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Pierre Guillaume (militant)

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Pierre Guillaume
Pierre Guillaume en 2003.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pierre Noël Charles GuillaumeVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Pierre Gaspari, Pierre PithouVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Condamné pour

Pierre Guillaume, né le à Rambervillers et mort le [1] à Ambernac[2], est un éditeur et militant politique français.

Lié dans les années 1960 à Socialisme ou barbarie et aux activités du collectif d'ultragauche La Vieille Taupe, dont il tient la librairie homonyme jusqu'en 1972, il apporte dès les années 1970 son soutien à Robert Faurisson et reprend le nom de La Vieille Taupe, cette fois pour éditer et diffuser des textes niant la Shoah, assumant à partir de ce moment un rôle de promoteur du négationnisme en France.

De 1957 à 1959, Pierre Guillaume prépare Saint-Cyr au prytanée national militaire de La Flèche ; il est admissible puis change de voie.

Militantisme à l'ultra-gauche

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Engagé contre la guerre d'Algérie, il rejoint Socialisme ou barbarie[3], grâce à Jean-François Lyotard, sans y jouer « aucun rôle remarquable » selon Cornelius Castoriadis[4]. En 1965, il ouvre, à Paris, avec Jacques Baynac la librairie La Vieille Taupe, proche du groupe Pouvoir ouvrier, dissident, en 1963, de Socialisme ou Barbarie.

En , sur le point d'être exclus du groupe, Guillaume et Baynac démissionnent de Pouvoir ouvrier, suivis par la majorité des jeunes membres du groupe s'intéressant à l'Internationale situationniste et à Rosa Luxemburg, selon Valérie Igounet[5].

Durant les événements de Mai 1968, Pierre Guillaume, au sein de la faculté des sciences de Censier[6], lance l'idée de la grève active sur le modèle des grèves belges de 1961 et se fait donner les « pleins pouvoirs militaires » pour défendre Censier[5].

Après Mai 68, le chiffre d'affaires de la librairie est en augmentation. Pierre Guillaume découvre alors dans un numéro de La Révolution prolétarienne l'ouvrage négationniste de Paul Rassinier (1906-1967) Le Mensonge d'Ulysse (1949), qu'il considère comme extrêmement éclairant. En , Guillaume et Baynac se séparent. L'appel de Baynac, qui demande aux membres ou sympathisants fondateurs de La Vieille Taupe de le suivre, est largement suivi[5].

Engagement négationniste

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Après la séparation et la réduction du groupe, les ouvrages de Rassinier sont mis en vente à La Vieille Taupe dès 1970[5] et occupent dès lors une place prépondérante dans l'activité de la librairie. Guillaume est conforté dans sa position par la découverte d'un texte attribué à tort à un ancien dirigeant communiste italien, Amadeo Bordiga, Auschwitz ou le grand alibi, et fait alors sienne l'idée selon laquelle l'antifascisme est en fait au service du capitalisme au détriment de l'élan révolutionnaire et des aspirations du prolétariat et l'idée (qui n'est pas présente dans le texte) selon laquelle la lutte contre l'antifascisme passerait par la négation de la Shoah.

La librairie La Vieille Taupe ferme le [7] et Pierre Guillaume se reconvertit dans la vente d'assurances.

Début 1978, lors d'un colloque à l'université de Lyon, Robert Faurisson déclare que le génocide juif et les chambres à gaz n'ont jamais existé, rendant publiques les thèses négationnistes qu'il élabore depuis quelques années.

Quelques mois plus tard, Guillaume prend contact avec lui[8]. Son premier engagement public pour les thèses de Faurisson est un article publié dans Libération du et intitulé « Que savent les Français des massacres de Sétif », où il établit un parallèle entre Auschwitz et les répressions coloniales à Sétif en 1945 ou à Madagascar en 1947.

Il dénonce également ce qu'il considère être un antinazisme sans nazis. Il s'en prend au feuilleton télévisé Holocauste, réalisée par Marvin J. Chomsky, cousin de Noam Chomsky, diffusé sur Antenne 2. Il affirme que les Juifs « sont morts de faim et de froid selon [une] mécanique inexorable et involontaire… » Ce texte a été rédigé en collaboration avec Faurisson[9].

En , les éditions La Vieille Taupe, créées par Guillaume en 1979, publient le Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire. La question des chambres à gaz, de Faurisson, avec en guise de préface un texte de l'américain Noam Chomsky[10],[11].

Cette préface du texte de Faurisson par Chomsky, qui n'est pas négationniste lui-même et se borne à défendre la liberté d'expression, sera l'objet de polémiques. En 1979-1980, Guillaume s'est employé à mobiliser nombre de ses anciens compagnons idéologiques dans son combat aux côtés de Faurisson[12]. C'est Serge Thion qui obtiendra la lettre de Chomsky et produira un certain nombre de textes signés par des anciens militants de l'ultragauche comme Vérité historique ou Vérité politique ? Le dossier de l'affaire Faurisson. La question des chambres à gaz publié par La Vieille Taupe au printemps 1980[13]. Il obtient aussi l'écoute (provisoire) de Gabriel Cohn-Bendit, de Serge July et de Guy Hocquenghem qui l'invitent au comité de rédaction de Libération, au nom de la défense de la liberté d'expression de Faurisson[14],[15].

Sans appuis politiques à gauche, Pierre Guillaume se tourne alors vers l'extrême droite. En 1985, il collabore avec le militant néonazi Michel Caignet à la traduction du livre Le Mythe d'Auschwitz. À partir de 1992, il participe chaque année à la fête du Front national ; il est présent aux obsèques de Maurice Bardèche en 1998, et il écrit dans diverses revues d'extrême droite : par exemple dans National-Hebdo en 2001, dans Rivarol en 2002.

Il publie de nombreux textes négationnistes, et utilise le pseudonyme « Pierre Pithou »[16], en référence à l'érudit renaissant du même nom[17], ainsi que celui de « Pierre Gaspari » à une reprise[18].

En 1995, les éditions La Vieille Taupe éditent l'ouvrage négationniste Les Mythes fondateurs de la politique israélienne de Roger Garaudy.

En 2004, la revue d'extrême gauche Ni patrie ni frontières qualifie Pierre Guillaume de « publiquement antisémite »[19].

Valérie Igounet constate qu’il est présent lors de « manifestations d’extrême droite », que « sa littérature est vendue dans les librairies néonazies », et qu’il « discourt sur les ondes de Radio Courtoisie, proche du Front national », concluant que « la dérive idéologique de Pierre Guillaume est manifeste[20]. » Il a été classé à « l'ultragauche », tant par Pierre Vidal-Naquet que par Nadine Fresco[21], même s’il a été rejeté par l'ensemble de l'extrême gauche et de « l'ultragauche »[22].

Il est interné en hôpital psychiatrique au début des années 2000[14]. Il est brièvement interpellé le dans le Loiret pour avoir diffusé des tracts négationnistes en février de la même année à Paris. Il est poursuivi pour « provocation à la discrimination, à la haine, à la violence à l'encontre d'une personne ou d'un groupe de personnes appartenant à une religion, en l'espèce le judaïsme[23]. » Il est relaxé l'année suivante des accusations portées contre lui et bénéficie d'un non-lieu de la part du ministère de la Justice[réf. nécessaire].

Le 14 juillet 2023, le site du groupe Guerre de classe, animé par Francis Cousin et classé à l'extrême-droite annonce le décès de Pierre Guillaume à l'âge de 82 ans. Le journal antisémite Rivarol lui rend également hommage dans son édition du 19 juillet 2023[24].

Notes et références

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  1. « Pierre Guillaume », sur Conspiracy Watch, .
  2. « Pierre Noel Charles Guillaume », sur MatchID (consulté le )
  3. Mais la signature « P. Guillaume » qui apparaît avant 1958 dans la revue Socialisme ou barbarie n'a pas de rapport avec lui ; elle correspond à « Philippe Guillaume », pseudonyme de Cyrille de Beauplan.
  4. « Pierre Guillaume n'a joué aucun rôle remarquable dans le groupe, et aucun texte de la revue ne lui est dû. Il n'a pas pu “fourbir ses premières armes théoriques dans Socialisme ou barbarie”, tout d'abord parce qu'il n'a jamais possédé aucune “arme théorique”. Ensuite et surtout, parce que ce qu'il aurait pu apprendre à Socialisme ou barbarie, ce ne pouvait être que l'internationalisme, et la condamnation radicale de toute forme de racisme (et même de “nationalisme”). Un antisémite n'aurait pas été toléré à Socialisme ou barbarie une minute. Que ce personnage ait abouti, après diverses tribulations, et quinze ou vingt ans après, à ses positions “actuelles”, n'est qu'un exemple de plus — dont l'histoire du mouvement ouvrier fourmille — de ce que avoir épousé des idées justes pendant quelques années ne constitue pas une garantie contre une décomposition mentale et morale ultérieure. »

    — Cornelius Castoriadis, Lignes no 4, p. 223

  5. a b c et d Igounet, p. 182-187.
  6. À cette date, il n'existe qu'une université : l'université de Paris, divisée en facultés, localisées soit à la Sorbonne, soit à Nanterre (lettres, droit), soit à Censier (sciences), etc.
  7. Igounet, p. 194.
  8. Igounet, p. 232.
  9. Igounet, p. 246-247.
  10. Igounet, p. 656.
  11. Une lettre avait été envoyée par Chomsky pour soutenir le droit de Faurisson à s'exprimer – « Some Elementary Comments on The Rights of Freedom of Expression » – mais Chomsky n'était pas informé que cette lettre servirait de préface à un ouvrage. Voir « Noam Chomsky et les médias français » sur Acrimed.
  12. Igounet, p. 228.
  13. Igounet, p. 257-260.
  14. a et b « L'Observatoire du conspirationnisme », sur Conspiracy Watch / L'Observatoire du…, (consulté le ).
  15. Le Monde, « M. Serge July est condamné pour provocation à la violence raciale », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  16. Emmanuel Ratier (préf. Henry Coston), Encyclopédie des pseudonymes, t. I, Paris, Faits et Documents, , 330 p. (ISBN 2-909769-10-0), p. 294.
  17. Voir sur data.bnf.fr.
  18. Valérie Igounet, Robert Faurisson : portrait d'un négationniste, Paris, Le Seuil, coll. « Médiations », , 455 p. (ISBN 978-2-207-25998-6), p. 331.
  19. Article du numéro 8-9 sur mondialisme.org.
  20. Igounet, p. 469 et 470.
  21. Voir le paragraphe « Des militants fourvoyés de l'ultra-gauche » dans l'article « Négationnisme » dans le tome 14 de l'Encyclopædia Universalis, disponible sur le site PHDN.
  22. Voir en particulier les textes collectifs d’octobre 1980 et de 1992 contre Pierre Guillaume.
  23. « Un éditeur révisionniste arrêté dans le Loiret », sur LibéOrléans, .
  24. « Pierre Guillaume », sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme (consulté le )

Bibliographie

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L'extrême gauche

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  • Richard Gombin, Les origines du gauchisme, Paris, Seuil, coll. « Politique »,
  • Christophe Bourseiller, Histoire générale de l'ultra-gauche, Denoël,

Le négationnisme

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Liens externes

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