Aller au contenu

Ezana

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ezana
Monnaie d'Ezana.
Fonction
Roi d'Aksoum
-
Titre de noblesse
Négus
Biographie
Naissance
Père
Mère
Sofya of Axum (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Ezana est un roi d’Aksoum, ayant régné d'environ à [1],[2]. Durant son règne, le royaume, un important État de la Corne de l'Afrique situé au nord de l'Éthiopie actuelle, renforce son influence et le christianisme s'y diffuse, après la conversion du roi.

Un roi converti au christianisme

[modifier | modifier le code]

Mineur à son avènement, Ezana (ዔዛና en guèze) succède à son père probable, le roi Ella-Amida (ou Ousanas), et règne d'abord sous la régence de sa mère[3]. Son père lui laisse comme conseillers les deux jeunes chrétiens d’origine syrienne, Frumentius et Ædésius, restés dans le pays après que leur bateau, identifié comme venant de l'empire romain, ait été coulé. Ceux-ci participent au gouvernement du royaume jusqu'à la majorité d'Ezana puis rentrèrent dans l'empire romain.

Revenu d'Alexandrie avec l'approbation de l'évêque Athanase, Frumentius convertit au christianisme le roi Ezana, entre 341 et 346[1], peut-être baptisé sous le nom d'Ella Alada[4].

Ce changement est attesté par les sources numismatiques retrouvées par les archéologues en Éthiopie, en Érythrée mais aussi en Inde, preuve des relations commerciales lointaines qu'entretenait le royaume. Si les monnaies les plus anciennes frappées par Ezana portaient le disque et le croissant, symboles utilisés par ses prédécesseurs, les plus tardives font apparaître une croix, voire plusieurs[3].

La plus tardive des inscriptions qui rapportent les succès du roi Ezana n’est plus dédiée à Mahrem, dieu de la guerre, mais au Seigneur du Ciel et de la Terre, ce qui annonce le christianisme. Les dernières stèles ne sont plus rédigées en grec ou en sabéen, mais en guèze archaïque, qui pour la première fois depuis les monnaies du roi Wazeba, est attesté dans l’usage officiel.

La découverte d'une basilique romaine près de Yeha et datant du IVe siècle est une preuve ultérieure de la présence chrétienne dans le royaume d'Aksoum à cette époque[5].

Un roi conquérant

[modifier | modifier le code]
Stèle d'Ezana rédigée en grec, guèze et sabéen rapportant ses victoires.

Les campagnes militaires d’Ezana sont connues par les stèles qu’il a érigées à Aksoum. Elles ont pour but la défense du territoire, l’unification de l’Éthiopie et la protection des voies de communication. Bien que sa titulature mentionne sa suzeraineté sur Himyar, Saba et Raïdân, il n’intervient pas au Yémen. Il rétablit l’ordre dans le Tigré en punissant les Aguézat, les Agao et des peuples moins importants dont il assure sans doute l’assimilation. Il intervient aussi contre les Bédja, et marche en Nubie jusqu’au confluent du Nil et de l’Atbara où il érige une stèle de victoire.

À la mort d'Ezana, dans les années 350, Aksoum est à l’apogée de sa puissance : selon les auteurs byzantins, elle est en rapport avec Constantinople, la Perse, l’Inde et Ceylan. Ses ambassades lui permettent de faire libérer en Perse un évêque emprisonné. Elle commence par la mer Rouge, par les routes de caravanes remontant d’Égypte ou partant du Yémen vers la Mésopotamie. Elle exporte des émeraudes venues des cataractes du Nil (pays des Blemmyes), des épices, de l’encens et la casse à cinquante journées d’Adoulis, des bœufs, du fer et du sel de chez les Agao du pays de Sasou, au-delà du lac Tana.

Les successeurs d’Ezana sont connus par leurs monnaies : Ouazeb II, Eôn, Alalmisyisis, Ousas, Caleb, conquérant légendaire, son fils Israël, Mahwys, Yoël, Armah (dont les portraits montrent une décadence rapide), Ghersem et Hataz (qui imitent sommairement les monnaies byzantines du VIIe siècle).


Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Berhanou Abebe, Histoire de l'Éthiopie d'Axoum à la révolution, Paris, CFEE - Maisonneuve & Larose, , 238 p.
  • Paul B. Henze (trad. Robert Wiren), Histoire de l'Éthiopie : L'œuvre du temps [« Layers of Time. A History of Ethiopia »], Paris, Moulin du Pont, (1re éd. 2000), 383 p.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Abebe 1998, p. 29
  2. Henze 2004, p. 32 (note 18) est moins précis : v. 320 - v. 350
  3. a et b Henze 2004, p. 33
  4. Henze 2004, p. 33 (note 20)
  5. « Une basilique du IVe siècle découverte en Éthiopie », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )