 18 photos couleur h.t. par Gautier-Languereau, {{coll|Nouveaux Bibliophiles}}, 1976 - arch. pers.)
* ''H.O.E.'' ({{coll|Témoignages de combattants français}}, {{8e}} livre, ''Les Étincelles'', 1931)
* ''Rroû'' (Flammarion, 1931 ; La Table Ronde, 2010)
* ''Hommage à [[Charles Péguy]]'', par Marcel Abraham, Maurice Genevoix et autres (Gallimard)
* ''Gai-L'Amour'' (Plon, 1932 ; Le Rocher, 2000)
* ''Marcheloup - Un homme et sa vie'', tome I (Plon, 1934)
* ''Tête baissée - Un homme et sa vie'', tome II (Plon, 1935)
* ''Bernard - Un homme et sa vie'', tome III (Plon, 1938 ; Flammarion, 1992){{commentaire biblio|Les trois tomes ont été réunis sous le titre ''Marcheloup, un homme et trois générations'' par les [[Éditions Bartillat]].}}
* ''Le Jardin dans l'île'' (Plon, 1936 ; Presses-Pocket {{n°|3935}})
* ''[[Les Compagnons de l'Aubépin]]'', récit pour écoliers (Livre de lecture courante, Hachette, 1937 ; Flammarion, 1938, 1950)
* ''[[La Dernière Harde]]'' (Flammarion, 1938 ; Garnier-Flammarion, 1988 ; C. Herissey, 2006)
* ''L'hirondelle qui fit le printemps'' (Flammarion, 1941) (contes pour enfants)
* ''Laframboise et Bellehumeur'' (Flammarion, 1942)
* ''Canada'' (Flammarion, (1943, 1945)
* ''Eva Charlebois'' (Flammarion, 1944)<ref>Réuni avec ''La Framboise et Bellehumeur'', ainsi que trois nouvelles plus courtes (''Le Lac Fou'', ''Le Couguar de Tonquin Valley'', et ''Le Nid du Condor'') sous le titre ''Je verrai si tu veux les pays de la neige'' en 1980 par Flammarion.</ref>
* ''Sanglar'' (Flammarion, Plon, 1946 ; réédité sous le titre ''La Motte rouge'' par Le Seuil, 1979)
* ''L'Écureuil du Bois-Bourru'' (Flammarion, 1947)
* ''63° 30'' (nouvelle dans ''France-Illustration littéraire et théâtrale'', {{n°|7}}, {{date-|septembre 1947}}, Paris)
* ''Afrique blanche, Afrique noire'' (Flammarion, 1949 ; réédité par Éditions Grandvaux, 2009)
* ''[[Ceux de 14]]'', roman (comprenant ''Sous Verdun / Nuits de guerre / La Boue / Les Éparges'') (éditions G. Durassié & Cie, 1949 ; édition définitive, Flammarion, 1950 ; Points n° P231, 2007)
* ''Le Chevalet de campagne'', illustré de lithographies de [[Roger Reboussin]] (Paris, Durel, 1950)
* ''L'aventure est en nous'' (Flammarion, 1952)
* ''Fatou Cissé'' (Flammarion, 1954), réédité en 1992 {{ISBN|978-2080602558}}
* ''Vlaminck'' (Flammarion, 1954)
* ''Claude Rameau'' (Innothéra, 1955)
* ''Le Petit Chat'' (ill. de photographies de [[Ergy Landau]]) ([[Arts et Métiers Graphiques]], 1957)
* ''[[Le Roman de Renard (Genevoix)|Le Roman de Renard]]'' (Plon, 1958 ; réédité par Garnier-[[Groupe Flammarion|Flammarion]], 1991 ; Presses-Pocket {{n°|2615}})
* ''Routes de l'aventure'' (Plon, 1959)
* ''Mon ami l'écureuil'' (Éditions Bias, 1959 ; Hachette-Jeunesse, 1988) (conte pour les enfants)
* ''Au cadran de mon clocher'' (Plon, 1960 ; Presses-Pocket {{n°|10280}})
* {{Ouvrage |langue= |auteur1= |titre=Jeux de glaces |sous-titre= |lieu=Namur |éditeur= Wesmael-Charlier|collection= |année=1961 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= |id=jeux61}}.
* ''Les Deux Lutins'' (illustré par [[Elisabeth Ivanovsky]]) (Casterman, 1961)
* ''La Loire, Agnès et les Garçons'' (Plon, 1962 ; Presses-Pocket {{n°|4055}} ; Le Rocher, 2000)
* ''Derrière les collines'' (Plon, 1963)
* ''Beau-François'' (Plon, 1965 ; Presses-Pocket {{n°|2229}})
* ''André Maurois'' (Livres de France, revue littéraire mensuelle, juin-{{date-|juillet 1965}}, {{p.|2-5}})
* ''Christian Caillard'' (Bibliothèque des Arts, 1965)
* ''[[La Forêt perdue]]'' (Plon, 1967 ; Presses-Pocket {{n°|1862}})
* ''Images pour un jardin sans murs'' (Plon, 1967 ; Éditions du Rocher, 2007)
* ''Jardin sans murs'' (comprenant ''Le Jardin dans l'île / Images pour un jardin sans murs'') (Plon, 1968 ; Le Rocher, 2007)
* ''Tendre Bestiaire'' (Plon, 1969 ; nouvelle édition préfacée par Denis Miannay<ref>Maître de conférences à Paris-Sorbonne.</ref>, Presses-Pocket {{n°|3176}}, 1989)
* ''Bestiaire enchanté'' (Plon, 1969 ; nouvelle édition préfacée par Denis Miannay, Presses-Pocket {{n°|3175}}, 1989 ; Anne Carrière, 2000)
* ''Bestiaire sans oubli'' (Plon, 1971){{commentaire biblio|Ces trois Bestiaires ont été réunis dans ''Maurice Genevoix illustre ses Bestiaires'', une édition illustrée par l'auteur, Plon, 1972 ; réédition préfacée par Denis Miannay, Presses-Pocket, 1989.}}
* ''La Grèce de Caramanlis'' (Plon, 1972)
* ''[[La Mort de près]]'' (Plon, 1972)
* ''Deux Fauves'' (comprenant ''L'Assassin'' et ''Gai-L'Amour'') (Plon, 1974)
* ''La Perpétuité'' (Julliard, 1974)
* ''Un homme et sa vie'' (comprenant ''Marcheloup / Tête baissée / Bernard'') (Plon, 1974)
* {{Ouvrage |langue= |auteur1= |titre=Un jour |sous-titre= |lieu= |éditeur=Le Seuil |collection= Points Roman|numéro dans collection=R20 |année=1976 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= |id=jour76}}.
* ''Lorelei'' (Le Seuil, 1978 ; Points Roman n° R244)
* ''La Motte rouge'' (Le Seuil, 1979 ; Points Roman n° R33)
* ''Trente Mille Jours'', autobiographie (Seuil, 1980 ; Points n° P222)
* ''L'Enfant et le Château'' (éd. d'art J. Danon, 1980)}}

=== Publications posthumes et anthologies ===
* ''Romans, Récits et Contes'' (Plon, 1995)
* ''La Chèvre aux loups'' (illustrations [[Rébecca Dautremer]]) (publié à titre posthume par Gautier-Languereau, 1996 ; Hachette-Jeunesse {{n°|1216}}, 2006<ref>Ce roman fait partie de {{pdf}} [http://www.cndp.fr/archivage/valid/68768/68768-10435-13243.pdf la liste ''cndp.fr''] des œuvres de littérature de jeunesse officiellement recommandées par le [[Ministère de l'Éducation nationale (France)|ministère de l'Éducation nationale]], dans la catégorie « Romans et récits illustrés ». Nouvelle édition Hachette-Jeunesse livre de poche (février 2006) postfacée par Monique Miannay-Feyry, prag IUFM de Créteil/Université de PARIS XII.</ref>)
* ''Trente Mille Jours'' (comprenant ''Un jour / Au cadran de mon clocher / La Loire / Agnès et les garçons / Forêt voisine / Lorelei / Jeux de glace / La perpétuité'') (Omnibus, 2000)
* ''Val de Loire terre des hommes'' (dessins de Michel Gassies) (C. Pirot, 2004)

=== Discours ===
{{Pertinence section|date=novembre 2020}}
* 1934 : Lycée Lakanal. Discours prononcé par Maurice Genevoix le {{date-|13 juillet 1934}}
* 1947 : Discours de réception à l’Académie française prononcé par Maurice Genevoix le {{date-|13 novembre 1947}} et réponse d’André Chaumeix. Institut de France, imprimerie Firmin-Didot
* 1953 : Discours prononcé dans la séance publique tenue par l’Académie française pour la réception de M. le maréchal Juin, le {{date-|25 juin 1953}}. Institut de France. Publications 1953-15
* 1958 : Discours. Pose d’une plaque sur la maison de [[Claude Farrère]] à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz), le {{date-|3 septembre 1958}}. Institut de France. Publications 1958-16 (Firmin-Didot)
* 1958 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle, {{date-|18 décembre 1958}}. Institut de France. Publications 1958-34 (Firmin-Didot)
* 1959 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle, {{date-|17 décembre 1959}}. Institut de France. Publications 1959-25 (Firmin-Didot)
* 1958, 1959, 1960, 1961, 1963, 1964, 1965, 1966, 1967, 1968, 1969, 1970, 1971, 1972 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle. Institut de France (Firmin-Didot)
* 1967 : Discours pour l’inauguration du mémorial de Verdun le {{date-|17 septembre 1967}}
* 1968 : Discours prononcé à la Butte Chalmont le {{date-|18 juillet 1968}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre="Maurice Genevoix" discours |nature document=Discours de Maurice Genevoix publiés |url=https://www.worldcat.org/search?q=%22Maurice+Genevoix%22+discours&dblist=638&fq=ap%3A%22genevoix%2C+maurice%22&qt=facet_ap%3A |site=www.worldcat.org |consulté le=17 novembre 2020 }}.</ref>

== Adaptations cinématographiques ou télévisées ==
Plusieurs romans de Maurice Genevoix ont été portés au grand ou au petit écran.
* ''Raboliot'' ([[1945 au cinéma|1945]]), de [[Jacques Daroy]], avec Julien Bertaud dans le rôle du braconnier, [[Blanchette Brunoy]] et [[Lise Delamare]].
* ''Raboliot'' (1972), film télévisé de Jean-Marie Coldefy, avec [[Pierre Rousseau (acteur)|Pierre Rousseau]] dans le rôle principal, Christian Bouillette et [[François Dyrek]].
* ''La Loire, Agnès et les garçons'' (1973). [[ORTF]] Lille.
* ''La Loire, Agnès et les garçons'' (1973). [[ORTF]] Lille.
* ''Vaincre à Olympie'' (1977), film télévisé réalisé par [[Michel Subiela]] et produit par Antenne 2, avec [[Jean Marais]], Thierry Dufour et [[Claude Brosset]].
* ''[[Vaincre à Olympie]]'' (1977), film télévisé réalisé par [[Michel Subiela]] et produit par [[Antenne 2]], avec [[Jean Marais]], Thierry Dufour et [[Claude Brosset]].
* ''Marcheloup'' (1981), film télévisé produit par Antenne 2.
* ''Marcheloup'' (1981), film télévisé produit par Antenne 2.
* ''Lorelei'' (1981), film télévisé produit par Antenne 2.
* ''Lorelei'' (1981), film télévisé produit par Antenne 2.
* ''Raboliot'' (2007), film télévisé de [[Jean-Daniel Verhaeghe]], avec [[Thierry Frémont]] dans le rôle principal, Thierry Gibault, Aurélie Bargeme et Julie Voisin.
* ''Raboliot'' (2007), film télévisé de [[Jean-Daniel Verhaeghe]], avec [[Thierry Frémont]] dans le rôle principal, Thierry Gibault, Aurélie Bargeme et Julie Voisin.
* ''[[Ceux de 14 (série télévisée)|Ceux de 14]] ''(2014), série télévisée de 6 épisodes de [[Olivier Schatzky]], produite par [[France 3]] avec [[Théo Frilet]] dans le rôle principal.
* ''[[Mon chat et moi, la grande aventure de Rroû]]'' ([[2023 au cinéma|2023]]), un film de Guillaume Maidatchevsky, avec Capucine Sainson-Fabresse et [[Corinne Masiero]].


== Distinctions ==
==Biographies et études==
=== Prix ===
;Académie française :
* [[Prix Marcelin-Guérin]] - ''Nuits de guerre. Sous Verdun : août-{{date-|octobre 1914}}'' (1918)
* [[Prix Paul-Flat]] - ''Rroû'' (1931)
;Autres
* [[Prix Blumenthal]] (1922)
* [[Prix Goncourt]] - ''Raboliot'' (1925)
* Grand prix de l'[[Académie Charles-Cros]] - ''Chansons pour les enfants'' (1963)
* [[Grand prix national des Lettres]] (1970)


=== Décorations ===
* Luc Marcy (1974) - ''Les bestiaires de Maurice Genevoix''. Thèse de Doctorat Vétérinaire. Université Paul Sabatier.
* {{Déco GCLH}} (1963 ; grand officier en 1948)<ref>Journal officiel de la République française, vol.96, p.3, 1964</ref>
* A. Krieger (1974) - ''L'expression de la vie dans l'œuvre de Maurice Genevoix''. Université de Strasbourg II.
* {{Déco GCONM}} (1971)
* Gaston Pouillot (1988) - ''Maurice Genevoix et Châteauneuf-sur-Loire''. CRDP d'Orléans.
* {{Déco CG14-18}}
* Claude Imberti (1993) - ''Genevoix a bâtons rompus''. Éditions Paradigme.
* [[File:Medaille commemorative de la bataille de Verdun ribbon.svg|50px]] [[Médaille commémorative de la bataille de Verdun]]
* Benoît Hérique (1998) - ''Le Canada dans l'œuvre de Maurice Genevoix : sources, thèmes, langages''.
* {{Déco CdrOPA}}
* Sylvie Genevoix (2001) - ''Maurice Genevoix. La maison de mon père''. Éditions Christian Pirot.
* {{Déco CdrOAL}} (1959)
* [[Fichier:Ordre du Merite touristique Commandeur ribbon.svg|sans_cadre|50x50px]] Commandeur de l'[[ordre du Mérite touristique]] (1959)<ref>[https://www.legifrance.gouv.fr/liste/bodmr?sortValue=PUBLICATION_DATE_DESC&pageSize=100&page=8&tab_selection=all#bodmr Ministère des Travaux publics et des Transports - Décret du 8 décembre 1959 (BODMR n°01 du 23 janvier 1960)]</ref>


=== Autres ===
==Production littéraire exhaustive==
* [[Grande médaille d'or de la Société d'encouragement au progrès]] (1971)
=== Romans et récits ===
* la promotion 2020 du [[4e bataillon de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr|{{4e|bataillon}} de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr]] porte le nom de "Sous-lieutenant Maurice Genevoix"<ref>https://www.youtube.com/watch?v=SJckaQyUtxk</ref>.


=== Entrée au Panthéon ===
Les œuvres de Maurice Genevoix ont été éditées chez ''[[Flammarion]]'', ''Le Livre Contemporain'', ''[[Plon]]'', ''[[Le Seuil]]'', ''[[Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset]]'', ''Les Étincelles'', [[Gallimard]], ''Bibliothèque des arts''.
Le {{date-|6 novembre 2018}}, pour le centenaire de l'armistice de la [[Première Guerre mondiale]], le président de la République française, [[Emmanuel Macron]], annonce l'entrée de Maurice Genevoix au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] pour 2019<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=Macron annonce l'entrée au Panthéon de Maurice Genevoix|périodique=FIGARO|date=2018-11-06|lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/11/06/97001-20181106FILWWW00079-macron-annonce-l-entree-au-pantheon-de-maurice-genevoix.php|consulté le=2018-11-06}}</ref>. La cérémonie est finalement repoussée au {{date-|11 novembre 2020}}. La veille, le cercueil de Maurice Genevoix est exhumé du [[cimetière de Passy]], où il reposait depuis quarante ans, et il passe la nuit du 10 au 11 dans la salle des Actes de l'[[École normale supérieure (Paris)|École normale supérieure]]<ref>[https://twitter.com/adriengoetz/status/1326308791252606977]</ref>. Maurice Genevoix fait partie des auteurs favoris d'Emmanuel Macron<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=Emmanuel Macron au Figaro: «Jean d'Ormesson, ou la conversation perpétuelle»|périodique=FIGARO|date=2017-12-05|lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/vox/culture/2017/12/05/31006-20171205ARTFIG00292-emmanuel-macron-au-figaro-jean-d-ormesson-ou-la-conversation-perpetuelle.php|consulté le=2018-11-02}} ; [https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/11/pour-le-11-novembre-macron-preside-l-entree-au-pantheon-de-maurice-genevoix-et-de-ceux-de-14_6059362_3224.html « Pour le 11 novembre Macron préside l'entrée au Panthéon de Maurice Genevoix et de ceux de 14 »], [[Le Monde]], 11 novembre 2020.</ref>.


À cette occasion, Emmanuel Macron commande des œuvres au plasticien allemand [[Anselm Kiefer]] et au compositeur français d'origine alsacienne et lorraine [[Pascal Dusapin]]. Ce seront six vitrines de verre et d'acier représentant différentes scènes inspirées de la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]], et une œuvre chorale : ''In nomine lucis'' (« Au nom de la lumière »)<ref>Pour le titre, Pascal Dusapin s'est inspiré d'une pièce d'orgue du compositeur italien [[Giacinto Scelsi]], datant de 1974.</ref> enregistrée à la [[Philharmonie de Paris]] par le [[chœur de chambre Accentus]], et diffusée par 70 haut-parleurs dissimulés dans l'architecture<ref>[https://next.liberation.fr/arts/2020/11/11/au-pantheon-anselm-kiefer-et-pascal-dusapin-esquivent-la-pompe-funebre_1805258 « Au Panthéon, Anselm Kiefer et Pascal Dusapin esquivent la pompe funèbre »], [[Libération (journal)|Libération]], Judicaël Lavrador, 11 novembre 2020.</ref> « de cette cathédrale laïque »<ref>[https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/11/11/entree-au-pantheon-de-maurice-genevoix-et-de-ceux-de-14 Allocution d'Emmanuel Macron].</ref>. Cette commande d'État a été particulièrement remarquée pour sa qualité, ainsi que pour son interprétation. Auparavant, la remontée de la [[Rue Soufflot (Paris)|rue Soufflot]] par le cortège s'était effectuée au son d'une pièce célèbre, ''[[Peer Gynt (suites orchestrales)|La Mort d'Åse]]'', tirée du [[Peer Gynt]] du compositeur norvégien [[Edvard Grieg]]. Elle était jouée, dans une transcription pour [[orchestre d'harmonie]], par la musique de la [[Garde républicaine (France)|Garde républicaine]]<ref>[https://www.la-croix.com/Culture/Maurice-Genevoix-entrent-Pantheon-tous-ceux-14-2020-11-11-1201124163 La Croix. 11 novembre 2020. « Avec Maurice Genevoix entrent au Panthéon tous ceux de 14 »]</ref>. En raison de la [[Pandémie de Covid-19|crise sanitaire]], seul le premier couplet ''de [[La Marseillaise]]'' a été chanté, sans accompagnement d'orchestre, les 4 voix de la [[Harmonie tonale|polyphonie]] n'étant portées que par quatre membres du [[chœur de l'Armée française]].
œuvres


== Lieux à son nom ==
* ''Sous Verdun, août-octobre 1914'' (1916), édition originale (Coll. Mémoires et récits de guerre), Paris, Hachette.
<gallery mode="packed" heights="140px">
* ''Nuits de guerre (Hauts de Meuse)'' (1917), édition originale, Paris, Flammarion.
Fichier:Musée Maurice Genevoix 037.jpg|Ancienne maison Maurice Genevoix à Saint Denis de l'Hôtel ; elle est maintenant privée et n'accueille aucun public.|alt=Ancienne maison Maurice Genevoix ; elle est maintenant privée et n'accueille aucun public.
* ''Au seuil des guitounes'' (1918), édition originale, Paris, Flammarion.
Fichier:JT-Photo - Maison Maurice Genevoix 034-2.jpg|Enseigne qui figurait sur la maison Maurice Genevoix (n'existe plus aujourd'hui).
* ''Jeanne Robelin'' (1920), édition originale, Paris, Flammarion.
Fichier:Promenade Maurice Genevoix.jpg|Promenade Maurice Genevoix, le long du Chastaing à Châteauneuf-sur-Loire.
* ''La Boue'' (1921), édition originale, Paris, ''Flammarion''.
Fichier:Maurice Genevoix.jpg|alt=Centre Culturel Maurice Genevoix|Centre culturel Maurice-Genevoix, avenue de la Tête-verte à Saint-Denis-de-l'Hôtel.
* ''Rémi des Rauches'' (1922), édition originale, Paris, Garnier-Flammarion, réédité en 1993 par Flammarion.
Rue Maurice Genevoix.jpg|[[Rue Maurice-Genevoix]] à Paris.
* ''Les Éparges''<ref>Les cinq volumes de ces récits de guerre ont été réédités sous le titre ''Ceux de 14'' en 1950 par ''Flammarion'' avec la dédicace suivante : « À mes camarades du 106, en fidélité, à la mémoire des morts et au passé des survivants. »</ref> (1923), collection originale, Paris, ''Flammarion'', réédité dans la collection Points Romans par Le Seuil.
</gallery>
* Euthymos, vainqueur olymique (1924), édition originale, Paris, Flammarion ; nouvelle version sous le titre ''Vaincre à Olympie'' (Coll. Roman), Paris, Le livre Contemporain (1960).
* ''La Joie'' (1924), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''[[Raboliot]]'' (1925), édition originale, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset ([[Prix Goncourt]]).
* ''La Boîte à Pêche'' (1926), Paris, Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset.
* ''Les Mains vides'' (1928), édition originale, Paris, Grasset-Seuil
* ''Cyrille'' (1929), édition originale, Paris, Flammarion, réédité sous le titre ''La maison du Mesnil'' par Le Seuil.
* ''L'Assassin'' (1930), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''Forêt voisine'' (1931), édition originale, Eaux-fortes, Paris, Société de Saint-Eloy ; réédité en 1933 par Flammarion.
* ''H.O.E.'' (1931), édition originale (collection des Témoignages de combattants français, 8e livre), Paris, ''Les Étincelles''.
* ''Rroû'' (1931), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''Hommage à Charles Péguy'', par Marcel Abraham, Maurice Genevoix et autres, Paris, Gallimard.
* ''Gai-l'amour'' (1932), édition originale, Paris, ''Flammarion'' ; réuni sous le titre ''Deux fauves'' (1973) par les éditions Plon.
* ''Marcheloup'' (1934), (''Un homme et sa vie'', tome I), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''Tête baissée'' (1935) (''Un homme et sa vie'', tome II), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''Bernard'' (1938) (''Un homme et sa vie'', tome III), <ref>Les trois tomes ont été réunis sous le titre ''Marcheloup, un homme et sa vie'' en 1992 par Christian de Bartillat</ref> édition originale, Paris, Flammarion.
* ''Le Jardin dans l'île'' (1936), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''[[Les Compagnons de l'Aubépin]]'' (1938), Livre de lecture courante, Édition originale, Paris, ''Hachette'', réédité en 1950 chez Flammarion.
* ''[[La Dernière Harde]]'' (1938), édition originale, Paris, Flammarion ; réédité en 1988 par Garnier-Flammarion.
* ''L'Hirondelle qui fit le printemps'' (1941), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''La Framboise et Bellehumeur'' (1942), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''Canada'' (1943) Flammarion.
* ''Eva Charlebois<ref>réuni avec La Framboise et Bellehumeur, ainsi que troi nouvelles plus courtes (''Le Lac Fou'', ''Le Couguar de Tonquin Valley'', et ''Le Nid du Condor'') sous le titre ''Je verrai si tu veux les pays de la neige'' en 1980 par Flammarion</ref> (1944), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''Sanglar'' (1946), édition originale, Paris, Flammarion, Plon ; réédité sous le titre ''La Motte rouge'' en 1979 par Le Seuil.
* ''L'Écureuil du Bois-Bourru'' (1947), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''63° 30'' (1947), nouvelle dans ''France-Illustration littéraire et théâtrale'', n° 7, sept. 1947, Paris.
* ''Afrique blanche, Afrique noire'' (1949), édition originale, Paris, Flammarion.
* ''L'Aventure est en nous'' (1952) Flammarion
* ''Fatou Cissé'' (1954) Flammarion
* ''Vlaminck'' (1954) Flammarion
* ''[[Le Roman de Renard (Genevoix)|Le Roman de Renard]]'' (1958) Plon (Réédité en 1991 par Garnier-[[Flammarion]])
* ''Route de l'aventure'' (1959) Plon
* ''Mon ami l'écureuil'' (1959) Bias
* ''Au Cadran de mon clocher'' (1960) Plon
* ''Jeux de glaces'' (1961) Wesmael-Charlier
* ''Les Deux Lutins'' (1961) Casterman
* ''La Loire, Agnès et les garçons'' (1962) Plon
* ''Derrière les collines'' (1963) Plon
* ''Beau François'' (1965) Plon
* ''André Maurois'' (1965). Livres de France. Revue Littéraire Mensuelle. Juin-Juillet 1965, p. 2-5.
* ''Caillard'' (1965) Bibliothèque des Arts
* ''[[La Forêt perdue]]'' (1967) Plon
* ''Images pour un jardin sans murs'' (1967) Plon (Réédité en 1968 sous le titre ''Le Jardin dans l'île, Jardin sans murs'' par Plon)
* ''Tendre bestiaire'' (1969) Plon
* ''Bestiaire enchanté'' (1969) Plon
* ''Bestiaire sans oubli'' (1971) Plon (Ces trois bestiaires ont été réunis par Plon en 1972 dans une édition illustrés par l'auteur)
* ''La Grèce de Caramanlis'' (1972) Plon
* ''[[La Mort de près]]'' (1972) Plon
* ''La Perpétuité'' (1974) Julliard
* ''[[Un Jour]]'' (1976) Seuil
* ''Loreleï'' (1978) Seuil
* ''Trente mille jours'' (1980) Seuil. Autobiographie.
* ''L'Enfant et le château'' (1980) Ed. d'Art J.Danon
* ''La Chèvre aux loups'' (1996, publié à titre posthume) Gautier-Languereau. Ce roman fait partie de la [http://www.cndp.fr/archivage/valid/68768/68768-10435-13243.pdf liste]des œuvres de littérature de jeunesse officiellement recommandées par le [[Ministère de l'Éducation Nationale]], dans la catégorie ''Romans et Récits illustrés''.


=== Discours ===
=== Musée Maurice-Genevoix ===
Son domicile de [[Saint-Denis-de-l'Hôtel]], « Les Vernelles », reste une demeure familiale à l'écart du village. Au n° 1, avenue de la Tête-Verte, le centre culturel Maurice-Genevoix retrace son parcours.
* 1934. ''Lycée Lakanal. Discours prononcé par Maurice Genevoix le 13 juillet 1934.''
* 1947. ''Discours de réception à l’Académie française prononcé par Maurice Genevoix le 13 novembre 1947 et réponse d’André Chaumeix''. Institut de France. Imprimerie Firmin-Didot.
* 1953. ''Discours prononcé dans la séance publique tenue par l’Académie française pour la réception de M. le Maréchel Juin, le 25 juin 1953''. Institut de France. Publications 1953-15.
* 1958. ''Discours. Pose d’une plaque sur la maison de Claude Farrère à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz), le 3 septembre 1958''. Institut de France. Publications 1958-16. Imprimerie Firmin-Didot.
* 1958. ''Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle, 18 décembre 1958''. Institut de France. Publications 1958-34. Imprimerie Firmin-Didot.
* 1959. ''Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle, 17 décembre 1959.'' Institut de France. Publications 1959-25. Imprimerie Firmin-Didot.
* 1958, 1959, 1960, 1961, 1963, 1964, 1965, 1966, 1967, 1968, 1969, 1970, 1971, 1972. ''Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle''. Institut de France. Imprimerie Firmin-Didot.
* 1967. ''Discours pour l’inauguration du mémorial de Verdun''. 17 septembre 1967.
* 1968. ''Discours prononcé à la Butte Chaumont''. 18 juillet 1968.


Une exposition permanente sur l'écrivain s'appuie sur la présentation de panneaux thématiques illustrés et nommés comme suit, dans l'ordre d'une visite en sept étapes : (1) l'enfance, (2) la guerre, (3) l'écrivain, (4) Les Vernelles, (5) le Val de Loire et la Sologne, (6) l'académicien français, et (7) un univers enchanté. Des expositions temporaires y sont également présentées.
==Liens externes==

* [http://www.canalacademie.com/Maurice-Genevoix-de-l-Academie.html Maurice Genevoix, de l’Académie française, un jeune auteur à redécouvrir], série de quatre émissions radiophoniques, sur le site de [http://www.canalacademie.com/ Canal Académie]
À [[Châteauneuf-sur-Loire]], une promenade dite « Promenade Maurice-Genevoix » a été aménagée le long du Chastaing à la mémoire de l'écrivain.

=== Établissements scolaires et culturels ===
{{colonnes|taille=20|
* Bibliothèque à [[Paris]]
* École maternelle à [[Saint-Jean-le-Blanc (Loiret)|Saint-Jean-le-Blanc]]
* École maternelle et primaire à [[Hautot-sur-Seine]]
* École maternelle et primaire à [[Parmain]]
* École maternelle et primaire à [[Sargé-lès-le-Mans]]
* École primaire à [[Beaune-la-Rolande]]
* École primaire à [[Belbeuf]]
* École primaire à [[Champigny-sur-Veude]]
* École primaire à [[Châteauneuf-sur-Loire]]
* École primaire à [[La Guerche-sur-l'Aubois]]
* École primaire à [[Paris]]
* Collège à [[Couzeix]]
* Collège à [[Ligueil]]
* Collège à [[Meslay-du-Maine]]
* Collège à [[Romorantin-Lanthenay]]
* Collège-lycée à [[Montrouge]]
* Lycée à [[Bressuire]]
* Lycée à [[Decize]]
* Lycée à [[Ingré]]
* Lycée à [[Marignane]]
* Médiathèque à [[Blois]]
* Médiathèque intercommunale à [[Eaubonne]]
* Médiathèque à [[Orléans]]
}}

=== Rues et espaces verts ===
{{colonnes|taille=20|
* Allée à [[Couzeix]]
* Rue à [[Balma]]
* Rue à [[Châlons-en-Champagne]]
* Rue à [[Fleury-les-Aubrais]]
* Rue à [[Marcq-en-Barœul]]
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* Rue à [[Orléans]]
* Rue à [[Saint-Ay]]
* Rue à [[Saint-Clair-sur-l'Elle]]
* [[Rue Maurice-Genevoix|Rue]] à [[Paris]]
* Allée à [[Évry-Courcouronnes]]
* Rue aux [[Sables d'Olonne]]
* Rue à [[Saint-Cyr-sur-Loire]]
* Rue à [[Varzy]]
* Rue à [[Verdun-sur-Garonne]]
* Square à [[Claye-Souilly]]
* Square à [[Montluçon]]}}
* Rue à Amiens


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Références nombreuses|taille=24}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons=Category:Maurice Genevoix|wikiquote= Maurice Genevoix}}
=== Bibliographie ===
* [[Denise Bourdet]], ''Maurice Genevoix'', dans : ''Encre sympathique'', Paris, Grasset, 1966
* Luc Marcy, « Les bestiaires de Maurice Genevoix », [thèse de doctorat vétérinaire], [[université Paul-Sabatier]], 1974
* A. Krieger, « L'expression de la vie dans l'œuvre de Maurice Genevoix », [[université de Strasbourg II]], 1974
* {{Ouvrage |langue= |prénom1=Gaston |nom1=Pouillot |titre= Maurice Genevoix et Châteauneuf-sur-Loire|sous-titre= |lieu= |éditeur=CRDP d'Orléans |collection= |année= 1988|volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |langue= |prénom1=Gaston |nom1=Pouillot |titre=Châteauneuf sur Loire, jadis et naguère |sous-titre= |lieu= |éditeur=Maury Imprimeur |collection= |année= 1998|volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.
* {{Article |langue= |prénom1=Jean-Luc |nom1=Wauthier |titre=Maurice Genevoix : une rose pour l'hiver |périodique=Revue Générale|volume= |numéro= 11|date=novembre 1979 |pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}.
* Denis Miannay, préfaces des trois « Bestiaires » : ''Tendre Bestiaire'', ''Bestiaire Enchanté'', ''Bestiaire sans Oubli'', Presses-Pocket, 1989
* Monique Feyry-Miannay, ''Maurice Genevoix, critique d'art'', Maurice Genevoix-[[Bibliothèque historique de la ville de Paris]], 1991
* Claude Imberti, ''Genevoix a bâtons rompus'', Éditions Paradigme, 1993
* Benoît Hérique, ''Le Canada dans l'œuvre de Maurice Genevoix : sources, thèmes, langages'', édition ?, 1998
* [[Sylvie Genevoix]], ''Maurice Genevoix. La maison de mon père'', Éditions Christian Pirot, 2001
* Monique Feyry-Miannay, ''La Chèvre aux loups'', postface, Hachette Jeunesse, 2006
* J. Bayard, J. Lefebvre, T. Rautureau, ''Couleurs de Loire'', Corsaire Éditions, 2009 {{commentaire|Rapport croisé entre cent peintres et écrivains sur la Loire. Soixante-quinze tableaux, dont les tableaux inédits de Genevoix sur la Loire.}}
* [[Michel Bernard (écrivain, 1958)|Michel Bernard]], ''Pour Genevoix'', récit, éditions de La Table Ronde, 2011
* [[Bernard Maris]], ''L’Homme dans la guerre. Maurice Genevoix face à Ernst Jünger'', Grasset, {{coll|Documents français}}, 2013 {{ISBN|978-2-246-80338-6}}
* Jacques Tassin, ''Maurice Genevoix, survivant de 14'' [biographie], Éditions Orphie, 2014
* Jean-Louis Balleret, Michel Bernard (préface), Julien-Larère-Genevoix (avant-propos), « Maurice Genevoix : une vie au fil de la Loire », ''La Camosine, Les Annales du pays nivernais'', {{n°|163}}, {{1er}} trimestre 2016, 32 p. [avec un film DVD : ''Genevoix, la mort de près'', prod. les films Lieu-dit]
* Jacques Tassin, ''Maurice Genevoix'' [biographie], Éditions Pardès, {{coll|Qui suis-je ?}}, 2017
* Jacques Tassin, ''La Vie selon Genevoix'' [essai], Éditions du Petit Pavé, 2018
* Jacques Tassin, ''Au-devant de Maurice Genevoix'', Corsaire Éditions, 2019
* Aurélie Luneau & Jacques Tassin, ''Maurice Genevoix, Biographie'', Flammarion, 2019, 308 p.
* Jacques Tassin, ''Maurice Genevoix l'écologiste'', Odile Jacob, 2020, 170 p.

=== Articles connexes ===
* [[Prix Maurice-Genevoix (fondé en 1985)]]
* [[Prix de l'Académie française Maurice-Genevoix]]
* [[Liste des écrivains-soldats français de la Première Guerre mondiale]]

=== Liens externes ===
* {{Findagrave}}
* [http://ceuxde14.wordpress.com Site de l'association « Je me souviens de ''Ceux de 14'' » consacrée à Maurice Genevoix]
* [https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/dossiers-individuels/maurice-genevoix Extraits du dossier de Maurice Genevoix] sur le site du [[Service historique de la Défense]]
* [https://www.franceculture.fr/emissions/toute-une-vie/maurice-genevoix-1890-1980-un-regard-a-toute-epreuve « Maurice Genevoix, 1890-1980, un regard à toute épreuve »] sur ''franceculture.fr''

=== Notices ===
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[[Catégorie:Lauréat du prix Paul-Flat]]
[[Catégorie:Auteur publié par les éditions du Seuil]]
[[Catégorie:Auteur publié par les éditions Flammarion]]
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[[Catégorie:Officier de réserve]]
[[Catégorie:Poilu]]
[[Catégorie:Élève de l'École normale supérieure]]
[[Catégorie:Élève du lycée Lakanal]]
[[Catégorie:Naissance en novembre 1890]]
[[Catégorie:Naissance à Decize]]
[[Catégorie:Décès en septembre 1980]]
[[Catégorie:Décès à 89 ans]]
[[Catégorie:Décès dans la province d'Alicante]]
[[Catégorie:Mort d'une crise cardiaque]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière de Passy]]
[[Catégorie:Personnalité transférée au Panthéon de Paris]]

Dernière version du 4 octobre 2024 à 11:12

Maurice Genevoix
Maurice Genevoix en 1949 posant pour le Studio Harcourt.
Fonctions
Président
Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle et du Jardin des plantes
-
Secrétaire perpétuel de l'Académie française
-
Président du jury du festival de Cannes
Fauteuil 34 de l'Académie française
-
Président
Défense de la langue française
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Passy (jusqu'au ), Panthéon (depuis le ), Grave of Genevoix (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Charles Louis Maurice GenevoixVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
Formation
Activités
Écrivain, biographe, poète, officier de réserveVoir et modifier les données sur Wikidata
Rédacteur à
Conjoint
Suzanne Genevoix (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
Membre de
Conflit
Mouvements
Distinctions
Œuvres principales
Plaque commémorative

Maurice Genevoix, né le à Decize (France) et mort le à Xàbia (Espagne), est un écrivain et poète français, membre de l'Académie française.

L’ensemble de son œuvre témoigne des relations d’accord entre les Hommes, entre l’Homme et la nature, mais aussi entre l'Homme et la mort. Alors qu'il est héritier du réalisme, son écriture est servie par une mémoire vive, le souci d'exactitude et le sens poétique. Normalien, il admire tout autant l’éloquence des artisans ou des paysans. D’une grande vitalité malgré ses blessures reçues au combat lors de la Première Guerre mondiale, et animé de la volonté de témoigner, il écrit jusqu’à ses derniers jours. Son œuvre, portée par le souci de perpétuer ce qu'il a tenu pour mémorable, produit d'une grande longévité littéraire, rassemble cinquante-six ouvrages.

Il est surtout connu pour ses livres régionalistes inspirés par la Sologne et le Val de Loire, comme son roman Raboliot (prix Goncourt 1925). Il a cependant dépassé le simple roman du terroir par son sobre talent poétique qui, associé à sa profonde connaissance de la nature, a donné des romans-poèmes admirés, comme La Dernière Harde (1938) ou La Forêt perdue (1967).

Son œuvre est également marquée par le traumatisme de la Grande Guerre (1914-1918), particulièrement dans Ceux de 14, recueil de récits de guerre rassemblés en 1949, considéré comme l'un des plus grands témoignages sur ce conflit. Il s'est aussi penché plus largement et plus intimement sur sa vie en écrivant une autobiographie, Trente mille jours, publiée en 1980.

Sur décision du président de la République française Emmanuel Macron, le cercueil de Maurice Genevoix entre au Panthéon le .

Descendant d'un ancêtre genevois catholique ayant fui la Genève calviniste vers 1550-1560 pour rejoindre la Creuse[1] – et dont le patronyme prend alors un x final –, Maurice Genevoix est issu d'une famille de médecins et de pharmaciens par sa lignée paternelle.

Son père, Gabriel Genevoix, rencontre en 1889 Camille Balichon, fille d'un épicier en gros, à Châteauneuf-sur-Loire. Maurice, naît en 1890 à Decize, dans la Nièvre, à 35 km en amont de Nevers[2].

Un an plus tard, ses parents migrent à Châteauneuf-sur-Loire pour reprendre une affaire familiale, un « magasin » réunissant une épicerie et une mercerie[3]. Il puisera de cette période la plupart des souvenirs évoqués dans Trente mille jours et Au cadran de mon clocher. Il tiendra pour un privilège d'avoir passé son enfance dans une bourgade rurale d'avant 1914. Son frère René naît en 1893.

Alors qu'il n'a que 12 ans, sa mère meurt, le , d'une attaque d'éclampsie. De cette perte il gardera une éternelle déchirure[4] qui transparaîtra dans plusieurs romans, comme Fatou Cissé ou Un jour. Le veuvage de son père le laisse esseulé. Il trouve cependant un réconfort sur les bords de la Loire où il passe son temps libre et où il puisera l'inspiration de ses futurs écrits (Remi des Rauches, La Boîte à pêche, La Loire, Agnès et les garçons).

Plaque rappelant les études de Maurice Genevoix au lycée Pothier, à Orléans.

Déclaré deuxième du canton au certificat d’études (il est reçu premier ex aequo au vu des résultats, mais est déclaré deuxième par le jury qui, voulant le départager de Benoist, pose des questions aux deux ex aequo, jusqu'à ce que l'un d'eux, et ce fut Genevoix, ne puisse répondre à une question, celle de dire quelle rivière séparait la France et l'Espagne[5]), il entre interne au lycée Pothier à Orléans[6]. Il découvre alors « l’encasernement, la discipline, les sinistres et interminables promenades surveillées[7] ». Il retracera cette période de sa vie dans L'aventure est en nous. Puis il entre pensionnaire au lycée Lakanal à Sceaux, près de Paris, où il est khâgneux durant trois années (1908-1911). Il est admis à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm. Il effectue une des deux années de service militaire, comme le permettait alors le statut particulier des jeunes Français admis aux grandes écoles. Il est affecté à Bordeaux, au 144e régiment d’infanterie. Il entre ensuite à l’École normale supérieure et, deux ans plus tard, présente son diplôme de fin d'études supérieures sur « le réalisme dans les romans de Maupassant ». C’est à cette période qu’il envisage une carrière littéraire[8]. Mais ce sont les encouragements de Paul Dupuy l’incitant à écrire son témoignage de guerre qui l’emportent sur l’orientation du jeune Genevoix[9].

Il est alors cacique de sa promotion. Il lui reste à accomplir une dernière année d’études universitaires pour se présenter à l’agrégation et aborder une carrière universitaire. Il pense alors à se faire nommer comme lecteur dans une université étrangère pour connaître des formes de cultures originales, mais également afin de disposer de temps pour écrire[10].

Grande Guerre

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Maurice Genevoix en 1915, en uniforme pour la Première Guerre mondiale.

Officier de réserve depuis qu'il a effectué son service militaire, il est mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, le , et sert comme sous-lieutenant au 106e régiment d’infanterie, dans la 8e compagnie jusqu'en , puis dans la 7e compagnie à partir de [11] . Sa division, la 12e DI, appartient à la 3e armée commandée par le général Ruffey, qui est remplacé par le général Sarrail le . Il participe à la bataille de la Marne et à la marche sur Verdun.

Le , la 24e brigade d'infanterie (106e et 132e RI) est chargée de reprendre la crête des Éparges. Du 17 février au de violents combats se succèdent jusqu'à la prise définitive de la majeure partie de la crête par les troupes françaises. Les combats se poursuivront sans que les Allemands puissent reprendre la crête. Auguste Finet, soldat dans la section commandée par Genevoix, indique dans ses mémoires que sur les 52 hommes de la section ayant pris part à cette attaque, seulement six dont Genevoix demeurent « indemnes »[12].

Son meilleur ami dans cette guerre, un saint-cyrien, le lieutenant Robert Porchon (1894-1915[13]), tombe au champ d'honneur le [14].

Maurice Genevoix est muté à la fin du mois de février 1915 à la 5e compagnie du 106e RI dont il prend le commandement[15]. Il est promu lieutenant le [16]. Le , Genevoix est grièvement blessé dans des combats à Rupt-en-Woëvre près de la colline des Éparges[17].

« Je suis tombé un genou à terre. Dur et sec, un choc a heurté mon bras gauche. Il saigne à flots saccadés. Je voudrais me lever, je ne peux pas. Mon bras tressaute au choc d'une deuxième balle et saigne par un trou. Mon genou pèse sur le sol comme si mon corps était en plomb. Ma tête s'incline et sous mes yeux un lambeau d’étoffe saute au choc mat d'une troisième balle. Je vois sur ma poitrine un profond sillon de chair rouge[18]. »

La lettre du docteur Lagarrigue[19] adressée à Maurice Genevoix le témoigne de la gravité de ses blessures :

« Je suis navré de vous savoir si grièvement touché. Mon pauvre vieux, c'est avec une émotion profonde que je vous ai vu, accablé de fatigue et j'oserais dire de “gloire”, sur cette poussette incommode qui vous amenait à Mouilly. Je n'ai pensé qu'à vous expédier au plus vite à Verdun, car votre pâleur m'inquiétait beaucoup. Je suis navré certes, mais rassuré maintenant ; je craignais le pire, et l'absence de nouvelles m'impressionnait péniblement. »

Il est soigné sept mois durant, conduit d'un hôpital à l'autre : Verdun, Vittel, Dijon, puis Bourges. Il doit peut-être en partie sa survie à sa remarquable condition physique. Les blessures reçues au bras et au flanc gauche le marquèrent pour le restant de sa vie[20]. Il est réformé à 70 % d'invalidité et perd l'usage de la main gauche.

Il retourne alors à Paris où il assure un service bénévole à la Father's Children Association, logeant à l'École normale. Le nouveau directeur de l'école, Gustave Lanson, lui propose de reprendre ses études afin de se présenter à l'agrégation. Maurice Genevoix refuse afin d'entreprendre la rédaction de son témoignage de guerre.

Rencontre des Vernelles

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Clocher de Châteauneuf-sur-Loire : l'idée d'un cycle de romans réalistes centré sur un village de la Loire débouche sur Remi des Rauches, puis Raboliot, mais n'est pas poursuivie.
Maurice Genevoix avait cherché une maison sur les bords de la Loire : il n'en trouva pas à Chateauneuf-sur-Loire et « vala » ainsi jusqu'aux Vernelles, à Saint-Denis-de-l'Hôtel.

Gravement atteint de la grippe espagnole en 1919, il retourne chez son père dans le Val de Loire, retrouvant le village de son enfance[21]. Après avoir été écrivain de guerre, il entreprend la peinture du pays de Loire[22] .

En 1927, tirant parti du prix Goncourt décerné pour Raboliot (1925), il rachète une vieille masure au bord de la Loire à Saint-Denis-de-l'Hôtel, au hameau des Vernelles, « une vieille maison, rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets[23] ». Il y passe un premier été avec le chat Rroû, période dont il tirera un roman du même nom. Après la mort de son père en , il s'y installe en 1929, pour un premier séjour qui durera vingt ans. C'est dans cette maison, dans un bureau donnant sur la Loire, qu'il écrira la plupart de ses livres.

Pendant les années 1930, il est souvent calomnié par des nationalistes français, dont des Croix-de-Feu, des cagoulards, ou des Camelots du roi, qui lui reprochent le fait que pendant la Première Guerre mondiale, il n'a été soldat que d'août 1914 à avril 1915, soit moins d'un an. Il fut profondément meurtri par ces attaques, du fait qu'il avait été grièvement blessé en avril 1915, et en était resté marqué dans sa chair. À la même époque, après la sortie du film Les Croix de bois, le comédien Charles Vanel sera lui aussi victime des nationalistes, car il ne fut militaire mobilisé que deux mois, en 1914, avant de souffrir de troubles psychiques et psychologiques, menant à sa réforme.

Le , Maurice Genevoix épouse Yvonne Louise Montrosier (1908-1938), médecin originaire de Saint-Victor-et-Melvieu, près de Saint-Affrique, qui meurt l'année suivante[24] . En , il apprend que la France et la Grande-Bretagne ont déclaré la guerre à l’Allemagne alors qu'il est en voyage au Canada. De à début 1943, il quitte les Vernelles, en zone occupée, pour s'installer en Aveyron, chez ses beaux-parents. Il y écrit Sanglar (rebaptisé plus tard La Motte rouge), un épisode romanesque des guerres de Religion, dont l'épigraphe d'un moine de Millau évoque à mi-mot l'Occupation : « C'était un temps fort calamiteux et misérable. » Il épouse le Suzanne Neyrolles (1911-2012)[25], veuve, déjà mère d'une fille prénommée Françoise, puis rejoint les Vernelles, qu'il retrouve saccagées[26] . En 1944 naît sa fille, Sylvie.

Académie française

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Il est élu sans concurrent à l’Académie française le [27], le même jour qu’Étienne Gilson, puis reçu le par André Chaumeix au fauteuil de Joseph de Pesquidoux. Il s’était porté candidat plus tôt la même année au fauteuil de Louis Gillet, mais s'était retiré devant Paul Claudel. Quatre ans plus tard, il s’installe à Paris, ville qu’il apprend à aimer, dans un appartement de l’Institut, quai Conti.

Il devient secrétaire perpétuel de l’Académie française en , succédant à Georges Lecomte. De 1958 à 1963, il rédige personnellement le discours d'attribution à chaque lauréat des grands prix de littérature, du roman, de poésie ou d’histoire (Grand prix Gobert). Sous son impulsion, l’Académie française affirme sa présence et sa compétence au sein du Haut Comité de la langue française, créé en 1966, et du Conseil international de la langue française. Sous son autorité ont été créées les commissions ministérielles de terminologie qui proposaient des équivalents aux termes anglais proliférant dans les vocabulaires scientifiques et techniques. Les propositions étaient soumises à l'Académie des sciences et à l'Académie française avant d'être officialisées par arrêté ministériel (le premier arrêté ministériel date de 1972[28]).

Il démissionne du poste de secrétaire perpétuel de l’Académie en , ce qu’aucun secrétaire perpétuel n'avait plus fait avant lui depuis Duhamel en 1946[29] . À 83 ans, il pense en effet qu’il a encore d'autres livres à écrire, et doit pour ce faire se démettre de ses fonctions[30]. D’aucuns verront dans cette démission l’expression de son goût pour la liberté[7].

Retraite aux Vernelles

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Tombe de Maurice Genevoix au cimetière de Passy, à Paris.
Tombe de Maurice Genevoix au Panthéon (crypte numéro 13).

Maurice Genevoix quitte alors Paris pour retrouver les Vernelles qu'il considère comme son port d'attache. Devenu octogénaire, il écrit régulièrement et publie Un jour (1976), puis Lorelei (1978) et Trente mille jours (1980). À l'âge de 89 ans, il nourrit encore un projet de roman, traitant du passage de l'enfance à l'adolescence, avec l'intention de mettre en épigraphe une citation de Victor Hugo : « L'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges[31]. » Il conserve jusqu'à sa mort ses facultés intellectuelles[2] ; il est même, pendant les dix dernières années de sa vie et jusqu'à sa mort, de 1970 à 1980, président de la Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle[32]. Il a aussi présidé Défense de la langue française entre 1960 et 1980 [33].

Maurice Genevoix était favorable à la langue internationale espéranto, comme en témoigne cette réponse à Pierre Delaire dans une émission radiodiffusée de la RTF du 18 février 1954, en jugeant notamment que « l'espéranto est en mesure d'exprimer les nuances les plus subtiles de la pensée et du sentiment (...) et [qu']il ne peut pas porter ombrage aux fidèles des langues nationales[34] ».

Il meurt d'une crise cardiaque le , alors qu'il est en vacances dans sa maison d'Alsudia-Cansades, près de Xàbia (province d'Alicante) en Espagne. Sur sa table d'écrivain, il laisse inachevé son projet de roman[35] intitulé Vent de mars, de même qu'un autre projet, Nouvelles espagnoles[36] . Il fut enterré au cimetière de Passy (12e division) à Paris.

Le , sur décision du président Emmanuel Macron et après un report d'un an, ses cendres sont transférées au Panthéon[37].

L'ensemble de l'œuvre de Maurice Genevoix procède du témoignage de ce qu'il tient pour mémorable : la vie dans une bourgade au bord de la Loire à la fin du XIXe siècle, les premiers mois de la Grande Guerre, les scènes de la nature et de la chasse en Sologne ou au Canada, le quotidien des hommes dans les colonies françaises. Ses livres sont plus souvent des récits que des fictions. Il est généralement présenté comme un écrivain sensible[10],[20] animé du désir de perpétuer[38] . Il fait appel à sa mémoire sensorielle peu commune, mais chaque ouvrage est précédé d'une minutieuse recherche documentaire[10],[39].

Récits de guerre

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Portrait réalisé par Anne Tassin (photo Jacque Tassin).

L'œuvre de Genevoix doit à sa formation initiale d'écrivain de guerre. Il trouvera son registre dès le premier livre[21]. Par la suite, il gardera le même souci d'exactitude et de précision dans l'évocation des instants gardés en mémoire. Il se révèle persuadé que toute exagération ne peut qu'affaiblir l'effet de la réalité, et n'aspire qu'à rester un témoin fidèle et scrupuleux[40]. Ses lectures l'y avaient préparé : à l'école de Maupassant, comme à celle de Stendhal et de Tolstoï, Maurice Genevoix avait appris la simplicité de la narration[41].

En , ses carnets de guerre rassemblent quelques notes griffonnées (ordres de bataille, instructions diverses, liste des secteurs, dates). Les quatre premiers chapitres de Sous Verdun sont esquissés sur le front, dans les intervalles de repos. Le reste tient à l'exercice de la mémoire. Ces notes de guerre s'achèvent en effet très tôt, le [42] . Maurice Genevoix regrettait que l'on eût souvent donné une importance exagérée à ces carnets. Les lettres de 1915 qu'il écrivit, du front, au secrétaire général de l'École normale supérieure, Paul Dupuy, sont davantage documentées. Ernest Lavisse, directeur de l'école, avait chargé Paul Dupuy de conserver toute une correspondance des élèves envoyés au front, qui devait servir de documents pour rédiger plus tard une histoire de la guerre. Cette correspondance semble avoir depuis été égarée[43] . Quelques mois plus tard, au terme du séjour hospitalier de Genevoix, Dupuy devient l'intercesseur auprès des éditions Hachette, en la personne de Guillaume Bréton, qui remet alors à l'ancien normalien un contrat pour un livre qu'il rédigera en quelques semaines. Entre-temps, Dupuy n'aura cessé d'exhorter Genevoix d'écrire, alors même que celui-ci n'avait pas encore quitté l'hôpital de Dijon, l'encourageant à reprendre jour par jour tous ses souvenirs. Ainsi écrit-il le  : « C'est votre pouvoir à vous de charger de sens les moindres mots ou les gestes les plus simples. » Puis le , se faisant plus pressant : « J'aurais un grand chagrin si tout ce qu'il y a d'art en toi demeure en l'état de puissance latente et ne se réalise pas dans la plus riche des matières[43] . »

C'est le désir de témoigner qui le décide à écrire[44]. Son récit, parfois interprété comme une thérapie par l'écriture[45], est servi par une mémoire sensorielle peu commune. Son témoignage de soldat, relaté dans cinq volumes écrits entre 1916 et 1923, tous parus chez Flammarion, et rassemblés par la suite sous le titre Ceux de 14, est un document précieux sur la vie des poilus[46]. La censure s'est attardée sur les deux premiers récits qui, la guerre n'étant pas encore achevée, montrait trop la réalité des combats et, plus encore, relatait parfois des paniques. Les coupes furent de ce fait nombreuses (plus de 269 pages lors de la première édition[47]). Ces écrits sont considérés comme l'une des plus grandes œuvres de guerre[20],[48],[7]. L'un des premiers, Jean Norton Cru, ancien combattant et professeur aux Etats-Unis, après avoir analysé tous les livres parus sur la Grande Guerre entre 1915 et 1928 en appliquant « à la littérature sur la guerre […] les méthodes de la critique universitaire »[49], reconnaît comme « une sorte de miracle »[50] la vérité du récit de guerre et le talent de Genevoix dans les cinq livres qui constitueront Ceux de 14.

Dans la longue présentation de douze pages (préface et postface) qu'il donne en 1959 à Vie et mort des Français, 1914-1918, simple histoire de la Grande Guerre, ouvrage co-rédigé par André Ducasse, Jacques Meyer et Gabriel Perreux (tous trois Normaliens et anciens combattants de la Grande Guerre), Maurice Genevoix - qui estime tout particulièrement les livres d'histoire de guerre « honnêtes, scrupuleux, généreux, et riches d'une expérience de témoins […], saisis au cœur de l'événement et mûris à sa brûlure »[51] - cite la phrase suivante tirée du récit La guerre, mon vieux... de Jacques Meyer[52] : « La guerre, mon vieux, tu sais bien ce que c'était. Mais quand nous serons morts, qui donc l'aura jamais su? »[53].

Livres régionalistes

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Toue Remi des Rauches, construite pour le centenaire de la naissance de Maurice Genevoix.

Une seconde période démarre avec Remi des Rauches[39] , roman publié en 1922, qui vaut à son auteur un prix Blumenthal. Le roman est une transposition littéraire de la guerre, la crue de la Loire évoquant la boue des Eparges, la nostalgie du village aimé, et le souvenir des camarades tués[22] .

Cette période féconde est couronnée par Raboliot qui obtient le prix Goncourt en 1925. Raboliot est un roman sur la Sologne où un anti-héros braconnier défend sa condition d'homme libre. Le soir même du prix, il reprend le train pour Châteauneuf, mettant comme son héros cette liberté au-dessus de tout[7]. L'écrivain ne donnera pas suite à ce qui était alors, comme il s'en expliquera dans la préface à sa biographie Au cadran de mon clocher, les premiers volumes d'un cycle consacré au peuple de la Loire. Sa curiosité, tout autant qu'un constant besoin de poésie[54], auront raison de ce projet. Maurice Genevoix a été souvent qualifié d’écrivain régionaliste pour avoir souvent célébré le Val de Loire, étiquette qu'il n'aimait guère. Ses livres rapportant ses voyages à l'étranger, ses écrits de guerre, de même que les thèmes universels qu'il aborde, témoignent cependant d'une dimension beaucoup plus large de l'ensemble de son œuvre[55].

Livres de voyages

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Maurice Genevoix voulait enseigner à l'étranger. Contraint par ses blessures de choisir une autre orientation, il conserve cependant le goût du voyage. Il visite les grandes villes d'Afrique du Nord en 1934, puis parcourt le Canada durant quelques mois en 1939, de la Gaspésie aux Rocheuses[56]. De sa rencontre avec deux trappeurs « alliant une bonhommie et une morosité agressive[57] », il tire un roman, La Framboise et Bellehumeur. Puis il visite l'Afrique, précisément le Sénégal, la Guinée, le Soudan (1947) et le Niger[26] , quelques années plus tard (1954). De son voyage en Guinée naît Fatou Cisse, un roman sur la condition des femmes en Afrique Noire[56]. Il part également en Suède en 1945, et au Mexique en 1960. Mais il reste avant tout séduit par ce Canada sauvage qui le ramène à ses propres fondements : la forêt, le fleuve, mais aussi les bêtes libres[54].

Romans-poèmes

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La Loire coule dans l'œuvre entière de Maurice Genevoix.

Les romans-poèmes (Forêt voisine, la Dernière Harde, la Forêt perdue) que Maurice Genevoix écrit aux Vernelles sont des œuvres où il manifeste son talent poétique[58].

Dans une interview relative à la Forêt perdue[59], il reconnaît que cette poésie convole avec la magie. Certains critiques considèrent ces romans-poèmes, qui accordent une grande part à la description de la vie animale et à la chasse, comme des romans spécialisés[39] . La Dernière Harde, pourtant dénué de péripéties mais touchant, comme la Forêt perdue, à une certaine grandeur épique, est considéré par certains écrivains comme le meilleur roman de Maurice Genevoix[60],[61],[54],[62] .

Le songe n'est jamais loin dans cette partie de l'œuvre[63] . « L'histoire que voici, je l'ai rêvée à partir d'un mot », prévient-il en préface de La Forêt perdue. Les décors aquatiques de la Loire[64], présents dans plusieurs autres romans, invitent au rêve.

Maurice Genevoix fera partie des premiers comités de la Société des poètes et artistes de France à la fin des années 1950 et au début des années 1960.

Le Chastaing, l'un des sites privilégiés de l'enfance de l'écrivain.

Maurice Genevoix est marqué par son enfance où il puise son inspiration[65]  :

« Il suffit que j'y songe encore pour retrouver une très lointaine ivresse : de joie de vivre, d'augmentation de l'être, de capiteux et éternel printemps. Et comment me tromper à ce délicieux vertige ? C'est l'enfance[66]  ! »

C'est de l'enfance qu'il se réclame[67] , la comparant à une plaque hypersensible[31].

Rares sont ses romans qui ne font pas directement référence à sa propre enfance. Remi des Rauches (1922) puis la Boîte à pêche (1926), remettent à jour des souvenirs d'enfance parsemés de lieux-dits où il aimait pêcher, comme la Ronce, le Chastaing ou l'Herbe Verte. Les Compagnons de l'Aubépin (1938) rapporte le séjour au bord de l'eau d'un groupe de jeunes garçons « dépositaires du chevaleresque[68]  ».

Dans L'Aventure est en nous, se retrouve, sous les traits de François Montserrat, le lycéen Genevoix, vif et frondeur. Mais c'est aussi dans les derniers écrits (Trente Mille jours, Jeux de glaces) que se révèle le plus fidèlement son enfance. L'amitié qu'il accorde à ses proches, est présente d'un bout à l'autre de son œuvre, du Porchon de Sous Verdun (1916) au d'Aubel de Un Jour (1976)[69] .

À l'âge de quatre ans, durant l'hiver 1894, il échappe de peu à la mort alors qu'il contracte le croup. La mort continuera de hanter l'ensemble de son œuvre[70]. À neuf ans, il voit pour la première fois « couler le sang[71] », le sentant refroidir et se figer autour de sa jambe brisée qu'il s'agit de guérir dans l'échaudoir d'un boucher. « Une médication de Bantou », lâchera-t-il l'année précédant sa mort[31]. À douze ans, la perte de sa mère le confronte à la réalité de la mort.

Mais c'est au Front qu'il la côtoie sous sa forme la plus effroyable. Il y fera l'expérience de ce « vide glacial[60] » que laisse à ses côtés le compagnon fauché dans sa course, et qui ne cessera jamais de le poursuivre. Un épisode qu'il remettra notamment en scène dans la Dernière Harde où le Cerf rouge, fuyant avec sa mère sous les balles des chasseurs, sent à son tour contre lui ce même « vide glacial, extraordinairement profond, qui le suivait dans son élan »[72]. Il publie en 1972 un essai sur ce thème, La Mort de près, s'agissant d'une mort dont il s'attache à dépeindre la fréquentation quotidienne au cours de la guerre. Là encore, il se pose en simple témoin[73].

Le Procès de Renart (enluminure du XVIe siècle), attribué à Maître de Thomas de Maubeuge, fonds de la BNF.

Tous les romans de Maurice Genevoix sont un hymne à la vie[39] où il évoque notamment une complicité à la vie animale[74]. Qualifié parfois de naturaliste lyrique[48], il évite cependant l'excès de style, la profusion de sentiment, et s'en tient à la poésie des harmonies présentes dans la nature[74]. Son travail est lié à son aptitude à capter et exprimer les sensations du fond de l'être, y compris dans sa nature la plus proche de l'animal[75], et à se mettre parfois à la place, par des procédés littéraires relevant de l'anthropomorphisme, d'un autre vivant, d'un cerf ou d'un chat[76].

La complicité avec l'animal trouve son apogée dans Le Roman de Renard, dont le héros se bat également pour une soif de liberté, et dont l'écriture évoque La Dernière Harde[77] . Genevoix s'affirme alors avec Louis Pergaud comme l'un des meilleurs écrivains animaliers[48].

Bien que ses romans s'y réfèrent il se défend d'aimer la chasse[78]. La guerre lui en a ôté le goût, qu'il reconnaît avoir eu auparavant[76]. Il y retrouve son propre goût de la quête, très présent dans Raboliot, mais il réprime ce qui s'apparente à la tuerie, qu'incarne le Grenou de La Dernière Harde.

« L'attention qu'il porte à l'ensemble de la chaîne du vivant va faire du "vieux" Genevoix le chantre de l'écologie dès le début des années 70[79]. »

La mémoire

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Genevoix reste pour une bonne part de son œuvre le chantre de la mémoire. Les mots qu'il emploie montrent son travail de mémorisation puis de témoignage, tel le titre donné à l'un de ses Bestiaires, qualifié de Bestiaire sans oubli[38] . Il conservera des traces de son enfance, notamment ses cahiers scolaires, et gardera les travaux de création de ses romans. L'homme est à ses yeux « comptable de ce qu'il est en mesure de transmettre »[80]. Cette mémoire lui est un instrument d'investigation qu'il met au service de ses camarades de guerre, mais également afin de perpétuer les scènes de son enfance.

Influences littéraires

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Lectures d'enfance et d'adolescence

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Il s'avoue marqué par L'Enfant des bois, d'Élie Berthet, qui l'invitera à de premières rêveries, puis par Le Livre de la jungle de Kipling dont il restera marqué[39] et qui, bien plus tard, l'invitera au voyage[57]. Adolescent, le besoin d'écrire se manifeste sous la forme de premiers poèmes. Il découvre Daudet, puis Balzac[54].

Il découvre également Stendhal, Tolstoï[81] et Flaubert. Maurice Genevoix admire sa capacité à s'investir dans ses propres personnages. Devenu Normalien, il étudie Maupassant, qu'il apprécie pour la simplicité de son écriture, son honnêteté et son naturel[82]. Mais si l'on retrouve l'ombre de Maupassant chez Genevoix, c'est sous un jour « moins amer, plus humain[10] ».

Au lycée Pothier d'Orléans, il a pour professeur de lettres Émile Moselly (Émile Chenin de son vrai nom), auteur de Jean des Brebis, qui reçut le prix Goncourt en 1907. Celui-ci adressera à l'auteur frais émoulu de Sous Verdun une lettre émouvante datée du [83] : « Je désirerais savoir si l'auteur de Sous Verdun et le petit Genevoix, l'élève intelligent et vif que j'ai eu comme élève à Orléans, ne sont qu'une seule et même personne. Dans ce cas, permettez-moi d'embrasser tendrement et fortement le lieutenant Genevoix pour l'âme vaillante qu'il me révèle. Permettez-moi surtout de dire au Normalien Genevoix, qu'il est déjà un grand artiste, de la race des beaux écrivains, et que son maître un jour sera très fier de lui. »

Lectures universitaires

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Conscient des limites de son art, il évite les controverses littéraires[74]. Il se tient en retrait de la psychanalyse et raille volontiers les critiques qui croient déceler chez lui les clés de l'écriture de certains de ses romans.

Il conduit son existence d'académicien en dehors des chapelles littéraires[10], peu sensible aux thèses générales[20]. Dans Un Jour, Genevoix cite Ralph Emerson : « Nous savons plus que nous n'assimilons[84]  ».

La volonté de témoigner accompagne les récits de Maurice Genevoix, où il relate les faits d'histoire dans leur exactitude objective, mais également dans ses romans-poèmes, où il s'attache à dépeindre les sentiments qui l'unissent à la nature[65] . Il cède volontiers aux élans de la poésie, qu'il juge la mieux apte à faire apparaître les choses dans leur réalité première. Écrire, c'est à ses yeux livrer à autrui ce que l'on croit avoir en soi de plus précieux et de plus rare. Ainsi est-il conscient de sa singularité, de sa façon propre de percevoir et de sentir. Il revendique le don de création et raille les écrivains cédant aux tentations de la virtuosité. Il s'attache à voir les choses dans la fraîcheur de leur création[74]. Il fut il est vrai, dès sa plus tendre enfance, initié par les « simples ». Ainsi dira-t-il de Daguet, un valet piqueux, qui deviendra La Futaie dans La Dernière Harde, puis La Brisée dans La Forêt perdue, qu'il lui a appris « à lire sur la feuille morte, dans la coulée de glaise, sur la grève du ru forestier ». Il en conservera à jamais le sens des signes[85] , qu'il relève partout au cours de ses promenades[86] .

Le mot est sûr et simple[21]. Ses manuscrits sont peu raturés. « Mais cela ne prouve qu'une chose, précise-t-il : c'est que je ne fixe la phrase, noir sur blanc, qu'après l'avoir élaborée mentalement, orientée, affermie, retouchée. Les ratures, les corrections, ne sont guère qu'une dernière toilette : comme on lime ou polit les bavures, après la fonte[87]. » Un lyrisme pudique[20], dominé et serein[88], anime continuement le texte. La richesse du vocabulaire, qui intègre volontiers des termes régionaux ou de l'ancien français, contribue à renforcer son écriture. Maurice Genevoix a la passion des mots exacts[20]. On lui reprochera pourtant parfois une virtuosité sémantique, un excès verbal qu'il reconnaîtra lui-même dans certains de ses romans, notamment à propos des dernières pages de Sanglar[89]. C'est cependant par la précision du vocabulaire, qui permet de témoigner sans trahir, que Genevoix entend assurer le rôle de témoin qu'il s'est assigné. Au reste, il se garde d'en abuser. Il lui eût été aisé, dans ses romans du Moyen Âge (Le Roman de Renard et La Forêt perdue) d'y recourir, mais il a préféré l'exactitude de la narration.

Place dans la littérature du XXe siècle

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Maurice Genevoix et les « écrivains de terroir »

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Le terroir constitue dans l’entre-deux-guerres un axe narratif essentiel. Les écrivains qui s’y consacrent visent l’universalité des relations de l’homme à la nature, recherchant par d’autres voies une réponse aux questions sur la condition humaine[90]. La description de la nature y présente des valeurs poétiques spécifiques, qui guident certaines œuvres de Charles-Ferdinand Ramuz, Henri Pourrat, Jean Giono, Henri Bosco et Maurice Genevoix.

Ces écrivains qualifiés de « régionalistes », ou « de terroir », renouvellent ainsi la tradition du roman rustique inaugurée par George Sand. Ils manifestent une adhésion à l’ordre naturel du monde face à une civilisation moderne, sorte de rousseauisme commun à ces écrivains de terroir. Descripteurs des scènes naturelles, ils s’identifient chacun à un peintre : Ramuz à Cézanne, Bosco à Van Gogh, et Genevoix à Maurice de Vlaminck. Ce réalisme optique sera développé par la suite par le nouveau roman. Mais les romans des écrivains de terroir sont aussi parfois de véritables études de mœurs. Chez Genevoix, la description de Raboliot, braconnier solognot, en constitue un exemple.

Chez Genevoix, le réalisme disparaît parfois sous des réseaux de correspondances et de symboles, telles que l’exigeaient leur considération romantique[91]. Le symbole, ou le signe, comme s’en exprimera Maurice Genevoix dans Un Jour, reste un moyen privilégié de relation entre l’homme et l’univers. Avec ces autres écrivains, Maurice Genevoix abolit parfois le temps.

Plusieurs de ses romans, comme La Forêt perdue, sont présentés comme relevant tout simplement de temps anciens. D’autres scènes, tel le mouvement en avant du Cerf Rouge de La Dernière Harde, consentant à sa propre mise à mort, sont propices à l’effacement du temps.

Maurice Genevoix parmi les « écrivains de guerre »

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À la remise du prix Blumenthal pour Remi des Rauches, Genevoix raconte qu'André Gide lui précisa que la « littérature de guerre » ne relevait pas à ses yeux de la création littéraire, mais que son roman l'avait « rassuré »[92]. En retour, la littérature apparaissait incompatible avec la vérité historique. Or, Ceux de 14 inaugure l’association de la vérité documentaire et d’une technique littéraire qui autorise l’expression d’un point de vue scrupuleusement objectif[93].

La plupart des témoins de la Grande Guerre ont fait passer leur témoignage du niveau de la sphère intime à celui de la sphère publique. Les quelque 300 ouvrages publiés à Paris et analysés par Jean Norton Cru[94], qui épingle Roland Dorgelès (les Croix de bois) comme Henri Barbusse (Le Feu) pour leur recherche de sensationnel selon Michel Bernard[95], relèvent souvent de cette veine. Jean Norton Cru, dans son ouvrage Témoins, a dit de Maurice Genevoix qu'il occupe le premier rang des écrivains de guerre et lui a attribué une valeur de témoignage de combattant lui valant de figurer dans la catégorie n° I, c'est-à-dire celle qualifiée d'excellente par Norton Cru[96]. Cela contribuera à porter Genevoix au pinacle des écrivains de guerre, d’où naîtront notamment les « classes Genevoix », mises en œuvre en 1998 et 1999. Il s'agissait pour les élèves d’appréhender la Grande Guerre à travers Ceux de 14, non seulement en confrontant les points de vue historique et littéraire lors d’une étude en classe, mais encore en se rendant sur la crête des Éparges.

Ceux de 14 est souvent mis en vis-à-vis d'Orages d’acier, le journal de guerre d’Ernst Jünger publié en Allemagne en 1921. Son gendre Bernard Maris s'en fait l'écho, relatant ses échanges avec son épouse Sylvie Genevoix, fille de l'écrivain, dans L'Homme dans la guerre. Maurice Genevoix face à Ernst Jünger[97].

Liste des œuvres

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Romans et récits

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Les œuvres de Maurice Genevoix ont été éditées chez Flammarion, Le Livre contemporain, Plon, Le Seuil, Grasset, Les Étincelles, Gallimard, Bibliothèque des Arts et Gautier-Languereau.

  • Sous Verdun, août- (coll. « Mémoires et récits de guerre », Flammarion, 1916)
  • Nuits de guerre (Hauts de Meuse) (Flammarion, 1917)
  • Au seuil des guitounes (Flammarion, 1918)
  • Jeanne Robelin (Flammarion, 1920)
  • La Boue (Flammarion, 1921)
  • Remi des Rauches (Garnier-Flammarion, 1922 ; Flammarion, 1993)
  • Les Éparges[98] (Flammarion, 1923)
  • La Joie (Flammarion, 1924)
  • Euthymos, vainqueur olympique (Plon, 1924 ; nouvelle version sous le titre Vaincre à Olympie, Paris, Le Livre contemporain, 1960 ; Stock, 1977 ; Le Rocher, 2004)
  • Raboliot (Grasset, 1925, couverture illustrée par André Deslignères ; Le Livre de poche no 692 ; une réédition illustrée de bois de Louis-Joseph Soulas a paru aux Editions Fenis, 1928) Prix Goncourt 1925.
  • La Boîte à pêche (Grasset, 1926 ; réédition munie d'eaux-fortes de Gaston Barret aux éditions Vialetay, 1957 ; Les Cahiers Rouges, 1983)
  • Les Mains vides (Grasset-Seuil, 1928 ; réédition illustrée par Constant Le Breton, J. Ferenczi & fils, 1931 ; Le Seuil, 1987 ; Points Roman n° R622)
  • Cyrille (Flammarion, 1929) ; réédité sous le titre La Maison du Mesnil (Le Seuil, 1982 ; Points Roman n° R451)
  • L'Assassin (Plon, 1930 ; Le Rocher, 1999)
  • Forêt voisine, avec eaux-fortes (Paris, Société de Saint-Eloy, 1931 ; Flammarion, 1933 ; réédition avec 18 photos couleur h.t. par Gautier-Languereau, coll. « Nouveaux Bibliophiles », 1976 - arch. pers.)
  • H.O.E. (coll. « Témoignages de combattants français », 8e livre, Les Étincelles, 1931)
  • Rroû (Flammarion, 1931 ; La Table Ronde, 2010)
  • Hommage à Charles Péguy, par Marcel Abraham, Maurice Genevoix et autres (Gallimard)
  • Gai-L'Amour (Plon, 1932 ; Le Rocher, 2000)
  • Marcheloup - Un homme et sa vie, tome I (Plon, 1934)
  • Tête baissée - Un homme et sa vie, tome II (Plon, 1935)
  • Bernard - Un homme et sa vie, tome III (Plon, 1938 ; Flammarion, 1992)
    Les trois tomes ont été réunis sous le titre Marcheloup, un homme et trois générations par les Éditions Bartillat.
  • Le Jardin dans l'île (Plon, 1936 ; Presses-Pocket no 3935)
  • Les Compagnons de l'Aubépin, récit pour écoliers (Livre de lecture courante, Hachette, 1937 ; Flammarion, 1938, 1950)
  • La Dernière Harde (Flammarion, 1938 ; Garnier-Flammarion, 1988 ; C. Herissey, 2006)
  • L'hirondelle qui fit le printemps (Flammarion, 1941) (contes pour enfants)
  • Laframboise et Bellehumeur (Flammarion, 1942)
  • Canada (Flammarion, (1943, 1945)
  • Eva Charlebois (Flammarion, 1944)[99]
  • Sanglar (Flammarion, Plon, 1946 ; réédité sous le titre La Motte rouge par Le Seuil, 1979)
  • L'Écureuil du Bois-Bourru (Flammarion, 1947)
  • 63° 30 (nouvelle dans France-Illustration littéraire et théâtrale, no 7, , Paris)
  • Afrique blanche, Afrique noire (Flammarion, 1949 ; réédité par Éditions Grandvaux, 2009)
  • Ceux de 14, roman (comprenant Sous Verdun / Nuits de guerre / La Boue / Les Éparges) (éditions G. Durassié & Cie, 1949 ; édition définitive, Flammarion, 1950 ; Points n° P231, 2007)
  • Le Chevalet de campagne, illustré de lithographies de Roger Reboussin (Paris, Durel, 1950)
  • L'aventure est en nous (Flammarion, 1952)
  • Fatou Cissé (Flammarion, 1954), réédité en 1992 (ISBN 978-2080602558)
  • Vlaminck (Flammarion, 1954)
  • Claude Rameau (Innothéra, 1955)
  • Le Petit Chat (ill. de photographies de Ergy Landau) (Arts et Métiers Graphiques, 1957)
  • Le Roman de Renard (Plon, 1958 ; réédité par Garnier-Flammarion, 1991 ; Presses-Pocket no 2615)
  • Routes de l'aventure (Plon, 1959)
  • Mon ami l'écureuil (Éditions Bias, 1959 ; Hachette-Jeunesse, 1988) (conte pour les enfants)
  • Au cadran de mon clocher (Plon, 1960 ; Presses-Pocket no 10280)
  • Jeux de glaces, Namur, Wesmael-Charlier, .
  • Les Deux Lutins (illustré par Elisabeth Ivanovsky) (Casterman, 1961)
  • La Loire, Agnès et les Garçons (Plon, 1962 ; Presses-Pocket no 4055 ; Le Rocher, 2000)
  • Derrière les collines (Plon, 1963)
  • Beau-François (Plon, 1965 ; Presses-Pocket no 2229)
  • André Maurois (Livres de France, revue littéraire mensuelle, juin-, p. 2-5)
  • Christian Caillard (Bibliothèque des Arts, 1965)
  • La Forêt perdue (Plon, 1967 ; Presses-Pocket no 1862)
  • Images pour un jardin sans murs (Plon, 1967 ; Éditions du Rocher, 2007)
  • Jardin sans murs (comprenant Le Jardin dans l'île / Images pour un jardin sans murs) (Plon, 1968 ; Le Rocher, 2007)
  • Tendre Bestiaire (Plon, 1969 ; nouvelle édition préfacée par Denis Miannay[100], Presses-Pocket no 3176, 1989)
  • Bestiaire enchanté (Plon, 1969 ; nouvelle édition préfacée par Denis Miannay, Presses-Pocket no 3175, 1989 ; Anne Carrière, 2000)
  • Bestiaire sans oubli (Plon, 1971)
    Ces trois Bestiaires ont été réunis dans Maurice Genevoix illustre ses Bestiaires, une édition illustrée par l'auteur, Plon, 1972 ; réédition préfacée par Denis Miannay, Presses-Pocket, 1989.
  • La Grèce de Caramanlis (Plon, 1972)
  • La Mort de près (Plon, 1972)
  • Deux Fauves (comprenant L'Assassin et Gai-L'Amour) (Plon, 1974)
  • La Perpétuité (Julliard, 1974)
  • Un homme et sa vie (comprenant Marcheloup / Tête baissée / Bernard) (Plon, 1974)
  • Un jour, Le Seuil, coll. « Points Roman » (no R20), .
  • Lorelei (Le Seuil, 1978 ; Points Roman n° R244)
  • La Motte rouge (Le Seuil, 1979 ; Points Roman n° R33)
  • Trente Mille Jours, autobiographie (Seuil, 1980 ; Points n° P222)
  • L'Enfant et le Château (éd. d'art J. Danon, 1980)

Publications posthumes et anthologies

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  • Romans, Récits et Contes (Plon, 1995)
  • La Chèvre aux loups (illustrations Rébecca Dautremer) (publié à titre posthume par Gautier-Languereau, 1996 ; Hachette-Jeunesse no 1216, 2006[101])
  • Trente Mille Jours (comprenant Un jour / Au cadran de mon clocher / La Loire / Agnès et les garçons / Forêt voisine / Lorelei / Jeux de glace / La perpétuité) (Omnibus, 2000)
  • Val de Loire terre des hommes (dessins de Michel Gassies) (C. Pirot, 2004)
  • 1934 : Lycée Lakanal. Discours prononcé par Maurice Genevoix le
  • 1947 : Discours de réception à l’Académie française prononcé par Maurice Genevoix le et réponse d’André Chaumeix. Institut de France, imprimerie Firmin-Didot
  • 1953 : Discours prononcé dans la séance publique tenue par l’Académie française pour la réception de M. le maréchal Juin, le . Institut de France. Publications 1953-15
  • 1958 : Discours. Pose d’une plaque sur la maison de Claude Farrère à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz), le . Institut de France. Publications 1958-16 (Firmin-Didot)
  • 1958 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle, . Institut de France. Publications 1958-34 (Firmin-Didot)
  • 1959 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle, . Institut de France. Publications 1959-25 (Firmin-Didot)
  • 1958, 1959, 1960, 1961, 1963, 1964, 1965, 1966, 1967, 1968, 1969, 1970, 1971, 1972 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle. Institut de France (Firmin-Didot)
  • 1967 : Discours pour l’inauguration du mémorial de Verdun le
  • 1968 : Discours prononcé à la Butte Chalmont le [102]

Adaptations cinématographiques ou télévisées

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Plusieurs romans de Maurice Genevoix ont été portés au grand ou au petit écran.

Distinctions

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Académie française
Autres

Décorations

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Entrée au Panthéon

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Le , pour le centenaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale, le président de la République française, Emmanuel Macron, annonce l'entrée de Maurice Genevoix au Panthéon pour 2019[106]. La cérémonie est finalement repoussée au . La veille, le cercueil de Maurice Genevoix est exhumé du cimetière de Passy, où il reposait depuis quarante ans, et il passe la nuit du 10 au 11 dans la salle des Actes de l'École normale supérieure[107]. Maurice Genevoix fait partie des auteurs favoris d'Emmanuel Macron[108].

À cette occasion, Emmanuel Macron commande des œuvres au plasticien allemand Anselm Kiefer et au compositeur français d'origine alsacienne et lorraine Pascal Dusapin. Ce seront six vitrines de verre et d'acier représentant différentes scènes inspirées de la Grande Guerre, et une œuvre chorale : In nomine lucis (« Au nom de la lumière »)[109] enregistrée à la Philharmonie de Paris par le chœur de chambre Accentus, et diffusée par 70 haut-parleurs dissimulés dans l'architecture[110] « de cette cathédrale laïque »[111]. Cette commande d'État a été particulièrement remarquée pour sa qualité, ainsi que pour son interprétation. Auparavant, la remontée de la rue Soufflot par le cortège s'était effectuée au son d'une pièce célèbre, La Mort d'Åse, tirée du Peer Gynt du compositeur norvégien Edvard Grieg. Elle était jouée, dans une transcription pour orchestre d'harmonie, par la musique de la Garde républicaine[112]. En raison de la crise sanitaire, seul le premier couplet de La Marseillaise a été chanté, sans accompagnement d'orchestre, les 4 voix de la polyphonie n'étant portées que par quatre membres du chœur de l'Armée française.

Lieux à son nom

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Musée Maurice-Genevoix

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Son domicile de Saint-Denis-de-l'Hôtel, « Les Vernelles », reste une demeure familiale à l'écart du village. Au n° 1, avenue de la Tête-Verte, le centre culturel Maurice-Genevoix retrace son parcours.

Une exposition permanente sur l'écrivain s'appuie sur la présentation de panneaux thématiques illustrés et nommés comme suit, dans l'ordre d'une visite en sept étapes : (1) l'enfance, (2) la guerre, (3) l'écrivain, (4) Les Vernelles, (5) le Val de Loire et la Sologne, (6) l'académicien français, et (7) un univers enchanté. Des expositions temporaires y sont également présentées.

À Châteauneuf-sur-Loire, une promenade dite « Promenade Maurice-Genevoix » a été aménagée le long du Chastaing à la mémoire de l'écrivain.

Établissements scolaires et culturels

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Rues et espaces verts

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  • Rue à Amiens

Notes et références

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  1. Sylvie Genevoix (2004), avant-propos de famille, Val de Loire terre des hommes, Saint-Cyr-sur-Loire, éd. Christian Pirot.
  2. a et b Hélène Carrère d'Encausse (2001), Inauguration de l'auditorium Maurice-Genevoix à Orléans, discours prononcé le 4 mars 2001.
  3. Pouillot 1998, p. 69.
  4. Anne Patzerkovsky (1991),« Images pour un Genevoix sans murs : les pérégrinations du romancier hors de France », Maurice Genevoix 1890-1980, éd. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
  5. Trente mille jours, Seuil, , p. 70.
  6. Itinéraire d'un homme libre, Maurice Genevoix (1890-1980), Saint-Denis-de-l’Hôtel,, Association Maurice Genevoix, , p.5.
  7. a b c et d Jacques de Bourbon Busset, Discours de réception de M. Jacques de Bourbon Busset, discours prononcé dans la séance publique le jeudi 28 janvier 1982, Paris, Palais de l’Institut.
  8. Jacques Jaubert, « Maurice Genevoix s'explique », Lire Magazine,‎ , p.26.
  9. Jean-Jacques Becker, « Du témoignage à l’histoire », préface à Ceux de 14, Paris, éd. Omnibus, 2000.
  10. a b c d et e Christian Melchior-Bonnet, « Maurice Genevoix », Livres de France - Revue littéraire mensuelle, vol. 12, no 2,‎ , p.2.
  11. Association Maurice Genevoix 1998, p. 10.
  12. Ceux de 14 : un témoignage, des hommes, dossier établi par Florent Deludet dans Maurice Genevoix (préf. Michel Bernard), Ceux de 14, Paris, Flammarion, , 953 p. (ISBN 978-2-08-130985-2), p. 869.
  13. Fiche du lieutenant Porchon sur le site La Saint-Cyrienne.
  14. Jean-Jacques Becker, « Du témoignage à l'histoire », préface à Ceux de 14, Paris, éd. Omnibus, 2000.
  15. Ceux de 14 : un témoignage, des hommes, dossier établi par Florent Deludet dans Maurice Genevoix (préf. Michel Bernard), Ceux de 14, Paris, Flammarion, , 953 p. (ISBN 978-2-08-130985-2), p. 872-873.
  16. JMO du 106e RI.
  17. « Fraternité et déchirement, Genevoix et le 106e R. I., par Gérard Canini, Agrégé de l’Université », sur Je me souviens de Ceux de 14, (consulté le ).
  18. Maurice Genevoix, Les Éparges, Paris, éd. Flammarion, 1923, p. 684.
  19. Claudine Boulouque, Maurice Genevoix et le métier d'écrivain 1890-1980. Catalogue de l'exposition à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, 12 décembre 1990 - 9 février 1991, Paris, Direction des Affaires Culturelles, , p.30.
  20. a b c d e et f Michel Déon. Discours prononcé à l'occasion de la mort de M. Maurice Genevoix. Séance du jeudi 25 septembre 1980.
  21. a b et c Michel Déon. Réponse de Michel Déon au discours de M. Jacques de Bourbon Busset. Discours prononcé dans la séance publique le 28 janvier 1982. Paris, Palais de l'Institut.
  22. a et b Association Maurice Genevoix 1998, p. 13.
  23. Mairie de Paris (1991), « Les Vernelles » , op. cit., p. 93-94.
  24. Association Maurice Genevoix 1998, p. 19.
  25. Mentions marginales de ses deux mariages sur son acte de naissance, AD 58 en ligne, Decize, 2Mi EC 172, vue 252/320, acte 107.
  26. a et b Association Maurice Genevoix 1998, p. 20.
  27. « Maurice GENEVOIX | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le ).
  28. Monique Feyry, rapporteur du Haut Comité de la langue française de 1968 à 1973.
  29. Association Maurice Genevoix 1998, p. 26.
  30. Hélène Carrère d’Encausse (2001), Inauguration de l'auditorium Maurice-Genevoix à Orléans, discours prononcé le 4 mars 2001.
  31. a b et c Jaubert 1979, p. 33.
  32. Yves Laissus, « Cent ans d'histoire », 1907-2007 - Les Amis du Muséum, spécial centenaire, septembre 2007, supplément de la publication trimestrielle Les Amis du Muséum national d'histoire naturelle, n° 230, juin 2007 (ISSN 1161-9104).
  33. « DLF », sur langue-francaise.org (consulté le ).
  34. Voir sur ipernity.com.
  35. Jean Dérens (1990), préface à Maurice Genevoix 1890-1980, éd. Bibliothèque historique de la Ville de Paris, p. 7.
  36. Association Maurice Genevoix 1998, p. 29.
  37. « Décret du 24 juillet 2019 autorisant le transfert des cendres de Maurice Genevoix au Panthéon », legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  38. a et b Wauthier 1979, p. 16.
  39. a b c d et e Jean-Paul Grossin, « À bâtons rompus avec Francine Danin », Journal de la Sologne,‎ , p.12-16.
  40. Jean Norton Cru. Témoins.
  41. Paul Souday. Article publié en 1916, dans Le Temps
  42. Genevoix 1961, p. 336.
  43. a et b Boulouque 1990, p. 34.
  44. Jaubert 1979, p. 26.
  45. Albine Novarino, Le choix du versant du soleil : préface à Trente mille jours, Omnibus, , p.4.
  46. Claude Lafaye (1990). Maurice Genevoix et l'Histoire. Passerelle Lettres et Arts, 10-11.
  47. Jean-Jacques Becker. Du témoignage à l'histoire. Préface à Ceux de 14. Éditions Omnibus, 2000
  48. a b et c Hervé Bazin, « Portrait d'un enchanteur », Les Nouvelles Littéraires,‎ .
  49. Michel Bernard, Pour Genevoix, Paris, La Table Ronde, 2011, p. 98.
  50. Michel Bernard, Pour Genevoix, Paris, La Table Ronde, 2011, p. 101.
  51. Cf. Maurice Genevoix, postface à Vie et mort des Français 1914-1918, simple histoire de la Grande Guerre, par André Ducasse, Jacques Meyer et Gabriel Perreux, Hachette, Paris 1959, p. 489.
  52. Jacques Meyer, La guerre, mon vieux..., éd. Les Etincelles, Paris 1930, exorde, p. 2, pénultième paragraphe (réédition Albin Michel, Paris 1931).
  53. Cf. Maurice Genevoix, préface à Vie et mort des Français 1914-1918, simple histoire de la Grande Guerre, par André Ducasse, Jacques Meyer et Gabriel Perreux, Hachette, Paris 1959, p. 10.
  54. a b c et d André Dulière, « Maurice Genevoix, poète de la Forêt », dans Rencontres avec la Gloire, Imprimerie Duculot-Roulin, .
  55. Maurice Druon dira au contraire que l'œuvre de Genevoix est une « réponse à tout ». Source : Association Maurice Genevoix 1998, p. 1 .
  56. a et b Léonce Peillard, Maurice Genevoix, coll. « Les écrivains contemporains » (no 29), , p.5.
  57. a et b Anne Patzerkovsky (1991). Images pour un Genevoix sans murs : les pérégrinations du romancier hors de France. Maurice Genevoix 1890-1980. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
  58. Roger Secrétain, « Maurice Genevoix et les secrets de la nature », dans Ceux qui ont éclairé nos chemins, , p.153.
  59. Maurice Genevoix (1971). La Forêt perdue. Bibliothèque du Club de la Femme, éditions Rombaldi, 1971.
  60. a et b Maurice Schumann (1987), Discours de Maurice Schumann, Membre de l'Académie française, le 6 avril 1987, à Châteauneuf-sur-Loire.
  61. Secrétain 1977, p. 149.
  62. Melchior-Bonnet 1961, p. 5.
  63. Wauthier 1979, p. 13.
  64. À propos de la Loire. Dialogue radiophonique entre Maurice Bedel et Maurice Genevoix. Les Cahiers de Radio-Paris (1936), p. 532.
  65. a et b Pouillot 1998, p. 108.
  66. Genevoix 1961, p. 811.
  67. Genevoix 1961, p. 812.
  68. Secrétain 1977, p. 148.
  69. Wauthier 1979, p. 21.
  70. Francine Danin, « Maurice Genevoix, romancier de la mort ? », Journal de la Sologne,‎ , p.8-11.
  71. Maurice Genevoix (1972). La Mort de près. Éditions Omnibus, 2000. p. 1016.
  72. Maurice Genevoix (1938). La Dernière Harde. chapitre II.
  73. Que l'on n'attende pas de moi des méditations sur la mort que je laisse au gré de chacun, pas davantage de révélations aux frontières d'un passage sans retour, rien d'autre qu'une narration, un récit scrupuleux des faits qui m'ont conduit à frôler cette frontière jusqu'au seuil de l'inconnu, et peut-être un peu au-delà. »
  74. a b c et d Joseph Kessel, Maurice Genevoix entre Seine et Loire, Gallimard, coll. « Des Hommes », .
  75. Gilbert Sigaux (1970), préface de Raboliot, Cercle du Bibliophile, p. 14.
  76. a et b Jaubert 1979, p. 27.
  77. Secrétain 1977, p. 150.
  78. Maurice Genevoix (1971), Le Roman de Renard, interview en préface de l'ouvrage aux éditions Rombaldi (1971).
  79. « Maurice Genevoix (1890-1980), un regard à toute épreuve », France Culture, .
  80. Maurice Genevoix (1972). La Mort de près, op. cit., p. 1013.
  81. Genevoix n'ignore pas que Tolstoï a également côtoyé la guerre, ayant servi dans l'armée du Caucase et s'y étant battu.
  82. « Réponse au discours de réception de Maurice Genevoix | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  83. Cette lettre est présentée au Musée Maurice-Genevoix
  84. Genevoix 1976, p. 81.
  85. Wauthier 1979, p. 19.
  86. Genevoix 1976, p. 75.
  87. Maurice Genevoix (1938). Interview en préface de La Dernière Harde, Bibliothèque du Club de la Femme, Éditions Rombaldi, 1967
  88. Gilbert Sigaux, 1970. Préface de Raboliot. Cercle du Bibliophile. p. 15.
  89. Jaubert 1979, p. 22.
  90. Lourdes Carriero-Lopez, « La métaphore spatiale du terroir dans le roman français d’entre-deux-guerres. Étude de Raboliot de Maurice Genevoix et de Malicroix d’Henri Bosco », Revista de Filologia Francesca,‎ , p.141.
  91. Carriero-Lopez 1992, p. 143.
  92. Maurice Genevoix (1980), Trente mille jours, op. cit. p. 217.
  93. Emmanuel de Tournemire (sans date), « Le problème du témoignage », Mémorial de Verdun.
  94. Jean-Norton Cru (1927), op. cit.
  95. Maurice Genevoix (préf. Michel Bernard), Ceux de 14, Paris, Flammarion, , 953 p. (ISBN 978-2-08-130985-2), p. 20-21.
  96. Jean Norton Cru, Témoins, éd. Les Etincelles, 1929 - cf. pp. 194-217 et 923-924 de la réédition abrégée, Agone, Marseille, 2022.
  97. Écouter sur franceinter.fr.
  98. Les cinq volumes de ces récits de guerre ont été réédités sous le titre Ceux de 14 Flammarion en 1950 avec cette dédicace :

    « À mes camarades du 106, en fidélité, à la mémoire des morts et au passé des survivants. »

  99. Réuni avec La Framboise et Bellehumeur, ainsi que trois nouvelles plus courtes (Le Lac Fou, Le Couguar de Tonquin Valley, et Le Nid du Condor) sous le titre Je verrai si tu veux les pays de la neige en 1980 par Flammarion.
  100. Maître de conférences à Paris-Sorbonne.
  101. Ce roman fait partie de [PDF] la liste cndp.fr des œuvres de littérature de jeunesse officiellement recommandées par le ministère de l'Éducation nationale, dans la catégorie « Romans et récits illustrés ». Nouvelle édition Hachette-Jeunesse livre de poche (février 2006) postfacée par Monique Miannay-Feyry, prag IUFM de Créteil/Université de PARIS XII.
  102. « "Maurice Genevoix" discours » (Discours de Maurice Genevoix publiés), sur www.worldcat.org (consulté le ).
  103. Journal officiel de la République française, vol.96, p.3, 1964
  104. Ministère des Travaux publics et des Transports - Décret du 8 décembre 1959 (BODMR n°01 du 23 janvier 1960)
  105. https://www.youtube.com/watch?v=SJckaQyUtxk
  106. « Macron annonce l'entrée au Panthéon de Maurice Genevoix », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le )
  107. [1]
  108. « Emmanuel Macron au Figaro: «Jean d'Ormesson, ou la conversation perpétuelle» », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le ) ; « Pour le 11 novembre Macron préside l'entrée au Panthéon de Maurice Genevoix et de ceux de 14 », Le Monde, 11 novembre 2020.
  109. Pour le titre, Pascal Dusapin s'est inspiré d'une pièce d'orgue du compositeur italien Giacinto Scelsi, datant de 1974.
  110. « Au Panthéon, Anselm Kiefer et Pascal Dusapin esquivent la pompe funèbre », Libération, Judicaël Lavrador, 11 novembre 2020.
  111. Allocution d'Emmanuel Macron.
  112. La Croix. 11 novembre 2020. « Avec Maurice Genevoix entrent au Panthéon tous ceux de 14 »

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Bibliographie

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  • Denise Bourdet, Maurice Genevoix, dans : Encre sympathique, Paris, Grasset, 1966
  • Luc Marcy, « Les bestiaires de Maurice Genevoix », [thèse de doctorat vétérinaire], université Paul-Sabatier, 1974
  • A. Krieger, « L'expression de la vie dans l'œuvre de Maurice Genevoix », université de Strasbourg II, 1974
  • Gaston Pouillot, Maurice Genevoix et Châteauneuf-sur-Loire, CRDP d'Orléans, .
  • Gaston Pouillot, Châteauneuf sur Loire, jadis et naguère, Maury Imprimeur, .
  • Jean-Luc Wauthier, « Maurice Genevoix : une rose pour l'hiver », Revue Générale, no 11,‎ .
  • Denis Miannay, préfaces des trois « Bestiaires » : Tendre Bestiaire, Bestiaire Enchanté, Bestiaire sans Oubli, Presses-Pocket, 1989
  • Monique Feyry-Miannay, Maurice Genevoix, critique d'art, Maurice Genevoix-Bibliothèque historique de la ville de Paris, 1991
  • Claude Imberti, Genevoix a bâtons rompus, Éditions Paradigme, 1993
  • Benoît Hérique, Le Canada dans l'œuvre de Maurice Genevoix : sources, thèmes, langages, édition ?, 1998
  • Sylvie Genevoix, Maurice Genevoix. La maison de mon père, Éditions Christian Pirot, 2001
  • Monique Feyry-Miannay, La Chèvre aux loups, postface, Hachette Jeunesse, 2006
  • J. Bayard, J. Lefebvre, T. Rautureau, Couleurs de Loire, Corsaire Éditions, 2009 Rapport croisé entre cent peintres et écrivains sur la Loire. Soixante-quinze tableaux, dont les tableaux inédits de Genevoix sur la Loire.
  • Michel Bernard, Pour Genevoix, récit, éditions de La Table Ronde, 2011
  • Bernard Maris, L’Homme dans la guerre. Maurice Genevoix face à Ernst Jünger, Grasset, coll. « Documents français », 2013 (ISBN 978-2-246-80338-6)
  • Jacques Tassin, Maurice Genevoix, survivant de 14 [biographie], Éditions Orphie, 2014
  • Jean-Louis Balleret, Michel Bernard (préface), Julien-Larère-Genevoix (avant-propos), « Maurice Genevoix : une vie au fil de la Loire », La Camosine, Les Annales du pays nivernais, no 163, 1er trimestre 2016, 32 p. [avec un film DVD : Genevoix, la mort de près, prod. les films Lieu-dit]
  • Jacques Tassin, Maurice Genevoix [biographie], Éditions Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2017
  • Jacques Tassin, La Vie selon Genevoix [essai], Éditions du Petit Pavé, 2018
  • Jacques Tassin, Au-devant de Maurice Genevoix, Corsaire Éditions, 2019
  • Aurélie Luneau & Jacques Tassin, Maurice Genevoix, Biographie, Flammarion, 2019, 308 p.
  • Jacques Tassin, Maurice Genevoix l'écologiste, Odile Jacob, 2020, 170 p.

Articles connexes

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Liens externes

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