Hindouisme
L'hindouisme est la plus vieille des principales religions du monde et avec plus 800 millions de fidèles, elle est actuellement la troisième plus grande, après le christianisme comptant environ 2 milliards de fidèles (un milliard de catholiques, 500 millions de protestants, 240 millions d'orthodoxes et 275 millions d'autres) et l'islam à plus d'1,1 milliard.
Tentative de définition
L'hindouisme, ou plus exactement le Sanatana Dharma, est plus une façon de vivre et de penser qu'une religion organisée. Historiquement, « hindou » ne fait pas référence à un système de croyance religieuse ; le terme d'origine persane se rapporte aux personnes qui vivent de l'autre côté (d'un point de vue persan) du Sind, sur les rives de l'Indus. Après la colonisation britannique, le terme a été employé pour indiquer un ensemble flou de faits religieux. En 1966, la cour suprême de l'Inde a défini le cadre de la foi hindou comme suit :
- l'acceptation respectueuse des Veda comme la plus Haute Autorité sur les sujets religieux et philosophiques et l'acceptation respectueuse des Veda par les penseurs et philosophes hindous comme base unique de la philosophie hindoue,
- l'esprit de tolérance et de bonne volonté pour comprendre et apprécier le point de vue de l'adversaire, basé sur la révélation que la vérité comporte plusieurs apparences,
- l'acceptation par chacun des six systèmes de philosophie hindoue d'un rythme du monde qui connaît des périodes de création, d'entretien et de destruction, périodes, ou Yuga, qui se succèdent sans fin,
- l'acceptation par tous les systèmes de la philosophie hindoue de la croyance dans la renaissance et le pré-existence des êtres,
- l'identification du fait que les moyens ou les manières d'accéder au salut sont multiples,
- la réalisation de la vérité que, aussi grand que puisse être le nombre des divinités à adorer, on peut cependant être hindou et ne pas croire qu'il faille adorer des idoles,
- à la différence d'autres religions, ou croyances, la religion hindoue n'est pas liée à un ensemble défini de concepts philosophiques.
Selon un autre point de vue, un hindou est celui qui croit à la philosophie exposée dans les Veda (ou savoir). Les Veda sont peut-être les écritures religieuses les plus anciennes du monde. Leur enseignement de base est que la vraie nature de l'homme est divine. Dieu, ou le Brahman comme il est généralement nommé, existe en chaque être vivant. La religion est donc une recherche de la connaissance de soi, une recherche du divin présent en chaque individu. Les Veda déclarent que personne n'a besoin « d'être sauvé », car personne n'est jamais perdu. Dans le pire des cas, on vit dans l'ignorance de sa vraie nature divine.
Les Vedanta reconnaissent qu'il y a beaucoup d'approches différentes de Dieu, et toutes sont valides. N'importe quel genre de pratique spirituelle mène au même état de réalisation de soi. Ainsi, les Vedanta enseignent le respect de toutes les croyances et se distinguent de la plupart des autres religions majeures par leur fort encouragement à la tolérance envers ces différents systèmes de croyance.
L'hindouisme existe aujourd'hui sur deux plans différents — le premier basé purement sur la foi et le second basé sur la philosophie. Souvent, les deux plans s'entrecroisent.
Le plan philosophique :
- on compte traditionnellement six antiques astika ou écoles orthodoxes (car acceptant l'autorité des vedas) de philosophie, ou shaddarshana : Nyaya, Vaisheshika, Sankhya, Yoga, Purva-Mimamsa et Uttara Mimamsa (également appelé Brahmasutra). Les nastika ou écoles non-orthodoxes sont le jainisme, le bouddhisme, et le charvaka (l'athéisme ancien classique de l'Inde qui réfute l'existence de l'âme ou atman).
Le plan de la foi :
- contrairement à la croyance populaire, l'hindouisme vrai n'est ni polythéiste, ni monothéiste. À proprement parler, l'hindouisme est une religion hénothéiste. Les diverses divinités et avatars adorés par les Hindous sont considérés comme différentes formes de l'Un, le dieu suprême, ou Brahman, formes adoptées qui seules sont accessibles à l'homme. (On prendra garde à ne pas confondre Brahman, l'être suprême et la source ultime de toute énergie divine, et Brahma, le créateur de notre univers particulier.)
Dans un parallèle intéressant avec la trinité chrétienne, il y a trois dieux principaux dans le Panthéon hindou : Brahma, Vishnou et Shiva, tout comme l'onde et le photon sont deux aspects de la lumière. Le dieu Brahma symbolise le créateur, Vishnu représente le conservateur et Shiva représente le destructeur dans le cycle de l'existence.
Les Vaishnava, constituant approximativement 80% des hindous d'aujourd'hui, adorent l'un des trois plus récents avatars — ou incarnations terrestres — de Vishnou comme déité principale. Le septième avatar de Vishnou est Rama, le huitième est Krishna, et le neuvième change suivant les sources : Bouddha, Jésus-Christ ou le fondateur de la secte dont on consulte les textes sacrés. Certains reconnaissent tous ceux qui précèdent comme de véritables avatara, augmentant par là le compte traditionnel de dix (Kalki y compris, qui apparaîtra à la fin de l'ère présente, la Kali Yuga) à pas moins de 27. La plupart des 20% restants sont des Shaivites, qui adorent Shiva ; le reste se consacre à Shakti, Ishvara ou la déesse ténébreuse Kali.
Les origines de l'hindouisme
Il reste très peu d'informations sur l'hindouisme primitif. Les documents connus les plus anciens sont les Veda, décrits ci-dessous, qui sont généralement censés avoir été codifiés sous leur forme actuelle des siècles avant les premières versions écrites, puis transmis avec exactitude par la tradition orale. Les textes les plus anciens sont composés dans une forme antique du sanskrit, une langue indo-européenne, et comporte des similitudes avec les textes du Zoroastrisme. En fait, le sanskrit des Veda et l'avestan, la langue du Zoroastrisme, sont considérés comme des langues quasiment identiques. L'âge des Veda et l'origine de leurs auteurs sont des sujets controversés. Une théorie professe qu'ils proviennent des premières sociétés d'Asie du sud, un espace qui aurait été peuplé pour la première fois vers le VIIe millénaire av. J.-C.. La théorie alternative, dite théorie de l'invasion aryenne, soutient qu'elles sont dérivées d'idées importées par des migrants du IIe millénaire av. J.-C..
La contribution de la civilisation de vallée d'Indus à l'hindouisme
Les fouilles archéologiques dans la vallée d'Indus n'ont pas apporté beaucoup d'indices de l'existence des temples publics. Cependant, il y a des preuves convaincantes que cette civilisation n'était certainement pas purement séculaire. Un seul cimetière de la civilisation d'Indus a été trouvé et fouillé, il ne montre pas de pratiques d'enterrements royaux raffinés, mais les objets personnels enterrés avec les corps semblent indiquer une croyance en une vie après la mort où on aurait besoin de ces choses.
L'eau semble avoir joué un rôle important dans la vie sociale, et probablement religieuse, si l'on en juge par le nombre important de bains publics retrouvés. La coutume hindoue moderne de se baigner au début du jour et avant les repas principaux a probablement débuté ici.
Beaucoup de figurines des déités femelles ont été découvertes. Celles-ci ont pu signifier la créativité, l'origine et la continuité de la vie, et elles étaient peut-être adorées comme des représentations symboliques du principe femelle de l'énergie créatrice et de pouvoir. Dans l'hindouisme moderne, la survivance de ces symboles est la Shakti. Mais elles ne sont pas utilisées comme décor dans les milliers de sceaux d'argile qui ont été découverts, ni dans une sculpture de quelque importance, aussi ces figurines de « Déesse Mère » étaient-elles plutôt adorées dans le cadre du foyer que dans un culte public.
Des figurines des déités masculines portant des cornes raffinées (ou un couvre-chef à cornes) ont également été découvertes, certaines d'entre elles avec trois visages. Ce sont peut-être les formes originelles de la triade exprimée par la Trimurti de Brahma-Vishnu-Shiva (Générateur-Organisateur-Destructeur) de l'hindouisme contemporain, mais elles sont aussi étrangement semblables aux sculptures, peintures et bas-reliefs de divinités à cornes en Europe, comme celle du « sorcier » dans la caverne des Trois Frères en France datant du paléolithique. Les figurines indiennes adoptent la posture des yogis, les jambes croisées, suggérant que le yoga ou la méditation était l'une de leurs pratiques pour découvrir les secrets de la vie et de la création. Les figurines de lingam et de yoni, représentations symboliques des organes sexuels mâle et femelles qui sont encore répandus dans les formes populaires du culte de Shiva, y ont également été découvertes.
Les écritures sacrées
Les textes
Les écritures sacrées de l'Inde antique se classent grossièrement en trois catégories. Tout d'abord, il y a les Veda, les écritures antiques de la religion védique de laquelle l'hindouisme moderne dérive. En second lieu, on trouve les écritures hindoues post-védiques. Enfin, en dernier lieu, on met ensemble les écritures des mouvements dissidents comme le bouddhisme et le jainisme. Ceux-ci étaient en grande partie des réactions contre les Veda, mais ils ont beaucoup emprunté aux deux premières, en terme d'enseignement et de conception générale de la vie. Nous discuterons ici seulement des deux premières catégories.
Les Veda
On s'accorde à penser que les Veda sont les textes religieux existants les plus anciens au monde. Les idées exprimées dans les Veda ont été, tout d'abord, traditionnellement transmis oralement de père en fils et de professeur à disciple. Par la suite, ces idées qui circulaient depuis longtemps, ont été codifiées et compilées par un sage appelé Vyasa (littéralement, le compilateur). Sur la base d'indices internes et externes, les chercheurs ont avancé diverses dates pour l'origine du Veda, s'étendant approximativement de 5000 av. J.-C. à 1500 av. J.-C..
Dans la vision hindoue traditionnelle, les Veda seraient non personnels et sans commencement ni fin, ce qui signifie que les vérités décrites dans les Veda sont éternelles et qu'elles ne sont pas des créations de l'esprit humain, ce en quoi elles diffèrent des enseignements du bouddhisme et du jainisme .
Il y a quatre Veda : le Rig-veda, le Yajur-veda, le Sama-veda et l'Atarva-veda plus tardif. chacun est divisé en quatre sections :
- Samhita : contient les mantras et les hymnes;
- Brahmana : les textes liturgiques et de rituel;
- Aranyakas : la section théologique;
- Upanishads : la section spéculative.
La religion védique, en particulier dans sa période archaïque, était différente de l'hindouisme actuel par de nombreux aspects, en particulier la référence aux femmes comme autorité religieuse (avec existence de femmes rishis), un manque apparent de croyance en la réincarnation, et un panthéon nettement différent, avec Indra comme chef des dieux, et de rares mentions de la trinité postérieure de Brahma, Vishnou, et Shiva.
Les écritures hindoues post-védiques
Les Veda sont désignés sous le nom de Shruti (ce qui est révélé). Les livres plus récents sont appelés Smriti (ce qui est rappelé). Tandis que la littérature sruti est écrite en sanskrit védique et classique, les textes smriti sont écrits en prakrit, ou langue commune. Puisqu'accessible à tous, la littérature smriti a connu une grande popularité parmi toutes les couches de la société indienne, et ce dès le début. Aujourd'hui même, la plus grande partie du monde hindou est plus familière avec le smriti qu'avec la littérature sruti. La littérature smriti inclut les Itihâsa (les épopées comme Râmâyana, Mahâbhârata), les Purâna (ou textes mythologiques), les Âgama (traités théologiques) et les Darshana (textes philosophiques).
Les Dharmashâstra (ou livres de loi) font également partie du smriti. De temps en temps, apparaissent de grands législateurs (comme par exemple Manu, Yajnawalkya et Parasara) qui codifient les lois existantes et éliminent les règles désuètes pour s'assurer que la façon de vivre hindoue reste conforme à l'esprit védique tout en étant en accord avec le temps présent.
La philosophie hindoue décrite dans les épopées est la doctrine de l'avatar ou incarnation de Dieu comme être d'humain. Les deux avatars principaux de Vishnou qui apparaissent dans les épopées sont Râma, le héros du Râmâyana, et Krishna, le protagoniste majeur du Mahâbhârata. À la différence des dieux du Samhita védique et du concept abstrait de brahman des Upanishad, un dieu partout présent et sans forme, les avatars de ces épopées sont des intermédiaires humains entre l'être suprême et les mortels.
Cette doctrine a eu un grand impact sur la vie religieuse hindoue, parce qu'elle montre que Dieu s'est manifesté sous une forme qui pourrait être appréciée même par le plus modeste des hommes. Rama et Krishna sont depuis des milliers d'années des manifestations du divin aimées et adorées des hindous. Le concept du brahman des Upanishad est assurément le pinacle de la pensée religieuse indienne, mais le concept des avatars a certainement eu plus d'influence sur l'hindou moyen.
La philosophie hindoue
Les philosophies astika (ou école orthodoxe de la pensée) sont décrites ci-dessous. Les philosophies nastika ne sont pas explicitées car elles ne sont pas descriptives de l'hindouisme.
Le Nyaya
L'école de Nyaya de spéculation philosophique est basée sur un texte appelé le Nyaya Sutra. Il a été composé par Gautama Aksapada (à ne pas confondre avec le fondateur de bouddhisme), vers le IVe ou Ve siècle av. J.-C.. La contribution importante apportée par cette école est sa méthodologie. Elle est basée sur un système de logique qui a été plus tard adoptée par la plupart des autres écoles indiennes (orthodoxes ou pas), de la même manière qu'on peut dire que la science, la religion et la philosophie occidentales sont en grande partie basées sur la logique aristotélicienne.
Mais le Nyaya n'est pas simplement une logique à son propre service. Ses sectateurs ont cru que l'obtention d'une connaissance valide était la seule manière d'obtenir la libération de la souffrance. Selon l'école de Nyaya, il y a exactement quatre sources de connaissance (pramanas) : la perception, l'inférence, la comparaison et le témoignage. Cependant, la connaissance obtenue par chacun d'eux peut naturellement toujours être valide ou invalide. Dans un sens, le Nyaya est probablement ce qui s'approche le plus, dans le monde indien, de la philosophie analytique occidentale contemporaine. Mais il ne faut jamais perdre de vue le fait que les sages du Nyaya ont effectué leurs travaux dans un but spécifiquement religieux.
Le Vaishesika
Le système de Vaisheshika, fondé par la sage Kanada, postule un pluralisme atomique. Suivant les préceptes de cette école de pensée, tous les objets de l'univers physique sont réductibles à un certain nombre d'atomes, sauf le temps, l'espace, l'éther et l'âme.
Bien que le système de Vaisheshika se soit développé indépendamment du système Nyaya, les deux ont par la suite fusionné en raison de leurs théories métaphysiques étroitement liées.
Sous sa forme classique, cependant, l'école de Vaisheshika diffère du Nyaya sur un point crucial : là où Nyaya accepte quatre sources de connaissance valides, le Vaisheshika n'accepte seulement que la perception et l'inférence. L'atomisme (anu) du Vaisheshika diffère également de la théorie atomique de la science moderne, en effet, selon le Vaisheshika, le fonctionnement des atomes est dirigé par la volonté de l'Être suprême. C'est donc une forme théistique de l'atomisme.
La Sankhya
La sankhya est généralement considérée comme le plus vieux des systèmes philosophiques orthodoxes de l'hindouisme. Sa philosophie considère l'univers comme se composant de deux réalités éternelles : le purusha et la prakriti. Les purusha (âmes) sont plusieurs, conscients, statiques et exempts de toutes les qualités. Ils sont les spectateurs silencieux de la prakriti (matière ou nature), qui se compose de trois gunas (dispositions) : satva, rajas et tamas (régularité, activité et matité). Quand l'équilibre des gunas est rompu, l'ordre du monde évolue. Cette perturbation est due à la proximité du purusha et de la prakriti. La libération (kaivalya), alors, consiste en la réalisation de la différence entre les deux.
C'est une philosophie dualiste. Mais il y a des différences entre la sankhya et les formes occidentales de dualisme. En occident, la distinction fondamentale est entre le corps et l'esprit. Dans la sankhya, cependant, elle est entre l'âme (purusha) et la matière, et cette dernière incorpore ce que les Occidentaux nomment l'« esprit ». Ceci signifie que l'âme telle que la sankhya la comprend est plus transcendante que l'« esprit », assez proche de ce que les Occidentaux entendent aussi par le mot « âme ». Ceci en fait une philosophie explicitement religieuse.
Le Patanjali yoga
Le système du yoga est en grande partie basé sur la philosophie de la sankhya, et la sage Patanjali est considérée comme le fondateur du système du yoga. La différence la plus significative est que l'école du yoga inclut non seulement le concept d' Ishvara (ou dieu personnel) à sa vision du monde métaphysique, ce que la sankhya ne fait pas, mais confirme également Ishvara comme idéal sur lequel méditer. C'est parce qu' Ishvara est le seul purusha qui ne s'est jamais empêtré dans la prakriti. Le système du yoga explicite un ensemble d'exercices dont le but est d'augmenter graduellement la maîtrise physique et mentale sur soi-même, et ce jusqu'à l'apparition d'une conscience supérieure, seule capable de distinguer entre le purusha et la prakriti. Le yogi atteint alors la libération et prend alors conscience de sa véritable âme.
Le Purva-Mimamsa
L'objectif principal de l'école de Purva Mimamsa (ancienne recherche) était d'établir l'autorité des Veda. En conséquence, la contribution la plus importante de cette école à l'hindouisme était sa formulation des règles d'interprétation des Veda. Ses suiveurs croyaient que la révélation devait être prouvée par le raisonnement, et ne devait pas être acceptée aveuglément comme un dogme. En accord avec cette croyance, ils ont souligné la grande importance du dharma, qu'ils ont compris comme le résultat des rituels védiques. Le mimamsa accepte les enseignements logiques et philosophiques des autres écoles, mais estime que celles-ci ont prêté une attention insuffisante à l'action juste. Il croit que les autres écoles de pensée, qui poursuivent la moksha — la délivrance, l'équivalent du nirvana des bouddhistes — comme but final, ne sont pas complètement exemptes de désir et d'égoïsme. Selon le mimamsa, la recherche éperdue de la libération procède d'un désir égoïste d'être libre. Seule l'action en accord avec les prescriptions des Veda peut permettre d'atteindre le salut (plutôt que la libération). Bien que le mimamsa ne suscite pas beaucoup d'études savantes aujourd'hui, son influence se fait sentir dans la vie de l'hindou pratiquant. Tous les rituels hindous, cérémonies et prescriptions religieuses sont influencés par lui.
Le Vedanta
L'école d'Uttara Mimamsa (nouvelle recherche), généralement connue sous le nom de Vedanta, se concentre sur les enseignements philosophiques des Upanishad plutôt que sur les injonctions ritualistes du Brahmanas. Mais il y a plus de cent Upanishad qui ne forment pas un système unifié. Leur systématisation a été entreprise par Badarayana, dans un travail appelé Vedanta Sutra.
La manière obscure dont les aphorismes des textes du Vedanta sont rédigés laisse la porte grande ouverte pour une multitude d'interprétations. Cela a entraîné une prolifération des écoles du Vedanta. Chacune de ces dernières a interprété à sa façon les textes et a produit sa propre série de sous-commentaires — tout en prétendant être seule fidèle à l'original.
Le monisme Advaita Vedanta
C'est probablement la plus connue des écoles du Vedanta. Advaita signifie littéralement « non deux ». Son premier grand unificateur est Shankara (788-820). Suivant les traces de certains des enseignants des Upanishad, et en particulier celles de son propre professeur Gaudapada, Shankara expose la doctrine de lModèle:\'Advaita — une réalité non-duelle. En analysant les trois états de conscience — l'éveil, le rêve et le sommeil profond — il montre la nature relative du monde et établit la vérité suprême de l'Advaita : la réalité non-duelle du brahman dans laquelle atman (l'âme individuelle) et brahman (la réalité finale exprimée dans la trimurti) ne sont qu'une. Ses théories sont controversées dès le début et certains de ses contemporains l'accusent d'enseigner le bouddhisme tout en feignant d'être hindou.
Les Vedantins qui ont suivi ont discuté de la réalité du brahman pour savoir s'il était saguna (avec attributs) ou nirguna (sans attributs). La croyance dans le concept du saguna brahman a provoqué une prolifération des attitudes dévotionnelles et a aidé à répandre le culte de Vishnou et de Shiva.
Le monisme qualifié du Vishistadvaita Vedanta
Ramanuja (1040-1137) est le premier partisan du concept de saguna brahman. Il enseigne que la réalité finale a trois aspects : Ishvara (Vishnou), cit (âme) et acit (matière). Vishnou est la seule réalité indépendante, alors que les âmes et la matière dépendent de Dieu pour leur existence. En raison de ce concept de qualification de réalité finale, le système de Ramanuja est connu comme non-dualiste.
Le dualisme Dvaita Vedanta
Comme Ramanuja, Madhva (1199-1278) identifie dieu avec Vishnou, mais sa vision de la réalité est purement duelle et s'appelle donc le Dvaita (duel) Vedanta.
Les écoles de la bhakti (ou dévotionnelles)
L'adoration et le culte dévotionnel affectueux d'un dieu personnel (bhakti) fait partie de la plupart des traditions religieuses. Dans l'hindouisme, aussi, on l'y trouve depuis le début. Parmi les premières écoles à le préconiser, on trouve celle de Vira-Shaiva, au XIIIe siècle. Son fondateur, Basava (1125-1167), rejette le système des castes, nie la suprématie des brahmanes, condamne les sacrifices rituels, accepte les femmes dans son école et insiste sur la bhakti et le culte d'un seul dieu, Shiva. Ses élèves s'appellent des vira-shaivas, ce qui veut dire « les dévots de Shiva ».
L'école Shaiva-Siddhanta est une forme de Shivaïsme (ou culte de Shiva) que l'on trouve dans le sud de l'Inde et qui a été fondée autour de 1300. Selon cette école, Shiva est Dieu, et son amour infini est révélé dans les actes divins de la création, de la conservation et de la destruction de l'univers, et dans la libération de l'âme.
Dans la période entre 1400 et 1650, un grand mouvement pour la bhakti s'étend dans l'Inde du nord. Les enseignements de ce mouvement sont que les gens peuvent se débarrasser des fardeaux lourds du rituel et de la caste et des complexités subtiles de la philosophie pour simplement exprimer leur immense amour pour Dieu.
Cette période est également caractérisée par une profusion de littérature dévotionnelle dans les langues vernaculaires des divers états ou provinces indiens.
En Inde méridionale, il y avait, juste avant cette période, deux mouvements dévotionnels parallèles, le premier centré sur Vishnou et le second sur Shiva. C'est le mouvement de Vishnu qui va se répandre au nord, où il se divise lui-même en deux camps, l'un adorant Vishnu sous la forme de son avatar Rama, l'autre sous la forme de Krishna.
Le chef du mouvement de la bhakti se concentrant sur Rama est Ramananda. Très peu de choses sont connues à son sujet, mais il est censé avoir prospéré durant la première moitié du XVe siècle. Il enseigne que Rama est le seigneur suprême, et que le salut peut être seulement atteint par amour et dévotion pour lui, et par la répétition de son nom sacré.
L'ashram Ramananda à Varanasi devient alors un centre religieux influent, à partir duquel ses idées vont pénétrer toutes les classes de la société indienne. Une des raisons de sa grande popularité est son abandon du sanskrit au profit des langues vernaculaires pour la composition de ses hymnes. Ceci a préparé le terrain pour la tendance moderne, en Inde du nord, à utiliser les langues locales pour écrire les textes littéraires.
Les dévots de Krishna l'adorent soit comme un adulte, sa première épouse et reine Rukmini (Ruksmani) à ses côtés ou comme l'adolescent accompagné de son amour d'enfance et éternelle compagne Radha, considérée comme une incarnation de Lakshmi et incarnation de la dévotion. Ces deux principaux systèmes de culte de Krishna se sont développés, chacun avec son propre système philosophique.
Vallabhacarya (1479-1531) appelle son système de pensée Shuddhavaita (monisme pur). Selon lui, c'est seulement par la grâce de dieu que l'on peut obtenir la libération et atteindre le paradis de Krishna. Ce paradis est bien au-dessus des « cieux » de Brahma, de Vishnou et de Shiva, car Krishna est lui-même le brahman éternel.
Chaitanya Mahaprabhu (1485-1533) appelle son système de philosophie Achintya Bheda-Bheda (monisme dualiste incompréhensible). Il essaye de combiner des éléments du monisme et du dualisme dans un système simple. La philosophie de Chaitanya est l'un des éléments principaux du système de croyance contemporain nommé société internationale pour la conscience de Krishna, plus connu d'après le mantra de Chaitanya comme le mouvement de Hare Krishna.
Cependant, au-delà des écoles et mouvements formels, le développement de la bhakti comme forme importante de pratique hindouiste a laissé une trace indélébile sur la foi. La spéculation philosophique a toujours été la préoccupation d'une minorité, en Inde comme ailleurs. La pratique de la bhakti, cependant, est immédiatement accessible à tous. Si elle n'élimine pas la plus mauvaise part du système des castes, au moins elle offre aux gens un répit provisoire.
L'hindouisme dans le monde
L'Inde, Maurice et le Népal sont des nations majoritairement hindouistes.
L'Asie du sud-est a été largement hindouisée depuis le IIIe siècle et fit même partie de l'Empire Chola autour de l'an mil. Il en reste un grand nombre de preuve architecturale, comme la ville-temple d'Angkor Vat, ou autre, comme l'incontestable parenté entre les danses qu'on y pratique et le Bharata Natyam ou le Kathakali. L'île de Bali, partie intégrante de l'archipel indonésien est ainsi restée majoritairement hindouiste au milieu d'une nation islamisée plus tardivement. L'Indonésie a cependant gardé comme symbole national Garuda, le véhicule de Vishnou.
On trouve actuellement des minorités hindouistes importantes dans les pays suivants : le Bangladesh (11 millions), le Myanmar (7,1 millions), le Sri Lanka (2,5 millions), les États-Unis (1,7 million), le Pakistan (1,3 million), l'Afrique du Sud (1,2 million), le Royaume-Uni (1,2 million), la Malaisie (1,1 million), le Canada (0,7 million), les Fidji (0,5 million), la Trinité-et-Tobago (0,5 million), le Guyana (0,4 million), les Pays-Bas (0,4 million) et le Suriname (0,2 million).
Voir aussi
- Controverses autour de l'Hindouisme
- Trimurti, Brahman, Vishnou, Shiva, Shakti, Kâlî, Parvati, Durga, Rama, Krishna, mûrti, les Veda, le Mahâbhârata, la Bhagavad-Gîtâ, les Upanishads, villes saintes de l'Inde