Attaque d'Inata (2021)
Date | |
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Lieu | Inata |
Issue | Victoire des djihadistes |
Burkina Faso | Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans Ansarul Islam |
100 à 150 hommes[1] | 300 hommes[2] |
53 morts[4] 20 disparus[5] |
Inconnues |
Insurrection djihadiste au Burkina Faso
Batailles
Coordonnées | 14° 09′ 57,9″ nord, 1° 39′ 20,5″ ouest | |
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L’attaque d'Inata est un épisode de l'insurrection djihadiste au Burkina Faso survenu le à Inata, dans l'ouest de la province du Soum. Elle a fait plusieurs dizaines de morts parmi les membres de la gendarmerie burkinabè.
Contexte
[modifier | modifier le code]En novembre 2021, Inata, dans la province du Soum, au nord du Burkina Faso, est la seule position encore tenue par le gouvernement burkinabé dans la région de Djibo[6]. Elle se situe alors dans la zone d'action du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à al-Qaïda, qui en avait chassé l'État islamique dans le Grand Sahara auparavant[6]. La région est tellement dangereuse que la garnison de Djibo refuse de relever les hommes d'Inata, sauf par hélicoptère[6].
Selon le journaliste Wassim Nasr, les conditions de vie des gendarmes à Inata sont déplorables[6]. La base militaire est assiégée par les djihadistes qui ciblent son ravitaillement, à tel point que les gendarmes n'ont plus de réserves de nourriture et sont contraints de chasser pour se nourrir[6].
Le 12 novembre, le commandant de la garnison alerte l'état-major : il déclare que « depuis deux semaines, le détachement s’alimente grâce à l’abattage des animaux » et réclame l'autorisation de quitter la position[7]. Les gendarmes censés prendre leur relève refusent quant à eux de monter au front sans un appui aérien et blindé, ce que le commandement militaire ne leur accorde pas[7].
Forces en présence
[modifier | modifier le code]RFI indique que selon des sources locales, le poste d'Inata est défendu par 100 à 150 gendarmes[1]. L'AFP évoque pour sa part environ 150 hommes[3] et Le Monde 120[5]. L'attaque est menée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans[6],[8], ainsi que par des combattants d'Ansarul Islam, d'après des sources sécuritaires du journal Le Monde[7],[5].
Du côté des djihadistes, l'AFP fait état dans un premier temps, d'après une source sécuritaire, d'« un important nombre d'individus armés » circulant « à bord de plusieurs pick-up et motocyclettes »[3]. Quelques jours après l'attaque, elle évoque plus de 300 combattants à bord de pick-up et de motos, d'après plusieurs sources militaires[2].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Le , vers 05 heures 30, les djihadistes lancent l'attaque contre le détachement de la gendarmerie d'Inata, situé près d'une ancienne mine[9],[10],[6]. Les combats sont intenses, mais les gendarmes sont rapidement submergés par les assaillants[11]. Plusieurs d'entre-eux sont abattus en essayant de fuir[5],[12]. Les djihadistes incendient ensuite les bâtiments du camp, puis battent en retraite[5].
Pertes
[modifier | modifier le code]Le premier bilan, donné le lendemain de l'attaque, fait état d'au moins 20 morts, mais celui-ci est ensuite revu à la hausse à plusieurs reprises par le gouvernement burkinabé[10].
Le 17 novembre, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ousséni Tamboura, déclare lors d'un conseil des ministres que le bilan de l'attaque est de 49 gendarmes et 4 civils tués, et que 46 gendarmes ont été retrouvés vivants[3],[13]. Le 22 novembre, le bilan du ministère de la Communication passe à 57 morts, dont 53 gendarmes[4]. Selon Le Monde, 20 militaires sont toujours portés disparus à la date du 8 décembre[5]. Il s'agit alors de l'attaque la plus meurtrière des forces de défense et de sécurité burkinabées depuis le début de l'insurrection djihadiste en 2015[7].
Une vidéo non officielle est diffusée par une unité se réclamant du GSIM : plusieurs dizaines de djihadistes sont vus en train de prendre part à l'attaque de la base militaire avec des mitrailleuses lourdes 14,5x2 imbriquées sur des pick-up[8].
Les djihadistes revendiquent la mort d'une soixantaine de gendarmes et la prise d'un important butin de guerre dont plus de 86 fusils d'assaut AKs, cinq RPG et plusieurs mitrailleuses légères[14]. La base militaire a été totalement détruite[14].
Réactions
[modifier | modifier le code]Le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré décrète trois jours de deuil national à partir du mardi [1].
Le 16 novembre, des centaines de manifestants marchent dans plusieurs villes du pays pour protester contre l'incapacité du gouvernement à venir à bout des djihadistes[7]. Certains réclament la démission du président Kaboré[7]. Dans la nuit du 17 au 18 novembre, un convoi de l'armée française est également bloqué pendant plusieurs heures entre Bobo-Dioulasso et Ouagadougou[7].
Des sanctions sont également prises contre certains commandants militaires[13]. Le commandant du groupement des forces du secteur Nord, qui englobe les régions Centre-Nord, Nord et Sahel, et le commandant de la première région de gendarmerie, qui couvre les départements de Kaya, Ouahigouya et Dori, sont démis de leur fonction[13].
Le président Kaboré déclare à cette occasion : « Nous ne devons plus entendre parler des questions d'alimentation et des questions de primes dans notre armée »[13].
Mercredi 8 décembre 2021, Christophe Dabiré, Premier ministre, remet sa démission, entrainant celle de l'ensemble du gouvernement burkinabé[15]. Il est remplacé par Lassina Zerbo.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Burkina Faso: trois jours de deuil national après l'attaque à Inata, RFI, 15 novembre 2021.
- Burkina: l'attaque d'Inata illustre la déroute de l'armée face aux jihadistes, AFP, 23 novembre 2021.
- Burkina : l'attaque de dimanche contre les gendarmes a fait au moins 53 morts, Le Figaro avec AFP, 17 novembre 2021.
- Burkina : une vingtaine de morts, dont 9 gendarmes, lors d'une attaque dans le nord, Le Figaro avec AFP, 22 novembre 2021.
- Sophie Douce, Au Burkina Faso, l’armée en plein doute face aux attaques terroristes, Le Monde, 8 décembre 2021.
- [vidéo] Burkina Faso : au moins 20 morts dans une attaque jihadiste dans le nord du pays, France 24, 15 novembre 2021.
- Morgane Le Cam, Au Burkina Faso, la colère monte après l’attaque meurtrière du poste d’Inata, Le Monde, 19 novembre 2021.
- Wassim Nasr, #BurkinaFaso montage de l’attaque d’#Inata par une unité qui se réclame du #JNIM. Ce n’est pas une com officielle. On remarque: 1/ la présence de mitrailleuse lourde 14,5x2 sur 4x4, Twitter, 18 novembre 2021.
- Burkina Faso : des djihadistes présumés font au moins 20 morts dans le nord du pays, Le Monde avec AFP, 15 novembre 2021.
- Yaya Boudani, Burkina Faso: au moins vingt morts dans une attaque dans le Soum, RFI, 15 novembre 2021.
- Attaque mortelle contre un détachement de gendarmerie dans le nord du Burkina Faso, France 24 avec AFP et Reuters, 14 novembre 2021.
- Sophie Douce, Burkina Faso. Le cri du cœur des militaires après la pire attaque contre l’armée, Ouest-France, 12 décembre 2021.
- Attaques au Burkina Faso: les premières sanctions tombent, le scepticisme demeure, RFI, 18 novembre 2021.
- Calibre Obscura, #BurkinaFaso #Sahel Some of the very large capture by JNIM frm Gendarme in #Inata. Claimed:86 AKs (Look to be Zastava M05(E1) variants, along w/ poss. AKM/T56/AK-103, 7+ PK-pattern MG (MG-1M seen), 5x RPG-7 w/ expelling charges/projectiles, 29 pistols, 4 HMG, 5 Pickup, ammo/kit., Twitter, 18 novembre 2021.
- « Burkina Faso : impuissant face aux attaques djihadistes, le gouvernement démissionne », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )