« Grand remplacement » : différence entre les versions
→Revendication d'attentats : détails de la théorie: raciste, complotiste et à tendance antisémite |
→Opinon publique : précision pour ceux qui veulent faire croire que Reichstadt pense que la théorie du GR n'est pas conspirationniste |
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En décembre 2017, l'[[Institut français d'opinion publique|Ifop]] réalise pour la [[Fondation Jean-Jaurès]] et [[Conspiracy Watch]] une enquête sur le [[complotisme]], destinée à {{citation|estimer la pénétration du complotisme dans la société et approcher plus finement le profil de ceux qui y adhèrent}}. Parmi les affirmations soumises aux sondés pour mesurer l'adhésion à différentes théories du complot, l'une d'elles porte sur l'immigration, présentée comme {{citation|un projet politique de remplacement d'une civilisation par une autre organisé délibérément par nos élites politiques, intellectuelles et médiatiques et auquel il convient de mettre fin en renvoyant ces populations d'où elles viennent}}. Cette affirmation recueille l'adhésion de 48 % des personnes interrogées (31 % {{citation|plutôt d'accord}} et 17 % {{citation|tout à fait d'accord}}). Parmi ces 17 %, l'étude montre une surreprésentation des plus de 65 ans (24 % contre 9 % chez les 18-24 ans) et des sympathisants du Front national (41 %). L'étude montre également que plus le nombre de théories complotistes auxquelles adhère une personne est élevé, plus elle adhère à la théorie « remplaciste » (32 % d'adhésion forte chez {{citation|les complotistes les plus endurcis}})<ref name="Rudy Reichstadt">{{Lien web|auteur=[[Rudy Reichstadt]]|titre=Le conspirationnisme dans l'opinion publique française|url=https://jean-jaures.org/nos-productions/le-conspirationnisme-dans-l-opinion-publique-francaise|site=[[Fondation Jean-Jaurès]]|date=7 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>[https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/01/07/les-theories-du-complot-bien-implantees-au-sein-de-la-population-francaise_5238612_3224.html Les théories du complot bien implantées au sein de la population française], ''Le Monde'', 7 janvier 2018.</ref>. |
En décembre 2017, l'[[Institut français d'opinion publique|Ifop]] réalise pour la [[Fondation Jean-Jaurès]] et [[Conspiracy Watch]] une enquête sur le [[complotisme]], destinée à {{citation|estimer la pénétration du complotisme dans la société et approcher plus finement le profil de ceux qui y adhèrent}}. Parmi les affirmations soumises aux sondés pour mesurer l'adhésion à différentes théories du complot, l'une d'elles porte sur l'immigration, présentée comme {{citation|un projet politique de remplacement d'une civilisation par une autre organisé délibérément par nos élites politiques, intellectuelles et médiatiques et auquel il convient de mettre fin en renvoyant ces populations d'où elles viennent}}. Cette affirmation recueille l'adhésion de 48 % des personnes interrogées (31 % {{citation|plutôt d'accord}} et 17 % {{citation|tout à fait d'accord}}). Parmi ces 17 %, l'étude montre une surreprésentation des plus de 65 ans (24 % contre 9 % chez les 18-24 ans) et des sympathisants du Front national (41 %). L'étude montre également que plus le nombre de théories complotistes auxquelles adhère une personne est élevé, plus elle adhère à la théorie « remplaciste » (32 % d'adhésion forte chez {{citation|les complotistes les plus endurcis}})<ref name="Rudy Reichstadt">{{Lien web|auteur=[[Rudy Reichstadt]]|titre=Le conspirationnisme dans l'opinion publique française|url=https://jean-jaures.org/nos-productions/le-conspirationnisme-dans-l-opinion-publique-francaise|site=[[Fondation Jean-Jaurès]]|date=7 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>[https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/01/07/les-theories-du-complot-bien-implantees-au-sein-de-la-population-francaise_5238612_3224.html Les théories du complot bien implantées au sein de la population française], ''Le Monde'', 7 janvier 2018.</ref>. La formulation résumait la théorie du grand remplacement « dans son acception la plus ouvertement conspirationniste : débarrassée de toute ambiguïté quant à sa dimension intentionnelle, elle désigne clairement des responsables ainsi que la solution – radicale – envisagée pour l’endiguer, la "remigration" »<ref name="Igounreich"/>. |
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En mars 2019, analysant l'attentat de Christchurch, l'historienne [[Valérie Igounet]] estime que « le concept de “grand remplacement” tend à se banaliser dans une partie de l’opinion publique » après d'abord avoir été relayé par l'[[extrême droite sur Internet]] et/ou des sites [[Théorie du complot|complotistes]], puis par des politiciens d'extrême droite comme [[Marion Maréchal]] ou [[Robert Ménard]]<ref>Valérie Igounet, [https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/18/attentat-de-christchurch-le-concept-de-grand-remplacement-tend-a-se-banaliser-dans-une-partie-de-l-opinion-publique_5437749_3232.html H Attentat de Christchurch : « Le concept de “grand remplacement” tend à se banaliser dans une partie de l’opinion publique »], lemonde.fr, 18 mars 2019</ref>. |
En mars 2019, analysant l'attentat de Christchurch, l'historienne [[Valérie Igounet]] estime que « le concept de “grand remplacement” tend à se banaliser dans une partie de l’opinion publique » après d'abord avoir été relayé par l'[[extrême droite sur Internet]] et/ou des sites [[Théorie du complot|complotistes]], puis par des politiciens d'extrême droite comme [[Marion Maréchal]] ou [[Robert Ménard]]<ref>Valérie Igounet, [https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/18/attentat-de-christchurch-le-concept-de-grand-remplacement-tend-a-se-banaliser-dans-une-partie-de-l-opinion-publique_5437749_3232.html H Attentat de Christchurch : « Le concept de “grand remplacement” tend à se banaliser dans une partie de l’opinion publique »], lemonde.fr, 18 mars 2019</ref>. |
Version du 5 avril 2019 à 14:43
Le « grand remplacement » est une expression introduite par Renaud Camus, écrivain français d'extrême droite, selon laquelle il existe un processus de substitution de la population française et européenne par une population non européenne, originaire en premier lieu d'Afrique noire et du Maghreb.
Plus largement, cette expression tend à être utilisée par l'extrême droite et les mouvances identitaires pour qualifier les changements démographiques et les mouvements migratoires que connaît le monde occidental.
Sans nier les changements démographiques que connaît la France contemporaine, l'idée d'une « substitution d'un peuple par un autre composé de populations musulmanes d'origine extra-européenne » est contestée par des spécialistes, qui récusent autant la méthode dont elle émane que la logique qui la sous-tend. Une théorie du complot voit même dans ce changement de population un processus soutenu voire organisé par l'élite politique, intellectuelle et médiatique européenne, par idéologie ou par intérêt économique.
Définition
Le grand remplacement est une théorie lancée par l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus, qui en fait le titre d’un ouvrage qu'il publie en 2011, et principalement utilisée par l’extrême droite identitaire[1]. D'après cette vision, les Français « de souche » seraient évincés démographiquement par des peuples non européens, principalement issus des pays du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne[2] suivant un processus d'immigration de « peuplement » avec la bénédiction d’un « pouvoir remplaciste »[3].
Renaud Camus théorise l'idée qu'à la faveur de l'immigration et des différentiels de fécondité, « des immigrés ou des Français administratifs issus de l’immigration »[4], ou des peuples venus de l'Afrique et notamment du Maghreb[2], tendent à devenir majoritaires sur des portions en expansion constante du territoire français métropolitain, et que ce processus doit conduire à une substitution de population au terme de laquelle la France cessera d'être une nation essentiellement européenne[5]. Camus affirme que « le grand remplacement n'a pas besoin de définition » car ce ne serait « pas un concept » mais un « phénomène », déclarant : « Un peuple était là, stable, occupant le même territoire depuis quinze ou vingt siècles. Et tout à coup, très rapidement, en une ou deux générations, un ou plusieurs autres peuples se substituent à lui. Il est remplacé, ce n’est plus lui. »[6] Il indique : « la proportion d’indigènes est encore assez haute parmi les personnes les plus âgées, mais elle va s’amenuisant spectaculairement à mesure qu’on descend dans l’échelle des âges. Tendanciellement, les nourrissons sont arabes ou noirs, et volontiers musulmans. »[7].
Il dit avoir choisi les termes de « grand remplacement » en référence à une citation de Bertolt Brecht selon laquelle puisque le peuple ne peut pas changer le gouvernement, le plus simple, pour le gouvernement, est de changer le peuple[8],[9]. Ce phénomène, qui doit s'effectuer en quelques décennies[4], trouverait un soutien dans les politiques d'immigration nationales et européennes : il s'agirait d'un processus résultant d'une politique « plus ou moins délibérée » de la part d’élites souhaitant « disposer d’un homme remplaçable, pion sur un échiquier, délocalisable à merci »[6],[10]. Le remplacement serait donc issu selon Camus d'une volonté des institutions de l'Union européenne, dont le Parlement « haïrait » les Européens « indigènes » et voudrait leur « asservissement » ou leur « mort »[11]. Commentant l'annonce de la nomination de Cécile Kyenge, Italienne d'origine congolaise, comme rapporteuse du Parlement européen sur les migrations en Méditerranée, Camus se demande s'il n'a pas eu tort de se défendre « d'être un complotiste »[11].
Le phénomène aurait été favorisé par un « triple mouvement selon lequel le monde s'est à la fois industrialisé, déspiritualisé et décultivé »[12]. Dans Le Changement de peuple (2013), Renaud Camus indique que le mondialisme et les préoccupations matérialistes ont façonné un « homme remplaçable, débarrassé de toute spécificité nationale, ethnique et culturelle », n'ayant plus de références patriotiques, historiques ou littéraires : cette « Grande Déculturation » aurait conduit à une « hébétude » généralisée qui fait qu'aucune réelle résistance ne s'organise contre la « colonisation de peuplement »[7].
Origines du concept
Selon l'historien de l’immigration en France Gérard Noiriel, les textes alarmistes du style du grand remplacement annonçant la fin de la « race » et de la « civilisation » existent depuis la fin du XIXe siècle. Avant-guerre, les nationalistes en France et en Allemagne disaient que les Arméniens ou les Juifs menaçaient l’intégrité nationale puis, après la guerre, c'était au tour des Maghrébins. Pour lui, « à partir des années 1960 les arguments culturels et religieux ont remplacé les arguments biologiques, mais le discours du déclin national par leur faute demeure. Pourtant, dans aucun pays d’immigration les prédictions catastrophistes ne se sont concrétisées »[5].
D'après l'historien Laurent Joly, c'est Maurice Barrès qui a inventé le « mythe du “grand remplacement” vers 1900 »[13].
Pour l'historien Nicolas Lebourg, « Renaud Camus n'a pas inventé cette expression »[14]. Il indique que « la thèse d’un changement de population […] vient initialement des milieux néonazis qui, à partir des années 50, voyaient là l’œuvre du complot juif pour instaurer une dictature ploutocratique mondialiste. Et appelaient donc à l’alliance avec l'URSS et/ou la Chine maoïste »[15]. « Puis se développe, dans les organisations internationales d’extrême droite, l’idée que l’immigration est le fruit d’un complot juif, visant à remplacer la race blanche par une humanité métisse vivant partout des mêmes marchandises. La dépénalisation de l’avortement donnera lieu à de semblables discours sur le génocide des petits enfants blancs par la "juive Veil"». Le néonazi René Binet après la seconde guerre mondiale « appelle résistants et vétérans du front de l’Est à combattre ensemble l’invasion de l’Europe par les "Nègres" et les "Mongols" » donc les Américains et les Russes[6]. Selon lui, Renaud Camus a « vidé [la formule] de son antisémitisme pour l'intégrer au thème du choc des civilisations, ce qui lui a donné plus de visibilité »[14].
Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Ahmed Boubeker ont la même analyse, l'antisémitisme des années trente est recyclé « dans une incroyable perversion » contre les musulmans, arabes ou noirs, accusés d'œuvrer pour un prétendu grand remplacement. La lutte contre l'antisémitisme elle-même est utilisée par certains dans un refus de la France multiculturelle dans un « curieux retournement de l'histoire ». Ils concluent que « chacun s'invente un ennemi imaginaire et passe d'improbables alliances de survie »[16].
L'historien Emmanuel Debono nuance sur son blog l'approche de Lebourg en soulignant que la thèse du grand remplacement a « différentes influences, renvoyant davantage à un héritage éclaté qu’à une filiation directe ». Pour lui l'une des influences notables est celle de Maurice Bardèche, notamment à travers son texte Le racisme, cet inconnu, paru en septembre 1960, qui annonce que « la race blanche ne luttera plus pour sa prédominance économique ou politique, elle luttera pour sa survie biologique. […] Demain, ce ne sont plus les prolétaires et les capitalistes qui se disputeront les richesses du monde, ce sont les Blancs, prolétaires et capitalistes unis, qui auront à se défendre, eux, race minoritaire, contre l’invasion planétaire », et que « c'est là, au fond, l'élément entièrement nouveau qui explique l'anti-impérialisme du néo-racisme : toutes les races sont égales entre elles, aucune n'a de titre à s'installer en maître dans l'espace vital d'une autre race et la paix ne régnera sur le monde que lorsque chaque race aura réintégré le continent qui lui a été attribué par la nature », en référence aux positions de René Binet favorables à la décolonisation « au nom du principe de l’égalité des races et de leur droit à leur espace vital »[17].
Selon l'universitaire Pascal Durand, l'idée d’un processus de contre-colonisation silencieuse de la France par les populations immigrées, avait déjà été soulevé par Jean Raspail dans un « roman apocalyptique » intitulé Le Camp des saints, publié chez Laffont dès 1973[18].
Pour le sociologue Yannick Cahuzac, spécialiste de l'extrême droite sur Internet, la théorie développée par Camus se rapproche par certains aspects d'une autre théorie du complot, Eurabia, développée en 2005 par l'essayiste Bat Ye'or. Pour Cahuzac, « le rejet de l'immigration, particulièrement de l'immigration dite musulmane, s'articule sur les sites les plus radicaux sous les traits de la théorie du complot Eurabia, faisant de l'immigration arabo-musulmane un plan des élites pour arabiser — et aujourd'hui islamiser — l'Occident. Cette théorie rencontre un certain écho dans l'idée du « grand remplacement » théorisé par Renaud Camus, une idée par ailleurs commune dans l'extrême droite depuis 40 ans »[19].
Le sociologue Raphaël Liogier, dans son livre Le Mythe de l'islamisation : essai sur une obsession collective[20], établit également un lien entre Eurabia et le grand remplacement, qu'il définit comme : « la variante la plus fabuleuse d'un processus d'islamisation qui conduirait à l'« islamo-substitution », le remplacement complet de la culture et du peuple européens, avec le soutien actif et continu d'une classe politique visant dans l'Hexagone, en particulier depuis Valéry Giscard d'Estaing et surtout depuis François Mitterrand, à détourner la France d'elle-même (mais les sociaux-démocrates en Allemagne et les travaillistes au Royaume-Uni auraient fait le même travail de sape dans leurs pays respectifs). L'alliance du gauchisme et du capitalisme aboutirait à ce « Grand Remplacement », dépossession identitaire totale des Européens. Les trois vecteurs du capitalisme transnational, du gauchisme altermondialiste et de l'islam « en expansion infinie » se compléteraient dans la recherche de l'hégémonie totale, la « pantocratie ». »
Réactions d'historiens et journalistes
Selon les historiens Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et le sociologue Ahmed Boubeker, « l'annonce d'une guerre civile est implicite dans la théorie du « grand remplacement » », qui désigne « un processus culturel — le déclin des « valeurs occidentales » au profit de l'islam — et biologique — le « grand remplacement » de la population française blanche sous les coups de boutoir des immigrations postcoloniales. La complicité des élites intellectuelles et politiques de gauche — cosmopolites et internationalistes par culture — et parfois de droite — dévouées par intérêt à l'extension d'une mondialisation capitaliste favorisant l'immigration — aurait encouragé ce processus qui menacerait désormais l'identité même de la France. Cette thèse est extrême — et si simpliste qu'elle est accessible à tous — en ce qu'elle valide une définition raciale de la nation. Ses tenants se livrent à un calcul délirant »[21].
D'après le journaliste Laurent de Boissieu, « la spécificité [de la théorie] est d'être racialiste (la couleur de peau comme élément identitaire). C'est d'ailleurs pourquoi l'opposition aux thèses de Renaud Camus est philosophique (essentialisme, réductionnisme et matérialisme biologiques vs existentialisme humaniste) avant d'être politique (quelle politique migratoire ?) »[22].
La grande presse utilise généralement des formules plus lapidaires pour définir le grand remplacement, en insistant sur tel ou tel aspect du néologisme. La rédaction numérique de RTL la résume en trois points : « les Noirs et les Arabes vont remplacer les Français de « souche » ; ils veulent saper la « civilisation » française ; il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en rendre compte mais les élites nient cette réalité[23]. » Le Lab souligne quant à lui plus l'aspect cultuel, sans mentionner de participation active des élites : « Le « grand remplacement » est une idéologie qui désigne le « remplacement » supposé en cours des Français blancs et chrétiens par une immigration extra-européenne, particulièrement maghrébine et subsaharienne, de religion musulmane »[24]. Renaud Camus fait en outre cohabiter ce néologisme avec celui de « remplacisme global »[25].
Pour Rudy Reichstadt, créateur du site internet Conspiracy Watch, « que le visage de la France change est une évidence », mais l'idée d'une « substitution d'un peuple par un autre composé de populations musulmanes d'origine extra-européenne » lui « apparaît comme beaucoup plus discutable ». Et il estime qu'« on passe au fantasme complotiste », lorsqu'« on envisage ces transformations démographiques comme le produit d'un “plan”, d'un “projet” patiemment mis en place depuis des décennies »[26].
Le sociologue Raphaël Liogier estime que Camus promeut la thèse Eurabia du complot musulman contre l’Occident, initialement confinée à quelques groupes extrémistes puis banalisée par quelques écrivains, dont Camus lui-même, dans son livre Le Grand Remplacement[27]. La thèse d'origine prédit que la « civilisation arabo-musulmane » fera la conquête de l'Europe grâce à un complot et la complicité des élites européennes[27].
Pour Éric Dupin, journaliste, chargé de cours à Sciences Po Paris, qui collabore à Slate.fr, et pour qui le concept de « Grand Remplacement » a inévitablement une « connotation complotiste », le « grand remplacement » est « l'expression paniquée, hostile et outrancière d'une réalité qui ne peut cependant être tue »[28].
Mentions du grand remplacement hors de France
En Angleterre, le journaliste David Goodhart évoque un « changement de visage de l’Occident » devenant un péril pour le « rêve anglais ». Les universitaires Richard Alba et Nancy Foner parlent, eux, de « remplacement » et évoquent la possibilité d'un péril dans le cas d'une défaite de la lutte contre la ségrégation. Pour ces derniers, en Angleterre comme dans les cinq autres pays de leur étude, il en va aussi d’un « changement de visage de l’Occident »[29],[30].
Argumentation et critique de la théorie
Les principaux arguments de la théorie de Camus, développés également par ses partisans, s'appuient sur des éléments démographiques, voire médicaux, mais également culturels et cultuels, qui sont critiqués par une très large majorité d'analystes et d'universitaires.
Point de vue démographique
Soutiens de la théorie
Selon Fabrice Madouas du magazine Valeurs actuelles, des données démographiques soutiendraient cette thèse. L'une d'entre elles est la part de l'immigration d'origine extra-européenne dans l'immigration en France, en particulier en provenance d'Afrique subsaharienne, de plus en plus importante depuis les années 1970 et surtout depuis les années 1990[31][source insuffisante].
Pour la démographe française Michèle Tribalat, directrice de recherche à l'INED et connue pour ses prises de position tranchées sur l'immigration[32] et souvent citée par l'extrême droite[33], « le peuplement européen aura le temps de changer au point de devenir méconnaissable, avant qu'un assèchement des flux migratoires n'intervienne »[34][source insuffisante],[35]. La part des populations d'origine extra-européenne en France s'accroîtrait donc naturellement. Le démographe Gérard-François Dumont prévoit ainsi que, en 2025, les immigrés et descendants d'immigrés de première génération en provenance d'Afrique et d'Asie représenteraient 15,9 % de la population française. L'essayiste Jean-Paul Gourévitch estime quant à lui que la France compte 9 millions de musulmans en 2014 (soit 13 % de sa population), tandis que le Pew Research Center, un laboratoire d'idées basé à Washington, estime que la France pourrait compter 7 millions de musulmans en 2030. Selon Michèle Tribalat, la France compte entre 4,1 et 5 millions de musulmans en 2014, soit 7,5 % de sa population[36].
Dans La Ruée vers l'Europe, Stephen Smith « met l'accent, chiffres démographiques à l'appui, sur la hausse prévisible des flux de migrants sur les côtes européennes dans les décennies à venir ». Pour Julien Brachet (IRD/Oxford) et Judith Scheele (EHESS/Oxford), cet ouvrage ressemble « à une vaine tentative de légitimation de la théorie complotiste du « grand remplacement » prêchée par les idéologues d’extrême droite »[37]. De même, pour Le Monde, c'est un livre qui « donne du grand à moudre à la théorie du grand remplacement »[38].
Par ailleurs, les taux de natalité des femmes africaines versus ceux des « Blanches européennes » sont régulièrement mis en avant par les tenants de la théorie du grand remplacement très populaire chez l'extrême droite.
Opposés à la théorie
Les différentes estimations contradictoires ont donné lieu à des critiques sur plusieurs points, d'abord sur les estimations données, puis sur l'analyse de celles-ci. Citant les chiffres de l'INSEE, Frédéric Joignot, du journal Le Monde, dénombre 5,3 millions de personnes « nées étrangères dans un pays étranger », soit 8 % de la population française. 1,8 million d'entre elles viennent de l’Union européenne, ce qui fait 3,5 millions d'immigrés extra-européens, dont 3,3 millions du Maghreb, d’Asie ou d’Afrique subsaharienne, qui représentent 5 % de la population. Cela rend d'après Joignot impossible l'idée d’une « contre-colonisation » comme évoquée par Camus, d'autant que certaines « études » circulant dans la blogosphère de droite sont « totalement fantaisistes »[5]. Selon Joignot, les arguments démographiques des partisans de la théorie utilisent des statistiques plus ou moins fondées sur la réalité (estimation des populations « allochtones extra-européennes », nombre de naturalisés par an…)[5], ainsi que selon Rue89, l'Obs, l'AFP et le Le Journal du dimanche des observations personnelles extrapolées au niveau national, « une vision du monde non démontrée sortie de son imagination » et un mépris des chiffres des agences officielles[39],[40],[41].
Pour François Héran, ancien directeur de l’Institut national d'études démographiques[42], la théorie du grand remplacement c'est « convertir les origines nationales en données raciales. La cible devient les « non-Blancs ». » Il considère les extrapolations de Renaud Camus comme des « billevesées », l'augmentation de la population française de 20 millions d’habitants depuis la guerre étant due pour un tiers au baby boom, pour un tiers à l’augmentation de l’espérance de vie et pour un tiers à l’immigration qui n’est pas uniquement extra-européenne[5]. Dans Avec l'immigration, François Héran démontre que les enquêtes de l’INSEE et de l’INED qui documentent la part de l’immigration en prison révèlent l’absence de fondement de la théorie du « grand remplacement » de la population par les migrations non-européennes[43].
Le socio-démographe Patrick Simon considère que le sujet est surtout lié à la ségrégation urbaine, le grand remplacement est une théorie acceptée par l’extrême droite et même la droite, parce que les immigrés défavorisés doivent vivre malgré eux dans des ghettos où aucun Français ne veut habiter. Selon lui, la plus grande menace vient de l’instrumentalisation politique : « En associant immigrés et « remplacement », on désigne les Français de l’immigration comme des envahisseurs. Cela fait que, partout où ils vivent, même quand ils sont minoritaires, on en fait un danger potentiel[5] ».
Pour Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l'OCDE, le fait qu'il y ait plus de minorités visibles n'a « rien à voir avec la politique migratoire actuelle, l'Europe ou la mondialisation », mais est la conséquence des politiques migratoires pour utiliser une main d’œuvre étrangère jusqu'au premier choc pétrolier. Par ailleurs, la France est actuellement le pays occidental avec les flux de migration les plus bas. Ainsi, avec « moins de 250 000 entrées permanentes en 2012, dont 100 000 Européens, le nombre d'immigrés qui s'installent durablement en France représente moins de 0,4 % de la population totale, contre une moyenne de 0,6 % dans l'OCDE[23] ».
Selon Libération, qui rapporte les conclusions d’une étude de l'INSEE du , 5,3 millions d’immigrés vivaient en France en 2008, dont 3,3 millions nés hors d’Europe auxquels s'ajoutent 6,7 millions de descendants directs d’immigrés, dont 3,1 millions d’origine africaine et asiatique, ce qui porte le total à 6,4 millions de personnes d’origine extra-européenne qui représentent donc 10 % de la population[44]. S'agissant du flux d’arrivants permanents, il est, selon l’OCDE à 260 000 personnes par an en 2013, soit environ 0,4 % de la population et une partie de ces entrants ne reste pas en France[44], ainsi Libération affirme que « de là à évoquer un « changement de peuple », il y a donc un pas », d’autant plus que selon la même étude de l'INSEE, si entre 2006 et 2013 le nombre d'entrées d’immigrés a augmenté, le nombre de leurs départs a augmenté bien plus fortement[44].
Selon Hervé Le Bras, on assiste en France, comme dans les pays comparables, à « un métissage généralisé » puisque « selon les chiffres de l’Insee de 2013, 40 % des naissances avaient un parent ou un grand-parent d’origine étrangère »[45]. Selon le démographe, « on peut dire effectivement que la population française d’origine va être remplacée par une population mixte. Mais ce n’est pas ce que dit le grand remplacement, qui pense qu’on va être remplacé par d’autres, différents de nous. Le grand remplacement, effectivement, c’est celui de Français de plusieurs générations par des Français qui ont du sang étranger, par le métissage »[46].
Le taux de natalité ne repose sur aucune donnée précise mais sur des impressions subjectives. Ainsi Renaud Camus affirme, tout en précisant qu'il ne peut l'évaluer, que « les musulmans représentent donc, en proportion, une partie sans cesse croissante (mais jamais sérieusement évaluée) de la population. Or cette proportion croît d’autant plus, et d’autant plus vite, que selon toute apparence (même si c’est impossible à vérifier) leur taux de reproduction est plus élevé que celui de la plupart des autres parties de la population »[47].
Justification par le dépistage de la drépanocytose
Soutiens de la théorie
La drépanocytose est une maladie génétique qui peut toucher tout le monde, mais est surtout présente chez des populations plus à risque d'Afrique, d'Amérique du Sud, des pays méditerranéens ainsi que les Afro-Américains. En l'absence de statistiques ethniques en France[48], les statistiques concernant cette maladie génétique sont utilisées par l'extrême droite[40],[39] et par Éric Zemmour[48] comme une « preuve » de « l'invasion migratoire »[40],[39]. Pour l'extrême droite sur Internet, la hausse du taux de dépistage de la drépanocytose parfois qualifiée de « maladie de noirs », serait un indicateur de l'augmentation de la population immigrée en France[48].
Opposés à la théorie
En France, le dépistage de cette maladie chez les nourrissons n'est pas systématique, il est réalisé en fonction de l’origine géographique des parents[48],[49]. Selon Valérie Gauthereau, directrice de la fédération parisienne de dépistage, dans la pratique les maternités essaient de cibler les personnes d’origine maghrébine ou africaine selon des critères informels (faciès des parents, le nom de famille...), mais en Île-de-France, « certaines maternités ciblent 100 % de la population, pour être certaines de ne pas rater un cas ». Même dans le cas où le dépistage est sélectif, des personnes originaires d’Italie du Sud ou de Grèce sont également testées[49]. Le Monde estime que les chiffres utilisés par les tenants de la théorie confondent en réalité un dépistage médical par origine géographique et un recensement ethnique. Le Monde constate que les nourrissons dépistés ne sont pas forcément « d’origine étrangère », car dans les maternités d'outre-mer tous les nourrissons sont testés quelle que soit leur couleur de peau, que d'autre part, des personnes non nées en France mais originaires d’Europe de l’Est ou du continent américain ne sont pas dépistées, et conclut que « le taux de nourrissons testés à la naissance ne peut donc pas être un indicateur de « l’immigration », comme il est présenté par les militants d’extrême droite »[49].
Des associations de malades et de médecins dénoncent quant à elles l'utilisation de ce dépistage ciblé et demandent une généralisation du dépistage « avec un argument qui va à l’encontre de la thèse « identitaire » : la maladie n’est plus aujourd’hui l’apanage de certaines ethnies, mais s’est « mondialisée » : au fil des ans et des métissages, les gènes se sont disséminés. » et que cela à des conséquences graves pour les sujets non dépistés[49],[50]. Le Monde rappelle également les chiffres de la natalité (79.3 % d'enfants issus de deux parents français en 2013) et démographique (un quart des Français ayant au moins un grand-parent immigré, le terme « population autochtone » n'a pas vraiment de sens), et conclut que « l’hystérie entretenue par l'extrême droite autour de la drépanocytose ne fait en effet que masquer le racisme des tenants de ces théories [...] ce que cherchent à évoquer les militants identitaires ici, c’est bien la question de l’ethnie. Ce qui les préoccupe, ce sont les naissances non « blanches », qu’elles soient issues de personnes de nationalité française ou non, et que ces personnes soient intégrées ou non. [...] Le cas des Antillais est ici emblématique : ces populations peuvent être « plus françaises » que des militants d’extrême droite issus, à la troisième ou à la quatrième génération, de l’immigration italienne, polonaise ou autre »[49].
D'après France Info, le « site extrémiste » Boulevard Voltaire « reconnaît que le dépistage de la drépanocytose permet uniquement d'avoir une idée du nombre de naissance d'enfants, Français ou non, descendants, sur une ou plusieurs générations, de populations originaires d'Europe du Sud, d'Outre-mer, d'Afrique ou d'Asie... Mais n'est en aucun cas un indicateur, pas même approximatif, de l'immigration en France »[48].
Pour Éric Dupin, « en l'absence de statistiques ethniques, les données de ce dépistage donnent ainsi une bonne estimation de la proportion des naissances d'origine, au moins partiellement, extra-européenne ». En se basant sur les bilans de l'AFDPHE, il précise que 38,9 % des nourrissons ont été dépistés en 2015 contre 31,5 % en 2010. Selon lui, ce sont les chiffres des régions qui sont « les plus spectaculaires » puisque 73,4 % des nouveau-nés ont été dépistés en Île-de-France à la drépanocytose en 2015 contre 54,2 % en 2005[51].
Point de vue culturel et cultuel
Soutiens de la théorie
Franck Guiot du mouvement La Droite populaire, ancien élu connu pour son hostilité envers les Roms, met en avant des statistiques sur les prénoms pour faire référence au « grand remplacement » sur Twitter[39].
En 2015, le maire de Béziers Robert Ménard s'oppose à l'installation de nouveaux restaurants kebab en parlant de « grand remplacement culinaire »[52].
Opposés à la théorie
Le démographe Hervé Le Bras, très critique envers les méthodes et discours de Tribalat[32],[33], considère le grand remplacement comme une « sinistre farce » qui dure depuis des décennies. Selon lui, « parler d’immigrés de seconde ou troisième génération est une contradiction dans les termes. Ils ne migrent plus, ils sont français. On les désigne comme une espèce de « cinquième colonne », comme s’il s’agissait d’ennemis intérieurs. » Pour lui, considérer les descendants d’immigrés nés de mariages mixtes comme des « allogènes extra-européens » est une « théorie raciste », comparable à la One-drop rule pour les Noirs de la ségrégation américaine ou pour les Juifs pendant l'Occupation, où un seul ancêtre les condamnait à être considérés comme des « inférieurs »[5]. De plus, Hervé Le Bras considère que « le grand remplacement a déjà eu lieu, au moins depuis le néolithique »[53]. Selon lui, la mixité en France est telle que, sur la base de 40 % de nouveau-nés d'origine étrangère en 2012 (sur trois générations), même en cas d'arrêt total et immédiat de l'immigration, seuls 1,7 % des nouveau-nés dans trois générations n'auraient aucun ancêtre immigré au 5e degré (arrière-arrière-arrière grand-parent)[54]. La notion de « deux peuples », l'un immigré, l'autre non immigré, n'a donc aucun sens dès que les unions mixtes sont fréquentes ; il n'y a selon Hervé Le Bras qu'un seul peuple « mélange d'une quasi-infinité d'ascendances diverses »[55].
Selon Pascale Breuil, chef d’unité des études démographiques et sociales de l’INSEE, c’est la logique elle-même des partisans du « grand remplacement » qui est un problème : il est difficile d'opposer ou de définir les « allogènes » et les « indigènes ». La moitié des descendants d'immigrés viennent de couples mixtes, et 64 % de ceux-ci ont un conjoint qui n’est ni immigré ni descendant d’immigré, et 99 % parlent français avec leurs enfants. De plus, on ne peut définir jusqu'où il faudrait remonter dans l'histoire pour être considéré comme français, ce qui rend la notion de « substitution de peuple » très floue[5].
De la même manière, pour Christophe Dumont, il est « insidieux de faire le mélange entre les immigrés et leurs enfants qui sont Français et ont été éduqués à l'école de la République », une partie de ces enfants étant également issue de couples mixtes. Pour Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, cette thèse consiste effectivement à dire « qu'une partie de la population française n'est pas vraiment française. Ce seraient des Français de papier », ce qui est contraire au discours politique officiel du Front national, selon lequel si on s'assimile « on peut venir de partout et être Français[23] ».
Utilisation et promotion de l'expression
En politique
Renaud Camus et les partis d'extrême droite
Renaud Camus est à l'initiative des deux premières utilisations directement politiques de la thèse du grand remplacement. D'abord au travers du Parti de l'In-nocence qu'il a fondé en 2002 : Camus définit le néologisme de « Nocence » comme l'atteinte à la nature et à la qualité de vie, qui serait l'instrument du « grand remplacement » et à laquelle son parti tenterait de s'opposer. En 2010, le Parti de l'In-nocence organise les « prix de la Nocence », au cours desquels est remis le « prix national du Grand Remplacement » à Louis Schweitzer, alors président de la HALDE, pour avoir « contribué le plus obstinément et efficacement à la colonisation de la France et à la dissolution du caractère français de sa population historique »[47]. La même année, le concept est introduit dans l'ouvrage l'Abécédaire de l'In-nocence, livre-programme du parti et de la candidature de Camus à l'élection présidentielle de 2012[56]. Camus fonde ensuite en 2013 le mouvement « NON au changement de peuple et de civilisation » (NCPC), qu'il définit comme « un front du refus, le mouvement de tous ceux qui disent NON au Grand Remplacement »[57].
En 2015, Renaud Camus rejoint le parti Souveraineté, identité et libertés (SIEL), un parti satellite du Front national, membre du rassemblement Bleu Marine[58].
Le Front national divisé
Jean-Marie Le Pen, alors candidat et président d'honneur du Front national, utilise en une formule lapidaire que l'AFP rapproche alors de la thèse : « les Noirs et les Arabes vont remplacer les Français « de souche » ; ils veulent saper la « civilisation » française ; il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en rendre compte mais les élites nient cette réalité[23]. »
D'autres membres de ce parti sont convaincus de ce complot, comme Bruno Gollnisch, Aymeric Chauprade[59] ou Marion Maréchal, qui affirme qu'« il y a aujourd'hui un effet de substitution sur certaines parties du territoire de ce qu'on appelle les Français de souche par une population nouvellement immigrée »[60]. Au cours de la campagne des élections régionales de 2015, elle déclare déplorer « le remplacement continu d’une population par une autre, qui apporte avec elle sa culture, ses valeurs et sa religion »[61].
L'extrême droite française ne se rallie pas totalement à la vision de Camus. Certains dirigeants du Front national estiment cependant que cette théorie est « confuse » et dangereuse selon Florian Philippot, car elle suggère « une conception racialiste que nous ne partageons pas »[62]. Pour Marine Le Pen, « le concept de grand remplacement suppose un plan établi. Je ne participe pas de cette vision complotiste »[63]. Elle assure dans le même temps que « l’immigration peut bien avoir pour conséquence de faire changer la population des quartiers, des villes », ou condamne en 2011 une immigration « volontairement accélérée dans un processus fou, dont on se demande s’il n’a pas pour objectif le remplacement pur et simple de la population française »[44].
Pour Le Point si Marine Le Pen réfute le grand remplacement, « c'est parce qu'elle ne souhaite pas laisser entendre que le FN serait adepte de la théorie du complot et qu'il pourrait partager une conception racialiste du monde. Elle préfère se concentrer sur la dénonciation du phénomène de "l'immigration massive" » par calcul électoral au grand dam de certains membres du FN et de sa branche identitaire[64].
Autres mouvances de droite et d'extrême droite
La mouvance identitaire se réclame de cette thèse, notamment le Bloc identitaire, qui prône la « remigration » des populations d'origine extra-européenne sur la terre de leurs ancêtres, ainsi que Laurent Ozon, fondateur du « Mouvement pour la remigration »[62]. Le Bloc, qui tente notamment d'influencer le Front national sur le sujet[66], crée en un « Observatoire du Grand Remplacement »[67], auquel Camus apporte son soutien[4]. Philippe Vardon, cofondateur du Bloc identitaire, affirme notamment en réponse aux propos de Marine Le Pen que « le grand remplacement n'est ni un concept, ni un complot : c'est un constat »[64].
En , et à plusieurs reprises, le député Jacques Bompard, président du parti d'extrême droite la Ligue du Sud, interpelle le gouvernement à l'Assemblée nationale au sujet du « grand remplacement »[68],[69]. Le , Jacques Bompard invoque à nouveau le grand remplacement. Le président du groupe Parti socialiste, Bruno Le Roux, réclame alors des sanctions contre Jacques Bompard[70].
Robert Ménard, élu maire de Béziers en 2014 avec le soutien du Front national, articule son discours autour de la guerre d'Algérie autour d'une analogie historique entre la « colonisation de peuplement » menée par la France en Algérie et le grand remplacement[71]. L'élection à Londres de Sadiq Khan, maire musulman, le , « symbolise [pour R. Ménard] le grand remplacement en cours »[72].
Pour Philippe de Villiers, « ce n'est pas Renaud Camus qui a inventé ce mot, le grand remplacement, c'est un faux procès, la migration de remplacement c'est le plan des Nations unies, ce sont les grandes entreprises post-nationales qui veulent remplacer la population autochtone qui est trop chère par une population immigrée qui est moins chère »[73],[74].
Selon le blog d'extrême droite François Desouche, le remplacement serait également organisé par l'ONU[75].
Les opposants aux thèses de Renaud Camus notent également que la théorie du grand remplacement occupe une place importante dans les préoccupations de l'extrême droite et d'une partie de la droite, en 2014[5],[40]. Le Monde souligne ainsi que « les groupes identitaires l'exaltent, le Front national la reprend, la blogosphère d'extrême droite la soutient, des magazines comme Valeurs actuelles et Causeur[76] la relaient »[5]. De son côté, le polémiste Éric Zemmour parle de dissolution de l'« identité française »[5]. Selon ce même journal, Charles Beigbeder, ancien secrétaire national de l'UMP, associe le « grand remplacement » à « l'inquiétude identitaire des marcheurs de La Manif pour tous »[5].
Jean-Yves Camus considère que Jean-Marie Le Pen, en parlant du « grand remplacement », « exprime quelque chose de central, partagé par beaucoup de militants ». Le Nouvel Observateur considère pour sa part que le « grand remplacement » « devient le cri de ralliement de la sphère identitaire »[40].
En 2017, pour Nicolas Dupont-Aignan, « cette crainte [du Grand remplacement] renvoie à une réalité »[77]). Et Laurent Wauquiez, ténor des Républicains alors en campagne pour la présidence du parti, considère en octobre, selon la retranscription donnée par L'Obs d'une interview donnée au Grand Jury de RTL, que le « grand remplacement » « c'est une réalité et qu'il suffit pour s'en convaincre de se rendre dans les 'quartiers perdus de la République' », citant Saint-Étienne et Firminy comme exemple ; ceci n'a pas été sans faire réagir les maires des communes concernées, Gaël Perdriau (LR) et Marc Petit (Front de Gauche) ; les proches de Laurent Wauquiez ne reprennent pas à leur compte le grand remplacement, mais reprennent le sujet des 'quartiers perdus'[78].
Selon RTL, Nicolas Sarkozy « évoque la théorie sans la nommer », quand il affirme en 2016 que « la démographie fait l'Histoire, et non le contraire » et que « l'axe du monde » étant « clairement passé vers l'Afrique et l'Asie », « il nous faut réagir, ou on disparaîtra »[79].
En 2018, le philosophe d'extrême droite Alain de Benoist déclare au site Boulevard Voltaire qu'« à l’échelle [de la France], il n’y a pas, à proprement parler, de remplacement. En revanche, il y a un continuel apport extérieur qui transforme la population d’origine européenne, qui modifie son pool génétique, ses habitudes sociales, sa façon de vivre, sa manière de voir le monde, ses valeurs spécifiques, etc. Cette transformation n’est pas une mince affaire, elle est même d’une importance capitale, mais ce n’est pas, au sens propre, un remplacement. La population française n’est pas remplacée, mais elle est peu à peu transformée. C’est pourquoi [il parlerait] plutôt de "Grande Transformation" »[80].
Dans La France identitaire, Éric Dupin souligne qu'« au lieu de parler de « grand remplacement » comme Renaud Camus, de Benoist préfère l'expression de « grande transformation » sur le plan démographique, mais l'idée est assez voisine. « Qui a colonisé ne saurait s'étonner d'être envahi à son tour », fait-il d'ailleurs remarquer »[81].
À gauche
En 2016, au moment de sa nomination à la présidence de la Fondation pour l'islam de France, Jean-Pierre Chevènement tient des propos qui accréditent la thèse du grand remplacement[82]. L'ancien ministre déclare, à propos de Saint-Denis, que « 80 % des enfants en primaire ne maîtrisent pas la langue française » et que la ville compte « 135 nationalités, mais [qu']il y en a une qui a quasiment disparu », faisant référence à la nationalité française[82]. Député socialiste de la Seine-Saint-Denis, Mathieu Hanotin, demande alors au président de la République de renoncer à le nommer à la présidence de la fondation[82]. Pour ces déclarations, Jean-Pierre Chevènement reçoit en le « prix du Grand remplacement » — dans le cadre de la troisième édition du « prix du menteur en politique », créé par le politologue de gauche Thomas Guénolé[83].
Dans l'Église catholique
Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, accrédite la thèse du grand remplacement en dénonçant la « promotion » de l'avortement et en mettant en cause la fécondité des « croyants musulmans »[84].
En mars 2016, le pape François évoque quant à lui une « invasion arabe de l'Europe » qu'il considère comme un fait social, sans se rallier cependant au concept de « grand remplacement », selon le journal catholique La Vie. Le pape nuance ensuite ses propos, estimant que l'Europe « a toujours su se surmonter elle-même, aller de l’avant pour se trouver ensuite comme agrandie par l’échange entre les cultures »[85].
Dans la culture
Dans un article du Monde, Jean Birnbaum fait le lien entre L'Identité malheureuse, ouvrage d'Alain Finkielkraut paru en 2013[86], et la thèse de Renaud Camus, parlant notamment de « la même obsession d'une double décadence : celle de « la Grande Déculturation » (par l'école) et celle du « Grand Remplacement » (par « l'immigration de peuplement »)[87]. » Alain Finkielkraut dément et affirme qu'il ne reprend pas à son compte la formule de « grand remplacement », qu'il « trouve effrayante » et dont il ne veut « pas croire à la réalité ». Il déplore cependant que ce concept soit reproché à Renaud Camus alors qu'« il est permis aujourd'hui et peut-être bientôt obligatoire de glorifier » le phénomène supposé qu'il désigne[88]. Ce rapprochement est repris en 2014 par Edwy Plenel dans son ouvrage Pour les musulmans, qualifiant Finkielkraut de « porte-parole autoproclamé des « Français de souche » contre la menace du « Grand remplacement » […] respectable caution de la plus ordinaire des vulgates racistes[89]. ». Selon le magazine Les Inrockuptibles, le philosophe Alain Finkielkraut soutient Renaud Camus et valide sa théorie du grand remplacement en affirmant qu'une « immigration de peuplement a succédé à une immigration de travail ». Ce phénomène intervient selon lui à la suite de la politique de regroupement familial appliquée à partir de 1976. À l'appui de sa thèse, il cite notamment Élisabeth Badinter, qui déclare qu'« une seconde société tente de s'imposer au sein de notre République, tournant le dos à celle-ci, visant explicitement le séparatisme, voire la sécession »[90].
À l'occasion de la sortie du roman Soumission, de Michel Houellebecq, L'Obs se demande si la théorie du grand remplacement « n'est pas en passe de devenir le nouveau gimmick littéraire de nos romanciers ». L'hebdomadaire voit en effet une référence implicite au grand remplacement dans ce roman, ainsi que dans Dawa, de Julien Suaudeau, et dans Événements de Jean Rolin[91]. De même, pour BibliObs, Décadence (2017) de Michel Onfray « traverse au pas de charge deux mille ans de civilisation judéo-chrétienne pour raconter l'odyssée d'un Occident courant à sa perte. Et finalement s'abîme dans un cauchemar houellebecquien flirtant avec la théorie du grand remplacement »[92].
Le groupe de rock féminin d'extrême droite Les Brigandes sort en 2015 un album intitulé Le Grand Remplacement que le quotidien Le Midi libre décrit comme une compilation de « ritournelles engagées » qui a « rapidement séduit le milieu de l'ultra droite française, plutôt habitué des pogos sur fond de rock lourdingue et bien gras »[93].
Dans les médias
Des journalistes comme Éric Zemmour et Ivan Rioufol utilisent régulièrement le terme « grand remplacement » lors de leurs interventions médiatiques [94] et sont critiqués pour cela[39]. De même, le magazine Valeurs actuelles publie des articles[35] allant dans le même sens que Camus[5],[95].
Selon Jean-Yves Le Gallou, ancien cadre du Front national ayant repris le concept de « réinformation »[96] (initialement forgé par Henry de Lesquen[97]), « l'expression « grand remplacement » […] est entrée dans le vocabulaire courant grâce aux médias alternatifs », dont le but est de « donner des informations et des points de vue alternatifs face à [la] censure » du « politiquement correct », exercée par les « médias traditionnels ».
L'expression est également reprise par Mehdi Meklat, Badroudine Saïd Abdallah et le journaliste Mouloud Achour, qui écrivent dans le premier numéro de leur revue Téléramadan, paru en juin 2016 : « Nous sommes le Grand Remplacement. » La maison d’édition qu'ils créent ensemble, les « Éditions du Grand Remplacement », est baptisée ainsi « par provocation », selon le quotidien Le Monde, les auteurs souhaitant tourner en dérision l'expression, mais aussi la prendre à contre-pied[98],[99].
Revendication d'attentats
Le , Brenton Tarrant, auteur présumé des attaques terroristes de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, met en ligne un manifeste de 74 pages intitulé The Great Replacement (« le grand remplacement »). Ce document de revendication et de propagande détaille à plusieurs reprises l’obsession de son auteur pour la fin de l’Europe et le prétendu « remplacement » de sa population par l’immigration « non blanche ». Il appelle également les Européens à attaquer toute personne issue de l’immigration[100].
Renaud Camus indique que l'attentat est « littéralement contraire à tout ce qu'il a toujours soutenu », et déclare : « Ce qui ressemble le plus à son crime ce sont les attentats terroristes qui ont été commis en France. Je ne vois pourquoi il serait plus inspiré par moi que par des actions qui ressemblent directement à celle qu'il a commise[101]. » À la question de savoir s'il s'oppose à la façon dont son idée de « grand remplacement » a été interprétée par le grand public, y compris les politiciens d'extrême droite et leurs soutiens, il répond que « non, au contraire », et ajoute espérer que le désir d'une « contre-révolte » grandisse contre « la colonisation actuelle de l'Europe »[102].
À la suite des attentats, de nombreux articles de presse sont consacrés à la théorie du grand remplacement, à son rôle dans l'idéologie d'extrême droite et à son influence sur le meurtrier présumé[103],[104],[105]. Le journal Le Monde livre ainsi une analyse du manifeste du tueur, estimant que son discours « colle parfaitement, si l’on met de côté la violence, avec la théorie du « grand remplacement » mise au point il y a une dizaine d’années par Renaud Camus ». « Un supposé "constat" » démographique mais de fait raciste car basé sur l'ethnie, la couleur de peau et contredit par les chiffres, et « un complot sans preuve » qui regroupe tous les ingrédients de la théorie du complot « grand plan global et secret, ourdi par des groupes mystérieux qu'on dote de pouvoirs immenses » et « une « élite remplaciste », « apatride » et « mondialisée », qui serait l'ennemie de la tradition et du peuple « de souche », des traits classiques des théories antisémites ». Le quotidien souligne également que « si l’écrivain ne cesse de rappeler qu’il est un partisan de la non-violence, il a quand même été condamné en 2014 pour provocation à la haine ou à la violence, après avoir présenté les musulmans comme des « voyous », des « soldats », « le bras armé de la conquête », ou encore des « colonisateurs » cherchant à rendre « la vie impossible aux indigènes » »[106].
Opinon publique
En décembre 2017, l'Ifop réalise pour la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch une enquête sur le complotisme, destinée à « estimer la pénétration du complotisme dans la société et approcher plus finement le profil de ceux qui y adhèrent ». Parmi les affirmations soumises aux sondés pour mesurer l'adhésion à différentes théories du complot, l'une d'elles porte sur l'immigration, présentée comme « un projet politique de remplacement d'une civilisation par une autre organisé délibérément par nos élites politiques, intellectuelles et médiatiques et auquel il convient de mettre fin en renvoyant ces populations d'où elles viennent ». Cette affirmation recueille l'adhésion de 48 % des personnes interrogées (31 % « plutôt d'accord » et 17 % « tout à fait d'accord »). Parmi ces 17 %, l'étude montre une surreprésentation des plus de 65 ans (24 % contre 9 % chez les 18-24 ans) et des sympathisants du Front national (41 %). L'étude montre également que plus le nombre de théories complotistes auxquelles adhère une personne est élevé, plus elle adhère à la théorie « remplaciste » (32 % d'adhésion forte chez « les complotistes les plus endurcis »)[107],[108]. La formulation résumait la théorie du grand remplacement « dans son acception la plus ouvertement conspirationniste : débarrassée de toute ambiguïté quant à sa dimension intentionnelle, elle désigne clairement des responsables ainsi que la solution – radicale – envisagée pour l’endiguer, la "remigration" »[11].
En mars 2019, analysant l'attentat de Christchurch, l'historienne Valérie Igounet estime que « le concept de “grand remplacement” tend à se banaliser dans une partie de l’opinion publique » après d'abord avoir été relayé par l'extrême droite sur Internet et/ou des sites complotistes, puis par des politiciens d'extrême droite comme Marion Maréchal ou Robert Ménard[109].
Notes et références
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- « J'apprends que le gouvernement estime que le peuple a « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d'en élire un autre ? »(Bertolt Brecht, Œuvres, vol. 23, p. 249 et suiv., Notes page 546, L'Arche éditeur, 1999.).
- Crépon Sylvain, Dézé Alexandre, Mayer Nonna, « Les faux-semblants du Front national », Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.), « Académique », 2015, 606 pages., sur cairn.info, (consulté le ) : « Cette thèse, forgée par Renaud Camus et portée par l’extrême droite identitaire, pose qu’une substitution de population est à l’œuvre, une immigration de « peuplement » remplaçant progressivement la population française d’origine, avec la bénédiction d’un « pouvoir remplaciste » »
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- Christchurch: la théorie complotiste du "grand remplacement" français, obsession du terroriste, Le HuffPost, 15 mars 2019.
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- Les théories du complot bien implantées au sein de la population française, Le Monde, 7 janvier 2018.
- Valérie Igounet, H Attentat de Christchurch : « Le concept de “grand remplacement” tend à se banaliser dans une partie de l’opinion publique », lemonde.fr, 18 mars 2019
Annexes
Ouvrages associés
- Renaud Camus, De l'in-nocence. Abécédaire, Neuilly-sur-Seine, éd. David Reinharc, 2010
- Renaud Camus, Le Grand Remplacement, Neuilly-sur-Seine, éd. David Reinharc, 2011 (rééd. 2012)
- Renaud Camus, L'Homme remplaçable, Plieux, chez l'auteur, 2012
- Renaud Camus, Le Changement de peuple, Plieux, chez l'auteur, 2013
Bibliographie
- Nicolas Bancel, Ahmed Boubeker et Pascal Blanchard (préf. Achille Mbembe, postface Benjamin Stora), Le Grand Repli, La Découverte, , 170 p. (ISBN 978-2-7071-8822-9, lire en ligne).
- Renaud Dély, Pascal Blanchard et Claude Askolovitch, Les années 30 sont de retour : Petite leçon d'histoire pour comprendre les crises du présent, Flammarion, , 352 p. (ISBN 9782081356443, lire en ligne).
- Jacques Dupâquier (dir.) et Yves-Marie Laulan (dir.), Ces migrants qui changent la face de l'Europe, L'Harmattan, , 266 p. (ISBN 978-2747564151).
- Sébastien Fontenelle, Les Briseurs de tabous : Intellectuels et journalistes « anticonformistes » au service de l'ordre dominant, La Découverte, coll. « Cahiers libres », , 182 p. (ISBN 9782707166838, lire en ligne).
- Jean-Paul Gourévitch, Le grand remplacement, réalité ou intox ?, Pierre-Guillaume de Roux, , 250 p. (ISBN 978-2363712882).
- Raphaël Liogier, Le Mythe de l'islamisation : Essai sur une obsession collective, Éditions du Seuil, , 212 p., 19 cm (ISBN 978-2-02-107884-8, BNF 42777718, lire en ligne).
- Michèle Tribalat, Assimilation, la fin du modèle français, Toucan, , 352 p. (ISBN 9782810005666, lire en ligne).
- Fabrice Madouas, Mickaël Fonton et Laurent Dandrieu, « Le tabou du « grand remplacement » », Valeurs actuelles, no 4072 « Immigration : Enquête sur le Grand Remplacement », , p. 28-33 (résumé).
Articles connexes
- Théorie du complot
- Racisme en France
- Démographie de la France
- Immigration en France
- Migration de remplacement
- Opposition à l'immigration
- Remigration
- François Desouche
- Islamisation
- PEGIDA (« Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident »)
Lien externe
- « Le grand déménagement du monde », avec Renaud Camus et Hervé Le Bras, émission Répliques d’Alain Finkielkraut, France Culture, 10 juin 2017